SYNTHÈSE Med Pal 2002; 1: 19-34 © Masson, Paris, 2002, Tous droits réservés Prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs : privilégier un traitement étiologique Sarah Dauchy, Institut Gustave - Roussy, Villejuif, Claire Chauffour-Ader, Hôpital Joseph Ducuing, Toulouse. Summary Résumé Management of anxiety in palliative care patients: a plea for etiological treatment Anxiety, a common condition in palliative care patients, is not always pathological and generally poorly assessed. The difficulty in identifying anxiety, and thus in treating it, results from the intricate intertwining of the somatopsychic symptoms, sometimes leading to misdiagnosis or over-medication. The goal is to attenuate patient suffering and its impact on qualityof-life. “Zero psycological distress” is not a realistic objective for the terminally ill. When the pathological nature of anxiety is recognized, the first diagnostic step is to assess the course and duration of the symptoms. First intention therapy should rely on non-drug options. This implies full team work including all care givers. Drug prescriptions are only warranted when the intensity of anxiety or associated psychiatric disorders are clearly pathological. Benzodiazepines, neuroleptics and antidipressors may be useful. Care must be taken to achieve adequate assessment of anxiety symptoms using standardized and validated tools. Les symptômes anxieux sont fréquents en Soins Palliatifs, pas toujours pathologiques, et généralement mal évalués. Difficiles à identifier et donc à traiter, du fait de l’intrication somatopsychique des symptômes, ils peuvent conduire soit à une attitude de banalisation soit à une surmédicalisation. Le but de leur prise en charge est d’en atténuer le vécu pénible ou le retentissement sur la qualité de vie du patient. « Détresse psychologique zéro » ne peut être un objectif réaliste en fin de vie. Lorsque le caractère pathologique de l’anxiété est avéré, l’évaluation de la chronologie et de la durée d’évolution des symptômes constitue la première étape diagnostique. Les approches non pharmacologiques sont à la base de la prise en charge de l’anxiété ; elles impliquent tous les soignants, même non spécialistes, dans leur prise en charge d’équipe ou leur relation individuelle avec le patient. Les prescriptions ne sont justifiées que lorsque l’anxiété revêt un caractère pathologique, du fait de son intensité ou des pathologies psychiatriques auxquelles elle est associée. L’arsenal thérapeutique est représenté par les benzodiazépines, les neuroleptiques et les antidépresseurs. Des efforts doivent être engagés pour une meilleure évaluation des symptômes anxieux, en particulier grâce à des outils standardisés et validés. Key-words: palliative care, anxiety. Mots clés : Soins palliatifs, anxiété. Dauchy S, Chauffour-Ader C. Prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs : Adresse pour la correspondance : privilégier un traitement étiologique. Med Pal 2002; 1: 19-34 Claire Chauffour-Ader, Unité de soins palliatifs, Hôpital Joseph Ducuing, 15, rue de Varsovie, 31076 Toulouse Cedex 3. L’ identification et le soulagement des symptômes psychologiques en soins palliatifs font partie intégrante des objectifs de prise en charge globale du patient. Dans cette population, les symptômes anxieux sont fréquents. Cette fréquence est néanmoins difficile à préciser selon que l’on considère les symptômes anxieux d’origine organique, les symptômes anxieux éventuellement associés à une autre pathologie, comme un trouble de l’humeur, ou les troubles anxieux isolés (ces derniers étant évalués entre 4 et 14 %, selon les études) [1]. Cependant, malgré la fréquence de ces troubles, leur Médecine palliative 19 prise en charge en pratique se heurte à des difficultés tant diagnostiques que thérapeutiques, et à l'absence de références consensuelles. La présence au premier plan de symptômes physiques bruyants peut faire passer à l'arrière-plan l'évaluation psychologique, et le risque est la méconnaissance ou la banalisation du trouble anxieux, qui sera sous-évalué, sous-traité, jusqu'à ce qu'une exacerbation brutale vienne plonger patient, entourage et médecin dans une situation d'urgence et de crise [2]. Lorsque le diagnostic peut être fait, le traitement symptomatique qu'est la prescription d'anxiolyti- N° 1 – Octobre 2002 Prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs : privilégier un traitement étiologique SYNTHÈSE ques est commun [3], mais ne va pas sans poser des problèmes de tolérance, notamment cognitive, chez des patients déjà polytraités. La méconnaissance des moyens d'évaluation et de prise en charge des troubles anxieux participe certainement à ces difficultés. Le retentissement de ces troubles est pourtant potentiellement majeur : on sait que la présence d’une détresse psychologique est associée à une moins bonne qualité de vie du patient, à des scores douloureux plus élevés, des effets indésirables médicamenteux plus fréquents, des durées d'hospitalisation plus longues [4]. Nous proposons de faire le point, en soins palliatifs, sur la présentation de ces troubles, les méthodes d'évaluation et les possibilités thérapeutiques actuelles. Des diagnostics multiples patient pour que celui-ci demande une aide, ou devenir assez symptomatique pour qu'une évaluation et éventuellement un traitement soient proposés. On voit combien, dans la définition du symptôme anxieux lui-même, les contours sont imprécis. Il est plus pertinent de retenir les notions d'intensité, de souffrance ressentie par le patient, d'interférence avec la vie relationnelle ou avec l’acceptation des soins, pour définir le caractère pathologique du trouble, en sachant qu'il s'agit d'un processus dynamique et évolutif : une anxiété adaptative, sans grand retentissement cognitif ou affectif, peut devenir pathologique à la faveur d'un stress physique (douleur, majoration d'une dyspnée...) ou psychique (hospitalisation, changement de référent...). L'importance d'une approche étiologique du symptôme, et la nécessité d'une évaluation précise, éventuellement quantitative, trouvent ici une de leurs premières justifications. Anxiété normale ou pathologique La peur de la maladie, de la souffrance et de la mort chez un patient atteint de maladie incurable est une peur commune. Il s'agit donc d'une émotion fréquente et, dans ce contexte, compréhensible. Jusqu'où doit-on la considérer comme normale ? A partir de quand parle-ton d'anxiété, et plus encore d'anxiété pathologique ? Quelques définitions sont nécessaires. La peur peut être définie comme une émotion physiologique, signal de danger, issue de la confrontation avec un danger réel, précis et objectif [5]. L'anxiété est le sentiment pénible d'attente d'un danger imprécis, une crainte plus floue et sans objet précis. La distinction entre peur et anxiété est parfois malaisée et peu nette, en particulier dans le contexte des soins palliatifs. La définition de l'angoisse n'est guère plus précise ; le terme emprunte au champ du somatique et désigne théoriquement une anxiété intense avec manifestations somatiques (cardiaques, respiratoires...). La distinction entre anxiété et angoisse est surtout francophone et les deux termes sont actuellement utilisés indifféremment. En pratique, on parle habituellement d'anxiété lorsque la traduction émotionnelle ou cognitive de la situation vécue par le patient devient pénible, éprouvante ou paralysante dans sa vie quotidienne. Cette anxiété n'est pas forcément considérée comme pathologique au sens où elle peut être adaptative, transitoire et finalement gérable chez un patient confronté à la souffrance et à la mort. Si elle dure, si elle met en péril les liens sociaux ou familiaux, voire la relation aux soins, elle devient maladaptative et plus franchement pathologique. En revanche, dans l'une ou l'autre de ces situations, elle peut être perçue comme suffisamment désagréable par le Médecine palliative 20 Manifestations évocatrices d’anxiété [2] Il peut s'agit d'une attitude psychique, ou d'un contenu cognitif : – hyperattention, hypervigilance ; – anticipation dramatisée des événements futurs ; – verbalisation d'une peur excessive (examens, hospitalisation), avec réassurance difficile ; – sentiment de tension intérieure ; – difficulté à faire un choix, à prendre une décision ; – irritabilité, distractibilité ; – troubles du sommeil (retard d'endormissement, mais aussi réveils anxieux, plutôt en première partie de nuit). Il peut également s'agir de manifestations somatiques : – respiratoires : sensation de constriction, d'oppression thoracique, gêne respiratoire, accès de toux, polypnée ; – cardio-vasculaires : palpitations, lipothymies, tachycardie, douleur thoracique atypique ; – neuromusculaires : crampes, tremblements, agitation motrice, paresthésies, acouphènes, sensations vertigineuses... ; – digestives : spasmes pharyngés, nausées, spasmes coliques ; – neurovégétatives : sueurs, sécheresse buccale ; – majoration d'une plainte douloureuse préexistante, ou modification inexpliquée de la symptomatologie douloureuse. L’anxiété fait partie des traductions émotionnelles et comportementales de la douleur, et peut parfois en être un symptôme majeur chez un patient peu communicant. Ces différentes manifestations sont souvent liées. Le contenu cognitif à type de crainte est en général présent, quoique parfois non verbalisé spontanément par le N° 1 – Octobre 2002 SYNTHÈSE Sarah Dauchy, Claire Chauffour-Ader patient. Il peut cependant être absent, lorsque la répression émotionnelle est