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Figure 5 : La ‘révolution’ du pétrole de schiste aux États-Unis a contribué à la
saturation de l'offre sur les marchés mondiaux du pétrole
Source : www.fdic.gov Bloomberg, le 17 décembre 2014
La baisse du prix du pétrole devrait globalement stimuler la
croissance mondiale en 2015, avec des gagnants et des
perdants.
La principale conséquence macroéconomique de la baisse du
prix du pétrole est une considérable redistribution des revenus
des producteurs de pétrole au profit des consommateurs,
lesquels bénéficient de meilleurs prix du transport et de l'énergie,
ce qui leur permet de dépenser davantage pour d'autres biens et
services ou de faire des économies en profitant de cet avantage
inattendu. Ce processus redistributif est globalement positif pour
la croissance mondiale dans la mesure où les pays
consommateurs de pétrole ont tendance à dépenser une plus
grande partie des économies réalisées que la réduction des
dépenses de consommation ou d’investissement des pays
exportateurs de pétrole. Oxford Economics estime que chaque
baisse durable de 20 USD du prix du pétrole correspond à une
augmentation de la production mondiale de 0,4 % dans les deux
ou trois ans. Comme le prix du pétrole a baissé d'environ 50
USD depuis fin juin, le coup d'accélérateur pourrait aller jusqu'à
1,0 %. Les simulations réalisées par le FMI suggèrent un impact
similaire.
Même s'il est probable que la baisse du prix du pétrole stimulera
globalement la croissance mondiale en 2015, il y aura de grands
gagnants et de grands perdants. Les grands gagnants seront
probablement les pays qui sont de gros consommateurs
d'énergie et dont l'économie dépend largement des importations
de pétrole. Les pays émergents importateurs de pétrole, tels que
l'Inde, la Thaïlande et la Turquie, seront probablement les
principaux gagnants. Les économies les plus avancées devraient
également bénéficier de cette baisse, même si, comme elles
sont moins dépendantes du pétrole, leurs bénéfices seront
proportionnellement moindres. Un autre élément positif pour de
nombreuses économies émergentes consommatrices de pétrole
est que la baisse des prix des hydrocarbures leur permet de
réduire les subventions à la consommation de combustibles,
atténuant ainsi notablement la pression exercée sur leurs
finances publiques.
Pour les exportateurs de pétrole, en revanche, la baisse du prix
du pétrole a des répercussions bien plus lourdes. Ceux qui ont
eu tendance à dépenser plutôt qu'à économiser les revenus du
pétrole vont constater qu'il sera très difficile de s'adapter aux
nouvelles réalités. La Russie et le Venezuela, pays dans
lesquels l'importance des dépenses de fonctionnement rend
difficiles les coupes budgétaires correspondantes, seront
probablement ceux qui seront les plus durement affectés.
Cela contraste fortement avec l'Arabie saoudite, plus important
pays producteur de pétrole au monde, qui dispose d'une marge
de sécurité budgétaire bien plus importante, le pays ayant
économisé une plus grande partie de ses revenus pétroliers. Les
marchés des devises ont déjà sanctionné brutalement les pays
les plus vulnérables, en entraînant par exemple une dépréciation
du rouble par rapport au dollar de 50 % depuis la fin juin.
Les prix du pétrole inciteront la Banque centrale
européenne à durcir son combat contre le risque
déflationniste
La baisse du prix du pétrole semble orienter à la baisse l'inflation
globale dans les pays consommateurs de pétrole. Depuis fin juin,
les prévisions du consensus Bloomberg pour l'inflation aux États-
Unis en 2015 ont baissé de 0,6 pts pour s'établir à 1,5 %, de 0,6
pts pour la zone euro pour s'établir à 0,6 % et de 0,5 pts pour le
Royaume-Uni pour s'établir à 1,5 %. L'analyse économétrique
suggère, qu’en dépit de l'atténuation des anticipations
inflationnistes, celles-ci peuvent encore baisser avant de
s’ajuster pleinement à une période prolongée de baisse des prix
du pétrole. En effet, si les prix du pétrole restent à leur niveau
actuel, l'inflation dans la zone euro, qui n'était que de 0,3 % en
novembre, pourrait facilement passer en terrain négatif dès les
premiers mois de 2015. Ceci ne fait qu'accroître la probabilité
que la BCE prolonge son programme de rachat d'actifs pour y
inclure des obligations d'État au début de la nouvelle année dans
le but de donner un coup d'accélérateur à l'économie de la zone
euro et de réorienter l'inflation vers l'objectif de 2 %.
Figure 6 : La forte baisse des prix du pétrole est de nature à affaiblir
significativement les perspectives inflationnistes mondiales
Source : www.fdic.gov Bloomberg, le 17 décembre 2014
Impact sur les marchés
Le récent pic de volatilité des marchés financiers, en partie
engendré par les craintes sur les perspectives de la croissance
mondiale et la baisse du prix du pétrole, a accentué l'aversion au
risque des investisseurs avec des performances moins
satisfaisantes des actifs dits risqués. Le prix du pétrole a baissé
de plus de 45 % depuis fin juin, passant de 105 à 56 USD le baril
(au 17 décembre 2014), et durant cette période, les actions
internationales ont affiché une performance inférieure à 1%,
tandis que la performance des bons du Trésor américain a
atteint 3,7 %.
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