judaïsme christianisme isLam

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Livres
Sacrés
judaïsme
christianisme
islam
Après votre visite, vous nous rendez le guide du visiteur.
Vous voulez réviser les textes une fois de plus ? Vous pouvez
les télécharger sur www.heiligeplaatsenheiligeboeken.be/texts
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Lieux Sacrés, Livres Sacrés
Sous le Haut Patronage de Leurs Majestés
le Roi et la Reine
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Lieux Sacrés, Livres Sacrés
Lieux
Sacrés,
Livres
Sacrés
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Livres Sacrés
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Le judaïsme, le christianisme et l’islam sont étroitement
apparentés. Ils sont tous trois nés au Proche-Orient et
considèrent Abraham comme un ancêtre important. Un
Dieu unique, tout puissant et éternel a créé le monde et
s’est révélé à l’homme par la parole. Cette révélation est
conservée dans des écritures saintes, qui constituent une
directive pour la vie : le Tanakh, la Bible et le Coran. Les
croyants professent leur religion par le biais d’une
multitude de pratiques. Ils visitent ainsi depuis très longtemps de nombreux lieux sacrés, parmi lesquels Jérusalem,
Rome et La Mecque.
Lieux Sacrés, Livres Sacrés est une exposition double sur
ces trois grandes religions monothéistes du monde. Au MAS,
vous ferez connaissance avec la riche tradition du
pèlerinage. Dans la salle Nottebohm de la Bibliothèque
patrimoniale Hendrik Conscience, vous découvrirez quelques exemplaires rares de livres sacrés. Les deux
expositions traitent de la signification qu’avaient jadis et
qu’ont aujourd’hui les livres et les lieux saints.
La présente exposition est axée sur le sens profond des
livres sacrés des juifs, des chrétiens et des musulmans.
Pourquoi ces textes sont-ils tellement importants pour les
croyants ? L’exposition pose un regard unique sur le
contenu, la forme, l’utilisation et l’étude du Tanakh, de la
Bible et du Coran. Découvrez la zone de tension entre une
révélation divine immuable et les différentes interprétations que les hommes lui ont donné à travers les siècles.
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Livres Sacrés
Galerie de
portraits :
Les Anversois
et leurs
livres sacrés
Cela fait des siècles que les livres sacrés, comme le Tanakh, la
Bible et le Coran, sont lus et étudiés de manière approfondie dans
le monde entier. Les croyants les considèrent comme un guide moral
dans leur vie ou comme un soutien dans les moments difficiles.
C’est toujours ainsi de nos jours. L’étude, la recherche du sens des
choses et des émotions vont ici main dans la main. Les portraits et
les citations expliquent ce que des Anversois ressentent lorsqu’ils
lisent et utilisent leur livre sacré.
Photographie : Rocio Forero B.
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Galerie de portraits
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joseph blajwas
meryem aktas
Mais en fin de compte,
l’objectif principal de
l’étude de la Torah est
de savoir ce qu’il
convient de faire à
l’égard de soi-même,
de ses proches et de
toute l’humanité pour
apporter le bonheur et
la paix sur Terre.
Le Coran est pour
moi un guide qui
me dirige dans la
vie. Sans lui, je
suis perdue.
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Livres Sacrés
bruno aerts
david braun
Personnellement,
je considère la
Bible comme un
compagnon de
voyage. Comme
qui dirait, un
compagnon de
route.
Même si certaines
obligations et
interdictions de la
Torah semblent
étranges à première
vue, le fait de les
respecter sans se poser
d’autres questions à
leur sujet indique que
l’on est engagé sur une
voie spéciale.
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Galerie de portraits
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erika droogendijk
assad ben-meseoud
J’ai surtout recours à la
Bible en période de
doute, lorsque je ne sais
bien quoi faire dans une
certaine situation. Même
s’il s’agit d’un livre ancien,
les situations sont très
souvent très reconnaissables et toujours
actuelles.
Dans ma vie de tous
les jours, j’applique
souvent les
préceptes du Coran,
aussi bien dans mes
prières que dans
mes agissements,
parce que j’essaie
de vivre selon les
principes de l’islam.
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Livres Sacrés
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Traces des pèlerins
à Anvers
Découvrez notre Tableau patrimonial numérique. Vous trouverez ici
une sélection du patrimoine anversois en matière de lieux sacrés et
de livres sacrés. La présentation approfondit surtout le thème du
pèlerinage (« Pelgrimage »), qui est abordé dans notre exposition
sœur au MAS. Nous utilisons à cette fin les traces visibles dans les
collections patrimoniales d’Anvers des divers types de pèlerinages :
vers Anvers, passant par Anvers et au départ d’Anvers. Suivez les
traces patrimoniales du pèlerin à et hors d’Anvers. Découvrez ainsi
le riche patrimoine que renferment les nombreux Trésors et les
« maisons du livre » de la ville d’Anvers.
Révélation
Le judaïsme, le christianisme et l’islam sont liés de façon essentielle
à des moments où le divin s’est révélé à l’homme. Moïse reçut
de Dieu les Tables de la Loi. Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu,
apporta le Salut. Le prophète Muhammad devint le messager
d’Allah, porteur de la parole de Dieu.
Les témoignages les plus anciens de ces révélations sont fort
attrayants. Sous forme de fragments, ils ont toujours fasciné aussi
bien les croyants que les scientifiques et les collectionneurs.
Ces textes très anciens constituent les sources les plus précieuses
pour comprendre comment les révélations se sont finalement
transformées en livres. Les fragments des Rouleaux de la mer
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Révélation
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Morte, ceux des lettres de Paul et une page d’un Coran datant du
premier siècle de l’ère musulmane (fin du 7e - début du 8e siècle) :
chacun d’eux rend la notion de « révélation » particulièrement
tangible.
Le Tanakh, la Bible et le Coran sont séculaires et leur message divin
conserve sa signification fondamentale pour les croyants.
Le Tanakh : création
Le Tanakh est une collection de rouleaux de textes subdivisée en
trois parties : la première est la Torah (Enseignement). Elle raconte
la création du monde et de l’homme, ainsi que l’histoire du peuple
d’Israël jusqu’à la sortie d’Égypte. Cette partie comprend également des lois et autres directives.
Les Nevi’im (Prophètes) en constituent la deuxième partie, avec
des histoires liées à l’entrée en Israël et au développement du pays.
Ces livres contiennent aussi les paroles des « grands prophètes »,
comme Jérémie et Ézéchiel, ainsi que celles des douze « petits
prophètes ». La troisième partie est dénommée Ketouvim (Écrits).
On y trouve différents types de texte tels que des chants poétiques
(Psaumes), des pensées de sages (Proverbes), des considérations
philosophiques (Ecclésiaste) et des histoires de vie (Job, Ruth).
La composition actuelle se réfère d’après la tradition religieuse
aux rabbins de Yavné (Israël), vers la fin du Ier siècle de notre ère.
Avant cette époque, il n’y avait pas de chronologie fixe et les juifs
utilisaient également d’autres écrits. La plus ancienne collection de
textes juifs découverts à Qumrân, sur les bords de la mer Morte,
contenant (principalement des fragments) des rouleaux de
parchemin en hébreu, araméen et grec, en témoigne. Il s’agit
parfois de textes très différents.
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Livres Sacrés
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Fragment biblique du livre des Psaumes
Manuscrit sur parchemin
Qumrân, Ier siècle
Musée Bible et Terre Sainte, Paris, 4QPsq (4Q98)
Le présent manuscrit sur peau de mouton conservé à Paris contient des fragments des
Psaumes 33 et 35. Il date du milieu du Ier siècle. Ces textes anciens sont d’une valeur
inestimable pour notre connaissance du Tanakh.
La Bible : création
Tout comme le Tanakh, la Bible chrétienne est une collection de
textes. Ou plus précisément : deux collections, le Nouveau et
l’Ancien Testament.
L’Ancien Testament comprend la plupart des textes du Tanakh
hébreux. L’influente traduction grecque de ces textes, la Septante,
en constitue la base. L’Ancien Testament contient également des
textes que la tradition juive a finalement rejetés. Ces derniers ne
figurent pas dans les traductions protestantes de la Bible, étant
donné qu’elles s’appuient sur la version hébraïque.
