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6 Sujets sur la philosophie pour un début d’année exaltant
1 La philosophie nous détache-t-elle de la vie ? (conclusion rédigée ci-dessous) Plan dialectique.
Thèse : attaché (pris, prisonnier, cf. « l’allégorie de la caverne » de Platon, manuel p. 105)
Antithèse : détaché (délivré) Synthèse : rattaché (responsable)
apprendre ; comprendre ; reprendre - l'homme ne porte pas seulement la responsabilité totale
de son existence, il porte aussi la responsabilité totale de l'existence de tous les autres (Cf.
L'existentialisme est un humanisme Sartre 1905-1980, 57 pages, à lire en ce but d'année) ;
chacun se détermine à être authentiquement soi et non la le imitation d'un autre ou le produit
d'un milieu (Cf. pour l'élève que vous êtes encore : « L'homme vit et sa vie est orientée pour lui.
Cette orientation, il ne l’a pas créée, il le sait. Il n’est pas seul ; il a eu des parents, des amis, des
maîtres » texte d'Eric Weil 1904-1977) ; la « générosité » cartésienne (Descartes 1596-1650) :
ce que nous avons de meilleur à donner s'offre à nous, chaque jour, unique, inépuisable.
2 La philosophie doit-elle aller contre le sens commun ? Contre - avec.
A D'abord contre : « L'opinion pense mal ; elle ne pense pas ... On ne peut rien fonder sur
l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter ... Avant tout, il faut
savoir poser des problèmes. » Gaston Bachelard 1884-1962. (Cf. transformer la question du sujet
en problème dès l'introduction - la question fait question, pose problème, comporte un enjeu, ne
pas répondre à la question d'emblée, la réponse est la mort de la question !
B Ensuite avec : Alain 1868-1951 soutient en effet le contraire. « Philosopher, c'est dire en y
pensant ce que tout le monde dit sans y penser. » Plan dialectique - Thèse : rupture (différence de
nature - Bachelard) - Antithèse : prolongement, continuité, approfondissement (différence de degré
- Alain). Choisissez ! Les dictons populaires ( « Tout se paie » ) et les proverbes, comment les
qualifier ? Dans quelle catégorie les ranger ? Contre ? Avec ?
3 A qui s'adresse le philosophe ? Citation : « Socrate - c'était là son erreur - s'adressait au peuple,
à tout le monde, à la masse. Platon s'adressera à une élite, et cette élite, il essayera de la former
par une discipline scientifique, ce que Socrate avait négligé de faire. » Introduction à la lecture de
Platon, Alexandre Koyré 1882-1964, à lire en même temps que l'Apologie de Socrate de Platon.
Socrate parcourt les rues d'Athènes et l'agora (Cf. les cafés-philo) ; Platon ouvre une école,
l'Académie, que l'on a justement nommée la première Université du monde, sur le fronton de
laquelle, dit la tradition, on pouvait lire ceci : « Nul n'entre ici s'il n'est géomètre. » Référence à la
valeur éducative des mathématiques, école de rigueur, première de toutes les qualités
intellectuelles.
4 Peut-on ne pas être philosophe ? Celui qui réfléchit à cette question - peut-être malgré lui à
l'occasion d'un devoir de 4 h - est déjà dans la philosophie. Il est tombé, tels Icare et son père
Dédale, dans le labyrinthe des cavernes (la conscience malheureuse erre - errer, erreur - de
caverne en caverne - Cf. le texte de l’élève Sandrine G.) et il est près d'en sortir s'il rencontre un
maître (pas un enseignant bachotant) qui lui enseignera 1) moins ce qu'il sait (le prof-
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encyclopédie-vivante concurrencé par Internet) qu'il ne le révélera à lui-même, en l'élevant, vers,
é/lève, uni vers el, 2) moins l'apprentissage bachoté de doctrines comme telles (les - - - ismes
philosophiques) que le pouvoir à la fois critique et constructif de la méthode (chemin) dans la
pensée. Cf. le « Connais-toi toi-même » de Socrate, que nous traduisons par « Reconnais-toi toi
même », inscrit sur le fronton du temple d'Apollon à Delphes. C'est le salut que le dieu adresse
aux hommes. A un salut, on répond. Comment ? En retournant (retourner, fléchir, revenir,
reprendre, rattacher, redescendre dans la caverne) sur elle-même notre essence pour en faire un
acte unique et unifié, à l'unisson de l'acte absolu qui transcende l'être et le fonde, en tentant de
nous retrouver au-delà du non-sens et de l'absurdité d'être, conscient de cette non-coïncidence
avec nous-mêmes, de notre inquiétude essentielle à risquer à chaque instant notre être (ma mort,
non pas la mort) éphémère et irremplaçable tout à la fois.
