Perspectives sur le développement humain aux différentes étapes de la vie Journal de l'élève Nº 1 Dans le présent numéro : Introduction à la psychologie du développement Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan Journal sur la psychologie du développement, accompagnant le cours Psychologie 30 du ministère de l’Éducation de la Saskatchewan. N° 1 Dans le présent numéro : Introduction à la psychologie du développement Au sommaire : Bienvenue au « Journal de l’élève »! Page 1 Le Journal de l’élève est le journal de psychologie du développement de l’élève, qui accompagne le cours Psychologie 30 : Psychologie du développement. Cet article présente le contenu du cours, son organisation interne, ainsi que la répartition chronologique de la matière traitée. Introduction à la psychologie du développement Page 4 Dans un entretien avec Katherine Robinson, professeure de psychologie du développement à l’Université de Regina, le Journal de l’élève explore les concepts qui se situent à la base de cette branche de la psychologie. Perspective autochtone sur la « psychologie » Page 7 Bill Asikinack, professeur adjoint au département d’Études autochtones du Saskatchewan Indian Federated College et chef traditionnel du clan familial des Grues de la Nation Ojibway, aborde les concepts de base de la psychologie du développement d’un point de vue autochtone. Dans la perspective de … que vois-tu? Page 9 Cet article examine le processus du développement humain selon les deux perspectives adoptées dans ce cours, à savoir celle de l’individu en développement et des facteurs biologiques ou environnementaux susceptibles d’agir sur lui, et celle des « écosystèmes », en l’occurrence, les divers systèmes de soutien susceptibles de favoriser ce développement. Perspectives contemporaines sur la psychologie du développement Page 11 Dans la tradition occidentale, six grandes théories tentent d’expliquer la pensée et le comportement humains. Cet article décrit chacune de ces théories et t’invite à considérer une situation donnée à partir de ces approches différentes. Les quatre grands domaines du développement humain Page 14 Ce court article te propose une brève définition de chacun des quatre grands domaines du développement humain : le physique, l’intellectuel, l’affectif et le spirituel. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page i Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan Journal sur la psychologie du développement, accompagnant le cours Psychologie 30 du ministère de l’Éducation de la Saskatchewan. Les grandes théories du développement humain Page 15 Courtes descriptions de six perspectives différentes à l’égard du développement humain. Méthodes de recherche en psychologie du développement Page 16 Comment tirer un sens des comportements humains? Dans cet article, nous examinons les diverses méthodes de recherche employées pour essayer de comprendre les grands thèmes de la psychologie du développement. Méthodologie et éthique de la recherche en psychologie Page 19 Quels sont les principaux points à considérer au moment de mener une recherche en psychologie du développement? Dans cet article, nous expliquons les notions de fidélité, de validité, de corrélation et de causalité, ainsi que les problèmes d’éthique que posent les questions de confidentialité, de consentement informé, de biais et d’expérimentation animale. L’Arbre sacré Page 21 « Le Créateur a planté, pour tous les habitants de la terre, un Arbre sacré sous lequel ils peuvent trouver ensemble l’apaisement, la force, la sagesse et la sécurité. Les racines de cet arbre s’enfoncent profondément dans notre Mère la Terre. Ses branches s’élèvent vers le firmament comme des mains tendues pour une prière à notre Père le Ciel. Ses fruits représentent les dons du Créateur : des enseignements qui montrent le chemin de l’amour, de la compassion, de la générosité, de la patience, de la sagesse, de la justice, du courage, du respect, de l’humilité et de tant d’autres vertus. Mon anthologie Page 24 Pour que tu puisses vraiment t’approprier le Journal de l’élève, nous avons prévu des pages où tu pourras consigner et préserver des dictons, images, poèmes, anecdotes, paroles de chansons et tout ce que tu trouveras d’autre qui t’intriguera, t’inspirera, t’amusera ou t’interpellera. Nous avons déjà cité quelques textes de poésie. Deux points de vue Page 25 Examen de points de vue divergeants sur des thématiques problématiques. Mes notes de cours Page ii - Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 Page 26 Bienvenue au Journal de l’élève! Dans la perspective développement … Le cours de psychologie du développement vise essentiellement des objectifs pratiques et applicables. Certes, il te fera acquérir des notions fondamentales sur les différents stades de développement de l’être humain, depuis sa conception jusqu’à sa mort, mais avant tout il t’inculquera les principes à la base de la psychologie du développement suivant un cadre pratique, pertinent et actuel, axé sur la recherche et applicable à la vie de tous les jours. Non seulement tu y acquerras des éléments de théorie sur la psychologie du développement, mais encore auras-tu l’occasion d’en appliquer les principes dans la pratique, notamment dans le contexte des problèmes qui seront soumis à ton analyse concernant ta propre vie, celle de tes parents, amis ou camarades de classe, ou celle d’autres membres de ta collectivité. Pour t’aider à mieux organiser la matière abordée dans le cours, nous avons préconisé la formule du « journal » personnel. Le journal compte autant de volumes qu’il y a d’unités d’étude obligatoires, soit quatre : Introduction à la psychologie du développement, Période prénatale, Premier âge et Petite enfance. Les trois dernières unités (Moyenne enfance, Adolescence et Âge adulte) sont facultatives et peuvent ou non être abordées pendant le cours. Au sommaire de chaque volume figurent des articles qui ont un lien direct avec les notions abordées en classe et les enseignements qui en sont tirés. Ce journal peut aussi servir à consigner tes réflexions, à guider tes lectures, à organiser tes pensées ou à préparer tes recherches. Chaque article aborde un concept ou sujet sous un ou plusieurs angles, entre autres à l’aide de textes à caractère didactique, de nouvelles, de poèmes et d’illustrations, de photographies et d’autres représentations visuelles. Nous t’encourageons à faire pareil. Serstoi du Journal de l’élève pour organiser ta réflexion sur la psychologie du développement suivant la forme ou le médium qui correspond le mieux à tes goûts ou à ton style personnel. Si tu es du genre à mieux comprendre à l’aide de représentations visuelles ou graphiques, comme des schémas conceptuels, le Journal de l’élève t’aidera à t’y retrouver dans la matière couverte en la schématisant. Si tu apprends mieux par l’écrit, tu n’auras qu’à souligner, surligner ou annoter ton texte dans la marge pour faciliter tes apprentissages! l’individu en Nature-culture Interaction des domaines Le Journal de l'élève accompagne le cours Psychologie 30 : Psychologie du développement. Cet article décrit le contenu du cours, son organisation interne, ainsi que la répartition chronologique de la matière traitée. Bienvenue au Journal de l’élève! Nous espérons que ce journal t’aidera à organiser et à mieux assimiler les notions abordées dans le cadre du cours Psychologie 30 : Psychologie du développement. de Moyenne enfance Période prénatale Premier âge Petite enfance Adolescence Âge adulte Microsystèmes Exosystèmes Macrosystèmes Dans la perspective des écosystèmes … Tu te poses sûrement déjà un tas de questions sur ce que représente ce schéma conceptuel. Disons d’abord qu’il annonce que nous examinerons le développement humain aux différentes étapes de la vie selon deux grandes perspectives : 1o celle de l’individu en développement, autrement dit en se demandant quels sont les problèmes, enjeux et changements auxquels l’être humain est confronté à un stade donné de sa vie, et 2o dans la perspective des divers systèmes de soutien socioculturel (les « écosystèmes »), comme les membres de son entourage plus ou moins immédiat (parents, proches, amis, voisins et autres membres de la collectivité) et les établissements qui l’encadrent (garderies, écoles, etc.), susceptibles de favoriser son développement. Dans la perspective du développement de l’individu, nous nous pencherons plus particulièrement sur les influences d’ordre héréditaire (nature) ou liées à l’environnement (culture), et sur les interactions et influences d’ordres physique, cognitif, socioaffectif et spirituel. Par exemple, dans le contexte de l’unité portant sur la période prénatale, nous examinerons dans un premier temps le processus de développement biologique de l’embryon, puis du fœtus, en nous intéressant entre autres au développement du cerveau, ainsi qu’à la mesure dans laquelle jouent l’hérédité et le patrimoine génétique. Dans la perspective des écosystèmes, nous nous poserons la question : Que doit-il y avoir pour donner naissance au bébé le plus sain qui soit? Nous examinerons en conséquence ce que les futurs parents et, notamment, la mère doivent faire pour donner naissance à un bébé en bonne santé, ainsi que ce que font les systèmes de santé et de soins prénatals pour aider au bon développement des bébés. Nous essaierons aussi de répondre à des questions de fond du genre : Quelles répercussions le tabac ou l’alcool ont-ils sur l’enfant à naître? Y a-t-il des Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 1 programmes d’aide prénatale? Doit-on parler à un enfant qui est encore dans le ventre de sa mère? Les quatre unités obligatoires du cours Psychologie 30 s’intitulent respectivement Introduction à la psychologie du développement, Période prénatale (de la fécondation de l’ovule jusqu’à l’accouchement), Premier âge (de la naissance jusqu’à 2 ans) et Petite enfance (de 2 à 6 ans). Comme il a été établi que ce que nous devenons à l’âge adulte se détermine pour l’essentiel avant l’âge de 6 ans, nous avons voulu porter une attention toute particulière à ces premières années – ô combien critiques – du développement de l’individu. Non pas que le développement soit déjà un fait accompli à l’âge de six ans, loin de là! Disons plutôt que, pour les besoins de ce cours, nous avons préféré faire des unités portant sur la Moyenne enfance (de 6 à 12 ans), l’Adolescence et l’Âge adulte des unités facultatives qu’on pourra aborder en fonction du temps, des intérêts et des besoins de chacun. La première unité s’intitule Introduction à la psychologie du développement. Nous y abordons les notions fondamentales de cette discipline, afin que tu puisses te familiariser avec les approches théoriques, les concepts de base et la terminologie propres à cette branche, mais aussi afin que tu puisses mieux connaître les divers moyens de recueillir, de traiter et de communiquer l’information concernant les « changements survenant d’étape en étape ». La première période de développement que nous aborderons à proprement parler est celle de la période prénatale, qui va de la fécondation jusqu’à la naissance et qui comprend le travail et l’accouchement. Cette 2e unité pose une question de fond : « Pourquoi, au juste, veut-on avoir un enfant? », et son corollaire, « Quels sont les enjeux et les responsabilités qui se rattachent à la mise au monde d’un nouvel être vivant? ». La période prénatale est une période de développement physiologique d’une extrême intensité. À un moment donné, il se crée pas moins de 16 000 neurones à la minute dans le cerveau du fœtus! Nous examinerons donc ce premier stade de développement depuis la fécondation jusqu’à l’enfantement, d’abord dans la perspective du fœtus en développement, puis dans celle de son principal écosystème, en l’occurrence, le ventre de sa mère. La 3e unité s’intéresse au premier âge, qui va de la naissance jusqu’à l’âge de 2 ans. Tandis qu’à la période prénatale on s’est surtout attardé sur le développement biologique du nourrisson, on abordera cette fois-ci les dimensions physiques, cognitives (pensée, apprentissage, intelligence, mémoire) et socioaffectives (émotions, personnalité et tempérament, attachement, actualisation de soi) du développement. Nous verrons ici que ce sont surtout des facteurs liés au contexte socioculturel qui influent de manière croissante sur le développement de l’individu, notamment la façon dont on élève le nourrisson, les rôles respectifs du père et de la mère, la situation économique familiale, la nutrition, et nous examinerons entre autres les premières expériences de développement cognitif et les racines de la personnalité Page 2 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 (timidité, agressivité, curiosité). Nous aborderons aussi des débats classiques comme l’allaitement