Perspectives sur le développement humain aux différentes étapes

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Perspectives sur le développement humain
aux différentes étapes de la vie
Journal de l'élève
Nº 1
Dans le présent numéro :
Introduction à la psychologie du développement
Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan
Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan
Journal sur la psychologie du
développement, accompagnant
le cours Psychologie 30 du ministère de
l’Éducation de la Saskatchewan.
N° 1
Dans le présent numéro :
Introduction à la psychologie du développement
Au sommaire :
Bienvenue au « Journal de l’élève »!
Page 1
Le Journal de l’élève est le journal de psychologie du développement de l’élève, qui accompagne le cours
Psychologie 30 : Psychologie du développement. Cet article présente le contenu du cours, son organisation
interne, ainsi que la répartition chronologique de la matière traitée.
Introduction à la psychologie du développement
Page 4
Dans un entretien avec Katherine Robinson, professeure de psychologie du développement à
l’Université de Regina, le Journal de l’élève explore les concepts qui se situent à la base de cette
branche de la psychologie.
Perspective autochtone sur la « psychologie »
Page 7
Bill Asikinack, professeur adjoint au département d’Études autochtones du Saskatchewan Indian
Federated College et chef traditionnel du clan familial des Grues de la Nation Ojibway, aborde les
concepts de base de la psychologie du développement d’un point de vue autochtone.
Dans la perspective de … que vois-tu?
Page 9
Cet article examine le processus du développement humain selon les deux perspectives adoptées dans
ce cours, à savoir celle de l’individu en développement et des facteurs biologiques ou
environnementaux susceptibles d’agir sur lui, et celle des « écosystèmes », en l’occurrence, les divers
systèmes de soutien susceptibles de favoriser ce développement.
Perspectives contemporaines sur la psychologie du développement
Page 11
Dans la tradition occidentale, six grandes théories tentent d’expliquer la pensée et le comportement
humains. Cet article décrit chacune de ces théories et t’invite à considérer une situation donnée à partir
de ces approches différentes.
Les quatre grands domaines du développement humain
Page 14
Ce court article te propose une brève définition de chacun des quatre grands domaines du
développement humain : le physique, l’intellectuel, l’affectif et le spirituel.
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page i
Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan
Journal sur la psychologie du
développement, accompagnant
le cours Psychologie 30 du ministère de
l’Éducation de la Saskatchewan.
Les grandes théories du développement humain
Page 15
Courtes descriptions de six perspectives différentes à l’égard du développement humain.
Méthodes de recherche en psychologie du développement
Page 16
Comment tirer un sens des comportements humains? Dans cet article, nous examinons les diverses
méthodes de recherche employées pour essayer de comprendre les grands thèmes de la psychologie du
développement.
Méthodologie et éthique de la recherche en psychologie
Page 19
Quels sont les principaux points à considérer au moment de mener une recherche en psychologie du
développement? Dans cet article, nous expliquons les notions de fidélité, de validité, de corrélation et
de causalité, ainsi que les problèmes d’éthique que posent les questions de confidentialité, de
consentement informé, de biais et d’expérimentation animale.
L’Arbre sacré
Page 21
« Le Créateur a planté, pour tous les habitants de la terre, un Arbre sacré sous lequel ils peuvent trouver
ensemble l’apaisement, la force, la sagesse et la sécurité. Les racines de cet arbre s’enfoncent
profondément dans notre Mère la Terre. Ses branches s’élèvent vers le firmament comme des mains
tendues pour une prière à notre Père le Ciel. Ses fruits représentent les dons du Créateur : des
enseignements qui montrent le chemin de l’amour, de la compassion, de la générosité, de la patience,
de la sagesse, de la justice, du courage, du respect, de l’humilité et de tant d’autres vertus.
Mon anthologie
Page 24
Pour que tu puisses vraiment t’approprier le Journal de l’élève, nous avons prévu des pages où tu
pourras consigner et préserver des dictons, images, poèmes, anecdotes, paroles de chansons et tout ce
que tu trouveras d’autre qui t’intriguera, t’inspirera, t’amusera ou t’interpellera.
Nous avons déjà cité quelques textes de poésie.
Deux points de vue
Page 25
Examen de points de vue divergeants sur des thématiques problématiques.
Mes notes de cours
Page ii - Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
Page 26
Bienvenue au Journal de
l’élève!
Dans la perspective
développement …
Le cours de psychologie du développement vise
essentiellement des objectifs pratiques et applicables.
Certes, il te fera acquérir des notions fondamentales sur
les différents stades de développement de l’être humain,
depuis sa conception jusqu’à sa mort, mais avant tout il
t’inculquera les principes à la base de la psychologie du
développement suivant un cadre pratique, pertinent et
actuel, axé sur la recherche et applicable à la vie de tous
les jours. Non seulement tu y acquerras des éléments de
théorie sur la psychologie du développement, mais
encore auras-tu l’occasion d’en appliquer les principes
dans la pratique, notamment dans le contexte des
problèmes qui seront soumis à ton analyse concernant ta
propre vie, celle de tes parents, amis ou camarades de
classe, ou celle d’autres membres de ta collectivité.
Pour t’aider à mieux organiser la matière abordée dans le
cours, nous avons préconisé la formule du « journal »
personnel. Le journal compte autant de volumes qu’il y a
d’unités d’étude obligatoires, soit quatre : Introduction à
la psychologie du développement, Période prénatale,
Premier âge et Petite enfance. Les trois dernières unités
(Moyenne enfance, Adolescence et Âge adulte) sont
facultatives et peuvent ou non être abordées pendant le
cours. Au sommaire de chaque volume figurent des
articles qui ont un lien direct avec les notions abordées en
classe et les enseignements qui en sont tirés. Ce journal
peut aussi servir à consigner tes réflexions, à guider tes
lectures, à organiser tes pensées ou à préparer tes
recherches. Chaque article aborde un concept ou sujet
sous un ou plusieurs angles, entre autres à l’aide de textes
à caractère didactique, de nouvelles, de poèmes et
d’illustrations, de photographies et d’autres représentations visuelles. Nous t’encourageons à faire pareil. Serstoi du Journal de l’élève pour organiser ta réflexion sur la
psychologie du développement suivant la forme ou le
médium qui correspond le mieux à tes goûts ou à ton style
personnel. Si tu es du genre à mieux comprendre à l’aide
de représentations visuelles ou graphiques, comme des
schémas conceptuels, le Journal de l’élève t’aidera à t’y
retrouver dans la matière couverte en la schématisant. Si
tu apprends mieux par l’écrit, tu n’auras qu’à souligner,
surligner ou annoter ton texte dans la marge pour faciliter
tes apprentissages!
l’individu
en
Nature-culture
Interaction des domaines
Le Journal de l'élève accompagne le cours
Psychologie 30 : Psychologie du développement.
Cet article décrit le contenu du cours, son organisation
interne, ainsi que la répartition chronologique de la
matière traitée.
Bienvenue au Journal de l’élève! Nous espérons que ce
journal t’aidera à organiser et à mieux assimiler les
notions abordées dans le cadre du cours Psychologie 30 :
Psychologie du développement.
de
Moyenne
enfance
Période
prénatale
Premier
âge
Petite
enfance
Adolescence
Âge adulte
Microsystèmes
Exosystèmes
Macrosystèmes
Dans la perspective des écosystèmes …
Tu te poses sûrement déjà un tas de questions sur ce que
représente ce schéma conceptuel. Disons d’abord qu’il
annonce que nous examinerons le développement humain
aux différentes étapes de la vie selon deux grandes
perspectives : 1o celle de l’individu en développement,
autrement dit en se demandant quels sont les problèmes,
enjeux et changements auxquels l’être humain est
confronté à un stade donné de sa vie, et 2o dans la
perspective des divers systèmes de soutien socioculturel
(les « écosystèmes »), comme les membres de son
entourage plus ou moins immédiat (parents, proches,
amis, voisins et autres membres de la collectivité) et les
établissements qui l’encadrent (garderies, écoles, etc.),
susceptibles de favoriser son développement. Dans la
perspective du développement de l’individu, nous nous
pencherons plus particulièrement sur les influences
d’ordre héréditaire (nature) ou liées à l’environnement
(culture), et sur les interactions et influences d’ordres
physique, cognitif, socioaffectif et spirituel.
Par exemple, dans le contexte de l’unité portant sur la
période prénatale, nous examinerons dans un premier
temps le processus de développement biologique de
l’embryon, puis du fœtus, en nous intéressant entre autres
au développement du cerveau, ainsi qu’à la mesure dans
laquelle jouent l’hérédité et le patrimoine génétique. Dans
la perspective des écosystèmes, nous nous poserons la
question : Que doit-il y avoir pour donner naissance au
bébé le plus sain qui soit? Nous examinerons en
conséquence ce que les futurs parents et, notamment, la
mère doivent faire pour donner naissance à un bébé en
bonne santé, ainsi que ce que font les systèmes de santé et
de soins prénatals pour aider au bon développement des
bébés. Nous essaierons aussi de répondre à des questions
de fond du genre : Quelles répercussions le tabac ou
l’alcool ont-ils sur l’enfant à naître? Y a-t-il des
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 1
programmes d’aide prénatale? Doit-on parler à un enfant
qui est encore dans le ventre de sa mère?
Les quatre unités obligatoires du cours Psychologie 30
s’intitulent respectivement Introduction à la psychologie
du développement, Période prénatale (de la fécondation
de l’ovule jusqu’à l’accouchement), Premier âge (de la
naissance jusqu’à 2 ans) et Petite enfance (de 2 à 6 ans).
Comme il a été établi que ce que nous devenons à l’âge
adulte se détermine pour l’essentiel avant l’âge de 6 ans,
nous avons voulu porter une attention toute particulière à
ces premières années – ô combien critiques – du
développement de l’individu. Non pas que le
développement soit déjà un fait accompli à l’âge de six
ans, loin de là! Disons plutôt que, pour les besoins de ce
cours, nous avons préféré faire des unités portant sur la
Moyenne enfance (de 6 à 12 ans), l’Adolescence et l’Âge
adulte des unités facultatives qu’on pourra aborder en
fonction du temps, des intérêts et des besoins de chacun.
La première unité s’intitule Introduction à la psychologie
du développement. Nous y abordons les notions
fondamentales de cette discipline, afin que tu puisses te
familiariser avec les approches théoriques, les concepts de
base et la terminologie propres à cette branche, mais aussi
afin que tu puisses mieux connaître les divers moyens de
recueillir, de traiter et de communiquer l’information
concernant les « changements survenant d’étape en
étape ».
La première période de développement que nous
aborderons à proprement parler est celle de la période
prénatale, qui va de la fécondation jusqu’à la naissance et
qui comprend le travail et l’accouchement. Cette 2e unité
pose une question de fond : « Pourquoi, au juste, veut-on
avoir un enfant? », et son corollaire, « Quels sont les
enjeux et les responsabilités qui se rattachent à la mise au
monde d’un nouvel être vivant? ». La période prénatale
est une période de développement physiologique d’une
extrême intensité. À un moment donné, il se crée pas
moins de 16 000 neurones à la minute dans le cerveau du
fœtus! Nous examinerons donc ce premier stade de
développement
depuis
la
fécondation
jusqu’à
l’enfantement, d’abord dans la perspective du fœtus en
développement, puis dans celle de son principal
écosystème, en l’occurrence, le ventre de sa mère.
La 3e unité s’intéresse au premier âge, qui va de la
naissance jusqu’à l’âge de 2 ans. Tandis qu’à la période
prénatale on s’est surtout attardé sur le développement
biologique du nourrisson, on abordera cette fois-ci les
dimensions physiques, cognitives (pensée, apprentissage,
intelligence, mémoire) et socioaffectives (émotions,
personnalité et tempérament, attachement, actualisation
de soi) du développement. Nous verrons ici que ce sont
surtout des facteurs liés au contexte socioculturel qui
influent de manière croissante sur le développement de
l’individu, notamment la façon dont on élève le
nourrisson, les rôles respectifs du père et de la mère, la
situation économique familiale, la nutrition, et nous
examinerons entre autres les premières expériences de
développement cognitif et les racines de la personnalité
Page 2 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
(timidité, agressivité, curiosité). Nous aborderons aussi
des débats classiques comme l’allaitement maternel vis-àvis de l’allaitement artificiel, l’éducation par les parents
par rapport aux services de garde, les différences entre les
sexes sur le plan du développement, l’attachement, ainsi
que les modes d’identification sexuelle.
