histoire - Consistoire

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Quand Le Canard
traîne
les pattes
Histoire :
La médecine
au temps
des hébreux
Hanouka :
La fête
des lumières
Poésie :
Nous
les survivants
Juifs
aux Etats-Unis :
Le “big dream”
de Barack Obama
N°285 - DÉCEMBRE 2008 - 3€
M 01907 - 285 - F: 3,00 E
Edito : La bourse et la vie
3:HIKLTA=\UXUUU:?a@m@i@p@a;
N°285 - DÉCEMBRE 2008
AU SOMMAIRE D’
EDITO
4- La bourse et la vie par josy eisenberg
L’ACTUALITÉ
8- Le pari Hillary Clinton par Dominique Moïsi
31
8
JUIFS AUX ÉTATS UNIS
12- Le "big dream" de Barack Obama par Salomon Malka
CHRONIQUE
14- Les appels que je ne signe pas par Guy Konopnicki
POÉSIE
18- Nous, les survivants par Georges Kornheiser
JUDAÏSME
28
24
20- "Mes figures bibliques" par Naïm Kattan
HISTOIRE
24- La médecine au temps des Hébreux par Bruno Halioua
HANOUKA
28- La fête des lumières
34
38
LA VIE DU CONSISTOIRE - 30
BICENTENAIRE
34- Connaissez-vous l'histoire de la synagogue de la Victoire ? par Philippe Landau
COMMUNAUTÉS DE PROVINCE
4
36- A la découverte de la Communauté juive de Metz par Evelyne Gougenheim
BONNES FEUILLES
12
38- L'enfant juif de Varsovie par Frédéric Rousseau
LIVRES
39- Quand Le Canard traîne les pattes par VM
CINÉMA
41- Le dilemme cornélien d'un amoureux new-yorkais par Elie Korchia
36
41
INFORMATION JUIVE
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COURRIER - CARNET - 42
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Chroniqueur : Guy Konopnicki
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Les manuscrits non retenus
INFORMATION
Décembre 2008 3
ne sont pas JUIVE
renvoyés.
EDITO
La bourse
et la vie
L
a terrible crise financière puis
économique qui frappe
l’humanité rappelle les propos
du poète : “Tous ne
mourraient point, mais tous
étaient
frappés.”
Tous ! Les riches sont moins riches, et les
pauvres sont plus pauvres. C’est bien
entendu ce second constat qui nous afflige
et nous inquiète, et l’on voit bien le cortège
de misères et de désespoirs qui se profile
à l’horizon. Quant aux nantis, on est tenté
de ne verser qu’une petite larme sur leur
sort, d’autant plus que leurs pertes sont
souvent virtuelles et peut être pas
définitives. Pour prendre un exemple
parmi les fortunes juives, il se dit que
Roman Abramovitch était à la tête de 18
milliards de dollars et que ses actifs
aujourd’hui ne s’élèvent “plus”qu’à 3
milliards… Résultat ? Il ne s’achètera sans
doute pas un yacht de plus et s’offrira
quelques footballeurs de moins. Pas de
quoi pleurer !
Cependant, même là, les choses ne sont
pas si simples. Israël et les communautés
de la diaspora vivent en grande partie de
la philanthropie. Or, d’ores et déjà, près
de la moitié des sommes promises par des
donateurs, notamment aux Etats-Unis, ne
sont plus versées aux institutions
caritatives. Elles seront contraintes à de
drastiques réductions de leurs budgets.
Autrement dit, et sans vouloir regarder par
le petit bout de la lorgnette, une situation
dramatique qui met en péril l’humanité
tout entière, les communautés juives en
paieront le prix fort.
Depuis le début de la crise, les analystes
ne se sont pas privés d’inonder les médias
de savantes réflexions sur les causes
financières et les conséquences
économiques de ce désastre : récession,
chômage, inflation et – ou – stagflation –
paupérisme et tutti quanti. Je n’aurai pas
l’outrecuidance d’ajouter mon grain de
sel, sans grand intérêt, à ce flot
d’informations. Tout semble avoir été dit
du point de vue de l’analyse économique
et financière.
Néanmoins, si l’on considère les choses
du point de vue de la Torah, on découvre
4 INFORMATION JUIVE décembre 2008
PAR JOSY EISENBERG
aisément que toute la lumière n’a pas été
faite.
Quelques
observations
fondamentales me paraissent donc
s’imposer.
La première cause de la crise, c’est bien
entendu la spéculation financière. Elle a
été accentuée par le problème des crédits
et du prêt à intérêt : les fameuses
subprimes. Or, l’une des plus importantes
préoccupations de la Torah a été
précisément de s’opposer constamment
au prêt à intérêt, qualifié de morsure – on
a envie de dire : de mort sûre – et
comparée à la fameuse livre de chair du
“Marchand de Venise”. Ce n’est pas le fait
de prêter que la Torah stigmatise. Bien au
contraire : elle en fait un impératif
catégorique de solidarité “si ton frère
s’écroule, aide-le à se relever.” (Lévitique
25, 25)
Bien entendu, les choses ne sont pas si
simples. Toutes les restrictions, d’une rare
rigueur, que le Talmud impose au prêt à
intérêt semblent bien ne concerner que
les relations entre personnes et non les
affaires commerciales. Aussi bien, à partir
de la Renaissance, le développement du
système bancaire en Europe a-t-il tout
naturellement interpellé la loi rabbinique
et exigé des accommodements. C’est ainsi
qu’est né en Pologne le fameux “Héter
Iska” : en deux mots, l’exigence d’une
participation aux risques s’agissant d’un
prêt destiné non pas à faire face à une
détresse personnelle mais accordé dans
le cadre du monde des affaires. C’est
pourquoi les banques juives ou
israéliennes ne se font pas faute – si l’on
peut dire – de prêter. Avec pour
conséquence l’inévitable et endémique
problème du surendettement.
Or, il se trouve que ce problème avait,
lui aussi, trouvé une solution – théorique
– dans deux lois de la Torah dont on ne
peut qu’admirer l’originalité, la Chemita
– l’année sabbatique – tous les sept ans,
et le Jubilé : tous les cinquante ans.
Dans le premier cas, il s’agissait
d’annuler purement et simplement les
dettes des particuliers. Quant au Jubilé,
il demandait de remettre à zéro les
compteurs de l’aliénation du patrimoine
immobilier. Lorsque l’on voit l’étendue des
confiscations et expulsions qui sont en
train d’être opérées aux U.S.A. – mais
aussi, hélas, en Israël – c’est peu de dire
à quel point les lois de la Torah étaient
prémonitoires !
La vérité historique impose, certes, de
reconnaître que ces lois relèvent
apparemment de l’utopie. Les rabbins du
Talmud en avaient eux-mêmes pris
conscience en les amendant au point de
les rendre quasiment caduques ! Mais le
mot “utopie” ne signifie pas impossible.
Etymologiquement, il désigne une
disposition qui “n’ a pas encore trouvé sa
place. ”Qui n’est pas irréalisable, sinon il
serait absurde de la penser, mais qui n’a
pas été réalisée. C’est d’ailleurs pourquoi
les sociologues parlent “d’utopie
dynamique” : une idée – un idéal –
destinée à stimuler l’imagination et à
tendre vers son accomplissement. Le
messianisme juif est à cet égard un bon
exemple d’utopie, tout comme le retour à
Sion. Sans ces deux utopies, le peuple juif
aurait disparu depuis longtemps. Elles
furent la colonne vertébrale et le souffle
qui lui permirent de survivre. D’ailleurs,
le monde moderne n’a cessé d’accoucher
d’innombrables utopies dont nos ancêtres
n’étaient même pas capables de rêver. Qui
aurait cru, au Moyen-âge, qu’un jour un
homme pourrait parler à un autre homme
d’un continent à l’autre, marcher sur la
lune, remplacer un cœur ou réaliser le
rêve d’Icare ?
Le péché originel du monde moderne,
c’est donc d’avoir perverti l’usage du prêt
à intérêt. C’est ainsi qu’une procédure
destinée, comme la dîme ou plus tard
l’impôt sur le revenu, à atténuer les
disparités de la vie socio-économique s’est
transformée en système d’enrichissement
d’un capitalisme devenu sauvage et
incontrôlé. En fait, d’avoir donné libre
cours à un double désir, pour ne pas dire
une
double
avidité : les uns – les prêteurs -, disposant
d’ailleurs de capitaux le plus souvent
confiés par des particuliers, peuvent ainsi
vivre de profits générés non par le travail
EDITO
mais par l’argent. Comme disait
Mitterrand : “s’enrichir en dormant”. Pour
les autres – les emprunteurs – spéculer sur
un enrichissement futur afin de disposer
dès à présent de biens qu’ils n’ont pas les
moyens d’acquérir. Ce que le Talmud
décrivait en des termes pleins de bon
sens : “des biens qui ne sont pas encore
venus au monde…”. Ce sont là les effets
pervers de la société de consommation et
de l’amour immodéré de l’argent, devenu
la valeur numéro un de nos sociétés : le
sacro-saint profit à propos duquel les
analyses de Marx restent tout à fait
pertinentes.
Comprenons-nous bien. Il ne s’agit ni
de remettre en question la légitimité de la
consommation ni de la croissance dont elle
est le vecteur. C’est une des formes du
progrès. Dans le judaïsme, la croissance
économique est toujours synonyme de
bénédiction. Il ne s’agit pas davantage de
condamner l’économie de marché et toute
forme de crédit, terme qui, soit dit en
passant, est en hébreu synonyme de
confiance et de foi. Il y aurait beaucoup à
dire sur cette synonymie. Ce qui pose
problème, c’est la généralisation de taux
d’intérêts qui, même limités, finissent par
devenir usuraires au sens de la morsure
que nous évoquions. Et de constater que
l’aspect financier de ce système a
totalement éclipsé sa fonction sociale.
Je ne suis pas assez naïf pour prétendre
que la Torah serait apte à résoudre tous les
problèmes, ni qu’elle dispose d’une théorie
économique permettant de faire face à
toutes les crises. Je constate simplement
que la direction qu’elle nous indique est
la bonne, et qu’il serait souhaitable que
l’on revienne aux fondamentaux : la
véritable fonction d’une société, c’est de
faire le bonheur des hommes et non pas
de créer d’artificielles richesses.
Je ne dirai pas non plus que la
solution, c’est de prendre l’argent aux
riches pour le donner aux pauvres. Il
existe un consensus chez les
économistes sur ce point : d’une part,
cela ne résoudrait guère le problème du
paupérisme ; de l’autre, ce n’est pas la
cause profonde de la crise. Je veux bien.
On ne peut cependant ignorer à quel
point les inégalités de salaire sont
devenues exponentiellement choquantes. Un exemple entre mille, ou
plutôt entre millions… Ce matin, je lis
dans un journal que tel PDG a gagné
40 millions d’euros l’an dernier. Certes
il en est qui gagnent infiniment plus.
Mais contentons-nous de cet exemple.
J’ai fait un rapide calcul. En un mois,
cet
homme
a
donc
gagné
3,3 millions d’euros. Si l’on prend un
salarié moyen avec un salaire de
1 500 euros, soit 18 000 euros par an,
il gagnera en une vie de labeur –
quarante ans - 720 000 euros.
Autrement dit, il faudrait à ce salarié
pratiquement cinq vies de travail pour
gagner ce que ce PDG a obtenu en un
mois…
Il y a urgence. Il faudra que très
rapidement s’opère une révision
déchirante des mœurs du monde des
affaires pour que d’aussi aberrantes
inégalités deviennent tout simplement
illégales et impossibles. Pour l’heure, le
pouvoir politique reste particulièrement
frileux devant cette perspective. On
envisage simplement, par exemple, un
léger plafonnement de la fiscalité des
stocks-options. De qui se moque-t-on ?
Quant à l’argument sans cesse répété
selon lequel une trop grande fiscalisation
des hauts revenus entrainerait une fuite à
l’étranger des “cerveaux” de la finance, il
n’appelle qu’un haussement d’épaules.
Chiche ! On verra bien combien de
candidats tout aussi valables se
présenteront pour leur succéder. Comme
disait le général de Gaulle, interrogé sur
ce qui se passerait s’il venait à décéder “ce
ne sera pas le vide, mais le trop plein…”.
D’ailleurs, il suffirait d’une législation
européenne, voire internationale, pour que
le problème ne se pose plus.
Bref, ce que nous vivons, c’est d’abord
une crise des valeurs. Nous payons très
cher d’avoir toléré sans protester le veau
d’or du sacro-saint profit. Et d’avoir oublié
que les bonnes “actions” et les bonnes
“obligations” ne se situent pas seulement
au Palais Brogniart.
VERBATIM
HENRI GUAINO.
Conseiller du président de la
République :
" Il faut comprendre à côté de quoi
on est passé. Ou bien on réinvente
le monde, ou bien il se réinventera
tout seul et cela risque d'être pour le
pire "
IVAN RIOUFOL.
Chroniqueur :
" Le déni du choc des cultures que
les islamistes viennent à nouveau de
contredire en attaquant Bombay (
Inde), fait partie de ces mensonges
officiels qui n'ont pas de sens "
ALAIN BENTOLILA.
Professeur de linguistique :
" Un des problèmes essentiels qui
pèsent sur ces systèmes éducatifs est
le niveau très faible d'une grande
6 INFORMATION JUIVE décembre 2008
JEAN DELUMEAU.
ALI AKBARI.
Professeur honoraire au
Collège de France. Membre
de l'Institut :
Chef de l'organisation de la jeunesse
iranienne :
" La religion commence là
où la connaissance trouve
ses limites "
partie des enseignants, tant dans la
transmission des savoirs de base
que dans la maîtrise de la langue "
BARACK OBAMA.
Président élu des Etats-Unis :
" Je souhaite un débat vigoureux à
la Maison Blanche. Mais en tant
que président, c'est moi qui fixe la
politique. J'attends de mes
collaborateurs qu'ils mettent en
pratique ma vision ".
" Ce qui menace véritablement
l'Iran, c'est la bombe sexuelle et
non pas les bombes et les missiles
ennemis. Les jeunes ont besoin de
voir leurs besoins sexuels satisfaits
par le biais du mariage "
CHARLES PASQUA.
Ancien ministre :
" Jacques Chirac, je le dis avec le
recul, c'était une erreur de casting.
Il n'était pas au niveau de la
fonction ".
NICOLAS SARKOZY.
Président de la République :
" Si l'UMP avait perdu les élections,
elle connaîtrait exactement la même
crise que le PS ".
Photo Arnaud Février©Flammarion
L'ACTUALITÉ
UN ENTRETIEN AVEC DOMINIQUE MOÏSI
Le pari
Hillary Clinton
Dominique Moïse est l'un des membres fondateurs de l'IFRI ( Institut
français des relations internationales ) dont il est aujourd'hui le conseiller
spécial. Enseignant à l'université de Harvard, il est l'un des spécialistes
Dominique Moïsi
européens des questions internationales les plus reconnus dans le monde.
Dans le nouveau livre qu'il publie " La géopolitique de l'émotion " ( Editions Flammarin. 20 euros)
plaide pour une culture qui tourne le dos à la peur et qui se tourne vers l'espoir.
Moïsi dédie son livre " à la mémoire de son père, Jules Moïsi, matricule 159721 à Auschwitz qui
survécut à la peur et à l'humiliation pour m'enseigner l'espoir ".
Information juive a rencontré Dominique Moïsi.
OOO I.J : Dans votre livre, vous écrivez que le
4 novembre dernier, les Américains se sont
choisi une nouvelle identité. Laquelle ?
Dominique Moïsi : Celle qui
inaugurerait une politique d'ouverture sur
le monde. Il y a eu un dessin paru dans le
Herald Tribune et qui symbolise
parfaitement cette nouvelle identité. On y
voit un Noir et un Blanc qui sont dans les
bras l'un de l'autre. Le Noir a une petite
larme. Le monde entier regarde, lève les
bras au ciel en disant : " Yes, they could " (
Oui, ils ont pu).
Le mot qui convient peut-être pour dire
cette identité c'est celui de réconciliation.
Réconciliation de l'Amérique avec ellemême et son espoir et d'autre part
réconciliation avec le monde après la
période de la présidence Bush.
I.J : Comment vous apparaît l'Amérique à
l'heure où Barack Obama se prépare à en prendre
les commandes ?
D.M. : C'est une Amérique qui souffre et
qui, sur le plan économique et social, est
dans une situation extraordinairement
fragile. C'est une Amérique qui a deux
guerres sur les bras. En Irak , ce n'est pas
encore fini et en Afghanistan cela devient
chaque jour pire. C'est un pays qui a choisi
l'espoir dans un moment particulièrement
difficile pour lui. La société américaine
souffre et le pari de Barack Obama c'est de
lui rendre confiance et de ne pas la
décevoir très vite.
I.J : Certains considèrent qu'il ne peut que la
décevoir étant donné les attentes multiples des
Américains.
D.M. : C'est une vision des choses qui
me paraît un peu réductrice et simpliste.
Obama est un homme exceptionnel qui fait
face à une situation exceptionnelle. Il a
8 INFORMATION JUIVE décembre 2008
compris la nature des défis auxquels il a à
faire face. Je pense qu'il peut réussir.
I.J : Quelle signification donnez-vous au fait
que Hillary Clinton ait été appelée à diriger la
diplomatie américaine ?
D.M. : Laissez-moi vous dire que de
toutes les décisions qui ont été prises, c'est
celle qui m'embarrasse le plus. J'y vois une
logique de politique intérieure. En
revanche, je ne vois pas le message évident
par rapport à la volonté de changement et
par rapport à la politique étrangère. Cela
peut vouloir dire deux choses : la première
c'est que la politique étrangère n'est pas
essentielle pour Obama et que, dans son
mandat, il entend donner la priorité des
priorités à l'économie ; mais cela peut
vouloir dire également qu'Hillary Clinton
sera sa porte-parole. On n'attend pas d'elle
qu'elle contribue dans le fond à la politique
étrangère des Etats-Unis.
Cela étant, je crois que pour équilibrer
ce choix qui, effectivement, ne me paraît
pas convaincant, il y a la nomination de
Susan Rice comme ambassadeur auprès
des Nations Unies avec un rang de
ministre, ce qui lui permettra d'assister aux
réunions du cabinet. Il s'agit d'une femme
qui, en dépit de son jeune âge - elle a 44
ans - a une compétence forte et des
opinions solides.
La personnalité qui fera pièce, au sein
du gouvernement, à Mme Clinton, sera le
général James Jones, le Conseiller à la
sécurité. Il sera intéressant de voir
l'équilibre qui s'instaurera entre ces deux
personnalités.
I.J : On dit de Mme Hillary Clinton qu'elle est
très proche de l'Etat d'Israël.
D.M. : C'est très bien ainsi. Mais la
question est de savoir ce qu'on en fait. Est-
ce qu'on est ami d'Israël en essayant de
convaincre les Israéliens que le confort du
statu quo dans lequel ils s'enferment est
dangereux à terme ou bien en leur disant
: faites ce que vous voulez.
Je pense personnellement qu'Obama est
convaincu du fait que ses deux
prédécesseurs ont fait l'erreur de s'occuper
beaucoup trop tard de ce conflit. Lui-même
ne veut pas répéter cette erreur mais a-t-il
les moyens de faire autrement?
I.J : Mais on peut dire qu'il y a plus que des
nuances entre elle et Obama au sujet du conflit
israélo-palestinien.
D.M. : C'est au contraire difficile à dire.
Il y a les discours prononcés par le candidat
Obama. Il s'agit de discours électoraux. Il
a voulu rassurer l'électorat juif. Mais quelle
est sa vision réelle ? Que pense-t-il
vraiment ? On peut considérer comme une
évidence que la sécurité d'Israël est
prioritaire pour Obama comme elle le fut
pour Bush ou pour Clinton.
I.J : Vous considérez Téhéran comme la
capitale de l'islam aujourd'hui. Les Etats-Unis
doivent-ils négocier avec l'Iran d'Ahmadinejad ? Doivent-ils parler avec le Hamas ?
D.M. : Ma première remarque est qu'il
faut parler à ses ennemis. Tout dépend de
la manière dont on le fait et du moment où
on le fait. Téhéran est le cœur d'un certain
monde islamique : celui qui est le plus
radical.
A l'inverse, l'Arabie Saoudite est devenue
aujourd'hui bien plus importante qu'elle ne
l'était hier. Il y a donc deux pôles : un pôle
de confrontation avec l'Occident derrière
l'Iran et un autre de dialogue derrière
l'Arabie Saoudite. Etant entendu que le
grand exclu de ce jeu c'est l'Egypte.
