
Dijon, le 11 décembre 2013
Fabrice ROSACI
Il existe également une volonté affirmée de permettre au grand public de participer au
débat d’aujourd’hui.
Régis AUBRY
Les réunions départementales ont été co-organisées par les Conférences régionales
de la santé et de l’autonomie (CRSA), des représentants des Espaces de Réflexion
Ethique, les ARS et des témoins. L’enjeu est maintenant d’échanger avec le grand public
et les 500 participants présents aujourd’hui sur la base de ces réflexions. Une partie des
places a été spécifiquement réservée à des étudiants, pour partager avec ces futurs
acteurs de la santé cette complexité de la réflexion éthique.
Jean-Claude AMEISEN
Président du Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE)
Peu de débats en France s’inscrivent autant dans la durée que le débat autour de la fin
de vie, qui a commencé en juillet 2012 avec la mission Sicard. Elle a établi son rapport
après avoir mené des débats publics dans une dizaine de villes. Le CCNE a contribué à la
réflexion en émettant le souhait de voir ce débat se poursuivre. Lors de la révision des lois
relatives à la bioéthique en 2011, le législateur a en effet confié une nouvelle mission au
CCNE : organiser des conférences citoyennes quand un projet de modification de loi
touche à des questions d’éthique importantes. La conférence de citoyens rendra son avis
le 16 décembre 2013.
J’ai participé avec M. Aubry à une réunion début septembre impliquant des Espaces de
Réflexion Ethique régionaux. Ces derniers ont alors été invités à contribuer à cette
réflexion publique sur la fin de vie, qui ambitionne d’approfondir et non de dupliquer les
travaux de la mission Sicard.
La conférence citoyenne, à la différence des sondages ou des débats ponctuels, ne
représente pas une photographie des différentes opinions à un instant donné, mais vise à
faire émerger une forme d’intelligence collective. En réunissant des personnes diverses, de
nouvelles questions et des réponses originales peuvent apparaître.
Cette approche est assez inédite pour la France, qui cultive une vision réductrice et
rudimentaire du débat. Il s’apparente davantage à des sondages et à l’expression simple
de l’opinion de chacun, qui a un intérêt mais ne découle pas de l’élaboration d’une
réflexion collective, à des manifestations ou à des affrontements d’idées préétablies entre
lesquelles il faut choisir. Beaucoup d’autres pays considèrent qu’indépendamment des
opinions personnelles, le fait de croiser des regards et des perspectives diverses peut faire
émerger des idées qu’aucun des participants n’aurait pu concevoir seul.
Le CCNE croit à ce mode de réflexion collective, non pas qu’une instance particulière
apportera la réponse que toute le monde attend, mais dans la mesure où elle permettra à
tous, y compris le législateur, de réfléchir dans une meilleure connaissance des causes. En
démocratie, la réponse n’émane pas d’un lieu particulier mais elle se construit
collectivement.
Ces débats ont ainsi vocation à faire émerger les questions les plus intéressantes, les
idées les plus originales et les réflexions les plus approfondies. Le temps du débat est le
temps de « respiration de la démocratie », qui sépare la réflexion de l’action, c’est-à-dire
de la décision. L’enchaînement et la succession de modalités différentes de débat est sans
doute l’aspect le plus original de cette réflexion sur la fin de vie. Pour le CCNE, c’est aussi
une leçon plus générale sur la construction d’un débat public, au-delà du thème de la fin de
vie.