Les processus thérapeutiques
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Les processus thérapeutiques
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Date de mise en ligne : dimanche 18 mars 2007
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Les processus thérapeutiques
Sommaire
I. Définitions de la psychothérapie et de (...)
II. Frontières entre l'intervention et la (...)
III. A partir de quand sommes-nous « thérapeutiques
IV. Illustrations
Cet article a pour objectif de tenter de distinguer la thérapie de l'intervention systémique.
I.Définitions de la psychothérapie et de l'intervention
systémique
1.1 La thérapie
Nanchen nous fournit une définition générale de la psychothérapie qui n'appartient à aucune des écoles : «
Traitement des troubles psychologiques ou fonctionnels de l'organisme fondé sur l'application méthodique de
techniques psychologiques précises ».
Dans la définition de la psychothérapie, il existe des différences entre les écoles. Cependant, toutes mettent en
évidence l'importance du sens humain. Depuis la première cybernétique les théories se sont étoffées, modifiées et
ont abandonné certains concepts au profit d'autres. La théorie des systèmes prend sa véritable dimension en
sciences humaines quand on perçoit l'unité familiale comme niveau d'articulation obligé de l'individu et de la société.
La théorie de la communication développée par Bateson devient un objet étudiable en tant que système des
relations humaines. Mony Elkaïm propose son point de vue constructiviste de processus de couplage, d'intersection
et de construction du monde. En éco-systémique, la communication est la manière dont un esprit influence un autre.
L'école de Milan prend en compte la pragmatique de la communication de Watzlawick et se tourne avec intérêt vers
le constructionnisme social et les thérapies narratives. Ces dernières prônent le recours aux métaphores
linguistiques, discursives et conversationnelles. Toutes les théories s'accordent à dire, à penser que pour travailler
efficacement au changement humain nous devons entrer dans le domaine du sens personnel. Un sens humain dans
lequel l'individu interprète et comprend le monde et le sens issu des relations devient le constructionnisme social
prôné par Gergen.
La finalité de la thérapie systémique pourrait être décrite « comme étant celle de comprendre la souffrance et d'y
participer, dans la dimension présentielle de la rencontre, afin de promouvoir un changement correspondant à un
mieux-être pour le système soigné ». Dans la thérapie systémique, clients et thérapeute sont engagés dans un
modèle co-évolutif qui nécessite une alliance thérapeutique.
1.2 L'intervention
L'intervention systémique est définie comme une : « action ponctuelle mise sur pied pour favoriser la mobilisation
des ressources propres au système familial ou du réseau »
II. Frontières entre l'intervention et la thérapie
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Une différence souvent citée entre la psychothérapie et l'intervention est la nature de la relation entre le thérapeute
et son client. La psychothérapie devrait pouvoir offrir un espace relationnel différent de ceux rencontrés jusque là par
le client. De la sorte, il permet l'ouverture à des espaces intermédiaires au cours desquels le client peut faire
cheminer les mots et les interactions vers des sens nouveaux, vers de nouvelles manières de comprendre le
monde.
L'intervention systémique est basée sur un contact empathique entre l'intervenant et l'usager. Il n'y a pas à
proprement parler d'implication interpersonnelle comme entre un thérapeute et son client. Dans l'intervention, la prise
en charge est globale et basée sur un engagement technique. L'intervenant travaille dans l'« ici et maintenant » et
prodigue une série de recommandations. En cela, l'intervention vise à la réinsertion sociale de l'usager et de sa
famille et relève donc plus du pôle « préventif ». Tout comme pour le thérapeute, l'intervenant social est amené à
prendre en compte une demande en considérant le contexte qui entoure celle-ci. A l'intérieur du mandat qui lui est
octroyé, l'intervenant a pour objectif premier la mise en place d'un cadre d'intervention. La mise en oeuvre de ce
cadre est une étape nécessaire, tant dans l'intervention que dans la thérapie. Toutefois, et préalablement à
l'instauration du cadre de travail, le client doit d'abord légitimer le thérapeute (et ce tant pour la thérapie que pour
l'intervention).
Un cadre d'intervention se définit, selon P. Lebbe-Berrier, comme « un espace délimité, par ce qui provient de
l'extérieur (pressions, directives, demandes des institutions, ordonnances....) qui légitime une intervention ; et ce qui
émerge de l'intérieur du système d'aide, aux dires et au vu de ces déclencheurs extérieurs et du contexte relationnel
qui s'établira. C'est en somme une première action à dimension éco-systémique ».
Elle dégage 3 étapes essentielles à la création de ce cadre :
1) Poser le contour du cadre d'intervention :
D'une façon générale, les travailleurs sociaux interviennent soit à la demande des clients ou usagers dans une
permanence, ou une demande d'entretien, de visite à domicile ou suite à un signalement, ou une demande
d'enquête. Ces demandes ne sont pas notre cadre d'intervention, mais elles en permettent l'ébauche, elles ouvrent à
l'intervention d'un certain type d'encadrement venant de l'extérieur. A nous de créer un intérieur à cet encadrement,
tout en tenant compte, dès le démarrage, de cet extérieur, de ces directives. C'est toute la nuance et le passage de
cette étape « au nom de... » à une autre étape « en notre nom... » et « avec la famille ». Il est également important
d'aborder ce qui a été énoncé au préalable par d'autres concernant notre action sociale. Cela permet au client de
mettre des mots sur ce qu'il a entendu et de voir le sens qu'il y met. Ces premières minutes d'entretien vont
permettre au travailleur social de démystifier les croyances et mythes divers.