L'ACTUALITÉ
Faut-il négocier avec l'Iran ? La réponse
est oui. Mais cela ne veut pas dire
nécessairement
négocier
avec
Ahmadinejad. Il existe d'autres multiples
canaux de négociation. Il faut savoir qu'un
conflit armé avec l'Iran est aujourd'hui très
difficile parce que la situation économique
mondiale rendrait l'attaque stratégiquement
discutable. Pourquoi ajouter le chaos au
chaos ? Par ailleurs, est-ce cela constitue
aujourd'hui la priorité des priorités ? Estce que le Pakistan n'est pas plus dangereux
lui qui possède déjà l'arme atomique ?
Les déclarations du président iranien sur
Israël sont irresponsables et provocatrices.
Quand Ahmadinejad parle dans les
termes que l'on sait de la nécessité de
détruire l'entité sioniste, son discours radical
séduit davantage la rue arabe que la
majorité des Iraniens. Cette majorité prête
plus d'attention à son incapacité à gérer la
situation économique et sociale. Mais cette
même majorité s'unirait derrière lui en cas
d'attaque extérieure.
Pour ce qui est du Hamas, il y a une
distinction à faire. D'un côté les éléments
totalement radicaux et qui sont opposés à
toute forme de dialogue avec Israël et avec
l'Occident. Mais de l'autre, il y a une force
d'opposition disons centriste qui utilise le
discours le plus radical afin d'obtenir
quelque. La majorité du Hamas est
aujourd'hui sans doute prête à un accord
de coexistence avec Israël mais attend que
les Israéliens fassent le premier pas. Bref,
je considère que ne pas négocier avec le
Hamas n'est pas raisonnable. Le risque d'un
blocage total est trop grand. S'attacher à ne
considérer comme valable que l'Autorité
palestinienne ne me paraît pas responsable,
compte tenu du rapport de forces dans la
société palestinienne mais aussi de la
faiblesse extrême de cet homme par ailleurs
fort estimable qui est Mahmoud Abbas.
I.J : Que faire, selon vous, face à la menace
nucléaire iranienne ? Faut-il attendre les bras
croisés que l'Iran dispose de la bombe atomique
?
D.M. : Dans ce dossier, il n'y a pas de
bonnes solutions. Je ne crois pas que soit
possible aujourd'hui une attaque d'Israël
et des Etats-Unis contre l'Iran. L'Amérique
ne peut aujourd'hui ni encourager ni même
accompagner Israël dans une telle
stratégie. Il s'agirait donc d'une action
unilatérale d'Israël qui se ferait contre la
volonté du gouvernement américain. Ce
serait là pour Israël un risque considérable.
Même si l'opération était militairement,
techniquement parlant, réussie, son coût
politique serait gigantesque. Sans compter
que cela ne ferait que retarder une
échéance qui, lorsqu'elle se produirait,
deviendrait plus grave parce qu'elle serait
renforcée par un esprit de revanche.
Il faut donc continuer à négocier et
renforcer le coût économique pour l'Iran.
I.J : Mais jusqu'à présent cela n'a servi à
rien !
D.M. : C'est vrai mais d'une part nous
n'étions pas totalement unis dans nos
sanctions. D'autre part, celles-ci n'étaient
pas suffisamment fortes. Nous devons
continuer en espérant le départ de cet
homme particulièrement irresponsable
Ajmadinejad. Car il y a un contraste entre
le populisme brutal de cet homme et la
tradition culturelle d'un pays qui est quand
même un des pôles de la civilisation
mondiale. Il faut jouer le temps. Cela ne
veut pas dire que le temps résoudra le
problème. Je sais par ailleurs que maintenir
la pression militaire sur Téhéran fait partie
du jeu diplomatique.
L'ACTUALITÉ
I.J : Votre étude est consacrée à la place des
émotions dans les relations internationales. Vous
dites que le conflit israélo-palestinien est
naturellement chargé d'émotions. Pour vous,
c'est l'humiliation qui est la cause profonde du
radicalisme musulman. C'est à cause d'elle que
l'islam aujourd'hui est dans l'opposition au monde
occidental.
D.M. : Sans mettre en avant l'humiliation
du monde arabo-musulman, le sentiment
qu'il a d'un déclin historique et sa quête de
dignité, on ne peut pas comprendre ce qui
s'y passe aujourd'hui. Cela ne veut pas dire
qu'il n'a pas lui-même une certaine
responsabilité dans ce sentiment
d'humiliation. Mais considérer qu'il y a
dans la culture de l'islam quelque chose de
fondamentalement mauvais sinon inférieur
constitue un présupposé - historiquement
faux au demeurant - et qui ne conduit pas
à comprendre ou à trouver des solutions.
Ce que j'essaie de dire c'est qu'à l'heure
de la mondialisation, le rapport à l'autre
devient plus important que jamais. Il y a
plus que jamais la nécessité d'aller vers
l'autre et de se mettre à sa place.
majorités, la prime aux petites formations
qui prennent en otage la politique du
pays, la médiocratisation grandissante des
élites politiques…
I.J : Dans la conclusion que vous donnez à
votre travail, vous vous livrez à ce que vous
appelez " un exercice d'anticipation historique
" dans deux directions. Dans l'une - celle où la
peur prévaut, vous dites qu'après la quatrième
Intifada en 2018, il y aura une israélisation du
monde. La culture de la peur deviendra
universelle. Mais n'est-ce pas déjà le cas ?
D.M. : C'est en effet en partie le cas mais
le scénario catastrophe que je décris va
bien au-delà. On m'a d'ailleurs reproché
de n'avoir pas poussé plus loin les aspects
noirs de ce scénario. Mais tel qu'il est, il
est crédible, beaucoup plus en tout cas que
le scénario de l'espoir.
Je décris au fond un monde où l'homme
est devenu un loup pour l'homme. Les
contrôles aux frontières dans le monde sont
I.J : Qu'appelez-vous " l'italianisation "
d'Israël ?
D.M. : La confusion politique, le mépris
grandissant de la société civile pour la
classe politique…Le message que j'ai
essayé de transmettre dans ce livre est un
message d'amour pour l'essence et pour
les performances d'Israël. Il faut sans cesse
rappeler que la renaissance de l'Etat juif
relève du miracle.
Israël est aujourd'hui une démocratie à
l'occidentale comme les autres et, comme
les autres, elle subit la crise de la
démocratie.
Ajoutez
y des raisons techniques ou spécifiques :
le mode de scrutin qui est
suicidaire,l'incapacité de former des
10 INFORMATION JUIVE décembre 2008
I.J : Vous avez toujours voulu réconcilier
l'éthique et le géopolitique.
D.M. : La géopolitique c'est l'univers des
monstres froids que sont les Etats. On
disait dans le temps : l'ambassadeur est
un honnête homme envoyé par son pays
à l'étranger pour mentir. C'est un peu la
vision classique de la diplomatie.
Mais aujourd'hui, il est me semble-t-il
dangereux de dissocier géopolitique et
éthique. Il est réaliste d'être moral. C'était
déjà le thème de mon précédent ouvrage
avec Hubert Védrine qui considérait que
la morale n'a rien à voir avec le réalisme
tandis que je pensais le contraire. Je dis
qu'il est trop dangereux de ne pas être
moral. J'ajouterai que l'éthique doit être
tempérée par le réalisme et le réalisme doit
être tempéré par l'éthique.
I.J : Et cette humiliation excuse tout y compris
" les bombes humaines " ?
D.M. : Je n'ai jamais écrit qu'elle "excuse"
mais elle explique.
I.J : Vous considérez le terrorisme non pas
comme un ennemi mais comme une tactique
qui continuera d'être utilisée aussi longtemps
qu'on la jugera efficace.
D.M. : Il n'y a pas dans cette formule un
jugement de valeur. C'est là l'analyse du
spécialiste des relations internationales.
Au fond, la formule " la guerre au
terrorisme " n'a pas de sens. On ne fait pas
la guerre à un moyen. C'est comme si, au
cours de la deuxième guerre mondiale, on
avait dit qu'on ne faisait pas la guerre à
Hitler mais à ses chars et à ses tanks. Et
cette formule n'est pas de moi mais de
Bernard Lewis.
messianisme religieux ?
D.M. : Je suis un juif croyant même si
je ne pratique pas beaucoup. Je crois que
le monde sans l'existence de Dieu est
difficile à comprendre. Cette vision que je
décris est mienne, je veux dire qu'elle m'est
naturelle.
Quand je pense au voyage de Sadate en
Israël, en 1977, je me dis que je verrais
bien aujourd'hui Obama entouré du roi
d'Arabie Saoudite, du roi de Jordanie et
du président égyptien se rendant à
Jérusalem et à Ramallah et disant aux
Israéliens et aux Palestiniens: c'est le
moment !
Hillary Clinton
devenus aussi minutieux que peuvent
l'être ceux que l'on connaît en arrivant en
Israël.
I.J : Dans ce premier scénario, les Etats-Unis
et Israël ont attaqué l'Iran et renversé le
président Ahmadinejad mais cela se solde,
comme en Irak, par une catastrophe politique.
D.M. : J'ai choisi de terminer ce livre
avec la description de ces deux scénario
parce qu'ils confortaient le message que
je souhaite donner aux lecteurs. Je veux
leur dire : le monde dans lequel vos
enfants et vos petits enfants vivront vous
appartient. J'ai fait ce livre non pas pour
les spécialistes mais pour " l'honnête
homme "
I.J : Dans l'autre scénario, c'est l'espoir qui
prévaut. En 2025, la paix sera à portée de
main. Islam et modernité deviendront
compatibles et les intégristes seront partout
sur la défensive. C'est une vue laïque du
I.J : La fin de votre livre est très émouvante.
Vous dédiez ce livre à votre père Jules Moïse,
" matricule 159721 à Auschwitz ". Vous dites
qu'il vous a enseigné l'espoir et que vous vous
sentez désormais investi d'une sorte de
mission.
D.M. : Je crois que plus on avance dans
l'âge, plus on essaye d'aller à l'essentiel
de son identité. Je pense qu'être fils de
survivant de la Shoah implique une
certaine responsabilité.
On peut, me semble-t-il, aborder cette
histoire de deux manières : soit alimenter
en soi une sorte de ressentiment total et
de méfiance sinon de haine, en tout cas
de défiance et de pessimisme à l'égard de
l'humanité ou, au contraire, se dire que
c'est un miracle que l'on soit encore là et
donner encore plus de sens à son
existence.
Dans mon cas, disons que je cherche à
éveiller les consciences. Dans ce livre, je
n'ai pas cherché à faire progresser la
science politique mais, à la marge, de
plaider pour un humanisme optimiste.
Propos recueillis
par V.M
« 13e coup double pour l'emploi »
DROITS et DEVOIRS
des EMPLOYEURS
et des EMPLOYES
A
l'occasion de la 13ème campagne
“Coup Double pour l'emploi”, le Bureau du
Chabbat a choisi pour thème de cette
campagne, "L'éthique juive dans le monde
du travail ". Dans un monde où les notions
de la morale universelle semblent de plus en
plus être perdues de vue, il nous semble nécessaires de
rappeler quelques principes essentiels régissant le monde du
travail, en abordant la question des Droits et devoirs entre
employeurs et employés". La crise économique actuelle nous
laisse entrevoir les pires difficultés dans ce domaine.
Les employeurs, contraints d'assurer la survie de leur
entreprise, sont parfois amenés à licencier brutalement tout
ou partie de leur personnel. Celui-ci, luttant à juste titre pour
garantir ses droits, utilise parfois l'arme des grèves pour tenter
d'enrayer les décisions patronales, ce qui aboutit dans des
cas heureusement limités, à des déprédations de matériel, à
des occupations de terrain pouvant causer de graves
préjudices.
En tout état de cause, et dans la mesure où l'enseignement
des valeurs juives que nous trouvons dans nos textes sacrés,
dans la TORAH ou dans la Tradition Rabbinique, sont encore
pris en compte, chacun doit savoir prendre ses responsabilités
pour éviter des situations graves, au détriment de l'une ou
l'autre partie en cause.
Selon le Talmud notamment, chacune des deux parties doit
se considérer comme étant liée par contrat, écrit ou oral
parfois. Chacun doit le respecter scrupuleusement. Il est
notamment interdit de retenir le salaire. Celui-ci doit être
réglé, sans attendre, à la semaine, au mois, selon les
conventions. Il est vrai que de nos jours les règles du droit
du travail sont très sérieuses. Mais un employeur juif ou un
employé juif, ont à l'observer avec davantage de précautions
encore.
Devoirs de l'employeur : Il est tenu de se conformer aux
usages qui règlent le travail dans le lieu où il réside. Nous
trouvons ces règles indiquées dans le Traité talmudique de
BABA METSIA, folio 7 a entre autres. Ainsi, il est interdit de
contraindre ses employés à un dépassement d'horaire, sauf
accord préalable, et moyennant compensation supplémentaire.
Il va sans dire que le respect du Chabbat et des fêtes est la
base même des rapports entre les deux parties concernées.
L'employeur doit des égards aux personnes travaillant pour
lui. Plusieurs textes bibliques méritent une attention particulière.
Ainsi, comme nous venons de le rappeler plus haut, il est
interdit de retarder le paiement au delà du temps de travail
fixé, sous peine d'enfreindre cinq commandements :
“Tu n'opprimeras pas ton prochain” (Lévitique XIX, 13)
“Tu ne lui raviras rien” (dito)
“Tu n'opprimeras pas ton employé, pauvre et nécessiteux”
(Deut. XXIV, 14)
“Tu ne retiendras pas jusqu'au lendemain le salaire d'un
mercenaire”(Lévitique XIX, 13)
“Tu lui donneras son salaire dans la journée” (Deut. XXIV,
15).
Tous ces principes sont largement discutés dans ce même
traité de BABA METSIA - Folio 111 a.
Devoirs des employés : Leur temps et leur énergie ont été
recherchés pour répondre aux nécessités d'une entreprise. Ils
doivent honnêtement les fournir en compensation de leur
salaire. Ne pas donner à l'employeur le meilleur de ce qu'on
peut faire serait en quelque sorte une tromperie semblable à
celle du commerçant trompant le client sur la mesure, sur le
poids ou sur la qualité d'un article. Telle est l'opinion des rabbins
non seulement en théorie mais aussi en pratique. Le Talmud
nous fournit quantité d'exemples à ce sujet. Le temps de travail
est sacré. Il ne peut être utilisé pour régler des affaires
personnelles, ce qui exclut par exemple, toute possibilité
d'utiliser le téléphone d'une entreprise pour des conversations
privées. De même, sauf accord patronal, il serait interdit
d'utiliser du matériel appartenant à l'employeur pour des besoins
personnels.
Les deux parties se doivent respect et confiance pour assurer
la bonne marche de l'entreprise. Cela paraît si simple et si
évident, et pourtant, il vaut mieux le répéter, pour éviter des
tensions et des ressentiments comme il nous est parfois arrivé
d'en constater, aboutissant à des conflits graves, qui finissent
devant une juridiction religieuse mais bien plus souvent civile.
Il est clair que les intérêts de chacun doivent être ménagés
pour vivre harmonieusement et réaliser ainsi pleinement
ce qui est le fondement même de notre Tradition religieuse à
savoir : " Tu aimeras ton prochain comme toi-même "
(Lévitique XIX, 18).
Malgré la gravité de la crise économique que nous subissons
tous à des titres divers, il faut espérer, que cette année plus que
jamais, nombreux seront ceux, employeurs ou employeurs, qui
sauront bénéficier de l'expérience bénéfique que pourra leur
assurer le Bureau du Chabbat, si indispensable pour garantir
à chacun sa dignité d'homme et de juif.
Grand-Rabbin Alain GOLDMANN
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 11
JUIFS AUX ÉTATS UNIS
Le “big dream”
de Barack Obama
L
"
a foi et la religion ". Ce fut le tout premier grand
débat des élections présidentielles américaines.
C'était l'été. Bien avant le tsunami financier. Dans
une église californienne, la " Saddleback Church
", à Lake Forest, un prédicateur très en vue - le
" Time " le présentait comme le successeur de
Billy Graham - Rick Warren avait convié les deux candidats devant
un public " évangéliste " qui assista pendant deux heures au feu
roulant des questions du pasteur à l'adresse successivement de
Barack Obama et de John Mc Cain. Le mal existe-t-il, et s'il existe,
faut-il le dénoncer, le combattre ou l'amadouer ? Quel est votre
rapport à Dieu, au péché, à Jésus-Christ ?...Questions étranges
en vérité, et qui ne laissaient pas de surprendre l'observateur
extérieur. Est-on vraiment dans le pays de la séparation de l'Eglise
et de l'Etat ? Imagine-t-on une émission de ce type ailleurs ? Rick
Warren a beau s'expliquer plus tard au micro de Larry King, dire
que son interview portait sur la croyance, sur la foi plutôt que sur
les pratiques religieuses, et que le public a besoin de mieux
connaître les candidats, leur point de vue sur le monde, sur
l'avortement, sur le Darfour…, on avait du mal à se départir de
l'idée que la religion investissait le débat public d'une manière
beaucoup plus directe que par le passé.
70% qui se réclament d'une religion, 38% de chrétiens engagés,
et plus de citoyens qui croient aux anges qu'à l'évolution. Donc
pour Obama, les laïcs ont tort quand ils demandent aux croyants
de laisser leur religion à la porte, avant d'entrer dans la scène
publique : " Dire que les hommes et les femmes ne devraient pas
injecter leur morale personnelle dans les débats publics est
pratiquement une absurdité. Notre loi est par définition une
codification de la morale dont la majeure partie est basée sur la
tradition judéo-chrétienne ". Dans le même temps, il écrit dans "
L'audace d'espérer " : " Je pense que la religion, dans ce qu'elle a
de meilleur, vient avec une bonne dose de doute ".
A l'Université de Chicago, situé dans le sud de la ville, à la lisière
des quartiers noirs, Tom Mitschell est professeur de littérature et
directeur d'une revue de gauche " Critical Enquiry ". Il a été le
collègue de Barack Obama et son voisin - le candidat démocrate
habite les " neighborhouds " proches, et son Eglise, qui a fait si
grand tapage, la " Trinity Church " du révérend père Jeremie
Wright, est située à deux pas. Doublement collègue puisque le
sénateur de l'Illinois a enseigné le droit à cette même université
et a dirigé la " Law Review ". " Nous l'aimons beaucoup ici, dit Tom
Mitschell, parce qu'il représente l'espoir de rétablissement d'une
démocratie qui a été beaucoup bousculée. Il dit souvent qu'il est
comme un blankslate ( une ardoise) où les gens projettent leurs
espoirs et leurs désirs ". Et il ajoute qu'il admire par ailleurs sa
plume d'écrivain. " Il se situera dans la lignée des grands écrivainsprésidents, Lincoln, Roosevelt… "
Le temple Sinaï, synagogue très " people " dans un quartier de
Los Angeles. David Wolpe est un rabbin au physique de jeune
premier, arrivé en tête des personnalités religieuses les plus
populaires aux Etats-Unis. Il vient de publier un livre sur l'interreligieux, dont il fait la promotion avec le sourire à la fin de son
sermon, en prenant la peine de préciser que la préface est de Rick
Warren (décidément ce pasteur est partout !)
L'audace d'espérer
Une patte d'écrivain ? Sûrement. Les deux livres qu'il a écrits,
qui l'ont propulsé et qui ont été deux " best-sellers " aux Etats-Unis
- " Dreams of my father " ( les rêves de mon père) et " The audacity
and hope " ( L'audace d'espérer) - révèlent un tempérament et ont
probablement touché le public. La saga qu'il raconte réunit
finalement tous les ingrédients du rêve américain : la recherche
du père, la quête d'un destin, la volonté de s'en sortir…
Stephen Mansfeld, journaliste au " New York Times ", fait
observer que la majorité des jeunes Américains a une vue postmoderne de la religion. Elle aborde la foi un peu comme elle
pratique le jazz : de manière informelle, éclectique, et souvent
sans choisir un thème particulier. Il note qu'Obama rappelle à la
gauche politique - en principe plus " secular " (laïque) que la droite
- qu'en Amérique, il y a encore 90% des gens qui croient en Dieu,
12 INFORMATION JUIVE décembre 2008
Cinq Obama
Seulement voilà. On a encore du mal à percevoir précisément
où se situe, sur ces sujets, le nouveau président démocrate. Appuiet-il sur tel ou tel angle selon les polémiques du moment? Le " Time
" dénombrait cinq Obama. Lequel prendra finalement le dessus
sur les autres ? Le " post-moderne " qui voudrait que chacun coche
dans le rayon des religions ce qui convient le mieux à ses
penchants ? Le " new born " qui multiplie, chez Rick Warren, les
citations des Evangiles ? Le successeur de Clinton ? Celui de
Kennedy ? Ou celui de Jimmy Carter ?
