ECR 2016 - Reportages bourse SFR - AGFA
La bourse SFR-AGFA a permis aux 8 lauréats d’assister au congrès de la Société Européenne
de Radiologie (ECR 2016) à Vienne. Ce fut l’occasion pour les plus jeunes internes, d’assister
à leur premier congrès international hors de nos frontières et pour d’autres, de présenter
leurs travaux scientifiques. Comme chaque année, le congrès était dense, d’excellent niveau
et offrait la possibilité de suivre les sessions à distance, via ECR-Live. Après avoir réparti les
thématiques (tout le monde ne pourra pas rapporter l’ostéo-articulaire…), nos collègues ont
pris la direction du congrès. Dans leurs rapports les internes ont montré leur intérêt pour le
scanner double énergie dans toutes ses applications et pour l’IRM : ostéo-articulaire, imagerie
tumorale (dépistage et multiparamétrique), imagerie pulmonaire (séquences sans temps
d’écho). On notera également un point sur l’imagerie orbitaire, sur l’élastographie en
échographie, le nouveau système BI-RADS en imagerie mammaire et la technique
d’embolisation gastrique en pathologie bariatrique. Sous la conduite de Francis Le Gal, les
internes ont aussi pu apprécier en soirée, avec enthousiasme, la visite de la ville. Je m’associe
à eux pour remercier la SFR et la société AGFA pour ce moment de travail et de convivialité.
Pr Pierre-Yves BRILLET - Hôpital Avicenne - Paris
Session Orbite / Olfaction
Augustin LECLER - Paris
Durant le congrès de l’ECR 2016, de nombreuses communications étaient dédiées à la
neuroradiologie ainsi qu’à l’imagerie ORL. Cependant, une seule communication avait pour
thème l’imagerie orbitaire et l’olfaction, domaines très spécialisés mais néanmoins très
intéressants à la croisée des imageries neurologique et ORL. La session était majoritairement
dédiée à l’orbite, avec une seule communication portant sur l’olfaction.
La session a été présentée par le Dr P-Y Marcy de Toulon, avec un intéressant rappel sur les
différentes notions d’anatomie et de physiopathologie utiles pour mieux appréhender les
présentations ultérieures.
Deux présentations portaient sur la sphère lacrymale. La première montrait l’intérêt de
l’échographie, notamment avec l’utilisation du Doppler couleur, dans la caractérisation des
lésions tumorales des glandes lacrymales. La détermination d’un index de résistance au sein
des artères intra tumorales montrait une excellente spécificité dans la distinction entre
lésions épithéliales des glandes lacrymales, traitées chirurgicalement en totalité afin d’éviter
toute dissémination ou récidive, et les lésions non épithéliales, comme les dacryoadénites et
les lymphomes orbitaires, qui doivent être traités médicalement. Un seuil d’index de
résistance à 0,7 était retenu, les lésions non épithéliales ayant un index de résistance inférieur
à 0,7 et les lésions épithéliales un index de résistance supérieur à 0,7. Le second travail portait
sur la segmentation et la volumétrie du sac lacrymal dans le cadre des dacryocystites, avec un
intérêt diagnostique et pronostique pré thérapeutique, notamment avant intervention
chirurgicale.
Deux présentations s’intéressaient aux orbitopathies dysthyroïdiennes dans le cadre de la
maladie de Basedow. La première montrait l’intérêt de l’élastographie dans la détection des
atteintes inflammatoires musculaires précocement, avec une bonne corrélation aux données
obtenues en IRM. Elle montrait également un intérêt potentiel dans le suivi des lésions,
notamment en ce qui concerne l’efficacité des traitements médicamenteux. La seconde
évaluait l’intérêt du tenseur de diffusion et de la tractographie en tant que marqueur
d’évolutivité et pronostique des patients ayant une orbitopathie basedowienne. Les index
dérivés, tels la fraction d’anisotropie, la diffusivité moyenne ou la diffusivité radiale, étaient
significativement perturbés dans le cadre des myosites Basedowiennes et pouvaient être
utilisées dans le suivi de patients et la sélection de ceux à qui proposer un traitement
chirurgical.
