
b. La « Nation belge »
Existe-t-il une nation belge dès 1830? Pourquoi nos territoires ont-ils ressenti le besoin de se
détacher des Pays-Bas? Y avait-il une nation belge avant l’indépendance de la Belgique?
Certaines thèses affirment qu’il existe des nations belges et pas une unique.
La thèse d’Henri Pirenne (1862-1935): extrait de « La nation belge », discours prononcés par Henri
Pirenne le 1 octobre 1899. Henri Pirenne a écrit une gigantesque histoire de Belgique où il développe
beaucoup la thèse de l’existence d’une nation belge. Il marque un tournant dans l’historiographie
belge. Il ne veut plus d’une histoire-bataille, c’est l’un des premiers à se tourner vers l’histoire sociale
et économique, ce qui fait de son ouvrage un livre très moderne car il atteint une compréhension
globale de la Belgique.
Pour lui, avant même la formation d’un État, il existait une volonté de vivre ensemble sur les rives de
l’Escaut. C’était un espace très urbanisé et donc socialement et économiquement uni.
Cela n’a été possible que par une faiblesse passagère de la France (affaiblie par la guerre de Cent
Ans) et du Saint-Empire germanique (dirigé par la maison de Luxembourg). Pour lui nos régions
étaient unies en une seule région de culture intellectuelle comme de solidarité économique en dépit
du morcellement et du bilinguisme. Si l’on applique cette thèse, pourquoi la principauté de Liège est-
elle restée indépendante alors qu’elle présentait les mêmes caractéristiques sociales et
économiques? Comment les Liégeois n’ont-ils mis qu’une petite dizaine d’années à se sentir belges
après la fusion de la Belgique et de Liège? (C’est entre autres sur ce point-là que Stengers diverge de
Pirenne).
Pour comprendre la formation de la Belgique, il faut remonter au XVème pour des raisons structurelles
et étudier la société et les institutions des Anciens Pays-Bas du XVème jusqu’à l’Ancien Régime. C’est la
formation des États bourguignons qui est le ciment des provinces qui formeront la Belgique.
Trois ouvrages fondamentaux traitent de la question sous des angles différents:
WILS Lode, Histoire des Nations belges, Belgique, Flandre, Wallonie: Quinze siècles de passé commun,
éditions Quorum, 1996
STENGERS Jean, Les racines de la Belgique jusqu’à la révolution de 1830, histoire du sentiment
national en Belgique des origines à 1918, Bruxelles, éditions Racine, 2000.
DUBOIS Sébastien, L’invention de la Belgique, Genèse d’un état-nation 1648-1830, Bruxelles, éditions
Racine, 2005.
Les deux derniers livres soutiennent qu’il existait une nation belge avant l’indépendance. C’est en
vivant dans un cadre défini (l’État) qu’une uniformité se crée et offre un sentiment d’appartenance à
un groupe.
L’État est une structure plus légère qu’aujourd’hui
L’Encyclopédie décrit une nation comme la population d’un État. « Une quantité considérable de
peuple qui habite une certaine étendue de pays, renfermé dans certaines limites et qui obéit au
même gouvernement ».
On retrouve alors toute une série de facteurs facilitant l’unité au sein du territoire :
Le prince auquel on doit fidélité (la plupart des États sont des monarchies mais pas tous,
comme les Pays-Bas. C’est d’avoir le même prince qui est le ciment d’un État.)