5 Peut-on avoir peur de penser ? « Réfléchir, c'est déranger ses pensées. » Jean Rostand 1894-
1977. L'image du taon de Platon : « ... pour vous stimuler comme un taon stimulerait un cheval
grand et de bonne race mais un peu mou ... » Apologie de Socrate, Platon. Socrate (le professeur)
a un rôle d'éveilleur. Le plus grand bien qu’un professeur fait à ses élèves n’est pas de leur
communiquer sa propre richesse mais c’est de leur faire découvrir la leur. Il incite les jeunes à
devenir meilleurs (pas à remplir leur te pleine à craquer, « tête bien faite, tête bien pleine »
Montaigne 1533-1592) sans leur donner ni recettes ni réponses à leurs questions. On n’ouvre pas
une fleur avec les doigts ! On ne vit pas par procuration. A chacun d'inventer sa vie. Il n'est pas un
gourou, un chef de secte. A chacun d'inventer son chemin, progressivement. On n'avance jamais
que d'un pas à la fois. Jour après jour, ce jour, ce jour qui passe (examen de conscience soir
après soir - Sénèque) ... ce jour qui passe et qui ne reviendra plus ! Avoir 18 ans, c’est avoir vécu
6574 jours.
Mal/mener la pensée, penser mal, cela fait mal, rend malade, dégoûte, « maladie, mal-à-dire »
(Jacques Lacan 1901-1981) malade de l'impossibilité à dire ce mal. D'où les conduites de dérives
et d'échec, d'où le faux humour d'élèves qui est une fuite lorsqu'ils réduisent tout ce début d'année
de philosophie à de la provocation, à de l’exagération - « Vous faites de la provocation ! » D'où la
nécessité d'apprendre à penser, à bien penser avec des maîtres. Il n'y a pas de pensée solitaire.
Penser, c'est faire société, unis vers, é levés. « L'universel est le lieu des pensées. » (Alain) La
vérité n'est ni à toi, ni à moi, elle est à faire, ensemble, dans le dialogue, devant nous, en haut et
en avant. (le sommet du triangle) On fait la vérité (on n'a pas la vérité !) ; on la fait comme le
chemin ... en marchant ! Pas sur le papier, pas en récitant des doctrines. Chacun n'a pas le
pouvoir de penser vraiment ce qu'il veut. Une pensée véritable est une pensée intelligible. Elle est
à la fois ma pensée et celle que l'autre (le lecteur-correcteur de la copie) pourra comprendre, celle
que tout homme (tout - universel) pourrait faire sienne. Elle n'est pas un point de vue à côté
d'autres points de vue répartis dans l'espace clos de la caverne. On ne discute pas des ronds dans
l’eau pour définir le cercle ; on ne discute pas des faces du cube pour décider à l’amiable s’il en a
une, plutôt que deux, plutôt que trois, quand on SAIT qu’il en a 6. Il ne s'agit pas d'être dans les
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idées du correcteur ! « Tout point de vue est faux. » (Paul Valéry 1871-1945). La philosophie
cicatrise (philosophie : médecine de l'âme, remède de l'âme - tout le monde craint la mort du
corps mais la mort de l'âme qui la craint ? Vous avez une âme, un homme, c'est son âme, et que
pouvez-vous donner en échange de votre âme ? disent les Evangiles ainsi qu’un proverbe
malgache) donc LA PHILOSOPHIE CICATRISE LE MALHEUR D'EXISTER QUI S'EMPARE DE TOUTE VIE QUI
S'EST, une fois, à fond, à 18 ans (il est grand temps !) PRISE AU SERIEUX. Il est bien entendu que
l'homme n'existe pas « pour être heureux » ! Malheur d'exister et bonheur d'exister - Malheurs
dans l'existence et bonheurs dans l'existence. « Il n’y a qu’une seule erreur innée : celle qui
consiste à croire que nous existons pour être heureux. » Schopenhauer 1788-1860
6 Les hommes ont-ils peur de la vérité ? Fuir ce que nous sommes. Ce que nous sommes ?
Autrement dit la vérité de notre être, si difficile à supporter, c'est notre radicale liberté. La mauvaise
foi (nous nous mentons à nous-mêmes, quand nous disons que nous sommes obligés) est l'effort
désespéré par lequel nous cherchons à éviter l'angoisse (la peur de la peur) que fait naître la prise
de conscience de cette vérité paradoxale : « nous sommes condamnés à être libres. » Sartre
1905-1980. Nous réclamons toujours plus de liberté(s) mais quand nous prenons conscience que
nous devenons libres, cette liberté apparaît comme un fardeau. Nous n'en voulons plus. Nous
nous plaignons d'être obligés. Des élèves confondent contrainte et obligation. L'obligation suppose
la liberté. On n'oblige pas une pierre à tomber mais on oblige un homme à dire la vérité.
