Une simulation de réseau neuronal capable d

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Une simulation de réseau neuronal capable d’apprendre et de
reproduire certains éléments psychopathologiques
Par Hamid Naveripoor
18 octobre 2005
1. Introduction
Depuis la description du neurone formel par Mc Culloch et Pitts (Mc Culloch et
al, 1943) il y eut d’énormes progrès dans la conception et utilisation des réseaux
neuronaux artificiels. La question principale des spécialistes de l’intelligence
artificielle reste pourtant ouverte : de quelle façon concevoir une structure artificielle
capable d’apprendre et d’être spontanée. Le modèle le plus parfait pourrait être le
cerveau humain.
Le défi des psychiatres est de découvrir la perturbation du fonctionnement du
cerveau
à l’origine de la schizophrénie. Cette maladie est caractérisée
principalement par des hallucinations, des délires et des troubles du cours de la
pensée.
A notre avis une hypothèse peut répondre à ces questions : chaque unité
conceptuelle dans la sphère cognitive, correspond à une unité neuronale dans le
cerveau.
Afin d’illustrer la puissance explicative de cette hypothèse nous avons créé un
réseau neuronal artificiel avec les caractères suivants :
-
capacité d’apprentissage
-
spontanéité
possibilité qu’une perturbation unique entraîne certains signes de
la schizophrénie (hallucinations, délires et écholalies.)
Pour utiliser cette hypothèse afin de concevoir un réseau neuronal artificiel nous
avons fait le processus inverse, à savoir créer des neurones correspondant à toutes
les unités conceptuelles, théoriquement maniables par le réseau.
Dans ce réseau il y a des neurones correspondant aux lettres d’alphabet, aux
mots reconnaissables par le réseau et aux combinaisons de mots. Ces dernières sont
dans la limites de celles correspondant aux concepts théoriquement maniables par le
réseau.
2. Hypothèses sous-jacentes à la conception du réseau
Notre hypothèse de travail est que chaque unité conceptuelle dans la sphère
cognitive correspond à une unité neuronale dans le cerveau.
Ici le concept est pris dans son sens le plus large et par unité conceptuelle nous
entendons les schémas perceptifs, les bribes d’information (sèmes), les signifiés et
les concepts correspondant aux phrases (les faits)…. Ou plutôt exprimé par… les
catégories, les couleurs …
Pour décrire cette hypothèse nous nous contentons de donner les exemples
suivants :
Prenons des données perceptives brutes que sont des points alignés dans une
ligne droite. Cela active le concept « ligne » dans l’esprit. Il y a sûrement un neurone
qui est activé , cela est le neurone correspondant au concept « ligne ».
Pour concevoir un réseau neuronal selon cette hypothèse il faut définir autant de
neurones que les concepts, théoriquement maniables par le réseau.
Un exemple peut illustrer le processus proposé. Pour faire un réseau capable
d’apprendre la classification de 5 items (chaise, table, chat, chien, cheval) en 2
catégories (chose, animal) il est possible de définir 10 neurones correspondant à 10
possibilités d’ « item-catégorie ».
Dans un réseau fait de 10 neurones correspondant à ces 10 possibilités, le défi est
de faire en sorte que l’entrée d’un item-catégorie rende possible l’activité de son
neurone correspondant et que chaque neurone actif puisse afficher à la sortie
l’association de son item et de sa catégorie.
Il existera par exemple, des neurones correspondant aux concepts « chaisechose » (la chaise est une chose) et « chaise-animal » (la chaise est un animal).
Aucun de ces neurones n’est activable au départ, donc aucun de ces concepts n’est
appris. Après l’entrée des deux mots chaise et chose, le neurone correspondant au
concept « chaise-chose » sera activable et le réseau pourra désormais afficher à la
sortie « chaise-chose » chaque fois que le mot chaise est entré. Nous pouvons dire
que le réseau a appris que la chaise est une chose.
