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SAINT THOMAS
I)'AQTJIN
RENCONTRES
A{]TOT-IR D'TJN LIVRE
28 Tr[ovembre 201 5
FRANCOIS PALACIO
PRESENITE
LE BAIVQUEI de PLATON
Exemplaire prêt de la bibliothèque
Merci à François Palacio
j .. Gonrmunauté de paroisses
*t st Jean-Bapriste
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Le Banquet- De l'Amour
a) Phèdre (178a) : Eros existe avant toute chose.
L'amour éveille la honte du mal et l'émulation du Bien (178", il rend courageux (179c)
b) Pausanias (180c) : Il y a deux aphrodites '. ''
- céleste (Ourania)
- populaire (Pandémos)
L'amour n'est beau et louable que s'il est honnête. L'aphrodite céleste ne procède que du sexe masculin.
« J'appelle mauvais I'amant populaire qui aime le corps plus que l'âme, car son amour n'est pas durable,
puisqu'il s'attache à une chose sans durée (...); tandis que l'amant d'une belle âme reste fîdèle toute sa vie,
parce qu'il s'est uni à une chose durable » (l 84a).
La servitude pour la vertu n'entraîne ni honte, ni bassesse, et il est utile à I'Etat et aux particuliers.
c) Erixymaque (186a) : Eros étend son empire à toutes les choses divines et humaines.
Par exemple la médecine : « C'est la science des mouvements amoureux du corps relativement à la réplétion et à
la vacuité et celui qui discerne dans ces mouvements le bon et le mauvais amour est le médecin le plus habile »
(1 86d).
La médecine, la gymnastique, l'agriculture, la musique sont gouvernés par Eros. L'harmonie réunit les
contraires, comme le rythme et l'astronomie.
d) Aristophane (189a) : Mÿhe- Autrefois existait trois espèces d'hommes : l'homme double, la femme double,
l'androgyne. Chaque être était de forme ronde avec quatre bras et jambes, deux visages. Ayant tenté
d'attaquer les Dieux, ils furent séparés en deux moitiés. Depuis on erre à la recherche de l'unité perdue.
L'homme double, porté vers les hommes, est de la race la plus noble.
e) Aeathon (195a) : La nature d'Eros :
- le plus beau des Dieux et Ie plus jeune
- Ie plus délicat
- plein de grâce
- juste et vertueux
- tempérant
- courageux
- poète
- Ie Beau et le Bon naissent de lui.
0 Socrate (199a). Il va donner la vérité sur I'objet par Ia dialectique. i
L'amour est I'amour de quelque chose. Il désirè quelque chose, ce qu'il n'a pas. L'amour étant amour de la
Beauté, il ne l'a pas. Il manque aussi de bonté.
g) Le discours de Diotime : Mais I'amour n'est pas laid pour autant. Il n'est pas Dieu puisqu'iiri'e5t ni Bon, bi
Beau. C'est un démon, intermédiaire entre les hommes et les Dieux. Il est fils de Poros (Ressource) et de
Pénia (Pauweté), serviteur d'Aphrodite. Il est indigent mais philosophe et brave.
L'Amour est le désir de posséder toujours le Bien. Il recherche I'enfantement dans la beauté selon le corps
et selon l'Esprit (206b). On le définit donc par le désir de la génération et de I'enfantement dans le Beau et
dans l'immortalité.
Celui qui est fécond selon l'Esprit enfante la sagesse et Ies autres vertus.
Il y a une discipline de l'Amour par l'on peut s'élever à la contemplation des plus hautes choses (210a):
- amour d'un seul corps
- amour de tous les corps
- amour des âmes
- amour des actions des hommes
- amour des sciences
- amour de la science unique ; celle du Beau en soi, regardé avec l'Esprit.
Après avoir présenté le personnage de Socrate, je vous propose de poursuivre notre
découverte de la philosophie grecque avec Platon.