Selon le christianisme primitif, Jésus de Nazareth était le Christ ou
le Messie, c’est-à-dire celui dont les écritures juives annonçaient la
venue. Dans le Nouveau Testament, les quatre évangiles – du mot
grec euangelion, « bonne nouvelle » – relatent l’histoire de sa vie,
de sa mort et de sa résurrection. Ils sont attribués à Matthieu, Marc,
Luc et Jean, et datent de la seconde moitié du Ier siècle. Matthieu
et Jean étaient des disciples de Jésus.
Le Nouveau Testament contient également les Actes des Apôtres,
l’histoire des premières communautés des disciples du Christ, ainsi
que les Épitres que l’apôtre Paul et d’autres dirigeants chrétiens ont
adressées à ces communautés. La Révélation ou l’Apocalypse est le
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Révélation
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dernier livre du Nouveau Testament, avec la vision de Jean de la
fin des temps.
Le contenu du Nouveau Testament a été déterminé vers la fin du
IIIe siècle.
|1
Lettres de Paul
Manuscrit sur papyrus (fragments)
Oxyrhynque (Égypte), début du IIIe siècle
Bibliothèque universitaire de Gand, Pap. Gand, Gand, Inv. 61
Ces fragments de papyrus contiennent des passages de lettres que l’apôtre Paul a
envoyées aux chrétiens de Thessalonique. Les idées de Paul se sont avérées décisives pour
le développement du christianisme primitif. Les fragments datent du début du IIIe siècle.
Des archéologues britanniques les ont découverts vers la fin du XIXe siècle dans une
vieille déchetterie à proximité de la ville égyptienne d’Oxyrhynque. Certaines lettres de
Paul sont le noyau des plus anciens textes chrétiens.
Le Coran : création
Le Coran est la parole de Dieu, comme elle a été progressivement
révélée (entre 570 et 632) en arabe à Muhammad, un commerçant
de la Mecque, par le biais de l’ange Gabriël.
La mise par écrit des révélations en vue de les compiler dans un
ouvrage unique s’est opérée très rapidement. La tradition faisant le
plus autorité situe ce processus dans la première décennie suivant
l’année 632. Le regroupement des révélations sous forme de livre
(kitab) fut mandaté par le troisième calife ‘Uthmân (644-656).
Plusieurs exemplaires (mushaf, un ensemble de feuillets) en ont
alors été réalisés. Ces derniers furent envoyés du quartier général
d’Uthmân dans le Hedjaz (Ouest de l’Arabie) vers les différentes
contrées du jeune empire : l’Égypte, l’Iraq, la Syrie, le Yémen, l’Iran
et l’Azerbaïdjan.
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Livres Sacrés
Les plus anciens (fragments de) Corans sur parchemin datant de la
fin du VIIe et du début du VIIIe siècle ont été rédigés en écriture
hijâzî rudimentaire, légèrement penchée vers la droite. L’étude
scientifique approfondie à laquelle ils ont été soumis, ainsi que
d’autres pièces connexes, révèle qu’il est plus que probable que le
codex d’Uthmân (Mushaf d’Uthmân) soit très rapidement devenu la
norme.
|1
Fragment coranique de type hijâzî
Manuscrit sur parchemin
Origine inconnue, vers 650-750
Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, Or. 14.545 b
Ce fragment sur parchemin conservé à Leyde présente une écriture hijâzî plus stylisée
datant du début du VIIIe siècle, ce qui correspond au début du 1er siècle de l’ère
islamique (Hégire). Il s’agit d’un feuillet provenant d’un exemplaire parisien faisant partie
de la plus ancienne génération de Corans conservés. Leur remarquable analogie laisse
supposer que le codex d’Uthmân a été très tôt considéré comme étant la norme.
Le texte
Dans un passé lointain, les révélations monothéistes ont acquis
autorité parce qu’il en a été fait un texte et ensuite un livre.
Dans chaque tradition, on a très rapidement vu apparaître des
livres contenant le message révélé. Dans le judaïsme, le Tanakh
constitue le livre par excellence. Il comprend une collection de textes, dont la partie principale et la plus connue est la Torah. La Bible
du christianisme contient également le Tanakh, dénommé dans ce
contexte « Ancien Testament ». Il s’y ajoute une nouvelle collection
d’écrits axés sur la vie de Jésus de Nazareth : le « Nouveau
Testament ». Les textes du Coran, le « Livre sacré » de l’islam,
expriment la relation entre Allah le Tout-Puissant, Sa création et
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Le texte
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l’homme. Le Coran contient également des références au judaïsme
et au christianisme.
Bien que les textes du Tanakh, de la Bible et du Coran contiennent
des messages divins très différents, ils ont également de nombreux
thèmes, des personnages et des idées en commun.
Témoignages
anversois
Le Tanakh, la Bible et le
Coran en tant que support
de la Parole divine
2
Que signifient le Tanakh, la Bible et le Coran pour les gens
d’aujourd’hui ? Pourquoi sont-ce des livres sacrés ? Quand,
comment et pourquoi sont-ils lus ? De quelle manière font-ils partie
de la vie quotidienne ? Quelle(s) signification(s) et quelle inspiration
offrent-ils ? Comment ces significations se révèlent-elles ? Des
Anversois issus des traditions juive, chrétienne et musulmane
décrivent la place que « leur » livre sacré occupe dans leur vie.
En savoir plus !
Feuilletez vous -même
les livres
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Si l’approche des livres sacrés de l’exposition a éveillé votre
curiosité, vous pouvez consulter et feuilleter ici un certain nombre
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Livres Sacrés
d’œuvres numériques. Sur le site web, vous trouverez par ailleurs
d’autres liens vers des livres entièrement numérisés.
Le Tanakh : le texte
Ce n’est qu’au premier siècle de notre ère que le Tanakh a plus ou
moins acquis sa composition actuelle. Les rabbins de Yavné (Israël)
y ont inclus les textes attribués aux plus anciens auteurs et dont la
datation remonte selon eux à certainement plus de cinq siècles.
Étant donné que les différents livres du Tanakh étaient alors écrits
sur des rouleaux, leur ordre n’était pas encore déterminé. Cela a
changé au Moyen Âge, lorsque les juifs ont également adopté le
codex, c’est-à-dire la forme moderne du livre. Grâce aux
découvertes faites à Qumrân, nous savons qu’à cette époque, les
psaumes n’avaient pas encore d’ordre déterminé.
L’ancienne écriture hébraïque n’avait pas de voyelles. Les signes
voyelles nécessaires pour pouvoir faire la lecture des textes sont
attribués à des érudits médiévaux appelés « massorètes ». Le
« texte massorétique » est donc traditionnellement considéré
comme la réplique exacte de la Bible juive originelle.
|2
Pentateuque ashkénaze
Manuscrit sur parchemin
Allemagne, vers 1270-1320
Braginsky Collection, Zurich, BCB 214
C’est un manuscrit médiéval ashkénaze (ou de l’Europe de l’Est) de la Torah (appelée
Pentateuque en grec) où les voyelles sont encore manquantes sur une page. L’autre
grande tradition séfarade en Espagne, au Portugal et dans les pays musulmans a
développé des caractères d’écriture légèrement différents, ainsi qu’une autre façon de
prononcer les mots.
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Le texte
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|3
Bible hispano-portugaise
Manuscrit sur parchemin
Copiiste Isaac ben Ishai Sason
Ocaña (Espagne), Évora (Portugal), 1491-1494
Braginsky Collection, Zurich, BCB 243
C’est un manuscrit séfarade magnifiquement enluminé, qui porte le poids d’une histoire
turbulente. Le copiste a commencé son travail en Espagne, mais il a été obligé de le
poursuivre dans la ville portugaise d’Évora, lorsque Ferdinand et Isabelle ont banni les
juifs d’Espagne.
La Bible : le texte
La Bible chrétienne est composée de l’Ancien et du Nouveau
Testament. Plus court, le Nouveau Testament était, et est encore
souvent propagé séparément.
Les quatre Évangiles de ce Nouveau Testament traitent de la vie,
des prédications, de la mort et de la résurrection de Jésus. Chacun
a un style et un ton qui lui sont propres et chaque évangile ne
contient pas tous les épisodes. C’est pourquoi certains auteurs ont
réuni tous les récits en un texte continu appelé « harmonie ».
Tant que la seule structure visible de la Bible était celle de la
division en Ancien et Nouveau Testament et en « livres », il
demeurait difficile de s’y retrouver. C’est au XVIe siècle, sous
l’impulsion de l’humanisme, que le besoin d’une structuration plus
détaillée, avec des chapitres et des versets numérotés, s’est fait
sentir.
