Les origines de la crise :
Panorama de la situation
PRINCIPALES CONCLUSIONS
Le recul durable de l’inflation dans les années 1990 a entraîné une baisse structurelle des taux
d’intérêt directeurs et à court terme dans les principaux pays industrialisés. L’endettement est ainsi
devenu bon marché, ce qui a contribué au développement de ratios d’endettement excessifs et à une
dépendance importante de bon nombre d’investisseurs vis-à-vis des marchés financiers de gros. Le
passif des bilans des investisseurs a ainsi été exposé à des risques accrus.
L’afflux massif de capitaux des pays émergents d’Asie vers les États-Unis a fait baisser les taux
d’intérêt à long terme. Les investisseurs européens et américains ont été évincés et se sont de plus en
plus orientés vers les obligations titrisées. Cette évolution a accentué les risques pesant sur l’actif des
bilans de bon nombre d’établissements financiers.
La propension des intermédiaires à accepter des risques plus élevés s’est conjuguée au désir de bon
nombre de ménages de s’endetter davantage. Le crédit bon marché et facile s’est substitué à
l’augmentation des revenus, ces derniers subissant une baisse de leurs niveaux relatifs et une
croissance en termes réels limitée.
Dans le même temps, les régimes de pension par capitalisation ont été privilégiés de façon croissante.
Par ailleurs, la concentration de la richesse s’est accentuée. Ces deux évolutions se sont traduites par
une augmentation des fonds des investisseurs institutionnels, en particulier aux États-Unis et en
Europe, et ont fondamentalement modifié la structure de la demande sur les marchés financiers. La
demande d’actifs sûrs a augmenté alors que, parallèlement, la quête de rendement s’intensifiait.
Les obligations titrisées et la montée en puissance d’un système bancaire parallèle ont favorisé la
création d’opportunités d’investissement apparemment aussi sures que rentables et séduisantes pour les
investisseurs institutionnels. C’est principalement par ces biais que les fonds institutionnels ont été
canalisés vers le marché des créances hypothécaires américain.
Si les obligations titrisées se sont vu attribuer des notations sures, c’est cependant en raison de lacunes
structurelles dans les modèles de notation sous-jacents. Parallèlement, l’attribution de notations
élevées a été rendue possible en partie par le transfert de certains risques aux bilans des banques. Ce
phénomène a été facilité par une gestion insuffisante des risques et par les mécanismes d’incitation
inadéquats influençant les hauts responsables des entreprises.
Enfin, l’environnement réglementaire n’est pas parvenu à remédier aux problèmes qui
s’accumulaient sur les marchés financiers. De nombreux instruments bancaires parallèles contournaient
les obligations réglementaires, et les risques qu’ils faisaient naître n’ont pas été suffisamment pris en
compte par les autorités de tutelle. En particulier, la capture réglementaire et le manque de
coordination entre les pays ont conduit à une réglementation molle et modérée. Cette situation a été
encore aggravée par des biais fiscaux structurels.