Analyse des interactions 1 - Atelier des Sciences du Langage

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ANALYSE DES INTERACTIONS
E53MCM EAD
(Cours de Mme Béal-Hill)
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages de travail pour les étudiants (Les indispensables)
KERBRAT-ORECCHIONI C., 1996, La Conversation, Seuil, coll., « Mémo ».
MAINGUENEAU D., 1996, Les termes clés de l’analyse du discours, Seuil, coll., « Mémo ».
TRAVERSO V., 1999, L’analyse des conversations, Nathan, coll. « 128 Linguistique ».
Ouvrages de référence
Ouvrages généraux
BANGE P., 1992, Analyse conversationnelle et théorie de l'action, Paris, Hatier/ Didier.
KERBRAT-ORECCHIONI C., 1990-92-94, Les Interactions verbales, 3t., Paris, A. Colin.
VION R., 1992, La Communication verbale, Paris, Hachette.
Champs disciplinaires et problématiques abordés
- Psychologie
WATZLAWICK P., HELMICK BEAVIN J., JACKSON D., 1972, Une logique de la
communication, Paris, Seuil.
WINKIN Y. (éd.), 1981, La Nouvelle Communication, Paris, Seuil, coll. « Points ».
- Sociologie et anthropologie
GOFFMAN E., 1973, La Mise en scène de la vie quotidienne, 2t, Paris, Minuit; 1974, Les
Rites d'interaction, Paris, Minuit ; 1987, Façons de parler, Paris, Minuit.
- Linguistique
AUSTIN J.L. (1962) 1970, Quand dire c'est faire, Paris, Seuil.
KERBRAT-ORECCHIONI C., 1980, L'Énonciation, Paris, A. Colin.
- Verbal, vocal, non-verbal
COSNIER J., BROSSARD A., 1984, La Communication non verbale, Neuchâtel/ Delachaux
et Niestlé.
HALL E.T., 1978, La Dimension cachée, Paris, Seuil, coll. « Points ».
- La transcription
BLANCHE-BENVENISTE C., JEANJEAN C., 1987, Le Français parlé. Trancription et
Édition, Paris, Didier, col. « Érudition ».
-Analyse des interactions
ROULET E., 1985, L'Articulation du discours en français contemporain, Berne, Peter Lang.
- Les thèmes
FRANÇOIS F., HUDELOT C., SABEAU-JOUANNET E., 1984, Conduite linguistique chez
le jeune enfant, Paris, PUF
-Les négociations
ROULET E., 1985, « De la conversation comme négociation », Le Français Aujourd’hui
!71, 6-13.
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- Les types d’interactions
TRAVERSO V., 1996, La Conversation familière, Lyon, PUL.
- Dimension interculturelle
TRAVERSO V. (éd.), 1999, Perspectives interculturelles sur l'interaction, Lyon, PUL.
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I. L’APPROCHE INTERACTIONNISTE DANS LES SCIENCES DU
LANGAGE
1.1 De la description du langage comme système à la langue en situation.
Introduction!: On appelle «!interaction verbale!» tous les échanges oraux entre
deux ou plusieurs personnes. Le terme «!interaction!» renvoie à l’idée d’une
communication intentionnelle entre des personnes et le terme «!verbal!» à
l’échange de paroles (certaines «!interactions!» peuvent donc être non verbales si
elles se contentent par exemple de gestes et de mimiques).
Au vu de cette définition, on pourrait penser que les interactions verbales
seraient l’objet de prédilection de la linguistique. Paradoxalement, elle ne s’y est
intéressée que très tard!: vers les années 70 aux Etats-Unis et seulement une
dizaine d’années plus tard en France. Pourquoi!? Parce que, historiquement, la
linguistique est une discipline qui est issue de la grammaire dont elle s’est peu à
peu différenciée!: or la grammaire s’intéresse aux aspects formels de la langue et
à la norme et non pas aux usages qu’en font les locuteurs de façon spontanée
dans les différentes situations de la vie quotidienne. En fait, pendant longtemps,
l’idée d’analyser des conversations était considérée comme ne relevant même
pas du champ disciplinaire de la linguistique. Ce n’est pas étonnant donc si
d’autres disciplines, comme la psychologie, la sociologie ou l’anthropologie ont
devancé les linguistes et ont été les premières à s’intéresser aux mécanismes de
la communication entre les individus. Aujourd’hui, l’analyse des interactions est
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un champ d’études pluridisciplinaire qui intègre différents types d’approche et
différentes sortes d’outils méthodologiques. Pour comprendre la place de
l’analyse des interactions dans les Sciences du Langage, il faut donc revenir sur
l’évolution chronologique des centres d’intérêt à l’intérieur du courant
linguistique et sur les apports d’autres courants d’études à ce champ
disciplinaire.
