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Conseil des gouverneurs, si nécessaire, mettant spécifiquement
l’accent sur la flexibilité du programme d’achat d’actifs en terme de
composition, de dimension et de durée. Dans une interview récente,
le vice-président de l’institution, M. Constancio, soulignait la taille
relativement modeste de l’assouplissement quantitatif européen
(environ 5% du PIB) comparé à ceux des Etats-Unis et du
Royaume-Uni (environ 20-25% du PIB) et a fortiori du Japon (65%
du PIB), suggérant par là même les larges marges de manœuvre
dont dispose la BCE pour accroître la taille du programme d’achat
d’actifs si besoin.
La BCE se dit très attentive à l’évolution de la situation économique
et, en particulier, à la dynamique des prix. D’après les premières
estimations, l’inflation a perdu 0,2 point en septembre repassant en
territoire négatif, à -0,1%, pour la première fois depuis mars. Bien
que la baisse des prix de l’énergie explique l’essentiel du repli,
l’inflation sous-jacente (hors énergie et produits alimentaires)
montre également des signes d’essoufflement : cette dernière s’est
stabilisée, à 0,9%, interrompant l’augmentation tendancielle
constatée depuis le début de l’année.
Nous continuons de prévoir une hausse de l’inflation au cours des
prochains trimestres, tirée par la remontée des prix de l’énergie et
de puissants effets de base. Toutefois le manque de vigueur de la
dynamique sous-jacente devrait persister. Outre les bas prix du
pétrole, qui pèsent directement mais transitoirement sur l’inflation,
c’est l’ampleur des capacités de production sous-employées, et leur
lente résorption, qui posent problème. Un rythme de croissance du
PIB de 1,5% n’autorisera qu’une modeste diminution du chômage
(0,5 pp par an), lequel sera vraisemblablement encore supérieur à
10% de la population active au début de 2017, c’est-à-dire au-
dessus du niveau à partir duquel apparaissent des tensions sur les
salaires.
Compte tenu de la grande prudence affichée récemment, il semble
que la BCE n’attendra pas que l’activité se dégrade pour agir. Sans
tensions salariales ni accélération de la demande, la Banque
Centrale Européenne aura du mal à justifier le statu quo. Une
reprise insuffisamment vigoureuse signifie, à tout le moins, une
inflation basse pendant longtemps avec le risque d’engendrer un
décrochage des anticipations d’inflation. Ces dernières sont à
nouveau orientées à la baisse depuis cet été. Lors de la réunion de
politique monétaire du mois de décembre, la BCE présentera ses
nouvelles projections macroéconomiques. Si, comme nous
l’anticipons, la fin d’année s’accompagne de la publication
d’indicateurs économiques décevants, la BCE pourrait présenter
des prévisions d’inflation revues en baisse et annoncer, en
conséquence, un allongement de la durée du QE et une hausse du
volume d’achats mensuels.
■ L’intégration européenne toujours déficiente
Sur le plan institutionnel et de la coordination des politiques
économiques, les résultats sont également en demi-teinte. Certes,
le pire a été évité en Grèce, tandis que les défenseurs de la gestion
européenne de la crise se félicitent du retour de la croissance en
Espagne. En outre, l’absence de contagion du stress grec aux
autres pays de la zone a incontestablement montré que la Banque
Centrale européenne et le Mécanisme Européen de Stabilité sont
des pare-feu très efficaces pour contenir les risques systémiques.
Malgré ces éléments positifs, le déroulé des négociations avec
Athènes ou, plus récemment, la gestion de la crise des migrants ont
une nouvelle fois mis en lumière la faible capacité des institutions
européennes à promouvoir des solutions véritablement
coopératives. Or, si le besoin d’améliorer les mécanismes de
décisions de l’UE, et d’approfondir l’intégration économique de la
zone euro fait l’objet d’un consensus de principe, les avancées sont
lentes. Le rapport dit « des cinq présidents »
présenté en juin
dernier par Jean-Claude Juncker s’efforce de faire des propositions
en matière économique, financière, budgétaire, et de représentation
démocratique. Le point commun est toutefois qu’aucune réforme
des Traités n’est envisagée, ni même ne sera discutée avant au
moins deux ans. D’ici là, le rapport préconise de s’attacher à
« renforcer l’existant ».
Sur le plan financier, des avancées sont possibles, notamment en
complétant l’union bancaire et l’union des marchés de capitaux. Sur
le plan budgétaire en revanche, où davantage d’intégration passera
forcément par des abandons de souveraineté et une réforme des
traités, peu de choses sont prévues à court terme. D’ici là, les
politiques nationales, même si elles font l’objet d’une surveillance
active par les autorités européennes, restent peu coordonnées. Et
le Plan Juncker, dont un des objectifs est de pallier à ce manque en
finançant des investissements d’infrastructure ou des entreprises
innovantes sans critères de répartition géographique, peine pour
l’instant à prendre de l’ampleur.
Frédérique Cerisier
frederique.cerisier@bnpparibas.com
Thibault Mercier
thibault.mercier@bnpparibas.com
« Compléter l’Union économique et monétaire européenne », rapport preparé par
J-C Junker en étroite coopération avec D. Tusk, J. Dijsselbloem, M. Draghi et M.
Schultz, Commission européenne.
3- Taux de change de l’euro
—Effectif nominal (38 pays) ▬Euro/Dollar (e.d.)
1
1,1
1,2
1,3
1,4
1,5
1,6
100
105
110
115
120
125
130
08 09 10 11 12 13 14 15