particulièrement forte, ou dans certains contextes culturels, en particulier chez le patient de sexe masculin. La crainte peut aussi être attribuée faussement à une éventuelle pathologie somatique : le patient explicite son anxiété par la crainte que les manifestations somatiques d’angoisse signent une authentique pathologie organique. C'est donc lorsque les symptômes anxieux deviennent une souffrance pour le patient ou son entourage qu'on parle d'anxiété pathologique. Il importe alors que la réponse ne soit pas uniquement symptomatique, et qu’on s’attache à en déterminer l’étiologie. L’ordre choisi pour aborder ces différentes causes possibles des symptômes anxieux n’est pas celui de leur fréquence mais celui de la démarche diagnostique. Anxiété symptôme d'un trouble organique L'anxiété peut faire partie du cortège symptomatique d'une pathologie organique. Elle sera d'autant moins facile à diagnostiquer que les capacités de communication seront diminuées. Le tableau est celui d'une angoisse aiguë, de survenue récente, chez un sujet sans antécédent psychiatrique particulier ni facteur de stress récent. Le diagnostic est orienté par l'anamnèse, et peut souvent se suffire d'une clinique simple. En sus des usuelles constantes hémodynamiques et respiratoires, on recherchera en priorité une douleur non ou insuffisamment contrôlée, et un syndrome confusionnel. La douleur mal contrôlée est une des principales causes d’anxiété [6]. La douleur sera chez le patient d'autant plus anxiogène que la signification qui lui est associée est anxiogène (douleur rapportée directement à l'extension d'une pathologie cancéreuse par exemple), ou que l'information du patient sur les ressources thérapeutiques antalgiques est faible : patient convaincu qu'il ne tolère pas les opiacés par exemple, ou qu'il a épuisé tout espoir de soulagement de sa douleur. Dans une étude portant sur des patients souffrant d’une douleur liée à un cancer du poumon en stade IV [7], l’intensité douloureuse est corrélée avec le score d’anxiété, lui-même d’autant plus élevé que le patient ne se sent pas capable de contrôler sa douleur ou pense qu’elle ne peut pas diminuer. L'anxiété elle-même, qui peut préexister à la douleur, est source d'une majoration de la perception douloureuse, mais cette hypothèse d'une majoration de la perception douloureuse par l'anxiété ne doit évidemment ni retarder ni diminuer le traitement antalgique. C'est l'association à un traitement anxiolytique, et l'encouragement à la verbalisation de l'anxiété, qui permettra de faire le diagnostic. La fréquence des troubles cognitifs et des syndromes confusionnels augmente considérablement en fin de vie Med Pal 2002; 1: 19-34 © Masson, Paris, 2002, Tous droits réservés (jusqu'à 85 % en fonction des critères retenus pour le diagnostic) [8]. L'anxiété est en général présente dans les phases d'amélioration cognitive partielle, qui permettent au patient de percevoir le trouble mais avec une trace mnésique incomplète qui le laisse perplexe et anxieux. Le plus souvent le diagnostic se fait lors de l'entretien libre avec le patient, qui doit permettre d'apprécier les capacités mnésiques rétrogrades et antérogrades ainsi que l'orientation (date, lieu, nom du président, des familiers, rappel de mots simples). Les troubles phasiques, les troubles de la vigilance et du jugement sont en général rapidement mis en évidence lorsqu'ils sont présents et que le patient peut s'exprimer. L’interrogatoire de l’entourage (familial ou soignant) est toujours utile. Il est capital pour le diagnostic chez les patients peu ou non communicants, et dans les syndromes confusionnels. Certains symptômes anxieux ont une origine iatrogène. La notion de modification récente du traitement orientera vers cette hypothèse. Certains médicaments sont classiquement responsables (corticoïdes par exemple, surtout à l’initiation du traitement). Il faut rester vigilant lorsque le patient reçoit des médicaments récents, certains effets psychiques n’étant pas forcément connus. Un sevrage brutal, volontaire ou fortuit, d'un médicament anxiolytique peut aussi être un élément favorisant, notamment si cette interruption est contemporaine d’une diminution du traitement antalgique [3]. Les symptômes d’anxiété au sevrage d’un médicament psychotrope peuvent parfois, en cas de demi-vie longue et de métabolisme ralenti, apparaître plusieurs jours après l'arrêt du traitement. L’anxiété des classiques tableaux cardio-respiratoires (embolies pulmonaires, insuffisance coronarienne, pneumothorax, asthme, hémorragies internes), neurologiques (tumeurs cérébrales..) ou métaboliques (hypoglycémies, hypercalcémies…) est rarement un symptôme isolé. Lorsque la pathologie sous-jacente n’est pas contrôlable par le traitement chez un patient en fin de vie, la prise en charge de ces symptômes anxieux peut être extrêmement complexe (dyspnée progressive de l’insuffisance respiratoire terminale par exemple). Le premier piège du symptôme anxieux est donc une pathologie organique sous-jacente. Mais le risque est aussi inverse : une anxiété non organique survenant chez un sujet hospitalisé en milieu hautement technique risque beaucoup plus d’être médicalisée d’emblée que si elle survient dans un milieu non médicalisé. Dans le premier cas, le réflexe de prescription d’examens complémentaires risque fort de faire passer la parole et le soutien du patient à l’arrière-plan. Les investigations organiques doivent rester raisonnables et raisonnées, et le praticien disponible pour l’échange. 21 www.e2med.com/mp SYNTHÈSE Prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs : privilégier un traitement étiologique Symptôme anxieux d'origine psychique anxiété chronique s'accompagne souvent d'une alcoolisation ou d'une dépendance médicamenteuse, dans un but anxiolytique. La modification de ces habitudes toxiques L'anxiété est un symptôme associé à une très forte par la force des choses en fin de vie vient majorer encore comorbidité psychiatrique [5]. Le traitement du symp- le trouble anxieux préexistant, et laisse encore plus tôme anxieux passe par le traitement de la pathologie démuni le patient confronté à l’angoisse de la mort. sous-jacente ou associée. Les symptômes anxieux sont fréquents dans les syndromes dépressifs. Il existe pour Anxiété isolée Le plus fréquemment il s'agit d'un trouble de l'adapcertaines pathologies des recoupements de critères diagnostiques (dépressions agitées et anxieuses par exem- tation avec humeur anxieuse. Ces troubles désignent les ple). D’autre part, la probabilité de comorbidité des symptômes psychiques traduisant le débordement des troubles est parfois très élevée : la prévalence vie entière capacités adaptatives du patient, en lien causal avec un d’un épisode dépressif majeur est par exemple de 73 % ou plusieurs évènements déclenchants et théoriquement pour les patients présentant un trouble anxieux généra- régressifs à l'arrêt de celui ou de ceux-ci (ce critère étant lisé. La recherche d'un syndrome dépressif est donc sys- en général absent chez le patient en fin de vie). Les tématique devant un trouble anxieux. En fin de vie le symptômes doivent être présents depuis plus de deux diagnostic de dépression est cependant souvent malaisé. semaines et moins de six mois. Les troubles de l'adaptaLes symptômes somatiques de la dépression (asthénie, tion sont de plusieurs types (avec humeur anxieuse, avec anorexie, apragmatisme...) sont plus difficilement inter- humeur dépressive, avec humeur dépressive et anxieuse, prétables. L'expression d'éléments cognitifs dépressifs avec trouble des conduites) [10]. Cette distinction en évocateurs (douleur morale, perte de plaisir, culpabilité..) sous-types, qui ne correspond pas à des traitements ou peut être rendue difficile par le ralentissement psychique des potentialités évolutives précises, n'est peut-être pas de la dépression majeure. Il faut donc rechercher active- très pertinente chez le patient en fin de vie. On retrouve ment ces éléments symptomatiques. L'existence d'anté- ces troubles de l’adaptation chez en moyenne un patient sur trois, tous troubles de l'adaptation confondus. La cédents dépressifs peut orienter le diagnostic. Un traitement d'épreuve peut parfois seul permettre présence d'un trouble de l'adaptation chez un patient hospitalisé est associée à une durée d'hospitalisation plus un diagnostic rétrospectif. L'existence d'idées obsédantes ou de compulsions longue, à de moins bons scores fonctionnels, à des scores (rituels de vérifications, de lavage, de rangement...) chez douloureux plus élevés. Lorsque le délai écoulé depuis l'apparition des sympun sujet souvent méticuleux, rigide, inhibé, peut orienter vers le diagnostic de trouble obsessionnel compulsif. tômes d'anxiété est de quelques jours seulement, et ne L'anxiété en est rarement absente, d'autant plus que la permet pas de porter le diagnostic de trouble de l'adapfin de vie s'accompagne en règle de multiples change- tation, il peut s'agir d'une réaction anxieuse simple. Plus ments (hospitalisation, changements d'équipe, handicaps qu'un débordement des capacités d'adaptation du sujet, physiques...) souvent mal tolérés par un patient ritualisé. il s'agit de la traduction émotionnelle et cognitive Le traitement médicamenteux spécifique par inhibiteurs intense et gênante d'un conflit interne (prise de consde la recapture de la sérotonine est remarquablement cience de l'aggravation somatique par exemple) ou externe (conflit familial, changement de lieu ou d'équipe efficace. L'anxiété est en général