1.1.1 Le langage/les langues
On peut définir le langage comme un ensemble de faits observables qui font
système. Leur interdépendance est régie par des règles. Il est la somme totale de
quatre sous-systèmes qui se combinent:
- Le lexique (les traits sémantiques !c’est-à-dire les propriétés de signifié que
l’usage a enregistré pour chaque terme!définissent les mots par opposition
entre eux),
- La phonétique/phonologie (respectivement description et classement des
phonèmes -sons spécifiques- d’une langue et ensemble des règles de
combinaisons des sons cette langue),
- La morphologie (règles de combinaison des unités de sens grammatical ou
lexical pour former des mots)
- La syntaxe (système de combinaison des différentes unités de la langue entre
elles pour former des propositions ou des phrases).
Le langage en tant que système est un phénomène général. Cependant, il
n’existe pas de langage verbal universel. Dès qu’on donne des exemples pour
illustrer les quatre sous-systèmes cités ci-dessus, on est obligé de choisir des cas
particuliers qui appartiennent forcément à une langue (le français, l’anglais, le
russe…). Les langues sont des cas particuliers du phénomène général qu’on
appelle le langage. Chacune a son propre lexique, sa phonologie, sa morphologie
et sa syntaxe avec des règles propres qui la différencient des autres langues. On
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utilise donc deux termes différents selon que l’on parle du phénomène général
ou d’un cas particulier. C’est ainsi que les faits que l’on peut observer et qui sont
les mêmes dans toutes les langues portent le nom d’! «!universaux du langage!».
Une langue est un objet abstrait envisagé en dehors de tout contexte d’emploi.
Cet objet est décrit dans les dictionnaires et les livres de grammaire. D’un point
de vue historique, c’est le premier objet de la linguistique. Au début du
vingtième siècle, Saussure, l’un des fondateurs de la linguistique, insiste pour en
faire une science, de préférence une science exacte, sur le modèle des
mathématiques par exemple. Il cherche à dégager des modèles théoriques et à
montrer que toute langue (et donc le langage) est un système de signes et de
règles. On donne le nom de «!linguistique générale!» à la discipline qui
s’intéresse aux différentes langues dans la perspective de dégager leurs
caractères communs (les fameux «!universaux du langage) pour mieux
comprendre le système abstrait qu’est le langage. On utilise parfois le terme «!la
langue!» comme terme générique synonyme de «!le langage!» ou de «toute
langue, quelle qu’elle soit!»!, mais cela est différent bien sûr d’«!une langue!»
qui renvoie à un système particulier.
1.1.2 La parole
C’est une notion introduite par Saussure pour délimiter le champ de la
linguistique. Pour lui, la parole est :
– le produit de l’activité langagière des sujets parlants.
!l’exploitation individuelle et concrète de la langue par ses utilisateurs.
D’après Saussure, le linguiste peut s’appuyer sur l’observation de faits de parole
pour construire l’objet abstrait qu’il appelle la langue, mais non s’intéresser à la
parole pour elle-même qui, individuelle, ne permettrait pas de généralisations.
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Sans utilité apparente pour atteindre le statut de science exacte auquel la
linguistique aspirait à l’époque, la parole sera longtemps rejetée hors de l’étude
du langage.
La conception saussurienne de la parole la tient pour fondamentalement
idiosyncrasique et indépendante des normes sociales : les sujets parlants
utiliseraient le système de la langue entièrement à leur guise, la seule contrainte
étant de produire des énoncés grammaticalement corrects. Or la
sociolinguistique et la pragmatique ont depuis montré que les usages
linguistiques obéissaient bien à des règles descriptibles et dépendantes d’un
ensemble d’habitudes et de conventions sociales. Cependant, le terme parole,
semblant référer à un usage individuel et oral, a été finalement abandonné au
profit du terme discours, à portée sociale.
1.1.3 L’analyse du discours
L’étude de la langue comme système consiste à décrire des règles et comment
elles fonctionnent. On peut donc utiliser des exemples fabriqués pour illustrer
ces règles et c’est ce que font les livres de grammaire. Le linguiste aussi, dans
cette perspective, peut se servir de son intuition et de sa connaissance de sa
langue maternelle pour fabriquer des exemples. Tout cela peut fonctionner tant
qu’on reste au niveau de la phrase, c’est à dire de la syntaxe. Un moment est
arrivé cependant, on a voulu aller au-delà pour rendre compte, par exemple,
de comment les paragraphes se combinent à l’intérieur d’un texte ou comment
on développe une argumentation. A partir de ce moment-là, il a fallu se tourner
vers du matériel réel et non inventé pour les besoins de la cause. Mais qui dit
matériel réel dit aussi prise en compte des composantes de la situation de
communication jusqu’ici laissées de côté!: comme par exemple qui parle, à qui,
dans quelles circonstances etc…Donc, quand on dépasse le stade de la phrase,
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