Les processus thérapeutiques
Une différence souvent citée entre la psychothérapie et l'intervention est la nature de la relation entre le thérapeute
et son client. La psychothérapie devrait pouvoir offrir un espace relationnel différent de ceux rencontrés jusque là par
le client. De la sorte, il permet l'ouverture à des espaces intermédiaires au cours desquels le client peut faire
cheminer les mots et les interactions vers des sens nouveaux, vers de nouvelles manières de comprendre le
monde.
L'intervention systémique est basée sur un contact empathique entre l'intervenant et l'usager. Il n'y a pas à
proprement parler d'implication interpersonnelle comme entre un thérapeute et son client. Dans l'intervention, la prise
en charge est globale et basée sur un engagement technique. L'intervenant travaille dans l'« ici et maintenant » et
prodigue une série de recommandations. En cela, l'intervention vise à la réinsertion sociale de l'usager et de sa
famille et relève donc plus du pôle « préventif ». Tout comme pour le thérapeute, l'intervenant social est amené à
prendre en compte une demande en considérant le contexte qui entoure celle-ci. A l'intérieur du mandat qui lui est
octroyé, l'intervenant a pour objectif premier la mise en place d'un cadre d'intervention. La mise en oeuvre de ce
cadre est une étape nécessaire, tant dans l'intervention que dans la thérapie. Toutefois, et préalablement à
l'instauration du cadre de travail, le client doit d'abord légitimer le thérapeute (et ce tant pour la thérapie que pour
l'intervention).
Un cadre d'intervention se définit, selon P. Lebbe-Berrier, comme « un espace délimité, par ce qui provient de
l'extérieur (pressions, directives, demandes des institutions, ordonnances....) qui légitime une intervention ; et ce qui
émerge de l'intérieur du système d'aide, aux dires et au vu de ces déclencheurs extérieurs et du contexte relationnel
qui s'établira. C'est en somme une première action à dimension éco-systémique ».
Elle dégage 3 étapes essentielles à la création de ce cadre :
1) Poser le contour du cadre d'intervention :
D'une façon générale, les travailleurs sociaux interviennent soit à la demande des clients ou usagers dans une
permanence, ou une demande d'entretien, de visite à domicile ou suite à un signalement, ou une demande
d'enquête. Ces demandes ne sont pas notre cadre d'intervention, mais elles en permettent l'ébauche, elles ouvrent à
l'intervention d'un certain type d'encadrement venant de l'extérieur. A nous de créer un intérieur à cet encadrement,
tout en tenant compte, dès le démarrage, de cet extérieur, de ces directives. C'est toute la nuance et le passage de
cette étape « au nom de... » à une autre étape « en notre nom... » et « avec la famille ». Il est également important
d'aborder ce qui a été énoncé au préalable par d'autres concernant notre action sociale. Cela permet au client de
mettre des mots sur ce qu'il a entendu et de voir le sens qu'il y met. Ces premières minutes d'entretien vont
permettre au travailleur social de démystifier les croyances et mythes divers.
2) Mettre le fond du cadre :
Cette étape vise à travailler le système de représentations que l'usager a pu se forger de par toute son histoire d'aide
et de se réapproprier le cadre posé (ou imposé).
3) Créer notre espace de travail :
Il s'agit ici de donner une dimension éco-systémique à l'intervention sociale, de créer un « espace-temps » dans
lequel la famille va oser exprimer ses attentes, ses désirs, ses rêves...parfois différents de ce que les professionnels
ont supposés.
Copyright © Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique Page 3/8