Les écoles francophones sont encouragées à aborder en
particulier la délicate mais importante question de la
transmission de la langue et de la culture
françaises, de la construction identitaire,
la vie en contexte anglo-dominant chez la
minorité francophone en Saskatchewan,
tous ces facteurs influencent ce que l’on pourrait appeler
la psychologie de la minorité.
Non seulement chaque stade du développement comporte
ses propres questions et enjeux, mais en outre sert-il de
fondements sur lesquels viendra s’appuyer le stade de
développement suivant. La 4e unité, qui est aussi la
dernière unité obligatoire, porte donc sur la Petite
enfance, à savoir la période de développement qui va de 2
ans jusqu’à l’âge de 6 ans, âge auquel la plupart des
enfants commencent à aller à l’école. On dit de ces
années qu’elles sont « l’âge du jeu » (Berger, 2000), étant
donné que le principal contexte de développement surtout
socioaffectif et cognitif reste le cadre procuré par
l’exercice d’activités ludiques avec d’autres enfants. C’est
le stade auquel l’enfant commence à prendre conscience
du monde qui l’entoure, comme en témoigne sa curiosité
apparemment sans bornes. Pourquoi le ciel est bleu?
Pourquoi ne puis-je pas avoir ceci ou cela? Pourquoi n’aije pas le droit de faire ceci ou cela? Pourquoi? Pourquoi?
C’est aussi à ce stade que l’enfant apprend à socialiser,
à s’entendre avec d’autres enfants, à saisir qu’il a une
identité propre en termes d’actualisation et d’image de
soi, et à comprendre qu’il a aussi une identité et un rôle
sexuels. Nous examinerons par ailleurs des questions
reliées aux services de garde, aux programmes
d’intervention précoce et d’aide préscolaire, aux
disparités culturelles en termes de rôles et d’identités
sexuels, aux problèmes auxquels font face les parents, et
ainsi de suite.
Les 5e (Moyenne enfance), 6e (Adoles-cence) et 7e unités
(Vie adulte) ne sont pas obligatoires et peuvent ne pas
s’incorporer au programme. Elles n’en suivent pas moins
une même démarche, en ce qu’elles considèrent le
développement selon la perspective de l’individu et des
écosystèmes.
Tu peux donc voir pourquoi nous avons intitulé cette
publication Journal de l’élève! Nous espérons que le
cours se révélera pour toi aussi intéressant, motivant et
inspirant qu’il sera pratique et informatif. Le voyage
humain est un périple fort complexe qui s’étale sur toute
la vie. Espérons qu’il sera aussi pour toi source de
découvertes fascinantes.
Liens et rapprochements…
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Crée un collage illustrant la matière qui sera
couverte dans le cours.
Pourquoi, selon toi, la rédaction du Journal de
l’élève a-t-elle retenu cette page couverture?
Quel message a-t-elle voulu ainsi faire passer?
Quel lien ce graphisme a-t-il avec la psychologie
du développement?
Conçois ton propre graphisme pour la
couverture!
On s’est servi au fil du temps de plusieurs
métaphores
visuelles
pour
décrire
le
développement humain. On l’a ainsi comparé à
un escalier, à une lierre ou à un jeune plant
(Santrock, 2000). Explique chaque métaphore.
Définis les termes suivants :
• Hérédité
• Cognition sociale
• Domaine psychosocial
• Culture
• Nature-culture
• Identité culturelle et linguistique
• Exogamie et endogamie
• Francité
• Assimilation et acculturation
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 3
Introduction à la psychologie du développement
Dans un entretien avec Katherine Robinson,
professeure de psychologie du développement à
l’Université de Regina, le Journal de l’élève explore
les concepts qui se situent à la base de cette branche
de la psychologie.
Journal de l’élève : Comment définiriez-vous la
psychologie du développement?
À mon sens, la psychologie du développement s’intéresse
essentiellement aux changements qui surviennent chez
l’individu à différentes époques de sa vie ainsi qu’au
processus même de ces changements. Même si elle
semble s’attacher au premier plan au développement de
l’enfant, la psychologie du développement concerne en
fait l’évolution de l’être humain tout au long de sa vie et
pas seulement pendant l’enfance.
Journal de l’élève : Que font au juste les psychologues
du développement?
À titre de professeure à l’Université de Regina, ma tâche
première est d’ordre éducatif. J’enseigne aux étudiants les
notions de base de la psychologie, mais une grande part
de mes attributions portent sur la recherche auprès des
enfants et consistent à voir comment ils se comportent et
comment ils évoluent. Les psychologues du
développement interviennent en outre dans la collectivité,
notamment auprès des groupes de parents ou de soutien
aux parents d’enfants qui ont des besoins particuliers.
Les « développementalistes » tra-vaillent aussi de près
avec des éducateurs spécialisés à traiter les problèmes de
développement et les troubles d’apprentissage chez les
enfants. On les consulte également dans le cadre de
services sociaux ou judiciaires sur des problèmes qui
concernent de près la psychologie, par exemple, lorsqu’il
est question de déterminer, au cours d’un procès, le degré
de fiabilité d’un témoin ou de validité des souvenirs d’un
enfant.
Journal de l’élève : Quelles qualités et quelle formation
doit-on avoir pour être un bon psychologue du
développement?
Tout d’abord, les futurs psychologues du développement
doivent suivre une formation universitaire de premier
cycle, habituellement préparer une licence en
psychologie. Une fois terminé ce cours de trois ou quatre
ans, ils s’inscrivent, en deuxième cycle, à la maîtrise.
La maîtrise dure deux ans, après quoi les psychologues
font un doctorat spécialisé en psychologie du
développement. Sur le plan des qualités requises, je dirais
qu’il faut, pour envisager de faire carrière dans cette
branche, s’intéresser à la recherche et aimer le travail
auprès des enfants, des adolescents – ou des personnes
âgées.
Page 4 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
Journal de l’élève : En quoi la psychologie du
développement a-t-elle une incidence directe sur nos
vies?
La psychologie du développement compte elle-même
plusieurs sous-spécialisations, chacune ayant ses propres
domaines d’intérêt et d’application. Nous traitons des
problèmes de tous genres, comme des troubles du
comportement, et dans ce cas-là nous étudions les aspects
sociaux qui peuvent être à l’origine de ceux-ci. Le
problème vient-il des pairs ou des parents, ou peut-être at-il des origines d’ordre cognitif? Le fruit de nos travaux
peut dès lors s’appliquer à n’importe quel aspect de nos
vies, et, comme dans le cas qui nous intéresse ici, dans le
domaine de l’éducation.
Cependant, la psychologie du développement peut nous
en apprendre sur bien d’autres choses que sur la façon
d’élever ses enfants. Elle nous renseigne notamment sur
les modes d’apprentissage, ainsi que sur le jeu et
l’importance qu’il revêt dans le développement de
l’enfant. Elle peut nous renseigner sur comment nous
acquérons un sens d’appartenance à l’un ou à l’autre sexe.
Comme quoi les applications de cette branche de la
psychologie peuvent être nombreuses et intéresser tous les
aspects de notre vie.
Journal de l’élève : De toutes les perspectives sur le
développement humain qui existent à l’heure actuelle,
y en a-t-il une qui semble dominer par rapport aux
autres?
La psychologie du développement, comme bien d’autres
aspects de la psychologie en général, se subdivise en de
multiples sous-groupes. En l’occurrence, il s’en détache
trois grands domaines 1 – physique, cognitif et socioaffectif – lesquels se recoupent et interagissent les uns
avec les autres pour former un être humain.
Il n’existe pas pour autant de grande théorie dominante.
Piaget, par exemple, est vraisemblablement le plus grand
psycho-généticien qui ait jamais existé, mais ses travaux
concernent avant tout le développement cognitif chez
l’enfant. Il s’est peu intéressé à ce qui se passe à l’âge
adulte.
D’autres, comme Erikson, ont élargi leur perspective en
s’intéressant au développement depuis la naissance
jusqu’à la vieillesse. Reste que la théorie d’Erikson porte
surtout sur les aspects sociaux du développement et le
sens de l’identité personnelle – encore là, pas de théorie
unique et englobante.
Journal de l’élève : Dans quelle mesure la culture
influence-t-elle notre développement?
En quoi la psychologie du développement
peut-elle m’être utile dans la vie?
Vu son importance, l’influence de la culture sur le
développement suscite de plus en plus d’intérêt de la part
des chercheurs et c’est un sujet sur lequel nous avons
compris qu’il fallait se concentrer. Une large part de la
recherche qui s’est effectuée jusqu’à présent n’a concerné
en définitive qu’un très petit segment de la population, à
savoir les enfants blancs des classes moyennes2. Ce
faisant, on a fait fi des réalités mêmes de la société
d’aujourd’hui, qui est bien plus vaste et diversifiée. Aussi
nous faut-il maintenant nous recentrer sur les dimensions
interculturelles du développement, en nous demandant en
l’occurrence s’il n’y aurait pas des dimensions qui
seraient universelles et d’autres qui seraient, à l’inverse,
propres à des cultures données. Il nous faut en outre
confronter les cultures les unes avec les autres et les
examiner chacune de l’intérieur en vue de faire ressortir
leurs similitudes ou leurs disparités, et d’établir la mesure
dans laquelle des théories du développement données
s’appliquent ou non dans les faits aux différents groupes
d’une culture donnée.
Journal de l’élève : Quels sont les grands débats
auxquels la psychologie du développement est
actuellement confrontée?
Je dirais que nous, développe-mentalistes, avons fait un
assez bon travail jusqu’à présent pour ce qui a été
d’expliquer « comment » se réalisait ce développement,
du moins auprès d’une petite partie de la population.
Cependant, nous avons encore bien du mal à expliquer
pourquoi!
Qu’est-ce qui provoque au juste cette évolution? Qu’estce qui pousse un enfant à développer un sens de la
permanence de l’objet? Piaget a fait un travail
remarquable de description de l’évolution de l’enfant à
mesure qu’il comprend que les objets qui disparaissent de
sa vue ne disparaissent pas pour autant de l’univers – mais
allez savoir pourquoi il en est ainsi. La question doit donc
se poser de la façon suivante : Quelles structures
cognitives du cerveau d’un enfant ont bien pu avoir
évolué pour que l’enfant ait acquis le sens de la
permanence de l’objet? Ainsi nous nous attachons de plus
en plus à comprendre les mécanismes par lesquels
s’opèrent les changements qu’à décrire ce qui se passe
quand on devient adulte.
En outre, je crois que, en ce qui concerne le grand
dilemme « nature-culture » (c’est-à-dire l’opposition entre
ce qui est inné et ce qui est acquis), les
développementalistes conviennent en général que les deux
notions de nature et de culture ne fonctionnent pas en
vases clos et qu’elles interagissent l’une avec l’autre. Ce
n’est donc pas ou tout l’un ou tout l’autre.
Journal de l’élève : Madame la professeure, merci
d’avoir bien voulu partager avec nous vos réflexions sur
la psychologie du développement.
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 5
Liens et rapprochements…
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Trouve des coupures de journaux ou des articles de
revue traitant des sujets relevant de la psychologie
du développement. À deux, créez un jeu de rôles où
vous prenez respectivement des positions opposées
sur la question.
Crée ton propre article pour le Journal de l’élève!
Interroge un parent, une amie ou un ami ou une
personne âgée sur l’un ou l’autre des points soulevés
par la Pre Robinson, ou sur le sujet de l’article que tu
as découpé dans le journal ou la revue. Conseil :
Prépare tes questions à l’avance, enregistre ton
entretien au magnétophone et retranscris le tout par
la suite!
En quoi une meilleure compréhension du
développement humain pourrait-elle t’aider dans tes
relations familiales?
À l’aide d’un tableau, dresse la liste des similitudes
et des différences entre la psychologie sociale et la
psychologie du développement.
En quoi la psychologie du développement peut-elle
m'aider comme francophone vivant en milieu
minoritaire?
Page 6 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
Ce qui m’intéresse dans la psychologie du
développement, ce que j’aimerais
apprendre :
Notes de la rédaction :
1
2
Le domaine « socio-affectif » est souvent sousdivisé en « affectif » et « spirituel » pour donner
quatre domaines de développement.
Dans sa réponse à la 6e question sur l’influence de
la culture sur le développement de la personne, la
professeure admet non seulement l’importance de
la culture, mais aussi la pénurie de la recherche à
cet égard, surtout en ce qui a trait aux
communautés minoritaires, officielles ou non.
Perspective autochtone sur la
« psychologie »
passaient beaucoup plus de temps aux côtés de leurs
mères et de leurs grands-mères.