3. Possibilités d’apprentissage du réseau
L’entrée et la sortie de ce réseau sont en forme de conversation par phrases
simplifiées. Les phrases peuvent être affirmatives ou interrogatives (suivies par
point ou point d’interrogation.) Dans le premier cas le réseau apprend la phrase et
dans le deuxième cas il répond à la question.
Ce réseau peut avoir une spontanéité : poser des questions sur les choses qu’il
n’a pas encore apprises ou répéter des phrases qu’il a apprises. La spontanéité sera
en fonction des paramètre d’activation et d’inactivation d’un groupe de neurones au
sein du réseau.
2
Des perturbations dans les paramètres d’activation et d’inactivation des neurones
du réseau peuvent entraîner des réponses assimilables aux symptômes
psychiatriques.
En fonction de la perturbation et de l’endroit affecté nous pouvons avoir : des
délires, des hallucinations, des écholalies, des obsessions, des réponses
logorrhéiques ou une insuffisance/absence de communication.
4. Un exemple de conversation avec le réseau
C’est un exemple de conversation avec ce réseau neuronal. Le réseau ne sait rien
au départ mais il apprend les concepts au fur et à mesure de la conversation. Les
phrases dites au réseau sont écrites ici en italique et les réponses du réseau en gras.
Toutes les phrases ne sont pas suivies de réponse.
Moi homme.
Toi ordinateur.
Homme sur terre.
Ordinateur sur terre.
Moi qui ?
Toi homme.
Toi quoi ?
Moi ordinateur.
Moi où ?
Toi sur terre.
Soleil étoile.
Etoile lumineux.
Etoile dans ciel.
Dieu bon.
Dieu gentil.
Dieu dans ciel.
Etoile comment ?
Etoile lumineux.
Dieu comment ?
Dieu bon. Dieu gentil.
3
5. Description du réseau
5.1. Les couches de neurones
Ce réseau est composé de sept couches de neurones. Pour faciliter la description
et démontrer l’hypothèse principale de cet article nous donnons à chaque neurone un
nom : une lettre, un mot ou un combinaison de mots.
NOTE. – Les noms qu’on donne ici aux neurones ne sont pas inscrits dans le
programme. Le programme n’est qu’une simulation des unités neuronales- des
entités qui reçoivent de la stimulation et si activés stimulent les autres entités.
La couche 1 a autant de neurones que les caractères que l’on veut utiliser. Nous
pouvons les appeler n(a), n(b), n(c)… n(z) et n(é), n(è), n(ù),… et n(.) et n(?).
Dans la couche 2 il y a autant de neurones que les mots par lesquels nous
voulons communiquer avec le réseau. A chaque neurone dans cette couche nous
donnons un nom, ce nom sera un des mots que nous voulons utiliser. Par exemple
nous avons les neurones n(moi), n(toi), n(soleil), n(chaise), n(chose)…
Chacune des couches 3, 4 et 5 a autant de neurones que toutes les combinaisons
faites selon une règle simple (voir en bas) avec les mots de la couche 2. Nous
pouvons nommer ces neurones n(a,b,c,d,e). a est un nom ; b est soit « pas » soit
absence de mot ; c est une proposition ou absence de mot ; d est un nom, un adjectif
ou un verbe ; et e est le numéro de la couche.
Par exemple nous avons dans la couche 3 les neurone n(moi, 0, 0, homme,3),
n(moi, pas, 0, homme,3), n(moi, 0, sur, terre,3) et n(moi, pas, sur, terre,3)
correspondant aux concepts « je suis un homme », « je ne suis pas un homme », « je
suis sur la terre » et « je ne suis pas sur la terre » respectivement.
Les couches 6 et 7 ressemblent respectivement aux couches 2 et 1.
5.2. Les relations synaptiques
Les neurones de la couche 1 envoient des axones vers les neurones de la couche
2 dans le nom desquels ils figurent.
Par exemple le neurone n(m) envoie des axones aux neurones n(moi), n(ami),
n(méchant) etc. Le neurone n(moi) reçoit des axones des neurones n(m), n(o) et n(i).