A mes côtés David Bibas, juif originaire du Maroc qui m'entraîne
à l'office. Directeur d'un musée de la ville, lui n'a pas d'hésitations.
Il soutient sans réserve Obama et a même fait campagne
(l'Obamania bat son plein ici, y compris dans les synagogues où
on distribue des " pin's " avec le nom du candidat en hébreu, sans
parler des associations comme celles des " juifs pour Obama " en
Floride…). " Higher risk, higher hope ! " me glisse-t-il. Le risque
le plus gros et l'espérance la plus forte. Qui sait ? ajoute-t-il. Peutêtre que ce candidat noir, fils d'un musulman kenyan et d'une
femme du Kansas, converti au christianisme et qui invite tout le
monde à " rêver de grands rêves " (" Dream big dreams ") sera celui
qui surprendra tout le monde. " Yes we can ". Oui nous pouvons.
C'était le slogan de campagne du sénateur de l'Illinois. Vaincre la
guerre globale contre le terrorisme ? Relancer l'économie ?
Réconcilier la société ? Apporter la paix au Proche-Orient ?
Une tradition bien ancrée
Sur les hauteurs de Los Angeles, la demeure des Pearl, Judea
et Ruth Pearl, les parents de Daniel Pearl, le jeune journaliste
assassiné par " Al Qaida " à Karachi, avec ces derniers mots
prononcés devant ses tortionnaires : " I am jewish ". Une immense
photographie du jeune homme trône dans le salon. Des portraits
du petit Adam tapissent le mur. On aperçoit aussi Danny en jeune
barbu, grattant sur sa guitare, image très " sixtees ".
JUIFS AUX ÉTATS UNIS
Ruth, toute menue, pliée en deux, évolue dans l'appartement
avec des tuyaux dans le nez qui traînent par terre et qu'on est
amenés à enjamber. Depuis des mois, elle y est astreinte à cause
d'une maladie respiratoire. Judea, énergique comme toujours,
combatif, refusant de baisser les bras. Il peste contre " Al Jazeera
", contre l'imam Al Quaradawi, dans des chroniques qu'il publie
dans le " Jewish Journal ", et continue en attendant à sillonner
l'Amérique avec son collègue, professeur d'études islamiques. " Il
n'y a aucun problème, tout le monde condamne la mort de Danny,
mais quand on va au fond, quand on demande par exemple - à
quand une fatwa contre Oussama Ben Laden ? - ou simplement
qu'on dise si les djihadistes vont au paradis ou en enfer, du coup
il n'y a plus personne ".
Nous parlons des élections. Les Pearl ne connaissent pas Obama.
Ils connaissent mieux le vice-président, Joe Biden. Le sénateur
d'Alabama est un homme ouvert. Judea l'a entendu dire : " Je suis
sioniste ". Quant au reste, la Fondation qu'ils dirigent n'est pas
habilitée à prendre des positions politiques. Ruth affirme qu'ils
connaissent bien McCain, que c'est un homme de bonne volonté.
Pour le reste, les juifs de ce pays ont toujours voté démocrate, c'est
une tradition bien ancrée. On sait peu de choses, ajoute-t-elle, sur
la philosophie d'Obama, sur son approche. Il a peu d'expérience.
Et sur les questions juives, il a dit un peu ce que ses publics
successifs souhaitaient entendre. Sans trop s'engager.
Mais la Fondation n'a pas de position politique. Elle entend
rapprocher les hommes. " L'harmonie par la musique ". Et les "
Chabad à Los Angeles
musical days " sont repris dans des milliers de lieux aux USA et
de par le monde. Ils regrettent seulement qu'en France, il y ait
peu de répondant, pas de suivi en tout cas. " Pourtant, c'est si simple
à organiser. Il ne s'agit de rien d'autre que d'évoquer le nom de
Danny avant ou après un concert ".
Et Ruth, discrète et silencieuse, se lève soudain pour allumer
l'ordinateur et faire entendre un message d'Elton John offert en
hommage à Daniel Pearl.
Salomon Malka
LA CHRONIQUE DE GUY KONOPNICKI
Les appels
que je ne signe pas
1. La liberté des historiens.
Une pétition, signée par des chercheurs et des auteurs dont
la qualité est incontestable, revendique la liberté de recherche
en histoire. Elle met en garde contre l'abus de lois mémorielles,
qui tendraient à mettre en place une histoire officielle.
Jusqu'ici, je pourrais signer. Il n'appartient pas au parlement
d'écrire l'histoire, en se substituant aux historiens, et en
introduisant des tabous qui interdiraient la recherche. Bernard
Accoyer, président de l'Assemblée nationale, a sagement
repoussé la proposition de Xavier Darcos, ministre de l'Éducation
Nationale, qui envisageait un contrôle des manuels scolaires
par les élus de la nation.
Par nature, le parlement est amené à changer d'orientation.
Une majorité de gauche avait adopté la loi Taubira sur la
mémoire de l'esclavage et des victimes du colonialisme. Une
majorité de droite vota un autre texte, pour faire reconnaître les
La loi Gayssot ne vise pas l'histoire.
Elle interdit une forme
de manipulation des cerveaux
qui a précédé, accompagné et
suivi le nazisme.
aspects positifs de la présence française Outre-mer. Si la
connaissance des faits et le travail de recherche devaient
dépendre des votes parlementaires contradictoires, nous serions
effectivement en présence d'un déni de liberté. Le fait est que
des associations ont tenté de faire condamner un historien qui
ne réhabilitait nullement l'esclavage. Il démontrait que les
puissances coloniales n'étaient pas seules à pratiquer la traite.
Les Ottomans et les Arabes avaient précédé les Européens dans
cet atroce commerce qu'ils poursuivirent bien après son
interdiction par les puissances coloniales. Mais les poursuites
n'ont pas abouti à une condamnation de l'auteur. La loi Taubira
est ambiguë mais elle n'est pas liberticide.
La pétition vise un autre texte, appelé loi Gayssot, qui assimile
la négation des crimes contre l'humanité à un acte d'incitation
à la haine raciale et à l'antisémitisme. Aucun historien n'a jamais
été poursuivi, moins encore condamné par l'application de la
loi Gayssot. Tous ceux qui travaillent sur la Seconde Guerre
mondiale ont été confrontés aux preuves, de plus en plus
nombreuses, de l'entreprise de destruction des juifs d'Europe.
La loi a seulement facilité le combat contre la diffusion des
falsifications de l'histoire, fabriquées par des officines qui ne
14 INFORMATION JUIVE décembre 2008
sont pas des centres de recherches, mais des services de guerre
psychologiques financés par des États et des forces politiques.
Des universités françaises avaient accepté d'entendre et de
validité des thèses historiquement fantaisistes, destinées à
alimenter non la connaissance, mais bien l'antisémitisme.
Les historiens devraient donc s'interroger non sur la loi, mais
sur le fonctionnement de nos universités dans le domaine des
sciences humaines. Je ne crois pas qu'il soit possible de présenter
une thèse de médecine pour démontrer que l'homme n'est pas
un bipède. Non qu'il n'y ait jamais de thèses erronées dans les
sciences de la nature. Mais la fonction de la recherche est de
corriger les erreurs. Ce qui vaut pour l'histoire. Des historiens
français, non des moindres, croyaient, en 1950, que Lénine et
Staline avaient mis en place la démocratie la plus parfaite du
monde. Je veux espérer qu'aucun jury universitaire français ne
décernerait aujourd'hui un doctorat à une thèse qui, s'appuyant
sur de nombreux documents, reportages parus dans l'Humanité
et témoignages de grands intellectuels, démontrerait que Staline
était un démocrate et que le Goulag n'a pas existé.
Il n'est évidemment pas nécessaire d'adopter des lois pour
chaque période. Mais la loi Gayssot ne vise pas l'histoire. Elle
interdit une forme de manipulation des cerveaux qui a précédé,
accompagné et suivi le nazisme. Cette manipulation est la
théorie du complot juif, elle s'appuie sur un travail de faussaire,
de la fabrication du Protocole des sages de Sion aux thèses
négationnistes, en passant par la propagande nazie elle-même.
Les historiens savent que les obstacles à l'étude des crimes
nazis sont d'une autre nature. Les archives de l'ex-URSS,
longtemps inaccessibles, ont déjà permis de mieux connaître
les conditions de l'extermination des juifs, à mesure des reculs
de l'Armée Rouge et de l'avancée de la Wehrmacht en 1941.
Mais l'ouverture de ces archives demeure sélective. Sur les lieux
d'extermination, dans les pays Baltes, en Belarus et en Ukraine
les autorités locales ne manifestent pas un empressement
excessif quand des chercheurs veulent retrouver les traces des
crimes. Les populations ne signalent jamais spontanément les
fosses communes dont elles connaissent parfaitement l'existence.
Il a fallu le travail patient et acharné du père Desbois pour
repérer plusieurs dizaines de lieux d'extermination.
Pour ces raisons, je ne signerai pas un texte qui confond une
loi de combat contre l'antisémitisme avec une loi interdisant la
recherche en histoire.
2. Encore l'Ukraine
Pour les mêmes raisons, je ne signerais pas les appels de
soutien à la prétendue révolution démocratique ukrainienne.
Le gouvernement issu de la coalition " Orange " participe à la
falsification de l'histoire. Il a récompensé une fondation dont
Horreur a Bombay :
on aurait dit un abattoir
Témoignages des bénévoles de ZAKA
en mission à Bombay
eudi après consultation avec
le Ministère des Affaires
étrangères, ZAKA à envoyé
à Bombay une délégation
internationale avec l'équipement nécessaire pour faire
J
et le rabbin Leibish Teitelbaum gisaient
au sol, dans la bibliothèque, tenant des
livres à la main eux aussi couverts de
sang. On aurait dit un abattoir. "
"Nous les avons immédiatement
recouverts de Talitot. Nos larmes
coulaient. La femme du rabbin Holzberg
était déjà recouverte d'un Talit, son mari
a semble-t-il eu le temps de la recouvrir
avant d'être tué. Il y avait deux autres
femmes juives attachées avec des câbles
téléphoniques (Yochebed Orpaz et Norma
Shwartzbalt Rabinovitz) qui avaient
apparemment été tuées 24 heures plus
tôt. "
" Tout le Shabbat, nous sommes restés
avec les corps. Sans manger. Sans boire.
Sans dormir. Nous étions assis près des
corps et récitions les Psaumes. Cela ne
face à toute éventualité. Les parents de
Rivki Holtzberg, la femme du rabbin
Gabriel Holtzberg du Centre Habad à
Bombay, avaient également joint le vol
avec l'équipe de ZAKA.
"Quand nous sommes arrivés, les
combats faisaient rage. Nous n'étions pas
loin et avons vu des grenades fendre l'air,
entendu des coups de fusil. Les
hélicoptères survolaient la zone de
combat. Cela a duré des heures. Juste
avant Shabbat, les tirs ont commencé à
faiblir. Les commandos ont ratissé
l'immeuble puis sont sortis quelques
minutes plus tard en faisant le " V " de la
victoire. "
" Nous sommes entrés, cœur battant,
dans l'immeuble. C'était l'horreur. Ce que
j'ai vu, je ne l'oublierai jamais. Le rabbin
Holzberg, le rabbin Bentzion Chroman
les tirs des terroristes, en l'ouvrant ils ont
été stupéfaits de voir que le passage
abîmé était celui qui traitait de la mort
des enfants d'Aaron.
plaisait pas du tout aux policiers indiens
qui voulaient les autopsies. Nous luttions
pour les en empêcher et à certains
moments, j'ai cru que nous allions en
venir aux mains. Ils n'ont aucune notion
de ce qu'est le respect du mort. Nous leur
avons demandé de ne pas toucher les
corps et cela leur a semblé totalement
insolite. C'est la raison pour laquelle
pendant tout Shabbat, nous
avons dû rester totalement
éveillés, après plus de 48
heures sans sommeil. Ils
auraient profité du moindre
manque d'attention pour
prendre les corps et les faire
autopsier. "
Lors de la prise de contrôle par les
forces de sécurités, de la Maison Habad,
les bénévoles de ZAKA ont extrait les
corps des disparus et identifié 6 d'entre
eux. Ils ont travaillé ensuite à
l'identification des autres corps, à collecte
du sang déversé et à la préparation des
défunts pour leur transfert vers Israël.
Le coup de l'opération est de 25 000 €
dont seulement 4 000 seront reversés par
l'état d'Israël.
Lors de leurs recherches
dans la Maison Habad, les
bénévoles ont découvert un
rouleau de la Torah qui était
dans l'Arche, transpercé par
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 15
LA CHRONIQUE DE GUY KONOPNICKI
l'objectif est de réhabiliter l'armée nationale ukrainienne,
auxiliaire des nazis dans les massacres de juifs. Les autorités
ukrainiennes permettent les profanations des cimetières et des
lieux de la mémoire juive. Quand elles ne sont pas elles-mêmes
les responsables de ces profanations ! On trouve, dans les villes
d'Ukraine, des monuments officiels reposant sur des stèles
funéraires arrachées dans les cimetières juifs.
J'avoue que j'ai beaucoup de mal à comprendre l'engouement
d'André Glucksmann et de quelques autres pour le nationalisme
ukrainien, qui n'a de cesse de célébrer des héros nationaux qui
furent tous des pogromistes. Ce nationalisme, appuyé par la
population de langue ukrainienne et de religion grécocatholique, s'oppose à l'Ukraine russophone. Or les juifs, comme
les autres minorités, les Cosaques et les Tatars, sont russophones.
Les 200 000 juifs d'Ukraine vivent soit en Crimée, province
autonome, historiquement russe, soit dans les régions
majoritairement russophones. Dans l'Ouest, aujourd'hui bastion
du nationalisme, où les juifs représentaient 40% de la population
en 1939, il n'y a pratiquement pas de juifs, exceptés des rabbins,
venus des Etats-Unis ou d'Israël pour restaurer les tombes des
maîtres du hassidisme.
Une chose est de lutter pour une meilleure intégration des
enfants de l'immigration, de favoriser leur ascension sociale. La
République l'a toujours fait, sur le terrain social, par la gratuité
La discrimination n'est jamais
positive. Le texte de 1946 avait pour
objet de la bannir à jamais.
de l'enseignement, les bourses, l'anonymat des épreuves écrites
aux examens et aux concours. On peut sans doute imaginer
d'autres moyens, renforcer l'action contre l'échec scolaire, lutter
contre les discriminations à l'embauche et dans l'évolution des
carrières. Mais on ne peut introduire dans le droit français des
critères raciaux, même positivement.
Comment distinguerait-on les " enfants de l'immigration " ?
Ils sont Français, s'ils le désirent. Il faudrait donc introduire des
Non seulement il est absurde de militer pour l'intégration de
l'Ukraine à l'Union Européenne, mais nous devons exiger que
la reconnaissance du rôle des Ukrainiens dans l'extermination
des juifs soit le préalable à toute discussion. Sur les six millions
de juifs assassinés, un sur quatre a été tué en Ukraine, le plus
souvent par des Ukrainiens, les Allemands se contentant de les
encadrer et de récupérer leur part des pillages. Certains de ces
meurtres sont désormais désignés sous le terme de Shoah par
balles. L'expression est d'une grande pudeur. Il y eut, aussi, des
armes plus rudimentaires.
3. Positive, la discrimination ?
Le lendemain de l'élection d'Obama, le Journal du Dimanche
publiait un appel de personnalités de droite et de gauche invitant
à pratiquer une discrimination dite " positive ", pour favoriser
la promotion des personnes issues " des minorités visibles ".
Pour rendre possible ce genre de discrimination dite positive,
il fallait modifier le préambule de la Constitution qui condamne
toute forme de discrimination. Nicolas Sarkozy avait donc confié
à Simone Veil la présidence d'une commission chargée d'étudier
les possibles aménagements du texte. Simone Veil a remis le
rapport de cette commission. Elle s'oppose fermement à tout
aménagement de ce préambule qui fonda la IVème République
en 1946.
En 1958, lorsque le général De Gaulle chargea un comité des
sages, présidé par Michel Debré, de la rédaction d'une nouvelle
constitution, le préambule de 1946 fut maintenu dans son
intégralité. Et pour cause ! Le principe fondateur du texte avait
été adopté par le Conseil National de la Résistance. Il s'agissait
d'actualiser les droits du citoyen, en les étendant à la citoyenne
qui accédait enfin au droit de vote. Et, surtout, le but du
législateur était de mettre hors la loi toute forme de
discrimination. Le Préambule de la Constitution prolongeait
l'action de la Résistance et des Alliés, qui venaient d'écraser un
régime fondé sur la discrimination raciale. L'esprit de la
Constitution, c'était précisément d'interdire la répétition du
crime de Pétain, qui avait, lui, distingué les juifs du reste de la
population.
16 INFORMATION JUIVE décembre 2008
Favoriser leur ascension sociale
critères ethniques. Et comme certains ne correspondent pas
exactement à ces critères, il ne resterait plus qu'à la définir par
la religion.
Pour établir cette fameuse discrimination positive, on a bien
failli piétiner tous les principes de la République : l'égalité entre
les citoyen, l'interdiction de toute distinction de caractère racial
ou religieux entre les citoyens, la laïcité de l'État.
La discrimination n'est jamais positive. Le texte de 1946 avait
pour objet de la bannir à jamais.
S'il entend favoriser l'ascension dans la société des jeunes
issus de milieux défavorisés, ce qui est fort louable, Nicolas
Sarkozy gagnera à méditer sur l'héritage du Conseil National
de la Résistance et des gouvernements de la Libération.
Interdisant toute forme d'inégalité légale, ils se proposaient,
eux, d'assurer la sélection des meilleurs par la promotion de
tous.
G.K
POÉSIE
Nous,
les survivants
Georges Kornheiser est né à Paris en 1933 de parents travailleurs immigrés hongrois. Professeur retraité
d'histoire et de géographie, il s'est lancé dans l'écriture après lamort de sa femme. Il est l'auteur d'un premier
livre " Les souvenirs galants du marquis de V. "
Nous publions ci-dessous deux poèmes qu'il nous a envoyés.
Un enfant juif n'est pas un enfant innocent,
Il mérite la haine autant que ses parents,
Ce qui lui est promis l'instant de sa naissance,
C'est une vie de coups, d'outrages, d'insolences ;
Il lui faudra subir les humiliations,
Le pauvre esprit des sots, les insinuations.
Heureux si lui du moins n'aura droit qu'aux crachats,
Sans être parmi ceux tombant ici ou là.
C'est là notre destin, l'Histoire nous l'apprend
À chacune, à chacun, à nous, les survivants.
Cela nous le savons depuis le fond des âges :
La peste s'abat-elle, exerçant ses ravages
Et la rumeur grandit : " Les juifs en sont la cause. "
Il n'en faut pas beaucoup et la colère explose,
" Les juifs, toujours les juifs, empoisonnent les puits... "
Alors c'est la ruée et les malheureux fuient,
Mais vite rattrapés, le massacre commence,
C'est l'incendie, le viol, on frappe sans nuance
Les hommes, les vieillards, les femmes, les enfants.
Survivront nos aïeux, à nous, les survivants.
Un roi écrase-t-il, a-t-il besoin d'argent ?
Il tourne vers " Le " juif la colère des gens,
Sans besoin de forcer se rallume la haine
Et en un bref moment la foule se déchaîne.
Elle court au ghetto, assomme, égorge et pend.
Cris affreux, hurlements et râles des mourants.
Dans les bûchers dressés on entasse les corps.
À tous on prend leur vie, au riche on prend son or,
Le roi aura sa part, le roi sera content.
Reste à pleurer nos morts, à nous, les survivants.
Les siècles ont passé, apportant leur moisson
De honte, de torture et de persécution.
Ici on emprisonne et on pend le juif Süss,
Là-bas c'est un pogrom, on dégrade Dreyfus.
Jamais vraiment éteint et couvant sous la cendre
Le feu sournois est là, toujours prêt à reprendre.
…/…
18 INFORMATION JUIVE décembre 2008
NOUS LES SURVIVANTS (suite)
Le pillage et le viol, le meurtre, l'incendie,
Toujours les mêmes maux, ce n'est jamais fini ;
Ce bon bouc émissaire est là, toujours présent ;
Les coupables toujours sont nous, les survivants.
Le siècle vingt paraît, fini l'obscurantisme,
Oubliés les pogroms et l'antisémitisme.
Oh que non, pas encor, le pire est à venir,
Le piège se referme et va nous retenir.
Un enfer jamais vu va s'ouvrir sous nos pas,
Des nôtres, par millions, n'en réchapperont pas.
Certains mots sont gravés à jamais dans nos chairs :
Auschwitz et Treblinka, les nazis et Hitler,
Que l'Histoire écrivit, en prenant notre sang,
Dans notre souvenir, à nous, les survivants.