Elémentaire ! Goethe (1749-1832) a écrit : « C'est en obéissant que j'ai le mieux senti que mon
âme était libre. » Philosopher, c'est accepter d'affronter l'angoisse (d’abord ne pas l'apaiser avec
un Dieu ; ensuite ne pas la dissoudre dans les bonheurs dans l'existence - Cf. le texte de
Fourastié : « Le jeune homme moyen ... » ; votre luxe tapageur de nantis insulte la pauvreté de
nos déshérités ; enfin ne pas la guérir par des pilules - la France, dit-on, championne de la
consommation de tranquillisants) et reconnaître cette vérité essentielle : il n'arrive pas n'importe
quoi à n'importe qui ; rien n'arrive qui ne soit le reflet de ce que nous avons désiré. Mais les
hommes passent leur vie à s'excuser et à (s')accuser : 1) la faute de la NATURE violente (Cf. la
neige a encore tué (lu dans la VDN), le marbre est froid, le brouillard meurtrier, la mer méchante,
etc.) 2) la faute des AUTRES. « La faute, c'est toujours les autres. » Les autres, hélas, c'est nous !
On pourrait mesurer la vigueur d'un esprit à la dose de vérité qu'il pourrait, à la rigueur, supporter
ou, inversement, au degré auquel il aurait besoin que cette vérité fût diluée, voilée, édulcorée,
assourdie, faussée par les « on verra bien », le « il ne faut pas trop réfléchir » des adultes-parents
effrayés. Quand on s'interdit à soi-même de se poser les questions, c'est qu'on a été gagné par le
sophisme collectif, par la tyrannie du « on », une tyrannie sans tyran, du « comme il faut », du « on
est tous obligé ». « Et vous aussi, Monsieur, vous êtes obligé ! » - « Non ! »
Pensez à Moïse. Il a vu ! En redescendant (re !) du Sinaï, de la montagne, (Cf. la colline près de
Bouville dans la Nausée de Sartre), le visage rayonnant de sa rencontre avec Dieu, il trouve le
peuple en train d'adorer le veau d'Or. Et moi, Verbaere, je vous trouverai à l’entrée des temples de
la consommation : « Auchan - la vie, la vraie ». L’homme-caddy. Vous aussi, vous avez (déjà) vu.
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Cf. ma conclusion : l'essentiel (la vérité) a toujours été soupçonné par tout le monde. Je ne vous
dis en paroles que ce que vous savez déjà tous et toutes en pensées. Vous faites semblant de
ne pas comprendre la philosophie parce que vous avez peur de voir la vérité en face -
vous faites semblant en disant toujours la mort mais jamais ma mort, vous faites semblant de ne
pas être libres. Vous auriez tué Socrate ? Allez ! Il suffit ! Je ne vous apprends rien, je vous
permets de redécouvrir l'essentiel que vous avez oublié. Cf. Les Thibault : Réfléchir... penser à
mes malades ou méditer sur le monde, je n'en ai plus le loisir, je croirais voler du temps à « mon »
travail. Mais vous préférez peut-être oublier, puisque « tout le monde oublie », comme les moutons
de Panurge. Le contraire du mot vérité, c'est le mot oubli. Faire la vérité, c'est enlever le voile qui
recouvre l'essentiel. Soit j'oublie en me divertissant (Pascal 1623-1662), en m'occupant, en n'ayant
plus une minute à moi - avoir des ennuis pour ne pas connaître l'ennui (c'est l'urgent - vos
agendas : en latin = ce qui doit être fait - qui prend la place de l'essentiel ; cf. le texte « parole d’un
moine du monastère Sainte-Catherine ») Soit je fais la vérité, j'ouvre un chemin, je me construis,
je deviens (votre réflexion personnelle à reprendre jour après jour comme un journal intime). On
naît homme mais on devient humain. L'insupportable, ici et maintenant pour vous, c'est que vous
risquez de vous préoccuper surtout d'oublier, de mettre la philosophie en cage, serré dans un
petit coefficient 2, de sortir le perroquet-bachotant le temps d'un cours, d’un « devoir sous
surveillance » de bien vous assurer que la majorité fait comme vous, surtout de n'être pas seul
dans la classe (la tyrannie de la majorité, du nombre, des sondages, de la quantité sur la qualité ;
la masse, le troupeau, contre l'élite) Mais vous ne pourrez plus dire : « nous ne savions pas ! »
Supplément
Sujet : La philosophie nous détache-t-elle de la vie ?
Une conclusion rédigée
Au cours de cette réflexion, nous avons donc démontré que nul ne prend davantage l’existence au
sérieux que le philosophe. Il se tache de la vie ; c’est pour mieux s’y rattacher. On lui a fait
quitter la « caverne » ; c’est pour y revenir et délivrer ses compagnons. Il réfléchit sur sa mort ; ce
n’est pas pour mourir mais pour mieux vivre. Le détachement est l’attitude philosophique par
excellence. Cette attitude est aussi, implicitement, celle de tout le monde. L’essentiel a toujours été
soupçonné mais aussi non moins constamment étouffé ou passé sous silence. Toute âme
humaine est portée par des contradictions. Certains hommes encore attachés sont enclins à
l’oublier, happés par l’urgence de l’action et séduits par les simplifications rassurantes de la
technocratie et de l’idéologie dominante. C’est sur ce fond commun à tous que celui ou celle qui
devient philosophe s’élève et élève ses compagnons d’existence.
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