Les neurones de la couche 2 envoient des axones aux neurones des couches 3, 4
et 5 dans la combinaison desquels ils figurent. Par exemple le neurone n(moi) envoie
des axones aux neurones n(moi, 0, 0, homme, 3), n(moi, 0, 0, homme, 4) et n(moi, 0,
4
0, homme, 5) aussi aux neurones n(moi, 0, 0, animal, 3), n(moi, 0, 0, animal, 4) et
n(moi, 0, 0, animal, 5) etc.
Le neurone n(moi, 0, 0, animal, 3) reçoit des axones venant des neurones n(moi)
et n(animal).
Le neurone n(moi, pas, 0, animal, 3) reçoit des axones venant des neurones
n(moi), n(pas) et n(animal).
Les neurones de la couche 3 envoient des axones à leurs semblables dans la
couche 4 et 5.
Le neurone n(moi, 0, 0, animal, 3) par exemple envoie des axones aux neurones
n(moi, 0, 0, animal, 4) et n(moi, 0, 0, animal, 5).
Les neurones de la couche 4 envoient des axones à leurs semblables dans la
couche 5.
Les neurones de la couche 5 envoient des axones aux neurones de la couche 6
qui ont un nom faisant partie de leurs noms. Le neurone n(moi, 0, 0, animal, 3) par
exemple envoie des axones aux neurones n(moi) et n(animal).
Les neurones de la couche 6 envoient des axones aux neurones de la couche 7
qui ont un nom faisant partie de leurs noms. Avec deux exceptions : le neurone
n(moi) envoient des synapses non pas aux neurones n(m), n(o) et n(i) ; mais aux
neurones n(t), n(o) et n(i). Le neurone n(toi) par contre envoie des synapses aux
neurones n(m), n(o) et n(i).
5.3. Les poids synaptiques
Les poids synaptiques sont constants sauf dans les cas suivants :
Quand l’ordre de la lettre à l’entrée est égal à celui de la lettre dans le mot. Dans
ce cas le poids synaptique entre le neurone correspondant à la lettre dans la couche 1
et le neurone correspondant au mot dans la couche 2 se multiplie par deux (par
exemple si la lettre o est la deuxième lettre à l’entrée le poids synaptique entre n(o)
et n(moi) se multiplie par deux) .
L’autre cas est quand l’ordre du mot à l’entrée est égal à celui du mot dans le
concept (la combinaison des mots). Dans ce cas les poids synaptiques entre le
neurone correspondant au mot dans la couche 2 et le neurone correspondant à la
phrase dans les couches 3 et 4 se multiplie par deux (par exemple si le mot moi est le
premier mot entré, le poids synaptique entre n(moi) et n(moi,0,0,homme,3) se
multiplie par deux).
Le dernier cas est la phrase interrogative. Le caractère « ? » à la fin de la phrase
multiplie par deux les poids des synapses qui se terminent par des neurones de la
couche 5.
5
5.4. Les charges neuronales et les seuils d’activation
La charge neuronale varie entre zéro et le seuil d’activation. Le seuil est différent
dans chaque couche mais est le même dans une couche.
Le sens de la diffusion de l’activité est de la couche 1 à la couche 7 sauf pour
les conclusions logiques qui ne sont pas exposées ici.
6. Le cycle d’activité des neurones et du réseau
Les neurones reçoivent de la stimulation selon les relations synaptiques décrites
ci-dessus. S’ils atteignent le seuil d’activation ils seront actifs, c’est à dire ils
enverrons de la stimulation aux autres neurones auxquels ils ont des relations
synaptiques.
Après la stimulation, les neurones (activés ou pas) seront inactivés.
Dans la couche 4 les neurones qui atteignent un seuil particulier pré-établit
auront une baisse du seuil d’activation. Cette baisse de seuil est le principe
d’apprentissage dans ce réseau.
