Apprendre à vivre avec une
croissance plus faible
D’où viendra la croissance européenne ?
Les États-Unis sont en bonne voie.
La Chine et le reste du monde évoluent
dans un environnement de faible
croissance.
Dans l’économie mondiale actuelle, les différents
continents ont chacun leur part de défis à relever
à plusieurs niveaux : politique, social et
économique. Des changements se préparent ou
des mesures s’imposent.
Les États-Unis, la Chine, la France, la Grèce, etc.
seront dirigés par un nouveau leader politique en
2012. Dans certains pays, il s’agira peut-être du
même homme politique, mais le mandat de celui-
ci sera en tout cas renouvelé. Lors de sa
réélection, un dirigeant politique ose prendre des
décisions qui transcendent les clivages partisans
au bénéfice de l’intérêt général. En revanche, un
nouveau leader ressent aussi la nécessité et la
pression de réaliser quelques-unes de ses
promesses. Ce qui impliquera peut-être la remise
en cause de certains accords récents et le retour
de la volatilité sur les marchés financiers.
Il ne manque en tout cas pas de thèmes sociaux
susceptibles d’influencer, à la baisse comme à la
hausse, les valorisations des actifs financiers :
aspiration à la démocratie, vieillissement continu
de la population, influence des assainissements
budgétaires sur le comportement d’achat du
consommateur, etc.
Nous devons en tenir compte et essayer d’en tirer
parti au moment opportun.
Sur le plan économique, l’évolution est positive en
Europe, aux États-Unis et au Japon. Les
banquiers centraux prennent leurs responsabilités
et cherchent à restaurer la confiance. La
croissance économique sera certes plus faible au
cours des prochaines années, mais les
investisseurs doivent en prendre leur parti.
Europe
Un des principaux indicateurs en Europe, l’indice
de confiance des consommateurs allemands
(l’indicateur ZEW), a progressé sensiblement en
mars pour revenir au niveau atteint en juin 2010.
Le mois dernier, les émissions d’obligations d’État
italiennes et espagnoles ont également été un
succès.
Le ciel s’est-il complètement dégagé ?
Pas tout à fait. Si la question grecque a disparu
de l’avant-plan (pour combien de temps ?), l’on
prête maintenant davantage attention au long
terme. Ainsi, l’Europe veut construire un « pare-
feu » autour des emprunts d’État et, ce faisant,
décourager les investisseurs de spéculer sur le
fait qu’un pays européen ne puisse plus
rembourser ses dettes. Elle veut bâtir ce rempart
en fusionnant son fonds de stabilité provisoire et
son fonds permanent et pouvoir disposer ainsi de
près de 1 000 milliards d’euros. Entre-temps, le
fonds provisoire a déjà dû intervenir à plusieurs
reprises (p.ex. l’aide à la Grèce, au Portugal et à
l’Irlande), ce qui a réduit sa voilure à 740 milliards.
C’est bien entendu trop peu pour sauver un grand
pays comme l’Italie ou l’Espagne, mais l’objectif
est surtout d’éloigner les spéculateurs et de
ramener le calme sur les marchés. Cela semble
réussir jusqu’à présent. L’Europe parle davantage
d’une seule voix et pourrait convaincre des pays
comme la Chine de la soutenir.
Mais comment l’économie peut-elle se
redresser si tous les pays s’engagent sur la
voie de l’austérité ?
C’est évidemment primordial pour la confiance de
l’investisseur en obligations d’État, mais surtout
pour la confiance du consommateur européen. La
croissance de l’économie est en effet portée par
deux moteurs.
Tout d’abord, la demande intérieure ou la
consommation domestique. Elle souffrira des
plans d’austérité qui sont ou seront mis en œuvre.
Les économies budgétaires affecteront le revenu
disponible des ménages qui, par conséquent,
consommeront moins.
La croissance doit donc venir du second moteur,
à savoir la demande extérieure ou les
exportations. Sur ce plan, on constate une reprise
de la demande, ce qui pourrait être un moteur
pour l’économie européenne. L’Allemagne joue
bien sûr pleinement cette carte, mais d’autres