Une autre présentation concernait les inflammations orbitaires de manière plus générale,
avec la présentation d’un signe clinique quasi pathognomonique des orbitopathies à IgG4
sous la forme d’une infiltration, d’un élargissement et de la prise de contraste du nerf infra
orbitaire au cours de ces pathologies. La présence de ce signe était présentée comme très
spécifique et permettait d’orienter rapidement le clinicien et le chirurgien vers le diagnostic
d’orbitopathie à IgG4, avec pour corollaire une errance diagnostique diminuée et
l’instauration plus rapide d’un protocole de corticothérapie dédié efficace, permettant de
stopper l’inflammation et d’éviter la progression vers la fibrose.
Une présentation iconographique montrait ensuite l’ensemble des aspects post opératoires
résultant d’une exentération du globe, avec les remaniements musculaires, osseux, ainsi que
du nerf optique résultant de la chirurgie. Ces images permettent aux radiologues non
spécialisés de mieux appréhender les aspects post opératoires normaux afin de détecter
précocement des remaniements pathologiques tels que des infections orbitaires.
Les deux présentations suivantes étudiaient les patients avec des atteintes orbitaires et
oculaires liées au diabète, avec pour la première l’étude des flux sanguins en Doppler au sein
des artères rétiniennes et ciliaires avant puis après greffe de cellules souches pancréatiques
sécrétant de l’insuline. L’orateur montrait une normalisation rapide des flux sanguins altérés
après traitement, notamment au sein de l’artère centrale de la rétine, expliquant les bons
résultats fonctionnels en terme de rétinopathie diabétique ischémique après transplantation
de cellules souches pancréatiques. Le second orateur montrait les résultats préliminaires
d’une étude de la diffusion et de l’ADC au sein du vitré chez les patients diabétiques, semblant
retrouver une diminution de l’ADC plus importante chez les patients présentant une
rétinopathie diabétique sévère. Malheureusement, de nombreux artéfacts ainsi que
l’absence d’explication physiopathologique empêchaient l’utilisation en pratique clinique de
cet outil.
La dernière présentation était la seule portant sur l’olfaction, démontrant en IRM
fonctionnelle la modification de l’intégration corticale des odeurs chez les patients dépressifs,
avec une plus grande sensibilité aux mauvaises odeurs ainsi qu’une moindre activation des
zones du plaisir lors de l’exposition aux odeurs agréables. Ces patients étaient ensuite traités
de manière médicamenteuse pour leur dépression, avec une modification significative et une
amélioration des paramètres d’IRM fonctionnelle après traitement.
Au final, cette session consacrée à l’orbite et l’olfaction présentait des travaux très
intéressants de recherche dans les domaines du diagnostic, de la caractérisation et du
pronostic de différentes pathologies orbitaires fréquentes, ainsi qu’une étude fonctionnelle
intéressante concernant l’olfaction, avec un réel impact potentiel sur la prise en charge des
patients.
Imagerie Musculo-squelettique
Mazen EL RAFEI - Chef de clinique en imagerie musculo-squelettique - CHRU de Lille
Grâce à la bourse SFR-AGFA 2016, j’ai pu participer au congrès de l’ECR 2016, à Vienne. La
diversité des sessions scientifiques et pédagogiques m’a permis d’enrichir mes connaissances
en imagerie musculo-squelettique. Des séances de cours étaient assez didactiques
notamment la séance sur l’instabilité de l’épaule de Grainger. Des avancées en radiologie
ostéo-articulaire étaient présentées lors des séances scientifiques, notamment la
tractographie des nerfs périphériques et les techniques de limitation des artefacts
métalliques en scanner et en IRM.
Sessions scientifiques : voici quelques études qui m’ont semblées intéressantes :
Patriarca et al. (Italie) ont évalué l’utilité de la séquence IRM de diffusion (tractographie DT)
dans l’évaluation des tumeurs nerveuses périphériques avant prise en charge chirurgicale.