7. Fonctionnement normal du réseau
L’activité du réseau s’effectue par impulsions. Avant chaque impulsion les
neurones ont leur charge minimum. Une impulsion est produite par les lettres à
l’entrée et propagée en plusieurs étapes à travers les couches. Les neurones de la
couche 7 font apparaître les lettres à la sortie du programme.
Etape 1 :
Cette étape est déclenchée par l’entrée de chaque lettre.
A l’entrée du programme chaque lettre stimule et active son neurone
correspondant dans la couche 1. Ces derniers stimulent les neurones de la couche 2
avec qui ils ont des relations synaptiques. Si l’ordre de l’entrée de la lettre est le
même que l’ordre de la lettre dans le nom du neurone de la couche 2 le poids
synaptique entre les deux neurones se multiplie par deux.
Exemple : avec l’entrée des lettre du mot « moi » les trois neurones n(m), n(o) et
n(i) sont activés. Chacun de ces trois neurones stimule les neurones dans la couche 2
dont le nom contient les lettres n, o ou i.
Pour le neurone n(moi) les poids synaptiques avec les neurones n(m), n(o) et n(i)
seront multipliés par 2. n(moi) sera stimulé plus que les autres neurones de cette
couche.
6
Cette étape est terminée par l’inactivation des neurones de la couche 1 qui seront
prêts pour l’entrée de la lettre suivante. Les neurones de la couche 2 gardent leurs
charges.
Etape 2 :
Cette étape est déclenchée par le caractère espace après chaque mot. Les charges
des neurones de la couche 2 sont comparées à leurs seuils d’activation. Si le seuil est
dépassé le neurone (c’est un neurone correspondant à un mot) stimulent tous les
neurones des couches 3, 4 et 5 avec qui ils ont des relations synaptiques. Si l’ordre
de l’entrée du mot est égal à celui du mot dans le nom du neurone cible le poids
synaptique sera multiplié par deux.
Cette étape est terminée par l’inactivation des neurones de la couche 2 qui seront
prêts pour l’entrée du mot suivant.
Exemple : le neurone n(moi) activé, stimulera les neurones n(moi, 0, 0, homme,
3), n(moi, 0, 0, homme, 4) et n(moi, 0, 0, homme, 5) aussi aux neurones n(moi, 0, 0,
animal, 3), n(moi, 0, 0, animal, 4) et n(moi, 0, 0, animal, 5) etc.
Etape 3 :
Cette étape est déclenchée par le caractère point qu’on utilise après les phrases
affirmatives (que le réseau va apprendre) ou après le caractère point d’interrogation
après les phrases interrogatives.
Au début de cette étape les couches 1 et 2 sont inactivées. Mais les couches 3, 4
et 5 ont toujours leurs charges neuronales.
Les charges des neurones de la couche 3 sont comparées aux seuils d’activation.
Si ces seuils sont dépassés ils stimuleront leurs neurones correspondants dans les
couches 4 et 5.
L’activation des neurones de la couche 3 est équivalente à ce qui est entendu par
le réseau. Ce sont les premiers neurones correspondant aux phrases entendues. Il est
possible de les faire afficher pour évaluer les hallucinations.
Les charges des neurones de la couche 4 sont comparées ensuite à leurs seuils
d’activation. Si dans un neurone de cette couche le seuil d’activation est atteint il y
aura une diminution de ce seuil. Cette baisse est équivalente à l’apprentissage. Le
neurone sera plus facilement activable.
La même comparaison aura lieu dans la couche 5. Les neurones activés seront
exprimées pendant les étapes 4 et 5.
Etape 4 :
Cette étape est déclenchée chaque fois qu’un neurone de la couche 5 est activé.
Ce neurone va stimuler et activer les neurones de la couche 6 qui sont en relation
synaptique avec lui.
7
Exemple : l’activation du neurone n(moi, 0, 0, homme, 5) entraînera l’activation
des neurones n(moi) et n(homme).