À peine voyons-nous poindre un peu d'espérance
Que reparaît bientôt le temps de la démence :
L'insulte refleurit sur les murs des métros,
La bêtise revient et nous montre les crocs.
Et de rire aux " bons mots ", si drôles n'est-ce pas ?
Et préjugés idiots et puis les attentats,
Contre nous : les " youbacs ", les " youtres ", les " youpins ".
Il renaît sans répit le temps des assassins.
" Sales juifs ", " mort aux juifs ", à nouveau l'on entend
Ces mots si familiers, à nous, les survivants.
Nous sommes fatigués d'être le peuple " élu ".
Mais forts dans la faiblesse et toujours résolus,
Et fiers nous faisons face à nos persécuteurs,
Nous avons l'habitude et nous n'avons pas peur.
D'autres viendront encor, jusqu'à la fin des temps,
Voulant exterminer nos derniers descendants.
Ils n'y parviendront pas, n'y parviendront jamais,
Car ainsi l'a voulu notre destin mauvais.
Et passeront les vies et passeront les ans,
Mais il y aura toujours nous, les survivants.
POÉSIE
LE " POINT DE DÉTAIL "
Deux rails nous ont conduits au pays du néant,
Du moins ceux d'entre nous qui sont restés vivants,
Entassés de longs jours dans des wagons sans air,
Les plus chanceux sont morts sans connaître l'Enfer.
Sommes-nous à Auschwitz ou bien à Treblinka ?
L'Enfer a plus d'un nom mais quel que soit le cas,
C'est l'Enfer dont on voit s'entrouvrir les portails
Et quel que soit le nom, c'est un point de détail.
Dépouillés et triés, selon le sexe et l'âge,
Bousculés et frappés et abreuvés d'outrages,
Par ces gens tout en noir qui seront nos bourreaux,
Sur nos bras pour finir on grave un numéro.
De simples numéros, voilà ce que nous sommes :
Aux chiens on donne un nom, mais pas à des
sous-hommes ;
Que nous puissions souffrir, avoir peur, avoir mal,
Être de chair, de sang, est un point de détail.
Désormais pour nous tous notre sort est scellé,
Les horizons pour nous sont faits de barbelés.
Sous un ciel qu'obscurcit la suie des crématoires,
Pour nous déchets humains livrés au dépotoir,
Voici notre " foyer ", on y " mange ", on y " dort ",
Surveillés sans répit depuis les miradors,
Ignorés du dehors. Qu'importe la canaille,
Qu'elle agonise ou non est un point de détail.
La vermine et la faim et les nuits sans sommeil,
Tissent des jours sans fin, pour nous toujours pareils.
Dans le poing de démons de longs serpents sifflants
Font fleurir sur nos peaux des étoiles de sang.
Les pieds nus, peu vêtus, qu'il fasse chaud ou froid,
Nous traînons tous les jours, cloués aux mêmes croix.
Les uns résistent plus et les autres défaillent,
Qu'on meurt plus tôt, plus tard, est un point de détail.
La mort aura pour nous un visage changeant :
Les uns mourront gazés, d'autres d'épuisement,
Celui-ci finira dévoré par des chiens,
Celui-là s'éteindra dévoré par la faim.
Mourrons-nous au " travail " ou bien par la potence,
Serons-nous de l'engrais ou sujets d'expérience,
Abat-jour ou savons, ou vulgaires cobayes ?
Qu'importe notre fin, c'est un point de détail.
Qu'avons-nous donc commis pour être ainsi
damnés ?
C'est un point de détail, nous payons d'être nés…
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 19
JUDAÏSME
UN ENTRETIEN AVEC L'ÉCRIVAIN CANADIEN NAÏM KATTAN
“Mes figures
bibliques”
Naïm Kattan, natif de Bagdad, est Montréalais depuis l'âge de 25 ans après
avoir vécu à Paris.Il est aujourd'hui un des grands écrivains du Québec où il a
reçu, en 2004, le prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre. Par
Naim Kattan
ailleurs, l'an dernier, l'Académie française lui a décerné son prix Hervé Deluen.
L'œuvre de Naïm Kattan est obsédée par le métissage et l'identité. Il vientd epublier Ecrire le Réel
(Editions HMH). Information juive l'a rencontré.
OOO I.J : Vous vous définissez comme un
nomade et non comme un errant. Que voulezvous dire ?
Naim Kattan : L'errant traverse un
espace indéfini, sans point de départ et
d'arrivée alors que le nomade trace son
trajet dans l'espace d'un point à un autre.
L'exemple est le bédouin qui parcourt le
désert d'une oasis à une autre. Le juif peut
être un nomade mais pas un errant.
I.J : Vous avez été connu, il y a aujourd'hui
des décennies, par votre livre "Adieu
Babylone".On a pourtant l'impression que vous
n'avez jamais quitté le quartier juif de Bagdad.
Vous vous considérez comme " l'héritier des
exilés de Babel ".
N.K. : Ceux des exilés juifs de Babylone
qui ont décidé de ne pas quitter cette ville
quand l'occasion leur en était donnée,
possédaient un point d'ancrage : le Livre.
Ils ne s'étaient pas contentés d'en faire la
lecture mais s'étaient employés à l'étudier
et à le commenter. Ils furent les auteurs du
Talmud babylonien. Ce sont mes ancêtres.
Un héritage d'une immense richesse mais
qui pèse lourdement. J'en suis un humble
porteur.
I.J : Qu'est-ce que cela vous fait de savoir que
deux de vos livres ont été traduits en
arabe ?
N.K. : Trois de mes livres ont été traduits
en arabe. : Le réel et le théâtral, Adieu
Babylone et Farida. Le premier décrit mon
itinéraire religieux et culturel de Bagdad
à Paris et puis à Montréal. Les deux autres
sont des romans dont l'action se déroule
dans un Bagdad juif. La communauté dont
je suis issu constituait le quart de la
population de cette ville.. Aujourd'hui, il
n'y a plus de juifs à Bagdad.
Ma langue maternelle est l'arabe et mes
premiers écrits furent en cette langue. Or,
l'arabe écrit n'est pas celui qui est parlé,
de sorte que j'avais à faire face au passage
d'une langue à une autre. Plus tard, le
passage au français fut bien plus important
20 INFORMATION JUIVE décembre 2008
car il fallait passer d'une culture à une
autre et d'une histoire à une autre. Quand
je me suis relu pour la première fois en
traduction dans ma langue d'origine, je fus
frappé à la fois par l'étrangeté, la distance
et l'intimité. En français, je m'adressais à
un public devenu mien, des Canadiens
francophones et au-delà à tous les
francophones. Je mesuis rendu compte de
ma propre transformation, de mon
nouveau rapport avec le réel. Je retrouvais
en même temps les paysages et les
intimités de mon enfance. Dans mes écrits,
je cherche à éviter les facilités de
l'exotisme, ce qui n'a pas empêché certains
critiques de trouver exotique ma traversée
quotidienne du Tigre à la nage, ce qui était
une pratique banale en été. Les critiques
irakiens ont loué mon évocation de Bagdad
mais certains ont considéré exagérée ma
description du traitement des juifs et de
leur exode forcé.
I.J : Un écrivain - Jean Grosjean - vous a fait
un jour observer que vous êtes " habité par le
temps sémite ". Comment faut-il comprendre
cette formule ?
N.K. : Jean Grosjean, un grand poète
français, connaissait l'arabe et l'hébreu.
Pour lui, le rapport au temps de ces deux
langues était différent de celui du français.
Il me disait que j'aurai du mal à intégrer
intérieurement la diversité du passé et du
futur de cette langue. Il est évident que je
tente d'obéir aux règles de ma langue
d'adoption et évite de réduire ma différence
à un exotisme.
I.J : Vous rappelez dans votre dernier livre
que vos deux langues nourricières sont l'arabe
et l'hébreu. Vous êtes pourtant un écrivain
francophone. La langue nourricière n'est-elle
pas pour un écrivain celle dans laquelle il
s'exprime ?
N.K. : Les langues nourricières sont
toujours présentes. J'ai quitté Bagdad à
dix-huit ans et Paris m'a ouvert des
horizons nouveaux de vie et de culture.
J'ai passé sept ans dans cette ville avant
d'émigrer à Montréal où j'ai choisi
définitivement le français comme langue
d'expression. Le français me donne la
liberté de dire mon origine, mon
appartenance tout en rejoignant un public
immédiat et un public universel.
I.J : Vous avez assuré, durant des années, à
l'université du Québec un cours sur les " figures
bibliques ". Aujourd'hui vous écrivez que vous
êtes " habité par la Bible comme narration et
comme histoire ".
N.K. : Les recherches historiques et
archéologiques à propos des figures
bibliques sont multiples depuis des années.
Pour moi, les patriarches et les prophètes
vivent dans la Parole. Parole que nous
pouvons lire et vivre. La narration biblique
est la forme du temps où je me reconnais.
I.J : Vous ajoutez ceci : " Pour moi, la Bible
n'a nul besoin de confirmation. Sa permanence
demeure ". Que voulez-vous dire ?
N.K. : La Bible est Parole et l'archéologie
peut nous aider à la comprendre mais
n'ajoute rien à sa vérité.
I.J : Dans ce livre vous mettez en dialogue
l'univers oriental et l'univers occidental.
Qu'ont-ils à se dire ? Ont-ils des références
communes ?
N.K. : Oui et leurs références communes
sont la vie, la beauté, l'amour même quand
la violence et la mort font plus de bruit.
I.J : Quel est votre credo comme écrivain
juif ?
N.K. : Relire la Parole et tenter de la dire
en évoquant les hommes et les femmes qui
m'entourent.
I.J : Vous pensez vraiment que Montréal est
aujourd'hui exemplaire dans sa réussite à réunir
les communautés ?
N.K. : Dans ses tentatives dites et non
dites, Montréal peut être exemplaire dans
sa réussite à réunir les différences tout en
tenant compte des difficultés et des
tensions qui subsistent.
En décembre
avec le MDA France :
Opération spéciale une ambulance pour Sdérot
z Le MDA existe depuis 1930 avant même
la création de l'Etat d'Israël!
z Présent 365 jours par an 7 jours sur 7
24H sur 24 pour secourir les israéliens
z Le MDA c'est pas que les attentas mais
aussi: crise cardiaque, accidents de la route
(fléaux en Israël), accouchements
d'urgence (plus de 300 bébés naissent par
an dans nos ambus), incendies, recherche
de parent disparu, aide sociale au démunis
pendant les fêtes (colis de nourriture),
gestion de la banque du sang nationale
(qui nous appartient) et de fractionnement
du plasma sanguin, catastrophe naturelle...
un vrai service civile pour les israéliens.
z Nous faisons partie du comité
international de la Croix-Rouge depuis
2006
z Notre président français est le Dr Lazare
Kaplan
z Le MDA est subventionné à hauteur de
60% par la DIASPORA! nous avons besoin
d'aide.
z Nous sommes 16000 professionnels et
bénévoles de la santé. ils sont
mondialement reconnus comme les
meilleurs
z On couvre tout le pays du nord au sud
sans exception, avec 110 stations
z Notre numéro le 101 est le SEUL
numéro d'appel d'urgence en Israël
z Tous les autres organismes sont reliés à
NOS BIPERS et c'est ainsi qu'ils sont
informés et pas autrement...
z Nous répondons en moyenne en 9
secondes à un appel téléphonique
z Nous sommes sur le terrain en moins de
3 minutes toujours!
z Quand bien même d'autres organismes
nous aident dans cette noble tâche, ils sont
FORMES PAR LE MDA qui a le
monopole de la formation en Israël
z Nous avons besoin d'ambulances, de
matériel médical, de rénover constamment
nos stations de secours, de former nos
secouristes qui sont les meilleurs au
monde !
z Tout l'argent des dons est envoyé en
Israël dans son intégralité (mentionner
reçu cerfa déductible 2/3 des impôts, plus
carte donateur à partir de 100 euros de
don qui permet d'avoir recours à une
intervention gratuite avec une ambulance
dans les cas où cela est nécessaire)
z L'équipe de secouristes revient fin janvier
2009 et sera à Paris, Lyon, Marseille,
grande journée "portes ouvertes du MDA
France" dimanche 1er février à la "maison
Moadon "66 rue Laugier 75017 en leur
présence
z Nous allons changer la "mobile intensive
care unit" de Sdérot en janvier, elle sera au
nom du MDA France et inaugurée par
notre équipe
z Notre nouveau site internet sera en place
en janvier
z Nous avons un programme en
collaboration avec l'agence juive: Yochaï
Porat (voir site net agence juive) qui
permet aux jeunes de faire du bénévolat
dans nos ambulances sur le terrain! vraie
expérience unique!
z Nous avons restitué le 27 novembre un
tableau de Matisse "le mur rose" à nos
confrères anglais qui en sont bénéficiaires
par le biais d'un leg (belle histoire tu as le
dossier de presse)
z Chronique du MDA France tous les 2em
mardis du mois avec nos amis de Radio J
sur notre action et notre travail
z Parlez de nous à votre entourage,
soutenez nous, faites du bénévolat chez
nous, merci du fond du coeur pour votre
aide et votre soutien. Bien à vous.
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 21
HISTOIRE
UN ENTRETIEN AVEC BRUNO HALIOUA
La médecine
au temps des Hébreux
Bruno Halioua est dermatologue et chargé de cours d'histoire de la médecine
à l'Université Parix-IV. Il est également l'auteur du livre " Blouses blanches,
étoiles jaunes ".
Bruno Halioua
Après s'être intéressé à la Médecine au temps des pharaons, il publie aux
éditions Liana Lévi le résultat d'une enquête qu'il a menée sur ce qu'étaient les connaissances
médicales des Hébreux entre le 2ème siècle avant l'ère chrétienne et le 6ème siècle après.
Dans l'entretien qu'il nous a accordé, le docteur Bruno Halioua montre les différents aspects de ce qu'a
été la place de la médecine hébraïque dans le monde antique.
OOO I.J : Ce qui vous a intéressé dans cette
enquête c'est d'établir ce qu'a été la place de
la médecine hébraïque dans le monde antique. Mais y a-t-il eu en vérité une médecine
hébraïque ?
B runo Halioua : Les historiens de la
médecine considèrent classiquement qu'il
n'existe pas véritablement de médecine
hébraïque pour la simple et bonne raison
que les Hébreux n'ont pas légué à
l'humanité de textes médicaux
contrairement aux autres peuples
environnants. L'absence de traités de
médecine comparables à ceux qui ont été
écrits par les auteurs grecs, romains ou
égyptiens ne signifie pas pour autant qu'il
n'existait pas une médecine
hébraïque originale et novatrice dont
j'ai pris conscience à l'occasion d'une
lecture attentive sous un angle
médical de la Bible, de l'œuvre de
Flavius Josephe et surtout du
Talmud. On ignore trop souvent que
cette œuvre monumentale de
structure polymorphe qui est, avant
tout, une œuvre de droit et de
théologie renferme des informations
très
intéressantes
sur
les
connaissances médicales des
Hébreux pourtant si passionnantes.
I.J : Dans quels domaines en particulier
cette médecine hébraïque a-t-elle apporté
une contribution ?
B.H. : Les contributions de la
médecine
hébraïque
sont
importantes dans un certain nombre
de domaines en particulier en
matière d'hygiène. Les Hébreux ont
adopté des règles à la fois avantgardistes et originales tant sur le
plan individuel que collectif. Elles
24 INFORMATION JUIVE décembre 2008
leur ont permis d'éviter la survenue de
maladies
qui
évoluaient
alors
inéluctablement vers la mort. On a
tendance à ne retenir que le respect des
règles alimentaires de la Cacherout, mais
il convient de rappeler que les Hébreux
ont adopté toute une série de mesures qui
étaient véritablement révolutionnaires
dans l'Antiquité et qui n'ont été
préconisées par les médecins qu'à partir
de la fin du XIX ème siècle.
Dans la société hébraïque antique, les
chirurgiens opéraient en blouse ou avec
un tablier de cuir, ils prenaient soin de ne
pas toucher une plaie avec leurs doigts,
ils utilisaient des pansements de chiffons
blancs n'ayant jamais servi, et ils se
méfiaient des mouches dont ils
suspectaient le rôle dans la transmission
d'un certain nombre de maladies. Ce
respect des règles d'asepsie est
remarquablement illustré par l'attitude
d'Eléazar qui a ordonné à ses hommes,
après la victoire sur les Madianites, de
faire passer par le feu tous les ustensiles
métalliques et de laver tous ceux en bois
avant de les utiliser.
Toutes ces
précautions, qui paraissent aujourd'hui
élémentaires, doivent être considérées
comme remarquables et étonnantes dans
le contexte de l'époque. N'oublions pas
que jusqu'au début du XX ème
siècle, les " Mandarins" opéraient en
jaquette ou en habit !
On oublie que les Hébreux ont
adopté des règles afin de lutter contre
la pollution de l'eau comme
l'interdiction de se laver les mains et
les pieds dans un puits dont l'eau
était destinée à être consommée. Ils
ne devaient pas boire de l'eau qui
avait été en contact avec un animal
blessé. Dans le Talmud, on exige une
propreté des récipients utilisés pour
les repas : " Rincez les coupes avant
de boire et après voir bu ". Comment
ne pas être admiratif devant de tels
préceptes prophylactiques qui n'ont
été adoptés qu'à partir du XIXème
siècle en Europe ?
Les Sages du Talmud insistaient
sur l'importance de l'observation d'un
régime alimentaire équilibré pour
être en bonne santé : "Mange quand
tu as faim, bois quand tu as soif ". Ils
HISTOIRE
préconisaient des règles hygiènodiététiques comme celles de boire
pendant les repas, de manger à heure
fixe, de prendre soin de bien mâcher ses
aliments et de faire une petite marche
B.H. : Il est intéressant de noter que les
médecins greco- romains n'ont
absolument pas intégré dans leurs écrits
les connaissances médico-chirurgicales
particulièrement intéressantes qui se
Les vétérinaires qui étaient chargés d'examiner les
animaux apportés en offrande au Temple
possédaient de solides connaissances en
anatomie, en physiologie et en pathologie animale.
après le repas. Ils critiquaient vivement
l'usage romain qui consistait à se faire
vomir après avoir mangé. Les maîtres
du Talmud ont d'ailleurs écrit que " la
gloutonnerie est comme un poison mortel
pour le corps humain et la véritable cause
de toutes les affections. ".
En
conséquence, ils donnaient le conseil
suivant (Traité Guittine) : "On ne
mangera pas jusqu'à réplétion complète
de l'estomac mais on restera d'un quart
environ au-dessus de la satiété complète".
Dans le domaine de la propreté, les
Hébreux étaient en avance sur leur
temps. En dehors du lavage rituel matinal
au réveil, il est demandé de se laver ses
mains avant et après avoir mangé mais
aussi après la défécation. Ces mesures
universellement recommandées ont été
adoptées seulement en 1844, lorsqu'
Ignace Semmelweis, un obstétricien
viennois, a mis en évidence une réduction
de la mortalité des accouchées en
exigeant simplement des sages-femmes
et des étudiants en médecine chargés
d'examiner les patientes, qu'ils se
nettoient préalablement les mains avec
une solution de chlorure de calcium.
Les Hébreux avaient également adopté
des règles précises concernant la mise en
place de latrines On lit dans le
Deutéronome (23 : 10-15) un passage
qui évoque une recommandation qui
n'a été adoptée par les médecins militaires
qu'à partir du XIX ème siècle : "Quand
tu mar-cheras en corps d'armée contre tes
ennemis, tu devras te garder de toute
action mauvaise. Tu réserveras un endroit
en dehors du camp, où tu puisses aller à
l'écart ; tu auras aussi une bêchette dans
ton équipement, et quand tu iras t'asseoir
à l'écart, tu creuseras la terre avec cet
instrument et tu en recouvriras tes
déjections.".
I.J : Vous notez que ni Hippocrate ni Gallien
n'ont eu d'influence sur les médecins de
l'époque du Talmud. Pourquoi ?
trouvent dans le Talmud pour trois
raisons. Premièrement, la pensée
médicale hébraïque qui considérait que
la compréhension des processus vitaux
devait tenir compte de la fonction des
organes qui constituent le corps humain
s'opposait à celle des Grecs qui estimait
conformément à la pensée hippocratique
que la fonction vitale de l'organisme était
liée à la sécrétion de quatre types
d'humeur.
La deuxième raison tient au fait que le
Talmud a toujours eu pour les non- juifs
un côté mystérieux ce qui explique sa
diffusion limitée et son nombre restreint
de traductions.
La troisième raison est liée au fait que
les Grecs et les Romains pensaient qu'ils
n'avaient rien à apprendre des Hébreux.