également présente chez les soignante...). La question de l’information délivrée au patients souffrant de psychose, qu'il s'agisse d'une patient et perçue par lui est ici capitale. Le problème est pathologie chronique ou aiguë. Compte-tenu de l'âge finalement rarement celui de la réaction anxieuse catasd'apparition des troubles psychotiques, il est rare que la trophique à une mauvaise nouvelle. Cette situation pathologie mentale ne soit pas déjà connue lorsque le existe, mais pose moins de problème que lorsque le patient arrive en fin de vie à un âge avancé, en dehors patient, qu’on a voulu protéger, est mal informé : se crée des troubles psychotiques secondaires à une pathologie alors un clivage entre lui et les soignants, voire entre lui organique. Mais chez un patient plus jeune le diagnostic et sa famille si celle-ci a été informée et pas lui. L’anxiété n'est pas exclu. Cependant il s'agit d'une comorbidité qui en résulte, liée aux problèmes de communication, à rare, accompagnée de symptômes psychotiques évoca- l’incompréhension, à la perte de confiance, ne trouvera teurs sauf en cas de grande méfiance, de grande réti- souvent son soulagement dans le respect de la déontolocence, ou encore lorsque la communication est gie que lorsque la réalité de la situation aura pu être abordée clairement avec le patient. physiquement impossible. Ces réactions anxieuses simples sont fréquentes. La Des symptômes anxieux sont présents chez 25 à 50 % [9] des patients alcoolo-dépendants. Par ailleurs une verbalisation de son anxiété par le patient est capitale, Anxiété symptôme d'un autre trouble psychiatrique Médecine palliative 22 N° 1 – Octobre 2002 SYNTHÈSE Sarah Dauchy, Claire Chauffour-Ader mais parfois difficile chez certains, de par leur personnalité ou leur état somatique. Ces situations ne devraient pas en première intention relever d'un traitement anxiolytique, et sont les plus sensibles à l’échange, au soutien relationnel et affectif, à l’information Une grande crise anxieuse aiguë, à début brutal, qui dure de quelques minutes à quelques heures et s'associe à d'importants symptômes somatiques et à un contenu cognitif à thème catastrophique (conviction de mort imminente, peur de perdre la tête...), doit faire évoquer le diagnostic d'attaque de panique. Il n'existe souvent pas de facteur déclenchant immédiat. Ce diagnostic est difficile parfois à établir chez le patient en fin de vie puisque tant les symptômes somatiques que l’angoisse de mort imminente trouvent un enracinement dans la situation réelle du patient. Les attaques de panique peuvent s'associer à un trouble phobique préexistant, mais peuvent aussi être inaugurales y compris à un âge avancé de la vie. Elles sont nocturnes dans 15 à 30 % des cas, ce qui chez un patient en soins palliatifs peut à tort faire évoquer des cauchemars ou des phases confusionnelles nocturnes. Le diagnostic de ces pathologies est d'autant plus important que le risque de récidive est élevé et qu'elles sont associées à un risque suicidaire 10 fois supérieur à celui de la population générale. L'utilisation chronique des anxiolytiques est à éviter chez ces patients, qui relèvent de la prescription de certains traitements antidépresseurs. L'association entre la dyspnée des cancers primitifs du poumon et les attaques de panique est statistiquement établie [11]. Le trouble panique est fréquemment associé à des symptômes phobiques : peur notamment d’être enfermé ou claustrophobie (chambre d’hôpital, examens radiologiques…), peur de certains gestes techniques. Lorsque l’évitement de la situation phobogène est impossible, l’angoisse du patient peut être majeure. Une anxiété aiguë apparue à la suite d'un évènement traumatique majeur déclenchant doit faire évoquer un syndrome de stress post-traumatique. Les crises anxieuses itératives s'accompagnent d'une reviviscence du traumatisme, de phénomènes de flashs, de cauchemars stéréotypés également centrés sur l'évènement traumatique. Le patient présente souvent un état d’inhibition anxieuse. Ces troubles apparaissent en règle après un intervalle libre de quelques heures à quelques semaines, et font suite à un évènement brutal vécu comme extrêmement menaçant par le patient. Ces syndromes de stress peuvent faire suite à des décompensations somatiques majeures brutales. Ils répondent quand elle est possible à une prise en charge psychothérapeutique spécialisée, qui permettra l'élaboration psychique du traumatisme. Med Pal 2002; 1: 19-34 © Masson, Paris, 2002, Tous droits réservés L'anxiété aiguë associée à un événement déclenchant peut aussi correspondre à une anxiété anticipatoire : l'évènement, souvent un acte thérapeutique ou diagnostique, n'a pas le caractère traumatisant et déstructurant du traumatisme initial des syndromes de stress posttraumatique, mais sa proximité s'accompagne d'une réactivation anxieuse pénible pour le patient, qui majore encore la mauvaise tolérance de l'acte. L'anxiété anticipatoire, a fortiori chez un patient phobique, peut entraîner une mauvaise compliance par évitement de la situation anxiogène, voire une rupture de soins en l’absence de prise en charge adaptée. Une anxiété chronique évoluant depuis plus de six mois fera évoquer le diagnostic de trouble anxieux généralisé. Ce trouble peut s’accompagner d’une attention particulière et morbide à l'état somatique. Cette attention peut se focaliser sur des symptômes somatiques existants, en les majorant, en compliquant leur présentation clinique ; elle peut également être centrée sur les symptômes physiques de l'anxiété elle-même, comme par exemple dans les dyspnées psychogènes. Cette pathologie répond non pas aux seuls tranquillisants mais à certains antidépresseurs et à une prise en charge psychothérapeutique adaptée. Anxiété de l'entourage ou des soignants Il n'est pas rare que l'anxiété initialement adaptative et bien tolérée d'un patient soit majorée par la décompensation d'un ou plusieurs des membres de son entourage qui en assurent le support. Il est par exemple établi que le stress émotionnel de l'entourage d'un patient douloureux est supérieur à celui de l'entourage d'un patient peu ou pas douloureux [12]. Chez un patient dépendant, l'humeur anxieuse ou dépressive de celui dont il dépend quotidiennement peut majorer en cascade sa propre détresse émotionnelle. De même, l'état de stress du personnel soignant, notamment pour les professionnels intervenant seuls au domicile, dépend de l'état du patient, en particulier de la présence d'une douleur mal contrôlée. Le passage d'une anxiété simple à un trouble de l'adaptation peut dépendre de la capacité ou de l'incapacité temporaire parfois d'une équipe à permettre au patient l'expression et la validation émotionnelle suffisante pour maintenir sa stabilité psychique. Outils d'évaluation des troubles anxieux Intérêt Le diagnostic des troubles anxieux est d’autant plus difficile que les intervenants spécialisés, psychologues ou 23 www.e2med.com/mp Prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs : privilégier un traitement étiologique SYNTHÈSE psychiatres, auprès des patients en fin de vie sont encore souvent peu disponibles. Le risque de diagnostics méconnus et d'absence de prise en charge a été souligné à plusieurs reprises [13]. L'utilisation d'instruments de mesure et d'aide au diagnostic est donc recommandée non seulement en recherche mais en pratique courante. Ces outils peuvent être basés sur l’autoévaluation ou sur l’hétéroévaluation. L’autoévaluation, qui réduit la subjectivité de l’observateur, est recherchée en priorité. Il est démontré pour certaines échelles que l’autoévaluation par le patient de ses troubles est plus efficace et pertinente que l’évaluation, avec ou sans échelles, par un médecin ou une infirmière [14]. Cependant les échelles d'autoévaluation les plus utilisées ne mesurent pas spécifiquement l'anxiété ; il s'agit le plus souvent de mesures globales de stress psychologique, intégrées dans des échelles de symptômes ou de qualité de vie (version à 12 items du General Health Questionnaire, Rotterdam Symptom Check List) ou de mesures conjointes de l'anxiété et de la dépression (Hospital Anxiety and Depression Scale). Les échelles plus spécifiques de l’anxiété sont peu utilisées en pratique de soins (State Trait Anxiety Inventory de Spielberger, échelle brève d’anxiété de Tyrer par exemple). Leur intérêt est plus la possibilité d’évaluations quantitatives et qualitatives fines et répétables dans le domaine de la recherche. Acceptabilité et validité Les quelques échelles d’autoévaluation qui peuvent offrir un intérêt pour la pratique quotidienne ont été largement validées dans des populations de patients atteints de maladie somatique et hospitalisés, ainsi qu’en soins palliatifs [15]. Dans le screening des troubles dépressifs l'échelle HAD, y compris dans son sousscore d'évaluation de l'anxiété, apparaît plus performante que le GHQ-12 [13], et plus pertinente que le RSCL et le GHQ 48 dans un échantillon de patients atteints de cancer en phase avancée [16]. L’acceptabilité est de près de 100 % des patients interrogés dans la majorité des études concernant des patients hospitalisés [14], mais diminue en phase palliative avancée en raison de la grande asthénie et de la fréquence des troubles cognitifs. Elle est à 66 % dans l'étude de Strömgren [17], malgré la présentation conjointe de plusieurs questionnaires, que la majeure partie des patients remplit sans aide extérieure, et de 50 % de l’ensemble des patients admis en Unité de Soins Palliatifs dans l'étude