Etape 5 :
Cette étape est déclenchée chaque fois qu’un neurone de la couche 6 est activé.
Ce neurone va stimuler et activer les neurones de la couche 7 qui sont en relation
synaptique avec lui.
Exemple : l’activation du neurone n(moi) entraînera l’activation des neurones
n(m), n(o) et n(i). activation de ces neurones entraînera l’apparition de leurs noms
(des lettres) dans la sortie du réseau.
Neurones spéciaux : les neurones n(qui) et n(quoi) sont particuliers. Ils ne
stimulent pas directement les neurones des couches 4 et 5. Par contre n(qui) active
tous les neurones correspondant à une personne comme n(moi), n(toi) et n(dieu) ;
n(quoi) active tous les neurones correspondant à une chose comme n(soleil), n(terre)
etc.
Une des étapes complémentaires :
Une baisse de seuil d’activation dans la couche 4 entraîne une hausse dans celui
de son contraire qui sera désormais difficilement activable.
L’apprentissage du concept «je suis un homme » ( le neurone n(moi, 0, 0,
homme, 3) ) déclenche un hausse du seuil d’activation du neurone le neurone n(moi,
pas, 0, homme, 3) (concept «je ne suis pas un homme »).
8. Spontanéité du réseau
Nous avons dit que dès la conception de ce réseau il existe dans chacune des
couches 3, 4 et 5, autant de neurones que les combinaisons conceptuelles (dans les
limites précisée en haut); et cela avant que les concepts soient appris.
L’affichage (« l’expression ») de ces concepts ne dépend pas de l’apprentissage.
Si un des neurone de la couche 5 est activé par un autre moyen que stimulation
venant des couches supérieurs, son équivalent conceptuel sera affiché dans la sortie
du réseau. Cela peut être considéré une spontanéité, c’est à dire que le réseau
spontanément pose une question.
L’affichage d’une phrase dans la sortie est en forme affirmative si le concept est
appris ou interrogative s’il ne l’est pas.
Le résultat est qu’avec une activité neuronale spontanée il y aura une activité
conceptuelle spontanée.
Cette spontanéité a bien sur les limites suivantes :
-
elle est seulement en forme de phrase.
8
-
elle est dans la limite du vocabulaire du réseau.
elle est dans la limite des structures conceptuelles/grammaticales
du réseau.
Une activité spontanée des neurones de cette couche peut venir
-
impulsion spontanée des neurones
-
baisse d’inactivation entraînant une accumulation d’une charge neuronale
-
trop de stimulation dépassant les limites d’inactivation
9. Fonctionnement pathologique du réseau
Le fonctionnement normal de ce réseau neuronal peut être résumé comme la
suite:
Une phrase entrée dans le réseau déclenche une chaîne d’activation neuronale
qui peut finir par une phrase à la sortie.
Une phrase est « entendue » dans la couche 3, « appris » dans la couche 4 et
« exprimée » dans la couche 5.
Dans ce réseau il est possible de changer les paramètres d’activation et
d’inactivation des neurones.
Si un ou plusieurs neurones sont insuffisamment inactivés (l’activité du réseau
se fait par cycle d’activation/inactivation) il est possible qu’ils atteignent le seuil
d’activation d’une façon inadaptée. Une activation inadaptée est une détection
inadaptée de phrases c’est à dire des hallucinations, dans la couche 3 ; un concept
appris d’une façon inadaptée c'est-à-dire un délire dans la couche 4.
La persistance d’activité dans les couches 6 et 7 se traduit par la répétition des
mots ou des phrases dans la sortie (des écholalies.)
Pour évaluer des hallucinations nous avons créé un lien entre l’endroit ou la
phrase entrée est détectée et une deuxième sortie. Cela oblige le réseau à répéter
toutes les phrases qu’il entend. Une fois ce mécanisme activé nous pouvons voir ce
que le réseau entend et il sera facile de détecter des hallucinations.