Bill Asikinack, professeur adjoint au département d’Études
autochtones du Saskatchewan Indian Federated College et
chef traditionnel du clan familial des Grues de la Nation
Ojibway, aborde les concepts de base de la psychologie du
développement d’un point de vue autochtone.
Fins observateurs et observatrices du comportement, ils
cherchaient, par leurs récits, à guider indirectement. Les
récits avaient toujours un lien direct avec ce que les
conteurs venaient de voir ou d’entendre. Fait fascinant, ils
étaient toujours exprimés en termes positifs et jamais en
termes réprobateurs. Et ils n’étaient jamais à ce point
directs pour passer pour une liste de commandements ou
d’interdictions. C’étaient plutôt des allégories ou des
métaphores. Je me souviens, par exemple, de l’histoire
qu’on m’a racontée un jour que j’étais parti pêcher.
C’était l’histoire d’un gros monstre qui surgissait d’une
eau noire pour m’emporter dans un autre monde si je ne
restais pas attentif à ce qui se passait autour de moi.
Comment pourrais-je vous expliquer ce récit en des
termes que des non-Autochtones pourraient comprendre?
Disons que, dans la nature, l’eau noire est le signe d’une
tempête imminente, et qu’il est généralement dangereux
d’être surpris par la tempête. C’était à moi de tirer un sens
du récit. Personne ne m’a dit de surveiller l’eau parce que,
si elle noircissait, ç’aurait été un signe de danger. C’est
ainsi que chaque récit qui m’était conté quand j’étais
gamin se comparait à la pelure d’un oignon. Chaque fois
qu’on me contait une histoire, j’enlevais une pelure de
sens pour en découvrir une autre juste en dessous.
Journal de l’élève : Comment définiriez-vous la
psychologie du développement du point de vue
autochtone?
En fait, il n’existe pas dans la culture autochtone de
« psychologie du développement » au sens où on l’entend
dans le monde occidental. Dans notre culture, nous
cherchons à comprendre notre rapport holistique avec la
nature et avec autrui, à comprendre la place où nous nous
insérons dans la création et le rôle que nous y
remplissons. Nous cherchons à tirer un sens de notre vie
pour mieux guider notre cheminement individuel, et à
comprendre comment vivre en harmonie avec la nature et
avec les autres. Cela part de l’intérieur et est tourné vers
l’extérieur. Pour nous, le « Cercle de la vie »1 représente
toutes les dimensions de l’être – le Physique, le Spirituel,
le Mental et l’Affectif – chaque dimension devant se
développer également au sein d’un individu sain et
équilibré par l’acquisition et le bon usage de la volonté.2
Journal de l’élève : Comment cette compréhension se
transmet-elle?
C’est avant tout le rôle des conteurs et conteuses – les
dépositaires et gardiens de la tradition orale. Les conteurs
et conteuses instruisent et guident nos gens dans leur
cheminement en leur relatant les grandes « leçons de la
nature ». Certains récits ne concernent que les hommes,
d’autres s’adressent surtout aux femmes (même s’ils ne
s’excluent pas mutuellement). Certaines nations indiennes
ne relatent des récits qu’à certaines occasions ou qu’à des
fins précises, tandis que d’autres n’interviennent que
lorsque le besoin se fait sentir. C’est le cas de mon
peuple. Je me rappelle qu’on nous racontait des récits
chaque fois qu’il y avait une leçon à apprendre de quelque
chose!
Journal de l’élève : Qui étaient ou qui sont aujourd’hui
les « psychologues » dans la culture autochtone?
Ce sont encore les conteurs ou les conteuses, car le rôle peut
aussi bien revenir à des hommes qu’à des femmes. En
fait, j’ai souvenir d’autant de récits transmis par des
femmes que de récits transmis par des hommes. Reste que
ce sont souvent les femmes qui avaient la responsabilité
première de transmettre les valeurs et les attitudes
culturelles, car rendus à la maturité les garçons partaient
suivre les traces de leurs aînés pour apprendre à chasser et
à subvenir aux besoins de la tribu, tandis que les filles
Journal de l’élève : Comment les conteurs ou les conteuses
arrivaient-ils à influencer les gens?
Journal de l’élève : Que recherchait-on au juste chez
ces « psychologues sociaux »?
Dans notre tradition, c’étaient les Aînés qui choisissaient
parmi les jeunes gens ceux qui deviendraient des
conteurs. Ils sélectionnaient au sein du groupe ceux qui
avaient un « don » et ils les encadraient. On cherchait
ensuite à mettre ce don en valeur en donnant aux jeunes
conteurs et conteuses des occasions d’apprendre et de
reproduire fidèlement les récits. Parfois, les conteurs
avaient aussi eux-mêmes voyagé et rapporté avec eux des
récits d’autres nations, qui étaient dès lors incorporés à
leur répertoire. Les conteurs ont toujours joui d’un grand
statut social et joué un important rôle sur le plan culturel.
Journal de l’élève : Comment les Autochtones
entrevoient-ils la pensée et le comportement humains?
Prenons l’identité personnelle.
À la naissance, chaque enfant se voit attribuer un nom
dans une cérémonie officielle présidée par un
« nommeur ». Le nom donné à un enfant sert un but
précis, il lui indique la voie à suivre. Toute la
communauté connaît ce nom et favorise chez l’individu
l’acquisition des qualités et attributs qui y étaient
associés. Aussi l’identité personnelle vient-elle de façon
très concrète du nom qui nous est donné. La collectivité
avait la responsabilité de nous aider à être à la hauteur de
notre nom.
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 7
Journal de l’élève : Comment les Autochtones
conçoivent-ils l’éducation des enfants?
Journal de l’élève : Comment les Autochtones voientils le rôle de la famille?
Dans notre culture, l’enfant est maître de son
développement, mais les parents (et le reste de la
collectivité) le surveillent toujours de près, pour qu’il
devienne un « bon » adulte, utile à la survie du groupe.
Comme je l’ai dit, les enfants sont éduqués par des récits.
C’est à eux d’en tirer des enseignements. Rappelez-vous
l’histoire du monstre d’eau noire annonciateur de tempête.
Dans la culture autochtone, la famille correspond
davantage à la notion de famille « étendue », celle qui
englobe la communauté dans son ensemble. Les liens au
sein de cette famille étendue sont très serrés,
reconnaissant en cela que de nombreuses personnes
doivent contribuer à la bonne orientation de l’enfant et à
son épanouissement. En ce sens, la famille se définit
comme « l’ensemble des personnes qui influent sur le
développement de l’individu ».
Journal de l’élève : Quelle est l’importance de la
spiritualité dans la culture autochtone?
En fait, pour l’Autochtone, c’est la base de tout le reste.
La spiritualité est au cœur même de son être. Dans notre
tradition, nous célébrons la vie et rendons grâce chaque
jour pour ce que nous avons. Lors d’un séjour chez des
Indiens navajos, aux États-Unis, on m’a indiqué un petit
cactus. On m’a dit que, même si le plant était de petite
taille, il n’en restait pas moins essentiel à la survie, car il
renfermait assez de lait pour permettre à quelqu’un de
survivre dans le désert. C’est cela rendre grâce, c’est être
reconnaissant pour ce qu’on a hérité de la création.
Journal de l’élève : Comment décririez-vous la vision
que les Autochtones ont du monde?
Une vision du monde est un ensemble de valeurs qui
dictent notre comportement, c’est la façon dont nous nous
situons par rapport à l’ensemble de la création. De notre
point de vue, l’humanité est la moindre de toutes les
créations de l’univers, parce que l’être humain dépend des
animaux et des plantes pour survivre – et non l’inverse.
Dans notre vision du monde, tout est relié et tout a une
raison d’être.
1
2
Page 8 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
Source : L’Arbre sacré, Journal de l’élève, p. 28.
Idem.
Dans la perspective de… que vois-tu?
Cet article examine le processus du développement humain selon les deux perspectives adoptées
dans ce cours, à savoir : la perspective de l’individu en développement et les changements d’ordre
physique, cognitif et socioaffectif survenant tout au long de sa vie, et la perspective des
écosystèmes, décrits par Urie Bronfenbrenner, comme la famille, les amis et amies, les camarades
de classe et les organismes de santé publique, qui favorisent le développement.
Commençons par examiner l’influence que nos
dimensions physiologiques, mentales et affectives
peuvent avoir sur nos pensées, nos sentiments et nos
comportements. Vouloir décrire les influences
physiologiques revient à mesurer dans quelle mesure
certains traits sont hérités de nos parents. L’un des
meilleurs moyens de découvrir si un trait est héréditaire
ou non consiste à étudier des jumeaux.
Il y a des jumeaux identiques (ou monozygotes) lorsque
deux individus se développent à partir d’un seul et même
œuf fécondé et qu’ils partagent les mêmes gênes. Comme
il est arrivé à l’occasion que des jumeaux identiques
soient séparés à la naissance, des psychologues de
l’Université du Minnesota se sont penchés sur des cas de
jumeaux identiques séparés à la naissance et ayant grandi
dans des milieux différents (Holden, 1980). L’un des
chercheurs, Thomas Bouchard, a signalé dans ses
observations qu’en dépit de milieux sociaux, culturels et
économiques parfois très différents, les jumeaux avaient
un grand nombre de comportements analogues. Par
exemple, chez un couple de jumeaux (les deux se
prénommaient Jim), les deux étaient bons en arithmétique
et médiocres en orthographe, les deux travaillaient comme
shérifs adjoints, les deux avaient passé des vacances en
Floride, et les deux avaient baptisé leurs enfants et leurs
animaux de compagnie de la même façon, rongeaient
leurs ongles, avaient aussi les mêmes habitudes de
consommation de tabac et d’alcool, et adoraient le dessin
industriel et la menuiserie (Kasschau, 1995, pp. 101-103).
Notre état mental a un lien direct avec ce que nous
ressentons et avec comment nous agissons. Autrement dit,
la manière dont nous pensons influe sur ce que nous nous
ressentons et comment nous agissons. Cependant, bien
des gens se comportent comme si c’était leur corps qui
commandait. Ils n’arrivent pas à distinguer ce que leur
corps veut de ce qui est vrai et bon pour eux, car pour y
parvenir, cela leur demanderait de la discipline ainsi que
la volonté d’atteindre des buts et objectifs. Or, nos
sentiments « ne tombent pas du ciel ». Les sages
professeurs et nos aînés savent bien qu’on peut maîtriser
ses émotions par sa seule volonté. À vrai dire, on peut
même les raffiner, les évaluer et les développer. Au même
titre qu’on peut entraîner et développer un corps, on peut
apprendre à discipliner ses émotions. Par exemple, les
personnes qui piquent une colère incontrôlable parce
qu’on leur a refusé quelque chose n’ont pas appris à
réguler leurs élans émotifs.
À l’inverse, réprimer un sentiment de douleur ou de
colère sans pouvoir l’extérioriser peut être extrêmement
dommageable pour le bien-être physique, mental, affectif
ou spirituel. La plus précieuse qualité qu’on puisse
posséder – et aussi la plus dure à maîtriser – est la
capacité d’exprimer librement ses émotions de manière à
ne pas heurter les autres. Garder pour soi des sentiments
douloureux peut empêcher de penser clairement et nuire à
notre efficacité (Bopp, 1985).
Voyons maintenant l’influence relative du milieu
environnant sur nos comportements. Selon Urie
Bronfenbrenner (1979), chaque personne est influencée
par un certain nombre de systèmes en interaction.
Au cœur du modèle se trouve l’individu. Tout autour, se
retrouve les contextes sociaux que l’auteur appelle les
« écosystèmes ». L’auteur les identifie comme microsystèmes
ce qui a un effet direct et immédiat sur le développement
humain. Il s’agit de la famille, du groupe d’amis, de l’école, du
quartier et parfois aussi de l’église, du temple ou de la
mosquée. Les microsystèmes se rencontrent au niveau du
mésosystème lorsque, par exemple, les parents et les
enseignants coordonnent leurs interventions éducatives. Les
microsystèmes sont entourés par l’exosystème, c’est-à-dire les
réseaux extérieurs qui influent sur eux (structures
communautaires, systèmes d’enseignement, de soins de santé,
d’emploi, de communications, etc.). Le tout est englobé dans
le macrosystème, formé des valeurs culturelles, des
philosophies politiques, des tendances économiques et des
conditions sociales. Ensemble, ces systèmes forment le
« contexte
social
du
déve-loppement »
humain
(Bronfenbrenner, 1979, cité par Berger, 2000, p. 6).
