Trump, l’Iran et la stabilité au Moyen-Orient, Javier Solana was EU High Representative
for Foreign and… Project Syndicate
Javier Solana was EU High Representative for Foreign and Security Policy, Secretary-General
of NATO, and Foreign Minister of Spain. He is currently President of the ESADE Center for
Global Economy and Geopolitics, Distinguished Fellow at the Brookings Institution, and a
member of the World Economic Fo… read more. JAN 23, 2017. Traduction François Boisivon.
Project Syndicate
MADRID – Il est regrettable que si peu d’accords internationaux aient été conclus ces dernières
années. Dans une période où la compétition entre grandes puissances a généralement eu raison de
la coopération, deux exceptions notables – l’accord avec l’Iran sur le nucléaire et l’accord de Paris
sur le climat – ont laissé espérer que des réponses multilatérales aux défis mondiaux, dûment
traduites en langage diplomatique, étaient encore possibles.
Mais aujourd’hui Donald Trump menace de revenir sur ces deux accords, et son élection à la
présidence des États-Unis a montré leur fragilité. Si les États-Unis se retirent de l’un ou de l’autre
traité, ou négligent de les observer, ils porteront un rude coup au système mondial de gouvernance
qui s’appuie sur des accords multilatéraux pour résoudre les problèmes internationaux.
Pour comprendre ce qui est en jeu, considérons le Plan d’action global conjoint entre l’Iran et le
groupe E3/UE+3 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, plus
l’Allemagne et l’Union européenne). Le premier anniversaire du PAGC a coïncidé, à quelques jours
près, avec l’investiture de Trump ; il est donc opportun de se pencher sur sa genèse – et de rappeler
ce qui pourrait arriver s’il est dénoncé.
Les premiers contacts pris avec l’Iran par les Européens sur la question nucléaire remontent à
l’année 2003 ; les négociations furent menées avec Hassan Rohani, qui était alors secrétaire du
Conseil de la sécurité nationale iranien. Les deux parties étaient même parvenues à un accord en
2004, mais qui ne tint pas. En 2005, l’élection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de l’Iran
marqua un renversement. Si les négociations se poursuivirent officiellement, peu de progrès furent
réalisées. Pendant ce temps, le programme nucléaire iranien avançait rapidement, malgré les
lourdes sanctions économiques dont souffrait la population.
En 2013, Rohani a remporté l’élection présidentielle iranienne. Lorsqu’il négociait avec les
diplomates européens, en 2003, son pays avait encore un programme nucléaire modeste, et ne
pouvait enrichir l’uranium qu’au prix de grandes difficultés. Dix ans plus tard, l’Iran avait installé
des centaines de centrifugeuses. Heureusement, d’incessants efforts diplomatiques durant les deux
ans qui suivirent l’élection de Rohani, ont abouti au PAGC.
Bien sûr, les voix de ceux qui n’acceptaient pas l’accord, ni même l’idée de négocier avec l’Iran, se
sont fait entendre aux États-Unis. Et certains pays du Moyen-Orient ont craint qu’il ne
compromette l’équilibre régional et ne porte atteinte à leurs propres intérêts. Les détracteurs de
l’accord lui opposaient trois objections principales : l’Iran ne remplirait jamais ses engagements, on
ne pouvait pas lui faire confiance ; l’accord relèverait de façon inacceptable l’importance régionale
du pays ; l’Iran ne méritait pas tant d’honneur.
Dans l’année qui a suivi la mise en application du PAGC, l’Iran a-t-il rempli ses engagements ?
L’Agence internationale de l’énergie atomique l’affirme. L’Iran a autorisé l’AIEA à inspecter tous les
sites dont l’agence avait demandé la visite – y compris ceux qui lui étaient interdits avant l’accord –
et a ouvert aux inspecteurs l’accès à ses systèmes électroniques ainsi qu’à sa chaîne
d’enrichissement.