maternel vis-àvis de l’allaitement artificiel, l’éducation par les parents par rapport aux services de garde, les différences entre les sexes sur le plan du développement, l’attachement, ainsi que les modes d’identification sexuelle. Les écoles francophones sont encouragées à aborder en particulier la délicate mais importante question de la transmission de la langue et de la culture françaises, de la construction identitaire, la vie en contexte anglo-dominant chez la minorité francophone en Saskatchewan, tous ces facteurs influencent ce que l’on pourrait appeler la psychologie de la minorité. Non seulement chaque stade du développement comporte ses propres questions et enjeux, mais en outre sert-il de fondements sur lesquels viendra s’appuyer le stade de développement suivant. La 4e unité, qui est aussi la dernière unité obligatoire, porte donc sur la Petite enfance, à savoir la période de développement qui va de 2 ans jusqu’à l’âge de 6 ans, âge auquel la plupart des enfants commencent à aller à l’école. On dit de ces années qu’elles sont « l’âge du jeu » (Berger, 2000), étant donné que le principal contexte de développement surtout socioaffectif et cognitif reste le cadre procuré par l’exercice d’activités ludiques avec d’autres enfants. C’est le stade auquel l’enfant commence à prendre conscience du monde qui l’entoure, comme en témoigne sa curiosité apparemment sans bornes. Pourquoi le ciel est bleu? Pourquoi ne puis-je pas avoir ceci ou cela? Pourquoi n’aije pas le droit de faire ceci ou cela? Pourquoi? Pourquoi? C’est aussi à ce stade que l’enfant apprend à socialiser, à s’entendre avec d’autres enfants, à saisir qu’il a une identité propre en termes d’actualisation et d’image de soi, et à comprendre qu’il a aussi une identité et un rôle sexuels. Nous examinerons par ailleurs des questions reliées aux services de garde, aux programmes d’intervention précoce et d’aide préscolaire, aux disparités culturelles en termes de rôles et d’identités sexuels, aux problèmes auxquels font face les parents, et ainsi de suite. Les 5e (Moyenne enfance), 6e (Adoles-cence) et 7e unités (Vie adulte) ne sont pas obligatoires et peuvent ne pas s’incorporer au programme. Elles n’en suivent pas moins une même démarche, en ce qu’elles considèrent le développement selon la perspective de l’individu et des écosystèmes. Tu peux donc voir pourquoi nous avons intitulé cette publication Journal de l’élève! Nous espérons que le cours se révélera pour toi aussi intéressant, motivant et inspirant qu’il sera pratique et informatif. Le voyage humain est un périple fort complexe qui s’étale sur toute la vie. Espérons qu’il sera aussi pour toi source de découvertes fascinantes. Liens et rapprochements… • • • • • Crée un collage illustrant la matière qui sera couverte dans le cours. Pourquoi, selon toi, la rédaction du Journal de l’élève a-t-elle retenu cette page couverture? Quel message a-t-elle voulu ainsi faire passer? Quel lien ce graphisme a-t-il avec la psychologie du développement? Conçois ton propre graphisme pour la couverture! On s’est servi au fil du temps de plusieurs métaphores visuelles pour décrire le développement humain. On l’a ainsi comparé à un escalier, à une lierre ou à un jeune plant (Santrock, 2000). Explique chaque métaphore. Définis les termes suivants : • Hérédité • Cognition sociale • Domaine psychosocial • Culture • Nature-culture • Identité culturelle et linguistique • Exogamie et endogamie • Francité • Assimilation et acculturation Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 3 Introduction à la psychologie du développement Dans un entretien avec Katherine Robinson, professeure de psychologie du développement à l’Université de Regina, le Journal de l’élève explore les concepts qui se situent à la base de cette branche de la psychologie. Journal de l’élève : Comment définiriez-vous la psychologie du développement? À mon sens, la psychologie du développement s’intéresse essentiellement aux changements qui surviennent chez l’individu à différentes époques de sa vie ainsi qu’au processus même de ces changements. Même si elle semble s’attacher au premier plan au développement de l’enfant, la psychologie du développement concerne en fait l’évolution de l’être humain tout au long de sa vie et pas seulement pendant l’enfance. Journal de l’élève : Que font au juste les psychologues du développement? À titre de professeure à l’Université de Regina, ma tâche première est d’ordre éducatif. J’enseigne aux étudiants les notions de base de la psychologie, mais une grande part de mes attributions portent sur la recherche auprès des enfants et consistent à voir comment ils se comportent et comment ils évoluent. Les psychologues du développement interviennent en outre dans la collectivité, notamment auprès des groupes de parents ou de soutien aux parents d’enfants qui ont des besoins particuliers. Les « développementalistes » tra-vaillent aussi de près avec des éducateurs spécialisés à traiter les problèmes de développement et les troubles d’apprentissage chez les enfants. On les consulte également dans le cadre de services sociaux ou judiciaires sur des problèmes qui concernent de près la psychologie, par exemple, lorsqu’il est question de déterminer, au cours d’un procès, le degré de fiabilité d’un témoin ou de validité des souvenirs d’un enfant. Journal de l’élève : Quelles qualités et quelle formation doit-on avoir pour être un bon psychologue du développement? Tout d’abord, les futurs psychologues du développement doivent suivre une formation universitaire de premier cycle, habituellement préparer une licence en psychologie. Une fois terminé ce cours de trois ou quatre ans, ils s’inscrivent, en deuxième cycle, à la maîtrise. La maîtrise dure deux ans, après quoi les psychologues font un doctorat spécialisé en psychologie du développement. Sur le plan des qualités requises, je dirais qu’il faut, pour envisager de faire carrière dans cette branche, s’intéresser à la recherche et aimer le travail auprès des enfants, des adolescents – ou des personnes âgées. Page 4 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 Journal de l’élève : En quoi la psychologie du développement a-t-elle une incidence directe sur nos vies? La psychologie du développement compte elle-même plusieurs sous-spécialisations, chacune ayant ses propres domaines d’intérêt et d’application. Nous traitons des problèmes de tous genres, comme des troubles du comportement, et dans ce cas-là nous étudions les aspects sociaux qui peuvent être à l’origine de ceux-ci. Le problème vient-il des pairs ou des parents, ou peut-être at-il des origines d’ordre cognitif? Le fruit de nos travaux peut dès lors s’appliquer à n’importe quel aspect de nos vies, et, comme dans le cas qui nous intéresse ici, dans le domaine de l’éducation. Cependant, la psychologie du développement peut nous en apprendre sur bien d’autres choses que sur la façon d’élever ses enfants. Elle nous renseigne notamment sur les modes d’apprentissage, ainsi que sur le jeu et l’importance qu’il revêt dans le développement de l’enfant. Elle peut nous renseigner sur comment nous acquérons un sens d’appartenance à l’un ou à l’autre sexe. Comme quoi les applications de cette branche de la psychologie peuvent être nombreuses et intéresser tous les aspects de notre vie. Journal de l’élève : De toutes les perspectives sur le développement humain qui existent à l’heure actuelle, y en a-t-il une qui semble dominer par rapport aux autres? La psychologie du développement, comme bien d’autres aspects de la psychologie en général, se subdivise en de multiples sous-groupes. En l’occurrence, il s’en détache trois grands domaines 1 – physique, cognitif et socioaffectif – lesquels se recoupent et interagissent les uns avec les autres pour former un être humain. Il n’existe pas pour autant de grande théorie dominante. Piaget, par exemple, est vraisemblablement le plus grand psycho-généticien qui ait jamais existé, mais ses travaux concernent avant tout le développement cognitif chez l’enfant. Il s’est peu intéressé à ce qui se passe à l’âge adulte. D’autres, comme Erikson, ont élargi leur perspective en s’intéressant au développement depuis la naissance jusqu’à la vieillesse. Reste que la théorie d’Erikson porte surtout sur les aspects sociaux du développement et le sens de l’identité personnelle – encore là, pas de théorie unique et englobante. Journal de l’élève : Dans quelle mesure la culture influence-t-elle notre développement? En quoi la psychologie du développement peut-elle m’être utile dans la vie? Vu son importance, l’influence de la culture sur le développement suscite de plus en plus d’intérêt de la part des chercheurs et c’est un sujet sur lequel nous avons compris qu’il fallait se concentrer. Une large part de la recherche qui s’est effectuée jusqu’à présent n’a concerné en définitive qu’un très petit segment de la population, à savoir les enfants blancs des classes moyennes2. Ce faisant, on a fait fi des réalités mêmes de la société d’aujourd’hui, qui est bien plus vaste et diversifiée. Aussi nous faut-il maintenant nous recentrer sur les dimensions interculturelles du développement, en nous demandant en l’occurrence s’il n’y aurait pas des dimensions qui seraient universelles et d’autres qui seraient, à l’inverse, propres à des cultures données. Il nous faut en outre confronter les cultures les unes avec les autres et les examiner chacune de l’intérieur en vue de faire ressortir leurs similitudes ou leurs disparités, et d’établir la mesure dans laquelle des théories du développement données s’appliquent ou non dans les faits aux différents groupes d’une culture donnée. Journal de l’élève : Quels sont les grands débats auxquels la psychologie du développement est actuellement confrontée? Je dirais que nous, développe-mentalistes, avons fait un assez bon travail jusqu’à présent pour ce qui a été d’expliquer « comment » se réalisait ce développement, du moins auprès d’une petite partie de la population. Cependant, nous avons encore bien du mal à expliquer pourquoi! Qu’est-ce qui provoque au juste cette évolution? Qu’estce qui pousse un enfant à développer un sens de la permanence de l’objet? Piaget a fait un travail remarquable de description de l’évolution de l’enfant à mesure qu’il comprend que les objets qui disparaissent de sa vue ne disparaissent pas pour autant de l’univers – mais allez savoir pourquoi il en est ainsi. La question doit donc se poser de la façon suivante : Quelles structures cognitives du cerveau d’un enfant ont bien pu avoir évolué pour que l’enfant ait acquis le sens de la permanence de l’objet? Ainsi nous nous attachons de plus en plus à comprendre les mécanismes par lesquels s’opèrent les changements qu’à décrire ce qui se passe quand on devient adulte. En outre, je crois que, en ce qui concerne le grand dilemme « nature-culture » (c’est-à-dire l’opposition entre ce qui est inné et ce qui est acquis), les développementalistes conviennent en général que les deux notions de nature et de culture ne fonctionnent pas en vases clos et qu’elles interagissent l’une avec l’autre. Ce n’est donc pas ou tout l’un ou tout l’autre. Journal de l’élève : Madame la professeure, merci d’avoir bien voulu partager avec nous vos réflexions sur la psychologie du développement. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 5 Liens et rapprochements… • • • • • • Trouve des coupures de journaux ou des articles de revue traitant des sujets relevant de la psychologie du développement. À deux, créez un jeu de rôles où vous prenez respectivement des positions opposées sur la question. Crée ton propre article pour le Journal de l’élève! Interroge un parent, une amie ou un ami ou une personne âgée sur l’un ou l’autre des points soulevés par la Pre Robinson, ou sur le sujet de l’article que tu as découpé dans le journal ou la revue. Conseil : Prépare tes questions à l’avance, enregistre ton entretien au magnétophone et retranscris le tout par la suite! En quoi une meilleure compréhension du développement humain pourrait-elle t’aider dans tes relations familiales? À l’aide d’un tableau, dresse la liste des similitudes et des différences entre la psychologie sociale et la psychologie du développement. En quoi la psychologie du développement peut-elle m'aider comme francophone vivant en milieu minoritaire? Page 6 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 Ce qui m’intéresse dans la psychologie du développement, ce que j’aimerais apprendre : Notes de la rédaction : 1 2 Le domaine « socio-affectif » est souvent sousdivisé en « affectif » et « spirituel » pour donner quatre domaines de développement. Dans sa réponse à la 6e question sur l’influence de la culture sur le développement de la personne, la professeure admet non seulement l’importance de la culture, mais aussi la pénurie de la recherche à cet égard, surtout en ce qui a trait aux communautés minoritaires, officielles ou non. Perspective autochtone sur la « psychologie » passaient beaucoup plus de temps aux côtés de leurs mères et de leurs grands-mères. Bill Asikinack, professeur adjoint au département d’Études autochtones du Saskatchewan Indian Federated College et chef traditionnel du clan familial des Grues de la Nation Ojibway, aborde les concepts de base de la psychologie du développement d’un point de vue autochtone. Fins observateurs et observatrices du comportement, ils cherchaient, par leurs récits, à guider indirectement. Les récits avaient toujours un lien direct avec ce que les conteurs venaient de voir ou d’entendre. Fait fascinant, ils étaient toujours exprimés en termes positifs et jamais en termes réprobateurs. Et ils n’étaient jamais à ce point directs pour passer pour une liste de commandements ou d’interdictions. C’étaient plutôt des allégories ou des métaphores. Je me souviens, par exemple, de l’histoire qu’on m’a racontée un jour que j’étais parti pêcher. C’était l’histoire d’un gros monstre qui surgissait d’une eau noire pour m’emporter dans un autre monde si je ne restais pas attentif à ce qui se passait autour de moi. Comment pourrais-je vous expliquer ce récit en des termes que des non-Autochtones pourraient comprendre? Disons que, dans la nature, l’eau noire est le signe d’une tempête imminente, et qu’il est généralement dangereux d’être surpris par la tempête. C’était à moi de tirer un sens du récit. Personne ne m’a dit de surveiller l’eau parce que, si elle noircissait, ç’aurait été un signe de danger. C’est ainsi que chaque récit qui m’était conté quand j’étais gamin se comparait à la pelure d’un oignon. Chaque fois qu’on me contait une histoire, j’enlevais une pelure de sens pour en découvrir une autre juste en dessous. Journal de l’élève : Comment définiriez-vous la psychologie du développement du point de vue autochtone? En fait, il n’existe pas dans la culture autochtone de « psychologie du développement » au sens où on l’entend dans le monde occidental. Dans notre culture, nous cherchons à comprendre notre rapport holistique avec la nature et avec autrui, à comprendre la place où nous nous insérons dans la création et le rôle que nous y remplissons. Nous cherchons à tirer un sens de notre vie pour mieux guider notre cheminement individuel, et à comprendre comment vivre en harmonie avec la nature et avec les autres. Cela part de l’intérieur et est tourné vers l’extérieur. Pour nous, le « Cercle de la vie »1 représente toutes les dimensions de l’être – le Physique, le Spirituel, le Mental et l’Affectif – chaque dimension devant se développer également au sein d’un individu sain et équilibré par l’acquisition et le bon usage de la volonté.2 Journal de l’élève : Comment cette compréhension se transmet-elle? C’est avant tout le rôle des conteurs et conteuses – les dépositaires et gardiens de la tradition orale. Les conteurs et conteuses instruisent et guident nos gens dans leur cheminement en leur relatant les grandes « leçons de la nature ». Certains récits ne concernent que les hommes, d’autres s’adressent surtout aux femmes (même s’ils ne s’excluent pas mutuellement). Certaines nations indiennes ne relatent des récits qu’à certaines occasions ou qu’à des fins précises, tandis que d’autres n’interviennent que lorsque le besoin se fait sentir. C’est le cas de mon peuple. Je me rappelle qu’on nous racontait des récits chaque fois qu’il y avait une leçon à apprendre de quelque chose! Journal de l’élève : Qui étaient ou qui sont aujourd’hui les « psychologues » dans la culture autochtone? Ce sont encore les conteurs ou les conteuses, car le rôle peut aussi bien revenir à des hommes qu’à des femmes. En fait, j’ai souvenir d’autant de récits transmis par des femmes que de récits transmis par des hommes. Reste que ce sont souvent les femmes qui avaient la responsabilité première de transmettre les valeurs et les attitudes culturelles, car rendus à la maturité les garçons partaient suivre les traces de leurs aînés pour apprendre à chasser et à subvenir aux besoins de la tribu, tandis que les filles Journal de l’élève : Comment les conteurs ou les conteuses arrivaient-ils à influencer les gens? Journal de l’élève : Que recherchait-on au juste chez ces « psychologues sociaux »? Dans notre tradition, c’étaient les Aînés qui choisissaient parmi les jeunes gens ceux qui deviendraient des conteurs. Ils sélectionnaient au sein du groupe ceux qui avaient un « don » et ils les encadraient. On cherchait ensuite à mettre ce don en valeur en donnant aux jeunes conteurs et conteuses des occasions d’apprendre et de reproduire fidèlement les récits. Parfois, les conteurs avaient aussi eux-mêmes voyagé et rapporté avec eux des récits d’autres nations, qui étaient dès lors incorporés à leur répertoire. Les conteurs ont toujours joui d’un grand statut social et joué un important rôle sur le plan culturel. Journal de l’élève : Comment les Autochtones entrevoient-ils la pensée et le comportement humains? Prenons l’identité personnelle. À la naissance, chaque enfant se voit attribuer un nom dans une cérémonie officielle présidée par un « nommeur ». Le nom donné à un enfant sert un but précis, il lui indique la voie à suivre. Toute la communauté connaît ce nom et favorise chez l’individu l’acquisition des qualités et attributs qui y étaient associés. Aussi l’identité personnelle vient-elle de façon très concrète du nom qui nous est donné. La collectivité avait la responsabilité de nous aider à être à la hauteur de notre nom. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 7 Journal de l’élève : Comment les Autochtones conçoivent-ils l’éducation des enfants? Journal de l’élève : Comment les Autochtones voientils le rôle de la famille? Dans notre culture, l’enfant est maître de son développement, mais les parents (et le reste de la collectivité) le surveillent toujours de près, pour qu’il devienne un « bon » adulte, utile à la survie du groupe. Comme je l’ai dit, les enfants sont éduqués par des récits. C’est à eux d’en tirer des enseignements. Rappelez-vous l’histoire du monstre d’eau noire annonciateur de tempête. Dans la culture autochtone, la famille correspond davantage à la notion de famille « étendue », celle qui englobe la communauté dans son ensemble. Les liens au sein de cette famille étendue sont très serrés, reconnaissant en cela que de nombreuses personnes doivent contribuer à la bonne orientation de l’enfant et à son épanouissement. En ce sens, la famille se définit comme « l’ensemble des personnes qui influent sur le développement de l’individu ». Journal de l’élève : Quelle est l’importance de la spiritualité dans la culture autochtone? En fait, pour l’Autochtone, c’est la base de tout le reste. La spiritualité est au cœur même de son être. Dans notre tradition, nous célébrons la vie et rendons grâce chaque jour pour ce que nous avons. Lors d’un séjour chez des Indiens navajos, aux États-Unis, on m’a indiqué un petit cactus. On m’a dit que, même si le plant était de petite taille, il n’en restait pas moins essentiel à la survie, car il renfermait assez de lait pour permettre à quelqu’un de survivre dans le désert. C’est cela rendre grâce, c’est être reconnaissant pour ce qu’on a hérité de la création. Journal de l’élève : Comment décririez-vous la vision que les Autochtones ont du monde? Une vision du monde est un ensemble de valeurs qui dictent notre comportement, c’est la façon dont nous nous situons par rapport à l’ensemble de la création. De notre point de vue, l’humanité est la moindre de toutes les créations de l’univers, parce que l’être humain dépend des animaux et des plantes pour survivre – et non l’inverse. Dans notre vision du monde, tout est relié et tout a une raison d’être. 1 2 Page 8 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 Source : L’Arbre sacré, Journal de l’élève, p. 28. Idem. Dans la perspective de… que vois-tu? Cet article examine le processus du développement humain selon les deux perspectives adoptées dans ce cours, à savoir : la perspective de l’individu en développement et les changements d’ordre physique, cognitif et socioaffectif survenant tout au long de sa vie, et la perspective des écosystèmes, décrits par Urie Bronfenbrenner, comme la famille, les amis et amies, les camarades de classe et les organismes de santé publique, qui favorisent le développement. Commençons par examiner l’influence que nos dimensions physiologiques, mentales et affectives peuvent avoir sur nos pensées, nos sentiments et nos comportements. Vouloir décrire les influences physiologiques revient à mesurer dans quelle mesure certains traits sont hérités de nos parents. L’un des meilleurs moyens de découvrir si un trait est héréditaire ou non consiste à étudier des jumeaux. Il y a des jumeaux identiques (ou monozygotes) lorsque deux individus se développent à partir d’un seul et même œuf fécondé et qu’ils partagent les mêmes gênes. Comme il est arrivé à l’occasion que des jumeaux identiques soient séparés à la naissance, des psychologues de l’Université du Minnesota se sont penchés sur des cas de jumeaux identiques séparés à la naissance et ayant grandi dans des milieux différents (Holden, 1980). L’un des chercheurs, Thomas Bouchard, a signalé dans ses observations qu’en dépit de milieux sociaux, culturels et économiques parfois très différents, les jumeaux avaient un grand nombre de comportements analogues. Par exemple, chez un couple de jumeaux (les deux se prénommaient Jim), les deux étaient bons en arithmétique et médiocres en orthographe, les deux travaillaient comme shérifs adjoints, les deux avaient passé des vacances en Floride, et les deux avaient baptisé leurs enfants et leurs animaux de compagnie de la même façon, rongeaient leurs ongles, avaient aussi les mêmes habitudes de consommation de tabac et d’alcool, et adoraient le dessin industriel et la menuiserie (Kasschau, 1995, pp. 101-103). Notre état mental a un lien direct avec ce que nous ressentons et avec comment nous agissons. Autrement dit, la manière dont nous pensons influe sur ce que nous nous ressentons et comment nous agissons. Cependant, bien des gens se comportent comme si c’était leur corps qui commandait. Ils n’arrivent pas à distinguer ce que leur corps veut de ce qui est vrai et bon pour eux, car pour y parvenir, cela leur demanderait de la discipline ainsi que la volonté d’atteindre des buts et objectifs. Or, nos sentiments « ne tombent pas du ciel ». Les sages professeurs et nos aînés savent bien qu’on peut maîtriser ses émotions par sa seule volonté. À vrai dire, on peut même les raffiner, les évaluer et les développer. Au même titre qu’on peut entraîner et développer un corps, on peut apprendre à discipliner ses émotions. Par exemple, les personnes qui piquent une colère incontrôlable parce qu’on leur a refusé quelque chose n’ont pas appris à réguler leurs élans émotifs. À l’inverse, réprimer un sentiment de douleur ou de colère sans pouvoir l’extérioriser peut être extrêmement dommageable pour le bien-être physique, mental, affectif ou spirituel. La plus précieuse qualité qu’on puisse posséder – et aussi la plus dure à maîtriser – est la capacité d’exprimer librement ses émotions de manière à ne pas heurter les autres. Garder pour soi des sentiments douloureux peut empêcher de penser clairement et nuire à notre efficacité (Bopp, 1985). Voyons maintenant l’influence relative du milieu environnant sur nos comportements. Selon Urie Bronfenbrenner (1979), chaque personne est influencée par un certain nombre de systèmes en interaction. Au cœur du modèle se trouve l’individu. Tout autour, se retrouve les contextes sociaux que l’auteur appelle les « écosystèmes ». L’auteur les identifie comme microsystèmes ce qui a un effet direct et immédiat sur le développement humain. Il s’agit de la famille, du groupe d’amis, de l’école, du quartier et parfois aussi de l’église, du temple ou de la mosquée. Les microsystèmes se rencontrent au niveau du mésosystème lorsque, par exemple, les parents et les enseignants coordonnent leurs interventions éducatives. Les microsystèmes sont entourés par l’exosystème, c’est-à-dire les réseaux extérieurs qui influent sur eux (structures communautaires, systèmes d’enseignement, de soins de santé, d’emploi, de communications, etc.). Le tout est englobé dans le macrosystème, formé des valeurs culturelles, des philosophies politiques, des tendances économiques et des conditions sociales. Ensemble, ces systèmes forment le « contexte social du déve-loppement » humain (Bronfenbrenner, 1979, cité par Berger, 2000, p. 6). En prenant pour guide le modèle écologique de Bronfenbrenner, voyons de plus près comment chaque individu guide et oriente son comportement. Comme nous l’avons vu