Nouvel organe

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Un nouvel organe identifié dans le corps humain
Par Édouard Lamort
On l’appelle « mésentère » et il est désormais considéré comme un organe à part entière du
corps humain, au même titre que le cœur ou les poumons. Le mésentère est une membrane
située dans notre système digestif, reliant l’intestin aux parois abdominales. Elle est connue
depuis des années, mais sa fonction reste encore à explorer. Cette nouvelle classification
comme organe pourrait changer beaucoup de choses dans la prévention et le traitement de
certaines maladies digestives et abdominales.
Pourquoi on en parle ?
C’est une avancée scientifique qui ouvre de nouvelles perspectives de recherches médicales.
La revue scientifique britannique Lancet Gastroenterology & Heptalogy a récemment publié
une étude qualifiant le mésentère comme étant un nouvel organe du corps humain.
Cette nouvelle terminologie est la conclusion du travail réalisé par le professeur J. Calvin
Coffey et de son équipe de l’University Hospital Limerick (Irlande) depuis 2012. Quatre
années de recherches qui ont permis aux scientifiques irlandais d’accumuler les preuves
nécessaires pour reclasser dans la catégorie « organe » un bout de notre système intestinal,
déjà connu, mais peu étudié.
C’est quoi ?
Le mésentère fait partie du système digestif. C’est une double couche du péritoine, une
membrane présente dans la cavité abdominale. « Ce n’est pas un organe plein comme le
cœur ou les poumons. C’est une sorte de gainage de vaisseaux veineux qui fait
notamment le lien avec les artères principales de l’abdomen et les intestins », explique
Laurent Beaugerie, chef du service de gastro-entérologie de l’hôpital Saint-Antoine à Paris.
À quoi ça sert ?
Le mésentère lie les intestins à la paroi de l’abdomen. Ce « rôle d’arrimage » participe au
maintien de tous les éléments du système intestinal à leur place. Le mésentère a également
« un rôle nourricier », précise Laurent Beaugerie. Il assure la vascularisation de l’intestin
grêle et d’une partie du gros intestin par l’artère mésentérique qui circule dans le mésentère.
Enfin, l’organe a un rôle de stockage : « C’est une membrane qui participe à
l’accumulation de graisse abdominale dans le corps. »
Découvert à la Renaissance
C’est Léonard de Vinci qui, le premier, a découvert la présence de cet organe dans le corps
humain à la Renaissance. Considéré comme ayant une structure fragmentée et multiple, cet
organe a longtemps été ignoré par les spécialistes.
Cette présentation est désormais réfutée par les recherches du professeur J. Calvin Coffey :
« La description anatomique qui en a été faite pendant une centaine d’années est
incorrecte. Cet organe est loin d’être fragmenté et complexe. Il s’agit d’une seule
structure organique d’un seul tenant », écrit le professeur irlandais dans son étude.
Quelles répercussions pour la médecine et les patients ?
Désormais considéré comme un organe, le mésentère peut être étudié comme tel. Première
conséquence, la « Bible » de l’anatomie humaine, le livre Gray’s Anatomy (qui a notamment
inspiré le titre de la célèbre série américaine hospitalière Grey’s Anatomy), a été mise à jour
peu après la « découverte ». Le mésentère est désormais inclus dans la liste des organes.
« Quand on comprend la fonction d’un organe, on peut identifier des dérèglements, des
maladies. Nous avons établi son anatomie et sa structure. La prochaine étape, c’est sa
fonction », explique le professeur J. Calvin Coffey.
« Quand on comprend la fonction, on peut identifier des dérèglements, des maladies.
Tout ça ensemble, c’est la science mésentérique… Soit la base pour une toute nouvelle
catégorie scientifique et médicale. » Jusqu’à pouvoir de guérir de nombreuses maladies
intestinales aux causes encore méconnues ? Le professeur Laurent Beaugerie, chef du service
de gastro-entérologie de l’hôpital Saint-Antoine à Paris en est convaincu. « Le mésentère
était sous estimé comme environnement favorable à l’apparition de maladie telle que le
diabète ou la maladie de Crohn [une maladie inflammatoire chronique du système digestif,
NdlR] et plus généralement toutes les maladies métaboliques. » Un petit pas pour les
scientifiques, un grand pas pour les patients ?
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