Déjà la dernière fois, nous avions eu l'occasion de parler d'un dialogue, Z'apologie de
Socrate, Platon présentait la défense de son maître et le fondement de la réflexion
philosophique. Dans ce dialogue, comme dans la plupart de ses æuvres de jeunesse, Platon
s'efface derrière le personnage de Socrate dont il présente la méthode d'interrogation. Mais au
fur et à mesure, Platon, faisant toujours appel à la figure de son maître, va tendre toujours
davantage à le faire porte-parole de ses propres réflexions. C'est le cas de ce dialogue que
nous allons découvrir aujourd'hui,le Banquel dont on peut affirmer qu'il ne relève pas de
I' enseignement socratique.
Avant de présenter le texte, je vous propose de préciser le projet philosophique de Platon et
l'originalité de son propos.
Mais avant de commencer, quelques précisions sur l'enjeu de cette réflexion. Si nous voulons
comprendre la formation et le développement de l'esprit du christianisme, il nous faut être
attentif à un apparent paradoxe. Le chrétien lit la Bible et par s'inscrit dans l'héritage
hébrarque. Mais lorsqu'il s'est agi de mettre en forme la réflexion théologique, c'est à la
philosophie grecque et sa conceptualisation de l'expérience que les penseurs chrétiens se sont.
consciemment et inconsciemment, nourris. Le paradoxe est alors le suivant : les catégories et
la méthode d'interprétation appliquée à la révélation biblique trouvent leur origine sur un
terrain étranger à cette révélation, celui du paganisme grec. Il est donc capital de se
familiariser avec la méthode philosophique grecque et les concepts qu'elle a dégagé pour
comprendre la manière dont nous concevons encore aujourd'hui les questions touchant à la
vérité et au savoir.
Après ce bref rappel, tâchons donc de saisir ce qu'a d'original la réflexion platonicienne.
I. Platon et la doctrine de l'essence
1. Qu'est-ce ... ?
Nous avions vu la demière fois comment Socrate avait développé un art du dialogue centré
autour d'une question infiniment simple et redoutablement complexe : la question « qu'est-ce
que... ? », Socrate, dont la seule sagesse est de savoir qu'il ne sait pas, interroge ses
concitoyens pour recevoir d'eux le savoir qui lui fait défaut. Aux sages de la Cité athénienne,
Socrate pose la question qui doit leur permettre de définir I'objet de leur savoir : Qu'est-ce
que la vertu ? le Bien ? le Beau ? le pieux ? Et chaque fois, l'interlocuteur très sûr de lgi
répond en donnant une liste d'exemples qui ne satisfont pas Socrate.
Qu'est-ce que le Beau ? Le Beau, c'est une belle jeune femme. Oui mais une marmite peut
être belle. Cela signifie-t-il que la jeune femme et la marmite sont identiques ?
Avec une ironie certaine, Socrate déstabilise son interlocuteur en lui montrant qu'une
véritable connaissance doit valoir pour tous, partout et toujours et ne saurait dépendre d'un
point de vue particulier. La vérité ne peut qu'être universelle et absolue.
Comment dès lors atteindre une réponse satisfaisante à cette question : « qu'est-ce que ? »
La plupart des dialogues menées par Socrate dans les premiers textes de Platon n'aboutissent
qu'à un résultat négatif. L'interlocuteur, incapable de répondre, est obligé d'avouer son
ignorance.
C'est Platon, prenant de la distance à l'égard de la méthode socratique, qui va ouvrir la voie à
une réponse. Avant de présenter celle-ci, tâchons de saisir le problème.
2. Le problème de la vérité
Platon qui cherche à atteindre un savoir véritable et indubitable est confronté à un double
problème.
Le premier problème est celui du temps ou plus précisément du devenir. Dans notre monde, le
changement est permanent. « Tout coule » disait Héraclite. Le temps de saisir un objet, celui a
déjà changé. Essayer de dire la vérité de cet objet, c'est donc s'exposer à une contradiction.