La numérotation largement acceptée et utilisée de nos jours est
attribuée à l’imprimeur-éditeur parisien Robert Estienne. Il était
désormais possible de se référer de manière univoque à des
passages bibliques, et de comparer plus aisément les versions
textuelles et les traductions.
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Livres Sacrés
|2
Bible des pauvres
Livre xylographique, papier, colorié
Sans lieu, vers 1464-1465 ?
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Inc. B1590
La dichotomie entre l’Ancien et le Nouveau Testament est clairement visible dans la
Biblia pauperum ou la « Bible des pauvres », un livre xylographique datant du XVe
siècle. Il contient en effet des tableaux de l’Ancien et du Nouveau Testament qui sont
thématiquement liés.
|3
Quatre Évangiles
Manuscrit sur parchemin
Sans lieu (Monreale ?, Italie), XIIe siècle
Bibliothèque apostolique vaticane, Vatican, Vat. Lat. 42
Les quatre textes évangéliques étaient souvent réunis dans un recueil séparé. Cet
exemplaire du XIIe siècle provenant de la Bibliothèque du Vatican témoigne de la
splendeur qui pouvait être conférée à ces compilations des évangiles.
|4
Diatessaron Leodiense
Manuscrit sur parchemin
Brabant ou Flandre, début du XIVe siècle
Université de Liège, Bibliothèque Alpha, Liège, Hs. 437
Certains épisodes de la vie de Jésus sont racontés dans plusieurs évangiles, d’autres dans
un seul. Cela a incité certains à combiner toutes les histoires pour en faire un texte unique :
l’« harmonie » ou le « Diatessaron ». Le Diatessaron de Liège (conservé à l’Université de
Liège) est une version textuelle combinée de ce type, rédigée en moyen néerlandais.
|5
Édition biblique de Robert Estienne
Impression sur papier
Genève (Suisse), 1557
Musée Plantin-Moretus / Cabinet des estampes, Anvers, R31.4
Le Parisien Robert Estienne n’était pas seulement un imprimeur et un éditeur, mais aussi un
érudit humaniste. Son système de numérotation des versets bibliques a été appliqué pour
la première fois dans son édition de 1557, publiée à Genève. Cette numérotation a été
adoptée par la suite comme standard.
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Le texte
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Le Coran : le texte
Le codex d’Uthmân reconstitue la révélation divine à l’homme sous
forme de texte. Les versets et signes (ayat) révélés à Muhammad y
sont groupés en chapitres appelés sourates. Les sourates les plus
longues figurent en tête, les plus courtes en fin d’ouvrage. Le codex
d’Uthmân compte 6236 versets et 114 sourates.
Seule la première sourate constitue une exception à la « classification selon la longueur ». Il s’agit du chapitre le plus important :
les musulmans le récitent quotidiennement pendant la prière, ainsi
qu’à d’autres moments particuliers. Cette sourate, appelée
al-Fatiha, l’Ouverture, résume le message clé : la miséricorde toute
puissante du seul et unique Dieu, qui récompensera ceux qui se
soumettent à sa Volonté et qui suivent la voie qu’Il leur a tracée.
Sa colère est dirigée contre ceux qui s’en écartent.
Les autres sourates expriment le message clé en trois types de
textes : les versets prédicateurs ; les récits des prophètes
(isrâ ‘iliyyât) qui sont apparentés au Tanakh et à la Bible et qui
traitent entre autres de Noé, d’Abraham et de Moïse ; les passages
contenant des directives sociales constituant la base du droit
islamique.
|2
Coran d’Aceh
Manuscrit sur papier
Aceh (Indonésie), milieu du XIXe siècle
Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers, F 272304
Lorsqu’on parcourt la copie numérique de ce manuscrit d’Aceh (Indonésie) datant du XIXe
siècle, on remarque que les sourates les plus longues figurent en tête, et les plus courtes
en fin du Coran. Les enluminures des pages exposées ici (les deux premières pages du
livre, ce qui correspond aux deux dernières des livres rédigés dans des langues
européennes) témoignent du fait que la première sourate courte de chaque mushaf
bénéficie de la plus grande attention décorative. Cette sourate s’énonce comme suit :
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Livres Sacrés
(1) Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
(2) Louange à Allah, le Seigneur de l’univers,
(3) le Très Clément, le Très Miséricordieux,
(4) le Maître du Jour de la Rétribution.
(5) C’est Toi (Seul) que nous adorons et c’est à Toi (Seul) que nous demandons secours.
(6) Guide nous sur le droit chemin,
(7) le chemin de ceux que Tu as comblés de tes bienfaits, non pas de ceux qui ont encouru
Ta colère ni de ceux qui s’égarent.
|3
Fragment coranique maghrébin
Manuscrit sur papier
Afrique du Nord, vers 1490
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Hs. 11.243
Les signes et intitulés intermédiaires – ornés de dorures dans ce Coran marocain datant
de la fin du XVe siècle – distinguent traditionnellement les versets et les sourates. Nous
voyons ici la fin de la sourate 36 et le début de la sourate 37. La sourate 37,
« Les Rangés » (As-Sâffât), est une sourate mecquoise de 182 versets qui parle de
personnages bibliques, comme Noé, Abraham, Moïse, Élie et Jonas. Elle commence de la
façon suivante :
Au nom d’Allah, le Très Clément, le Très Miséricordieux.
(1) Par ceux qui sont rangés en rangs,
(2) Par ceux qui poussent (les nuages) avec force,
(3) Par ceux qui récitent en rappel :
(4) En vérité, votre Dieu est unique,
(5) le Seigneur des cieux et de la terre et de ce qui existe entre eux et le Seigneur des
Levants.
|4
Coran du Sud-Est asiatique
Manuscrit sur papier
Java (Indonésie), XVIIIe siècle ?
Bibliothèque universitaire de Gand, Gand, BHSL.HS.0114
Ce manuscrit originaire de Java (Indonésie) est conservé depuis 1838 dans la
bibliothèque universitaire de Gand. Les deux dernières sourates du Coran, la sourate 113
(Al-Falaq, « L’Aube naissante ») et la sourate 114 (An-Nâs, « Les Hommes ») sont
magnifiquement enluminées. Ces chapitres très courts s’énoncent comme suit :
Au nom d’Allah, le Très Clément, le Très Miséricordieux.
(1) Dis : « Je cherche protection auprès du Seigneur de l’aube naissante,
(2) contre le mal des êtres qu’Il a créés,
(3) et contre le mal de l’obscurité quand elle s’approfondit
(4) et contre le mal de celles qui soufflent (les sorcières) sur les nœuds,
(5) et contre le mal de l’envieux quand il envie (quand l’envie se manifeste). »
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L’objet
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Au nom d’Allah, le Très Clément, le Très Miséricordieux.
(1) Dis : « Je cherche protection auprès du Seigneur des hommes,
(2) le Souverain des hommes,
(3) le Dieu des hommes,
(4) contre le mal du mauvais conseiller furtif,
(5) qui insuffle le mal dans leur intérieur profond,
(6) qu’il (le conseiller) soit un djinn ou un être humain. »
L’objet
Les livres d’origine divine n’en sont pas moins des objets tangibles.
Leur caractère divin s’exprime par certains éléments formels. Ces
éléments divergent selon les normes, les valeurs et les techniques
d’une époque, et toujours avec l’intention d’incarner le message
divin.
En tant qu’objet, le Tanakh, la Bible et le Coran ont toujours revêtu
un caractère très spécial, car ils sont le maillon entre le Dieu unique
éternel et la communauté des croyants. C’est pourquoi ces textes
furent écrits avec le plus grand soin sur des matériaux coûteux.
Cela explique également pourquoi les livres achevés furent
manipulés et conservés avec le plus grand respect.
Au fil du temps, les mots, la langue utilisée, ainsi que l’écriture
particulière, les enluminures et la mise en page ont souvent acquis
une valeur symbolique spécifique, comme une preuve de
reconnaissance et de respect à l’égard de leur valeur particulière.
Chacune des trois traditions a développé son propre langage
formel. Mais elles ont toutes en commun le fait que la valeur sacrée
est exprimée par des moyens formels.
