
de concert. Si ce rapport entre musique et temps intéresse tant le philosophe, c’est
en fait parce que le concept de temps est omniprésent dans le langage musical. On
parle du tempo et du rythme d’un morceau, de la durée, de la succession et de la
simultanéité des notes et parfois même d’un temps musical. Toutes ces dimensions
mettent en jeu des aspects variables du temps, qu’il peut être utile de clarifier afin
de savoir comment composer, jouer ou même simplement écouter de la musique.
Afin de rester au cœur de ce sujet, nous porterons notre étude sur un thème
philosophique en lien avec les concepts de temps et de musique : celui de la perception.
Ce point est central, me semble-t-il, dans l’analyse et l’usage de ces concepts. Que
ce soit à propos du temps, dont certains n’hésitent pas à distinguer plusieurs sortes
(temps physique et temps vécu, par exemple), ou bien de la musique qui – comme
nous le disions plus haut – entretient une relation étroite avec le temps ; on retrouve
très souvent en jeu cette notion de perception. C’est une notion épineuse car son
exposé peut prendre plusieurs formes selon qu’il est traité par une école philosophique
plutôt qu’une autre. Pour cette raison, et puisque le thème concerne les phénomènes,
ce que l’on perçoit, je tâcherai d’avoir une approche rigoureusement descriptive –
en faisant usage du langage ordinaire autant que possible. La question que nous
nous poserons sera donc la suivante : « Comment écoute-t-on de la musique ? » Pour
répondre à cette question, il nous faudra traiter différents aspects de ce qu’on appelle
« perception ».
Dans notre première partie, nous commencerons par poser les bases de notre tra-
vail en questionnant la distinction que l’on fait parfois entre les notions de perception
et de sensation. Ce sera l’occasion pour nous de reprendre des questions très clas-
siques telles que « Sentir, est-ce percevoir ? », ou bien « Quelle différence peut-on
faire entre entendre et écouter ? »
Afin de comprendre la manière qu’on a de concevoir et de s’intéresser aux œuvres
musicales, nous serons alors conduits à analyser le statut d’une œuvre musicale.
L’œuvre est-elle assimilable à un objet physique, comme le serait un disque ou une
partition ? La percevons-nous comme tel, lorsqu’on y fait référence, qu’on l’analyse,
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