Sitôt que j'exprime ce qu'il est, il est déjà devenu autre, et ce que je viens de dire à son sujet
est déjà réfuté par l'instant qui suit. Comment espérer atteindre une connaissance véritable,
c'est-à-dire stable et éternelle, dans un monde caractérisé par l'impermanence ?
Second problème, celui de la relativité. Si nous nous appuyons sur la sensation particulière
pour définir une réalité, nous aboutirons à une multiplicité de répônses contradictoires. Ce
problème est notamment mis en avant par le sophiste Protagoras qui déclarait : « l'homme est
la mesure de toutes choses ». Autrement dit, il y aura autant de vérités que de points de vue
subjectifs s'exprimant à son propos. Tout est alors relatif, ce qui est vrai pour l'un ne l'est pas
pour un autre. A chacun sa vérité ; mais en ce cas plus de vérité. I1 ne reste que des opinions
touj ours contestables.
Comment sortir de ce double problème ? Comment parvenir à un savoir véritable, c'est-à-dire
permanent, objectif, universel, identique pour tous et qui mette un terme à la contradiction ?
?
3. L'essence
La réponse à cette question suppose une réflexion profonde sur la nature du vrai et
l'interprétation que Platon va en donner guide encore notre rapport à la vérité (Platon a posé
des questions auxquelles nous répondons encore ; la philosophie comme note de bas de page
de l'æuvre de Platon).
Prenons un exemple simple. Supposons que je pose la question : « qu'est-ce que l'arbre ? ».
Quelle est la vérité au sujet de l'arbre.
Si je m'appuie sur mon expérience concrète, je vais me retrouver confronté au double
problème déjà énoncé. L'arbre ? C'est simple : c'est cet objet qu'il y a devant moi, dans le
jardin. Voilà ce que c'est que l'arbre. Oui, mais si je reviens un peu plus tard, la foudre I'a
frappé, il ne reste qu'un tronc calciné. Est-ce encore le même arbre ? Comment puis-je
accorder Ia vision que j'avais de l'arbre auparavant et maintenant? Et si l'arbre meurt et
disparaît tout à fait, qu'en est-il de la vérité que j'exprimais ? Dois-je en conclure que la vérité
de l'arbre a cessé d'être ?
Deuxième problème. Qu'est-ce que I'arbre ? Eh bien, l'arbre c'est ce platane que je vois.
Oui, mais I'arbre c'est aussi le pommier dans le jardin. C'est le chêne dans le bois. C'est le
bonzaï du japonais. Alors quel est l'arbre véritable ? Quelle est la vérité au sujet de l'arbre ?
Comment répondre à la question qu'est-ce que l'arbre sachant qu'en fonction de notre
expérience relative, nous répondrons tous différemment (on comprend la difficulté si on
s'interroge sur la justice ou le beau).
Alors qu'est-ce que l'arbre ? Qu'attend-on de la réponse à cette question. Si nous cherchons la
vérité à son sujet et non une simple opinion, nous pouvons établir les caractéristiques de cette
réponse. Celle-ci doit valoir pour tous les arbres et pour tous ceux qui s'interrogent au sujet de
l'arbre ; elle ne doit pas dépendre d'un point de vue particulier ; elle doit demeurer identique à
travers le temps. Autrement dit, la vérité doit être universelle, absolu, étemelle.
Comment atteindre une telle vérité alors que nos perceptions et nos expériences sont
particulières, relatives et changeantes ?
La solution de Platon va justement consister à détacher la vérité de la perception sensible. Le
problème tient justement à l'expérience concrète ; celle-ci dépend nécessairement du point de
vue de l'observateur. Il faut dorrc trouver un autre biais ; il s'agira d'une démarche fondée sur
la réflexion abstraite.
Reprenons notre question : « Qu'est-ce que l'arbre ? ». Effectivement le platane, le pommier,
le chêne et le bonsaï sont tous des arbres. Mais comment parvenir à une vérité valable pour
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