précédemment, l’être humain a des motivations biologiques à la base de sa volonté d’entraide, volonté qui augmente en fonction des liens de sang. Plus le lien familial est proche, plus il y a motivation de venir en aide à autrui. Selon les psychologues, ce serait un moyen parmi d’autres d’assurer la perpétuation de l’espèce. Outre la capacité biologique d’agir par altruisme, nous avons également la capacité d’apprendre à agir par altruisme dans certaines circonstances. Comme nous acquérons notre Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 9 comportement social en observant les autres, il n’est que logique que nous soyons plus enclins à aider quelqu’un si nous avons vu des parents, des amis, des pairs ou d’autres personnes qui nous sont proches, afficher eux-mêmes des comportements d’entraide. Le contexte socioculturel joue un rôle important dans le milieu d’apprentissage qu’est l’école. Aux États-Unis, dans un cours normal, l’enseignant s’adresse aux élèves en tant que groupe, puis les fait travailler indépendamment à leur pupitre. Les formes de renforcement ou de rétroaction en sont généralement absentes ou, du moins, sont-elles retardées dans le temps. Par contre, les salles de classe au Japon font beaucoup plus appel au travail de type coopératif entre les élèves (Kristof, 1997). La rétroaction de la part de l’enseignant est aussi plus immédiate et plus individuelle, tandis qu’on accorde par ailleurs plus d’importance au travail en équipes formées d’élèves aux compétences variées, si bien que les plus rapides peuvent aider les plus lents. Les enfants japonais faisaient aussi plus d’exercices pratiques (Bernstein et Nash, 1998, p. 176). Un autre exemple de l’influence de l’environnement sur le comportement concerne les perceptions de ce qui est considéré comme acceptable dans certaines situations sociales. Ainsi, on a souvent tendance à juger les autres en fonction des échanges de regards. Les Canadiens, notamment, préfèrent regarder les autres directement dans les yeux de temps en temps que tout le temps ou rarement. Les postulants à un emploi, par exemple, sont souvent mieux cotés s’ils croisent modérément le regard de leurs interlocuteurs, les conférenciers qui regardent leurs interlocuteurs dans les yeux passent souvent mieux la rampe, tandis que les personnes appelées à témoigner dans un procès sont considérées comme plus crédibles dès lors qu’elles n’hésitent pas à regarder directement dans les yeux le procureur qui les interroge (DePaulo, 1992). Mais là encore, cela vaut bien davantage que pour les cultures occidentales, qui favorisent les rapports individualistes, que pour les cultures non occidentales. Au Japon, par exemple, ou chez les Autochtones, regarder son interlocuteur dans les yeux peut être un manque de respect, un signe d’arrogance voire carrément une mise au défi (Lefton, 2000, p. 459). Des études intéressantes ont été réalisées sur l’influence de la culture sur le comportement. Dans l’une d’entre elles, on s’est intéressé à l’influence culturelle sur la perception, à partir de l’hypothèse que si des gens de cultures diverses sont exposés à des environnements visuels substantiellement différents, certaines de leurs expériences perceptuelles ont aussi de bonnes chances d’être différentes. Notamment, des chercheurs ont confronté les réactions à des images où régnait une perspective visuelle chez des sujets appartenant à des cultures où l’on faisait emploi d’images et de peintures pour représenter la réalité et chez des sujets de cultures sans aucune représentation visuelle (Derogowski, 1989). Les recherches ont révélé que les personnes dont l’environnement culturel les exposait peu à des Page 10 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 représentations picturales, comme les tribus Me'n ou Nupa en Afrique, avaient plus de mal à jauger les distances sur des images. Comme quoi, même si les systèmes de la perception humaine, que ce soit par leur structure ou leurs principes, créent généralement une vision similaire du monde pour nous tous, la perception de la réalité n’en reste pas moins façonnée par l’expérience et, notamment, la vie sous une culture différente (Bernstein et Nash, 1998, p. 104). En bref, nous subissons les influences de toutes les dimensions de notre être, qu’elles soient physiologiques, mentales, affectives ou spirituelles. La plupart des psychologues s’entendent sur une même position, à savoir que notre comportement est déterminé par les influences relatives d’ordres biologique et environnemental et que, selon la situation, certaines dimensions peuvent prendre le pas sur d’autres et influer davantage sur notre comportement. En prenant pour guide le modèle écologique de Bronfenbrenner, nous avons décrit certaines des influences exercées par les divers écosystèmes qui entourent l’individu, soit les microsystèmes de la famille, des amis, des pairs et de la classe, puis les exosystèmes de l’école, de la collectivité, des médias, et les macrosystèmes de la société, du contexte culturel et de la situation politico-économique. Liens et rapprochements… • • • • • • • Trouve des exemples qui montrent comment les industries culturelles de la mode, de la musique et de la beauté peuvent nous influencer. Je suis canadien/je suis canadienne Qu’est-ce que cela signifie au juste? Comment manifeste-ton son identité nationale? Je suis fransaskois/fransaskoise. Qu’est-ce que cela signifie pour toi au juste? Comment manifestes-tu ta francophonie? Fais des recherches sur l’histoire de ta famille. D’où viens-tu? Fais ton arbre généalogique. Fais ressortir quelques éléments de la francité de cette famille. Remplis la fiche vierge Qui suis-je?, dans la section Liens et rapprochements du Journal de l’élève. Interroge une ou un camarade de classe. Tout au long de ton entrevue, établis son contexte écologique à partir du modèle fourni en prenant soin de préciser les divers écosystèmes qui contribuent à son bien-être ou le favorise. Autres projets à déterminer avec ton groupeétude ou avec ton enseignante ou ton enseignant. Ouvrages consultés : • Baron R., B. Earhard et M. Ozier (1998). Psychology. Ontario : Prentice Hall • Lefton L., M. Boyes et N. Ogden (2000). Psychology. Ontario : Prentice Hall Perspectives contemporaines sur la psychologie du développement Dans la tradition occidentale, six grandes théories tentent d’expliquer la pensée et le comportement humains. Cet article décrit ces théories et t’invite à considérer une situation donnée à partir de ces approches différentes. Quelles sont les perspectives contemporaines sur le processus de la pensée et du comportement humains? Le présent article présente les six « grandes théories » en la matière, il établit une analyse comparative de leur approche respective de la théorie de la continuité, et il examine l’influence relative de facteurs biologiques ou environnementaux, l’importance de la cognition, et les méthodes de recherche utilisées. Enfin, chaque perspective interprète le comportement humain à travers sa propre « lentille ». Le moi est la partie de la personnalité qui est raisonnable et rationnelle. Il confronte à la réalité les exigences du ça et agit comme tampon entre le monde extérieur et le ça primitif. Le moi agit à partir du « principe de la réalité », où les instincts sont maîtrisés en vue de préserver la sécurité de l’individu et de l’aider à s’intégrer à la société. Enfin, selon Freud, le surmoi représente la conscience d’un individu et il est le siège des distinctions entre le bien et le mal. Il se développe aux alentours de 5 ou 6 ans, par un apprentissage auprès des parents, enseignants et autres figures dominantes de l’entourage. Le développement de l’être humain tout au long de la vie a donné lieu à l’élaboration de plusieurs perspectives conceptuelles représentant des approches diverses du développement. Chaque grande perspective recouvre à son tour un certain nombre de théories, d’explications et de prédictions concernant des phénomènes d’intérêt. Une théorie fournit un cadre à partir duquel on peut expliquer les liens entre un ensemble organisé de principes ou de faits. Les six perspectives théoriques majeures sont les suivantes : 1. • Perspective psychodynamique : Accent sur les forces internes de l’individu. Les tenants de la perspective psychodynamique estiment que le comportement est motivé par des forces, des souvenirs et des conflits internes qui échappent généralement à la conscience et à la maîtrise de l’individu. • 2. La théorie psychanalytique de Freud pose pour base que des forces inconscientes agissent pour déterminer notre personnalité et notre comportement. Chez Freud, l’incon-scient, à savoir ce dont l’individu n’a pas conscience, fait partie de la personnalité. Il renferme entre autres des souhaits, désirs, besoins et exigences infantiles qui sont restés cachés à la conscience en raison de leur nature perturbatrice. Freud a avancé que l’inconscient était responsable d’une bonne part de notre comportement au quotidien. Selon lui, la personnalité revêt trois composantes : le ça, le moi et le surmoi . Le ça est la matière brute, inorganisée et innée de la personnalité présente à la naissance. Il représente les motivations primitives reliées à la faim, au sexe, à l’agression et aux impulsions irrationnelles. Le ça fonctionne selon le « principe de la gratification », où le but visé est de maximiser la satisfaction tout en réduisant la tension. La théorie psychosociale d’Erikson part du principe que les changements issus du développement s’opèrent tout au long de notre vie selon huit stades distincts. Les stades se produisent selon une séquence fixe et sont les mêmes pour tous. Erikson avance que chaque stade présente un dilemme ou un conflit (ou crise) que l’individu doit résoudre. Même si une crise n’est jamais parfaitement résolue, ce qui rend la vie d’autant plus compliquée, l’individu doit au moins résoudre à chaque crise la partie du dilemme qui lui permettra de répondre aux exigences du stade de développement ultérieur. Perspective béhavioriste : Accent sur les forces externes de l’individu. Dans la perspective béhavioriste, la compréhension du comportement passe par l’observation de comportements qui se produisent en réaction à des stimuli extérieurs venant du milieu ambiant. Autrement dit, lorsqu’on connaît ces stimuli, on peut prédire les comportements. Les théories béhavioristes rejettent la notion que chaque individu passe universellement par une série de phases de développement, objectant à la place qu’il subit l’influence des stimuli environnementaux auxquels il se trouve exposé. Les modes de développement sont dès lors individuels et le reflet d’une série de stimuli environnementaux, tandis que le développement reste le fruit d’une exposition continue à des facteurs spécifiques présents dans l’environnement. • Les théories de John B. Watson et de B.F. Skinner sur le conditionnement classique et le conditionnement opérant soutiennent que tout comportement est appris en réponse à un stimulus externe. Le conditionnement classique se produit lorsqu’un organisme apprend à réagir d’une façon donnée à un stimulus neutre qui ne Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 11 provoque habituellement pas ce genre de réponse. Dans le conditionnement opérant, Skinner a démontré que l’individu agit délibérément sur ses environnements pour provoquer des conséquences désirées. Dans ce sens, l’être humain agirait sur son environnement de telle façon qu’il obtienne le résultat recherché. Le renforcement est le processus par lequel un stimulus est donné et augmente la probabilité qu’un comportement établi se répète. À l’inverse, la punition diminue la probabilité que le comportement précédent se répète. • 3. blèmes qui se présentent dans leurs interactions avec les adultes et d’autres enfants. En jouant et en coopérant avec d’autres, les enfants apprennent ce qui compte dans leur société et, du même coup, ils font des progrès cognitifs dans leur compréhension du monde. 