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Deux siècles après cette naissance, des grandes compétitions théâtrales se
déroulaient à la fête des Grandes Dionysies. Pour toutes ces fêtes, « le théâtre (c’est-à-
dire proprement : le lieu d’où l’on voit) était édifié sur un terrain dédié à Dionysos »
(Ecrits Sur le Théâtre, Barthes 312). La fête durait trois jours par an, et chaque jour, un
auteur dramatique présentait trois tragédies et un drame satyrique ; ces quatre pièces
duraient du lever du soleil au coucher du soleil.
La structure des pièces grecques était assez codifiée. Roland Barthes définit
clairement ce qui constitue la tragédie grecque :
« La tragédie grecque comprend : un prologue, scène préparatoire
d’exposition… ; la parodos, ou chant d’entrée du chœur ; des épisodes, assez
analogues aux actes de nos pièces…, séparés par des chants dansés du chœur,
appelés stasima (une moitié du chœur chantait les strophes, l’autre moitié les
antistrophes) ; le dernier épisode, formé souvent par la sortie du chœur, s’appelait
exodos » (Ecrits Sur le Théâtre, Barthes 309).
La formule de la tragédie était utilisée par tous les grands écrivains du temps : Eschyle,
Sophocle, et Euripide.
Ce n’était pas une forme du théâtre aussi active ou flamboyante que celle que
nous attendons aujourd’hui. Certains actes horrifiants se déroulaient dans ces pièces,
mais personne n’était tué en scène. C’était toujours fait dans les coulisses, puis un
messager ou une personnage apparaissait sur la scène pour décrire ce qui s’était passé.
« On voit ici poindre le principe de dialectique formelle qui fonde ce théâtre : la parole
exprime l’action, mais aussi elle lui fait écran : le « ce qui se passe » tend toujours au « ce
qui s’est passé » (Ecrits Sur le Théâtre, Barthes 310). L’art de la parole était tellement
important pour vraiment créer les images pour les spectateurs. Il n’y avait pas de
lumières ou d’effets spéciaux pour divertir le public ; c’était presque seulement
l’expérience de la voix.