de Le Fevre [13]. L’HADS (Hospital Anxiety and Depression Scale) Nous avons choisi de retenir l’échelle HAD [18] comme exemple d’une échelle d’autoévaluation de symp- Médecine palliative 24 tômes anxieux et dépressifs. Elle comporte 14 questions (7 concernant l’anxiété, 7 la dépression) dont la réponse varie de 0 à 3. Le score total est la somme des deux sousscores, calculés en additionnant les réponses. Certaines des nombreuses expériences de screening utilisant cette échelle se sont basées sur ce calcul des sous-scores, en utilisant les recommandations des auteurs de l’échelle [18] : le trouble est considéré comme absent si le score est à 7 ou en dessous, douteux s’il est entre 8 et 10, probable à partir de 11. Lorsqu’on quantifie ainsi la présence de symptômes anxieux dans une population de patients, on retrouve des chiffres variant entre 10 et 30 % (33 % des patients atteints de cancer en phase avancée ont un score d’HAD-anxiété supérieur à 11 dans l’étude de Hopwood [1], 13 % dans l’étude de Aass [19]). Ces chiffres sont supérieurs à la prévalence des troubles anxieux habituellement retrouvée dans ce type de population. Cela n’est pas surprenant puisqu’on a vu qu’un certain nombre de symptômes anxieux appartenait en fait à d’autres regroupements syndromiques. D’autres équipes ont utilisé l’échelle comme un outil de screening de la détresse psychologique, en retenant une valeur seuil de score total significative. En fonction du type de population, du mode d’évaluation psychiatrique (différents types d’entretiens standardisés) et de la classification diagnostique psychiatrique retenue (intégrant ou non les troubles de l’adaptation par exemple) les valeurs seuils correspondant à une sensibilité et une spécificité optimales sont variables (en général entre 11 et 19, voire 20 en phase terminale, pour le score total [17]. Mais ces études se sont essentiellement intéressées au screening des troubles dépressifs et non des troubles anxieux [4]. Il est donc difficile d’extrapoler ces valeurs à l’aide au diagnostic des troubles anxieux. Les caractéristiques de l’échelle sur une population de patients en fin de vie ont été étudiées. La comparaison entre différentes populations de patients évalués par l’HADS permet de confirmer sa stabilité malgré des facteurs événementiels ou situationnels récents, comme l’admission en milieu hospitalier, le stade d’évolution de la maladie cancéreuse, la proximité de la fin de vie, qui en soi ne sont pas associés à des scores significativement très différents. En revanche la baisse du fonctionnement physique et social du patient et la présence d’une douleur chronique sont associés à des scores d’anxiété plus élevés. L’asthénie est, elle, associée à des scores de dépression plus élevés. L’existence de scores globalement plus élevés en phase palliative, si elle traduit une détresse psychologique plus importante, paraît plus à rapporter à la dégradation et aux symptômes physiques qu’à la proximité de la fin de la vie. Les scores d’anxiété sont en règle plus élevés chez la femme, mais significativement N° 1 – Octobre 2002 SYNTHÈSE Sarah Dauchy, Claire Chauffour-Ader plus bas chez des patients de moins de 30 ans ou de plus de 70 ans. Il est possible de répéter les évaluations par l’échelle HAD jusqu’à une fois par semaine. Dans cette même perspective d’évaluation dynamique, il est possible de mesurer l’efficacité des traitements mis en route par les variations des scores. Les échelles en pratique Comment s’aider en pratique d’outils pour le diagnostic des troubles anxieux ? La carence en échelles de mesure spécifiques de l’anxiété utilisables en pratique quotidienne n’est ni une surprise ni un handicap, puisqu’on a vu combien le symptôme anxieux lui-même manquait de spécificité. Dans ce contexte, il est cohérent de chercher d’abord à détecter globalement la souffrance psychologique, par son expression sous forme de symptômes anxieux ou dépressifs. Il est donc recommandé d’utiliser ces échelles dans un but de screening et non comme instrument diagnostique spécifique, afin d’orienter au mieux les patients dépistés sur une évaluation psychologique ou psychiatrique. La valeur-seuil retenue pour l’orientation des patients dépendra du type de pathologie recherchée (syndromes dépressifs, ou symptômes anxieux et dépressifs), ainsi que, de façon plus pragmatique, de la disponibilité de ces moyens de support psychologiques spécialisés. Il est donc possible d’utiliser ces outils dans un but de mesure quantitative et évolutive des symptômes de détresse psychologique des patients. L’évaluation conjointe systématique de la douleur est très fortement recommandée [6]. Prise en charge Principes généraux L'anxiolyse selon la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (SFAP), se définit comme l'apaisement de l'anxiété et doit être distinguée de la sédation. Nous avons soulevé le fait que ce symptôme recouvre des réalités cliniques très différentes. Le traitement des symptômes anxieux chez les patients relevant de soins palliatifs doit intégrer de nombreux critères. Ceux-ci concernent le patient lui-même et la symptomatologie anxieuse, l'environnement de soins dans lequel il évolue (domicile, hôpital) et la famille ou les accompagnants qui l'entourent. De façon générale, dans le contexte des soins palliatifs, une approche globale doit être envisagée qui associe des mesures pharmacologiques et non pharmacologiques. Le choix des unes et des autres est justifié par une analyse synthétique de la situation rencontrée. Ces patients sont généralement complexes et Med Pal 2002; 1: 19-34 © Masson, Paris, 2002, Tous droits réservés présentent une association de symptômes intriqués. Il est nécessaire de hiérarchiser les priorités thérapeutiques et de se fixer des objectifs dans le temps. Les troubles anxieux peuvent se présenter comme une urgence thérapeutique (la crise d’angoisse, l’attaque de panique, les syndromes de sevrage) ou comme des troubles chroniques. Les principes généraux de traitement peuvent être résumés ainsi d’après les recommandations admises dans la littérature [20] et d’après l’expérience : – évaluation des différentes étiologies possibles du symptôme ; – individualisation des prescriptions (les doses optimales ne sont pas connues à l’avance) avec systématisation des traitements en cas de symptôme chronique, et prescription à la demande (anticipée) notée pour faire face à une recrudescence de la symptomatologie ; – maintien de l’autonomie des patients et de leurs facultés relationnelles ; – respect du principe de titration (« start low, go slow ») : recherche de la plus petite dose efficace générant le moins d’effets secondaires possibles. Les sensibilités individuelles sont très variables et de ce fait nous ne mentionnerons pas de dose idéale pour les traitements. Il faut garder en mémoire le principe selon lequel l’inefficacité d’un produit ne peut être décrétée qu’après prise des doses maximales tolérables de ce médicament ; – surveillance de l’efficacité : elle est optimale lorsque les traitements sont prescrits de façon hiérarchisée ; – évaluation des effets secondaires ; – utilisation de la voie d’administration la plus adaptée, en ayant le souci de la simplicité et de la simplification (pas de multiplication des modalités de prise, comme PO+SC+IV...). (L’intérêt de la voie IM en soins palliatifs mérite d’être évaluée, car elle est agressive) ; – réflexion sur l’opportunité des interventions non pharmacologiques et leur place dans la stratégie thérapeutique ; – explications aux patients et aux familles ; – réévaluation fréquente des prescriptions. Les traitements pharmacologiques Ils reposent sur l’utilisation appropriée des classes thérapeutiques spécifiques suivantes : les anxiolytiques (benzodiazépiniques et non benzodiazépiniques), les neuroleptiques, les anti-dépresseurs. Peuvent être considérés comme « co-anxiolytiques », tous les traitements qui agissent sur l’anxiété de façon non spécifique mais étiologique : les antalgiques, les traitements à visée eupnéisante, les culots globulaires, les hypocalcémiants. Les morphiniques occupent une place particulièrement importante car, à côté de leur efficacité antalgique, ils permettent de réduire l’anxiété associée aux situations de détresse respiratoire, par diminution de la gêne subjective [3]. 