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Livres Sacrés
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Témoignages
anversois
Le Tanakh, la Bible et le Coran
en tant qu’objets sacrés
Que signifient le Tanakh, la Bible et le Coran pour les gens
d’aujourd’hui ? Pourquoi sont-ce des livres sacrés ? Quand,
comment et pourquoi sont-ils lus ? De quelle manière font-ils partie
de la vie quotidienne ? Quelle(s) signification(s) et quelle
inspiration offrent-ils ? Comment ces significations se révèlent-elles ?
Des Anversois issus des traditions juive, chrétienne et musulmane
décrivent la place que « leur » livre sacré occupe dans leur vie.
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Les enfants et les
livres sacrés
Les enfants juifs, chrétiens et musulmans sont familiarisés dès leur
plus jeune âge avec la Torah, la Bible ou le Coran. Cela a lieu à la
maison, au sein du cercle familial ou dans la synagogue, l’église ou
la mosquée. Sur les bancs de l’école, pendant les cours de morale
non confessionnelle, des versets, des histoires, des psaumes… sont
également lus et commentés. En dehors de l’école, les enfants ont
aussi l’occasion de suivre des cours supplémentaires dans leur
communauté. Trois enfants racontent ce que cela signifie pour eux.
Ce reportage est une production de Ketnet, qui a été réalisé en
collaboration avec la ville d’Anvers (MAS | Museum aan de Stroom
et la Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience).
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L’objet
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Le Tanakh en tant qu’objet
Pour la réalisation des codex Tanakh, les juifs ont rapidement
fait usage de l’invention de l’imprimerie : l’Anversois Daniel van
Bomberghen a imprimé à Venise la première Bible rabbinique
intégrale.
De nos jours, les juifs ont toujours des règles très strictes concernant
le copiage des rouleaux dont ils font lecture dans la synagogue,
ainsi que la subdivision en parachas, les fragments de texte qui
sont abordés hebdomadairement.
Au Moyen Âge, le Tanakh a également été diffusé sous forme de
codex parfois très richement ornés. C’est aussi et encore plus le cas
pour le souvent superbe rouleau (mégilla) contenant le texte du
livre d’Esther et qui est important lors de la célébration de Pourim
(fête occasionnellement surnommée « carnaval juif »). Esther est le
seul livre du Tanakh où le nom de Dieu n’apparaît pas. Comme on
le sait, les juifs religieux ne sont pas autorisés à le prononcer.
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Bible rabbinique
Impression sur papier
Imprimeur Daniel van Bomberghen, Venise (Italie), 1524
Musée Plantin-Moretus / Cabinet des estampes, Anvers, B70
La première « Bible rabbinique ». Les différents livres ont été soumis au contrôle de la
censure catholique, comme en atteste le présent exemplaire.
| POINÇONS TYPOGRAPHIQUES
Poinçons typographiques de Van Bomberghen
Métal
Italie, XVIe siècle
Musée Plantin-Moretus / Cabinet des estampes, Anvers, ST 50
Ces poinçons à lettres de Van Bomberghen proviennent du Musée Plantin Moretus.
Christophe Plantin les lui avait achetés pour réaliser ses propres projets.
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Livres Sacrés
|5
Rouleau d’Esther
Manuscrit sur parchemin
Iraq, XIXe siècle
Braginsky Collection, Zurich, BCS 82
En Italie, le texte du livre d’Esther est richement orné à partir du XVIe siècle. Les
enluminures étaient souvent réalisées par des artistes italiens.
|6
Bible de Soncino
Impression sur papier
Imprimée à Berlin (Allemagne) chez Soncino, 1929-1933
Université d’Amsterdam, Collections particulières,
Bibliotheca Rosenthaliana, Amsterdam, Ros. 3823 A 20
L’édition Soncino constitue l’une des plus belles publications modernes imprimées du
Tanakh. La série a été imprimée à Berlin, entre 1929 et 1933.
La Bible en tant qu’objet
Dans sa forme codex, la Bible manuscrite était déjà un objet facile
à manipuler. On pouvait en effet la feuilleter, la consulter et la lire
d’une manière relativement confortable. Une nouvelle dimension lui
est donnée à partir de la moitié du XVe siècle : en imprimant la
Bible, on pouvait reproduire plus rapidement le texte en gros
tirages. Ce n’est pas un hasard si le premier livre imprimé complet
en Occident est une Bible : la Bible à 42 lignes de Gutenberg.
Désormais, tous les exemplaires d’un tirage étaient en principe
identiques, grâce au système de reproduction mécanique. Les
miniatures et les initiales ornementales conféraient toutefois un
caractère unique à chaque exemplaire, comme c’était le cas pour
les livres manuscrits.
Il existe de nombreux manuscrits bibliques, ainsi que des éditions
imprimées, auxquels aucun soin formel explicite n’a été apporté.
Mais il y en a également beaucoup, surtout des exemplaires écrits
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L’objet
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à la main, où toutes les ornementations traduisent que leur
propriétaire, commanditaire ou copiste considérait ce texte
comme le livre des livres.
|6
Psaltérion
Manuscrit sur parchemin
Italie, XVe siècle
Bibliothèque apostolique vaticane, Vatican, Vat. Lat. 3467
Les 150 psaumes de l’Ancien Testament ont aussi été publiés comme un livre de prières
autonome pour laïques. Les commanditaires fortunés s’offraient souvent le privilège d’une
exécution luxueuse. Ce précieux manuscrit du XVe siècle provenant de la Bibliothèque du
Vatican présente des initiales ornementales et des miniatures qui couvrent une page
entière.
|7
Bible de Johannes Gutenberg
Impression sur papier
Sans lieu (Mayence, Allemagne), sans année (1454-1455)
Université de Mons-Hainaut, Bibliothèque, Fonds Edmond Puissant,
Mons
Le premier livre imprimé complet en Occident était une Bible latine traduite par Saint
Jérôme : ladite Vulgate. C’est l’Allemand Johannes Gutenberg qui l’a imprimé en 14541455. Si l’exemplaire porte les traces du temps, il témoigne aussi de la parfaite maîtrise
de Gutenberg de cette technologie qu’il avait lui-même inventée. Cet exemplaire est le
seul présent dans une collection belge.
|8
Bible Angevine
Manuscrit sur parchemin
Naples (Italie), première moitié de XIVe siècle
Maurits Sabbebibliotheek, FTRW, KU Leuven, Collection
Grootseminarie Mechelen, Louvain, cod. 1
Ce superbe manuscrit datant de la première moitié du XIVe siècle (vers 1340) contient le
texte intégral de la Bible. Il a été réalisé à la demande de Robert Ier d’Anjou, roi de
Naples, qui l’a offert à sa petite-fille Jeanne et à son jeune fiancé André de Hongrie. Son
envergure et le soin extrême apporté aux nombreuses miniatures et enluminures qui
ornent l’ouvrage sont ébahissants. Il est conservé dans la Bibliothèque Maurits Sabbe de
Louvain, qui l’a fait restaurer. La Bible Angevine, hissée au rang de Pièce maîtresse de la
Communauté flamande, ne quitte que très exceptionnellement l’obscurité du coffre-fort
de la bibliothèque.
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Livres Sacrés
Le Coran en tant qu’objet
Après la diffusion du codex d’Uthmân, on voit rapidement
apparaître un langage formel coranique. Les copies du texte
(mushafs) se distinguent des autres livres. Le soutien généreux des
élites politiques et la signification du Coran en tant qu’incarnation
de la Parole de Dieu déterminent ce processus. L’écriture arabe
devenant toujours plus complexe ancre la prononciation des
voyelles, des consonnes et d’autres éléments sonores.
Vers la fin du Xe siècle, la calligraphie coranique se fait plus
variée, complexe et raffinée, parallèlement aux développements
liés au format de composition et à l’art de l’enluminure. Le papier
remplace progressivement le parchemin. On voit apparaître de plus
en plus de mushafs remarquablement luxueux. La fin de la période
médiévale (XIVe siècle) au Levant et en Égypte est largement
considérée comme un âge d’or.
Ces éblouissantes traditions se perpétuent en adoptant d’innombrables formes, couleurs et matériaux, souvent déterminés par le
contexte régional. Il se produit également des variations : à partir
du XVIIe siècle, on assiste à l’arrivée de mushafs en plusieurs
parties et en grand format – le résultat d’un patronage opulent –
et d’une masse de Corans en format de poche.
