ANALYSE DE LA SITUATION D’EFFONDREMENT PROGRESSIF DU
COURS DU BARIL DU BRUT
Bonjour à tous,
Avant tout permettez-moi de vous présenter mes vœux les meilleurs pour l’année
nouvelle qui s’annonce. Puisse l’Eternel des Armée, l’Architecte des architectes
accorder à chacun et à tous une parfaite santé et beaucoup de discernement.
Deuxièmement, je voudrais présenter mes excuses par rapport au retard à
l’élaboration de ce document d’analyse de l’évolution actuelle du prix du baril du
pétrole brut que je soumets respectueusement à vos critiques. Cette situation
devrait normalement interpelée des analyses promptes de la part des acteurs du
pétrole que nous sommes. Pour ma part je voudrais honorer à ce rituel qui jadis
animait de la plus belle manière le forum du collectif des pétroliers qui loin d’être
un mouvement à caractère syndical, est un creuset d’échanges et de partage
d’expériences pour le développement du secteur pétrolier national.
Chers collègues et Doyens, depuis un certain temps le prix du pétrole brut connait
une baisse remarquable voire drastique. D’aucuns parleraient de l’effondrement
des cours du brut et d’autres encore diront que nous sommes à l’orée d’un contre
choc pétrolier. Une chose est certaine depuis le mois de juin à aujourd’hui, on note
une baisse de 30 % du prix du pétrole brut qui a passé de plus de 100 à moins de
80 dollars le baril.
Nous proposons une analyse tripartite de cette situation de la manière classique
suivante :
- Premièrement nous allons essayer de recenser les causes
- Deuxièmement, nous aborderons les conséquences au plan international et
particulièrement sur le secteur pétrolier béninois
- Troisièmement, nous dégagerons les perspectives pour notre pays.
1- Causes
1.1- Offre supérieure à la demande
Deux raisons soutendent de mon point de vue cette cause :
Le ralentissement de la croissance économique en Europe et en chine
La crise économique dans le monde et particulièrement en Europe a provoque un
recul en matière du développement économique des Etats. Certaines grandes
économies mondiales ont été touchées par cette crise.
La Chine, 4ème puissance mondiale connait un Ralentissement de sa croissance
économique. Il en est de même en Europe (France, la Grèce, bref la plupart des
pays).
Les effets directs de cette crise est la baisse en régime des industries et par ricochet
la faible consommation énergétique (les hydrocarbures) de ces pays. En
conséquence, il se gage un surplus en produits pétroliers sur le marché
international. Autrement dit, l’offre dépasse la demande ; ce qui induit une baisse
du prix.
La relance de la production en Libye et en Irak
La vraie mobile des interventions militaire en en Irak et en Libye plus récemment
est le recherche de l’Energie par les grandes puissances que sont les Etats Unis
d’Amérique, la France…. Les autres raisons ne sont que des prétextes ou alibis car
les raisons évoquées dans ces pays qui disposent d’une marne pétrolière importante
ne sont jamais fondées. Pour preuve, juste après les guerres de la Libye et d’Irak, la
France et les USA ont eu des contrats pétroliers dans ces pays qui ont relancé leur
production d’hydrocarbures, histoire de garantir leurs sources d’approvisionnement
en hydrocarbures.
A cela il faut ajouter que depuis la montée du brut, certains pays d’Afrique et
d’Asie ont démarré l’exploitation des gisements pétroliers pour faire profiter leur
pays de ce renchérissement des prix et satisfaire les gros consommateurs comme la
Chine. Ce qui fait augmenter l’offre.
1.2- Cause politique : Complot pour fragiliser la Russie
La solidité de l’économie Russe est tenue par son exportation d’hydrocarbures.
Dans le journal les Echos (Paris) paru le 24 novembre 2014, on lit à la page 09 « le
budget Russe est, selon les estimations, équilibré avec un baril aux alentours de
114 dollars ». Or, nul n’ignore le rôle de la Russie dans la crise Ukrainienne. La
Russie apporte son soutien militaire aux sécessionnistes ukrainiens de l’Est. Ainsi,
la chute fragiliserait davantage l’économie de la Russie. Cette dernière suspecte
une entente américano-saoudienne et accuse en ces termes « les cours du pétrole
peuvent être manipulés. L’Arabie Saoudite a commencé à faire chuter les prix.
Ceci est de la manipulation politique. Et l’Arabie saoudite est elle-même
manipulée ».
1.3- Exploitation des schistes de pétrole et de gaz
Aujourd’hui, aux USA, il se produit le développement du gaz et du pétrole de
schiste. L’exploitation de ces gisements pourrait gêner l’Arabie saoudite premier
producteur mondial de pétrole. Ce dernier aurait donc commencé par baisser le
prix du pétrole pour fragiliser le développement de la production du gaz et du
pétrole de schiste dont le coût de production est élevé.