4. Selon le théoricien de l’apprentissage social Albert Bandura, lorsqu’on voit récom-penser le comportement d’un modèle, on est aussi plus enclin à imiter ce compor-tement. L’apprentissage du comportement se fait par observation et imitation, et non par renforcement ou punition. Perspective cognitive : Remonter aux racines de la compréhension. La perspective cognitive s’intéresse aux processus qui permettent aux individus de connaître, comprendre et raisonner leur univers. Elle met l’accent sur la façon dont l’individu se représente intérieurement le monde et le comprend. En adoptant cette approche, les développementalistes espè-rent comprendre comment enfants et adultes traitent l’information et comment leurs modes de pensée et de compréhension se répercutent sur leurs comportements. • • Nulle autre personne n’a eu plus d’impact sur l’étude du développement cognitif que Jean Piaget, qui soutient que tous les individus passent, selon une séquence fixe, par une série de stades universels de développement cognitif. À chaque stade, estime-t-il, non seulement la quantité d’information augmente, mais s’accroît aussi la qualité des connaissances et de la compréhension. Piaget émet deux principes à la base de la compréhension du monde par les enfants : l’assimilation et l’accommodation. L’assimilation est le processus par lequel un individu comprend une expérience en fonction de l’état courant de son développement cognitif et de ses modes de pensée. Par contraste, l’accommodation renvoie aux modifi-cations qui se produisent dans les modes de pensée existants en réponse à de nouveaux stimuli ou événements. Le psychologue russe Lev Vygotski avance, dans sa théorie socio-culturelle, qu’il est impossible de pleinement comprendre le dévelop-pement des enfants indépendamment de la culture au sein de laquelle ils se développent. Selon la théorie socio-culturelle, la compréhension qu’ont du monde les enfants s’acquiert dans le cadre de la résolution des pro- Page 12 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 5. Perspective humaniste : Accent sur les qualités uniques aux êtres humains. Rejetant la notion que le développement est largement déterminé par des processus inconscients, par des apprentissages tirés de notre environnement ou par des processus cognitifs rationnels, la perspective humaniste avance que l’individu a une tendance naturelle à prendre des décisions concernant sa vie et à contrôler ses comportements. Elle part du libre arbitre, de la capacité des êtres humains à faire des choix et à prendre des décisions concernant leur vie. • Carl Rogers, notamment, a émis l’hypothèse que tout individu a un besoin fondamental d’être considéré positi-vement, lequel besoin lui vient d’un désir sous-jacent d’être aimé et respecté. Comme ce regard positif ne peut venir que des autres, l’individu dépend d’eux. En conséquence, sa vision de lui-même et de sa valeur personnelle est le reflet de la façon dont il pense être perçu par les autres. • Abraham Maslow avance pour sa part que l’actualisation de soi est l’objectif suprême dans la vie de l’individu. C’est l’état d’autoréalisation qu’il atteint lorsqu’il a réalisé tout son potentiel, selon sa propre démarche (Feldman, 2000). Perspective évolutionniste : Accent sur la biologie comme déterminant du développement. La théorie éthologique souligne que le comportement est fortement influencé par la biologie, qu’il est lié à l’évolution et qu’il se caractérise par des périodes critiques ou sensibles (Santrock, 1999). Les approches évolutionnistes sont issues des travaux fondamentaux de Charles Darwin. • Konrad Lorenz a découvert que, à la naissance, les oisons fraîchement éclos sont génétiquement programmés pour s’attacher au premier objet qui bouge. Ses travaux, qui ont démontré l’importance des déterminants biologiques dans l’influence des modes de comportement, ont amené les développementalistes à étudier les moyens par lesquels le comportement humain pourrait avoir des composantes génétiques innées. • La perspective évolutionniste englobe l’une des branches du développement génétique à avoir actuellement un grand essor, la génétique du comportement. La génétique du comportement étudie les effets de l’hérédité et de la génétique sur le comportement humain. À mesure que la technologie progresse et que les chercheurs continuent de séquencer le génome humain, on comprend de plus en plus le rôle et les fonctions des codes génétiques ainsi que leur influence sur le développement. 6. Perspective écologique : Accent sur les écosystèmes. Le modèle écologique, dont le principal tenant est Urie Bronfenbrenner, cherche à expliquer la connaissance, le développement et les compétences en termes d’orientation, de soutien et de structures fournis par la société, et à expliquer les changements sociaux qui surviennent avec l’âge en termes d’effet cumulatif de choix individuels (Berger, 2000). • Selon Bronfenbrenner (1979), chaque personne est influencée par un certain nombre de systèmes en interaction. Ce sont les quatre écosystèmes de Bronfenbrenner. Les contextes sociaux qui ont un retentissement direct et immédiat sur le développement humain sont les microsystèmes : il s’agit de la famille, du groupe d’amis, de l’école, du quartier et parfois aussi de l’église, du temple ou de la mosquée. Les microsystèmes se rencontrent au niveau du mésosystème lorsque, par exemple, les parents et les enseignants coordonnent leurs interventions éducatives. Les microsystèmes sont entourés par l’exosystème, c’est-à-dire les réseaux extérieurs qui influent sur eux (structures communautaires, systèmes d’enseignement, de soins de santé, d’emploi, de communications, etc.). Le tout est englobé dans le macrosystème, formé des valeurs culturelles, des philosophies poli-tiques, des tendances économiques et des conditions sociales. Ensemble, ces systèmes forment le « contexte social du développement »humain (Bronfenbrenner, 1979, cité par Berger, 2000). Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 13 Les quatre grands domaines du développement humain Ce court article te propose une brève définition de chacun des quatre grands domaines du développement humain : le physique, l’intellectuel, l’affectif et le spirituel. Rappelle-toi, par exemple, que plusieurs auteurs combinent le domaine affectif avec le domaine spirituel dans un seul domaine qu’ils appellent le domaine socio-affectif. développement moteur (le physique) et affectif (les émotions). (Source : Santrock, 1999, p. 16). Q. Quels sont les quatre domaines du développement humain? R. La plupart des auteurs mentionne quatre domaines de développement : 1. 2. le développement physique se réfère aux changements biologiques qui se produisent dans le corps. On parle non seulement de l’héritage génétique reçu des parents, mais aussi du développement du cerveau, des capacités sensorielles, des aptitudes motrices du développement cardiovasculaire et des changements hormonaux comme ceux de la taille et du poids de l’individu qui font partie du développement du corps au cours de la vie. On sait par contre que ces changements ont une influence considérable à la fois sur l’intelligence et sur la personnalité. (Source : Santrock, 1999, p. 16). le développement intellectuel fait état de l’évolution des capacités mentales et intellectuelles, comme l’apprentissage, la mémoire, le raisonnement, la réflexion et le langage. Ces changements appartiennent au domaine que plusieurs appellent le développement cognitif et ils sont intimement liés au Page 14 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 3. le développement affectif touche ce que plusieurs appelle le « socio-affectif ». C’est le domaine de la personnalité, de la façon unique dont chaque personne aborde le monde, qu’elle exprime ses émotions, qu’elle compose avec ses sentiments. C’est aussi le monde des relations avec les autres. C’est le sourire de reconnaissance du bébé pour sa mère, c’est l’agression du petit garçon jaloux envers son copain au terrain des jeux, c’est l’anticipation de la jeune demoiselle pour le bal des finissants, c’est l’affection l’un pour l’autre d’un couple âgé. (Source : Santrock, 1999, p. 17). 4. le développement spirituel est le domaine de l’esprit humain et de sa connexion avec le divin ou avec un être spirituel à l’extérieur de soi. Ce domaine offre une ouverture sur le monde à l’extérieur de soi. Il veut apporter un sens à la vie au-delà du quotidien, au-delà du physique. C’est le spirituel qui offre à l’humain des valeurs, une éthique, des croyances, une vision de la création, une moralité au-delà des simples règles des relations sociales. C’est souvent la spiritualité qui génère l’expression créatrice, artistique, religieuse. (Source : Badley, 1996, p. 142). Les grandes théories du développement humain Perspective psychodynamique : Accent sur les forces internes de l’individu. Les tenants de la perspective psychodynamique estiment que le comportement est motivé par des forces, des souvenirs et des conflits internes qui échappent généralement à la conscience et à la maîtrise de l’individu. Perspective cognitive : Accent sur les racines de la compréhension. La perspective cognitive s’intéresse aux processus qui permettent aux individus de connaître, comprendre et raisonner leur univers. Elle met l’accent sur la façon dont l’individu se représente intérieurement le monde et le comprend. En adoptant cette approche, les développementalistes espèrent com-prendre comment enfants et adultes traitent l’information et comment leurs modes de pensée et de compréhension se répercutent sur leurs comportements. Perspective béhavioriste : Accent sur les forces externes de l’individu. Dans la perspective béhavioriste, la compréhension du comportement passe par l’observation de comportements qui se produisent en réaction à des stimuli extérieurs venant du milieu ambiant. Autrement dit, dès lors qu’on connaît ces stimuli, on peut prédire les comportements. Les modes de développement sont ainsi individuels et le reflet d’une série de stimuli environnementaux, tandis que le développement reste le fruit d’une exposition continue à des facteurs spécifiques présents dans l’environnement. Perspective humaniste : Accent sur les qualités uniques aux êtres humains. La perspective humaniste avance que l’individu a une tendance naturelle à prendre des décisions concernant sa vie et à contrôler ses comportements. Elle part du libre arbitre, de la capacité des êtres humains à faire des choix et à prendre des décisions concernant leur vie. Perspective évolutionniste : Accent sur la biologie comme déterminant du développement. La théorie éthologique soutient que le comportement est fortement influencé par la biologie, qu’il est lié à l’évolution et qu’il se caractérise par des périodes critiques ou sensibles (Santrock, 1999). Les approches évolutionnistes sont essentiellement issues des travaux fondamentaux de Charles Darwin. Perspective écologique : Accent sur les écosystèmes. Le modèle écologique, dont le principal tenant est Urie Bronfenbrenner, cherche à expliquer la connaissance, le développement et les compétences en termes d’orientation, de soutien et de structures fournis par la société, et à expliquer les changements sociaux dans le temps en termes d’effet cumulatif de choix individuels (Berger, 2000). Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 15 Méthodes de recherche en psychologie du développement par Mark Burgess et Stephen Kemp Cet article expose les moyens dont disposent les psychologues pour répondre aux questions qu’ils se posent. Au lieu de nous concentrer sur les conclusions auxquelles la recherche permet d’aboutir, nous examinons ici les moyens déployés pour y arriver. Comment apprend-on, en bas âge, ce qu’il faut pour devenir un bon ami? Pourquoi adhère-t-on à des mouvements ou à des sectes? À partir de quel âge un enfant peut-il résister à une tentation? Pourquoi, devant des personnes en détresse, certains apportent-ils leur secours tandis que d’autres regardent impassiblement? Diverses méthodes de recherche aident les psychologues à répondre à ces questions et à éclairer bien des domaines de la pensée et du comportement humains. En fait, faire de la recherche en psychologie peut être amusant. C’est une discipline motivante, créative et gratifiante sur les plans personnel et scientifique, à condition qu’on observe les règles de l’art. Observation naturaliste Il existe plusieurs styles de recherche par l’observation, selon le degré plus ou moins avancé d’intervention de la part de l’observateur. En recherche naturaliste, l’observateur se garde totalement d’intervenir. Il est en définitive « invisible » et s’emploie même à ne pas interrompre la dynamique naturelle de la situation sur laquelle il se penche. Par exemple, pour en savoir plus sur les interactions sociales des écoliers, il les observe en action pendant la récréation. L’observateur recherche alors des comportements typiques à partir d’une série de critères préétablis (comme les querelles, le partage, les conversations, etc.). Par ailleurs, l’approche naturaliste peut aussi se révéler utile lorsqu’on sait peu de choses du phénomène à l’étude et que le chercheur bâtit ses hypothèses à partir de ses observations. Intérêt et limites : L’observation naturaliste peut fournir une riche description de la nature des échanges sociaux où il n’y a pas eu manipulation de l’environnement ou, en tout cas, très peu. En revanche, parce qu’on a peu de maîtrise sur la situation, on ne peut en tirer des conclusions aussi valables sur les causes des comportements. Observation participante Dans l’observation participante, le chercheur