Ils demeurent tous écrits à la main. La parution tardive d’un mushaf
imprimé, généralement accepté, constitue une histoire à part. Elle a
eu lieu au Caire en 1924. Cette édition s’avère toujours dominante
à l’échelle mondiale.
|5
Fragment coranique abbasidique
Manuscrit sur papier
Iraq-Syrie ?, XIe – XIIe siècle
Katoen Natie, Anvers, inv. 752
Lesdits Corans des Abbassides, en écriture coufique anguleuse où les voyelles sont notées
sous forme de points rouges, sont un produit remarquable de l’évolution vers une graphie
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L’objet
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arabe plus complexe qui détermine la prononciation. Ce fragment datant du XIIe siècle
en est un exemple.
|6
Le Coran dit de la Nourrice (fragment)
Manuscrit sur parchemin
Kairouan (Tunisie), 1019-1020
Archives de l’Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve,
MO 11
Il s’agit du plus ancien fragment de Coran présent dans une collection belge. La double
page du célèbre Coran tunisien dit « de la Nourrice » datant du XIe siècle illustre l’envolée
qu’a prise à cette époque l’art de l’enluminure.
|7
Coran de Barquq (15e partie)
Manuscrit sur papier
Le Caire (Égypte), 1387
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Hs. 19.991
Cet exemplaire, la partie 15 d’un Coran en 30 parties ayant appartenu au sultan
égyptien Barquq (1382-1399), illustre l’essor des mushafs luxueux vers la fin de l’ère
médiévale en Égypte. Il provient d’une collection belge.
|8
Coran dit du Roi Fou’ad Ier
Impression sur papier
Le Caire (Égypte), 1923-1924
Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, BP100 1923
Malgré de nombreuses expérimentations, ce n’est qu’en 1924 que paraît au Caire la
première impression officielle du Coran, approuvée par les spécialistes coraniques et
sous la surveillance du roi égyptien Fou’ad Ier. La page d’ouverture de cette première
impression qui est exposée ici illustre le fidèle suivi de la tradition manuscrite quant au
format de composition, l’écriture et l’enluminure. C’est du reste encore souvent le cas
pour les Corans imprimés actuels.
| SUPPORT DE CORAN
Support de Coran
Bois
Collection privée
Le respect du caractère sacré du Coran en tant que transcription de la Parole de Dieu
a motivé l’utilisation de moyens spécifiques pour le conserver et le lire. Les Corans en
plusieurs parties étaient conservés dans des caisses spécialement conçues à cet effet, les
mushafs simples dans des enveloppes en tissu. Un porte-Coran portable en bois comme
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Livres Sacrés
celui-ci permet de consulter et de lire le texte, assis par terre en tailleur, sans devoir
toucher trop souvent l’ouvrage.
|9
Coran d’Afrique de l’Ouest
Manuscrit sur papier
Nigeria ?, XIXe siècle
Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, Or. 14605
Les mushafs à feuillets mobiles sont généralement liés à l’Afrique occidentale. C’est
aussi le cas du présent exemplaire. Avec son écriture Soudani et son ornementation
typiquement africaine, avec des motifs géométriques et des couleurs originales, cette
page d’ouverture illustre le caractère propre de la tradition des mushafs d’Afrique de
l’Ouest.
La pratique
Le texte et le livre en tant qu’objet occupent une place centrale
dans une multitude de rites et d’autres pratiques confirmant leur
valeur divine. Le culte, la liturgie et d’autres contextes symboliques
traduisent de façon tangible la direction que le Tanakh, la Bible et
le Coran donnent aux croyants.
La récitation et la lecture – silencieuse ou à voix haute – constituent
une partie essentielle de la pratique religieuse. Les trois grandes
traditions accordent également beaucoup d’importance à la
diffusion de la parole divine à partir des textes révélés. Leur
signification est ainsi propagée et transmise aux membres, jeunes
et moins jeunes, de la communauté.
Les livres acquirent aussi une fonction symbolique plus large. Pour
prêter serment, par exemple, les croyants posent une main sur la
Bible. Certains passages du Tanakh, de la Bible et du Coran sont
également censés contribuer à conjurer le mal, à prédire l’avenir ou
à réaliser un souhait. Ils sont à la fois fil conducteur, directive et un
repère permettant au croyant d’affirmer sans cesse sa relation
personnelle avec Dieu.
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La pratique
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Témoignages
anversois
Le Tanakh, la Bible et le
Coran dans la vie
quotidienne des croyants
6
Que signifient le Tanakh, la Bible et le Coran pour les gens
d’aujourd’hui ? Pourquoi sont-ce des livres sacrés ? Quand,
comment et pourquoi sont-ils lus ? De quelle manière font-ils
partie de la vie quotidienne ? Quelle(s) signification(s) et quelle
inspiration offrent-ils ? Comment ces significations se révèlent-elles ?
Des Anversois issus des traditions juive, chrétienne et musulmane
décrivent la place que « leur » livre sacré occupe dans leur vie.
En savoir plus !
Lire à haute voix et
réciter
7
La récitation, la lecture à haute voix et la lecture silencieuse
constituent une partie essentielle de la pratique religieuse. Cela
vaut notamment pour les juifs et les musulmans. En préparation
de leur Bar Mitzvah, les jeunes garçons juifs mémorisent ainsi un
passage de la Torah, qu’ils réciteront le jour venu en psalmodiant.
Il s’agit d’un rite de passage très important dans la vie d’un
garçon. Dans l’islam, la récitation du Coran n’est pas exclusivement
réservée aux adultes. De prestigieux concours de récitation sont
organisés pour les jeunes un peu partout dans le monde.
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Livres Sacrés
Le Tanakh dans la pratique
Le judaïsme attache beaucoup d’importance à certains versets du
Tanakh tels que la prière Shema Yisraël, qui constitue le texte
principal de la liturgie juive. Les juifs religieux fixent deux
réceptacles en cuir (phylactères) contenant des fragments de texte
de la Torah sur le front et le bras à l’aide de lanières enroulées
autour de la tête, du bras et de la main. Une partie déterminée
(paracha de la semaine) de la Torah est lue publiquement par les
juifs dans la synagogue à l’occasion du Sabbath. À chaque
paracha correspond une haftara, un passage des Prophètes
abordant un thème commun à la section lue. Leur lecture publique
est considérée comme un honneur.
Il est interdit de prononcer le nom de Dieu. Un texte où figure le
Nom ne peut pas être détruit. De tels rouleaux, lettres ou fragments
de textes doivent être enterrés ou conservés dans une pièce de la
synagogue servant de dépôt, appelée guénizah.
Dès les premiers siècles de notre ère, le judaïsme rabbinique a
certes toujours été la plus grande tradition, mais pas l’unique.
Lorsqu’en dehors du Tanakh, les rabbins mettent aussi la version
orale de la Torah ou du Talmud par écrit, les Karaïtes (un courant
du judaïsme scripturaliste), par exemple, refusent de les accepter.
Leur nom signifie « Lecteurs des Écritures hébraïques ». Leur
interprétation de certains passages importants du Tanakh s’avère
déviante.
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La pratique
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|7
Mezouzah. Prière Shema Yisrael
Manuscrit sur parchemin
Pays-Bas, XIXe siècle
Université d’Amsterdam, Collections particulières,
Bibliotheca Rosenthaliana, Amsterdam, Hs. Ros. 687 (1-3)
La prière Shema Yisraël était parfois écrite sur du parchemin, ensuite enroulé et placé
dans une mezouzah, le petit étui apposé sur le linteau droit de la porte d’entrée. Le mot
Shaddaï (un des noms de Dieu) est inscrit à l’arrière du rouleau.
|8
Palimpseste de la guénizah de la synagogue
Manuscrit sur parchemin
Le Caire (Égypte), IXe – Xe siècle
Taylor-Schechter, Cambridge, AD. 4320(b)
Dans la guénizah (pièce spéciale servant de dépôt) de la synagogue du Caire, des
chercheurs ont trouvé un véritable trésor composé de très anciens textes juifs, dont ce
petit fragment de parchemin datant du IXe ou du Xe siècle.
|9
Pentateuque samaritain
Manuscrit sur parchemin
Moyen-Orient, XIVe siècle
Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, Or. 6 (Heb 100)
Les Samaritains étaient les représentants de la principale et plus ancienne tradition
alternative, parallèle au judaïsme rabbinique. Il a été établi avec certitude qu’à partir du
IVe siècle avant notre ère, ils avaient une version légèrement différente de la Torah, ainsi
qu’un propre temple non situé à Jérusalem.
| 10
Commentaire karaïte sur la Torah
Manuscrit sur parchemin
Empire ottoman, fin du XVe siècle
Braginsky Collection, Zurich, BCB 189
Les commentaires bibliques des Karaïtes révèlent également que leur interprétation
différait de celle des rabbins.