Quinze patients ont bénéficié d’une IRM (3 Teslas) avec une séquence EPI (EPI-sequence, 3
diffusion directions, b-value 1000 s/mm2). Les auteurs ont réalisé des mesures de l’ADC et du
coefficient d’anisotropie. Une tractographie morphologique a été également réalisée par un
codage couleur. Des séquences morphologiques de haute résolution ont également été
réalisées. La tractographie a bien démontré la connexion entre les lésions et les fibres
nerveuses (Sensibilité 95.8 %, Spécificité 66.8 % et valeur prédictive positive 89 %). Chez tous
les patients, il existait une bonne corrélation entre la localisation des fibres nerveuses sur la
séquence DTI et sa localisation anatomique en intraopératoire. Les auteurs ont conclu sur
l’aide de la séquence de tractographie dans la cartographie lésionnelle dans le cadre de bilan
pré-opératoire des lésions des nerfs périphériques en visualisant les fibres nerveuses et leur
rapport avec la lésion, minimisant ainsi les risques de déficit post-opératoire.
Giggens et al (Oxford, GB) ont évalué les séquences d’IRM corps entier dans le cadre de
maladie exostosante multiple et dans l’enchodromatose multiple chez des sujets
asymtomatiques, en réalisant des séquences coronal T1 et coronal STIR corps entier sur une
IRM 3Teslas. L’évaluation du nombre, de la localisation, des signes de -différenciation et
une comparaison aux éventuels examens d’imagerie antérieure a été réalisée. Onze patients
ont bénéficié de ces séquences : neuf patients bénéficiant pour la première fois de cette
technique d’IRM corps entier et deux patients ayant déjà eu ce type d’examen (surveillance
lésionnelle). Les lésions non visualisées sur d’autres techniques ont été détectées chez 77.8 %
des patients bénéficiant pour la première fois de l’IRM corps entier. Chez les deux patients en
surveillance, toutes les lésions ont été visualisées avec des signes de dé-différenciation d’un
ostéochondrome chez un patient. Les auteurs ont conclu sur l’intérêt de l’IRM corps entier
dans le bilan de dépistage et de cartographie lésionnelle dans le cadre de maladie exostosante
multiple et dans l’enchodromatose multiple chez des sujets asymptomatiques, ainsi que pour
le dépistage d’éventuel complications nécessitant d’autres séquences d’imagerie
supplémentaires. La technique semble également intéressante chez ces patients, nécessitant
une surveillance à long terme, pour diminuer l’irradiation inhérente aux imageries
radiologiques.
Une étude réalisée par une équipe chinoise (Hu et al. Shanghai/CN) visait à évaluer l’intérêt
des reconstructions itératives sur un scanner low dose pour le suivi des enfants atteints d’une
scoliose. L’étude comparait la qualité des images entre un scanner low dose et un scanner
avec une dose utilisée en routine. Quarante enfants (11-15ans) ont été inclus dans une étude
randomisées (deux groupes de 20 enfants chacun). Un scanner a été réalisé de la base du
crâne jusqu’au coccyx avec un voltage standard de 120 kV et 83 mAs pour un groupe et un
low dose de 100 kV et 50 mAs pour l’autre groupe. Une analyse subjective a été réalisée par
deux radiologues consistant en une évaluation du rapport signal sur bruit, des artefacts et de
la qualité globale des images. La CTDI volumique a été réduite de 67.8 % dans le groupe low
dose. Une amélioration du rapport signal sur bruit avec réduction des artefacts a été
constatée chez les patients explorés avec low dose. La qualité subjective des images était
similaire entre les deux groupes. Les auteurs ont conclu à l’intérêt du logiciel de
reconstruction itérative pour la réduction de dose d’irradiation chez les enfants suivis pour
scoliose.