Si la baisse de l’inactivation est affectée aux neurones de la couche 3 le réseau
détecte des phrases qui ne lui sont pas dites. En fonction des neurones affectés ces
phrases « hallucinatoires » peuvent avoir des contenus différents. Elles peuvent être
mélancoliques (toi mauvais, toi méchant, toi ordure), mégalomaniaques (toi bon, toi
gentil, toi génial)…
9
Il est aussi possible de faire délirer le réseau en diminuant l’inactivation des
neurones de la couche 4.
En réponse à la question « toi comment ? » le réseau n’a rien a dire avant qu’on
lui apprenne des phrases au sujet de lui-même, mais si trois neurones spécifiques de
la couche 4 sont affectés par une baisse de l’inactivation, il y aura les réponses
suivantes avant tout apprentissage sur lui :
Moi bon. Moi gentil. Moi génial. (délire mégalomaniaque)
Ou si ces trois neurones sont dans un autre endroit de la même couche :
Moi mauvais. Moi méchant. Moi ordure. (délire mélancolique)
Ces délires peuvent être très variés en fonction des neurones affectés et prendre
des formes comme moi dieu, toi dieu, moi pas exister, monde pas exister…
L’affectation de la baisse d’inactivation aux couches 6 et 7 aura comme
conséquence une répétition d’une partie de la sortie du réseau (écholalie). En
fonction de l’endroit et le degré de l’inactivation une partie ou toute la sortie ….
Insuffisance d’inactivation des neurones de la couche 2 ou stimulation trop forte
venant de cette couche ……… obsessions
Insuffisance d’inactivation des neurones de la couche 5….. logorrhée
10. Discussion
Ici nous avons présenté un réseau neuronal conçu selon une hypothèse de travail
qui est la correspondance entre les unités conceptuelles et les unités neuronales.
L’architecture du réseau
Les relations synaptiques dans le réseau sont programmées dès la conception et
ne changent pas pendant son fonctionnement. L’entrée du réseau et sa sortie sont en
forme de lettres d’alphabet. Les lettres sont acceptables par le réseau en forme de
mots.
La particularité structurale de ce réseau est l’existence des neurones
correspondant
-
aux lettres d’alphabet
-
aux mots faisant partie du vocabulaire du réseau
aux combinaisons de mots. Les combinaisons sont faites avec les
mots faisant partie du vocabulaire du réseau et sont dans la limite de ses
connaissances linguistiques/conceptuelles.
10
Les neurones spécifiques pour entendre et apprendre une phrase sont activés si
cette phrase est dite au réseau. Le neurone spécifique pour l’expression d’une phrase
est activé si l’entrée du réseau est en forme interrogative ou si sa charge est assez
grande pour atteindre le seuil d’activation. Ce pattern d’activité est possible grâce à
l’architecture des relations synaptiques.
Malgré le pouvoir de ce réseau pour apprendre les concepts simples et simuler
les éléments psychotiques, nous sommes loin de penser que cela est le seul
mécanisme de fonctionnement du cerveau. La stimulation n’est pas la seule relation
entre les neurones. L’ajout d’autres relations comme l’inhibition pourra
perfectionner notre réseau.
Au niveau technique il est possible de concevoir selon le même principe d’autres
modules pour perfectionner le fonctionnement de ce réseau et/ou ajouter des
fonction perceptive et motrice.
Dans ce réseau il existe une certaine spontanéité qui se traduit par des phrases
(en forme affirmative ou interrogative) à la sortie du système. L’équivalent de cette
spontanéité dans un réseau plus complexe et muni des fonctions perceptive et
motrice peut être une autonomie.
Les concepts
Ici les concepts sont considérés comme des unités non-divisibles et holistiques.
Ces points de vue ne sont pas étrangers pour les philosophes et linguistes.
Certains linguistes, en accord avec Benveniste ne voient pas de signe unique
(donc pas de sens unique) dans la phrase. Mais généralement c’est l’idée de
Saussure qui est admise. Saussure, inventeur du terme syntagme pour désigner les
groupes de mots, voyait des signes uniques dans des phrases (Baylon et al, 2002).