25 www.e2med.com/mp Prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs : privilégier un traitement étiologique SYNTHÈSE Les anxiolytiques débilités. Cependant, ils comportent un risque accru sur les traitements à demi vie longue d’insomnie matinale, de rebond d’anxiété diurne (effets fin de dose), d’amnésie et de risque de syndrome de sevrage. Si des accès anxieux sont constatés, il faut augmenter la fréquence de prises de ces molécules ou passer à des molécules à longue demi-vie d’élimination. Nous n’aborderons pas l’utilisation du midazolam largement décrite par ailleurs et prescrit avec une intention de sédation plus que d’anxiolyse compte-tenu de ses propriétés pharmacocinétiques. L’efficacité de l’Alprazolam a été évaluée dans le traitement de l’anxiété et de la dépression chez des patients cancéreux présentant des troubles de l’adaptation à la dose de 0,5mg 3 fois par jour avec une amélioration plus rapide des troubles qu’avec la relaxation [22]. Le lorazépam, l’oxazépam et le témazépam doivent être préférentiellement utilisés en cas d’atteinte hépatique [21] ; le métabolisme des premiers ne produit pas de métabolite actif. Le clonazépam qui possède une demi vie longue (32 à 38 h) est particulièrement utile dans les états anxieux associées à des pathologies cérébrales avec comitialité ou à des douleurs neuropathiques. Les benzodiazépines existent sous forme orale et pour certaines d’entre elles sous forme injectable IV, IM (diazépam, clonazépam). Les voie sous-cutanée ou intra-rectale sont utiles lorsque les prises orales sont compromises et qu’il n’existe pas d’abord veineux. L’administration par voie sous-cutanée pour ces produits se fait hors AMM et Tableau I : Anxiolytiques benzodiazépiniques et non benzo- semble irritante. L’usage consacre cette pratique avec un diazépiniques. postulat qui fait de la voie sous-cutanée une voie royale Table I: Benzodiazepinic and non benzodiazepinic anxiolytics. en soins palliatifs. Là encore une évaluation stricte est nécessaire et des critères décisionnels de pose de voie SC Benzodiazépines versus IV demandent à être codifiés. La pharmacocinétique des produits par voie SC n’est par ailleurs bien connue DemiMolécules Mode de prise Nombre que pour la morphine et l’hydromorphone [23]. vie de prises Une alternative réside dans l'administration par voie rectale. D’après la revue sur les thérapeutiques injectacp Oxazépam 10h bles par voie rectale [24], D.Warren mentionne l’utilisa2à3 cp Alprazolam 12h tion à visée anxiolytique du diazépam et du lorazépam 1à3 cp Lorazépam 12h (ce dernier n'est pas commercialisé sous forme injectable 1à3 cp Bromazépam 20h en France) habituellement utilisés pour traiter les crises 2à3 cp - gouttes Diazépam 32h convulsives. Le pic plasmatique est atteint en moins de gél – cp Clorazépate 40h 20 minutes à la posologie de 0.5 mg/kg pour le diazépam IV - IM dipotassique (potentiellement irritant pour la muqueuse rectale et donc non utilisable au long cours). Non Benzodiazépines Les principes généraux concernant la voie rectale peuvent être portés à la réflexion. Elle est non invasive ce qui en constitue l’avantage principal. Sur le plan pra3 4à8h Buspirone cp tique, il importe de connaître les recommandations 6à8h Hydroxyzine cp – sirop – IM générales suivantes : – IV – s’assurer de l’hydratation du produit ; s’il s’agit d’un cp – amp 2à4 Méprobamate comprimé, il doit être dissous dans 10 ml d’eau tiède ; Les anxiolytiques benzodiazépiniques Ils comprennent des tranquillisants, des hypnotiques et sont fréquemment prescrits en cancérologie [21]. Ils partagent une action anxiolytique, myorelaxante, anticonvulsivante, sédative et amnésiante. Ils peuvent (rarement) induire des réactions paradoxales associant excitation, irritabilité voire agressivité, confusion, cauchemars (particulièrement chez les patients âgés). Leur prise au long cours expose à un risque de dépendance qui doit dans le contexte des soins palliatifs être relativisé ; dans l’étude du rapport bénéfice/risque qui préside à la prescription, et compte-tenu de l’espérance de vie limitée de ces patients, ce risque ne doit pas constituer un frein à la prescription. La crainte par ailleurs de générer une dépression respiratoire ne contre-indique pas dans ce contexte de soins la prescription, à condition que les traitements, plutôt à demi vie brève, soient prescrits à dose progressivement croissante. La ventilation du patient doit être étroitement surveillée en cas d’association à des morphiniques (dépression des centres respiratoires et diminution de réflexe de toux, avec risque d’encombrement) ou à d’autres traitements dépresseurs du système nerveux central. Ils sont classés en fonction de leur demi-vie d’élimination (tableau I). Les produits à demi-vie courte semblent généralement préférables car ils permettent d’éviter les risques d’accumulation chez les patients Médecine palliative 26 N° 1 – Octobre 2002 SYNTHÈSE Sarah Dauchy, Claire Chauffour-Ader – n’introduire que des volumes inférieurs à 60-80 ml pour diminuer les risques d’expulsion spontanée ; – insérer les traitements à une distance suffisante de la marge anale (longueur d’un doigt) pour que l’absorption principale puisse se faire par veine rectale supérieure et atteindre ainsi rapidement la circulation portale ; – les comprimés à dissolution en milieu acide ne peuvent pas être utilisés en intra-rectal, milieu alcalin. Par ailleurs, elle comporte des inconvénients et des limites d’utilisation : le caractère potentiellement désagréable de la manœuvre pour le patient ou les soignants ; la constipation, fréquente dans ce contexte de soins, les risques d’irritation ou de saignement rectal, le risque d’expulsion du produit en cas de défécation consécutive à son introduction. L’absorption peut-être limitée par la faible surface d’absorption que peut représenter le rectum surtout en présence de matières. Enfin il n’est pas possible d’extrapoler ces résultats aux stomies digestives en raison d’un effet de premier passage différent. Le recours à la voie rectale quoique potentiellement intéressant dans le traitement des troubles anxieux n’a pas été évalué. Les effets secondaires des benzodiazépines doivent être connus : fatigue, sédation, sensations ébrieuses, dysarthrie, troubles de la coordination, faiblesse musculaire. Ces traitements sont susceptibles d’aggraver un syndrome confusionnel. Ils font par ailleurs l’objet d’une tolérance qui oblige à adapter les posologies dans le temps. Des interactions sont possibles avec quelques traitements fréquemment utilisés en soins palliatifs comme les anticonvulsivants, certains antibiotiques et antifongiques (macrolides, ciprofloxacine, kétoconazole), les antidépresseurs imipraminiques ou sérotoninergiques, les antiacides et certains analgésiques (morphiniques, dextropropoxyphène, fentanyl et salycilés). Il importe de vérifier ces interactions avant toute prescription. Comme le soulignent F. Stiefel et al. [21], les problèmes liés aux benzodiazépines ne tiennent pas tant aux risques de sevrage, interactions,… qu’à la facilité avec laquelle elles peuvent être prescrites, permettant au thérapeute de faire l’économie d’une relation approfondie avec le patient. Les Anxiolytiques non benzodiazépiniques Ils appartiennent à des familles chimiques différentes et possèdent des caractéristiques et effets secondaires propres. On trouve peu de références à leur utilisation en soins palliatifs ; nous mentionnons quelques points de repère. • L’hydroxyzine L’hydroxyzine possède à la fois des propriétés antihistaminiques, anxiolytiques et antalgiques modérées et des propriétés sédatives importantes. Med Pal 2002; 1: 19-34 © Masson, Paris, 2002, Tous droits réservés Une dose de 100mg d’hydroxyzine par voie parentérale équivaut à 8 mg de morphine et potentialise les effets de la morphine [3]. Elle peut donc jouer un rôle dans le traitement de l’anxiété chez les patients douloureux. Son efficacité comme anxiolytique semble cependant peu documentée. Les effets secondaires atropiniques doivent être connus, en particulier en cas d’association à des molécules qui possèdent déjà des effets anticholinergiques. Elle existe sous forme orale et injectable IM ou IV lente. Il n’existe pas de contrindication en cas de pathologie respiratoire associée. Elle peut être utile si le patient anxieux présente également un prurit. • La buspirone Elle est caractérisée par un délai d’efficacité retardé par rapport aux benzodiazépines, de l’ordre de 1 à 3 semaines, l’absence de sédation et d’amnésie. En raison précisément du fait qu’il ne s’agit pas d’une benzodiazépine, il n’existe pas de risque de sevrage à l’arrêt du traitement. En revanche le prescripteur doit garder présent à l’esprit ce risque lors d’un passage d’une benzodiazépine à de la buspirone, ce qui n’est certainement qu’une recommandation de principe puisque ce n’est pas une pratique usuelle en soins palliatifs. L’utilisation de cette molécule en soins palliatifs pourrait se justifier auprès de patients atteints de pathologies respiratoires chroniques où elle semble améliorer la tolérance de la dyspnée [25]. Ces résultats issus d’une étude en double aveugle randomisés n’ont pas été confirmés par d’autres études. • Les Carbamates et barbituriques Ils possèdent un rapport bénéfice/risque inférieur à celui des benzodiazépines puisque leur efficacité est comparable, leurs effets secondaires sont équivalents (sédation, amnésie, dépendance) avec un risque de toxicité aiguë supérieur. Ils sont inducteurs enzymatiques pour certains enzymes hépatiques. Ils sont rarement utiles ; éventuellement si une sédation est recherchée. Les neuroleptiques Ils sont qualifiés de tranquillisants majeurs. Leur efficacité anxiolytique est liée à certaines de leurs propriétés : la création d’un état d’indifférence psychomotrice, l’efficacité vis-à-vis des états d’excitation et d’agitation. La réduction progressive des troubles psychotiques aigus et chroniques participe indirectement aux effets anxiolytiques. Ainsi, les effets anxiolytiques sont-ils complexes car définis comme l’action contre l’angoisse psychotique et plus particulièrement contre certaines de ses manifestations (agitation, excitation) et cela par une activité spécifique ( la création d’un état d’indifférence) qui va au-delà de la disparition de l’anxiété [26]. Il semble que le terme de sédation soit plus pertinent que celui d’anxiolyse pour 27 www.e2med.com/mp Prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs : privilégier un traitement étiologique SYNTHÈSE caractériser les rapports existant entre neuroleptiques et anxiété. Ces effets concernent les molécules dites sédatives telles que la lévomépromazine, la chlorpromazine, la loxapine, la thioridazine et l’halopéridol. Les propriétés