HOMMAGE À GEORGES BALANDIER
ARGUMENTAIRE
Georges Balandier est un grand anthropologue et sociologue français à qui
l’Afrique doit beaucoup. Il convient de signaler, pour commencer, qu’il a largement
participé en son temps, au mouvement anticolonialiste aux cotés de grands
intellectuels d’alors gravitant autour de la revue « Présence africaine ». Outre le fait
qu’il ait participé à la création de cette revue, il y a publié des articles anti- racistes et
anti -colonialistes alors remarqués. Durant cette période et par la suite, il a contribué à
faire connaitre les cultures africaines, en particulier leurs littératures et leurs arts.
Les plus grands apports de Georges Balandier se trouvent cependant plus dans
la recherche scientifique. En effet, il a fait partie des premiers africanistes français
avant d’en devenir la figure de proue. Il a contribué à la création des premières
institutions de recherche africaines en sciences sociales tant en Afrique de l’ouest
qu’en Afrique centrale. Par ailleurs, ses travaux de recherche ont contribué à la
connaissance des sociétés africaines aux points de vue de leurs réalités et des
démarches scientifiques nécessaires à leur appréhension.
Alors qu’en France dominait encore, dans les études des sociétés africaines, la
vieille ethnologie abstraite, intemporelle et très portée sur les traditions –qu’il avait
lui-même pratiquée –il effectua une révolution dans le domaine en investissant de
nouveaux champs alors inaperçus (l’urbain). Dans ce cadre, il a mis en œuvre des
démarches tenant compte et privilégiant la dimension contextuelle historique (en
l’occurrence la société coloniale) ainsi que les dynamiques et les changements
socioculturels qui opèrent en son sein. Cette révolution épistémologique, théorique
et méthodologique a débouché par ailleurs sur l’installation dans le champ des
recherches africanistes françaises et africaines (celles des chercheurs africains) la
sociologie et l’anthropologie sociale, qui ne le quitteront plus.
Fort de cette option de mettre l’accent sur le contexte historique ainsi que de
son expérience empirique de terrain, Georges Balandier a conceptualisé et mené des
réflexions théoriques fécondes sur ce qu’il a appelé la « situation coloniale ». Cela
lui a permis de clarifier plusieurs concepts tels que ceux de « domination », de
« dépendance », autant de concepts qui lui ont permis par la suite de se livrer à des
glissements qui lui permettront d’aboutir en « situation post- coloniale » et
d’entamer de nouvelles réflexions sur ce que les sociétés africaines partagent avec
d’autres sociétés du monde, à savoir les problèmes du développement.
Sur ce point Georges Balandier, après avoir participé, avec d’autres
intellectuels français, à l’invention du concept et de la problématique du « Tiers
monde », a installé pour sa part, dans l’arène mondiale, les notions de
« développement » et de « sous- développement » dont la théorisation a abouti à
l’émergence de la « sociologie du développement » et des « sociologies
développementalistes » d’une façon générale. Son incursion dans les problèmes
relatifs au développement l’ont conduit à mettre encore davantage l’accent sur les
problèmes du changement social et à reprendre des questions qui ont fait l’objet de
beaucoup de discussions parmi les anthropologues comme par exemple celle des
rapports entre la tradition et la modernité. Cela lui a donné l’occasion, en s’appuyant
principalement sur les données africaines, de mettre en œuvre une
« sociologie dynamique » conciliant la « sociologie des traditions » et celle de la
« modernisation et de la modernité ». Ce faisant, il a mis l’accent sur les questions du