Une équipe anglaise (Yeap et al. Dundee, GB), a réalisé une revue rétrospective sur 10 ans,
de l’intérêt de l’IRM dans la détection des fractures occultes du bassin et de l’extrémité
supérieure du fémur dans un contexte de traumatisme à faible énergie. Trois cent seize (âge
moyen 83 ans, 145 hommes) patients avec antécédents de traumatisme à faible énergie et
radiographie normal ont été évalués de façon rétrospective. La durée moyenne entre les
radiographies et l’IRM était de 2 jours. L’IRM réalisée suite à des radiographies considérées
comme normales a permis de dépister des fractures radiologiquement occultes : fracture
fémorale (41.8 %), fracture sacrée (37.7 %), fracture du pubis (51.3 %). Dans 7.3 % des cas, il
existait des fractures fémorales et de l’anneau pelvien. Les auteurs ont conclu en une
prévalence élevée des fractures radiologiquement occultes au niveau fémoral et pelvien, chez
des sujets âgés avec antécédents de traumatisme à faible énergie avec suspicion clinique de
fracture.
Lorenc et al (Varsovie, PL) ont présenté une étude qui visait à évaluer l’IRM du rachis lombaire
en charge réalisée en décubitus dorsal par application d’un système de type DynaWell® : le
but de l’étude était de déterminer le groupe de patients lombalgiques pour lesquels une IRM
du rachis lombaire en charge était cliniquement justifiée. Quatre-vingt-dix patients souffrants
d’une lombalgie ont bénéficié d’une IRM lombaire standard et d’une IRM avec une charge
axiale (par application du système DynaWell). Une séquence 3D T2 a été réalisée afin
d’évaluer les modifications apparues après application de la charge axiale. Les auteurs ont
conclu que ces modifications étaient statistiquement significatives chez les patients obèses
et/ou avec suspicion de canal lombaire rétréci.
Séances pédagogiques : Les séances pédagogiques en musculo-squelettique étaient
essentiellement focalisées sur la pathologie du sport avec :
Séance sur les pathologies du coude (The elbow : a comprehensive approach) : plusieurs
points d’anatomie et de pathologies ont été abordés lors de ce cours avec intérêt de
l’imagerie en pathologie aiguë traumatique et dans le cadre d’instabilité chronique en valgus
et varus. L’anatomie du coude a été bien détaillée lors de cette session notamment l’existence
d’un double tendon biceps à sa partie distale correspondant au tendon long et tendon court
biceps. L’anatomie des tendons communs des épicondyliens médiaux et latéraux a été
expliquée en détail avec exposition des différents tendons. Les lésions ligamentaires et
l’atteinte des stabilisateurs du coude ont été exposées. Les syndromes de conflit nerveux au
niveau du coude ont été expliqués, notamment les pathologies du nerf ulnaire. Les auteurs
ont insisté sur l’intérêt de l’échographie dynamique pour ces différents types de pathologies.
Séance sur les lésions du genou chez les sportifs et sur la façon d’améliorer nos comptes
rendus (Sports injuries to the knee : improving my report) : dans ce cours les orateurs ont
montré que l’IRM constitue actuellement l’imagerie de référence. Ils ont insisté sur l’atteinte
des racines méniscales et des attaches ménisco-capsulaires. Ils ont détaillé les éléments des
points d’angle postéro-médial et postéro-latéral. L’évaluation des reconstructions
ligamentaires notamment du ligament croisé antérieur en IRM et en scanner a été également
expliquée.
Des cours particulièrement intéressants sur l’épaule (Shoulder MRI : mastering technique
and making my report relevant) avec exposition de l’anatomie détaillée de l’épaule par Evan
Llopis. Les lésions de la coiffe des rotateurs ont été bien expliquées par Kreitner. Celui-ci a
bien insisté sur la notion du câble des rotateurs : c’est un renforcement de la face articulaire
des tendons supra et infra épineux par le faisceau latéral du ligament coraco-humérale. Il a
insisté sur la nécessité de toujours signaler les atteintes de l’enthèse des tendons de la coiffe
notamment chez les sujets jeunes (Footprint). Un superbe cours sur l’instabilité de l’épaule
par Grainger, qui a détaillé les lésions de passage osseuses et labrales et l’intérêt de la position
A.B.E.R. (pour abduction et external rotation) dans l’évaluation lésionnelle dans le cadre
d’instabilité de l’épaule.
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