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Livres Sacrés
Un rouleau de la Torah
avec une histoire
L’origine de cette Torah sur parchemin qui est conservée dans la
Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience a longtemps été
incertaine. Un homme juif inconnu aurait apporté le rouleau à la
bibliothèque pendant la Seconde Guerre mondiale afin de le
sauver des griffes des nazis. Le fait que le rouleau soit gravement
endommagé renforce la thèse de cette histoire : le sauvetage ne
s’est probablement pas déroulé sans encombre. Après la guerre,
personne n’a jamais réclamé le rouleau. Cela aussi est – bien
malheureusement – facile à expliquer.
L’histoire semblait crédible, jusqu’à ce qu’une enquête approfondie
des archives révèle la vérité. Le rouleau a été apporté à la
bibliothèque après la guerre, dans les années 1950, par un maître
d’écluse anversois. Mais nous ne savons toujours pas comment, où
et quand cet homme a acquis le rouleau de la Torah, pourquoi il l’a
remis au bibliothécaire et pourquoi il ne l’a jamais redemandé.
| 11
Rouleau de la Torah
Manuscrit sur parchemin
Sans lieu, sans année
Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers,
non numéroté
Le rouleau de la Torah dans la niche est un bel exemple des exemplaires qui sont
actuellement toujours utilisés dans les synagogues pour en lire des passages en public. Il
s’agit d’un parchemin dont le texte a été copié à la main selon des règles très strictes. Le
texte est divisé en 54 parachiot, dont il est fait lecture à l’assistance à raison d’une
paracha par semaine. Cela permet de lire l’ensemble du texte sur un cycle annuel. Le
rouleau fixé à deux axes de bois est conservé dans la synagogue, dans une arche
appelée Aron ha Kadesh .
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La pratique
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La Bible dans la pratique
Dans la tradition chrétienne, l’illustration ou l’enluminure des
manuscrits était déjà pratique courante au moyen-âge. Lorsqu’il
est devenu possible, grâce aux nouvelles techniques graphiques,
de reproduire les illustrations et le texte en gros tirages, les
enluminures bibliques ont gagné en importance. Les illustrations
prenaient même parfois le dessus, comme ce fut le cas pour la
Biblia pauperum.
Dans les livres dérivés de la Bible, l’image pouvait également jouer
un rôle de premier plan, comme on le voit dans les textes de
méditation accompagnant les évangiles produits au XVIe siècle par
le père jésuite espagnol Hieronymus Natalis. Ses Adnotationes et
meditationes in evangelia sont ornées d’une centaine d’estampes
hors texte couvrant une page entière. Différents moments d’une
même histoire y sont combinés en une image unique accompagnée
d’une légende.
Les illustrations étaient aussi fréquemment imprimées et reliées
telles quelles, sans texte. Ce type d’ouvrage s’avérait utile pour
enseigner les histoires évangéliques aux populations autochtones
des colonies espagnoles sur le continent américain.
|9
Textes méditatifs illustrés accompagnant les Évangiles
Impression sur papier
Anvers (Belgique), 1595
Musée Plantin-Moretus / Cabinet des estampes, Anvers, A 2682
Le jésuite espagnol Hieronymus Natalis a écrit des textes de méditation accompagnant
les évangiles. Ces textes parus à Anvers à partir de 1594 ont été abondamment illustrés.
Les superbes estampes ont également été reliées séparément en vue de soutenir
visuellement l’enseignement apostolique des missionnaires jésuites dans les pays lointains.
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Livres Sacrés
| 10
Livre des serments du chapitre de Notre-Dame d’Anvers
Manuscrit sur parchemin
Anvers (Belgique), XVe siècle
Cathédrale Notre-Dame, Anvers, Capsa 2 Dominorum, no 26 (5)
Au XVe siècle, le chapitre de Notre-Dame d’Anvers a produit un livre de serments.
Chaque chanoine nouvellement élu était désormais tenu de prêter serment sur les paroles
d’ouverture de l’Évangile selon Saint Jean, qui figuraient, avec une très jolie miniature, en
tête du livre. Cet usage illustre la fonction symbolique de la Bible.
Le Coran dans la pratique
Le mot Coran, Qur’an, signifie « récitation » ou « proclamation » : le
texte coranique existe avant tout en tant que récitation de la Parole
divine révélée. C’est pourquoi la récitation joue un rôle clé dans
beaucoup d’évènements liturgiques. La brève sourate d’ouverture,
Al-Fatiha, est ainsi récitée plusieurs fois par jour, par chaque
croyant, lors de la prière rituelle. La récitation publique du Coran
par un spécialiste, dans une mosquée ou ailleurs, est depuis
toujours une pratique largement répandue.
Pour psalmodier le Coran, le récitateur utilise généralement un
mushaf luxueux, spécialement réalisé à cet effet, la forme écrite de
la révélation divine. Des variations en matière de vocalisation et
de tonalité ont rapidement donné naissance à différents styles de
récitation ou de proclamation (qira’at). Le savoir-faire et la science
de la « récitation » demeurent jusqu’à ce jour le cœur même de la
perception du Coran. Une attention particulière leur est également
accordée dans l’enseignement. Des compétitions organisées pour
jeunes et anciens constituent toujours une activité à la fois populaire, prestigieuse et pieuse.
La dynamique incessante entre mushaf et qira’at, le texte coranique
matériel et immatériel, se révèle également à travers une pratique
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La pratique
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de nature plus symbolique. La récitation de certains versets ou
passages et le port d’amulettes en forme de mushafs miniatures
sont souvent considérés comme un moyen de protection efficace.
| 10
Coran ottoman
Manuscrit sur papier
Istanbul (Turquie), 1561
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Hs. II. 1256
Une consigne à la fin de ce mushaf superbement orné datant du XVIe siècle et provenant
d’Istanbul, qui fait partie de la collection de la Bibliothèque royale depuis 1890, indique
que cette pièce maîtresse a été réalisée aux fins de récitation. Le grand vizir ottoman
Mehmet Soqollu l’a offert à la mosquée qu’il fit construire en 1577, afin que lecture
puisse en être faite de façon continue.
| 11
Planchette en bois orné de fragments coraniques
Côte d’Ivoire, XXe siècle
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Hs. IV.390
Ces planchettes de bois sur lesquelles on écrivait des versets pour les effacer aussitôt
servaient d’aide-mémoire lors de la mémorisation du texte.
| 12
Coran miniature
Lithographie sur papier
Écosse (David Bryce & sons), ca. 1900
Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, 820 F 28
Ce Coran miniature doté d’un support en laiton et d’une loupe pendait à une chaînette
portée autour du cou. Un mushaf de ce type était à peine lisible, mais on lui attribuait le
pouvoir de protéger la personne qui le portait contre le Mal.
| AUDIO
Récitation coranique (fragment)
Enregistrement sur cylindre phonographique
Djeddah (Arabie Saoudite), 1909
Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, non numéroté
Un des plus anciens enregistrements de récitation coranique a été réalisé sur un cylindre
de cire aux alentours de l’année 1909 dans la ville côtière arabe de Djeddah. Il est
conservé à Leyde. Vous pouvez écouter ici un fragment de récitation des deux dernières
sourates et du chapitre d’ouverture, Al-Fatiha.
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Livres Sacrés
L’étude
Le Tanakh, la Bible et le Coran incitent à la réflexion. Les croyants
utilisent les textes pour donner une direction à leur vie. Mais ces
textes sont rarement univoques. C’est pourquoi ils ont toujours fait
l’objet d’études, tant au sein de la communauté religieuse qu’en
dehors de celle-ci.
Le besoin se fit rapidement sentir de clarifier les textes. L’étude de
ceux-ci exigeait souvent la connaissance d’une autre langue,
puisque les livres étaient écrits dans une langue ou une forme de
langage qui n’était pas (ou plus) celle des lecteurs. C’est pourquoi
le Tanakh et la Bible furent traduits, afin de les rendre accessibles à
un public plus vaste. La traduction alla de pair avec l’interprétation.
Des convictions tant religieuses que scientifiques ont influencé ces
traditions de commentaires. Ceux-ci revêtaient d’ailleurs différentes
formes. Ils étaient parfois inscrits en marge du texte, mais il arrivait
aussi qu’ils mènent une vie propre, et même qu’ils soient utilisés
comme directive morale. C’est surtout au sein du judaïsme et de
l’islam qu’ils jouent un rôle clé.