En prenant pour guide le modèle écologique de
Bronfenbrenner, voyons de plus près comment chaque
individu guide et oriente son comportement. Comme nous
l’avons vu précédemment, l’être humain a des
motivations biologiques à la base de sa volonté
d’entraide, volonté qui augmente en fonction des liens de
sang. Plus le lien familial est proche, plus il y a
motivation de venir en aide à autrui. Selon les
psychologues, ce serait un moyen parmi d’autres
d’assurer la perpétuation de l’espèce. Outre la capacité
biologique d’agir par altruisme, nous avons également la
capacité d’apprendre à agir par altruisme dans certaines
circonstances.
Comme
nous
acquérons
notre
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 9
comportement social en observant les autres, il n’est que
logique que nous soyons plus enclins à aider quelqu’un si
nous avons vu des parents, des amis, des pairs ou d’autres
personnes qui nous sont proches, afficher eux-mêmes des
comportements d’entraide.
Le contexte socioculturel joue un rôle important dans le
milieu d’apprentissage qu’est l’école. Aux États-Unis,
dans un cours normal, l’enseignant s’adresse aux élèves
en tant que groupe, puis les fait travailler
indépendamment à leur pupitre. Les formes de
renforcement ou de rétroaction en sont généralement
absentes ou, du moins, sont-elles retardées dans le temps.
Par contre, les salles de classe au Japon font beaucoup
plus appel au travail de type coopératif entre les élèves
(Kristof, 1997). La rétroaction de la part de l’enseignant
est aussi plus immédiate et plus individuelle, tandis qu’on
accorde par ailleurs plus d’importance au travail en
équipes formées d’élèves aux compétences variées, si
bien que les plus rapides peuvent aider les plus lents. Les
enfants japonais faisaient aussi plus d’exercices pratiques
(Bernstein et Nash, 1998, p. 176).
Un autre exemple de l’influence de l’environnement sur le
comportement concerne les perceptions de ce qui est
considéré comme acceptable dans certaines situations
sociales. Ainsi, on a souvent tendance à juger les autres en
fonction des échanges de regards. Les Canadiens,
notamment, préfèrent regarder les autres directement dans
les yeux de temps en temps que tout le temps ou rarement.
Les postulants à un emploi, par exemple, sont souvent
mieux cotés s’ils croisent modérément le regard de leurs
interlocuteurs, les conférenciers qui regardent leurs
interlocuteurs dans les yeux passent souvent mieux la
rampe, tandis que les personnes appelées à témoigner
dans un procès sont considérées comme plus crédibles dès
lors qu’elles n’hésitent pas à regarder directement dans les
yeux le procureur qui les interroge (DePaulo, 1992). Mais
là encore, cela vaut bien davantage que pour les cultures
occidentales, qui favorisent les rapports individualistes,
que pour les cultures non occidentales. Au Japon, par
exemple, ou chez les Autochtones, regarder son
interlocuteur dans les yeux peut être un manque de
respect, un signe d’arrogance voire carrément une mise au
défi (Lefton, 2000, p. 459).
Des études intéressantes ont été réalisées sur l’influence
de la culture sur le comportement. Dans l’une d’entre
elles, on s’est intéressé à l’influence culturelle sur la
perception, à partir de l’hypothèse que si des gens de
cultures diverses sont exposés à des environnements
visuels substantiellement différents, certaines de leurs
expériences perceptuelles ont aussi de bonnes chances
d’être différentes. Notamment, des chercheurs ont
confronté les réactions à des images où régnait une
perspective visuelle chez des sujets appartenant à des
cultures où l’on faisait emploi d’images et de peintures
pour représenter la réalité et chez des sujets de cultures
sans aucune représentation visuelle (Derogowski, 1989).
Les recherches ont révélé que les personnes dont
l’environnement culturel les exposait peu à des
Page 10 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
représentations picturales, comme les tribus Me'n ou
Nupa en Afrique, avaient plus de mal à jauger les
distances sur des images. Comme quoi, même si les
systèmes de la perception humaine, que ce soit par leur
structure ou leurs principes, créent généralement une
vision similaire du monde pour nous tous, la perception
de la réalité n’en reste pas moins façonnée par
l’expérience et, notamment, la vie sous une culture
différente (Bernstein et Nash, 1998, p. 104).
En bref, nous subissons les influences de toutes les
dimensions de notre être, qu’elles soient physiologiques,
mentales, affectives ou spirituelles. La plupart des
psychologues s’entendent sur une même position, à savoir
que notre comportement est déterminé par les influences
relatives d’ordres biologique et environnemental et que,
selon la situation, certaines dimensions peuvent prendre le
pas sur d’autres et influer davantage sur notre
comportement. En prenant pour guide le modèle
écologique de Bronfenbrenner, nous avons décrit
certaines des influences exercées par les divers
écosystèmes qui entourent l’individu, soit les
microsystèmes de la famille, des amis, des pairs et de la
classe, puis les exosystèmes de l’école, de la collectivité,
des médias, et les macrosystèmes de la société, du
contexte culturel et de la situation politico-économique.
Liens et rapprochements…
•
•
•
•
•
•
•
Trouve des exemples qui montrent comment les
industries culturelles de la mode, de la musique
et de la beauté peuvent nous influencer.
Je suis canadien/je suis canadienne Qu’est-ce
que cela signifie au juste? Comment manifeste-ton son identité nationale?
Je suis fransaskois/fransaskoise. Qu’est-ce que
cela signifie pour toi au juste? Comment
manifestes-tu ta francophonie?
Fais des recherches sur l’histoire de ta famille.
D’où viens-tu? Fais ton arbre généalogique. Fais
ressortir quelques éléments de la francité de cette
famille.
Remplis la fiche vierge Qui suis-je?, dans la
section Liens et rapprochements du Journal de
l’élève.
Interroge une ou un camarade de classe. Tout au
long de ton entrevue, établis son contexte
écologique à partir du modèle fourni en prenant
soin de préciser les divers écosystèmes qui
contribuent à son bien-être ou le favorise.
Autres projets à déterminer avec ton groupeétude ou avec ton enseignante ou ton enseignant.
Ouvrages consultés :
•
Baron R., B. Earhard et M. Ozier (1998).
Psychology. Ontario : Prentice Hall
•
Lefton L., M. Boyes et N. Ogden (2000).
Psychology. Ontario : Prentice Hall
Perspectives contemporaines sur la psychologie du développement
Dans la tradition occidentale, six grandes théories tentent d’expliquer la pensée et le comportement
humains. Cet article décrit ces théories et t’invite à considérer une situation donnée à partir de ces
approches différentes.
Quelles sont les perspectives contemporaines sur le
processus de la pensée et du comportement humains? Le
présent article présente les six « grandes théories » en la
matière, il établit une analyse comparative de leur
approche respective de la théorie de la continuité, et il
examine l’influence relative de facteurs biologiques ou
environnementaux, l’importance de la cognition, et les
méthodes de recherche utilisées. Enfin, chaque
perspective interprète le comportement humain à travers
sa propre « lentille ».
Le moi est la partie de la personnalité qui est
raisonnable et rationnelle. Il confronte à la réalité
les exigences du ça et agit comme tampon entre
le monde extérieur et le ça primitif. Le moi agit à
partir du « principe de la réalité », où les instincts
sont maîtrisés en vue de préserver la sécurité de
l’individu et de l’aider à s’intégrer à la société.
Enfin, selon Freud, le surmoi représente la
conscience d’un individu et il est le siège des
distinctions entre le bien et le mal. Il se
développe aux alentours de 5 ou 6 ans, par un
apprentissage auprès des parents, enseignants et
autres figures dominantes de l’entourage.
Le développement de l’être humain tout au long de la vie
a donné lieu à l’élaboration de plusieurs perspectives
conceptuelles représentant des approches diverses du
développement. Chaque grande perspective recouvre à
son tour un certain nombre de théories, d’explications et
de prédictions concernant des phénomènes d’intérêt. Une
théorie fournit un cadre à partir duquel on peut expliquer
les liens entre un ensemble organisé de principes ou de
faits. Les six perspectives théoriques majeures sont les
suivantes :
1.
•
Perspective psychodynamique : Accent sur les
forces internes de l’individu. Les tenants de la
perspective psychodynamique estiment que le
comportement est motivé par des forces, des
souvenirs et des conflits internes qui échappent
généralement à la conscience et à la maîtrise de
l’individu.
•
2.
La théorie psychanalytique de Freud pose pour
base que des forces inconscientes agissent pour
déterminer notre personnalité et notre
comportement. Chez Freud, l’incon-scient, à
savoir ce dont l’individu n’a pas conscience, fait
partie de la personnalité. Il renferme entre autres
des souhaits, désirs, besoins et exigences
infantiles qui sont restés cachés à la conscience
en raison de leur nature perturbatrice. Freud a
avancé que l’inconscient était responsable d’une
bonne part de notre comportement au quotidien.
Selon lui, la personnalité revêt trois
composantes : le ça, le moi et le surmoi .
Le ça est la matière brute, inorganisée et
innée de la personnalité présente à la naissance.
Il représente les motivations primitives reliées à
la faim, au sexe, à l’agression et aux impulsions
irrationnelles. Le ça fonctionne selon le
« principe de la gratification », où le but visé est
de maximiser la satisfaction tout en réduisant la
tension.
La théorie psychosociale d’Erikson part du
principe que les changements issus du
développement s’opèrent tout au long de notre
vie selon huit stades distincts. Les stades se
produisent selon une séquence fixe et sont les
mêmes pour tous. Erikson avance que chaque
stade présente un dilemme ou un conflit (ou
crise) que l’individu doit résoudre. Même si une
crise n’est jamais parfaitement résolue, ce qui
rend la vie d’autant plus compliquée, l’individu
doit au moins résoudre à chaque crise la partie du
dilemme qui lui permettra de répondre aux
exigences du stade de développement ultérieur.
Perspective béhavioriste : Accent sur les forces
externes de l’individu. Dans la perspective
béhavioriste, la compréhension du comportement
passe par l’observation de comportements qui se
produisent en réaction à des stimuli extérieurs venant
du milieu ambiant. Autrement dit, lorsqu’on connaît
ces stimuli, on peut prédire les comportements. Les
théories béhavioristes rejettent la notion que chaque
individu passe universellement par une série de
phases de développement, objectant à la place qu’il
subit l’influence des stimuli environnementaux
auxquels il se trouve exposé. Les modes de
développement sont dès lors individuels et le reflet
d’une série de stimuli environnementaux, tandis que
le développement reste le fruit d’une exposition
continue à des facteurs spécifiques présents dans
l’environnement.
•
Les théories de John B. Watson et de B.F.
Skinner sur le conditionnement classique et le
conditionnement opérant soutiennent que tout
comportement est appris en réponse à un
stimulus externe. Le conditionnement classique
se produit lorsqu’un organisme apprend à réagir
d’une façon donnée à un stimulus neutre qui ne
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 11
provoque habituellement pas ce genre de
réponse. Dans le conditionnement opérant,
Skinner a démontré que l’individu agit
délibérément sur ses environnements pour
provoquer des conséquences désirées. Dans ce
sens, l’être humain agirait sur son environnement
de telle façon qu’il obtienne le résultat recherché.
Le renforcement est le processus par lequel un
stimulus est donné et augmente la probabilité
qu’un comportement établi se répète. À
l’inverse, la punition diminue la probabilité que
le comportement précédent se répète.
•
3.
blèmes qui se présentent dans leurs interactions
avec les adultes et d’autres enfants. En jouant et
en coopérant avec d’autres, les enfants
apprennent ce qui compte dans leur société et, du
même coup, ils font des progrès cognitifs dans
leur compréhension du monde.
4.
Selon le théoricien de l’apprentissage social
Albert Bandura, lorsqu’on voit récom-penser le
comportement d’un modèle, on est aussi plus
enclin
à
imiter
ce
compor-tement.
L’apprentissage du comportement se fait par
observation et imitation, et non par renforcement
ou punition.
Perspective cognitive : Remonter aux racines de la
compréhension. La perspective cognitive s’intéresse
aux processus qui permettent aux individus de
connaître, comprendre et raisonner leur univers. Elle
met l’accent sur la façon dont l’individu se représente
intérieurement le monde et le comprend. En adoptant
cette approche, les développementalistes espè-rent
comprendre comment enfants et adultes traitent
l’information et comment leurs modes de pensée et
de compréhension se répercutent sur leurs
comportements.
•
•
Nulle autre personne n’a eu plus d’impact sur
l’étude du développement cognitif que Jean
Piaget, qui soutient que tous les individus
passent, selon une séquence fixe, par une série de
stades universels de développement cognitif. À
chaque stade, estime-t-il, non seulement la
quantité d’information augmente, mais s’accroît
aussi la qualité des connaissances et de la
compréhension. Piaget émet deux principes à la
base de la compréhension du monde par les
enfants : l’assimilation et l’accommodation.
