Rôle et
fonctionnement
de la réserve
Une réserve naturelle nationale correspond au
statut de protection le plus fort mis en place
par l’Etat français pour un espace naturel
remarquable. Chaque réserve dispose d’une
réglementation qui lui est propre. Ses principales
missions sont de protéger les milieux naturels,
les espèces animales et végétales, ainsi que le
patrimoine géologique, de gérer les sites et de
sensibiliser les publics.
Une histoire récente
L’intérêt écologique de l’estuaire de la Seine n’a été valorisé et
défendu que tardivement, la création de la réserve naturelle
datant du 30 décembre 1997. Les nombreux aménagements
effectués sur l’estuaire ont conduit à une prise de conscience
progressive quant à la nécessité de préserver son patrimoine
naturel, les premières mesures compensatoires* ayant été
mises en œuvre suite à la construction du Pont de Normandie
inauguré en 1995. A cela s’ajoute une volonté de l’Etat de
mettre en place une protection efficace de cette vaste zone
humide, influencé par des évènements internationaux tels que
le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro* en 1992. La création
de la réserve a ainsi permis de concrétiser la conciliation entre
le développement industriel et portuaire et la protection du
patrimoine naturel. D’une surface initiale de 3768 ha, la réserve
a été étendue à 8528 ha en 2004.
Spécificités et enjeux de
conservation de la réserve
naturelle de l’estuaire de la Seine
La réserve naturelle de l’estuaire de la Seine a été créée dans
le but de protéger voire d’améliorer le fonctionnement naturel
de ce dernier. Il abrite un ensemble de milieux typiques
et remarquables à l’échelle européenne, influencés par la
marée et par les aménagements humains depuis le 19ème
siècle. Ces milieux, aux fonctionnalités interdépendantes, sont
en perpétuelle évolution. Les habitats fortement productifs
induisent une diversité biologique extraordinaire et la richesse
ornithologique y est remarquable. Mais l’estuaire de la Seine
présente également de forts enjeux socio-économiques. Les
usagers de la réserve sont divers (agriculteurs, chasseurs,
coupeurs de roseaux, pêcheurs, scientifiques, naturalistes,
promeneurs…) et leurs activités sont prises en compte
dans sa gestion.
0
2
4
6
8 km
Fosse nord
Fosse sud
Prairies subhalophiles
Prairies du Hode
Marais de Cressenval
Rive sud
PRÉSENTATION
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L’essentiel
du plan de gestion
2013-2018
Les grands axes
du plan de gestion 2013-2018
Le programme d’action s’articule autour de trois axes majeurs :
améliorer les fonctionnalités de la réserve naturelle,
préserver les habitats et les espèces,
améliorer la reconnaissance de la réserve et de ses
enjeux par les différents publics et acteurs.
Les actions importantes du plan de gestion
sont indiquées par
Qu’est-ce qu’un plan de gestion ?
Afin de mener à bien sa mission, le gestionnaire de la réserve
naturelle élabore un plan de gestion qui définit les objectifs
et les orientations de gestion. Ce document-cadre constitue
une référence sur l’état des connaissances de la réserve et
les enjeux du site et contient tout le programme d’actions
pour une durée de cinq ans. A ce terme, le plan de gestion
fait l’objet d’une évaluation conduisant à la rédaction d’une
nouvelle version pour les cinq années suivantes.
Le plan de gestion fait l’objet d’une large concertation entre
les membres du comité consultatif et est validé par arrêté
préfectoral.
Fonctionnement de la réserve
Sommaire
Présentation
2-3 : Rôle et fonctionnement de la réserve
4-5 : Richesse écologique de la réserve
Plan d’action
6-7 : Améliorer les flux et les fonctionnalités des écosystèmes
de l’estuaire de la Seine
8-11 : Conserver la mosaïque d’habitats
12-13 : Optimiser la capacité d’accueil pour les oiseaux
14-15 : Conserver les espèces patrimoniales
16-17 : Renforcer l’intégration de la réserve dans le territoire
18-19 : Améliorer l’accueil et la sensibilisation du public
Propose
Propose
Valide
Avise
Conseille
Conseille
Conseille
Préside
Comité
consultatif
(69 membres)
Conseil
scientifique
(18 membres)
Préfet
Consulte
Consulte
Organisme
gestionnaire
(Maison de l’Estuaire)
Rédige et met
en œuvre
le plan de gestion
©Sabine & Deschandol
3
Habitats subtidaux* : Ils sont en permanence immergés
quelle que soit la marée. Hormis des algues, ils sont dépourvus
de végétation mais riches en benthos*. Le fond peut être
constitué de vase, de sable, de galets ou de récifs artificiels
(enrochements, épaves, etc.).
Slikke et schorre : Des milieux typiquement estuariens soumis
aux marées. La slikke se compose d’étendues plus ou moins
vaseuses avec une végétation clairsemée voire inexistante.
Le schorre n’est lui recouvert que lors des grandes marées et
sa végétation, basse et adaptée au sel, forme un tapis végétal
où s’intercalent des
cuvettes de vase et
d’eau salée.