pharmacologiques de l’halopéridol, ses multiples modalités d’administration en font une molécule sûre d’utilisation au rapport bénéfice/risque avantageux qui évite en particulier une sédation excessive. Ses principales caractéristiques sont résumées dans le tableau II. Les effets secondaires principaux des neuroleptiques sédatifs sont neurovégétatifs (hypotension, tachycardie), neurologiques avec les dyskinésies précoces et tardives (effets extra-pyramidaux). Les effets anticholinergiques (rétention urinaire, constipation, troubles de la vue et hyposialie) sont moins importants. Des cas de sécrétion inappropriée d’ADH, de photosensibilisation, de rash cutanés ont été rapportés. Il existe également un risque de syndrome malin (rare et qui impose l’arrêt des traitements) associant hyperthermie, rigidité extra-pyramidale, sueurs profuses, troubles tensionnels, cardiaques et respiratoires, altération de la conscience et anomalies hydroélectrolytiques. Bien que l’évaluation du risque de survenue de ces effets soit difficile, il faut être particulièrement vigilant lors de l’association de ces produits à des anti-émétiques. Leur métabolisme fait appel au cytochrome P450 ce qui peut générer des interactions avec des médicaments fréquemment prescrits en soins palliatifs (antidépresseurs, antalgiques, antiépileptiques) [27]. Leur utilisation comme anxiolytiques semble justifiée dans les indications suivantes : inefficacité des benzodiazépines, anxiété associée au délire ou aux hallucinations, risque de dépression respiratoire sous benzodiazépine [27]. Pour certains de ces traitements, les voies d’administration sont multiples (PO, IM, IV, SC ) et permettent pour un même produit des passages de l’une à l’autre en fonction des circonstances. L’effet anxiolytique semble obtenu à des doses faibles, bien inférieures à celles responsables de l’effet anti-psychotique. Les antidépresseurs (ATD) (tableau III) Ils sont classés en fonction de leur mode d’action. Les imipraminiques sont les plus anciens. Tableau II : Halopéridol. Table II: Haloperidol. Biodisponibilité : Orale 60 % Parentérale 100 % (la dose parentérale doit représenter entre la moitié et les deux tiers de la dose orale) Absorption : Orale – pic sérique entre 4 et 6 h Intramusculaire – pic sérique entre 20 et 40 mn Intraveineuse – pic sérique entre 2 et 20 mn Demi-vie : 16 h (quelle que soit la voie d’administration) Administration : Orale –doses fractionnées Rectale – équivalente à la dose orale Sous-cutanée Intraveineuse – action rapide (à raison d’1mg/mn), répéter après 30 mn si besoin jusqu’au contrôle Posologie : Equilibrer la dose en fonction du comportement Effets indésirables : Syndrome extrapyramidal (parkinsonisme, akathisie, crises oculogyres) – rare si voie parentérale – traiter avec anticholinergique, benzodiazéines et/ou une réduction de la dose Sédation (rare) Hypotension orthostatique (rare) Anticholinergique (rare) Médecine palliative 28 N° 1 – Octobre 2002 SYNTHÈSE Sarah Dauchy, Claire Chauffour-Ader Tableau III : Antidépresseurs. Table III: Antidepressants. Molécules Mode de prise Nombre de prises Antidépresseurs Imipraminiques sédatifs Amitriptyline Doxépine cp – gouttes - amp cp – gouttes – amp Trimipramine cp – sol. Buvable 1à3 1 à 3 prises 2 –3 injections 1 à 3 le soir Antidépresseurs Imipraminiques intermédiaires Clomipramine cp – amp 1à3 Antidépresseurs Serotoninergiques Purs Fluoxétine Fluvoxamine Paroxétine Sertraline Citalopram 1 le matin 1 le soir 1 le matin 1 1 gél – sol. buvable cp cp – susp. buvable gél cp – soluté buvable amp Antidépresseur Divers Venlafaxine Miansérine cp gél cp 2 à 3 aux repas 1 au repas 1 à 2 le soir Les imipraminiques Ils comptent des molécules sédatives et anxiolytiques comme l’amitriptyline, et la trimipramine (cette dernière étant considérée comme la plus sédative des imipraminiques) et des molécules dites d’activité intermédiaire comme l’imipramine ou la chlomipramine. Les effets secondaires les plus gênants dans le contexte des soins palliatifs sont les effets atropiniques (bouche sèche, tachycardie, constipation, rétention urinaire) et l'hypotension orthostatique que peuvent aussi générer les différentes thérapeutiques antalgiques, psychotropes prescrites en même temps. Ces effets secondaires peuvent altérer la qualité de vie du patient. La sécheresse buccale peut aggraver une mucite en favorisant les surinfections et majorer des difficultés de communication. Le ralentissement du transit intestinal, banal au stade d’une constipation qui répond bien aux traitements laxatifs, devient un effet secondaire majeur lorsque survient une subocclusion. La prise de morphiniques Med Pal 2002; 1: 19-34 © Masson, Paris, 2002, Tous droits réservés concomitante majore ces risques. L’arrêt brutal d’un traitement antidépresseur peut être à l’origine d’un syndrome de sevrage associant anxiété, recrudescence des troubles de l’humeur, troubles neurovégétatifs. Les modes d’administration autorisent des prises PO, IM, IV mais pas SC. Les posologies indiquées pour débuter le traitement et minimiser les effets adverses sont de l’ordre par exemple de 5 mg d’amitriptyline au coucher (forme goutte). Les paliers d’augmentation de dose de 5 mg en 5 mg sont admis dans la pratique sans avoir fait l’objet d’une évaluation stricte comparée à des paliers plus importants. L’efficacité anxiolytique pourrait précéder l’action thymo-analeptique (début d’effet inférieur à 10 jours) et apparaît pour des doses inférieures aux doses anti-dépressives. Ils constituent un traitement efficace de l’anxiété associée à une symptomatologie dépressive qui doit rester modérée. Devant un syndrome dépressif majeur, des doses plus élevées, au moins 75 mg, sont requises ; se pose alors la question de la tolérance. Le rôle antalgique que peuvent jouer l’amitryptiline et la clomipramine leur confère une place intéressante dans le traitement de patients généralement algiques dans le contexte des soins palliatifs. Les Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) Les Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) tels que la paroxétine, fluoxétine, sertraline, citalopram ont un profil efficacité/effets secondaires bénéfique. Quelques particularités les distinguent : la fluoxétine a une demi vie d’élimination longue (2 à 4 jours), est anorexigène et produit un métabolite actif (demi vie de 7 à 14 jours), ce qui en limite l’utilisation en soins palliatifs. La dégradation du citalopram et de la sertraline produit des métabolites intermédiaires peu actifs ; il existe peu d’interactions médicamenteuses. La paroxétine ne compte pas de métabolite actif et peut de ce fait occasionner un syndrome de sevrage franc à l’arrêt des prises. Ils sont rarement responsables d’hypotension, de rétention urinaire et de sédation. Leurs effets secondaires sont modérés : majoration de la motilité digestive, nausées, vomissements, insomnie, anxiété et agitation qui peuvent survenir en début de traitement. Les interactions de la fluoxétine et de la paroxétine avec les neuroleptiques, le tramadol et les amphétamines (risque de syndrome sérotoninergique avec stupeur, rigidité et hyperthermie), les anti-histaminiques doivent être connus. L’efficacité du citalopram et de la paroxétine dans les attaques de panique d’une part et l’efficacité de la fluoxétine, de la paroxétine et de la sertraline dans le traitement des troubles obsessionnels compulsifs d’autre part, sont équivalentes à celles de la clomipra- 29 www.e2med.com/mp SYNTHÈSE Prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs : privilégier un traitement étiologique mine. Cependant, d’après une étude [28] évaluant la tolérance des ISRS versus tricycliques dans le traitement de la dépression, il semble que les ISRS aient été moins bien tolérés, pour un coût supérieur, ce qui mérite réflexion et doit inciter à la prudence malgré une apparente facilité d’utilisation. Les antidépresseurs divers (noradrénergiques et sérotoninergiques) Nous citerons la venlafaxine qui semble présenter le plus petit risque d’interactions médiacamenteuses [29] mais possède des effets secondaires proches des ATD de type ISRS. Elle semble posséder une efficacité antalgique. Les effets secondaires à type d’excitation et d’agitation peuvent se rencontrer chez des sujets sensibles. Elle est indiquée à la dose de 75 mg/j dans les syndromes d’anxiété généralisée de plus de 6 mois mais n’a pas fait l’objet d’études dans le milieu des soins palliatifs. La miansérine présente un rapport bénéfice/risque intéressant par l’absence d’effet anticholinergique et vasculaire. Elle ne fait pas l’objet d’interactions médicamenteuses en association à des neuroleptiques ou des anxiolytiques. Elle présente un risque d’agranulocytose exceptionnel, mais qui doit être connu. Les antidépresseurs de type IMAO Ils sont peu utilisés dans le contexte des soins palliatifs, en raison d’un rapport bénéfice/risque peu favorable. Ils ne sont pas prescrits en 1ère intention. Ils peuvent éventuellement être poursuivis, en cas de prise antérieure, du moins pour les IMAO de seconde génération, dans le respect des contrindications [30]. tuel constitue une part essentielle de la prise en charge de l’angoisse existentielle. Techniques non directives Soutien thérapeutique non spécialisé Qualités d’une équipe Une bonne cohésion d'équipe, composée de soignants cherchant à atteindre des objectifs définis en commun et dans le respect des fonctions de chacun, constitue un préalable favorable à la prise en charge de tout patient et particulièrement du patient