L’assimilation est le processus par lequel un
individu comprend une expérience en fonction
de l’état courant de son développement cognitif
et de ses modes de pensée. Par contraste,
l’accommodation renvoie aux modifi-cations qui
se produisent dans les modes de pensée existants
en réponse à de nouveaux stimuli ou
événements.
Le psychologue russe Lev Vygotski avance,
dans sa théorie socio-culturelle, qu’il est
impossible de pleinement comprendre le
dévelop-pement des enfants indépendamment de
la culture au sein de laquelle ils se développent.
Selon
la
théorie
socio-culturelle,
la
compréhension qu’ont du monde les enfants
s’acquiert dans le cadre de la résolution des pro-
Page 12 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
5.
Perspective humaniste : Accent sur les qualités
uniques aux êtres humains. Rejetant la notion que
le développement est largement déterminé par des
processus inconscients, par des apprentissages tirés
de notre environnement ou par des processus
cognitifs rationnels, la perspective humaniste avance
que l’individu a une tendance naturelle à prendre des
décisions concernant sa vie et à contrôler ses
comportements. Elle part du libre arbitre, de la
capacité des êtres humains à faire des choix et à
prendre des décisions concernant leur vie.
•
Carl Rogers, notamment, a émis l’hypothèse
que tout individu a un besoin fondamental d’être
considéré positi-vement, lequel besoin lui vient
d’un désir sous-jacent d’être aimé et respecté.
Comme ce regard positif ne peut venir que des
autres, l’individu dépend d’eux. En conséquence,
sa vision de lui-même et de sa valeur personnelle
est le reflet de la façon dont il pense être perçu
par les autres.
•
Abraham Maslow avance pour sa part que
l’actualisation de soi est l’objectif suprême dans
la vie de l’individu. C’est l’état d’autoréalisation
qu’il atteint lorsqu’il a réalisé tout son potentiel,
selon sa propre démarche (Feldman, 2000).
Perspective évolutionniste : Accent sur la biologie
comme déterminant du développement. La théorie
éthologique souligne que le comportement est
fortement influencé par la biologie, qu’il est lié à
l’évolution et qu’il se caractérise par des périodes
critiques
ou
sensibles
(Santrock,
1999).
Les approches évolutionnistes sont issues des travaux
fondamentaux de Charles Darwin.
•
Konrad Lorenz a découvert que, à la naissance,
les oisons fraîchement éclos sont génétiquement
programmés pour s’attacher au premier objet qui
bouge. Ses travaux, qui ont démontré
l’importance des déterminants biologiques dans
l’influence des modes de comportement, ont
amené les développementalistes à étudier les
moyens par lesquels le comportement humain
pourrait avoir des composantes génétiques
innées.
•
La perspective évolutionniste englobe l’une des
branches du développement génétique à avoir
actuellement un grand essor, la génétique du
comportement. La génétique du comportement
étudie les effets de l’hérédité et de la génétique
sur le comportement humain. À mesure que la
technologie progresse et que les chercheurs
continuent de séquencer le génome humain, on
comprend de plus en plus le rôle et les fonctions
des codes génétiques ainsi que leur influence sur
le développement.
6.
Perspective
écologique :
Accent
sur
les
écosystèmes. Le modèle écologique, dont le principal
tenant est Urie Bronfenbrenner, cherche à expliquer
la connaissance, le développement et les compétences
en termes d’orientation, de soutien et de structures
fournis par la société, et à expliquer les changements
sociaux qui surviennent avec l’âge en termes d’effet
cumulatif de choix individuels (Berger, 2000).
•
Selon Bronfenbrenner (1979), chaque
personne est influencée par un certain nombre
de systèmes en interaction. Ce sont les quatre
écosystèmes de Bronfenbrenner. Les contextes
sociaux qui ont un retentissement direct et
immédiat sur le développement humain sont les
microsystèmes : il s’agit de la famille, du
groupe d’amis, de l’école, du quartier et parfois
aussi de l’église, du temple ou de la mosquée.
Les microsystèmes se rencontrent au niveau du
mésosystème lorsque, par exemple, les parents
et les enseignants coordonnent leurs
interventions éducatives. Les microsystèmes
sont entourés par l’exosystème, c’est-à-dire les
réseaux extérieurs qui influent sur eux
(structures communautaires, systèmes d’enseignement, de soins de santé, d’emploi, de
communications, etc.). Le tout est englobé dans
le macrosystème, formé des valeurs culturelles,
des philosophies poli-tiques, des tendances
économiques et des conditions sociales.
Ensemble, ces systèmes forment le « contexte
social
du
développement »humain (Bronfenbrenner, 1979, cité
par Berger, 2000).
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 13
Les quatre grands domaines du développement humain
Ce court article te propose une brève définition de chacun des quatre grands domaines du
développement humain : le physique, l’intellectuel, l’affectif et le spirituel. Rappelle-toi, par
exemple, que plusieurs auteurs combinent le domaine affectif avec le domaine spirituel dans un
seul domaine qu’ils appellent le domaine socio-affectif.
développement moteur (le physique) et affectif (les
émotions). (Source : Santrock, 1999, p. 16).
Q. Quels sont les quatre domaines du développement
humain?
R. La plupart des auteurs mentionne quatre domaines de
développement :
1.
2.
le développement physique se réfère aux
changements biologiques qui se produisent dans le
corps. On parle non seulement de l’héritage
génétique reçu des parents, mais aussi du
développement
du
cerveau,
des
capacités
sensorielles,
des
aptitudes
motrices
du
développement cardiovasculaire et des changements
hormonaux comme ceux de la taille et du poids de
l’individu qui font partie du développement du corps
au cours de la vie. On sait par contre que ces
changements ont une influence considérable à la fois
sur l’intelligence et sur la personnalité. (Source :
Santrock, 1999, p. 16).
le développement intellectuel fait état de l’évolution
des capacités mentales et intellectuelles, comme
l’apprentissage, la mémoire, le raisonnement, la
réflexion et le langage. Ces changements
appartiennent au domaine que plusieurs appellent le
développement cognitif et ils sont intimement liés au
Page 14 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
3.
le développement affectif touche ce que plusieurs
appelle le « socio-affectif ». C’est le domaine de la
personnalité, de la façon unique dont chaque
personne aborde le monde, qu’elle exprime ses
émotions, qu’elle compose avec ses sentiments. C’est
aussi le monde des relations avec les autres. C’est le
sourire de reconnaissance du bébé pour sa mère, c’est
l’agression du petit garçon jaloux envers son copain
au terrain des jeux, c’est l’anticipation de la jeune
demoiselle pour le bal des finissants, c’est l’affection
l’un pour l’autre d’un couple âgé. (Source : Santrock,
1999, p. 17).
4.
le développement spirituel est le domaine de l’esprit
humain et de sa connexion avec le divin ou avec un
être spirituel à l’extérieur de soi. Ce domaine offre
une ouverture sur le monde à l’extérieur de soi. Il
veut apporter un sens à la vie au-delà du quotidien,
au-delà du physique. C’est le spirituel qui offre à
l’humain des valeurs, une éthique, des croyances, une
vision de la création, une moralité au-delà des
simples règles des relations sociales. C’est souvent la
spiritualité qui génère l’expression créatrice,
artistique, religieuse. (Source : Badley, 1996, p. 142).
Les grandes théories du développement humain
Perspective psychodynamique : Accent
sur les forces internes de l’individu. Les
tenants de la perspective psychodynamique estiment
que le comportement est motivé par des forces, des
souvenirs et des conflits internes qui échappent
généralement à la conscience et à la maîtrise de
l’individu.
Perspective cognitive : Accent sur les
racines de la compréhension. La
perspective cognitive s’intéresse aux processus
qui permettent aux individus de connaître,
comprendre et raisonner leur univers. Elle met
l’accent sur la façon dont l’individu se représente
intérieurement le monde et le comprend. En
adoptant cette approche, les développementalistes
espèrent com-prendre comment enfants et adultes
traitent l’information et comment leurs modes de
pensée et de compréhension se répercutent sur
leurs comportements.
Perspective béhavioriste : Accent sur les
forces externes de l’individu. Dans la
perspective béhavioriste, la compréhension du
comportement
passe
par
l’observation
de
comportements qui se produisent en réaction à des
stimuli extérieurs venant du milieu ambiant. Autrement
dit, dès lors qu’on connaît ces stimuli, on peut prédire
les comportements. Les modes de développement sont
ainsi individuels et le reflet d’une série de stimuli
environnementaux, tandis que le développement reste
le fruit d’une exposition continue à des facteurs
spécifiques présents dans l’environnement.
Perspective humaniste : Accent sur
les qualités uniques aux êtres
humains. La perspective humaniste
avance que l’individu a une tendance
naturelle à prendre des décisions concernant
sa vie et à contrôler ses comportements. Elle
part du libre arbitre, de la capacité des êtres
humains à faire des choix et à prendre des
décisions concernant leur vie.
Perspective évolutionniste : Accent sur la biologie comme
déterminant du développement. La théorie éthologique soutient
que le comportement est fortement influencé par la biologie, qu’il est lié
à l’évolution et qu’il se caractérise par des périodes critiques ou sensibles
(Santrock, 1999). Les approches évolutionnistes sont essentiellement
issues des travaux fondamentaux de Charles Darwin.
Perspective écologique : Accent sur les écosystèmes. Le modèle écologique,
dont le principal tenant est Urie Bronfenbrenner, cherche à expliquer la connaissance, le
développement et les compétences en termes d’orientation, de soutien et de structures
fournis par la société, et à expliquer les changements sociaux dans le temps en termes
d’effet cumulatif de choix individuels (Berger, 2000).
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 15
Méthodes de recherche en psychologie du développement
par Mark Burgess et Stephen Kemp
Cet article expose les moyens dont disposent les psychologues pour répondre aux questions qu’ils se
posent. Au lieu de nous concentrer sur les conclusions auxquelles la recherche permet d’aboutir, nous
examinons ici les moyens déployés pour y arriver.
Comment apprend-on, en bas âge, ce qu’il faut pour
devenir un bon ami? Pourquoi adhère-t-on à des
mouvements ou à des sectes? À partir de quel âge un
enfant peut-il résister à une tentation? Pourquoi, devant
des personnes en détresse, certains apportent-ils leur
secours tandis que d’autres regardent impassiblement?
Diverses méthodes de recherche aident les psychologues à
répondre à ces questions et à éclairer bien des domaines
de la pensée et du comportement humains. En fait, faire
de la recherche en psychologie peut être amusant. C’est
une discipline motivante, créative et gratifiante sur les
plans personnel et scientifique, à condition qu’on observe
les règles de l’art.
Observation naturaliste
Il existe plusieurs styles de recherche par l’observation,
selon le degré plus ou moins avancé d’intervention de la
part de l’observateur. En recherche naturaliste,
l’observateur se garde totalement d’intervenir. Il est en
définitive « invisible » et s’emploie même à ne pas
interrompre la dynamique naturelle de la situation sur
laquelle il se penche. Par exemple, pour en savoir plus sur
les interactions sociales des écoliers, il les observe en
action pendant la récréation. L’observateur recherche
alors des comportements typiques à partir d’une série de
critères préétablis (comme les querelles, le partage, les
conversations, etc.). Par ailleurs, l’approche naturaliste
peut aussi se révéler utile lorsqu’on sait peu de choses du
phénomène à l’étude et que le chercheur bâtit ses
hypothèses à partir de ses observations.
Intérêt et limites : L’observation naturaliste peut fournir
une riche description de la nature des échanges sociaux où
il n’y a pas eu manipulation de l’environnement ou, en
tout cas, très peu. En revanche, parce qu’on a peu de
maîtrise sur la situation, on ne peut en tirer des
conclusions aussi valables sur les causes des
comportements.
Observation participante
Dans l’observation participante, le chercheur intervient
davantage auprès des sujets d’étude. Certains des « grands
manitous » de la psychologie sociale (Festinger, Reicher
et Schachter) ont du reste adopté cette méthode pour
étudier le phénomène des sectes. Les sectes et
mouvements religieux existent depuis belle lurette.