Et pourtant, ces derniers avaient, dans le
domaine de l'anatomie et plus spécifiquement de l'anatomo-pathologie mais
aussi dans celui de la physiologie, un
niveau de connaissances incroyablement
plus élevé.
I.J : Vous notez la gynécologie (mais aussi
la science vétérinaire) comme un des
domaines où la médecine hébraïque a eu une
certaine influence.
B.H. : Les Sages
du
Talmud
disposaient de
connaissances
importantes dans
le domaine de
l'anatomie
gynécologique comme le montre la
terminologie du
traité Nidda. Ils
avaient établi que
l'utérus ne comportait
qu'une
cavité, contrairement
aux
auteurs grecs et
romains comme
Aristote et de
Galien qui considéraient qu'il y avait deux
cavités utérines. Dans le même ordre
d'idées, les maîtres du Talmud
connaissaient et avaient décrit l'hymen,
alors que celui-ci était ignoré ou contesté
par les médecins gréco-romains. En
adoptant les règles de la niddah qui
imposaient l'absence de rapports sexuels
au cours de la période des règles, les
Hébreux ont adopté une mesure dont on
sait aujourd'hui qu'elle a un fondement
hygiénique.
En effet, il a été prouvé que des
relations au cours des menstruations
étaient un facteur de risque des maladies
sexuellement transmissibles, de l'infection
à VIH et de l'endométriose. Les Hébreux
sont considérés comme les précurseurs
de l'expertise médicale gynécologique.
En effet en cas de demande de divorce
pour une cause médicale, il était réalisé
un examen par un médecin afin de
trancher le litige. L'examen de la femme
reposait alors non seulement sur
l'interrogatoire de l'intéressée mais aussi
sur une analyse gynécologique, au moyen
d'un spéculum ou parfois avec une sonde.
Par ailleurs, il est intéressant de souligner
que les Hébreux avaient établi que
l'homme pouvait être responsable de la
stérilité du couple notamment en cas
d'absence congénitale de testicule. Il a
fallu attendre le XIX ème pour établir
qu'un homme pouvait être responsable
de la stérilité du couple.
Les Sages du Talmud étaient
particulièrement en avance dans le
domaine de l'obstétrique. La césarienne
était réalisée en cas de décès de la femme
au cours de l'accouchement, afin de
sauver le bébé y compris le Shabbat.
Cette attitude était également réalisée par
les Romains qui donnaient à cette
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 25
HISTOIRE
intervention le nom de " cœsones " en
référence à la naissance de Jules César.
ll semble que les Hébreux réalisaient
également des césariennes sur des
femmes vivantes comme le suggère
l'expression:"yotzé dofène" pour décrire
la naissance d'un enfant. En effet :"yotzé
dofène" qui est cité dans
plusieurs passages est le
participe présent du verbe sortir
tandis que "dofène" signifie la
paroi du corps. Ainsi, "yotze
dofène" pourrait être traduit par
"sorti de la paroi" ou "qui a
émergé du côté". Le passage du
traité Bekhorot qui précise que
"ni le yotzé dofène, ni celui qui
vint après ne sont des premiersnés pour l'héritage " suggère que
le Yotzé dofène a perdu ses
droits d'aînesse en venant au
monde sans passer par les voies
naturelles (par l'orifice utérin),
laissant penser qu'il n'a pu venir
au monde que par césarienne.
Ainsi les Hébreux auraient donc
réalisé des césariennes sur des
femmes vivantes alors que cet
acte a classiquement été réalisé
la première fois par le châtreur
de porc Nufer sur sa femme au
XVIème siècle.
Les vétérinaires qui étaient
chargés d'examiner les animaux
apportés en offrande au Temple
possédaient
de
solides
connaissances en anatomie, en
physiologie et en pathologie
animale. Un passage du traité
Houline évoque une anecdote
au cours de laquelle deux
rabbins, Rabbi Yémar et Rabbina
s'interrogent sur la cause de la paralysie
de l'arrière-train d'une chèvre. Le premier
évoque le diagnostic de crampes
musculaires, tandis que l'autre estime que
l'animal présente une tumeur de la moelle
épinière. Ce dernier diagnostic sera avéré
après l'examen de la bête, après l'abattage
rituel. Cet exemple est intéressant car il
constitue le premier diagnostic clinique
confirmé par l'autopsie, ou examen
anatomopathologique
que
nous
connaissons dans toute la littérature
médicale.
I.J : Pourquoi Maïmonide qui était non
seulement philosophe et théologien mais aussi
un des grands médecins de son époque a-t-il
considéré la médecine non seulement comme
une science mais aussi comme un art ?
B.H. : Maïmonide a insisté sur le fait
qu'un bon médecin devait non seulement
26 INFORMATION JUIVE décembre 2008
disposer de solides connaissances
scientifiques mais qu'il devait aussi avoir
une grande faculté d'écoute et de
compréhension. Il sous- entend
l'importance de la relation entre le
médecin et son patient que les Sages du
Talmud avaient déjà signalée dans un
Statue de Maimonide à Cordoue
passage dans lequel ils évoquaient
l'importance de la proximité du
praticien : " Un médecin qui vient de loin
est comme un aveugle ".
I.J : Pourquoi écrivez-vous que le
monothéisme a fortement influencé la pensée
médicale des Hébreux ?
B.H. : Le monothéisme qui est le
dogme essentiel qui distingue le judaïsme
des autres religions de l'époque, a
fortement influencé la pensée médicale
des Hébreux . En effet l'homme
représente une situation symbolique très
importante car il était l'aboutissement et
le point d'orgue de la Création et qu'il
occupait une position unique dans
l'Univers puisqu'il était considéré comme
l'intermédiaire entre la terre par sa
dimension corporelle et le divin par son
âme.
Le principe majeur de l'anthropologie
biblique établit que l'être humain est
constitué de deux entités distinctes et
complémentaires très étroitement
intriquées l'âme et la chair (bassar). La
loi mosaïque impose à l'individu de
prendre soin de son corps et de son âme
en adoptant des règles qui
tiennent compte
des
connaissances en matière
d'hygiène, de médecine, de
sociologie, de droit et de
philosophie hygiéniques.
Ainsi dans la tradition juive,
l'homme n'est pas autorisé à
disposer de sa propre âme
car elle appartient à l'Eternel
qui est le seul à pouvoir la
reprendre Les Hébreux ont
le devoir et la responsabilité
de remettre leur " Nefech " à
l'Eternel sans tache et sans
avoir été corrompue par le
mal à la fin de chaque
journée et à l'issue de leur
vie. L'homme doit tout faire
pour ne pas se souiller
physiquement
ou
moralement. Il convient
également pour comprendre
la
pensée
médicale
hébraïque de tenir compte
de la sainteté de la vie qui est
le socle suprême sur lequel
s'appuie la religion juive.
I.J : Vous rappelez dans votre
livre une métaphore formulée par
les maîtres du Talmud et selon
laquelle " le corps est un arbre,
la médecine est un engrais et le
médecin est celui qui les cultive
". Que signifie cette métaphore ?
B.H. : Cette métaphore de
Rabbi Akiva et de Rabbi Ishmaël est
particulièrement intéressante car elle met
en exergue les deux pivots fondamentaux
sur lesquels s'articulent la profession du
médecin, la prévention et le traitement.
En effet, le médecin apparaît non
seulement comme celui qui soigne les
troubles mais aussi comme celui qui les
prévient au moyen de l'engrais. Le
médecin jouissait d'ailleurs d'un prestige
considérable car il était le détenteur d'une
partie de la connaissance divine comme
le souligne un passage de l'Ecclésiastique
qui a été écrit par Ben-Sira entre (190180 avant l'ère commune) : " Fréquente
le médecin avant tout besoin, lui aussi,
Él l'a conçu. D'Él le médecin tient sa
sagesse … ". Le médecin jouissait alors
d'une considération importante au sein
de la société hébraïque comme l'atteste
HISTOIRE
ce passage où il est l'objet d'un éloge
dithyrambique : " Le savoir du médecin
élève sa tête, il se poste en face des
gratificateurs. " Il dispose de cette parcelle
du pouvoir divin, ce qui a des
conséquences fondamentales dans les
relations qu'il entretient avec le patient
qui fait appel à lui tout en étant
parfaitement conscient que c'était
l'Éternel qui, en dernier recours, assurera
la guérison de ses troubles.
I.J : Le Talmud où est puisée une grande
partie de votre information n'est pourtant pas
tendre à l'égard des médecins puisqu'il y est
dit que " le meilleur d'entre eux est destiné à
l'enfer "
B.H. : Les spécialistes du Talmud se
sont longuement interrogés sur ce
passage qui est en contradiction avec les
propos élogieux à l'égard des médecins.
Il existe trois hypothèses pour interpréter
ce texte. La première hypothèse
considère qu'il faut la comprendre
comme le fait que " le plus grand des
médecins, le plus savant de la
corporation qui manquerait de
conscience
professionnelle,
d'un
sentiment de responsabilité dans
l'exercice de son art mérite l'enfer. ". La
deuxième hypothèse repose sur l'idée
que ce texte n'a pas été rapporté dans la
Mishna initialement et qu'il a été ajouté
plus tardivement, ce qui laisse supposer
que les médecins qui font l'objet d'une
condamnation sont ceux qui traitent leurs
patients en utilisant l'idolâtrie et des
méthodes hérétiques . Et enfin la
troisième hypothèse serait que cette
maxime s'adresserait aux phlébotomistes
chargés de la réalisation des saignées et
qui ne bénéficiaient pas de l'excellente
réputation des médecins.
I.J : Vous évoquez dans la médecine de
cette époque-là l'influence de la
musicothérapie.
B.H. : Une lecture attentive de
l'histoire du roi Saül nous apprend qu'il
a connu des troubles psychiatriques
après son accession à la royauté. Or,
pour le soulager, ses serviteurs lui
proposent de faire appel au jeune David
qui jouait de la harpe ce qui avait pour
vertu d'apporter à Saül " du soulagement
et du bien-être et le mauvais esprit le
quittait. ". Il est intéressant de souligner
que dans le texte de Flavius Josèphe, ce
ne sont pas les serviteurs qui incitent
Saül à trouver un musicien mais les
médecins dépourvus de thérapeutiques
face aux troubles de Saül.
Il s'agit du premier cas de
musicothérapie de l'histoire de la
médecine laquelle est considérée
comme une authentique psychothérapie
d'activation, de créativité, d'inspiration
analytique, qui s'articule comme moyen
d'expression, de communication, de
structuration. Dans cette relation
tripolaire patient-thérapeute-musique,
on peut toutefois s'interroger sur le but
inavoué de David. Souhaitait t-il établir
une relation fusionnelle avec Saül à
travers la musique ? A-t-il voulu
partager un plaisir ? David a-t-il compris
la dimension thérapeutique du son de
la harpe ? C'est probable, d'autant qu'il
est possible qu'il s'accompagnait d'une
facilitation du dialogue.
ont pour but de conserver la santé et la
vie de toutes les créatures. Fais que mes
malades aient confiance en moi et mon
art, qu'ils suivent mes conseils et mes
prescriptions. Éloigne de leur lit l'armée
des parents conseils et les gardes qui
savent toujours tout, car c'est une
vengeance dangereuse qui, par vanité,
fait échouer les meilleures intentions
de l'art et conduit souvent les créatures
à la mort. Si les ignorants me blâment
et me raillent, fais que l'amour de mon
art, comme cuirasse, me rende
invulnérable pour que je puisse
persévérer dans le vrai, sans égard au
prestige, au renom et à l'âge de mes
ennemis.
Prête moi, mon Dieu,
l'indulgence et la patience auprès des
malades entêtés et grossiers. Fais que
je sois modéré en tout mais insatiable
dans mon amour de la science. Éloigne
de moi l'idée que je peux tout. Donnemoi la force, la volonté et l'occasion
d'élargir de plus en plus mes
connaissances. Je peux aujourd'hui
découvrir dans mon savoir des choses
que je ne soupçonnais pas hier, car l'art
est grand mais l'esprit de l'homme
pénètre tout. "
I.J : Aux Etats-Unis, on parle souvent du
serment de Maïmonide aux côtés de celui,
classique, d'Hippocrate. Vous écrivez que
le texte en question est plutôt une prière qui
n'a pas pu être écrite avant 1783
B.H. : En fait, le fameux serment de
Maïmonide dont il n'est pas l'auteur
puisqu'on sait qu'il a été écrit par
Marcus Herz en 1783, exprime la ligne
de conduite qui a du être celle de
Maïmonide et qui reste toujours
d'actualité. En tant que médecin juif, il
est important de
garder dans son
exercice quotidien
un certain nombre
de préceptes de ce
serment : "N'adL’ Œ U V R E D ’A S S I S TA N C E S O C I A L E A L’ E N FA N C E J U I V E
est une association reconnue d’utilité publique par décret du 28 mai 1919
mets pas que la soif
du gain et la
recherche de la
Pa r c e q u ’ u n e n f a n t h e u r e u x
gloire m'influencent
devient un adulte qui a de meilleures chances
de construire son avenir et celui
dans l'exercice de
de la communauté
mon art … Soutiens
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INFORMATION JUIVE Décembre 2008 27
HANOUKA
Hanouka du 22 au 29 décembre :
La fête
des lumières
L
a fête de Hanouka est célébrée cette année du 22
au 29 décembre. Cette fête commémore la victoire
des Maccabées sur les Syriens qui projetaient de
détruire la religion juive et helléniser totalement
leur royaume.
Hanouka est une célébration post-biblique. Les principaux
événements qui y sont associés se sont déroulés entre 165 et
163 avant l'ère chrétienne. Cette fête ne comporte pas
spécialement des interdictions relatives au travail par exemple.
Les Grecs ayant profané le Temple de Jérusalem et souillé
l'autel, le roi de Syrie ordonna que soient offerts dans le Temple
des sacrifices aux dieux païens. Les Maccabées sous la direction
de Juda parvinrent à reconquérir Jérusalem et à démolir l'ancien
autel.
Selon le traité Chabbat du Talmud (21 b ), pendant la
purification du Temple, on parvint à découvrir un flacon d'huile
sainte servant à alimenter le chandelier. Cette huile brûla
pendant huit jours alors qu'elle ne suffisait en principe que pour
une seule journée. C'est pour commémorer ce miracle que les
Sages instituèrent une fête de huit jours.
Chaque soir, on procède à l'allumage de l'allumage de
Hanouka et c'est pourquoi l'habitude a été prise d'appeler cette
fête " Hag Haourim " ( Fête des lumières). En procédant à cet
allumage, on dit : " Ces lumières, nous les allumons pour les
miracles, les saluts, les merveilles que tu as opérés pour nos
ancêtres par l'entremise de tes prêtres saints. Pendant les huit
jours de Hanouka, ces lumières sont sacrées et il ne nous est
pas permis de nous en servir, mais seulement de les regarder ".
godets sont alignés à la même hauteur, tandis que le neuvième,
celui du chamach, serviteur, s'en distingue nettement par sa
position. Pourquoi huit branches, alors que le candélabre de
Jérusalem n'en avait que sept ? C'est qu'il ne s'agit pas de
reproduire le chef d'œuvre de Betzalel, ou de ses successeurs,
ce qui est d'ailleurs défendu, mais seulement d'assurer sur le
chandelier la place aux huit lumières qui s'allumeront
progressivement, une le premier soir, pour finir le huitième soir
par une illumination totale des huit godets ".
Voici ce qu'écrit entre autres à propos de cette fête le regretté
grand rabbin Ernest Gugenheim dans son livre " Le judaïsme
dans la vie quotidienne " : " L'artiste s'est efforcé à l'originalité
et à la beauté quelle qu'ait été sa matière, bois, cuivre, bronze,
argent, céramique, etc.. Son génie toutefois s'est plié aux
nécessités des prescriptions religieuses :les huit orifices ou
Le grand rabbin Gugenheim ajoute que " si, dans la diaspora,
on n'expose plus, comme à l'époque talmudique, la Menora
dans la rue, devant la porte de la maison, on la place cependant
bien en vue devant la fenêtre, pour qu'elle soit visible du dehors,
ou du moins à un endroit où elle attire le regard, afin de diffuser
le miracle ".
28 INFORMATION JUIVE décembre 2008
Elie Wiesel : 80 bougies,
les souvenirs et les combats à venir
Les 12 et 13 novembre 2008, l'OSE et l'Institut Universitaire d'Etudes Juives Elie Wiesel ont célébré, à Paris et
à Taverny, les 80 ans d'Elie Wiesel. Deux journées fortes en émotions où le Prix Nobel de la Paix a rappelé,
devant quelques 1500 personnes, l'importance du devoir de mémoire et la pérennité des valeurs du judaïsme.
L
Soirée de gala - le 13/11
l’Université Bar Ilan, Emeric Deutsch,
psychanalyste et Paul Thibaud,
philosophe, ont mis en lumière les
pulsions de vie contenues dans le Talmud
et la transcendance des tragédies du XXe
siècle par la résilience spirituelle. Une
journée primordiale pour Elie Wiesel qui
a fait de l’étude l’une des priorités de sa
vie : « Depuis ma jeunesse, j’ai soif
d’apprendre. Aujourd’hui encore, j’étudie
chaque jour le Talmud, source inépuisable
de questionnements….Le savoir permet
de s’opposer à l’indifférence d’autrui et
honore l’humanité. »
maisons de l’OSE, quelques mois après
la libération du camp de Buchenwald en
1945. Jean-François Guthmann, Président
Elie au Conseil régional d'Ile de France
En présence de Jean-Paul Huchon,
Président du Conseil régional d’Ile-deFrance, le Professeur Elie Wiesel a délivré
jeudi 13 novembre un émouvant message
devant les collégiens et les lycéens
d’établissements franciliens rassemblés
dans l’hémicycle de la rue de Babylone.
Aux questions des lycéens (lycée
Maïmonide Rambam de BoulogneBillancourt (92), Hoche de Versailles (78),
Michelet d’Arpajon (91), la Fontaine du
Roy de Ville d’Avray (92), La Source de
Meudon (92), Yabné de Paris 13ème,
Chnee-Or d’Aubervilliers (93) et Ste
Marie d’Antony (92)), le prix Nobel de la
paix a répondu avec clarté et simplicité.
« Vous êtes maintenant des témoins », at-il déclaré, car quiconque écoute un
témoin le devient à son tour ».
de l’OSE, Roger Fajnzylberg, Directeur
général, Richard Jobersberg, actuel
directeur du foyer, étaient réunis pour
l’accueillir en présence de Jeannine
Haddad, Vice-Présidente du Conseil
régional d’Ile-de- France, de Didier Arnal,
Président du Conseil régional du Val
d’Oise, de Maurice Boscavert, maire de
Taverny, d’anciens de Buchenwald,
d’enfants des années 1970 et
d’aujourd’hui. Une cérémonie émouvante
où Elie Wiesel a souligné sa
reconnaissance envers l’OSE : « Je
témoigne ma gratitude à tous ceux,
directeurs et éducateurs, qui m’ont
accueilli chaleureusement et m’ont permis
de devenir l’homme que je suis. Recevoir
est un art, mais il faut savoir le rendre».
Enfin, pour clôturer cette belle journée,
Le retour à Taverny
Point d’orgue de 80è anniversaire, la
célébration, le jeudi 13 novembre aprèsmidi, du nouveau nom du Château de
Vaucelles désormais nommé « Maison
Elie au Conseil régional d'Ile de France
avec les élèves
Elie Wiesel, messager de la
mémoire
Le soir, autour de l’Amicale des Anciens
et Sympathisants de l’OSE, plus de 400
invités ont pu découvrir, en avantpremière, le film « Elie Wiesel, Messager
de la Mémoire » réalisé par Guy Job et
Emmanuel Descombes, produit par Futur
TV et France 5. Un documentaire
bouleversant où le rescapé de la Shoah
se raconte avec émotion et sincérité.
Au cinéma Publicis EW
entre Franz-Olivier Gisbert et Ivan Levaï
Elie Wiesel à Taverny - le 13/11
d’enfants Elie Wiesel » et le retour de
l’écrivain et Prix Nobel de la Paix sur les
traces de son enfance à Taverny. Elie
Wiesel a en effet séjourné et repris des
forces dans ce foyer, parmi d’autres
le dîner organisé au Pavillon Gabriel a
célébré en musique et en chansons les
80 ans de l’écrivain. Les amis d’Elie
Wiesel ? De nombreuses grandes familles
de la communauté, des personnalités
mais aussi les anciens enfants rescapés
du camp de Buchenwald dont, depuis
Jérusalem, le Grand Rabbin Meïr Lau.
Au total, plus de 350 personnes pour
souhaiter happy birthday au plus humble
des grands hommes.