intervient davantage auprès des sujets d’étude. Certains des « grands manitous » de la psychologie sociale (Festinger, Reicher et Schachter) ont du reste adopté cette méthode pour étudier le phénomène des sectes. Les sectes et mouvements religieux existent depuis belle lurette. Habituellement, ces groupes prédisent une calamité et la Page 16 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 date à laquelle elle surviendra, et se préparent à cette éventualité. Les membres de la secte californienne de « La Porte du Ciel », par exemple, avaient convenu d’abandonner leur « vaisseau terrestre » (leur corps) pour s’embarquer dans un vaisseau spatial naviguant dans la traînée de la comète Hale-Bopp, qui les aurait emportés vers un « niveau » supérieur! Festinger et ses collaborateurs se sont infiltrés dans un groupuscule appelé les Seekers (sous-entendu « ceux qui cherchent la vérité ») ayant à sa tête une ménagère d’âge moyen qui se disait en contact régulier avec les « Gardiens » situés sur la planète « Clarion ». Les messages des « Gardiens » avaient en l’occurrence informé Mme Keech de la date et de l’heure auxquelles une gigantesque inondation engloutirait les États-Unis et les rayeraient de la Terre. En retour de leur fidélité, les Seekers allaient être rescapés par le vaisseau spatial! L’histoire nous a cependant appris qu’il n’y a pas eu de cataclysme, et les membres de la secte ont dû se rendre à l’évidence qu’ils étaient toujours sur Terre – et nous aussi! Intérêt et limites : L’un des avantages de l’observation participante est qu’elle donne accès à des situations dont nous serions autrement exclus et qu’elle permet de comprendre de première main les faits à l’étude. Cependant, une personne qui sait qu’on l’étudie risque éventuellement de modifier son comportement de manière à se présenter sous un meilleur jour. Même si le chercheur cache bien son identité au reste du groupe (comme cela s’est passé dans le cas des Seekers), il se trouve inconsciemment à modifier la dynamique du groupe simplement du fait qu’il en fait partie. De plus, il risque aussi de développer des amitiés à l’endroit (ou des inimitiés à l’encontre) des sujets de son étude et dès lors avoir, selon, un préjugé favorable ou défavorable vis-à-vis d’eux. Observation structurée Dans le cadre d’une observation structurée, le chercheur a plus d’emprise sur bien d’autres aspects de l’environnement. Il peut par exemple créer de toutes pièces un contexte à l’intérieur duquel les sujets seront appelés à interagir, puis laisser les choses suivre leur cours tout naturellement. Par exemple, le chercheur qui s’intéresse à l’âge à partir duquel les enfants résistent à une tentation pourrait vouloir créer une situation où le sujet serait laissé seul dans une pièce qu’on surveillerait à travers une glace sans tain. Dans une étude réelle, des enfants ont été laissés seuls dans une salle après que le chercheur leur a interdit de manger les friandises posées sur une table tout près! De l’autre côté du miroir, ce dernier pouvait à leur insu observer le comportement des enfants. Au juste, à partir de quel âge penses-tu qu’un enfant parvient à retenir ses envies? Intérêt et limites : L’observation structurée permet de provoquer des situations qui pourraient autrement être relativement peu fréquentes. Ainsi, pour observer les interactions mère-enfant, on peut inviter la mère à venir en laboratoire faire la lecture à son enfant. L’ennui, c’est que ces situations n’ont pas tout le naturel qu’on pourrait attendre d’une observation naturaliste ou participante. la loi? Non! Les familles qui ont les moyens ou la volonté d’avoir un animal à la maison peuvent différer sous de nombreux autres rapports des familles qui n’ont pas les moyens d’en avoir un ou qui n’en veulent pas. Intérêt et limites : Il y a de nombreux et bons aspects à la recherche corrélationnelle. Les observations peuvent être réalisées à partir de plusieurs cadres différents, le chercheur n’a pas à intervenir directement dans le contexte social, et les observations peuvent être directement reliées à une hypothèse de départ. En revanche, on peut souvent être tenté de tirer prématurément des liens de causalité des conclusions de la recherche. Or, les recherches corrélationnelles ne sauraient confirmer s’il y a eu rapport de cause à effet sur les comportements. Expériences sur le terrain Recherche expérimentale Dans les expériences réalisées sur le terrain, le chercheur met en place tous les éléments d’un événement donné et a presque totalement la maîtrise du contexte social. Les sujets d’étude ne sont pas conscients qu’on les observe, même si le chercheur contrôle la situation. Un exemple d’expérience sur le terrain serait une étude où l’on chercherait à savoir dans quelles conditions les sujets sont enclins à porter secours à une personne en détresse. Le chercheur pourrait ainsi « feindre » un accident ou un état de détresse, comme une personne qui semble prise d’une crise cardiaque. Selon ce mode de recherche, les sujets ignorent qu’ils participent à une situation montée de toutes pièces et qu’on observe leurs réactions. Intérêt et limites : Comme, dans ce cas-ci, le chercheur tire presque toutes les ficelles du contexte social, il est plus facile d’en tirer des liens de causalité. En revanche, il lui manque tout le naturel des méthodes d’observation classiques. Recherche corrélationnelle Les recherches corrélationnelles sont extrêmement populaires. La recherche corréla-tionnelle passe souvent par l’observation de situations naturelles sans qu’il y ait manipulation quelconque des différentes variables. Même si le chercheur mesure systématiquement les variables, on ne sait pas toujours pour autant si une variable entraîne l’autre. Voyons plutôt les exemples suivants : le nombre d’attaques de la part de requins augmente avec la température de l’eau des océans. Dans ce cas, on dit que la hausse de la température de l’eau et le nombre d’attaques de requins sont « corrélés » l’un avec l’autre. Cela ne signifie pas pour autant que c’est la température de l’eau qui pousse les requins à attaquer. Dans les faits, ce n’est pas tant l’appétit ou l’agressivité des requins qui augmente, que le fait qu’il y ait bien plus à manger dans l’océan quand il fait chaud et qu’un plus grand nombre de gens vont s’y baigner. Dans un autre exemple, des recherches ont démontré que d’avoir un animal de compagnie était corrélé avec des risques réduits de délinquance juvénile pendant l’adolescence. Cela signifiet-il pour autant que le fait d’avoir eu un animal dans sa jeunesse fait d’un individu un citoyen plus respectueux de La recherche expérimentale permet d’établir des relations de causalité. Par exemple, suite à l’assaut brutal et au meurtre d’une jeune femme new-yorkaise, des psychologues ont voulu savoir pourquoi personne ne s’était porté à son secours. En fait, même si 37 personnes avaient été témoin du crime, pas une seule n’a pris la peine d’appeler la police. Darley et Latane (1968) ont avancé pour théorie que plus les badauds sont nombreux à s’attrouper devant une scène de détresse, moins il y a de chances qu’un passant n’intervienne et porte secours à la victime. Pour le vérifier, ils ont mené une expérience sur le phénomène de « non-assistance à une personne en danger ». Darley et Latane ont invité à tour de rôle des sujets à leur laboratoire en les priant de patienter dans l’antichambre avec d’autres « participants à l’étude » (qui n’étaient autres que des membres de l’équipe de recherche). Coup de théâtre : l’un des « pseudo-participants », qui avait dit tout haut être épileptique, tombe en « crise ». Les chercheurs avaient émis l’hypothèse que, si personne d’autre n’était présent, le sujet irait chercher du secours plus souvent (et plus rapidement) que s’il y avait avec lui d’autres personnes. En fait, c’est ce qui s’est avéré, car 85 % des participants sont intervenus quand ils étaient les seuls présents, alors que seuls 62 % sont intervenus en présence d’une autre personne, et 31 % en présence de quatre autres personnes. Dans ce cas, les chercheurs contrôlaient tous les aspects du contexte de l’expérience – à ce point du reste qu’ils pouvaient en toute confiance affirmer que le nombre de personnes présentes devant une urgence a un impact sur les chances qu’un individu donné se porte au secours d’un autre. Intérêt et limites : La recherche expérimentale essaie de créer un environnement dont on peut tirer des rapports de causalité. L’expéri-mentateur manipule les variables, assigne aux sujets des conditions diverses au hasard et cherche à contrôler d’autres facteurs qui pourraient influer sur les résultats. Cependant, à force de vouloir contrôler tous les aspects de la situation, il risque d’aboutir à un envi-ronnement plutôt artificiel dont on ne peut aisément tirer des généralisations applicables au monde réel. De Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 17 plus, il existe des domaines de la vie qu’on ne peut, question de morale, étudier par voie d’expérimentation. Par exemple, on pourrait vouloir découvrir expérimentalement les effets de l’intimidation et des brimades dans les écoles, mais il serait contraire à l’éthique de vouloir placer délibérément des enfants dans des expériences désagréables voire stressantes. Entrevue Dans le cadre d’une recherche, l’entrevue prend généralement la forme d’une rencontre individuelle pendant laquelle le chercheur (l’intervieweur) pose une série de questions à son sujet. L’entrevue est généralement enregistrée et les réponses, consignées par écrit. Pour lui donner encore plus de valeur, le chercheur prépare ses questions à l’avance, bien que l’entretien puisse éventuellement partir dans toutes les directions. Intérêt et limites : L’avantage de l’entrevue par rapport au sondage ou au questionnaire tient à la plus grande variété des réponses possibles. L’inconvénient est que l’entrevue prend du temps et que, pas plus que pour les questionnaires, on ne peut en extraire de relations causales (Lefton, 2000, p. 14). Expérimentation animale L’un des motifs les plus souvent invoqués pour recourir à des animaux dans des expériences pose aujourd’hui aussi l’un des plus grands problèmes d’éthique dans la recherche : certaines expériences se trouveraient à placer les sujets dans des conditions ou à les exposer à des traitements qui pourraient leur être néfastes ou nocifs. Parce que l’éthique ou la loi le leur interdit, les chercheurs ne peuvent pas par exemple réaliser des opérations chirurgicales sur des sujets sains pour mieux étudier le rôle des différentes parties du cerveau dans le comportement. De même, des chercheurs ne peuvent mettre des sujets au régime simplement pour mesurer l’effet de certaines carences alimentaires sur le comportement (Baron, 1998, p. 32). Intérêt et limites : L’expérimentation animale est l’une des questions les plus controversées de la recherche en psychologie. Comme les animaux ont beaucoup en commun avec les êtres humains, les chercheurs les étudient régulièrement pour en apprendre davantage sur nous-mêmes. Mais ce ne sont pas pour autant des objets ni des créatures abstraites et insensibles. Certains estiment Page 18 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 que la souffrance physique ou psychologique qu’on fait endurer à un animal au nom de la recherche devrait permettre à terme de soulager l’humain d’un problème au moins égal à la souffrance causée à l’animal. D’autres objectent que, figurant parmi les créatures les plus brillantes, les humains ont au contraire l’obligation morale de protéger les animaux plutôt que de se servir d’eux (Fox, 1983, in McMahon, 2000, p. 45). En revanche, les psychologues soulignent que l’expérimentation animale a contribué de bien des façons au bien-être des êtres humains. On n’a qu’à penser aux retombées qu’a eues la recherche dans l’amélioration des traitements de troubles affectifs, le contrôle de l’hypertension et l’atténuation des douleurs chroniques (Baron, 1998, p. 32). Sondage ou questionnaire La recherche par sondage vise à poser des questions sur le phénomène auquel on s’intéresse. La méthode du sondage est particulièrement utile pour la cueillette de données auprès d’un grand nombre de gens et souvent le seul moyen de recueillir des données d’étude sur les impressions, sentiments et comportements privés qui ne se prêtent pas aisément à une observation directe. Intérêt et limites : La force du questionnaire réside dans sa capacité de réunir en peu de temps un grand nombre de données. Sa faiblesse tient à son caractère impersonnel, ainsi qu’aux faits qu’il ne permet pas de recueillir de données autres que les réponses fournies aux questions, qu’il ne fournit qu’un éventail relativement restreint de réponses possibles, qu’il ne présente aucune garantie que le sujet répondra à toutes les questions ou ne mentira pas au moment de répondre, et qu’il ne fournit pas une structure dont on pourrait tirer des relations causales (Lefton, 2000, p. 14). Résumé Il existe plusieurs méthodes de recherche en psychologie. Celle qu’on choisit en définitive dépend des intérêts de recherche, de la formation méthodologique et des préférences personnelles du chercheur. Il importe de reconnaître qu’aucune méthode n’est supérieure aux autres, mais que différentes méthodes conviennent à différentes situations et que leur effet conjugué nous a permis d’accroître considérablement notre compréhension du milieu social. Méthodologie et éthique de la recherche en psychologie Dans le présent article, nous décrivons et expliquons les notions de fidélité, de validité, de corrélation et de causalité, ainsi que les problèmes d’éthique que posent les questions de confidentialité, de consentement informé, de biais et d’expérimentation animale. Quels sont les points à considérer au moment de mener une recherche? En fait, il y a deux volets à cette question : 1. 