anxieux, réactif à son environnement. Des mesures telles que des informations concernant les soins et les objectifs thérapeutiques (pour des patients demandeurs) ou la prise en compte de l'avis du patient dans la prise de décision sont de nature à prévenir et à diminuer l'anxiété réactionnelle. Un climat de tension dans une équipe et le propre degré d'anxiété des soignants sont susceptibles de générer ou de majorer l'anxiété des patients vulnérables que sont les patients incurables. Des soignants mal informés et donc peu enclins à partager les informations avec un patient seront difficilement à même de créer un climat de confiance. Ceci se vérifie dans la pratique avec des patients qui ne manquent pas de souligner à quel point c'est rassurant d'être entouré de soignants « disponibles », « détendus », « à l’écoute » qui forment « vraiment » une équipe et travaillent dans la continuité. À l'inverse, un traitement approprié de l'anxiété des patients permettra aux soignants de travailler dans plus de sérénité. Les thérapies interpersonnelles ou dites de soutien par le conseil Il s'agit de l'écoute, de l’aide à la verbalisation permettant l'expression des émotions par une démarche empathique, toute attitude exigeante en temps et sur le plan humain... Le terme de « conseil » fait aussi référence à une forme de thérapie décrite par Rogers où l'accent est mis sur le besoin de créer un certain « recul » pour que les émotions en rapport avec la maladie et la mort puissent se dire. Cette approche « Rogerienne » a été évaluée dans le contexte de la pratique générale et ne semble pas meilleure en terme de résultats que la prise en charge non spécifique des généralistes, en l’absence de pathologie psychiatrique sous-jacente [31]. Ces constatations posent la question de la justification du recours au spécialiste, puisqu’une démarche généraliste semble produire d’aussi bons résultats. La disponibilité temporelle et émotionnelle en sont peut-être la clef. Les traitements non pharmacologiques Ils comportent des approches très différentes s'adressant tant à la dimension psychique que physique de l'anxiété, du patient, de la famille et de l’équipe. Leur classification s'avère complexe sur le plan conceptuel et il est probable que bien souvent, les outils psychothérapeutiques utilisés en pratique soient atypiques car issus de notions empruntées aux différentes méthodes existantes, adaptées aux connaissances, aux goûts et à la formation des soignants... Les études permettant d’évaluer l'intérêt respectif de chaque type de psychothérapie dans la prise en charge des troubles anxieux en soins palliatifs sont rares. Ces approches psychothérapeutiques vont des simples informations fournies aux patients aux techniques les plus sophistiquées mises en œuvre par des praticiens spécialisés et peuvent être classées pour plus de simplicité en techniques non directives, directives, corpoLa psychothérapie analytique relles. Aux confins de la prise en charge médicale et Cette technique dans sa définition formelle ne peut paramédicale, mais dans le souci de la reconnaissance des limites des techniques médicales, le soutien spiri- se concevoir dans le contexte d’une prise en charge pal- Médecine palliative 30 N° 1 – Octobre 2002 SYNTHÈSE Sarah Dauchy, Claire Chauffour-Ader liative. Cependant, l’écoute d’inspiration analytique, même sous forme d’intervention ponctuelle, peut être d’un grand bénéfice pour le patient, qui de par sa proximité avec la mort, se trouve dans un moment particulièrement propice. Cette écoute est très répandue dans les services de soins palliatifs. On ne peut que regretter que sa structure se prête mal à l’évaluation, ce qui rend difficile la comparaison en terme d’efficacité avec les autres techniques. Le soutien spirituel Il constitue un aspect important de la prise en charge de l'anxiété du patient en soins palliatifs. La part existentielle de la peur que les patients éprouvent dans la proximité de la mort et de ce qui advient après, les conduit à un questionnement de nature spirituelle. Celui-ci ne revêt pas seulement un aspect religieux, bien que très souvent confié aux représentants du culte. Il peut être tentant pour les soignants de considérer ces questionnements comme des problèmes à résoudre « de foi à foi »... Sans dénier l'importance de l'accompagnement religieux à ce moment-là, la spiritualité ne peut être exclusivement réservée à des spécialistes ou des experts. Notre implication en tant que soignant est souvent vivement sollicitée dans des moments de détresse. Le patient en appelle alors à notre humanité, car par essence nous partageons avec lui ce questionnement. Cependant il est établi que les soignants, quoique confrontés quotidiennement aux questions existentielles, connaissent mal le langage de la réflexion philosophique et métaphysique [32]. Réfléchir à la formation des soignants dans ce domaine s'impose. Les thérapies directives Ces dernières cachent plus de 75 techniques différentes, dont les techniques d'imagerie mentale, de pensée positive, de biofeedback, de relaxation, de techniques distractives. Elles permettent aux patients de développer des stratégies adaptatives et sont évaluées sur la disparition du symptôme. Elles visent à modifier à la fois les systèmes de pensée et les comportements des patients et attribuent un rôle actif à la fois au thérapeute et au patient. Le thérapeute doit aider le patient à acquérir de nouvelles façons de percevoir, d'interpréter, de ressentir et d'agir pour finalement faire face aux situations anxiogènes de façon autonome. Ces thérapies nécessitent un apprentissage destiné à améliorer l'habileté à se gérer soi-même et à interagir avec autrui. Leur efficacité est validée dans différents contextes : dans la population générale pour le traitement de l'anxiété généralisée [33, 34] ; en milieu onco-psychologique avec le traitement de l’anxiété et de la dépression chez des patientes atteintes de formes peu évoluées de cancer du sein [22] Med Pal 2002; 1: 19-34 © Masson, Paris, 2002, Tous droits réservés et en soins palliatifs avec la technique de résolution de problèmes [35]. Ces résultats semblent encourageants. Ils ouvrent la voie à une étude plus ambitieuse randomisée, contrôlée. Les psychothérapies de relaxation Elles se définissent comme toute technique s'exerçant sur le tonus musculaire et visant à son relâchement et prennent de multiples formes [36]. Elles permettent d'agir sur les tensions rencontrées dans l'anxiété et génératrices de douleurs, de tremblements, d'agitation, de céphalées. Dans le domaine de la cancérologie ces techniques ont été évaluées et montrent une baisse significative des scores aux échelles d'anxiété et de dépression auprès de femmes ne présentant pas de troubles sérieux de l'adaptation [5]. L'hypnothérapie a fait quant à elle l'objet d'une publication positive dans la prise en charge de l'anxiété auprès de patients cancéreux, avec comme restriction dans ses indications, les structures obsessionnelles [37]. Les thérapies occupationnelles Elles comportent l'art-thérapie, la musicothérapie, l'écriture... Ces techniques peuvent distraire les patients des ruminations anxieuses qui les envahissent pour peu que l'environnement de soins s'y prête ; en effet, toutes les structures accueillant des patients en soins palliatifs (spécialisées ou intégrées) ne sont pas nécessairement en lien avec des personnels compétents pour mettre en œuvre ces techniques. Les techniques corporelles : le toucher-massage La pratique du massage a été évaluée auprès de patients cancéreux. L’étude de Wilkinson et al. [38] suggère que le massage simple et avec huile essentielle de Camomille Romaine (réputée efficace sur l’anxiété et la douleur) chez des patients cancéreux anxieux diminue leur niveau d’anxiété (l’amélioration du symptôme est statistiquement significative) et améliore également leur qualité de vie. Toutes ces méthodes, à l'exception du toucher-massage, nécessitent une collaboration du patient et des facultés mentales intactes pour pouvoir être appliquées, ce qui en limite les indications auprès des patients en phase strictement terminale. Conduite à tenir Les points essentiels de la démarche diagnostique L’arbre diagnostique suivant peut permettre le raisonnement étiologique dont nous avons essayé de montrer l’importance. La réponse négative à chaque question entraîne le passage à la suivante. Une fois constatés les 31 www.e2med.com/mp SYNTHÈSE Prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs : privilégier un traitement étiologique symptômes anxieux, la première question est la durée Quand prescrire un traitement psychotrope, d’évolution des troubles. et lequel ? Anxiété aiguë (quelques heures à quelques jours) Existe-t-il une décompensation cardio-respiratoire, des troubles neurologiques ou des métaboliques sévères ? Il peut s’agir d’un symptôme anxieux rapporté à une cause organique. Le traitement est si possible celui de la cause : oxygénothérapie dans l’anxiété de l’insuffisant respiratoire par exemple. Le patient est-il douloureux ? Après sédation de la douleur, il faudra réévaluer l’anxiété et l’état psychologique du patient. Existe-t-il un trouble cognitif ? L’anxiété qui accompagne les syndromes confusionnels est souvent liée à la prise de conscience des troubles, qu’il faudra en premier lieu expliquer au patient. Si l’anxiété persiste malgré le traitement étiologique et le traitement du delirium par de faibles dose de neuroleptiques, on peut envisager l’adjonction prudente d’une benzodiazépine à demi-vie