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 29
Photos 2008©Alain Azria
e mercredi 12 novembre,
autour d’Elie Wiesel et en
présence de Simone Veil,
membre de l’Académie
française, de Valérie
Pécresse, ministre de
l’enseignement supérieur et de la
recherche, de Maurice Quénet, recteur
chancelier des Universités de Paris, le
colloque Lire, étudier après la catastrophe
a réuni à la Sorbonne penseurs et auteurs
de sensibilités différentes. Armand
Abécassis, professeur à l’Université de
Bordeaux, Benjamin Gross, professeur à
LA VIE DU CONSISTOIRE
Le Consistoire reçoit la
médaille Grand Vermeil de
la Ville de Paris
C'est devant plus de 600 dirigeants et personnalités
de la Communauté Juive de France, réunis à
l'invitation du Président du Consistoire Central de
France, Joël Mergui, que le Maire de Paris Bertrand
Delanoë a remis mardi 9 décembre la médaille Grand
Vermeil de la Ville de Paris au Consistoire Central de
France. Seul l'Institut Pasteur avait été gratifié jusque
là de cette distinction. M. Bertrand Delanoë évoqua "
la part juive de Paris " et le grand rabbin de France,
M. Joseph Sitruk s'est félicité de voir Paris, Ville des
Lumières, aussi scintillante pour accompagner la Fête
de 'Hanouka qui se caractérise par l'allumage des
lumières.
Chabbat plein de la Team
Roquette à Evian
Après Anger et Caen, la Team Roquette a organisé, à la
demande du Consistoire Central et dans le cadre de son TFCJ
(tour de France des communautés juives), un Chabbat plein
à Evian. La Team Roquette dirigée par le rabbin Engelberg
Cette distinction a été remise à l'occasion d'une
soirée exceptionnelle placée sous le signe de la
Les jeunes de la Team Roquette en Chabbat plein à Evian
Soirée 2000 familles-2000 lumières à la mairie de Paris
reconnaissance et de la solidarité en la présence des
représentants des communautés juives de toute la
France. Reconnaissance envers M. Jean Kahn, à qui
un hommage appuyé fut rendu pour l'impulsion
donnée durant toutes ses années passées à la
Présidence du Consistoire. Solidarité grâce à l'action
"2000 Familles - 2000 Lumières", dont M. Jean Kahn
fut l'initiateur, qui a permis aux responsables
communautaires de repartir avec les bourses qu'ils
remettront aux familles les plus démunies de leur
région, afin d'illuminer les Fêtes de 'Hanouka. " Cette
opération de très grande envergure - puisque l'argent
remis va directement et intégralement bénéficier à
plusieurs milliers de personnes - n'est rendue possible
que par l'importance du travail de proximité effectuée
par les dirigeants communautaires dans leurs 500
synagogues. Ces bourses vont permettre d'allumer des
lumières petites mais infiniment brillantes dans les
yeux des enfants" a souligné M. Mergui. La première
bourse fut remise par le comédien Gérard Darmon au
Consistoire de Toulouse.
30 INFORMATION JUIVE décembre 2008
continue à chacun de ses déplacements à susciter une très
vive émotion. Faire revivre le temps d'un Chabbat toute une
Communauté a un impact très fort et correspond à une
nécessité pour de très nombreuses Communautés. La petite
Synagogue d'Evian, qui date de 1950, et qui accueille une
communauté composée d'une dizaine de familles seulement,
a en ce Chabbat de la fin novembre, et en présence du
Président Mergui, résonné de chants, de prières, de jeunesse,
de dynamisme et de bonne humeur, grâce aux jeunes filles et
garçons, venus de Paris et de Grenoble entourer et stimuler
les jeunes et les moins jeunes de la Communauté. Une
affluence qu'elle ne connait habituellement que le jour de
Kippour. Le lendemain, tous les jeunes allèrent visiter la
Clairière des Justes, un monument vivant qui comporte 70
arbres pour rappeler les 70 Justes des Nations et leur
implication pour sauver les juifs. Au moment de leur départ
pour Paris, le président de la Communauté d'Evian depuis
1994, le Docteur Jean-Bernard Lemmel, a déclaré " Notre toute
petite communauté a reçu pendant ces deux jours non
seulement un bol d'air frais, mais surtout une poussée d'énergie
" thermale " pour mobiliser encore plus chacun d'entre nous,
afin que Chabbat suivant soit encore plus " plein " que le
Chabbat précédent !". Pour Joël Mergui, “Créer de tels
événements génère une nouvelle dynamique qui permet de
toucher des juifs de tous horizons qui n'ont pas obligatoirement
l'habitude de s'impliquer dans leur communauté”. Si nous
LA VIE DU CONSISTOIRE
retissons des liens, nous contribuons à la mission première
du Consistoire : assurer la sauvegarde du judaïsme de France.
C'est ma priorité car tant qu'une synagogue reste ouverte tout
reste possible. ". Et d'ajouter " Aussi je tiens ici à exprimer
toute ma gratitude aux Présidents de Communauté qui par
leur dévouement et leur détermination continuent à faire vivre
des Communautés qui sans ces volontés auraient déjà disparu.
C'est dans cette optique que nous essayons également de
promouvoir les Chabbats jeunes, les mouvements de jeunesse
comme Tikvatenou ou les Talmudei Torah que nous voulons
rendre plus attractifs. C'est aussi pour soutenir ces efforts que
le Consistoire Central avec l'aide du Consistoire de Paris est
à l'écoute de toutes les demandes émanant de nos
Communautés. La tâche est immense mais chaque résultat
obtenu est porteur d'avenir. Je remercie le président Lemmel
et la Communauté d'Evian qui ont manifesté une belle unité
pour partager ce Chabbat riche d'un nouvel avenir. Je suis
persuadé que bientôt y vivra un vrai mynian ".
Valérie Pécresse invitée
au Conseil du Consistoire Central
Mme Valérie Pécresse, Ministre de
l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche, s'est rendue le 11
novembre à l'invitation du Président
Mergui à une réunion de travail avec
les membres du Conseil du
Consistoire Central, en présence du
grand rabbin de France Joseph
Sitruk, du grand rabbin Gilles
Bernheim et du grand rabbin de Paris
David Messas. Mme le Ministre a
insisté sur les mesures prises pour
permettre à chacun de pouvoir
réussir ses études en respectant ses
convictions et donc en premier lieu,
les dates d'examen. Ces mesures
seront reconduites l'année prochaine,
notamment pour les fêtes de
Chavouot. La question du
militantisme pro-palestinien a à
Mme le ministre Valérie Pécresse reçue au Consistoire Central
l'intérieur des Universités a
également été soulevée, phénomène connu mais qui exige beaucoup de précautions vu l'hypersensibilité du public étudiant. Sur
bien d'autres points encore, cette rencontre a été l'occasion d'une discussion ouverte avec des préoccupations partagées, et fut un
moment de dialogue constructif et porteur d'avenir.
Cimetières juifs d'Algérie
Le Président Joël Mergui a installé mardi au Consistoire Central
de France la commission des cimetières juifs d'Algérie, présidée
par Jack-Yves Bohbot, Vice-président du Consistoire Central. A
l'initiative de Bernard Haddad, ont été réunies des associations
qui travaillent depuis longtemps pour la rénovation et l'entretien
de ces cimetières.
Cette démarche renvoie à une journée historique, celle du
lundi 3 mars 2003.
Ce jour-là, Jacques Chirac est le premier président de la
République française, depuis 1962, à honorer la mémoire des
Juifs d'Algérie en se rendant au cimetière juif de Saint-Eugène.
Devant les tombes béantes et les ossuaires fracassés, le
Président prend un engagement solennel :
"Nous veillerons scrupuleusement à ce que le plan de
rénovation des cimetières que nous mettons en route avec les
autorités algériennes soit respecté… Il faut que chacun puisse
venir ici pour se recueillir dignement sur les tombes ".
Un plan d'action et de coopération relatif aux sépultures civiles
françaises est alors engagé dès 2003. Il vise à remettre en état
des cimetières délaissés et concerne 523 cimetières civils et près
de 210 000 sépultures.
Pour ce qui concerne le financement, un fonds de concours
ouvert aux collectivités territoriales, aux associations et aux
particuliers, est créé. Pendant la période 2003-2007, 1,4 million
d'euros ont été consacrés à ces opérations.
Mais force est de constater que beaucoup de travail reste encore
à faire : pour les petits cimetières, pour ceux de l'est et du sud
algérien et tant d'autres encore…
A cet égard, la mission fixée à la commission sera plurielle :
- fédérer et soutenir les initiatives des associations et des
communautés.
- sensibiliser la communauté juive française, d'alerter les
décideurs français et algériens.
- agir pour achever la rénovation des cimetières juifs d'Algérie.
- veiller à ce que leur entretien soit assuré de manière
pérenne.
Sans action rapide, ces cimetières disparaîtront et avec eux,
c'est la mémoire des communautés juives d'Algérie qui
s'éteindra.
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 31
LA VIE DU CONSISTOIRE
En bref
Meudon célèbre Israël
Du 20 au 23 novembre, à l'occasion des 20 ans du jumelage
de Meudon avec la ville de Mazkeret Batya, des 30 ans de la
synagogue de Meudon et bien sûr des 60 ans d'Israël, l'association
culturelle de Meudon, sous la présidence de M. Lucien Alezra,
a célébré les liens historiques entre la Ville de Meudon, son maire
M. Hervé Marseille, la Communauté, présidée par M. Roland
Attia, et Israël. La délégation israélienne était composée de 7
personnes, avec la présence de Mme la Ministre du Tourisme
Rou'hama Avraham et M. Sammy Ravel,
Ministre
Plénipotentiaire de l'Ambassade d'Israël ainsi que de M. Raffi
Elloul, ancien Maire de Mazkeret Batya et premier signataire
de ce jumelage. Les représentants français étaient aussi venus
en rangs serrés : M. le maire de Meudon, Hervé Marseille, ses
adjoints, M. Claude Goasguen, Maire du XVIème
Arrondissement et Président de l'amitié France-Israël au
Parlement, M. Bernard Gauducheau, Maire de Vanves. M. Joël
Mergui a salué le travail fait par M. Hervé Marseille et rappelé
que les Hauts de Seine sont un département pilote puisqu'on y
compte 10 jumelages. L'intérêt pour de telles opérations étant
très largement partagé, M. Mergui s'est engagé à continuer de
promouvoir ce qui représente pour les uns et les autres des
opportunités d'échanges et, au-delà, de véritables rencontres
ouvrant des espaces de dialogue interculturel. La Ministre du
Tourisme s'est félicitée des liens chaleureux et actifs ainsi tissés.
Trois jours de fête qui ont su conquérir le cœur de la Communauté
mais aussi des habitants de Meudon venus nombreux à la soirée
de clôture.
Congrès du Maccabi
Pour la première fois le Consistoire était présent lors d'un
Congrès du Maccabi, à la grande satisfaction de son Président
Georges Haddad. " En France, le Maccabi joue un rôle puissant
pour favoriser l'intégration communautaire des jeunes en offrant
un autre type de mise en relation avec la Communauté ", a
souligné le Président du Consistoire Central lors de son
intervention. Le prochain Congrès Européen du Maccabi aura
lieu en 2010 et se tiendra en Ecosse.
Le Consistoire central défend
l'abattage rituel européen
Alors que des projets inquiétants sont à l'étude à la Commission
européenne (un règlement prévoyant un certain nombre
d'entraves à la " chehita " ou abattage rituel), s'est tenue à Bruxelles
le 7 décembre 2008 une importante rencontre dans les locaux
du Consistoire de Belgique, en présence notamment du grand
rabbin de Bruxelles, Monsieur Albert Guigui, des représentants
des Consistoires et rabbinats européens. Pour la France, Monsieur
Joël Mergui, a fait le déplacement accompagné du Grand Rabbin
Fiszon, grand rabbin de la Moselle et spécialiste de la question
de l'abattage rituel, à l'invitation du Président du Consistoire de
Belgique, Monsieur Julien Klener. Une position commune a été
adoptée et défendue auprès du Conseil de l'Europe. Le Président
Mergui a demandé à ce que les Consistoires, seules instances
habilitées en matière d'abattage rituel, parlent d'une seule voix
auprès des autorités européennes et nationales dans ce dossier.
Dialoguer
Le Consistoire Central était invité à participer à Fès au 2ème
Colloque du Centre Marocain Interdisciplinaire des Etudes
Stratégiques Internationales, constitué d'une centaine de
membres dont les pays de la Ligue Arabe. Organisme fondé en
2007, le CMIESI est un centre de réflexion, d'étude, de recherche
et d'expertise pluridisciplinaire, traitant de problématiques
stratégiques, diplomatiques et internationales complexes.
Lors de son allocution en séance plénière, le Président du
Consistoire Central a parlé de son émotion de se retrouver dans
" son " pays d'origine et son angoisse de ne plus y voir que
quelques traces de vie juive. Le communiqué final intègre l'une
des motions qu'il a proposées, à savoir que " les participants
appellent à la création d'un Observatoire mondial des manuels
scolaires dont le but sera de réduire les divergences et anéantir
la haine et l'animosité pouvant résulter de certains programmes
scolaires dans certains pays ". Déjà un début, quand la présence
d'Israël était également proposée ...
Lille accueille une délégation
du Consistoire Central
Une délégation du Consistoire Central, composée notamment
par son Président et le le grand-rabbin Pierre-Yves Bauer,
Aumônier des Prisons, a effectué le 11 décembre une visite au
Consistoire régional du Nord Pas-de-Calais présidé par
M. Charles Sulman, Vice-Président du Consistoire Central. La
délégation s'est entretenue avec le Préfet de région et
Monseigneur l'Archevêque ainsi qu'avec la presse locale. Les
sujets abordés portèrent sur les questions de transmission, de
patrimoine, l'apport du judaïsme à la société civile et le modèle
du " vivre ensemble ". Il fut également question des formes de
soutien à Guilad Shalit.
En outre, la délégation a rencontré la Communauté lilloise et
des villes avoisinantes autour d'une conférence du grand rabbin
Bauer sur les difficultés spécifiques aux prisonniers juifs. Nous
reviendront plus en détail sur cette rencontre prochainement.
Réunion entre
le Consistoire Central et le Crif
Le président du Crif Richard Prasquier et le président du
Consistoire central Joël Mergui se sont réunis le vendredi 12
décembre à l'espace Rachi. Cette rencontre était la première du
genre entre les deux dirigeants depuis l'élection du président du
consistoire central.
Accompagnés de leurs directeurs généraux respectifs Haim
Musicant et Frédéric Attali, les deux Présidents ont procédé à
un large tour d'horizon sur les problèmes qui concernent la
communauté juive de France. Ils sont convenus de donner une
suite à cette première réunion afin de faciliter un dialogue régulier
entre le Consistoire central et le Crif dans le respect des
prérogatives de chacune de ces deux institutions.
Le CFCM reçu au Consistoire
C'est dans un contexte de dialogue et de respect que, pour la
première fois, une délégation du Conseil Français du Culte
Musulman conduite par son Président M. Mohammed
Moussaoui et composée d'imams et de responsables de la
communauté musulmane a été reçue au Consistoire Central de
France le 15 décembre pour un déjeuner de travail avec le
Président du Consistoire, le grand rabbin de France et les
membres du Bureau. Cette rencontre ambitieuse et historique a
été l'occasion et de recherche de nouvelles relations qui devra
créer les conditions pour un renforcement des liens entre les
deux grandes communautés religieuses. Le Consistoire Central
de France souhaite ardemment qu'il s'agisse là d'une étape
majeure pour l'établissement d'un dialogue constructif et porteur
d'avenir pour l'ensemble de la société française.
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 33
BICENTENAIRE
Connaissez-vous l'histoire de
la synagogue de la Victoire ?
(2ème partie)
PAR PHILIPPE LANDAU
Avec le grand rabbin de Paris Zadoc Kahn, la synagogue connaît
un dynamisme inhabituel alors que l’israélitisme semblait sombrer
dans l’indifférence religieuse. La musique synagogale est en
pleine apogée avec un chœur de plus de 80 personnes à chaque
office du samedi sous la conduite de Samuel David. Conciliant
religion et science juive, le grand rabbin organise des conférences
pour la jeunesse et pour les femmes. Pour lui, la synagogue doit
devenir le rassemblement de tous les Israélites ce qui explique
qu’il invite souvent le rabbin orthodoxe de la rue Cadet Moïse
Weiskopf à développer des sujets talmudiques devant le public
et autorise les membres du judaïsme libéral naissant (en 1900) à
célébrer leurs offices dans la salle communautaire consistoriale.
Toutefois, la loi de Séparation de 1905 met fin à cette unité tacite.
Le grand rabbin Jacques-Henri Dreyfuss continue à œuvrer
dans le sens de son prédécesseur. Des
cours pour tous et des conférences
sont maintenus jusqu’au début de la
Seconde Guerre mondiale. Sous
l’impulsion de la famille Rothschild,
chaque année, des remises de prix se
tiennent en la synagogue pour les
jeunes gens (garçons et filles) qui ont
eu leur majorité religieuse.
mémoire de l’israélitisme. Aussi, en 1924, un monument aux
morts de la Grande Guerre est inauguré dans la cour. Œuvre du
sculpteur Emmanuel Hannaux, la sculpture représente les Tables
de la Loi avec un casque de combattant, un fusil et le drapeau
national. Par ailleurs, des plaques commémoratives rappellent le
souvenir d’un millier de combattants tombés au champ d’honneur.
Au nom de l’Union sacrée, des manifestations patriotiques ont
lieu chaque année dans la synagogue, ce qui suscite bien des
critiques, notamment lorsque les responsables consistoriaux
reçoivent l’association nationaliste des Croix de Feu, farouchement
opposée au Front Populaire de Léon Blum et dont certains
membres sont ouvertement antisémites. Le 14 juin 1936, l’office
patriotique est ainsi perturbé par des militants de la Ligue
internationale contre l’antisémitisme. Jacob Kaplan, le seul rabbin
ancien combattant, réussit néanmoins à ramener le calme devant
1 200 participants mais le lendemain, le
quotidien Le Temps relate qu’il y a eu «
d’assez violents incidents à l’intérieur de la
synagogue. » Désormais, le temple de la
Victoire n’accueillera plus les Croix de Feu.
Lorsque l’avancée allemande au
printemps 1940 menace la capitale, le
Consistoire de Paris se replie un temps à
Vichy. Malgré l’exode, il reste encore dans
la région parisienne près de 130 000 juifs.
Véritable référence du judaïsme
Le grand rabbin du Consistoire Central
auprès des pouvoirs publics, elle
Isaïe Schwartz conseille alors vivement au
accueille en mai 1916 le président de
grand rabbin de Paris Julien Weill de
la République Raymond Poincaré lors
rejoindre son poste afin d’organiser les fêtes
d’une cérémonie dédiée à la mémoire
d’automne. Même si l’ordonnance
des soldats tombés au champ
allemande du 27 septembre 1940 précise
d’honneur. Pour le grand rabbin
qu’il est « interdit aux Juifs qui ont fui la
Dreyfuss qui fait diverses allocutions
Le grand rabbin Isaïe Schwartz (1875-1952) à la
synagogue de la Victoire, le premier grand rabbin à
zone occupée d’y retourner.», Julien Weill,
pour motiver les civils dont les femmes
porter en 1939 le titre de grand rabbin de France
secondé par Joseph Sachs, reprend ses
aux efforts de guerre, c’est l’occasion
fonctions à la synagogue de la Victoire.
de comparer l’émancipation des juifs à la sortie d’Egypte tout en
insistant sur l’aspect messianique de la France : «C’est la fête de
Durant quatre années, cinq synagogues consistoriales vont être
la liberté, de la victoire du droit. Est-il pour nous, Français israélites,
ouvertes au public – dont celle de la Victoire – malgré les risques
une vision plus réconfortante, que la contemplation des hauts faits
encourus. Officiellement, il n’y a pas de limites en ce qui concerne
qui ont marqué la délivrance d’Israël de l’esclavageégyptien ? »
le culte israélite. Même si le premier statut des Juifs entre en
Il organise aussi dans les salles adjacentes à la synagogue des
vigueur en octobre 1940, les autorités allemandes comme le
locaux où des œuvres envoient des colis aux combattants, aux
régime de Vichy font une distinction éhontée et contradictoire
veuves et aux familles démunies.
entre fidèles de la religion israélite et personnes de race juive ce
qui explique l’ouverture des synagogues et l’organisation des
Une véritable vie communautaire se développe par la suite
offices ! Dans ce contexte ubuesque voire kafkaïen, Yom Kippour
avec de nombreux cours de Talmud Torah, d’autant plus que le
est célébré par près de 6 000 fidèles en la grande synagogue mais
nombre des fidèles s’est accru avec des juifs venus de Roumanie
les craintes et la morosité sont bien présentes comme l’écrit
et de Pologne. Néanmoins, le rite demeure judéo-alsacien et cela,
Jacques Biélinky : « Les gens sont tristes. On se passe des
jusqu’à nos jours. Ce lieu symbolique entend aussi entretenir la
34 INFORMATION JUIVE décembre 2008
BICENTENAIRE
nouvelles toujours mauvaises. » Pourtant, la résistance spirituelle
s’organise. Le grand rabbin Julien Weill, secondé par Léon
Edinger et Jacques Sée continuent à maintenir les offices malgré
les fréquentes pressions allemandes sur le grand rabbin comme
en témoigne le trésorier du Consistoire de Paris, Roger Olschanski:
« Nous sommes rue Saint-Georges une dizaine qui entourons le
grand rabbin de Paris. Insultes, brutalités, menaces : nous ne
bronchons pas, nous nous rendons compte de la gravité de la
situation. »
déportation et à son souvenir se déroulent. Les vœux du grand
rabbin Isaïe Schwartz prononcés le 22 mars 1945 ( « La justice
humaine revendique aussi ses droits. Il n’est pas possible que les
atrocités perpétrées restent impunies et que toutes mesures ne
soient prises pour empêcher le renouvellement de tels crimes, qui
sont des crimes contre l’humanité. ») sont partiellement réalisés
avec le Tribunal de Nuremberg qui juge les coupables nazis. Afin
de ne jamais oublier la tragédie, le Monument du Souvenir est
alors inauguré sur le parvis de la synagogue le 27 février 1949
en présence du président de la République Vincent Auriol. Audessus de l’urne funéraire, il est inscrit : « A la mémoire de nos
frères, combattants de la guerre et de la résistance, morts dans les
camps de déportation, fusillés, torturés, brûlés, et des innombrables
victimes de la barbarie nazie. » Reconstruction nationale oblige,
le judaïsme français feint d’oublier les actes du régime de Vichy.
