J.D. Guelfi S192
Les auteurs ont donc regroupé, à partir de PubMed et
Medline, tous les essais contrôlés comparatifs ayant inclus
au moins 40 patients schizophrènes ou schizoaffectifs,
durant quatre à douze semaines, dont le critère principal
était la réduction symptomatique aux échelles BPRS ou
PANSS. Les études avaient toutes été publiées avant octo-
bre 2004. Un total de 31 études a été sélectionné, dont 11
versus placebo et 20 versus comparateur actif (12 versus
halopéridol), totalisant 10 058 sujets.
Les taux d’interruptions prématurées sont 2,34 fois
(IC 95 % = 1,58 – 3,47) plus importants dans les groupes pla-
cebo que dans les groupes traités par antipsychotiques de
2e génération (48,1 % vs 28,3 %). Ils sont également plus
importants (OR = 2,10 ; IC 95 % = 1,29 – 3,40) dans les grou-
pes placebo que dans les groupes traités par antipsychoti-
ques classiques (55,4 % vs 37,2 %). Lorsque les essais
comprennent conjointement un antipsychotique classique
et de 2e génération, les interruptions prématurées sont
signifi cativement plus nombreuses dans les groupes des
antipsychotiques classiques.
Le critère de rémission
La défi nition de la rémission est complexe.
En 1972, Strauss et Carpenter avaient été les premiers
à s’intéresser à des critères de rémission plus larges que
des critères symptomatiques en défi nissant 4 domaines d’in-
térêt : absence d’hospitalisation, qualité des contacts
sociaux, emploi, réduction signifi cative des symptômes
[in 2]. En 1990, Brenner et coll. avaient défi ni deux niveaux
de rémission : complète et partielle grâce aux échelles
BPRS et CGI [in 2].
Enfi n Andreasen et coll., en 2005, ont défi ni la rémission
par une note de sévérité à l’échelle PANSS inférieure ou
égale à 3 pour 8 items prédéfi nis durant une durée mini-
male de six mois. Ces items sont : les idées délirantes (P1),
le contenu inhabituel de la pensée (G9), l’activité halluci-
natoire (P3), la désorganisation conceptuelle (P2), le
maniérisme et les troubles de la posture (G5), l’émousse-
ment de l’expression des émotions (N1), le repli social pas-
sif/apathique (N4), l’absence de spontanéité et de fl uidité
dans la conversation (N6). La note de 1 à 3 (sur 7 degrés
possibles) correspond à une symptomatologie absente,
minime ou légère. Il s’agit d’une amélioration suffi sam-
ment importante et persistante des symptômes clés qui
n’interfèrent plus durablement et signifi cativement avec le
fonctionnement [2].
Kane, Leucht et coll. ont par la suite proposé une défi -
nition moins stricte que celle établie par le consensus de
2005 : présence de 8 symptômes positifs ou négatifs d’in-
tensité au maximum moyenne pendant six mois (communi-
cation orale).
Tableau 1a
Échelle GAF ou EGF (in 1)
100 - 91 Niveau supérieur de fonctionnement, dans une grande variété d’activités. N’est jamais débordé par les problèmes
rencontrés. Est recherché par autrui en raison de ses nombreuses qualités. Absence de symptômes
90 - 81 Symptômes absents ou minimes (ex. anxiété légère avant un examen), fonctionnement satisfaisant dans tous les
domaines, intéressé et impliqué dans une grande variété d’activités, socialement effi cace, en général satisfait de la vie, pas plus
de problèmes ou de préoccupations que les soucis de tous les jours (ex. confl it occasionnel avec des membres de la famille)
80 - 71 Si des symptômes sont présents, ils sont transitoires et il s’agit de réactions prévisibles à des facteurs de stress (ex.
des diffi cultés de concentration après une dispute familiale) ; pas plus qu’un handicap léger du fonctionnement social,
professionnel ou scolaire (ex. fl échissement temporaire du travail scolaire)
70 - 61 Quelques symptômes légers (ex. humeur dépressive et insomnie légère) OU une certaine diffi culté dans le
fonctionnement social, professionnel ou scolaire (ex. école buissonnière épisodique ou vol en famille) mais fonctionne assez
bien de façon générale et entretient plusieurs relations interpersonnelles positives.
60 - 51 Symptômes d’intensité moyenne (exemple : émoussement affectif, prolixité circonlocutoire, attaques de panique
épisodiques) OU diffi cultés d’intensité moyenne dans le fonctionnement social, professionnel ou scolaire (ex. peu d’amis,
confl its avec les collègues de travail).
50 - 41 Symptômes importants (ex. idéation suicidaire, rituels obsessionnels sévères, vols répétés dans les grands magasins) OU
handicap important dans le fonctionnement social, professionnel ou scolaire (ex. absence d’amis, incapacité à garder un emploi
40 - 31 Existence d’une certaine altération du sens de la réalité ou de la communication (exemple : discours par moments
illogique, obscur ou inadapté) OU handicap majeur dans plusieurs domaines (ex. le travail, l’école, les relations familiales, le
jugement, la pensée ou l’humeur (ex : .un homme déprimé évite ses amis, néglige sa famille et est incapable de travailler ;
un enfant bat fréquemment des enfants plus jeunes que lui, se montre provoquant à la maison et échoue à l’école).
30 - 21 Le comportement est notablement infl uencé par des idées délirantes ou des hallucinations OU trouble grave de la
communication ou du jugement (exemple : parfois incohérent, actes grossièrement inadaptés, préoccupation suicidaire) OU
incapable de fonctionner dans tous les domaines (exemple : reste au lit toute la journée, absence de travail, de foyer ou d’amis)
20 - 11 Existence d’un certain danger d’auto ou d’hétéro-agression (exemple : tentative de suicide sans attente précise de la
mort, violence fréquente, excitation maniaque) OU incapacité temporaire à maintenir une hygiène corporelle minimum (ex.
se barbouille d’excréments) OU altération massive de la communication (exemple : incohérence indiscutable ou mutisme)
10 - 1 Danger persistant d’hétéro-agression grave (exemple : accès répétés de violence) OU incapacité durable à maintenir
une hygiène corporelle minime OU geste suicidaire avec attente précise de la mort.