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budget, notre croissance, et donc notre capacité à créer des emplois, sont
en effet déjà contraints par le niveau d’endettement auquel nous ont conduit
vingt-cinq ans de déficits cumulés depuis 1981. Le seul poids des intérêts
absorbe 45 milliards d’euros chaque année, soit pratiquement l’équivalent
du produit annuel de l’impôt sur le revenu.
La dette publique de la France est donc déjà une question d’ac-
tualité ; non pas seulement parce qu’elle excède le seuil de 60 % qui s’im-
pose à nous, car c’est une des règles d’or de notre monnaie commune,
l’euro ; mais parce qu’elle contraint nos choix collectifs d’aujourd’hui et
que, si rien n’était fait pour en arrêter la progression puis la réduire, elle
priverait nos compatriotes de demain d’une part encore plus significative
de leur liberté de décision.
Si j’ai choisi de mettre en avant ce sujet, c’est que je considère
en effet qu’avant d’être une question financière, la maîtrise de la dette
publique constitue un vrai sujet politique pour notre démocratie, car notre
dette publique est un crédit sur les générations futures. Parce que la France
a fait le choix de la solidarité entre générations, nos enfants financeront
nos retraites demain, mais, sans en avoir une claire conscience, nous leur
demandons aussi de financer une part croissante de notre train de vie d’au-
jourd’hui. Jusqu’à un certain point, c’est la règle normale de la vie en
société, mais jusqu’à un certain point seulement.
Après six mois de travail intense, Michel Pébereau et les
membres éminents qui ont accepté de prendre sur leur temps de travail
pour participer avec lui à cette réflexion ont produit un rapport d’une
qualité remarquable. Qu’ils en soient remerciés à la hauteur du service
qu’ils auront rendu à l’économie de notre pays comme à la défense de nos
valeurs démocratiques.
Chacun de nous peut mieux comprendre maintenant pourquoi il
est temps de nous donner les moyens de financer dès aujourd’hui les choix
que nous faisons pour notre bien-être. Chacun pourra aussi mieux
comprendre, toute idéologie mise à part, la nécessité d’un certain nombre
d’ajustements ou d’adaptations économiques nécessaires pour que la
France retrouve le chemin d’une croissance forte et solide, seule à même
de permettre de financer dans le présent nos choix collectifs solidaires et
généreux.
Pour ma part, au sein du Gouvernement de Dominique de
Villepin, je m’appuierai sans réserve sur ce rapport pour poursuivre avec
encore plus de détermination l’action entreprise depuis 2002 en faveur de
finances publiques assainies, solides et ainsi pleinement au service de la
croissance et de l’avenir de la France.
Thierry BRETON
4Rompre avec la facilité de la dette publique