Dans ce schéma, le focus est placé sur le message transmis, pour
lequel il existe bien un « émetteur » et un « récepteur ». Ce dernier,
sans être toujours passif, apparaît avant tout comme une « cible ».
Cette conception top-down, qui a largement influencé les pra-
tiques de la formation professionnelle, a certes été fortement criti-
quée à partir des années 1970-1980, notamment aux États-Unis ou
en Amérique latine, où des pédagogues comme Paulo Freire, Juan
Bordenave, Raphaël Roncagliolo ont proposé des modèles alterna-
tifs (« participatifs », « transactionnels ») dans lesquels l’accent est
davantage mis sur le partage des savoirs de chacun, sur l’interaction
des savoirs dans les processus de communication. Pour autant, les
conceptions de bien des acteurs occidentaux restent durablement
marquées par l’approche centrée sur le message et son émetteur.
Mais il existe d’autres représentations de l’objectif même de la com-
munication, ancrées dans des traditions culturellement très diffé-
rentes.
Les définitions chinoises de la notion de communication en sont
un bon exemple : le terme peut se traduire soit par chuan bo (dis-
séminer), soit par jiao liu (échanger), soit par gou tong (établir des
connexions entre les gens)4. Si la première traduction se centre bien
sur la transmission d’un message depuis un émetteur vers des récep-
teurs, les deux autres traductions s’en éloignent et mettent en avant
d’autres objectifs :
−la création de liens et la recherche d’harmonie : dans la pensée
confucéenne, la communication est d’abord destinée à développer et
An Introduction to Intercultural Communication, op. cit.
la communication
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