Une mosaïque de milieux
riche et variée
Leau, le sel, le sol, les modes de gestion… tous ces facteurs
varient beaucoup sur la réserve, dans le temps et dans l’espace.
Et plus il y a d’ingrédients, plus les recettes possibles sont
nombreuses ! C’est ce qui est à l’origine de la diversité des
habitats présents dans la réserve, mais aussi de la diversité de
faciès au sein d’un même habitat.
Roselières : Remarquables par leur surface de plus de 1000
hectares, elles sont les plus vastes de France derrière celles
de la Camargue et présentent une grande diversité de faciès.
Ces habitats, inondés de manière temporaire à permanente,
sont dominés par le roseau. On distingue les roselières d’eau
douce des roselières saumâtres, les roselières situées en zone
endiguée et celles situées en zone marnante. Malgré leur faible
richesse végétale, elles accueillent de nombreuses espèces
d’oiseaux paludicoles*. Les roselières jouent également un rôle
important dans la dépollution des eaux de la Seine.
Mégaphorbiaies : Dominées par des hautes herbes et des
roseaux, elles sont plus ou moins colonisées par les arbustes
et évoluent naturellement vers des bois humides. Les
mégaphorbiaies « oligohalines » occupent les sols enrichis à
la limite de la zone d’influence des marées, en bordure sud de
la route de l’estuaire. Leur formation végétale est unique en
France. Les mégaphorbiaies «
eutrophes » occupent des zones
épisodiquement inondées et
riches en éléments nutritifs.
Elles sont très fleuries.
Richesse écologique
de la réserve
Limite de la Réserve
Surface en eau
Routes
Communes principales
Légende
Fosse sud
Prairies du Hode
Espace préservé
Reposoir sur dune Prairies subhalophiles
Banc herbeux
Marais de Cressenval
Rive sud
Fosse nord
0
2
4
6
8 km
Source carte :
Maison de l’Estuaire, 2013
PRÉSENTATION
©Quentin Texier
4
L’essentiel
du plan de gestion
2013-2018
Bois et haies : Ils sont peu représentés sur la réserve.
Quelques bois colonisent les secteurs sableux en arrière des
systèmes dunaires. A la pointe de Tancarville, un petit bois
est soumis aux marées ; il est composé d’aulnes, de saules et
de sureaux. D’anciennes haies de chênes et de hêtres bordent
certaines parcelles agricoles du marais de Cressenval et des
haies de saules anciennement taillés en têtard* sont présentes
en rive sud de la Seine.
Prairies : La réserve abrite
une grande diversité de
prairies, qui occupent près
de 2000 hectares. Elles
peuvent être d’eau douce
ou saumâtre, plus ou moins
humides et plus ou moins
riches en éléments nutritifs.
Les prairies d’eau douce
sont inondées surtout
par la remontée de la nappe phréatique gonflée par les
pluies et abritent de nombreuses espèces. Les prairies dites
subhalophiles*, inondées par les eaux saumâtres de l’estuaire
aux grandes marées, sont très rares et présentent une grande
valeur patrimoniale, notamment de par leur richesse en
végétaux et en oiseaux et la présence d’un petit crapaud, le
Pélodyte ponctué (voir p11).
Mares et fossés : Il existe 193 mares de chasse actives sur la
réserve naturelle et 146 autres mares dites « orphelines ». Alors
que les mares ont été créées pour la chasse et l’abreuvement
du bétail, les fossés ont été creusés dans le but de drainer
le marais. Ils peuvent être d’eau douce ou saumâtre. Malgré
leur caractère artificiel, les mares abritent une importante
biodiversité, aussi bien animale que végétale, comme les
Characées, des algues patrimoniales caractérisant des habitats
inscrits à la directive européenne Natura 2000* (voir p11).
Attention, nature de valeur !
Comme en architecture, les milieux et les espèces peuvent
présenter une certaine valeur, qui va orienter les choix
de gestion. La valeur patrimoniale se détermine par le
caractère protégé, menacé, rare, voire même symbolique
d’une espèce ou d’un milieu.
Et dans la réserve ?
La valeur patrimoniale de la réserve naturelle de l’estuaire
de la Seine est remarquable. Parmi les habitats naturels
présents sur le site, 30 sont inscrits à l’annexe I de la
directive « Habitats » Natura 2000* et couvrent plus de
60% de la réserve. Le nombre d’espèces patrimoniales est
lui aussi très élevé. Leur préservation constitue l’un des
enjeux majeurs de la réserve (voir les pages 14 et 15).
L’Ophioglosse commun, ou langue de serpent, est une fougère
protégée en Haute-Normandie - ©Olivier Nawrot
Nombre d’espèces recensées
dans la réserve naturelle
Proportion par rapport aux espèces recensées
en France métropolitaine (en %)
Flore 495 7
Mammifères 48 28
Oiseaux 269 48
Poissons 76
Amphibiens 13 39
Reptiles 6 16
Papillons 385 8
Criquets, sauterelles,
grillons 24 11
Libellules 26 31
Sources : Tome 1 – Diagnostic de la réserve naturelle – 3ème plan de gestion
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