L’idée de correspondance entre le sens (concept) et le neurone peut être une façon
de trouver un substratum matériel pour l’unité de sens.
Le holisme sémantique est une doctrine selon laquelle le contenu sémantique (le
concept) d’un mot, d’une phrase ou d’une pensée dépend de la place qu’il occupe
dans un système auquel il appartient (Block, site Internet). Ce réseau neuronal avec
ces correspondants conceptuels est clairement un système holistique. Chaque unité
est caractérisée par sa place précise dans le réseau. Le neurone correspondant au
concept « moi homme » (je suis un homme) est caractérisé par ses relations avec les
neurones correspondant aux concepts moi et homme dans les couches d’entrées est
sortie.
Réseau sémantique
Le réseau sémantique est une cartographie conceptuelle représentant les concepts
et les relations entre eux. Pour produire cela il est possible de représenter les
concepts par des nœuds et les relations conceptuelles par des arcs (Hand, 1991).
11
En se basant sur notre hypothèse il est possible de schématiser un réseau
sémantique parallèle au réseau neuronal décrit ici. Ce réseau neuronal aura deux
grandes différences avec ceux décrits par les spécialistes de ce domaine. D’abord
dans ce réseau sémantique les nœuds ne se limitent pas aux concepts correspondant
aux mots mais aussi aux concepts correspondant aux phrases. Une autre différence
est que dans ce réseau sémantique il y a un seul type de relation entre les concepts
qui est la stimulation.
Appuies neurobiologiques
Les études neurobiologiques montrent que l’apprentissage et la formation de la
mémoire sont en relation avec le phénomène « long-term potentiation »(Blitzer et al,
2005). Ceci est une sensibilisation des neurones aux stimulations. Le neurone affecté
par ce phénomène répond plus facilement aux stimulations.
La diminution du seuil d’activation des neurones utilisée dans notre réseau pour
modéliser l’apprentissage peut être un des mécanismes impliqués dans le long-term
potentiation.
Simulation des éléments psychopathologiques
Dans ce réseau l’insuffisance d’inactivation des unités neuronales et donc leurs
correspondants conceptuels entraîne des délires, des hallucinations et des écholalies.
Dans la clinique cette idée n’est pas incompréhensible. Certains signes de la
schizophrénie sont clairement des éléments qui ne sont pas inactivés. La
persévération, la catatonie et l’écholalie sur le plan descriptif sont respectivement,
une idée, un geste ou une action, et une séquence de mots qui persistent- ils ne sont
pas inactivés quand il le faut.
11. Conclusion
1- Un réseau neuronal conçu selon l’hypothèse de la correspondance entre les
unités conceptuelles et les unités neuronales a des capacités d’apprentissage et de
spontanéité. Il serait utile d’utiliser des moyens techniques plus importants pour
réaliser des programmes plus puissants.
2 – Dans le réseau décrit ici, l’insuffisance de l’inactivation des neurones peut
entraîner des réponses assimilables aux signes cliniques de la schizophrénie. Il serait
opportun de considérer la possibilité de ce mécanisme dans cette maladie.
Bibliographie
1-
C.Baylon, X. Mignot. Initiation à la sémantique du langage.
2002 Nathan.
2-
Blitzer R. D., Iyengar R., Landau E. M. „Cellular cogwheels
underlying long-term plasticity.” Biol Psychiatry. 2005 Jan
15;57(2):113-9. Postsynaptic signaling networks:
12
3-
Hand D.J. Intelligence artificielle et psychiatrie. 1991 Presses,
Universitaire de France
4-
W. S. Mc Culloch, W. Pitts. “A logical calculus of ideas
immanent in nervous activity.” Bull. Mathematical Biophysics,
5:-133, 1943.
5-
http://www.nyu.edu/gsas/dept/philo/faculty/block/papers/Ment
alSemanticHolism.html
13
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