brève. Le traitement a-t-il été modifié récemment ? Il peut s’agir d’une anxiété iatrogène (sevrage ou effet indésirable). Y a-t-il un événement déclenchant ? Soit une « mauvaise nouvelle » : résultats d’examens complémentaires, annonce de mauvais pronostic ; soit un évènement familial, conflit ou dissension avec l’équipe. Il s’agit a priori d’une réaction anxieuse simple. L’anxiété précède t-elle un examen ou un geste technique redouté ? Il s’agit d’une anxiété anticipatoire. Le patient a t-il subi un traumatisme récent ? Il faut rechercher les éléments évocateurs du syndrome de stress-post-traumatique. Anxiété évoluant depuis quelques jours Existe-t-il un syndrome dépressif majeur sousjacent ? Le diagnostic, le traitement, l’évolution sont ceux de l’épisode dépressif. Existe-t-il d’autres symptômes de la lignée anxieuse ? Il peut s’agir d’un trouble phobique, d’un trouble obsessionnel, d’une anxiété généralisée. Le diagnostic d’attaque de panique est porté sur une crise anxieuse majeure aiguë mais souvent précédée d’épisodes identiques dans les antécédents. Devant des symptômes anxieux présents depuis au moins deux semaines, accompagnés ou non de symptômes dépressifs (ceux-ci n’étant pas suffisants pour porter le diagnostic d’épisode dépressif majeur), on évoque un trouble de l’adaptation. Les diagnostics les plus fréquents que sont les réactions anxieuses simples et les troubles de l’adaptation ne seront donc évoqués qu’après élimination des autres causes d’anxiété qui elles, pourraient répondre à un traitement spécifique. Médecine palliative 32 Dans quelles circonstances ne pas prescrire d’emblée ? Les réactions anxieuses simples relèvent en premier lieu d’une attitude de soutien empathique, qui permette au patient de verbaliser ses émotions et ses craintes, de clarifier les enjeux, d’établir des priorités. Il est parfois important de ne pas rassurer d’emblée un patient : minimiser la situation anxiogène, même avec rationalité, peut être moins utile que de supporter d’écouter la peur de l’autre. Dans les troubles de l’adaptation un traitement, psychotrope ou psychothérapeutique, est fréquent. Cependant il importe là encore de savoir ne pas prescrire trop vite, de se donner le temps d’observer l’évolution des troubles. Reconnaître la souffrance psychique du patient en se montrant attentif et vigilant peut dans un premier temps être plus thérapeutique que d’orienter d’emblée le patient sur un lieu spécialisé, ce qu’il peut ressentir comme une défausse ou un rejet. Quand prescrire un traitement benzodiazépinique ? Les réactions anxieuses ne cédant pas à la verbalisation et au soutien ainsi que les troubles de l’adaptation avec humeur anxieuse sont de bonnes indications de prescription d’une BZD en prescription diurne et nocturne, en continu. L’attaque de panique est une urgence thérapeutique et relève d’une administration par voie veineuse lente ou sublinguale. Les troubles du sommeil d’origine anxieuse sont l’indication ou bien d’un hypnotique comme le zolpidem, lorsqu’il s’agit d’un trouble de l’endormissement, ou bien d’une benzodiazépine à demi-vie brève s’il existe plusieurs réveils nocturnes. L’anxiété anticipatoire répond bien aux benzodiazépines peu sédatives comme l’alprazolam, à débuter 24 à 48 heures avant l’examen ou le traitement redouté, et à poursuivre 24 à 48 heures après la fin de celui-ci. Quand prescrire d’emblée un antidépresseur ? L’anxiété révélatrice d’un syndrome dépressif majeur justifie la prescription d’un antidépresseur, a priori sérotoninergique en première intention. Il peut être nécessaire d’adjoindre une benzodiazépine en début de traitement si l’anxiété est majeure. Devant l’apparition d’une excitation ou d’une majoration de l’anxiété en début de traitement, la diminution de la dose administrée peut permettre de contrôler les troubles. Il faut sinon changer de molécule, mais pas forcément de famille. En cas de symptomatologie douloureuse neurogène associée, on peut être amené à prescrire un tricyclique N° 1 – Octobre 2002 SYNTHÈSE Sarah Dauchy, Claire Chauffour-Ader en première intention. Les antidépresseurs seront également le premier traitement en cas de trouble panique, de trouble obsessionnel, de trouble phobique. L’insuffisance respiratoire peut faire choisir de prescrire de faibles doses d’un produit sédatif comme la miansérine. Quand prescrire un anxiolytique non benzodiazépinique ? Un risque majeur de décompensation respiratoire contre-indique les benzodiazépines et peut orienter vers une prescription d’hydroxyzine, de buspirone, ou de neuroleptique sédatif (cyanémazine, thioridazine). La présence d’un syndrome confusionnel ou de symptômes psychotiques entraîne le choix d’une anxiolyse par neuroleptique d’emblée. Quand demander un avis spécialisé ? directives, personnelles ou en groupe, sont également efficaces dans les troubles anxieux. Leur indication là encore dépend beaucoup de la disponibilité en pratique de telles approches (groupes organisés dans l’institution référente par exemple). Conclusion L’anxiété est un symptôme ubiquitaire qui de ce fait est complexe à prendre en charge. Face à un patient anxieux, il importe de ne pas banaliser le trouble ou à l’inverse de ne pas médicaliser à outrance. La première étape de la prise en charge est de s’interroger sur l’origine du trouble. Laisser au patient le temps de s’exprimer, valider ses émotions, permet parfois de différer une prescription « palliative » au manque de disponibilité. Le recours aux benzodiazépines ne doit pas constituer un réflexe thérapeutique. Le choix des produits et des techniques se fera sur l’évaluation du meilleur rapport bénéfices/risques avec de fréquentes réévaluations. Quoiqu’il en soit, atteindre un état de « détresse psychologique zéro » en face de la mort ne peut constituer un objectif raisonnable. Il importe donc de définir en équipe les objectifs de prise en charge des troubles anxieux : écréter les crises, retrouver un certain goût de vivre, s’adapter à une situation - perdre la vie - qui demeure difficile pour permettre à chacun, patient et soignant, de vivre du mieux possible. A l’heure de l’évaluation des pratiques et d’une médecine basée sur des preuves, les recommandations de Breitbart de 1995 restent actuelles, et les axes de recherche sur l’anxiété en soins palliatifs nombreux : Evaluation de prévalence des troubles anxieux grâce à des outils standardisés et validés, appliqués à cette population (validation des outils existants, développement de nouveaux outils), Réalisation d’études comparatives utilisant traitements pharmacologiques et non pharmacologiques des troubles anxieux. Des recherches approfondies sont également nécessaires dans l’évaluation prospective des troubles de l’adaptation, ainsi que dans certains troubles anxieux spécifiques comme les syndromes de stress posttraumatiques. Celui-ci, à la lumière de ce qui précède, devrait finalement être rarement indispensable. La situation est un peu différente selon qu’il s’agit d’un avis diagnostique ou d’une prise en charge thérapeutique. Dans une optique diagnostique, préciser l’étiologie du symptôme anxieux est une démarche assez simple, et ne relève d’un spécialiste que dans certains cas complexes, comme l’intrication de plusieurs étiologies, organiques ou psychiatriques. La question en pratique pourrait être plutôt : quand prendre le temps d’une évaluation psychologique plus complète, qui fera appel ou non à un spécialiste en fonction de sa disponibilité ? Il est possible de s’aider d’évaluations par des échelles pour systématiser la réponse à cette question. En tout état de cause, il importe que cette évaluation psychologique soit précoce, et qu’elle n’attende pas forcément l’expression bruyante de la souffrance du patient ou de l’équipe soignante pour être réalisée. Dans une optique thérapeutique, prescrire un traitement anxiolytique ne passe en général pas non plus par un avis spécialisé, au moins en première intention. Quant à l’écoute psychothérapeutique, elle ne devrait dépendre d’un spécialiste que lorsqu’elle est spécifique : même si le psychologue ou le psychiatre peuvent apparaître plus disponibles pour écouter un patient qui va mal, l’anxiété dans cette proximité de la souffrance et de la mort est, on l’a dit, un symptôme qui interpelle d’abord le soignant au quotidien, et c’est de lui que le patient attend d’abord une réponse. Un abord psychothérapeutique plus Bibliographie structuré peut être nécessaire cependant, lorsque les soi- 1. Hopwood P, Howel A, Maguire P. Psychiatric morbidity in gnants ne peuvent pas ou plus répondre, ou lorsqu’une patients with advanced cancer of the breast prevalence parole extérieure est nécessaire. Réactions anxieuse et measured by two self-rating questionnaires. Br J Cancer troubles de l’adaptation répondent bien à une écoute 1991 ; 64 : 349-52. d’inspiration psychanalytique qui en aidant le sujet à se 2. Saltel P, de Raucourt D, Derzelle M, et al. Standards, resituer dans son histoire personnelle lui permet de options et recommandations pour une bonne pratique en remobiliser ses capacités adaptatives. Des approches plus psycho-oncologie. Bull Cancer 1995 ; 82 : 847-64. Med Pal 2002; 1: 19-34 © Masson, Paris, 2002, Tous droits réservés 33 www.e2med.com/mp SYNTHÈSE Prise en charge de l’anxiété en soins palliatifs : privilégier un traitement étiologique 3. Doyle D, Hanks GW, MacDonald N, eds. Psychiatric disorders of palliative care. In : Oxford textbook of palliative medicine. 2d Edition. 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