Le 3 octobre 1941, des attentats commandités par les autorités
allemandes et réalisés par des activistes françaises frappent cinq
synagogues parisiennes dont celle de la Victoire. Jacques Biélinky
se rend sur les lieux et constate : « Rue de la Victoire devant la
grille de la synagogue une foule regarde à travers les barres…
L’entrée sous la voûte est encombrée de
verre, de bois de portes et cloisons
démolies… » Les vitraux sont aussi
brisés. La municipalité prend en charge
les réparations. Le 20 juillet 1942, des
membres du Parti Populaire Français de
Jacques Doriot réussissent à pénétrer
dans le lieu de culte et se livrent à des
actes de vandalisme. Le gardien Oscar
Berg témoigne : « Ils s’en prirent aux
rouleaux de la Torah qu’ils profanèrent,
les déroulèrent dans la synagogue pour
les lacérer. » Julien Weill intervient
aussitôt auprès du chef du gouvernement
Pierre Laval mais sa protestation n’est
pas prise en considération. Désormais,
l’affluence faiblit même si jusqu’à la fin
Durant les quatre ans d'occupation, la synagogue de la Victoire
de l’année 1943 les offices sont
restera ouverte au public malgré les risques encourus
maintenus. Tous les lieux de culte ne
bénéficient plus de protection.
Durant des décennies, jusqu’à tant que la mémoire de
l’israélitisme assimile la trahison pétainiste, il ne sera pas fait
Avec la Libération, la vie religieuse reprend enfin ses droits.
mention de Vichy ! Aucun discours officiel n’est prévu pour
Des aumôniers militaires américains participent aux offices tandis
l’occasion car « …il n’est pas de mots qui puissent se mesurer à
que la salle consistoriale devient un foyer pour les soldats alliés.
l’immensité de ces pertes irréparables ou exprimer vraiment la
D’ailleurs, jusqu’à leur départ, le Consistoire de Paris organise
douleur que ressentent les survivants. » Le président Georges
des bals afin de ranimer la vie communautaire et de susciter de
Wormser, remerciant le président de la République, préfère rendre
possibles mariages. Mais les blessures demeurent encore très
hommage aux concitoyens qui ont sauvé des juifs dans une France
vives même si le rabbinat célèbre dès la fin août 1944 la libération
occupée « contrainte de se cacher à elle-même. » Le 18 juin 1948,
de Paris : « A l’heure bénie où ces épreuves vont prendre fin, ils
le premier président de l’Etat d’Israël Haïm Weizmann avait été
(les Israélites) ont à cœur de proclamer leur indéfectible
reçu dans la synagogue.
attachement à notre chère Patrie, la France généreuse des Droits
de l’Homme, et leur dévouement au régime qui resserre l’union
Avec les bouleversements produits par la décolonisation depuis
sacrée de tous les Français. » Oubliées l’Occupation et le régime
les années cinquante, la synagogue de la Victoire est devenue
de Vichy ? Non ! Mais il faut pour les 60 000 juifs qui demeurent
un symbole communautaire même si l’influence alsaciennedans la région parisienne en 1945 continuer à vivre et à s’intégrer.
lorraine tend à disparaître. Si, dans la grande synagogue, les
Le nouveau président du Consistoire de Paris, Edmond Dreyfuss,
offices demeurent selon le rite allemand, de nombreux fidèles
a soin de le préciser : « Cet honneur, nous le revendiquons, non
polonais y participent. De même, l’oratoire est réservé au rite
pas comme un monopole, non pas par un vain orgueil, mais
tunisien tandis que dans la grande salle, des Egyptiens s’y
comme une preuve, un symbole de la continuité de notre foi et de
réunissent. En fait, ce lieu de culte définit toujours l’image même
notre incorporation dans la communauté française… »
de la communauté, hétérogène mais fidèle à sa foi.
Les traumatismes sont durables et c’est au sein de la synagogue
de la Victoire que la plupart des manifestations relatives à la
La grande synagogue de la Victoire est classée monument
historique depuis le 11 décembre 1987.
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 35
COMMUNAUTÉS DE PROVINCE
A la découverte de la
Communauté juive de Metz
P
artons à la découverte d'une ville où la
présence juive remonte au Moyen Age et plus
précisément au début du IXème siècle. Les juifs
sont à cette époque marchands, cultivent la
terre et possèdent des vignes et vivent jusqu'au
11ème siècle sous la protection de l'évêque et
habitent la " rue des Juifs". C'est à Metz que naquit, en 960,
l'illustre talmudiste et décisionnaire, Rabbénou Guerschom,
à qui nous devons le statut moderne de la femme juive. Il
réunit un synode rabbinique à Mayence où furent prises un
certain nombre de dispositions. Parmi ces décisions, il y a
l'interdiction de la polygamie, sous peine de Herem
(exclusion) et la possibilité de divorcer par consentement
mutuel. Autrefois seul l'homme pouvait décider de renvoyer
sa femme, même sans son accord. La Communauté juive de
Metz a célébré en 2000, le 150ème anniversaire de sa
synagogue consistoriale. Dans la brochure publiée par la
Communauté à cette occasion on apprend que les Juifs
disparurent de Metz à la fin du 12ème sans doute pour des
raisons économiques. Ils obtinrent l'autorisation d'y résider
à nouveau en 1565 en échange de lourdes taxes. En 1595,
une communauté est constituée et une première synagogue
est construite en 1609 (ou en 1619) à l'emplacement de la
synagogue actuelle. Louis XIV la visita en 1657. Elle fut
agrandie en 1690. Une deuxième synagogue fut construite
à côté en 1716 avec une école talmudique dirigée par de
célèbres rabbins, parmi lesquels il faut citer Chaagath Arieh,
étudié dans toutes les écoles talmudiques de nos jours.
Plusieurs oratoires privés étaient tolérés par le Consistoire
par manque de place. La population juive de Metz est
estimée en 1842 à 2400 personnes.
En 1839, le Consistoire se prononça pour la construction
d'une nouvelle synagogue. En 1845, les deux synagogues
existantes furent détruites en accord avec la municipalité et
après plusieurs années de discussions avec les autorités
publiques, la pose de la première pierre eut lieu le 20
septembre 1848. L'inauguration aura lieu le 30 août 1850 en
présence du maire, du préfet, d'officiers et de notables de la
ville.
La construction d'une nouvelle synagogue fut envisagée
au début du siècle, mais le projet fut abandonné dans les
années 30 au profit de travaux importants. La synagogue fut
... et est inscrite au patrimoine historique.
en grande partie préservée pendant
la guerre. Elle est classée monument
historique.
La synagogue de Metz a été inaugurée le 30 août 1850 ...
36 INFORMATION JUIVE décembre 2008
Parmi les rabbins illustres, citons
Rabbi Eliezer de Metz, célèbre
Tossafiste, ainsi que Arie Gougenheim
et Arieh Loew auteur du traité
Shaagath Arie sur la tombe duquel est
désormais organisé un pèlerinage.
Suite à la création du Consistoire
départemental par Napoléon, l'école
talmudique devint l'École rabbinique
en 1829 qui formait tous les rabbins
pour toutes les Communautés par
décret du Ministère de l'Intérieur ce
qui lui donnait une dimension
considérable sur le plan religieux; de
très grands Maîtres y enseignaient et
COMMUNAUTÉS DE PROVINCE
ville de Karmiel depuis plus de vingt ans. Comme nous l'a
indiqué le Président Tolub, "Ce jumelage a créé des liens
particulièrement étroits entre nous. Pour preuve, chaque
année lors de la fête de la Mirabelle, une période de grandes
festivités durant le dernier week-end d'août, une troupe de
danseurs de Karmiel fait partie du spectacle. Quant à la
communauté, on ne compte plus les voyages de solidarité
qu'elle organise en Israël et ce n'est pas sa seule forme de
soutien ".
Bruno Fizson, le grand rabbin
de Metz et de la Moselle
Marcel Tolub, président
de la communauté de Metz
y résidaient. L'École ne fut transférée à Paris qu'en 1859. De
très nombreuses Communautés rurales étaient implantées
dans le département et près de 50 cimetières témoignent de
leur présence et de leur participation (depuis des générations)
à la vie économique de la région.
Aujourd'hui, la Communauté juive de Metz est présidée
par M. Marcel Tolub, le département de la Moselle a son
Consistoire concordataire (à l'instar du Bas-Rhin et du HautRhin) présidé par M. Jean-Claude Michel, son grand rabbin
M. Fiszon, son Dayan Rav Bamberger et trois autres rabbins.
En plus de la Grande Synagogue qui se trouve rue du Rabbin
Elie Bloch, dont le nom reste attaché à son action durant la
Guerre pour aider ses correligionnaires rapatriés dans la
zone d'Angoulême, on trouve un office de rite séfarade, un
office de rite polonais depuis 1912, un office de rite
ashkénaze d'Alsace-Moselle ainsi qu'un office de quartier.
Metz centre ville, dispose d'un Erouv qui permet donc de
porter le Chabbat ainsi qu'un Mikve entièrement rénové.
On compte de nombreuses associations juives à Metz, dont
la Sedim fondée en 1928 qui s'occupe de l'aide sociale et de
la Tseddaka, la Wizo et le Bnai Brith, le Maccabi, les
Eclaireurs et Eclaireuses israélites de France, le Collel ainsi
qu'une chorale fort appréciée pour ses chants en yiddish,
hébreu et ladino. Avec un gan, une école maternelle et
primaire ainsi qu'un collège de la sixième à la troisième, le
Collège Rabbi Gershon, Metz peut se targuer d'offrir une
structure scolaire de grande qualité, dont les classes à effectif
restreint sont un gage de qualité. Très important, créé au
XVII siècle, le Home Israélite est une structure d'accueil
médicalisée pour les personnes âgées où sont célébrés le
Chabbat et les Fêtes. Situé à l'ombre de la synagogue, il est
placé pour la cacherout sous le contrôle du Grand Rabbinat
de la Moselle.
Comme toutes les Communautés, Metz a eu à faire face à
de nombreux défis. Aujourd'hui, c'est son devenir qui est au
cœur de ses préoccupations. Metz ne disposant pas de
grandes structures universitaires, les jeunes partent faire
leurs études à Strasbourg, Nancy, Paris ou en Israël. Bien
souvent, leur retour ne sera que ponctuel pour aller dans la
famille mais leur vie se construit ailleurs. En revanche, Metz
commence à attirer de nouvelles familles dont certaines
viennent de Paris. En effet, grâce à l'effet TGV, Metz
désormais n'est plus qu'à 1h20 de Paris et joue de plus sur
la proximité du Luxembourg. On peut habiter à Metz, avec
la possibilité d'une vraie vie juive, tout en bénéficiant de
nombreuses opportunités d'emploi.
En conclusion, laissons la parole au grand rabbin
Fiszon : " Venez nous voir et vous découvrirez un lieu où il
fait bon vivre et où vos enfants pourront s'épanouir ". Alors
parions que le dynamisme et l'engagement de cette
Communauté qui s'implique en permanence dans de beaux
projets lui permettront de garder tout son rayonnement.
Evelyne Gougenheim
Communauté Israélite de Metz
39 rue du rabbin Elie Bloch - 57000 Metz
Tél. : 03.87.75.04.44 - www.cimetz.com
Remerciements pour leurs contributions à : M. le Grand
Rabbin Bruno Fiszon, M. Marcel Tolub, Président de la
Communauté, M. Henry Schumann, historien et Mme Isabelle
Cerf du Consistoire de la Moselle.
La Communauté est très impliquée notamment lors des
Journées du Patrimoine, chaque année le premier week-end
de septembre avec animations, conférences et découvertes.
En préparation, une grande exposition dont la thématique
sera " 1000 ans de présence juive en Lorraine ".
Grâce aux efforts conjugués de la communauté et de la
municipalité notamment, la ville de Metz est jumelée à la
La rue des juifs : les débuts de la présence juive au 9ème siècle
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 37
BONNES FEUILLES
L'enfant juif
de Varsovie
PAR FRÉDÉRIC ROUSSEAU
La photographie de l'enfant juif de Varsovie est célèbre dans le monde entier. Elle occupe désormais une place
à part dans notre mémoire.
Frédéric Rousseau, professeur à l'université Paul Valéry de Montpellier, a voulu savoir comment et pourquoi
cette photo a acquis ce statut.
Il publie aux Editions du Seuil le résultat de l'enquête qu'il a menée. Avec l'autorisation de l'éditeur et de
l'auteur, nous donnons ici le texte de l'introduction que Frédéric Rousseau a donné à son livre ( à paraître le
9 janvier 2009 )
" L'espèce humaine s'attarde obstinément dans la caverne de
Platon et continue, atavisme ancestral, à faire ses délices des
simples images de la vérité "
Susan Sontag
Q
ui n'a jamais vu le regard terrorisé de cet enfant
juif menacé par un soldat allemand durant la
Seconde Guerre mondiale ? Livres et manuels
d'histoire, magazines, couloirs du métro parisien,
documentaires télévisuels, œuvres d'art, sites
internet, jamais sans doute l'image de ce
garçonnet n'a été aussi présente qu'aujourd'hui. Et comme
beaucoup, je connais cette image ; je connais cet enfant...
des représentations plus ou moins stylisées du fameux portail
d'Auschwitz, l'image du petit garçon juif, plus ou moins retouchée
elle aussi, est devenue un signe métonymique particulièrement
efficace, capable de mobiliser notre savoir historique - souvent
incertain - et de ranimer la veilleuse de notre mémoire, parfois
vacillante...
Mais de quel témoignage cette image de l'enfant juif de Varsovie
est-elle véritablement la porteuse ? La passeuse ? Quelles sont
les réalités produites par les expositions successives de cette
image sans cesse recadrée ? Qu'est-ce que montrer cette imagelà veut dire en 1943 ? En 1960, en 1995, en 2007 ?
Cette image est un objet nomade qui
erre dans le champ mémoriel occidental
depuis plus de soixante ans. Aussi sa
présence dans l'espace public est-elle ici
Mais qu'est-ce que voir veut dire ?
appréhendée comme un phénomène
Quelle est la vérité de cette image ? Cette
dynamique, produit d'un jeu de forces
vérité est-elle une ou plurielle ? Sitôt que
sociales et sujet aux multiples pressions
les yeux se posent sur la couverture de
d'un environnement lui-même en
ce livre, sitôt qu'ils croisent ceux de ce
permanente mutation depuis la Seconde
petit garçon apeuré, un processus
Guerre mondiale, un environnement
singulier s'enclenche instantanément,
dans lequel les images de toutes sortes
presque mécaniquement, tel un réflexe.
ont en outre pris une place tout à fait
Voir cette image-là, tout au moins dans
inédite. À partir de quand, et par quel
nos sociétés occidentales, ce n'est pas cheminement cette image s'est-elle
ce n'est plus - seulement voir un
Quelle est la vérité de cette photo ?
imposée comme une icône de la Shoah
document photographique témoignant
? Tenter d'apporter des réponses à ces questions nécessite
de la destruction du ghetto juif de Varsovie et de ses habitants ;
l'exploration des conditions sociales, politiques et culturelles
plus ou moins pensées, les innombrables reproductions,
nécessaires à son avènement.
démultiplications et autres mises en scène de ce document depuis
la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont incontestablement
En creux, la question de l'invisibilité première de cette image
contribué à faire de ce dernier une icône de la Shoah. À l'instar
est évidemment posée ; mais au-delà, c'est
bien la mémoire et la conscience du
génocide au sein de nos sociétés, dans leurs
contemporanéités successives, c'est-à-dire
dans leurs fluctuations, mais aussi leurs
ruptures, voire leurs retournements, qui
sont interrogées, avec, pour finir et en
filigrane, la formulation d'une inquiétude :
la reproduction effrénée de cette icône ne
comporte-t-elle pas le risque de brouiller le
témoignage si essentiel du petit messager
de Varsovie ?
De vue.
(Copyright Editions du Seuil )
38 INFORMATION JUIVE décembre 2008
LIVRES
Quand Le Canard
traîne les pattes
U
tile et salubre ? Bien sûr
qu’il l’est. Nécessaire à
l’expression de la
démocratie ? Qui oserait
dire le contraire ? Une
institution ? On le
prétend ! Il frappe souvent fort ? Il peut
se le permettre avec la santé financière
insolente qui est la sienne : 90 millions
d’euros de réserve. Qui aujourd’hui, dans
le panorama de la presse française et la
crise sévère qu’elle traverse, peut en dire
autant ?
Mais de là à prétendre que Le canard
enchaîné – puisque c’est de lui qu’il s’agit
– a toujours été juste et équitable, il y a
du chemin. C’est en tout cas la question
que deux journalistes, Karl Laske du
journal Libération et Laurent Valdiguié
de Paris Match ont voulu traiter dans leur
livre « Le vrai Canard » ( Editions
Stock,22 euros). Et d’abord que ceux
parmi nos lecteurs ( il en existe ) qui
considèrent le journal satirique
d’aujourd’hui comme peu ou prou
antisémite sachent qu’ils disent une
énorme stupidité. Lecteur depuis des
décennies de l’hebdomadaire paraissant
le mercredi, on n’a en vérité jamais pu
surprendre le moindre de ses
collaborateurs en flagrant délit
d’antisémitisme ou de judéophobie,
même si on n’oublie pas – ce que
rappellent abondamment, au demeurant,
nos deux journalistes- enquêteurs – que
nombre de leurs collaborateurs, au
lendemain de la guerre, ont… collaboré
avec Vichy et parfois avec l’Allemagne
nazie.
Laske et Valdiguié rappellent que Le
Canard a, au cours de sa longue histoire,
« couvé plus de collaborateurs que de
héros » et que, dans ses colonnes, avant
guerre, on flirtait sournoisement avec
l’antisémitisme. Il y eut une époque où
Henri Jeanson y tenait chronique. Or, en
1956, « cette grande patte du Canard »
signe la préface d’un livre de Paul
Rassinier, fondateur en France du courant
négationniste. « J’aime beaucoup Paul
Rassinier » y écrit-il, et il s’en prend
avec violence aux « propriétaires d’écurie
de course, les Lazard,
les Worms, les Rothschild
». Et en septembre 1940,
quand il s’installe à la
direction du journal
Aujourd’hui, voici ce
qu’écrit
le
futur
collaborateur (et grande
gueule) du Canard
enchaîné : « Il ne suffit
pas de liquider les
hommes, (politiciens,
fonctionnaires, francs
maçons et ploutocrates
israélites ), il faut détruire
leur œuvre de mort pour
la nation laborieuse ».