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L’étude
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Témoignages
anversois
Le Tanakh, la Bible et le
Coran en tant que source
de réflexion
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Que signifient le Tanakh, la Bible et le Coran pour les gens
d’aujourd’hui ? Pourquoi sont-ce des livres sacrés ? Quand,
comment et pourquoi sont-ils lus ? De quelle manière font-ils partie
de la vie quotidienne ? Quelle(s) signification(s) et quelle
inspiration offrent-ils ? Comment ces significations se révèlent-elles ?
Des Anversois issus des traditions juive, chrétienne et musulmane
décrivent la place que « leur » livre sacré occupe dans leur vie.
Le Tanakh en tant
qu’objet d’étude
Les textes du Tanakh ont toujours été minutieusement étudiés et
pourvus de commentaires. Ce processus avait déjà commencé lorsque les textes ultérieurs étaient encore en cours d’écriture. Comme
les juifs s’étaient mis à parler araméen, les anciennes versions
hébraïques devaient être traduites. Le Targum, version araméenne
de la Bible, est parfois plus perçu comme une interprétation que
comme une traduction.
Certains commentaires annotés en marge étaient par la suite
considérés comme faisant partie du texte. C’est par exemple le cas
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Livres Sacrés
de l’oeuvre du grand commentateur biblique du moyen-âge Rachi.
Ses notes de bas de page seront plus tard également citées dans
les Bibles chrétiennes.
Dans le judaïsme rabbinique, l’étude du Talmud, la « Torah orale »,
a gagné en importance au fil du temps. Les juifs orthodoxes consacrent souvent de nombreuses heures par jour à l’étude approfondie de ces anciens textes. Mais le Tanakh demeure primordial
pour tout juif : les garçons deviennent membres à part entière de la
synagogue après leur Bar Mitzvah (13 ans) : ils montrent alors à la
communauté qu’ils sont capables de réciter et d’interpréter correctement leur partie du texte de la Torah.
| 12
Commentaire de Rachi sur le Pentateuque
Manuscrit sur parchemin
La Matrice ? (Italie), 1457
Braginsky Collection, Zurich, BCB 225
Il arrive parfois qu’un commentaire sur certains livres (ici la Torah) soit publié séparément,
comme c’est le cas de ce manuscrit sur parchemin partiellement censuré par des chrétiens.
| 13
Bible de Leusden
Impression sur papier
Éditeur Johannes Leusden, imprimé à Amsterdam (Pays-Bas)
par Immanuel ben Joseph Athias, 1667
Université d’Amsterdam, Collections particulières,
Bibliotheca Rosenthaliana, Amsterdam, RON A-5384
Le Tanakh publié en 1667 par le professeur protestant Johannes Leusden et l’imprimeur
juif Joseph Athias était une initiative révolutionnaire. Ce livre pouvait être utilisé aussi
bien par les juifs que par les chrétiens. La page de titre est une variante bien pensée de la
Bible des États (Bible officielle de l’Église réformée).
| 14
Commentaires micrographiques
Manuscrit sur parchemin
Allemagne méridionale, 1260-1280
Archives de la ville et Bibliothèque de l’Athénée, Deventer,
74 A 4 KL
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L’étude
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Très occasionnellement, comme dans ce magnifique manuscrit provenant du sud de
l’Allemagne, les commentaires étaient écrits en toutes petites lettres, en forme d’animaux
ou d’autres figures.
| 15
Commentaire sur la Torah par Samuel Oven (15 ans)
Manuscrit sur papier
La Haye (Pays-Bas), 1766
Collection Ets Haim-Livraria Montezinos, Amsterdam, EH 47 E 35
Ceci est un exemple d’un commentaire sur la Torah provenant de la bibliothèque de la
synagogue portugaise d’Amsterdam. Il a été écrit par un très jeune homme vers le milieu
du XVIIIe siècle.
La Bible en tant
qu’objet d’étude
Les innombrables copies et impressions de la Vulgate, la traduction
latine standard de la Bible, ont fait apparaître des variantes de
texte. Au XVIe siècle surtout, on s’est penché sur la question de
savoir quelle version rejoignait le plus l’originale. Pendant le
Concile de Trente (1545-1563), l’Église prescrit une version unique.
Une édition approuvée en est parue à Louvain.
Toute traduction est une interprétation qui « teinte » le texte. Ceci
est fortement ressenti au XVIe siècle dans la tradition chrétienne,
lorsque Martin Luther traduisit la Bible en allemand à partir d’une
autre version que la Vulgate. Cela lui a valu d’être excommunié par
le Pâpe. On a toutefois assisté rapidement à la publication d’autres
traductions, directement basées sur l’œuvre de Luther. Anvers est
notamment devenue une plaque tournante pour les traductions
bibliques en français, en néerlandais et en anglais.
Dès le début, le besoin s’est fait sentir de clarifier le texte biblique,
pas toujours précis et facile à comprendre, à l’aide de notes.
L’humanisme a donné de l’ampleur à l’usage d’ajouter au texte un
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Livres Sacrés
appareil de critique textuelle, qui est le résultat d’une étude
linguistique et historique approfondie. Au XVIe siècle, les Pays-Bas
méridionaux ont joué un rôle de premier plan dans cette discipline.
| 11
Bible de Jacob van Liesvelt
Impression sur papier
Anvers, (Belgique), 1542
Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers, F 20766
Dans la première partie du XVIe siècle, Anvers est devenue un important centre de
production d’éditions bibliques en langue vernaculaire. L’imprimeur anversois Jacques van
Liesvelt a basé sa traduction néerlandaise sur la version allemande de Martin Luther, qui
avait été excommunié. Van Liesvelt enfreint donc les ordonnances impériales et est
décapité.
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Index des livres prohibés
Impression sur papier
Louvain (Belgique), 1546
Bibliothèque universitaire de Gand, Gand, 1M14
Le premier index officiel des livres interdits est paru en 1546. L’empereur habsbourgeois
Charles V en avait confié la tâche à la faculté théologique de Louvain. La liste contient,
entre autres, beaucoup d’éditions bibliques anversoises en langue vernaculaire.
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Bible polyglotte de Plantin
Impression sur papier
Anvers (Belgique), [1568–1573]
Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers, F 3873
La monumentale Bible polyglotte de Christophe Plantin publiée en 1572 constituait
l’apogée de l’étude biblique scientifique, ainsi qu’une véritable performance typographique. La mise en page permettait en effet de comparer aisément les différentes
versions du texte biblique.
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Bible avec glossa ordinaria
Manuscrit sur parchemin
Paris (France), 1re moitié du XIIIe siècle
Archives du Grand Séminaire, Bruges, hs. 7/43
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L’étude
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C’est au Moyen Âge que ladite « glossa ordinaria » a été ajoutée au texte biblique : il
s’agit de commentaires textuels généralement acceptés qui ont souvent été écrits en
marge ou dans une colonne parallèle.
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Édition d’Érasme du Nouveau Testament
Impression sur papier
Bâle (Suisse), 1516
Bibliothèque du Grand Séminaire, Bruges, A2147
Érasme a été le principal humaniste à avoir abordé la Bible de manière scientifique. Avec
son Novum Instrumentum, il présente en 1516 une nouvelle traduction latine du Nouveau
Testament. Cet ouvrage a été imprimé chez Jean Froben à Bâle.
Le Coran en tant
qu’objet d’étude
Pour les musulmans, le Coran est la Parole de Dieu, et cela est
d’une complexité inimitable, car supra-humaine. Mais le Coran est
également un outil qui dirige les hommes sur le seul et unique droit
chemin. Cette tension entre l’inimitabilité et la norme a toujours
incité les musulmans à réfléchir, étudier et traduire.
La foi en son origine divine a fait que le texte arabe n’a jamais
cessé d’être la norme. Seule une reproduction de la signification
dans une autre langue – pas une traduction – peut esquisser un
début de compréhension de cette signification chez des allophones.
De nos jours, on cherche encore les nuances appropriées dans de
nombreuses langues. En néerlandais, il existe actuellement deux
versions standard : celle de Leemhuis et celle de Kramers.
