LE ROLE JOUE PAR LA COMMUNAUTE SCIENTIFIQUE 69
émane de la communauté scientifique. Cette déclaration d’adhésion aux
normes éthiques peut être analysée dans une perspective contractuelle
qui renforce la dimension normative de l’engagement. La déclaration de
Dakar a été accompagnée par d’autres mouvements similaires. En
décembre 2006, à l’occasion de la cinquième session de la COMEST 18,
s’est tenu le forum des jeunes chercheurs africains autour du thème
« Responsabilité sociale des chercheurs en Afrique ». Ce forum s’est
achevé sur une déclaration finale proche de la déclaration de Dakar du
point de vue formel 19 et contenant un engagement exprès au respect et à
la promotion des valeurs de l’éthique scientifique. D’autres initiatives
possèdent une normativité moins évidente, mais elles participent au
mouvement d’extension des normes éthiques sur la scène internationale.
Tel est le cas du Réseau Panafricain de Bioéthique (PABIN 20). Il s’agit
d’un groupement informel de scientifiques dont l’objectif est le
développement de la bioéthique en Afrique. En 2003 s’est tenue la
troisième conférence PABIN sur les bonnes pratiques en recherche en
santé en Afrique. Bien que cette conférence prenne la forme d’une
manifestation scientifique, la dimension normative de l’événement n’est
pas occultée. Par exemple, les scientifiques du réseau PABIN se sont
entendus sur le principe selon lequel l’absence d’évaluation du protocole
de recherche par un comité d’éthique du pays hôte rend impossible la
conduite d’une recherche biomédicale.
Ainsi, les groupements scientifiques, quelle que soit leur forme,
participent à l’élaboration des normes éthiques de la recherche
biomédicale. Cette initiative est aussi relayée au plan national.
Dans divers pays, des acteurs publics nationaux définissent des
cadres normatifs de portée internationale. En France, l’Agence nationale
de la recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) est une agence
de moyens qui finance notamment des projets de recherche biomédicale.
Cette institution publique a pris la forme d’un groupement d’intérêt
public. L’ANRS a adopté une charte d’éthique de la recherche dans les
pays en voie de développement 21. Ce texte possède une vocation
normative clairement affirmée, notamment comme texte de substitution
18 World commission on the ethics of scientific knowledge and technology (COMEST).
19 « Nous, participants au Forum des Jeunes Chercheurs – représentant des associations
de jeunes chercheurs africains, des universités et organismes de recherche africains,
institutions gouvernementales et ONG basées en Afrique (…) Nous nous engageons à :
Respecter et promouvoir les valeurs éthiques en matière de recherche, Mettre nos
connaissances acquises au service du continent pour son développement, Assumer
pleinement notre très haute responsabilité devant l’humanité, en particulier des popu-
lations africaines, Travailler prioritairement sur des thèmes de recherche répondant
directement aux besoins des populations africaines… ».
20 ‹ http://www.pabin.org ›.
21 ‹ http://www.anrs.fr/index.php/anrs/hepatites_virales_b_et_c/pays_en_developpement/actualites/
la_ nouvelle_charte_d_ethique_de_la_recherche_dans_les_pays_en_developpement_vient_de_paraitre ›.