Au total, la plupart des causes citées plus haut sont de nature conjoncturelle et
politique en dehors de celle relative à la relance de la production par certains pays.
Il se peut donc que des solutions politiques entre pays membre de l’OPEP viennent
améliorer le prix du baril dans les prochains mois.
La cause qui inquièterait le mieux si cela s’avérait vrai est la quantité du pétrole
disponible sur le marché. Si cela est très excédentaire en raison de la relance de la
production par certain Etats, on tomberait réellement dans un contre-choc pétrolier.
Néanmoins, les motifs énumérés me paraissent raisonnables car à l’opposé des
contre-chocs, les chocs pétroliers qu’avait connus le monde ont toujours répondu à
trois facteurs fondamentaux :
- La demande qui supplante l’offre en raison du boom économique
- Les problèmes au niveau du raffinage du brut
- La question géopolitique qui est une des causes non négligeables.
2- Conséquences
Les conséquences de l’effondrement des cours du pétrole sont variables pour
l’économie des Etats.
2.1- Au plan international
Pays producteurs
Une restriction budgétaire ou revue à la baisse des budgets des pays producteurs-
exportateurs de pétrole s’impose. Dans les prochaines années, certains de ces pays
dont la croissance économique repose fondamentalement sur les rentes pétrolières
seront obligés d’augmenter leur production annuelle pour équilibrer leur budget.
En revanche, d’autres disposant de réserves ou autres ressources pour équilibrer
leur budget procéderont à la fermeture de certains gisements en attendant le
relèvement du prix du brut.
En somme, une baisse de l’économie des producteurs sera observée. Les pays
africains comme le Nigeria, l’Algérie, le Niger, la RDC, le Congo seront très
affectés si la situation ne s’améliore.
La plupart de ces pays sont membres de l’Association des Producteurs de trole
Africains (APPA) dont la trésorerie au niveau du Secrétariat Exécutif n’est pas
reluisante aujourd’hui. L’Association qui peine à mettre en œuvre les projets
panafricains inscrits dans son plan d’action en raison des difficultés de payement
des contributions par la majorité des pays membres sera affaiblies davantage si la
situation ne s’améliore pas.
Pays non producteurs
En revanche, les pays non producteur constateront un allègement de la facture
énergétique très lourde. Ceci pourrait améliorer leur économie qui se trouvent
souvent fragiliser par la hausse du prix du pétrole avec pour corollaire des
inflations sur tous les produits.
Enfin, la baisse effrénée du prix du baril va amenuiser les bénéfices des
compagnies pétrolières internationales. En conséquence, plusieurs compagnies
vont réduire leur budget d’exploration dans les prochaines années si la situation ne
change pas favorablement. Du coup, on assistera au retrait de certaines compagnies
sur les blocs d’exploration.
2.2- Au Bénin
Les conséquences sont de deux ordres à savoir sur les activités d’exploration et sur
les opérations de redéveloppement du champ de Sèmè.
- Redéveloppement du champ de Sèmè
C’est comme un mauvais sort jeté sur le secteur pétrolier béninois en ce moment
où, nous nous activons sur les activités de redéveloppement du champ pétrolifère
de Sèmè. Rappelons que la rentabilité économique mitigée était basée sur un prix
du brut estimé à 80 dollars le baril. Aujourd’hui on n’est à moins des 80 dollars.
Quel sort !!!
Au prix actuel du baril et à l’état présent du projet, il est souhaitable de faire une
réévaluation de la rentabilité afin de s’assurer si le projet tient encore.
- Activités d’exploration
Risque de revue à la baisse des budgets d’exploration des prochaines
années avec pour corollaire faible exécution des obligations minimales de
travail.
Risque d’abandon de bloc par certaines sociétés pétrolières
Baisse d’intérêt à investir dans l’exploration par de nouvelles compagnies
pétrolières
Mais d’un autre côté, notre facture énergétique doivent normalement connaitre
dans les mois à venir un allègement en ce qui concerne les importations des
produits pétroliers surtout si d’autres facteurs liés au raffinage du brut ne viennent
pas brouiller les cartes.
3- Perspectives
De par la nature politique et conjoncturelle de certaines causes de cette baisse du
prix du baril, une solution politico-diplomatique est possible entre la Russie et les
autres pays. Mieux, les pourparlers dans la résolution de la crise ukrainienne vont
se poursuivre certainement afin d’arriver à un consensus. C’est dire donc que le
renchérissement des prix pourrait être envisagé dans les prochains mois.
Le redéveloppement des réserves résiduelles du champ de Sèmè visait surtout à
faire la promotion de notre bassin sédimentaire côtier et attirer plus de compagnies
pétrolières internationales en vue de la découverte de nouveaux gisements.
Avec la situation qui prévaut actuellement, notre administration pétrolière doit
faire preuve de discernement et de compromis à des moments donnés en vue
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