La transposition correcte de la directive divine dans les modes de
penser et d’agir humains continue à faire l’objet d’études et de
recherches. Cela a engendré une riche tradition de commentaires
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Livres Sacrés
coraniques (tafsir). À l’aide de notes marginales, les spécialistes
pourvoient le texte de commentaires : historiques, linguistiques,
théologiques, juridiques…
La fascination qu’exerce le texte coranique ne s’arrête pas à la
communauté islamique. Depuis toujours, les commentaires juifs et
chrétiens ont incité les érudits musulmans à la réflexion, l’étude et
la polémique. Vers la fin de la période médiévale, l’Europe a
commencé à s’intéresser à l’étude du Coran : d’abord dans un
contexte de confrontation, mais ensuite aussi de plus en plus dans
le cadre de la recherche humaniste-scientifique.
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Coran arabo-turc
Manuscrit sur papier
Gallipoli (Turquie), 1520
Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, Or. 504
Dans les éditions coraniques plurilingues, on faisait souvent usage par le passé d’une
technique linéaire, comme ce mushaf en témoigne. Cette copie provenant de Leyde a été
terminée en 1520 à Gallipoli. Elle contient une traduction mot à mot en ancien turc et est
pourvue ici et là de quelques commentaires.
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Coran de la fin safavide avec commentaire
Manuscrit sur papier
Hérat ? (Afghanistan), 1714
Bayerische Staatsbibliothek München, Munich, Cod.arab. 1118
Ce mushaf exceptionnel provenant de Munich et pourvu de commentaires en nouveau
persan (farsi) constitue un bel exemple d’une édition commentée en marge. Ces
commentaires permettent de situer ce Coran datant du début du XVIIIe siècle dans la
tradition chiite. L’ouvrage est originaire de la région du Hérat (Afghanistan). Le texte
arabe du Coran est entouré d’informations historiques sur la vie du Prophète et de
commentaires rédigés par le sixième imam chiite.
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Coran nord-africain (fragment) de Masius
Manuscrit sur papier
Tunis ? (Tunisie), XVe siècle ?
Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, Or. 241
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Une tradition vivante
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Ce fragment de mushaf témoigne de l’intérêt croissant de l’Europe pour le Coran.
D’origine maghrébine, il a fait partie dès 1530 des bibliothèques d’éminents érudits du
XVIe siècle aux Pays-Bas. Ces derniers ont également contribué au projet « Polyglotte »
de Christophe Plantin.
Une tradition
vivante
L’étude du Tanakh, de la Bible et du Coran n’est jamais terminée.
De nos jours, le message divin continue d’être diffusé et expliqué.
La volonté permanente de comprendre, de suivre, de ressentir ou de
consulter ces textes séculaires fait qu’ils gardent toute leur valeur.
Cette exposition montre comment, à différentes époques et dans différents endroits, juifs, chrétiens et musulmans ont toujours attribué
une signification profonde à leurs « Livres Sacrés », et continuent de
le faire.
En savoir plus ! Livres
sacrés dans le cadre
d’une tradition vivante
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Livres Sacrés
Le Tanakh en tant que
tradition vivante
Le judaïsme possède de nombreuses traditions, avec chacune leur
histoire et leur propre interprétation de textes qui sont pour la
plupart les mêmes. Les textes du Tanakh et la collection de
Qumrân ont révélé que la diversité existe déjà depuis au moins
25 siècles.
La sélection et l’ordre des textes du Tanakh datent probablement
des premiers siècles de notre ère, lorsqu’une distinction s’est opérée
au sein de l’Empire romain entre les juifs et les chrétiens. On sait
aussi que la relation avec les chrétiens et plus tard avec les
musulmans n’était pas toujours très cordiale. Les tentatives de
censure chrétienne perpétrée sur les livres juifs qui sont exposés ici
en témoignent.
La Réforme, qui a atteint son point culminant au XVIe siècle, a fait
croître le respect pour la tradition juive. Les protestants se sont, par
exemple, basés sur le texte original juif et non sur les traductions
latines ou grecques. Au XIXe siècle, l’étude textuelle et les
trouvailles faites au Moyen-Orient ont engendré une étude scientifique où le rôle des dogmes s’est avéré de plus en plus restreint.
Les manuscrits exceptionnels découverts à Qumrân sont aujourd’hui
étudiés par des scientifiques qui tentent de les resituer dans leur
contexte original. La signification qu’ils revêtaient à l’époque n’est
pas nécessairement distincte de celle que certains attribuent encore
actuellement aux textes du Tanakh.
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Une tradition vivante
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La Bible en tant que
tradition vivante
La Bible continue d’inspirer et de fasciner les chrétiens, quelles que
soient les divergences historiques entre catholiques, protestants,
anglicans et orthodoxes. Le Livre sacré est toujours une source
d’espoir, de foi et de méditation et les textes sont étudiés
ultérieurement à la lumière de nouvelles perspectives historiques.
Les techniques numériques permettent aujourd’hui de rendre le
vaste corps textuel disponible sous une nouvelle forme afin de
pouvoir l’analyser de façon plus approfondie. Les Bibles pour
enfants rendent les histoires accessibles à un jeune public.
Les thèmes bibliques continuent aussi à inspirer les musiciens et les
artistes en général. Des écrivains d’origines très différentes donnent
aux histoires bibliques une nouvelle interprétation personnelle.
Cela fait déjà longtemps que la Bible n’appartient plus exclusivement à la communauté religieuse : c’est en effet devenu un cadre
de référence commun pour un public beaucoup plus large.
| LA CRÉATION
Bart Moeyaert, De Schepping
Impression sur papier
Amsterdam-Anvers, 2004 (4e impression)
Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers, 725864
En 2003, l’auteur flamand Bart Moeyaert a publié De Schepping (La Création), une
version ludique et personnelle de l’histoire de la création qui figure dans le livre de la
Genèse, avec des illustrations de Wolf Erlbruch. Le livre fait partie d’un projet de
coopération avec le Nederlands Blazers Ensemble et a remporté de nombreux prix en
2004.
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Livres Sacrés
Le Coran en tant que
tradition vivante
De nombreux siècles séparent les musulmans du moment de la
Révélation et de la naissance de leur communauté religieuse.
Pourtant, la Révélation divine, le Coran, a été, et est encore,
continuellement revécue, dans une dynamique ininterrompue entre
l’inimitabilité et la norme pratique.
Comme le montre l’exposition, cette dynamique a immédiatement
engendré une riche diversité de formes, de pratiques et de
convictions. En même temps, le besoin est resté de chercher une
uniformité unificatrice, une univocité capable d’aborder, de saisir et
d’ancrer la Parole divine telle qu’Elle a été révélée à Muhammad.
Pour le mushaf matériel, la version d’Uthmân qui date du VIIe
siècle de notre ère constituait un grand pas en avant dans le
processus d’ancrage. Pour le qira’at immatériel, on se réfère parfois
à la version imprimée de 1924, la qualifiant d’une avancée tout
aussi importante en direction de l’uniformité. Cette version est
basée sur une des nombreuses traditions de récitation ou qira’at :
en l’imprimant, elle a été hissée au rang de norme.
Le projet du calife ‘Uthmân visant à obtenir un texte généralement
accepté a ainsi finalement abouti au XXe siècle. De nos jours, le
lien étroit et intemporel entre le Coran imprimé, le codex d’Uthmân
et la Révélation n’est pour ainsi dire plus remis en question.
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Une tradition vivante
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| MUSHAF D’UTHMÂN
Mushaf d‘Uthmân
Impression sur papier
Istanbul (Turquie), 2007
Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers
Al-Mushaf al-Sharif: attributed to ‘Uthman bin ‘Affan, Istanbul 1428 / 2007.
La récente édition fac-similé d’un mushaf manuscrit illustre à merveille l’intérêt permanent
du projet coranique à long terme, ainsi que la tradition vivante qu’est le Coran. Le mushaf
en question est directement imputé à l’oeuvre rédactionnelle d’Uthmân. S’il ne fait
aujourd’hui aucun doute qu’il s’agit d’un mushaf exceptionnel de la première génération,
mais que ce n’est pas le codex d’Uthmân original, le soin et l’attention qui ont été
accordés au fac-similé relient tout de même clairement le passé et le présent, la
Révélation et le vécu.
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Livres
Sacrés
www.consciencebibliotheek.be
+32 (0)3 338 87 10
bibliothèque
patrimonIale
hendrik
conscience
Le colophon se trouve dans la salle d’exposition et sur
notre site internet www.heiligeplaatsenheiligeboeken.be/texts
Braginsky Collection
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