Indépendamment des constatations individuelles, un nombre
grandissant de résultats de recherche semble confirmer que la
surperformance des stratégies de bêta repose sur des sources
connues de longue date, à savoir l’exposition à des facteurs de
«value », de «momentum » ou encore de petites capitalisations.
Ces facteurs jouent en effet un rôle essentiel dans le succès de tout
portefeuille d’actions diversifié.
Rétrospective de l’investissement factoriel
Face aux mouvements quasiment aléatoires affichés par certaines
valeurs depuis les années 1990, les analystes ont soulevé la
question suivante :
«Les fluctuations de prix des valeurs individuelles peuvent-elles
s’expliquer au moins en partie par des causes communes ? »
Ces causes communes sont appelées «facteurs » dans le langage
technique.
D’une certaine manière, l’investissement factoriel a débuté dès les
années 1960, lorsque le Capital Asset Pricing Model (modèle
d’évaluation des actifs ou CAPM) a vu le jour. Il s’agissait d’un
modèle mono-factoriel en vertu duquel la performance anticipée
d’une action dépendait exclusivement de sa sensibilité au facteur
de marché, c’est-à-dire de son «bêta ».
Auparavant, la performance relative d’un portefeuille était
intégralement attribuée au talent du gérant. Mais, avec
l’avènement du CAPM, la performance active d’un portefeuille a
pu être décomposée en deux parties pour faire ressortir la partie
de la performance reposant sur la sensibilité du portefeuille à la
fluctuation du marché (la part dite «bêta »), ainsi qu’une seconde
composante ne pouvant s’expliquer par l’exposition aux
fluctuations du marché (la part dite «alpha »).
Le CAPM a ainsi démontré qu’une partie de la performance
relative d’un portefeuille s’expliquait par son exposition à
l’ensemble du marché, et pas uniquement par la sélection des
titres ou l’alpha.
L’idée que des facteurs, tels que le facteur «value » ou petite
capitalisation, en complément du facteur de marché, puissent
expliquer en grande partie la performance des actions a été
proposée par Fama et French dans les années 1990.
Quel raisonnement sous-tend ce modèle ?
Selon Fama et French, les actions de type «value » ou les petites
capitalisations seraient, pour des raisons structurelles, plus
risquées que les autres actions et doivent par conséquent offrir
une prime de risque aux investisseurs.
En conséquence, il convient de tenir compte des caractéristiques
«value », le cas échéant, ainsi que de la capitalisation de marché
d’une action pour estimer ses perspectives de performance, dans
la mesure où ces éléments déterminent la prime de risque qui
pourra probablement être capturée.
Ce modèle factoriel a par la suite été étendu au facteur dit
«momentum ». Le modèle qui résulte des travaux de Fama, French
et Carhart constitue actuellement le modèle de référence utilisé
par la recherche de marché pour expliquer les performances des
actions.
Or, même lorsque le modèle a joué un rôle clé dans la finance
quantitative, il n’a finalement été que peu utilisé au cours des
15premières années de son existence. Mais la situation a changé
en 2009.
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