
Urgences 631
5.3.3. MANŒUVRE DE SELLICK
La manœuvre de Sellick est appliquée dès la perte de conscience du patient, elle est
maintenue jusqu’au gonflement du ballonnet. Cette manœuvre consiste en une
compression antéro-postérieure du cartilage cricoïde [13].
Cette manœuvre protégerait contre l’inhalation du contenu gastrique par régurgi-
tation passive. Les contre-indications de la manœuvre de Sellick sont la présence de
vomissements actifs et la notion d’un traumatisme rachidien cervical. Pour être effi-
cace, la force exercée doit être au moins de 30 Newtons. La manœuvre de Sellick a été
à l’origine de complications rares mais graves, essentiellement des ruptures de l’œso-
phage et des fractures du cartilage cricoïdien.
6. VERIFICATION DE LA POSITION ENDOTRACHEALE DE LA SONDE
La non détection d’une intubation œsophagienne accidentelle peut avoir des consé-
quences graves en termes de mortalité immédiate. Une mesure d’une pression partielle
en CO2 expiré (PETCO2) dans la sonde d’intubation confirme sa bonne position. En
effet, lorsque la perfusion pulmonaire est correcte, le gaz expiré contient 5 % de CO2.
L’air de la cavité gastrique ne contient pas, normalement, de CO2. L’analyse de la
courbe de PETCO2 permet donc de différencier une intubation endotrachéale d’une
intubation œsophagienne. Il existe des faux négatifs avec cette technique lors par exemple
d’une réanimation d’un arrêt cardiaque où la PETCO2 est variable et en général basse
lorsque le capteur est en position intra-trachéale. D’autre part il existe des faux positifs
lors de distension gastrique due à l’inhalation d’air après une ventilation forcée au
masque, mais dans ce cas le signal diminue très rapidement. Une autre technique
consiste à relier une seringue à l’extrémité distale de la sonde et à aspirer brutalement
de l’air (test de pression négative). La présence d’une résistance à l’aspiration manuelle
indique une intubation œsophagienne, son absence une intubation endotrachéale. Cette
résistance est due au collapsus des parois de l’œsophage lors d’une dépression, ce
collapsus ne pouvant se produire dans la trachée. La seringue utilisée est une seringue
de 60 mL à gros embout pour aspiration gastrique, connectée à la sonde d’intubation
sans raccord conique. Une revue de la littérature a montré qu’il existerait environ 6 %
de faux positifs (résistance à l’aspiration alors que la sonde est en position trachéale)
mais aucun faux négatif n’a été décrit avec cette méthode [14]. Les faux positifs se-
raient dues au positionnement de l’extrémité distale de la sonde d’intubation contre la
paroi de la trachée. Le test d’aspiration à la seringue est la méthode recommandée lors
d’une conférence d’experts récente sur l’abord trachéal en urgence [15].
7. COMPLICATIONS DE L’INTUBATION EN MEDECINE D’URGENCE
L’intubation endotrachéale est rattachée à une morbidité non négligeable. On peut
classer l’ensemble des complications, en complications immédiates ou tardives. Ces
complications vont du simple traumatisme dentaire jusqu’à l’arrêt cardio-respiratoire
dont l’incidence est loin d’être négligeable. Globalement, le taux de complications
immédiates varie de 9,3 % à 61 % [16]. Ces pourcentages en situation d’urgence sont
toujours supérieurs à ceux qui sont constatés au bloc opératoire. Les complications
tardives et la morbidité hospitalière rattachées à l’intubation trachéale constituent un
problème majeur et dépendent souvent des conditions d’intubation initiales. L’autre
déterminant semble être la durée de ventilation, la gravité des complications à long
terme étant probablement liée à la longueur de ventilation mécanique.