2) Mettre le fond du cadre :
Cette étape vise à travailler le système de représentations que l'usager a pu se forger de par toute son histoire d'aide
et de se réapproprier le cadre posé (ou imposé).
3) Créer notre espace de travail :
Il s'agit ici de donner une dimension éco-systémique à l'intervention sociale, de créer un « espace-temps » dans
lequel la famille va oser exprimer ses attentes, ses désirs, ses rêves...parfois différents de ce que les professionnels
ont supposés.
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Pour faciliter cet espace de travail, le travailleur peut utiliser diverses techniques enrichies d'outils systémiques : les
objets flottants (génogramme, sculptures,...).
Parmi ces techniques, M. Hannot nous propose un processus d'intervention en 7 points :
1)l'accueil (importance de la prise de contact)
2)soutenir et valoriser la famille (mettre l'accent sur les « progrès »)
3)chercher la collaboration plutôt que la confrontation ou l'imposition
4)garder la direction de l'entretien
5)veiller à son propre confort en tant que travailleur social
6)ouvrir le champ des possibles (position « pseudo basse »+ message « je »)
7)conclusion/fin d'entretien
Cet espace de travail peut ainsi parfois être le lieu d'expression de souffrance et en cela l'intervention peut être
considérée comme un préliminaire à la mise en place d'une thérapie.
III.A partir de quand sommes-nous « thérapeutiques »
?
Selon Nanchen, il est tout d'abord important de différencier « psychothérapie » et « effet psychothérapeutique ». Le
premier paramètre qui détermine si la démarche peut-être qualifiée de psychothérapeutique est le contexte. Un
service de psychiatrie, un cabinet de psychiatre, un psychothérapeute... relèvent d'un contexte psychothérapeutique.
Cependant, les interventions effectuées dans ce cadre peuvent prétendre au label « psychothérapeutique » mais
n'offrent aucune garantie quant à l'induction d' « effet psychothérapeutique » que l'auteur appelle « effet
néguentropique ».
Par ce terme, il entend induction d'un ordre différent dans la vie du consultant et de son système de référence, de
telle manière qu'il sorte des circuits répétitifs qui paralysent son développement.
Pour mieux comprendre ces positions, Nanchen replace la notion de thérapie dans le cadre plus large de processus
d'organisation au sein des systèmes humains. Pour survivre et se développer, les systèmes humains opèrent
constamment de manière à ce qu'un ordre optimal soit maintenu, l'idéal étant un équilibre entre organisation et
chaos. Le système peut, grâce à ses ressources, parvenir à opérer les transformations indispensables.
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C'est un processus d'auto-organisation. Notons que le changement n'est donc pas que l'apanage des thérapies et
que le système humain peut se transformer lui-même. D'ailleurs, toute intervention thérapeutique bien comprise
consiste à activer les ressources des gens et leur permettre d'en trouver l'usage.
Si la crise ne peut être maintenue à l'intérieur du système, elle peut-être exportée vers l'environnement et inclure des
nouveaux acteurs dans le problème. Ainsi, la personne qui consulte donne à la crise un contenu, un visage, un
langage et elle espère trouver un apaisement sans se désigner ou se faire désigner comme patient. Le thérapeute et
le consultant tente la construction commune d'une lecture nouvelle de la situation. Donc, une consultation devient
thérapeutique dès qu'un effet néguentropique est induit, autrement dit qu'une auto-organisation est enclenchée.
Voici quelques conditions qui, selon Manchen, peuvent provoquer un effet néguentropique :
1.La consultation doit correspondre à des besoins qui existent dans la population, autrement dit occuper une place
pertinente dans le jeu social
2.La consultation doit se définir de manière fonctionnelle. Il est donc important de dire s'il s'agit d'un contexte
thérapeutique ou non. Parler du contexte, c'est se référer à des buts, des rôles, des règles...
3.Les stratégies utilisées au cours de la consultation ou de l'intervention doivent correspondre au cadre tel qu'il a été
défini. Chaque contexte d'aide comporte ses règles, son langage, ses stratégies. Ainsi, que l'on parle de langage
chez le logopède, de profession chez l'orienteur.
4.Bien décoder le jeu transactionnel qui sous-tend la demande, de manière à ne pas entrer dans des alliances
illégitimes.
5.S'approcher aussi parfaitement que possible du consultant dans sa perception du problème et sa vision du
monde. Il importe ensuite de construire ensemble une lecture nouvelle de la situation.
6.Prendre conscience de la responsabilité de celui qui s'engage en tant que professionnel dans l'activation d'un
processus néguentropique. Il est important que dans tous les cas le consultant ait au moins vécu une expérience
humaine positive.
IV. Illustrations
4.1 L'approche contextuelle d'Ivan Boszormenyi-Nagy
4.1.1 Le processus thérapeutique
Dans la thérapie contextuelle d'Ivan Boszormenyi-Nagy, l'analyse de la situation se fait selon les quatre dimensions
de la réalité relationnelle. "Le thérapeute, l'intervenant, prête attention aux faits et événements, aux sentiments, aux
aspects d'individuation et de différenciation, aux coalitions, aux phénomènes de bouc émissaire et aux transactions.
L'évaluation des relations en termes d'éthique relationnelle est primordiale.
Cela se fait notamment par l'examen de la légitimité destructive, de la parentification, des loyautés et surtout des
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