Jeanson n’était pas le seul collaborateur
du nazisme qui se soit retrouvé dans la
confrérie du Canard. Robert Gaillard, le
père de Michel - l’actuel directeur - ne
devra qu’à une attestation signée par
François Mitterrand et affirmant que
l’homme « a toujours manifesté des
sentiments patriotiques indiscutables »
d’échapper au lendemain de la guerre à
la justice, alors qu’il avait collaboré, entre
autres, au journal antisémite Révolution
nationale.
Passons sur le cas de Morvan
Lebesque, égaré idéologiquement
pendant la guerre et revenu, à la
Libération, à des sentiments moins
ésident
François
Mitterrand
a
pu
entretenir durant des
années
avec
René
Bousquet,
Serge
Klarsfeld, quant à lui, dit
aux auteurs de cette
enquête que « ce dossier
n’a jamais intéressé les
gens du Canard ».
En revanche, il est
possible d’écrire ici que,
depuis des années, la
position du journal à
l’égard de l’Etat d’Israël
est
régulièrement
négative et critique.
Israël irrite ( enquiquine devrait-on dire
) sans doute les rédacteurs de la page 3
du journal. L’Etat d’Israël y est souvent
décrit comme le principal responsable
de tous les maux et de toutes les crises,
intifadas comprises, qui éclatent au
Proche Orient. Il est l’empêcheur de
pacifier en rond. On ne garde pas le
souvenir d’une seule chronique de
Claude Angéli ( qui, semble-t-il, a la
responsabilité de ce dossier au Canard)
dans laquelle il ait exprimé la moindre
compréhension pour l’Etat juif ou la
moindre compassion pour les victimes du
terrorisme qui le frappe. Est-ce parce
qu’Angéli a passé vingt ans dans le sérail
communiste et que « ses réflexes, ainsi
Il y a des dessinateurs que l'on vomit et que l'on tourne
en dérision et d'autres que l'on aime, quelles que soient
les débilités antisémites qu'ils puissent à l'occasion
proférer…
racistes ( c’est en tout cas le souvenir que
l’on garde de nombreuses conversations
avec lui) .
Mais aujourd’hui ? Michel Slitizky à
Bordeaux peut considérer que, dans
l’affaire Papon, le Canard a souvent traîné
les pattes et qu’il avait visiblement « des
ficelles qui le reliaient à l’Elysée ». Dans
l’affaire des relations que l’ancien pr
que l’écrivent les auteurs, sont militants
» ? Est-ce parce qu’il a longtemps
collaboré à Politique Hebdo, l’un des
hebdomadaires, de mémoire de
journaliste, les plus anti-israéliens en
France ? Michel Antoine Burnier a raison
d’écrire que « Le Canard enchaîné n’est
plus qu’une revue de presse malveillante
». C’est vrai qu’il a des indignations
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 39
LIVRES
sélectives. Il aime ou il n’aime pas. Et
quand il n’aime pas c’est pour longtemps.
Ainsi avez-vous récemment remarqué
« le silence assourdissant » qu’il a
religieusement observé dans ce que l’on
a appelé « l’affaire Siné » ? Il y a des
dessinateurs que l’on vomit et que l’on
tourne en dérision et d’autres que l’on
aime, quelles que soient les débilités
antisémites qu’ils puissent à l’occasion
proférer…
Reste le fait que Le Canard aime à
donner des leçons. A tout le monde, aux
individus, aux politiciens comme aux
Etats. Mais également à ses confrères. Il
se dit volontiers proche des petites gens
et des smicards. On peut se payer ce luxe,
on en conviendra, quand le salaire
mensuel d’un journaliste du Canard est
de 7.500 euros ( sur 18 mois ) et que celui
des rédacteurs en chefs et autres
dirigeants du journal atteint allègrement
les 20.000 euros. Qui a dit qu’il est des
gens qui parlent du coeur comme d’autres
parlent du nez ?
V.M
La Bible traduite et…trahie
OOO Pinchas Lapide, ancien diplomate
israélien et vulgarisateur de haut niveau
d'études bibliques, aborde une question capitale dans son livre La Bible est-elle correctement traduite ? (1). Cette question se pose
depuis toujours et les écueils d'un rendu
fidèle du texte hébraïque sont innombrables.
Les erreurs humaines tout d'abord. Au
Moyen Age, les scribes travaillaient sous la
dictée. Ils pouvaient aisément confondre un
mot avec un autre, à consonance voisine. La
main pouvait tracer une lettre à la place
d'une autre.
Lors de l'utilisation d'un passage de la
Bible hébraïque dans le Nouveau Testament,
les déformations théologiques sont classiques. Ainsi Matthieu cite un passage d'Isaïe
: "La jeune femme est devenue enceinte, elle
va mettre au monde un fils" (Is. 7.14). Or
l'évangéliste traduit : "Voici que la vierge
concevra et enfantera un fils" (Mt. 1.23).
Dans le texte hébraïque figure le mot alma
( jeune femme). Vierge se serait dit betoula.
D'autres substitutions de terminologie proviennent du fait que le vocabulaire biblique
hébreu ne comporte que 7.707 mots. Certains peuvent avoir des significations très
divergentes. Rouakh par exemple peut signifier respiration, vent, esprit, conscience…
Nefesh veut dire âme, respiration, vie, désir.
On conçoit que des confusions de sens en
ont résulté. Certaines sont évidemment plus
ou moins volontaires et tendancieuses.
Les déformations par traduction défectueuse engendrent des concepts erronés.
L'un des plus classiques est la traduction de
torah par loi. Il en découle une notion universelle de sévérité, de rigidité liée à la Bible
hébraïque et à la religion des juifs.
Mais Torah veut dire enseignement, indication. On voit la différence. La loi inflexible a jeté sur le texte fondamental des juifs
et sur le judaïsme une lumière négative.
Un autre exemple de déformation de la
signification exacte d'un mot est celui du
commandement " tu ne tueras point ", dans
l'acception courante. Or le verbe hébraïque
du texte biblique est ratzakh qui signifie
exclusivement "tuer en dehors de la loi", c'està-dire assassiner. La différence est énorme.
De même encore, la traduction prophète
pour navi a acclimaté l'idée selon laquelle
certains événements relatés dans le Nouveau Testament ont été prophétisés dans
l'Ancien. Or, les neviim ont exercé toutes sortes de fonctions dont musiciens, intercesseurs, guérisseurs etc… " à l'exception
remarquable de la prophétie au sens classique du mot :la prédiction de l'avenir ".
Quand ils parlaient du futur, ils ne le prédisaient jamais, mais énonçaient des alternatives qui mettaient leurs interlocuteurs et
lecteurs devant des choix moraux.
Une traduction française de cet ouvrage
serait la bienvenue.
Paul Giniewski
-(1) Pinchas Lapide. Ist Die Bibel richtig
Ubersetzt ? Güterslcher Verlagshaus. 2008.
EN BREF
Hachette Littératures réédite dans la
collection Pluriel " Les hommes de la Bible
", le livre du regretté André Chouraqui. Le
livre paraîtra en février 2009.
OOO
OOO Les enseignants de primaire recevront
bientôt un petit livret sur " la mémoire et
l'histoire de la Shoah à l'école " pôur mieux
enseigner ette page d'histoire. En
présentant ce livret au Mémorial de la
Shoah, le ministre Xavier Darcos a déclaré
: " Nous avons accompli une promesse de
Nicolas Sarkozy qui voulait que la
mémoire des enfants juifs de France soit
portée par les écoliers français. C'était
compliqué à faire mais nous sommes
parvenus à un document de qualité ".
L'Education nationale a pris soin dans
ce livret pédagogique ( réalisé par Mme
Hélène Waysborg -Loing, inspectrice
générale honoraire) , d'éviter ce qui pouvait
traumatiser des élèves de 10 ans. Il est
indiqué dans le livret: " La découverte de
40 INFORMATION JUIVE décembre 2008
l'extermination de masse à l'école primaire
ne présuppose pas la vision de documents
et la médiation par l'image de la
découverte de l'horreur des camps. Ces
images pourraient heurter de jeunes élèves
et affecter durablement leur sensibilité ".
Julie Maeck, docteur en histoire
contemporaine, publie chez Nouveau
Monde éditions " Montrer la Shoah à la
télévision. De 1960 à nos jours ". Pour cette
étude qui a fait l'objet de sa thèse, Mme
Maeck a parcouru les centres d'archives
OOO
de Bruxelles, Berlin, Stuttgart, Strasbourg,
Paris ainsi que celles de la chaîne Arte.
OOO Les éditions La Découverte annoncent
pour le début janvier la parution du Livre
du Souvenir (A la recherche d'une famille
juive décimée en Pologne ).L'auteur de ce
livre, Françoise Milewski est économiste
à l'Observatoire français des conjonctures
économiques et au centre de recherche
en économie de Sciences Po. Le livre
est préface par M.Théo Klein.
Communautés juives d'Algérie aujourd'hui disparues
Albert Bensoussan prépare la publication d'un ouvrage collectif qui sera publié en
Israël courant 2009 : " Les communautés juives d'Algérie... aujourd'hui disparues". De
précieux témoignages sont encore à recueillir. Appel est lancé à toute personne pouvant
apporter quelque témoignage sur l'une de ces communautés disparues d'Algérie, ainsi
que des photos, qui seraient reproduites dans cet ouvrage avec l'autorisation de leur
détenteur. Merci à tous ceux qui pourront l'entendre et l'aider. Il s'agit d'un devoir de
mémoire et d'une mitzva. (Albert Bensoussan, 49 rue Jean Guéhenno, 35700 Rennes,
[email protected])
CINÉMA
Le dilemme cornélien
d'un amoureux new-yorkais
PAR ELIE KORCHIA
Au cinéma, comme partout ailleurs, il
est toujours bon de se remémorer les sages
paroles des Anciens. Et de se rappeler ainsi
une vieille interview de Claude Sautet,
l'inoubliable et regretté réalisateur des
Choses de la vie, au cours de laquelle il
expliquait à son interlocuteur que la
principale qualité d'un metteur en scène
consistait selon lui à savoir instaurer un "
climat " particulier dans chacune de ses
oeuvres.
Un Joaquin Phoenix qui porte ce nouvel
opus de bout en bout et nous transporte ici
avec un certain génie d'acteur, alors même
que nous sommes pourtant à mille lieues
de son précédent personnage de
flamboyant patron d'une boite de nuit
contrôlée par la mafia russe, qui devait
choisir son camp et se trouvait tiraillé entre
ses dangereux amis et son père policier.
Et James Gray de revenir sur ses thèmes
de prédilection, avec toujours à l'idée la
même antinomie entre la loi du désir et le
sens du devoir et ce, à l'intérieur d'une
nouvelle famille juive originaire d'Europe
de l'est. Avec aussi une esthétique toujours
impeccablement soignée et un rythme
toujours aussi soutenu, qui donne
d'ailleurs souvent des allures de thriller à
cette fable tendrement cruelle sur l'amour
contrarié.
Une leçon de cinéma que semble avoir
aujourd'hui parfaitement intégrée James
Gray, réalisateur américain prodige de 38
ans, qui nous livre dans son dernier film
une bouleversante et envoûtante tragicomédie romantique, au climat toujours
aussi singulier et à l'atmosphère tout
simplement unique.
En effet, s'il était à craindre une baisse
de régime de ce surdoué de la pellicule,
avec ce mélodrame a priori fort convenu
autour d'un homme dont le cœur balance
entre deux femmes, force est de constater
que James Gray confirme une nouvelle
fois toute l'étendue de son talent et
continue avec succès de creuser le sillon
de ce qu'il convient d'ores et déjà d'appeler
une œuvre, transformant un banal conte
amoureux en une tragédie shakespearienne sur le thème revisité de la
destinée sentimentale.
Ainsi, près de 15 ans après Little Odessa,
son premier film réalisé à l'âge de 24 ans
sur le thème des racines du crime dans le
milieu new-yorkais, le lauréat du Lion
d'argent au festival de Venise (1994) nous
revient avec un drame existentiel doublé
d'une crise identitaire et aborde, dans le
même climat fiévreux et ténébreux qui le
caractérise, les racines mystérieuses et
insondables de l'amour.
La continuité dans le changement en
somme pour ce metteur en scène au sens
du scénario aiguisé et à la direction
d'acteurs inspirée, qui peut se féliciter
d'avoir su renouer pour la troisième fois
consécutive avec le fascinant Joaquin
Phoenix, son alter ego devant la caméra,
qu'il avait déjà dirigé dans The Yards
(2000) et qu'il avait retrouvé dans son
troisième film, La nuit nous appartient,
présenté l'an passé au festival de Cannes
et accueilli avec le même enthousiasme
par la critique et le public.
Un homme sous influence, comme
aurait dit Cassavettes, qui va subir de plein
fouet l'inextricable contradiction entre
l'amour-raison que représente Sandra
(même milieu social, même éducation,
même religion) et l'amour-passion que
symbolise Michelle, perdant rapidement
pied dans ce trop subtil jeu de l'amour et
du hasard.
Démarrant sur les chapeaux de roues,
avec une nouvelle scène d'ouverture
sidérante dont il a le secret, ce nouveau
cru de James Gray nous conte l'histoire
de Léonard Kraditor, jeune juif newyorkais de 30 ans, qui souffre de troubles
bipolaires et a du retourner vivre chez ses
parents à la suite d'une douloureuse
séparation amoureuse dont il a du mal à
se remettre et dont il porte d'ailleurs les
stigmates aux poignets.
Pour le tirer de sa mélancolie, ses
parents (interprétés par la grande Isabella
Rosselini et l'acteur culte israélien Moni
Moshonov) ont la bonne idée de lui
présenter la fille du futur associé de son
père, la douce et gracieuse Sandra
Cohen, qui représente à l'évidence la
garantie d'un mariage heureux et
prometteur. Mais dans le même temps,
Léonard fait la connaissance de sa
nouvelle voisine, la belle et blonde
Michelle (Gwineth Paltrow) dont il tombe
follement amoureux, alors même que
celle-ci est empêtrée jusqu'au cou dans
une relation adultère complexe et
ambiguë avec un homme marié.
Que ce soit dans l'univers du polar ou
dans celui du mélo, ce fan de Visconti et
d'Alfred Hitchcock (dont plusieurs
références à Vertigo et à Fenêtres sur cour
jalonnent Two lovers) donne donc à
nouveau une dimension de tragédie
grecque à ce récit d'un cœur en hiver,
notamment à travers l'influence cruciale
de la famille qui pèse sur son anti-héros,
à l'image des précédents personnages de
flics ou voyous aperçus dans The Yards ou
La nuit nous appartient.
Car loin du monde idéal rêvé par
Sandra, dont le film de chevet est La
mélodie du bonheur, Léonard Kraditor se
révèle à nous comme un personnage en
quête d'un amour absolu et impossible,
torturé par une passion inaccessible et
tourmenté par un conflit intérieur qui est
en passe de le dévorer.
Mais comme il serait bien dommage
d'en dire plus sur le déroulement et l'issue
de cette romance new-yorkaise désenchantée, au cours de laquelle James Gray
utilise par ailleurs avec une certaine magie
- et à trois reprises - la technique du
regard-caméra afin de renforcer encore
plus la complicité entre les interprètes et
le spectateur, nous ne pouvons que vous
conseiller de découvrir en salle cette
œuvre tour à tour crépusculaire et
éblouissante, d'un artiste passionnant qui
s'inspire tout à la fois de Woody Allen et
de Dostoievski.
INFORMATION JUIVE Décembre 2008 41
COURRIER
Chers amis d'Information juive. je veux
vous dire l'immense plaisir que j'ai eu à lire
votre dernier numéro. J'ai été enchanté par
l'entretien avec Jean d'Ormesson et très
intéressé par celui - non signé - que vous a
accordé le directeur de Charlie Hebdo
M. Philippe Val àl'occasion de la sortie de
son livre " Reviens Voltaire, ils sont devenus
fous ".
J'observe d'ailleurs que dans l'édito qu'il
publie dans le numéro de son journal daté
du 3 décembre, M.Val relève les propos que
Pasacal Boniface aurait tenus lors du Salon
du livre d'Alger. Voici ce qu'écrit M.Val : "
En compagnie d'Alain Finkielkraut et de
Bernard-Henri Lévy, je serais à la tête d'un
lobby juif qui, en France, empêche les
tribunaux de sanctionner les insultes aux
musulmans et qui fait condamner les
propos antisémites. De plus, le but de ce
lobby, dont je serais l'un des trois leaders,
serait de salir l'islam. Boniface nie avoir tenu
de tels propos. En attendant, ils circulent
dans la presse arabe, et outre qu'ils relèvent
du complotisme et de l'antisémitisme
primaires, ils menacent notre sécurité
personnelle en nous désignant à la colère
des musulmans. C'est pourquoi j'attends
avec impatience que Pascal Boniface exige
un droit de réponse et assigne les journaux
algériens qui ont rapporté ces propos ".
M.Philippe Benguigui, président de
l'Association Zakhor pour la Mémoire a
reçu des mains de Me Serge Klarsfeld les
insignes de chevalier dans l'ordre national
du Mérite. La cérémonie s'est déroulée dans
les salons du Palais des Rois de Majorque
à Perpignan.
publier l’ensemble des poèmes de Vigée
sous le titre “Mon heure sur la terre”.
M. Val est assurément un homme
sympathique mais je crains qu'il ne se fasse
beaucoup d'illusions. Mon sentiment est
qu'il risque d'attendre longtemps que
M.Boniface fasse une telle démarche.
Maurice Hazan -Courriel
CARNET
Bar Mitsva
OOO Raphaël, le fils de nos amis Linda et
Michel Boussidan a célébré sa bar mitsva
le jeudi 27 novembre à la synagogue de
l'Ecole normale israélite orientale à Paris .
Nous lui présentons ainsi qu'à ses grands
parents, ses parents et à ses sœurs Joanna
et Dalia nos très chaleureuses félicitations.
Distinctions
OOO Notre ami le scénariste et réalisateur
du film Shoah, Claude Lanzmann a été fait
grand officier de l'Ordre national du Mérite
pour son engagement fidèle au service de
la France.
Nous lui présentons nos très sincères
félicitations.
OOO
OOO Nicole Guedj, Vice-Président du
Consistoire de Paris, a été élevée au rang
d'Officier dans l'Ordre National du Mérite,
par le Président de la République, le 12
novembre 2008. Nicolas Sarkozy a fait
l'éloge de l'ancien ministre, rappelant
notamment la politique qu'elle a initiée au
service des victimes et des plus démunis.
Nous présentons à Mme Guedj nos plus
sincères félicitations.
Prix
OOO La Fondation du judaïsme
français a remis le Prix
Mémoire de la Shoah pour
l’année 2008 à l’historien
Georges Benoussan. A cette
occasion, Mme Annette
Becker,
professeur
à
l’université Paris X a présenté
les travaux de M.Bensoussan.
Né au Maroc, Georges
Benoussan a rappelé le propos
de l’historien Simon Doubnov
qui, au ghetto de Riga, avant
son assassinat en 1941,
déclarait : “Frères juifs, écrivez,
écrivez…”
OOO La bourse Goncourt de la
poésie 2008 a été attribuée à
l’écrivain Claude Vigée pour
l’ensemble de son œuvre.
Rappelons que les éditions
Galaade (108 rue Damrémont
75018 Paris) viennent de
42 INFORMATION JUIVE décembre 2008
Michaël Iancu, directeur de
l’Institut Maïmonide, maître de
conférences à l’Université de Cluj, vient
de recevoir le «Prix 2008 du livre
d’Histoire et de recherches juives,
mention “jeune écrivain”», pour son
ouvrage : Vichy et les Juifs - l’exemple
de l’Hérault (1940-1944), paru aux
Presses universitaires de la Méditerranée
(PULM), Montpellier, 2007, 445 p.,
Collection Sem- Etudes juives et
hébraïques n°14.
OOO
Par ailleurs, son père, Carol IANCU,
professeur d’Histoire contemporaine à
l’Université Paul Valéry, président de
l’Amitié judéo-chrétienne, section Jules
Isaac de Montpellier, a reçu le «Prix 2008
de l’Association des écrivains israéliens
de langue roumaine», pour son ouvrage
Alexandre Safran, Une vie de combat,
un faisceau de lumière (Montpellier,
PULM, 2007, 318 p.), paru en traduction
roumaine : Alexandru Safran, O viata
de lupta, o raza de lumina (Bucarest,
2008, 392 p.). Le même ouvrage a obtenu
le «Prix 2008 de la Fédération des
communautés juives de Roumanie».
Nécrologie
OOO M. Jacques Lévy
qui fut directeur général de l’Alliance
israélite universelle de 1981 à 1097 est
décédé le 21 novembre dernier. Il avait
été également président des Eclaireurs
et éclaireuses israélites de France.
M.Lévy était chevalier de la Légion
d’honneur.
Nous présentons à sa famille nos très
sincères condoléances.
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