Habituellement, ces groupes prédisent une calamité et la
Page 16 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
date à laquelle elle surviendra, et se préparent à cette
éventualité. Les membres de la secte californienne de
« La Porte du Ciel », par exemple, avaient convenu
d’abandonner leur « vaisseau terrestre » (leur corps) pour
s’embarquer dans un vaisseau spatial naviguant dans la
traînée de la comète Hale-Bopp, qui les aurait emportés
vers un « niveau » supérieur! Festinger et ses
collaborateurs se sont infiltrés dans un groupuscule appelé
les Seekers (sous-entendu « ceux qui cherchent la
vérité ») ayant à sa tête une ménagère d’âge moyen qui se
disait en contact régulier avec les « Gardiens » situés sur
la planète « Clarion ». Les messages des « Gardiens »
avaient en l’occurrence informé Mme Keech de la date et
de l’heure auxquelles une gigantesque inondation
engloutirait les États-Unis et les rayeraient de la Terre. En
retour de leur fidélité, les Seekers allaient être rescapés
par le vaisseau spatial! L’histoire nous a cependant appris
qu’il n’y a pas eu de cataclysme, et les membres de la
secte ont dû se rendre à l’évidence qu’ils étaient toujours
sur Terre – et nous aussi!
Intérêt et limites : L’un des avantages de l’observation
participante est qu’elle donne accès à des situations dont
nous serions autrement exclus et qu’elle permet de
comprendre de première main les faits à l’étude.
Cependant, une personne qui sait qu’on l’étudie risque
éventuellement de modifier son comportement de manière
à se présenter sous un meilleur jour. Même si le chercheur
cache bien son identité au reste du groupe (comme cela
s’est passé dans le cas des Seekers), il se trouve
inconsciemment à modifier la dynamique du groupe
simplement du fait qu’il en fait partie. De plus, il risque
aussi de développer des amitiés à l’endroit (ou des
inimitiés à l’encontre) des sujets de son étude et dès lors
avoir, selon, un préjugé favorable ou défavorable vis-à-vis
d’eux.
Observation structurée
Dans le cadre d’une observation structurée, le chercheur a
plus d’emprise sur bien d’autres aspects de
l’environnement. Il peut par exemple créer de toutes
pièces un contexte à l’intérieur duquel les sujets seront
appelés à interagir, puis laisser les choses suivre leur
cours tout naturellement. Par exemple, le chercheur qui
s’intéresse à l’âge à partir duquel les enfants résistent à
une tentation pourrait vouloir créer une situation où le
sujet serait laissé seul dans une pièce qu’on surveillerait à
travers une glace sans tain. Dans une étude réelle, des
enfants ont été laissés seuls dans une salle après que le
chercheur leur a interdit de manger les friandises posées
sur une table tout près! De l’autre côté du miroir, ce
dernier pouvait à leur insu observer le comportement des
enfants. Au juste, à partir de quel âge penses-tu qu’un
enfant parvient à retenir ses envies?
Intérêt et limites : L’observation structurée permet de
provoquer des situations qui pourraient autrement être
relativement peu fréquentes. Ainsi, pour observer les
interactions mère-enfant, on peut inviter la mère à venir
en laboratoire faire la lecture à son enfant. L’ennui, c’est
que ces situations n’ont pas tout le naturel qu’on pourrait
attendre d’une observation naturaliste ou participante.
la loi? Non! Les familles qui ont les moyens ou la volonté
d’avoir un animal à la maison peuvent différer sous de
nombreux autres rapports des familles qui n’ont pas les
moyens d’en avoir un ou qui n’en veulent pas.
Intérêt et limites : Il y a de nombreux et bons aspects à la
recherche corrélationnelle. Les observations peuvent être
réalisées à partir de plusieurs cadres différents, le
chercheur n’a pas à intervenir directement dans le
contexte social, et les observations peuvent être
directement reliées à une hypothèse de départ. En
revanche, on peut souvent être tenté de tirer
prématurément des liens de causalité des conclusions de
la recherche. Or, les recherches corrélationnelles ne
sauraient confirmer s’il y a eu rapport de cause à effet sur
les comportements.
Expériences sur le terrain
Recherche expérimentale
Dans les expériences réalisées sur le terrain, le chercheur
met en place tous les éléments d’un événement donné et a
presque totalement la maîtrise du contexte social. Les
sujets d’étude ne sont pas conscients qu’on les observe,
même si le chercheur contrôle la situation. Un exemple
d’expérience sur le terrain serait une étude où l’on
chercherait à savoir dans quelles conditions les sujets sont
enclins à porter secours à une personne en détresse. Le
chercheur pourrait ainsi « feindre » un accident ou un état
de détresse, comme une personne qui semble prise d’une
crise cardiaque. Selon ce mode de recherche, les sujets
ignorent qu’ils participent à une situation montée de
toutes pièces et qu’on observe leurs réactions.
Intérêt et limites : Comme, dans ce cas-ci, le chercheur
tire presque toutes les ficelles du contexte social, il est
plus facile d’en tirer des liens de causalité. En revanche, il
lui manque tout le naturel des méthodes d’observation
classiques.
Recherche corrélationnelle
Les recherches corrélationnelles sont extrêmement
populaires. La recherche corréla-tionnelle passe souvent
par l’observation de situations naturelles sans qu’il y ait
manipulation quelconque des différentes variables.
Même si le chercheur mesure systématiquement les variables, on ne sait pas toujours pour autant si une variable
entraîne l’autre. Voyons plutôt les exemples suivants : le
nombre d’attaques de la part de requins augmente avec la
température de l’eau des océans. Dans ce cas, on dit que
la hausse de la température de l’eau et le nombre
d’attaques de requins sont « corrélés » l’un avec l’autre.
Cela ne signifie pas pour autant que c’est la température
de l’eau qui pousse les requins à attaquer. Dans les faits,
ce n’est pas tant l’appétit ou l’agressivité des requins qui
augmente, que le fait qu’il y ait bien plus à manger dans
l’océan quand il fait chaud et qu’un plus grand nombre de
gens vont s’y baigner. Dans un autre exemple, des
recherches ont démontré que d’avoir un animal de
compagnie était corrélé avec des risques réduits de
délinquance juvénile pendant l’adolescence. Cela signifiet-il pour autant que le fait d’avoir eu un animal dans sa
jeunesse fait d’un individu un citoyen plus respectueux de
La recherche expérimentale permet d’établir des relations
de causalité. Par exemple, suite à l’assaut brutal et au
meurtre d’une jeune femme new-yorkaise, des
psychologues ont voulu savoir pourquoi personne ne
s’était porté à son secours. En fait, même si 37 personnes
avaient été témoin du crime, pas une seule n’a pris la
peine d’appeler la police. Darley et Latane (1968) ont
avancé pour théorie que plus les badauds sont nombreux à
s’attrouper devant une scène de détresse, moins il y a de
chances qu’un passant n’intervienne et porte secours à la
victime. Pour le vérifier, ils ont mené une expérience sur
le phénomène de « non-assistance à une personne en
danger ».
Darley et Latane ont invité à tour de rôle des sujets à leur
laboratoire en les priant de patienter dans l’antichambre
avec d’autres « participants à l’étude » (qui n’étaient
autres que des membres de l’équipe de recherche). Coup
de théâtre : l’un des « pseudo-participants », qui avait dit
tout haut être épileptique, tombe en « crise ». Les
chercheurs avaient émis l’hypothèse que, si personne
d’autre n’était présent, le sujet irait chercher du secours
plus souvent (et plus rapidement) que s’il y avait avec lui
d’autres personnes. En fait, c’est ce qui s’est avéré, car
85 % des participants sont intervenus quand ils étaient les
seuls présents, alors que seuls 62 % sont intervenus en
présence d’une autre personne, et 31 % en présence de
quatre autres personnes. Dans ce cas, les chercheurs
contrôlaient tous les aspects du contexte de l’expérience –
à ce point du reste qu’ils pouvaient en toute confiance
affirmer que le nombre de personnes présentes devant une
urgence a un impact sur les chances qu’un individu donné
se porte au secours d’un autre.
Intérêt et limites : La recherche expérimentale essaie de
créer un environnement dont on peut tirer des rapports de
causalité. L’expéri-mentateur manipule les variables,
assigne aux sujets des conditions diverses au hasard et
cherche à contrôler d’autres facteurs qui pourraient influer
sur les résultats. Cependant, à force de vouloir contrôler
tous les aspects de la situation, il risque d’aboutir à un
envi-ronnement plutôt artificiel dont on ne peut aisément
tirer des généralisations applicables au monde réel. De
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 17
plus, il existe des domaines de la vie qu’on ne peut,
question de morale, étudier par voie d’expérimentation.
Par exemple, on pourrait vouloir découvrir expérimentalement les effets de l’intimidation et des brimades
dans les écoles, mais il serait contraire à l’éthique de
vouloir placer délibérément des enfants dans des
expériences désagréables voire stressantes.
Entrevue
Dans le cadre d’une recherche, l’entrevue prend
généralement la forme d’une rencontre individuelle
pendant laquelle le chercheur (l’intervieweur) pose une
série de questions à son sujet. L’entrevue est
généralement enregistrée et les réponses, consignées par
écrit. Pour lui donner encore plus de valeur, le chercheur
prépare ses questions à l’avance, bien que l’entretien
puisse éventuellement partir dans toutes les directions.
Intérêt et limites : L’avantage de l’entrevue par rapport au
sondage ou au questionnaire tient à la plus grande variété
des réponses possibles. L’inconvénient est que l’entrevue
prend du temps et que, pas plus que pour les
questionnaires, on ne peut en extraire de relations
causales (Lefton, 2000, p. 14).
Expérimentation animale
L’un des motifs les plus souvent invoqués pour recourir à
des animaux dans des expériences pose aujourd’hui aussi
l’un des plus grands problèmes d’éthique dans la
recherche : certaines expériences se trouveraient à placer
les sujets dans des conditions ou à les exposer à des
traitements qui pourraient leur être néfastes ou nocifs.
Parce que l’éthique ou la loi le leur interdit, les chercheurs
ne peuvent pas par exemple réaliser des opérations
chirurgicales sur des sujets sains pour mieux étudier le
rôle des différentes parties du cerveau dans le
comportement. De même, des chercheurs ne peuvent
mettre des sujets au régime simplement pour mesurer
l’effet de certaines carences alimentaires sur le
comportement (Baron, 1998, p. 32).
Intérêt et limites : L’expérimentation animale est l’une
des questions les plus controversées de la recherche en
psychologie. Comme les animaux ont beaucoup en
commun avec les êtres humains, les chercheurs les
étudient régulièrement pour en apprendre davantage sur
nous-mêmes. Mais ce ne sont pas pour autant des objets
ni des créatures abstraites et insensibles. Certains estiment
Page 18 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
que la souffrance physique ou psychologique qu’on fait
endurer à un animal au nom de la recherche devrait
permettre à terme de soulager l’humain d’un problème au
moins égal à la souffrance causée à l’animal. D’autres
objectent que, figurant parmi les créatures les plus
brillantes, les humains ont au contraire l’obligation
morale de protéger les animaux plutôt que de se servir
d’eux (Fox, 1983, in McMahon, 2000, p. 45). En
revanche,
les
psychologues
soulignent
que
l’expérimentation animale a contribué de bien des façons
au bien-être des êtres humains. On n’a qu’à penser aux
retombées qu’a eues la recherche dans l’amélioration des
traitements de troubles affectifs, le contrôle de
l’hypertension et l’atténuation des douleurs chroniques
(Baron, 1998, p. 32).
Sondage ou questionnaire
La recherche par sondage vise à poser des questions sur
le phénomène auquel on s’intéresse. La méthode du
sondage est particulièrement utile pour la cueillette de
données auprès d’un grand nombre de gens et souvent le
seul moyen de recueillir des données d’étude sur les
impressions, sentiments et comportements privés qui ne
se prêtent pas aisément à une observation directe.
Intérêt et limites : La force du questionnaire réside dans
sa capacité de réunir en peu de temps un grand nombre de
données. Sa faiblesse tient à son caractère impersonnel,
ainsi qu’aux faits qu’il ne permet pas de recueillir de
données autres que les réponses fournies aux questions,
qu’il ne fournit qu’un éventail relativement restreint de
réponses possibles, qu’il ne présente aucune garantie que
le sujet répondra à toutes les questions ou ne mentira pas
au moment de répondre, et qu’il ne fournit pas une
structure dont on pourrait tirer des relations causales
(Lefton, 2000, p. 14).
Résumé
Il existe plusieurs méthodes de recherche en psychologie.
Celle qu’on choisit en définitive dépend des intérêts de
recherche, de la formation méthodologique et des
préférences personnelles du chercheur. Il importe de
reconnaître qu’aucune méthode n’est supérieure aux
autres, mais que différentes méthodes conviennent à
différentes situations et que leur effet conjugué nous a
permis d’accroître considérablement notre compréhension
du
milieu
social.
