Axelle LACAN
axelle.lacan@credit-agricole-sa.fr
N°13/13 – 19 février 2013 5
En 2012, la dette publique belge atteint 99,7%.
Pour respecter le Pacte de stabilité et de crois-
sance, la dette publique belge doit atteindre 94%
en 2016 – ce qui équivaut bien à une réduction de
la dette publique d’un vingtième par an en
moyenne sur trois ans, soit 6% (c’est-à-dire
1/20*40/100*3). C’est bien ce qui est inscrit dans
notre scénario.
L’épreuve des stress scenarii
Dans l’environnement actuel caractérisé par un
niveau d’incertitude élevé, il est intéressant de se
projeter dans d’autres scenarii que celui auquel
nous attribuons la plus forte probabilité.
Pour construire ces risk scénarii, nous nous
sommes appuyés sur les études réalisées par les
agences de notation (notamment Moody’s) lors de
la dégradation de la note souveraine belge fin
2011. Trois risques ont, à cette occasion, été
soulignés :
Risque n°1 : le risque de tensions sur le
financement de la Belgique, compte tenu du
niveau élevé de sa dette publique.
Risque n°2 : les risques accrus à moyen terme
pour la croissance économique belge, du fait de
sa petite taille et de sa forte ouverture.
Risque n°3 : les risques liés aux engagements
en faveur du secteur bancaire.
Grâce à la construction de risk scenarii adaptés, il
devient possible d’analyser l’évolution de la dette
publique belge en cas de matérialisation des
risques pointés par les agences de notation.
1er scénario risqué (matérialisation du
risque n°1) : une crise politique secoue à
nouveau le pays, d’où un écartement du
spread.
La Belgique connaît à nouveau une période sans
gouvernement, de 2013 à 2015 (rappelons que la
crise politique la plus récente a duré dix-huit mois).
Cela attire l’attention des marchés financiers, d’où
une tension accrue sur la dette publique belge et
une hausse de 500 points de base du taux
d’intérêt nominal pendant deux ans.
Comme lors de la précédente crise, le
gouvernement provisoire mis en place gère les
affaires courantes, et fonctionne selon les
douzièmes provisoires (donc sans effort sur le
solde primaire, qui se stabilise au niveau de 2012).
L’activité n’est pas fortement impactée dans ce
scénario. Le rythme de croissance molle est main-
tenu, comme dans le scénario central (lors de la
précédente crise politique, l’activité avait bien
résisté, ce qui justifie notre hypothèse).
Une baisse significative du taux d’intérêt nominal
est inscrite à compter de 2016, c’est-à-dire à
l’issue de la crise politique présumée (c’est ce qui
a été constaté lors de la formation du gouver-
nement Elio Di Rupo en décembre 2011, le taux
dix ans passant de 5,86% au 25 novembre 2011 à
4% fin décembre).
Avec ces hypothèses, la dette publique atteint un
pic à 111,4% du PIB en 2014. Elle rebaisse
néanmoins dès 2015 et retombe sous la barre des
100% en 2020.
2e scénario risqué (matérialisation du risque
n°2) : une stagnation de trois ans de l’activité,
sur fond de ralentissement économique
européen.
Nous supposons maintenant que le ralentissement
économique est plus marqué et plus durable que
dans le scénario central, avec une stagnation
(croissance nulle du PIB en volume) pendant trois
ans, de 2013 à 2016.
Nous n’inscrivons pas dans ce scénario de
tensions très marquées sur la dette publique
belge. L’économie belge est ouverte : si elle freine,
c’est qu’elle est tirée vers le bas par d’autres pays
de la zone. La problématique n’étant pas centrée
sur la Belgique mais plus large, nous n’anticipons
de fortes pressions sur sa dette. Ainsi, nous
faisons l’hypothèse d’une hausse de ce dernier de
100 points de base lors des trois ans de stag-
nation.
Avec ces hypothèses, la dette publique atteint un
pic à 105,5% du PIB en 2016 et retombe sous la
barre des 100% en 2019.
3e scénario risqué (matérialisation du risque
n°3) : un one-off important (3 Mds €), pour
sauvetage du secteur bancaire.
Nous supposons dans ce troisième cas que la
Belgique doit à nouveau apporter un soutien
financier à son secteur bancaire. Nous tablons sur
une aide de 3 Mds d’euros, soit la somme versée
dernièrement pour le soutien de Dexia. Sans autre
changement, le déficit public atteint 3,3% en 2013,
contre 2,4% dans notre scénario central.
Le taux d’intérêt nominal sur la dette augmente en
2013 (+100 points de base), la Belgique s’éloi-
gnant de ses objectifs de déficit.
La croissance n’est pas impactée, ces difficultés
restant temporaires.