our study shows that listeriosis is not exceptional in Tunis.
Thus, it is necessary to know how to evoke this diagnosis, at
any age, in order to establish an early and adapted antibiotic
treatment and to avoid fatal outcome. To cite this journal:
Bull. Soc. Pathol. Exot. □□□ (□□□□).
Keywords Listeria monocytogenes · Neonatal infection ·
Immunocompetent · Child · Tunis · Maghreb · Northern
Africa
Introduction
Listeria monocytogenes est une bactérie Gram positif, intra-
cellulaire facultative, rarement pathogène chez le sujet immu-
nocompétent. Elle se greffe sur des terrains particuliers :
l’immunodéprimé, le sujet âgé, la femme enceinte et le
nouveau-né [2]. Les manifestations cliniques des infections à
L. monocytogenes peuvent aller d’un simple syndrome pseu-
dogrippal ou une gastroentérite, aux tableaux graves de
méningite, méningoencéphalite ou rhomboencéphalite [5].
En cas d’infection sévère et en dehors des terrains particu-
liers, la réalisation d’un bilan immunitaire est souhaitable.
En Tunisie, seuls quelques cas sporadiques d’infections à
L. monocytogenes ont été décrits et publiés [1,3]. Nous
rapportons sept cas colligés à l’hôpital d’enfants de Tunis
sur une période de neuf ans.
Matériel et méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective concernant sept cas de
listériose diagnostiqués entre 2000 et 2008. Les souches
ont été isolées de différents produits pathologiques au labo-
ratoire de microbiologie de l’hôpital d’enfants de Tunis. Des
prélèvements sanguins sur tubes héparinés et tubes secs ont
été réalisés chez les nourrissons pour la pratique des bilans
immunologiques.
L’identification des souches de L. monocytogenes a été
orientée par le caractère β-hémolytique des colonies, la colo-
ration de Gram (bacille Gram positif), la présence de catalase
et l’hydrolyse rapide de l’esculine. L’identification a été
confirmée au CCOMS Listeria, Institut Pasteur de Paris.
L’étude de la sensibilité aux antibiotiques a été réalisée
par la méthode de l’antibiogramme selon les recommanda-
tions du comité de l’antibiogramme de la Société française
de microbiologie.
Le génogroupage des souches a été réalisé pour unique-
ment quatre souches au CCOMS Listeria, Institut Pasteur de
Paris.
Les deux nourrissons ont eu le bilan immunitaire suivant :
•test de bactéricidie au nitrobleu de tétrazolium (NBT).
L’absence de réduction du NBT (Sigma) en noir de
formazan indique un déficit de l’activité phagocytaire ;
•phénotypage des cellules mononuclées du sang périphé-
rique (PBMCs) par cytométrie en flux en utilisant les
anticorps monoclonaux suivants couplés à différents
fluorochromes (Becton, Dickinson) : anti-CD3, anti-CD4,
anti-CD8, antirécepteurs de l’IL12 et antirécepteur de
l’INF-γ;
•tests de prolifération lymphocytaire : la prolifération des
PBMCs, en réponse à des mitogènes, à l’anti-CD3 et aux
antigènes vaccinaux, a été évaluée par la quantification de
l’incorporation de la thymidine tritiée ;
•dosage des immunoglobulines et des fractions C3 et C4
du complément par immunodiffusion radiale.
Résultats
Les principales caractéristiques et résultats obtenus des
patients étudiés sont résumés dans le Tableau 1.
Le nombre de cas par an est passé de 0,4 cas par an entre
2000 et 2004 à 1,25 cas par an entre 2005 et 2008.
La distribution des sept cas selon l’âge montrait que la lis-
tériose touchait surtout les nouveau-nés (cinq cas). Parmi ces
derniers, deux avaient une méningite postnatale tardive, deux
présentaient une détresse respiratoire néonatale associée à un
sepsis sévère et un était asymptomatique et hospitalisé pour
une surveillance clinique après un accouchement à domicile.
Les deux nourrissons présentaient une méningoencéphalite.
Une fièvre maternelle associée à un syndrome pseudogrippal
périnatal a été retrouvée chez les mères de deux nouveau-nés.
L. monocytogenes a été isolé à partir de LCR dans quatre
cas, des prélèvements périphériques dans deux cas et des
hémocultures dans un cas (Tableau 1). À l’antibiogramme,
toutes les souches isolées étaient sensibles à l’amoxicilline et
aux aminosides, mais résistantes aux céphalosporines de
troisième génération (C3G). L’étude du génogroupe des
souches de L. monocytogenes a montré qu’elles étaient tou-
tes de génogroupe IVb (sérotypes 4b, 4d et 4e) (Tableau 1).
Un nouveau-né était décédé par un choc septique au bout
de 48 heures d’hospitalisation malgré une antibiothérapie
adaptée (amoxicilline et gentamicine). Cinq patients ont été
traités par amoxicilline et gentamicine en bithérapie pendant
cinq jours, puis par amoxicilline en monothérapie. La durée
totale du traitement était de 21 jours. Le patient P3 (portage
sain) avait bien évolué sans traitement. L’évolution clinique
à moyen terme des trois autres nouveau-nés était favorable
dans tous les cas. Chez les deux nourrissons, la méningo-
encéphalite s’est compliquée d’un épisode convulsif dans
un cas et de microabcès cérébraux dans l’autre cas. Le
bilan immunitaire réalisé chez ces deux patients était normal.
L’enquête alimentaire réalisée chez tous nos patients et chez
les mères des cinq nouveau-nés n’a pas permis d’identifier la
source de l’infection.
2 Bull. Soc. Pathol. Exot.