Méthodologie et éthique
de la recherche en psychologie
Dans le présent article, nous décrivons et expliquons les notions de fidélité, de validité, de
corrélation et de causalité, ainsi que les problèmes d’éthique que posent les questions de
confidentialité, de consentement informé, de biais et d’expérimentation animale.
Quels sont les points à considérer au moment
de mener une recherche?
En fait, il y a deux volets à cette question :
1.
2.
À quoi doit-on porter attention pour que la recherche
soit correctement exécutée?
À quoi doit-on porter attention pour que la recherche
soit convenablement exécutée?
Le premier volet réfère à l’adéquation technique des
méthodes de recherche appliquées et questions posées
pour aboutir à des résultats utiles. Le second tient à
l’éthique du processus de recherche et renvoie à des
notions comme l’honnêteté, l’ouverture, l’équité et la
rectitude.
En ce qui concerne les méthodes de recherche, trois
aspects doivent être pris en compte. Le premier est la
fiabilité (ou fidélité) des méthodes, à savoir « la mesure
dans laquelle une recherche donnée aboutit toujours aux
mêmes résultats chaque fois qu’on l’applique au même
problème » (Baron, 1998, p. 459). Par exemple, dans le
cas de l’observation des comportements de jeu d’écoliers
pendant la récréation, une étude qui, dans une école,
donnerait les garçons comme plus agressifs, et dans une
autre, les filles, ne pourrait être considérée comme
« fiable » ni ses méthodes « fidèles ».
Le deuxième aspect des méthodes de recherche concerne
la validité, à savoir « la mesure dans laquelle une
méthode de recherche mesure effectivement ce qu’elle est
censée mesurer » (Baron, 1998, p. 460).
En reprenant l’exemple des compor-tements de jeu des
écoliers, on pourrait se demander si l’observation est un
moyen « valide » d’étudier ce sujet. Imaginons plutôt
qu’on lui aurait préféré la méthode de l’entrevue et qu’on
aurait posé aux enfants un certain nombre de questions
sur ce qui se passe à la récréation. Cette méthode auraitelle été considérée comme un moyen « valide » de
recueillir de l’information, donc de tirer des conclusions?
Probablement pas ou, du moins, une information pas aussi
valide que celle obtenue par observation directe. De plus,
pour déterminer le degré de validité, on tient aussi compte
de la façon dont les données de recherche sont réunies.
Par exemple, alors qu’il est bien d’observer les enfants au
jeu et de relever leurs propos et de prendre des notes,
il serait encore mieux, sur le plan de la validité, si on
filmait les écoliers en train de jouer, car les images
pourraient être partagées avec d’autres personnes qui, à
partir des mêmes observations, pourraient arriver
indépen-damment à leurs propres conclusions. L’étude
gagnerait d’autant plus de validité dès lors que les deux
groupes d’observateurs arriveraient aux mêmes
conclusions – à plus forte raison s’il s’agit d’observations,
d’entrevues ou d’études réalisées sur le terrain.
Le troisième point relié aux méthodes est le degré auquel
des faits sont reliés les uns aux autres. Dans le jargon du
métier, on parle d’une corrélation. Cependant, la
question ici n’est pas tant de savoir si deux faits sont
seulement reliés entre eux, mais dans quelle mesure l’un a
pu être la cause de l’autre ou inversement. Par exemple,
un chercheur qui découvre que les enfants de parents
divorcés souffrent davantage de troubles affectifs et
commettent plus de larcins que des enfants provenant de
familles unies peut établir que ces faits sont corrélés. Il y
a un rapport entre le divorce d’une part et les troubles
émotifs et, d’autre part, la criminalité chez les enfants,
sans pour autant que le chercheur puisse aller jusqu’à
affirmer que le divorce cause des troubles affectifs ou de
la criminalité (Lefton, 2000, p. 11).
Comment donner plus de validité, de fidélité et de
crédibilité à une recherche? En veillant à ce que la
recherche scientifique soit exempte de méthodes ou de
biais qui pourraient compromettre la validité des résultats
et, notamment, en agissant sur les éléments suivants :
•
•
Taille de l’échantillon : Pour tirer des
généralisations, les scientifiques sélec-tionnent des
groupes d’individus dans la population. Chaque
groupe, appelé échantillon, doit être suffisamment
grand pour que quelques cas extrêmes ne viennent
pas fausser le portrait qu’il donne de la population.
Représentativité de l’échantillon : Les données
recueillies auprès d’un groupe de sujets peuvent ne
pas valoir pour un autre groupe de sujets qui en
diffèrent de façon significative que ce soit, par
exemple, de par leur sexe ou de par leur origine
ethnique. D’où l’importance que chaque échantillon
soit représentatif, c’est-à-dire formé d’individus
qu’on trouve géné-ralement dans la population à
l’étude.
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 19
•
•
•
•
Expérimentation en double-aveugle : Lorsque des
expérimentateurs
entre-tiennent
des
attentes
spécifiques quant aux conclusions de leurs
recherches, il importe que ces attentes ne viennent en
rien altérer la valeur des résultats. Aussi, dans la
mesure du possible, les personnes qui effectuent la
collecte des données devraient-elles le faire en
double-aveugle, c’est-à-dire sans être elles-mêmes
conscientes du but de la recherche.
Définitions opérationnelles : Au moment de
planifier une étude, les chercheurs doivent définir
leur travail, en l’occurrence le phénomène à l’étude,
en définissant chacune de ses variables en termes de
comportements
spécifiques,
observables
et
mesurables avec précision.
Groupe expérimental et groupe témoin : Pour
vérifier
avec
précision
l’hypothèse
d’une
expérimentation, les chercheurs doivent réunir des
données sur deux échantillons essentiellement
identiques sous tous leurs rapports sauf un,
notamment en comparant un groupe expérimental
(qui reçoit le traitement faisant l’objet de
l’expérience), et un groupe témoin (qui ne le reçoit
pas).
Signification statistique : Lorsque des chercheurs
établissent une distinction entre deux groupes, ils
doivent envisager l’éventualité que ces différences
soient purement le fruit du hasard. La signification
statistique est une mesure mathématique du degré de
probabilité que le résultat d’une recherche donnée
soit le fruit du hasard (Berger, 2000).
Quant aux considérations éthiques de la recherche en
psychologie, elles sont trop nombreuses pour qu’on les
aborde par le détail dans le cadre du présent article. Nous
n’en retiendrons pas moins cinq essentielles :
la confidentialité, le consentement éclairé, l’objectivation,
le biais et l’expérimentation animale.
La confidentialité est le droit à la vie privée qui revient
aux sujets de recherche. Dans une recherche, tout doit
être mis en œuvre pour que la participation des sujets
reste privée. S’il existe un quelconque risque que
quelqu’un d’autre que le chercheur ait accès aux données,
le sujet doit en être prévenu afin qu’il ait la chance de
donner un consentement éclairé à sa participation
(Carlson, 1998, p. 39).
Le consentement éclairé signifie que le sujet éventuel
d’une étude comprend exactement ce qui est attendu de
lui tout au long de la recherche, en contrepartie de quoi le
chercheur le protègera contre des abus, désagréments ou
dangers physiques ou psychologiques (Carlson, 1997,
p. 39). Par exemple, si l’on compte interroger un sujet, on
doit d’abord lui demander la permission de l’interroger et
lui rendre compte après coup des notes qu’on a prises ou
de la transcription qu’on a faite de l’entretien. Bien
entendu, il y a plein de situations où l’on ne peut
demander la permission du participant, comme dans le cas
de l’observation des écoliers en train de jouer dans la cour
Page 20 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
de récréation. Dans ce cas, on doit demander après coup
la permission des parents ou gardiens des enfants.
L’objectivation est l’opération par laquelle les sujets
ayant participé à une recherche sont mis au courant de
tous les aspects du déroulement de celle-ci et des
conclusions auxquelles elle est arrivée, de manière à bien
en comprendre l’utilité (Baron, 1998, p. 31). En d’autres
termes, il est de la responsabilité du chercheur de
communiquer aux participants, dans la mesure du
possible, les résultats de l’étude et les conclusions qui en
ont été tirées.
Le biais est un important facteur à considérer au moment
de mener une recherche. L’une des formes de biais les
plus courantes est le biais de confirmation, à savoir la
tendance à ne rechercher ou à ne remarquer que
l’information qu’on tient déjà pour vraie (Baron, 1998,
p. 16). Les chercheurs doivent prendre garde de ne pas
fausser subtilement les résultats en biaisant leur recherche
en fonction du sexe (homme ou femme), de
l’appartenance
ethnique
(traits
caractéristiques,
antécédents et allégeances qui ont souvent des origines
culturelles, religieuses ou linguistiques) ou de
l’appartenance culturelle (origines raciales et ethniques,
valeurs religieuses et sociales, goûts artistiques et
musicaux, et intérêts scolaires) (Lefton, 2000, p. 16).
L’expérimentation animale est proba-blement le plus
grand sujet de controverse de la recherche en psychologie.
On peut en effet se demander s’il est indiqué de soumettre
des rats, des pigeons et des singes sans défense à des
conditions, opérations et traitements qu’on ne pourrait pas
exécuter sur des humains (Baron, 1998, p. 32). Mais alors
comment pourra-t-on mieux comprendre les maladies ou
affections humaines qu’on ne peut tenter de régler par
d’autres moyens? Ainsi, serait-il éthique de modifier le
régime alimentaire d’enfants en vue d’étudier leurs
réactions allergiques? Serait-il indiqué de donner à un
sujet des substances psychotropes sans en connaître les
éventuels effets secondaires? De toute cette
problématique ressort une question centrale : Avons-nous,
en tant qu’êtres humains, le droit de nous servir d’autres
formes de vie pour satisfaire à nos besoins?
En résumé, au moment de mener une recherche, nous
devons nous assurer que nos méthodes sont fiables et
valides et qu’elles décrivent avec exactitude les liens qui
existent entre les choses. Ce faisant, nous devons
respecter la vie privée des sujets, obtenir leur
consentement, les informer des résultats et s’abstenir de
fausser les résultats par les biais que nous entretenons.
Liens et rapprochements…
• Quelle incidence la violence à la télévision a-t-elle sur
les gens? Conçois un projet de recherche visant à recenser
les actes de violence d’une émission de télévision et à
observer les réactions d’enfants qui en ont été les
spectateurs.
L’Arbre sacré
« Le Créateur a planté, pour tous les habitants de la terre, un Arbre sacré sous lequel ils peuvent trouver
ensemble l’apaisement, la force, la sagesse et la sécurité. Les racines de cet arbre s’enfoncent
profondément dans … la Terre. Ses branches s’élèvent vers le firmament comme des mains tendues pour
une prière (au)… Ciel. Ses fruits représentent les dons du Créateur : des enseignements qui montrent le
chemin de l’amour, de la compassion, de la générosité, de la patience, de la sagesse, de la justice, du
courage, du respect, de l’humilité et de tant d’autres vertus. »
L’Arbre sacré, une publication du Projet de
développement des quatre mondes, basé à l’Université de
Lethbridge, en Alberta, décrit la signification d’un
« symbole autour duquel des existences, des religions, des
croyances et des nations se sont organisées » (p. 20).
L’Arbre sacré, dans la culture autochtone, « représente la
vie, les cycles de l’existence, la terre et l’univers ». En
bref, ce livre présente de façon simple quoique exhaustive
la perception qu’ont les autochtones du monde, et du
rapport de l’humanité à la création.
•
•
En voici un résumé des principaux enseignements :
•
•
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•
•
La totalité. Tous les éléments sont intimement liés.
Chaque élément de l’univers fait partie d’un tout
unique. Il est relié d’une certaine façon à tout le reste.
Il n'est donc possible de comprendre un élément
particulier que si nous pouvons comprendre son lien
avec tout le reste.
Le changement. La création tout entière est en
évolution constante. Les choses ne sont jamais les
mêmes, si ce n’est la succession des cycles de
changement. Une saison succède à l’autre. Des êtres
humains naissent, vivent, meurent et entrent dans le
monde de l’esprit. Tout change. Il y a deux sortes de
changements, car les choses se font (la formation) et
se défont (la désagrégation). Ces deux sortes de
changements sont nécessaires et sont toujours liés
l’un à l’autre.
Les changements se produisent suivant des cycles ou
des formes habituelles. Ils ne sont pas accidentels ni
ne surviennent par hasard. Il est parfois difficile de
voir comment un changement particulier se rattache à
tout le reste. Cette difficulté s’explique ordinairement
par le fait que notre point de vue (la situation à partir
de laquelle nous considérons le changement) nous
empêche de voir clairement.
