Réduire la surconsommation de prestations médicales, augmenter la qualité des soins
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pharmaciens assument davantage de tâches diagnostiques, la surconsommation doit également
figurer dans leur formation prégraduée et postgraduée. Les patients devraient avoir accès aux in-
formations basées sur l’évidence scientifique concernant les avantages et inconvénients des exa-
mens ou traitements controversés et être rendus attentifs aux risques présentés par les surdia-
gnostics. Face à la démarche compréhensible du médecin de se protéger par peur de plaintes ju-
diciaires ou d’accusations de patients même si le but visé n’est pas atteint (médecine défensive
positive), la solution dite de Shared Decison Making (décision partagée) est une alternative qui
permet d’éviter toute interprétation erronée des attentes formulées par les patients.
• Davantage de recherche en toute urgence
Pour pouvoir agir contre la surconsommation de manière efficace, il faut d’urgence développer la
recherche. On trouvera l’aide nécessaire dans les études ou les registres contenant des comparai-
sons de l’efficacité, entre autres aussi ceux qui englobent l’attente comme option et qui tiennent
compte de la polymorbidité ou de l’environnement socio-culturel des patients. Pour éviter la sur-
consommation, il faut en particulier davantage de recherche quantitative et qualitative sur l’examen
de la qualité des indications, l’importance des différents facteurs influençant la surconsommation et
les solutions possibles.
• Importance des organisations médicales
Le défi posé par la surconsommation est différent selon la spécialisation et il exige, par consé-
quent, différentes approches. De ce fait, les sociétés de discipline médicale sont invitées à traiter
ce problème dans leurs domaines respectifs et les sociétés cantonales de médecine ainsi que les
organisations faîtières à coordonner les initiatives dans leur champ d’activité, et donc à:
o Déterminer les tests, examens ou traitements inappropriés, p. ex. dans le cadre de listes
Choosing Wisely ou de guides de pratique.
o Développer une stratégie de mise en œuvre pour réduire la surconsommation.
o Intégrer le thème de la surconsommation dans la formation postgraduée et continue spécifique,
p. ex. développer des compétences dans l’interprétation des données statistiques, dans la
communication des risques et dans la procédure dite de Shared Decision Making.
• Suppression des incitations visant l’augmentation du volume
Il convient de ne plus créer de nouvelles incitations à la surconsommation, d’examiner de façon
critique les incitations existantes et de les supprimer le cas échéant. La FMH rejette les accords
ciblés relatifs à des bonus dans les contrats d’engagement des médecins hospitaliers, en particu-
lier ceux qui sont liés à des objectifs de volumes. En effet, ces clauses incitent à effectuer le plus
grand nombre possible d’examens ou de traitements. Il convient également de considérer comme
incitation les tests diagnostiques demandés par les assurances pour remettre une garantie de
prise en charge des coûts. En outre, il faut absolument exiger la transparence sur les liens
d’intérêts pouvant exister dans les études, le sponsoring ou la désignation d’experts médicaux.
• Ne pas réduire la surconsommation pour favoriser la sous-consommation
La réduction de la surconsommation peut contribuer à réduire les coûts de santé pour le bien de
toute la population. Néanmoins, cette économie ne doit pas être l’objectif prioritaire car la réduction
de la surconsommation ne doit pas conduire à l’abandon de diagnostics ou à l’omission de traite-
ments indispensables (sous-consommation), mais servir en premier lieu à l’amélioration de la qua-
lité médicale, aussi dans le cadre d’une économie globale durable.
Nos propositions
• Réduire la surconsommation dans l’intérêt de la sécurité des patients.
• Empêcher qu’une réduction de la surconsommation serve d’abord à réduire les coûts de santé
mais veiller à ce qu’elle permette en priorité d’améliorer la qualité médicale.
• Promouvoir la recherche sur la surconsommation. A cet effet, il convient en particulier d’évaluer les
solutions possibles.