2. À quoi doit-on porter attention pour que la recherche soit correctement exécutée? À quoi doit-on porter attention pour que la recherche soit convenablement exécutée? Le premier volet réfère à l’adéquation technique des méthodes de recherche appliquées et questions posées pour aboutir à des résultats utiles. Le second tient à l’éthique du processus de recherche et renvoie à des notions comme l’honnêteté, l’ouverture, l’équité et la rectitude. En ce qui concerne les méthodes de recherche, trois aspects doivent être pris en compte. Le premier est la fiabilité (ou fidélité) des méthodes, à savoir « la mesure dans laquelle une recherche donnée aboutit toujours aux mêmes résultats chaque fois qu’on l’applique au même problème » (Baron, 1998, p. 459). Par exemple, dans le cas de l’observation des comportements de jeu d’écoliers pendant la récréation, une étude qui, dans une école, donnerait les garçons comme plus agressifs, et dans une autre, les filles, ne pourrait être considérée comme « fiable » ni ses méthodes « fidèles ». Le deuxième aspect des méthodes de recherche concerne la validité, à savoir « la mesure dans laquelle une méthode de recherche mesure effectivement ce qu’elle est censée mesurer » (Baron, 1998, p. 460). En reprenant l’exemple des compor-tements de jeu des écoliers, on pourrait se demander si l’observation est un moyen « valide » d’étudier ce sujet. Imaginons plutôt qu’on lui aurait préféré la méthode de l’entrevue et qu’on aurait posé aux enfants un certain nombre de questions sur ce qui se passe à la récréation. Cette méthode auraitelle été considérée comme un moyen « valide » de recueillir de l’information, donc de tirer des conclusions? Probablement pas ou, du moins, une information pas aussi valide que celle obtenue par observation directe. De plus, pour déterminer le degré de validité, on tient aussi compte de la façon dont les données de recherche sont réunies. Par exemple, alors qu’il est bien d’observer les enfants au jeu et de relever leurs propos et de prendre des notes, il serait encore mieux, sur le plan de la validité, si on filmait les écoliers en train de jouer, car les images pourraient être partagées avec d’autres personnes qui, à partir des mêmes observations, pourraient arriver indépen-damment à leurs propres conclusions. L’étude gagnerait d’autant plus de validité dès lors que les deux groupes d’observateurs arriveraient aux mêmes conclusions – à plus forte raison s’il s’agit d’observations, d’entrevues ou d’études réalisées sur le terrain. Le troisième point relié aux méthodes est le degré auquel des faits sont reliés les uns aux autres. Dans le jargon du métier, on parle d’une corrélation. Cependant, la question ici n’est pas tant de savoir si deux faits sont seulement reliés entre eux, mais dans quelle mesure l’un a pu être la cause de l’autre ou inversement. Par exemple, un chercheur qui découvre que les enfants de parents divorcés souffrent davantage de troubles affectifs et commettent plus de larcins que des enfants provenant de familles unies peut établir que ces faits sont corrélés. Il y a un rapport entre le divorce d’une part et les troubles émotifs et, d’autre part, la criminalité chez les enfants, sans pour autant que le chercheur puisse aller jusqu’à affirmer que le divorce cause des troubles affectifs ou de la criminalité (Lefton, 2000, p. 11). Comment donner plus de validité, de fidélité et de crédibilité à une recherche? En veillant à ce que la recherche scientifique soit exempte de méthodes ou de biais qui pourraient compromettre la validité des résultats et, notamment, en agissant sur les éléments suivants : • • Taille de l’échantillon : Pour tirer des généralisations, les scientifiques sélec-tionnent des groupes d’individus dans la population. Chaque groupe, appelé échantillon, doit être suffisamment grand pour que quelques cas extrêmes ne viennent pas fausser le portrait qu’il donne de la population. Représentativité de l’échantillon : Les données recueillies auprès d’un groupe de sujets peuvent ne pas valoir pour un autre groupe de sujets qui en diffèrent de façon significative que ce soit, par exemple, de par leur sexe ou de par leur origine ethnique. D’où l’importance que chaque échantillon soit représentatif, c’est-à-dire formé d’individus qu’on trouve géné-ralement dans la population à l’étude. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 19 • • • • Expérimentation en double-aveugle : Lorsque des expérimentateurs entre-tiennent des attentes spécifiques quant aux conclusions de leurs recherches, il importe que ces attentes ne viennent en rien altérer la valeur des résultats. Aussi, dans la mesure du possible, les personnes qui effectuent la collecte des données devraient-elles le faire en double-aveugle, c’est-à-dire sans être elles-mêmes conscientes du but de la recherche. Définitions opérationnelles : Au moment de planifier une étude, les chercheurs doivent définir leur travail, en l’occurrence le phénomène à l’étude, en définissant chacune de ses variables en termes de comportements spécifiques, observables et mesurables avec précision. Groupe expérimental et groupe témoin : Pour vérifier avec précision l’hypothèse d’une expérimentation, les chercheurs doivent réunir des données sur deux échantillons essentiellement identiques sous tous leurs rapports sauf un, notamment en comparant un groupe expérimental (qui reçoit le traitement faisant l’objet de l’expérience), et un groupe témoin (qui ne le reçoit pas). Signification statistique : Lorsque des chercheurs établissent une distinction entre deux groupes, ils doivent envisager l’éventualité que ces différences soient purement le fruit du hasard. La signification statistique est une mesure mathématique du degré de probabilité que le résultat d’une recherche donnée soit le fruit du hasard (Berger, 2000). Quant aux considérations éthiques de la recherche en psychologie, elles sont trop nombreuses pour qu’on les aborde par le détail dans le cadre du présent article. Nous n’en retiendrons pas moins cinq essentielles : la confidentialité, le consentement éclairé, l’objectivation, le biais et l’expérimentation animale. La confidentialité est le droit à la vie privée qui revient aux sujets de recherche. Dans une recherche, tout doit être mis en œuvre pour que la participation des sujets reste privée. S’il existe un quelconque risque que quelqu’un d’autre que le chercheur ait accès aux données, le sujet doit en être prévenu afin qu’il ait la chance de donner un consentement éclairé à sa participation (Carlson, 1998, p. 39). Le consentement éclairé signifie que le sujet éventuel d’une étude comprend exactement ce qui est attendu de lui tout au long de la recherche, en contrepartie de quoi le chercheur le protègera contre des abus, désagréments ou dangers physiques ou psychologiques (Carlson, 1997, p. 39). Par exemple, si l’on compte interroger un sujet, on doit d’abord lui demander la permission de l’interroger et lui rendre compte après coup des notes qu’on a prises ou de la transcription qu’on a faite de l’entretien. Bien entendu, il y a plein de situations où l’on ne peut demander la permission du participant, comme dans le cas de l’observation des écoliers en train de jouer dans la cour Page 20 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 de récréation. Dans ce cas, on doit demander après coup la permission des parents ou gardiens des enfants. L’objectivation est l’opération par laquelle les sujets ayant participé à une recherche sont mis au courant de tous les aspects du déroulement de celle-ci et des conclusions auxquelles elle est arrivée, de manière à bien en comprendre l’utilité (Baron, 1998, p. 31). En d’autres termes, il est de la responsabilité du chercheur de communiquer aux participants, dans la mesure du possible, les résultats de l’étude et les conclusions qui en ont été tirées. Le biais est un important facteur à considérer au moment de mener une recherche. L’une des formes de biais les plus courantes est le biais de confirmation, à savoir la tendance à ne rechercher ou à ne remarquer que l’information qu’on tient déjà pour vraie (Baron, 1998, p. 16). Les chercheurs doivent prendre garde de ne pas fausser subtilement les résultats en biaisant leur recherche en fonction du sexe (homme ou femme), de l’appartenance ethnique (traits caractéristiques, antécédents et allégeances qui ont souvent des origines culturelles, religieuses ou linguistiques) ou de l’appartenance culturelle (origines raciales et ethniques, valeurs religieuses et sociales, goûts artistiques et musicaux, et intérêts scolaires) (Lefton, 2000, p. 16). L’expérimentation animale est proba-blement le plus grand sujet de controverse de la recherche en psychologie. On peut en effet se demander s’il est indiqué de soumettre des rats, des pigeons et des singes sans défense à des conditions, opérations et traitements qu’on ne pourrait pas exécuter sur des humains (Baron, 1998, p. 32). Mais alors comment pourra-t-on mieux comprendre les maladies ou affections humaines qu’on ne peut tenter de régler par d’autres moyens? Ainsi, serait-il éthique de modifier le régime alimentaire d’enfants en vue d’étudier leurs réactions allergiques? Serait-il indiqué de donner à un sujet des substances psychotropes sans en connaître les éventuels effets secondaires? De toute cette problématique ressort une question centrale : Avons-nous, en tant qu’êtres humains, le droit de nous servir d’autres formes de vie pour satisfaire à nos besoins? En résumé, au moment de mener une recherche, nous devons nous assurer que nos méthodes sont fiables et valides et qu’elles décrivent avec exactitude les liens qui existent entre les choses. Ce faisant, nous devons respecter la vie privée des sujets, obtenir leur consentement, les informer des résultats et s’abstenir de fausser les résultats par les biais que nous entretenons. Liens et rapprochements… • Quelle incidence la violence à la télévision a-t-elle sur les gens? Conçois un projet de recherche visant à recenser les actes de violence d’une émission de télévision et à observer les réactions d’enfants qui en ont été les spectateurs. L’Arbre sacré « Le Créateur a planté, pour tous les habitants de la terre, un Arbre sacré sous lequel ils peuvent trouver ensemble l’apaisement, la force, la sagesse et la sécurité. Les racines de cet arbre s’enfoncent profondément dans … la Terre. Ses branches s’élèvent vers le firmament comme des mains tendues pour une prière (au)… Ciel. Ses fruits représentent les dons du Créateur : des enseignements qui montrent le chemin de l’amour, de la compassion, de la générosité, de la patience, de la sagesse, de la justice, du courage, du respect, de l’humilité et de tant d’autres vertus. » L’Arbre sacré, une publication du Projet de développement des quatre mondes, basé à l’Université de Lethbridge, en Alberta, décrit la signification d’un « symbole autour duquel des existences, des religions, des croyances et des nations se sont organisées » (p. 20). L’Arbre sacré, dans la culture autochtone, « représente la vie, les cycles de l’existence, la terre et l’univers ». En bref, ce livre présente de façon simple quoique exhaustive la perception qu’ont les autochtones du monde, et du rapport de l’humanité à la création. • • En voici un résumé des principaux enseignements : • • • • • La totalité. Tous les éléments sont intimement liés. Chaque élément de l’univers fait partie d’un tout unique. Il est relié d’une certaine façon à tout le reste. Il n'est donc possible de comprendre un élément particulier que si nous pouvons comprendre son lien avec tout le reste. Le changement. La création tout entière est en évolution constante. Les choses ne sont jamais les mêmes, si ce n’est la succession des cycles de changement. Une