Le visible et l’invisible. Le monde physique est vrai.
Le monde spirituel l’est aussi. Les deux sont des
aspects d’une seule et même réalité. Et pourtant, ce
sont des lois distinctes qui régissent l’un et l’autre.
La violation des lois spirituelles peut se répercuter
sur le monde physique, tout comme la violation des
lois matérielles peut avoir des effets sur le spirituel.
Pour vivre de façon équilibrée, il faut respecter les
lois de ces deux dimensions de la réalité.
Les êtres humains ont un côté spirituel et un côté
physique.
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Les êtres humains peuvent toujours acquérir de
nouvelles qualités, mais non sans effort. Les peureux
peuvent devenir courageux, forts et intrépides. Les
durs et insensibles peuvent apprendre à faire attention
aux sentiments des autres et les personnes
matérialistes peuvent devenir capables de regarder en
elles-mêmes et d’écouter leur voix intérieure. Le
mécanisme qui permet aux êtres humains de cultiver
d’autres qualités pourrait s’appeler le « véritable
apprentissage ».
Le « véritable apprentissage » a quatre dimensions.
Les quatre aspects de la nature de toute personne sont
symbolisés par les quatre points cardinaux du Cercle
de la vie. Ces quatre aspects de notre être se
développent par l’exercice de notre volonté. On peut
dire qu’une personne a fait un apprentissage complet
et harmonieux seulement lorsque les quatre
dimensions de son être ont pris part au processus.
La dimension spirituelle du développement humain
peut être envisagée comme la capacité d’accepter les
enseignements spirituels dans le monde matériel, d’y
être réceptifs, d’y réagir et de s’en servir pour son
orientation future.
Les êtres humains doivent prendre une part active à la
découverte et à la mise en valeur de leur propre
potentialité.
La porte que tous doivent franchir si l’on souhaite se
transformer ou devenir plus que ce que l’on est
maintenant est la porte de la volonté, ou la volition. Il
faut qu’une personne décide de faire le voyage. Le
trajet sait attendre, sa patience est sans limite : il sera
toujours là pour ceux qui décideront de l’emprunter.
Quiconque « part en voyage » à la recherche de son
épanouissement personnel sera soutenu tout au long
de son chemin. Le voyageur n’aura à subir aucune
épreuve qu’il n’ait déjà la force de surmonter.
C’est seulement s’il ne suivait pas les enseignements
de l’Arbre sacré que le voyageur pourrait éprouver
des défaillances pendant le trajet.
Outre les enseignements sacrés concernant la nature des
choses (…), les enseignements de l’Arbre sacré offrent un
code d’éthique en fonction duquel chacun devrait adapter
sa conduite s’il souhaite trouver bonheur et sérénité. Le
code décrit ce qu’est la sagesse dans les rapports entre
personnes, dans la vie familiale et dans la vie en société.
Ces règles de conduite sont les joyaux étincelants de l’art
de vivre que pratiquent les nations autochtones du monde
entier.
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 21
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Chaque matin au lever et chaque soir avant de vous
coucher, rendez grâce pour la vie en vous et pour
toute vie, pour les bonnes choses que le Créateur
vous a données, à vous et aux autres, et pour la
chance que vous avez de grandir un peu plus chaque
jour. Réfléchissez sur vos pensées et sur votre
conduite de la journée écoulée et, après ce retour sur
vous-même, demandez le courage et la force d’être
une meilleure personne. Recherchez les choses qui
profitent à chacun.
Soyez véridique à tout moment, et dans toutes les
conditions.
Traitez toujours vos invités avec considération en
leur faisant les honneurs de votre maison : offrez-leur
votre meilleure nourriture, vos meilleures
couvertures, ainsi que la meilleure partie de votre
maison, et servez-les de votre mieux.
Lorsqu’une personne souffre, tous s’en ressentent.
L’honneur de l’un rejaillit sur tous.
Réservez un accueil cordial aux étrangers et aux
inconnus à titre de membres de la famille humaine.
Recherchez la modération et l’équilibre en toutes
choses.
Toutes les races et tribus du monde sont comme les
fleurs de toutes les couleurs qui enjolivent un pré :
toutes sont belles. En tant qu’enfants du Créateur,
toutes doivent être respectées.
Servir les autres et être utile à sa famille, à la
collectivité, à la nation ou au monde sont parmi les
fins pour lesquelles les êtres humains ont été créés.
Ne vous préoccupez pas de vos petites affaires
personnelles au point d’en oublier l’essentiel. Le vrai
bonheur ne vient qu’à ceux qui consacrent leur vie
aux autres.
Sachez faire la distinction entre les choses qui vous
apportent le bien-être et celles qui pourraient causer
votre perte.
Respectez la sagesse des personnes réunies en
conseil. Une fois que vous avez donné une idée à un
conseil ou à une assemblée, elle ne vous appartient
plus. Elle appartient aux personnes à qui vous l’avez
donnée. Le respect exige que vous écoutiez
attentivement les idées des personnes en conseil et
que vous n’insistiez pas pour que votre idée
l’emporte. Vous devriez appuyer spontanément les
idées des autres si elles sont vraies et bonnes et ce,
même si elles sont différentes de celles que vous avez
apportées. Du choc des idées jaillit l’étincelle de la
vérité. Une fois que les membres d’un conseil ont
pris une décision de concert, le respect exige que
personne ne parle en secret contre ce qui a été décidé.
Si le conseil s’est trompé, son erreur apparaîtra à tous
en son temps.
Le respect. Respecter c’est avoir ou témoigner de la
vénération ou de l’estime pour quelque chose ou
•
quelqu’un; songer au bien de quelqu’un ou quelque
chose ou traiter cette personne ou cette chose avec
déférence ou courtoisie. Montrer du respect est une
règle de vie fondamentale.
o Traitez toujours chacun avec respect, des plus
jeunes aux plus âgés.
o Faites preuve d’un respect particulier pour les
aînés, les parents, les professeurs et les chefs de
la collectivité.
o Faites en sorte qu’aucune personne ne se sente
rabaissée par vous; évitez de blesser d’autres
cœurs comme vous éviteriez un poison mortel.
o Ne touchez à rien qui appartienne à un autre
(surtout des objets sacrés), sans permission ou
sans un accord en ce sens.
o Respectez l’intimité de chacun. N’empiétez
jamais sur les moments de tranquillité ou le
territoire personnel de quelqu’un.
o Ne passez jamais entre deux personnes en
conversation.
o N’interrompez jamais des personnes en
conversation.
o Parlez doucement, surtout en présence de
personnes âgées, d’étrangers ou d’autres
personnes à qui vous devez un respect
particulier.
o Ne prenez pas la parole dans les réunions où il y
a des aînés, à moins d’avoir été invité à le faire.
o Ne dites jamais du mal des autres, qu’ils soient
présents ou non.
o Traitez la terre et tous ses éléments comme votre
mère. Faites preuve d’un respect profond pour le
règne minéral, le règne végétal et le règne
animal. Ne faites rien pour polluer l’air ou le sol.
En présence de ceux qui souhaitent détruire notre
Mère, portez-vous à la défense de celle-ci avec
sagesse.
o Respectez les croyances et la religion des autres.
o Écoutez avec courtoisie ce que disent les autres,
même si vous avez l’impression que leurs propos
sont futiles. Écoutez avec votre cœur.
Écoutez et suivez les conseils adressés à votre cœur.
Ces conseils, attendez-vous à les recevoir sous
plusieurs formes : dans la prière, dans les rêves, dans
les moments de tranquillité et de solitude, ainsi que
dans les paroles et les actes de sages aînés et amis.
L’Arbre sacré ne se limite pas aux seuls passages que
nous venons de résumer et il t’est loisible de le parcourir
par toi-même d’un bout à l’autre. Il ne fait aucun doute
qu’il t’aidera à mieux comprendre les convictions, valeurs
et attitudes des peuples autochtones, ainsi que leur vision
du monde, ce qui, à ton tour, t’aidera à mieux situer les
tiennes.
Source : Judie Bopp, Michael Bopp, Lee Brown et Phil Lane, L’Arbre sacré (1985). Projet de développement des quatre mondes,
Université de Lethbridge, Alberta, Canada.
Page 22 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
Liens et rapprochements
•
Quelles sont tes convictions et valeurs personnelles? Exprime ta vision du monde à l’aide du
médium de ton choix.
•
Peux-tu donner des exemples de la façon dont ta vision du monde influence ton
comportement?
•
Fais une recherche sur les convictions et systèmes de valeurs d’autres confessions religieuses
que la tienne et confronte leurs vues aux tiennes ainsi qu’à celles des peuples autochtones dont
il est question dans l’Arbre sacré.
•
Rappelle-toi quand et comment tu as personnellement appris à faire la distinction entre le
« bien » et le « mal », le « bon » et le « mauvais » - ainsi que ceux qui t’ont ou ce qui t’a le
plus influencé dans la vie.
•
Fais une entrevue auprès d’une personne âgée. En quoi les valeurs de la société ont-elles
évolué depuis le temps où elle avait ton âge?
Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 23
Mon anthologie
Le courage en chair
Une image que je retiens…
Elle n’a jamais sauvé la vie de personne,
Ni jamais fait la guerre.
Elle n’a jamais éteint un incendie,
Ni jamais fait face à l’ouragan.
Elle n’a jamais fait les manchettes,
Ni jamais apparu aux nouvelles du soir.
Elle n’a jamais fait changer des lois.
Mais elle, le courage coule dans ses veines!
Elle, c’est la fille dont on s’est moquée hier.
Tu sais, celle dont on n’aimait pas les cheveux.
Elle, c’est la fille qui était l’objet de nos farces.
Tu sais, celle qui ne s’habillait pas bien.
Elle est la plus courageuse que je connaisse,
Car tous les matins de sa jeune vie, elle se lève
Sachant que ces même paroles blessantes
Lui seront servies par des gens de son milieu.
Tous les jours, comme si rien n’était, elle retourne
Dans ce milieu où on la blesse de nos regards
Et vit de nouveau cette peine construite de nos rires.
Ça, c’est du courage, du courage en chair.
Inspiré d’un poème de Kristina Gutenberg (1999)
Une pensée ou un poème que jai
composé…
Pourquoi? (Option : Dany Bédard de La Chicane)
Elle est jeune; elle a froid; elle est seule.
Elle erre; elle est sans abri.
Mineure, elle gagne sa vie à partir de la rue.
Elle survit mais c’est à peine si elle se nourrit.
Son histoire? Famille dysfonctionnelle, antipathique, malade.
Pourquoi est-ce que je détourne mes yeux?
Et toi, est-ce que tu t’es demandé pourquoi?
Pourquoi est-ce qu’on est insensible devant cette tragédie?
Ne les vois-tu pas?
Ils sont nus, sans abri, malades, violentés.
Choisis-tu de ne pas les voir, content que ce ne soit pas toi?
Tué en raison de la couleur de sa peau!
Est-ce que nous ne sommes pas appelés à nous aimer?
Une autre guerre motivée par la haine!
Ne vois-tu pas Lucifère qui récolte les âmes perdues
en riant aux éclats?
Assassiné à cause d’une religion ou d’une croyance!
Est-ce possible qu’un hommage au Créateur soit supérieur
à l’autre?
On n’accepte pas telle race, telle religion, tel quartier,
telle classe sociale!
Ne sommes-nous pas tous frères et soeurs sous un même soleil?
J’ai songé à cette question, j’ai prié la-dessus et je crois
connaître la réponse :
Le pouvoir, l’influence, l’avarice, le culte de la beauté :
Tout ce qui est attirant mais transitoire!
C’est triste de constater l’état du monde dans lequel
nous vivons.
Ce serait un bien meilleur monde si la tolérance et
le partage régnaient!
Inspiré d’un poème d’Adriana Brehm, Lloydminster (1999)
Une dernière pensée à retenir…
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Deux points de vue
Examine des points de vue divergeants sur les thématiques suivantes :
• On devrait limiter les familles à deux enfants.
• Le conjoint/la conjointe anglophone dans un foyer exogame devrait apprendre le français.
• Tout parent devrait avoir le droit à un congé payé d’un an.
• L’âge minimal pour le mariage devrait être 24 ans.
• Les parents d’un enfant ayant-droit devrait être obligé d’envoyer leur(s) enfant(s) à l’école
francophone.
Pourquoi je suis d’accord…
Pourquoi je ne suis pas d’accord …
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Mes notes de cours
Page 26 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1
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