saison succède à l’autre. Des êtres humains naissent, vivent, meurent et entrent dans le monde de l’esprit. Tout change. Il y a deux sortes de changements, car les choses se font (la formation) et se défont (la désagrégation). Ces deux sortes de changements sont nécessaires et sont toujours liés l’un à l’autre. Les changements se produisent suivant des cycles ou des formes habituelles. Ils ne sont pas accidentels ni ne surviennent par hasard. Il est parfois difficile de voir comment un changement particulier se rattache à tout le reste. Cette difficulté s’explique ordinairement par le fait que notre point de vue (la situation à partir de laquelle nous considérons le changement) nous empêche de voir clairement. Le visible et l’invisible. Le monde physique est vrai. Le monde spirituel l’est aussi. Les deux sont des aspects d’une seule et même réalité. Et pourtant, ce sont des lois distinctes qui régissent l’un et l’autre. La violation des lois spirituelles peut se répercuter sur le monde physique, tout comme la violation des lois matérielles peut avoir des effets sur le spirituel. Pour vivre de façon équilibrée, il faut respecter les lois de ces deux dimensions de la réalité. Les êtres humains ont un côté spirituel et un côté physique. • • • • • Les êtres humains peuvent toujours acquérir de nouvelles qualités, mais non sans effort. Les peureux peuvent devenir courageux, forts et intrépides. Les durs et insensibles peuvent apprendre à faire attention aux sentiments des autres et les personnes matérialistes peuvent devenir capables de regarder en elles-mêmes et d’écouter leur voix intérieure. Le mécanisme qui permet aux êtres humains de cultiver d’autres qualités pourrait s’appeler le « véritable apprentissage ». Le « véritable apprentissage » a quatre dimensions. Les quatre aspects de la nature de toute personne sont symbolisés par les quatre points cardinaux du Cercle de la vie. Ces quatre aspects de notre être se développent par l’exercice de notre volonté. On peut dire qu’une personne a fait un apprentissage complet et harmonieux seulement lorsque les quatre dimensions de son être ont pris part au processus. La dimension spirituelle du développement humain peut être envisagée comme la capacité d’accepter les enseignements spirituels dans le monde matériel, d’y être réceptifs, d’y réagir et de s’en servir pour son orientation future. Les êtres humains doivent prendre une part active à la découverte et à la mise en valeur de leur propre potentialité. La porte que tous doivent franchir si l’on souhaite se transformer ou devenir plus que ce que l’on est maintenant est la porte de la volonté, ou la volition. Il faut qu’une personne décide de faire le voyage. Le trajet sait attendre, sa patience est sans limite : il sera toujours là pour ceux qui décideront de l’emprunter. Quiconque « part en voyage » à la recherche de son épanouissement personnel sera soutenu tout au long de son chemin. Le voyageur n’aura à subir aucune épreuve qu’il n’ait déjà la force de surmonter. C’est seulement s’il ne suivait pas les enseignements de l’Arbre sacré que le voyageur pourrait éprouver des défaillances pendant le trajet. Outre les enseignements sacrés concernant la nature des choses (…), les enseignements de l’Arbre sacré offrent un code d’éthique en fonction duquel chacun devrait adapter sa conduite s’il souhaite trouver bonheur et sérénité. Le code décrit ce qu’est la sagesse dans les rapports entre personnes, dans la vie familiale et dans la vie en société. Ces règles de conduite sont les joyaux étincelants de l’art de vivre que pratiquent les nations autochtones du monde entier. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 21 • • • • • • • • • • • Chaque matin au lever et chaque soir avant de vous coucher, rendez grâce pour la vie en vous et pour toute vie, pour les bonnes choses que le Créateur vous a données, à vous et aux autres, et pour la chance que vous avez de grandir un peu plus chaque jour. Réfléchissez sur vos pensées et sur votre conduite de la journée écoulée et, après ce retour sur vous-même, demandez le courage et la force d’être une meilleure personne. Recherchez les choses qui profitent à chacun. Soyez véridique à tout moment, et dans toutes les conditions. Traitez toujours vos invités avec considération en leur faisant les honneurs de votre maison : offrez-leur votre meilleure nourriture, vos meilleures couvertures, ainsi que la meilleure partie de votre maison, et servez-les de votre mieux. Lorsqu’une personne souffre, tous s’en ressentent. L’honneur de l’un rejaillit sur tous. Réservez un accueil cordial aux étrangers et aux inconnus à titre de membres de la famille humaine. Recherchez la modération et l’équilibre en toutes choses. Toutes les races et tribus du monde sont comme les fleurs de toutes les couleurs qui enjolivent un pré : toutes sont belles. En tant qu’enfants du Créateur, toutes doivent être respectées. Servir les autres et être utile à sa famille, à la collectivité, à la nation ou au monde sont parmi les fins pour lesquelles les êtres humains ont été créés. Ne vous préoccupez pas de vos petites affaires personnelles au point d’en oublier l’essentiel. Le vrai bonheur ne vient qu’à ceux qui consacrent leur vie aux autres. Sachez faire la distinction entre les choses qui vous apportent le bien-être et celles qui pourraient causer votre perte. Respectez la sagesse des personnes réunies en conseil. Une fois que vous avez donné une idée à un conseil ou à une assemblée, elle ne vous appartient plus. Elle appartient aux personnes à qui vous l’avez donnée. Le respect exige que vous écoutiez attentivement les idées des personnes en conseil et que vous n’insistiez pas pour que votre idée l’emporte. Vous devriez appuyer spontanément les idées des autres si elles sont vraies et bonnes et ce, même si elles sont différentes de celles que vous avez apportées. Du choc des idées jaillit l’étincelle de la vérité. Une fois que les membres d’un conseil ont pris une décision de concert, le respect exige que personne ne parle en secret contre ce qui a été décidé. Si le conseil s’est trompé, son erreur apparaîtra à tous en son temps. Le respect. Respecter c’est avoir ou témoigner de la vénération ou de l’estime pour quelque chose ou • quelqu’un; songer au bien de quelqu’un ou quelque chose ou traiter cette personne ou cette chose avec déférence ou courtoisie. Montrer du respect est une règle de vie fondamentale. o Traitez toujours chacun avec respect, des plus jeunes aux plus âgés. o Faites preuve d’un respect particulier pour les aînés, les parents, les professeurs et les chefs de la collectivité. o Faites en sorte qu’aucune personne ne se sente rabaissée par vous; évitez de blesser d’autres cœurs comme vous éviteriez un poison mortel. o Ne touchez à rien qui appartienne à un autre (surtout des objets sacrés), sans permission ou sans un accord en ce sens. o Respectez l’intimité de chacun. N’empiétez jamais sur les moments de tranquillité ou le territoire personnel de quelqu’un. o Ne passez jamais entre deux personnes en conversation. o N’interrompez jamais des personnes en conversation. o Parlez doucement, surtout en présence de personnes âgées, d’étrangers ou d’autres personnes à qui vous devez un respect particulier. o Ne prenez pas la parole dans les réunions où il y a des aînés, à moins d’avoir été invité à le faire. o Ne dites jamais du mal des autres, qu’ils soient présents ou non. o Traitez la terre et tous ses éléments comme votre mère. Faites preuve d’un respect profond pour le règne minéral, le règne végétal et le règne animal. Ne faites rien pour polluer l’air ou le sol. En présence de ceux qui souhaitent détruire notre Mère, portez-vous à la défense de celle-ci avec sagesse. o Respectez les croyances et la religion des autres. o Écoutez avec courtoisie ce que disent les autres, même si vous avez l’impression que leurs propos sont futiles. Écoutez avec votre cœur. Écoutez et suivez les conseils adressés à votre cœur. Ces conseils, attendez-vous à les recevoir sous plusieurs formes : dans la prière, dans les rêves, dans les moments de tranquillité et de solitude, ainsi que dans les paroles et les actes de sages aînés et amis. L’Arbre sacré ne se limite pas aux seuls passages que nous venons de résumer et il t’est loisible de le parcourir par toi-même d’un bout à l’autre. Il ne fait aucun doute qu’il t’aidera à mieux comprendre les convictions, valeurs et attitudes des peuples autochtones, ainsi que leur vision du monde, ce qui, à ton tour, t’aidera à mieux situer les tiennes. Source : Judie Bopp, Michael Bopp, Lee Brown et Phil Lane, L’Arbre sacré (1985). Projet de développement des quatre mondes, Université de Lethbridge, Alberta, Canada. Page 22 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 Liens et rapprochements • Quelles sont tes convictions et valeurs personnelles? Exprime ta vision du monde à l’aide du médium de ton choix. • Peux-tu donner des exemples de la façon dont ta vision du monde influence ton comportement? • Fais une recherche sur les convictions et systèmes de valeurs d’autres confessions religieuses que la tienne et confronte leurs vues aux tiennes ainsi qu’à celles des peuples autochtones dont il est question dans l’Arbre sacré. • Rappelle-toi quand et comment tu as personnellement appris à faire la distinction entre le « bien » et le « mal », le « bon » et le « mauvais » - ainsi que ceux qui t’ont ou ce qui t’a le plus influencé dans la vie. • Fais une entrevue auprès d’une personne âgée. En quoi les valeurs de la société ont-elles évolué depuis le temps où elle avait ton âge? Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 23 Mon anthologie Le courage en chair Une image que je retiens… Elle n’a jamais sauvé la vie de personne, Ni jamais fait la guerre. Elle n’a jamais éteint un incendie, Ni jamais fait face à l’ouragan. Elle n’a jamais fait les manchettes, Ni jamais apparu aux nouvelles du soir. Elle n’a jamais fait changer des lois. Mais elle, le courage coule dans ses veines! Elle, c’est la fille dont on s’est moquée hier. Tu sais, celle dont on n’aimait pas les cheveux. Elle, c’est la fille qui était l’objet de nos farces. Tu sais, celle qui ne s’habillait pas bien. Elle est la plus courageuse que je connaisse, Car tous les matins de sa jeune vie, elle se lève Sachant que ces même paroles blessantes Lui seront servies par des gens de son milieu. Tous les jours, comme si rien n’était, elle retourne Dans ce milieu où on la blesse de nos regards Et vit de nouveau cette peine construite de nos rires. Ça, c’est du courage, du courage en chair. Inspiré d’un poème de Kristina Gutenberg (1999) Une pensée ou un poème que jai composé… Pourquoi? (Option : Dany Bédard de La Chicane) Elle est jeune; elle a froid; elle est seule. Elle erre; elle est sans abri. Mineure, elle gagne sa vie à partir de la rue. Elle survit mais c’est à peine si elle se nourrit. Son histoire? Famille dysfonctionnelle, antipathique, malade. Pourquoi est-ce que je détourne mes yeux? Et toi, est-ce que tu t’es demandé pourquoi? Pourquoi est-ce qu’on est insensible devant cette tragédie? Ne les vois-tu pas? Ils sont nus, sans abri, malades, violentés. Choisis-tu de ne pas les voir, content que ce ne soit pas toi? Tué en raison de la couleur de sa peau! Est-ce que nous ne sommes pas appelés à nous aimer? Une autre guerre motivée par la haine! Ne vois-tu pas Lucifère qui récolte les âmes perdues en riant aux éclats? Assassiné à cause d’une religion ou d’une croyance! Est-ce possible qu’un hommage au Créateur soit supérieur à l’autre? On n’accepte pas telle race, telle religion, tel quartier, telle classe sociale! Ne sommes-nous pas tous frères et soeurs sous un même soleil? J’ai songé à cette question, j’ai prié la-dessus et je crois connaître la réponse : Le pouvoir, l’influence, l’avarice, le culte de la beauté : Tout ce qui est attirant mais transitoire! C’est triste de constater l’état du monde dans lequel nous vivons. Ce serait un bien meilleur monde si la tolérance et le partage régnaient! Inspiré d’un poème d’Adriana Brehm, Lloydminster (1999) Une dernière pensée à retenir… Page 24 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 Deux points de vue Examine des points de vue divergeants sur les thématiques suivantes : • On devrait limiter les familles à deux enfants. • Le conjoint/la conjointe anglophone dans un foyer exogame devrait apprendre le français. • Tout parent devrait avoir le droit à un congé payé d’un an. • L’âge minimal pour le mariage devrait être 24 ans. • Les parents d’un enfant ayant-droit devrait être obligé d’envoyer leur(s) enfant(s) à l’école francophone. Pourquoi je suis d’accord… Pourquoi je ne suis pas d’accord … Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1 – Page 25 Mes notes de cours Page 26 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 1