Chronologie de la Pologne 1918-1948

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Chronologie de la Pologne 1918-1948
Longtemps partagée entre les empires russe, autrichien et allemand (1795-1918), la Pologne
recouvre son indépendance le 11 novembre 1918. Ses frontières de référence sont reconnues par la
Société des Nations (SDN) en 1923, après plusieurs campagnes militaires. C’est un territoire de
plaines qui s’étend sur 389 000 km2, limité à l’ouest par les districts de Katowice, Poznań et Toruń
avec un accès à la mer baltique près de Dantzig ville libre (Gdańsk), et à l’est par Wilno (Vilnius),
Tarnopol et Stanisławów. Le nouvel Etat adopte une constitution démocratique parlementaire en
1921. A cette date, il compte 31,9 millions d’habitants dont plusieurs minorités – Ukrainiens 14, 3 %,
Juifs 7,8 %, Biélorusses 3,9 % et Allemands 3,9 % –, et tous sont citoyens polonais (Glowny Urzad
Statystyczny, 2003: 382).
Pendant trente années au cours de la première moitié du XXe siècle, ce pays subit plusieurs vagues
de violences mais d’ampleur très différente. Pendant les vingt premières années et dans l’immédiat
après guerre, les tensions politiques et inter-minorités se soldent par un climat d’insécurité pour de
larges pans de la population, et par des victimes civiles lors d’affrontements armés. En revanche, les
violences de masse atteignent une ampleur sans précédent pendant la guerre (1939-1945), qui se
solde pour la Pologne par la perte de plus de 17 % de sa population civile (dont 90 % des Juifs
polonais). Décidés lors des conférences interalliées de Yalta et Potsdam (1945), les déplacements de
frontières et les transferts de populations allemandes, ukrainiennes et polonaises façonnent, à partir
de 1948, une société mono-ethnique. Ces vagues de violences s’étalent sur quatre périodes :
- Tensions et violences contre les minorités (1918-1939)
- Terreur nazie et répression stalinienne (1939-1941)
- Extermination des Juifs et l’épuration raciale du territoire (1941-1945)
- Prise du pouvoir par les communistes (1945-1948)
I. Tensions et violences contre les minorités (1918-1939)
La nouvelle Pologne fondée le 11 novembre 1918, avec à sa tête Józef Piłsudski (1867-1935), connaît
une situation politique délicate. Elle entreprend d’unifier trois territoires séparés pendant le XIXe
siècle, et de moderniser une économie à dominante agricole ; elle forme une administration et une
armée, tout en étant engagée par six conflits à ses frontières, notamment avec la Russie
bolchevique. Dévastée par la Première Guerre mondiale dont elle fut un des principaux terrains de
manoeuvre, la Pologne doit faire face à des tensions internes avec les minorités. Dans les régions
dites des « Confins » à l’est, là où les Polonais sont minoritaires (sauf dans les villes), les frontières
orientales sont âprement disputées entre 1919 et 1921 (conquête de Wilno (Vilnius), guerre
polono-soviétique et polono-ukrainienne), au prix d’affrontements nationaux meurtriers pour les
populations civiles. Au sud, un soulèvement des Polonais permet le rattachement de la Haute-Silésie
(août 1920).
Le nouvel Etat indépendant qui voit la reconnaissance internationale de ses frontières par la SDN en
1922-1923, adopte une constitution démocratique de type parlementaire, inspirée du modèle
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républicain français (1921). Mais le pouvoir exécutif rencontre de nombreuses difficultés face à une
surenchère parlementaire et aux troubles de la rue, que symbolise l’assassinat du premier président
de la République, Gabriel Narutowicz (1865-1922), deux jours à peine après son entrée en fonction.
En 1926, le maréchal Józef Piłsudski, soutenu par la gauche et les minorités nationales, reprend les
rênes du pouvoir à la suite d’un coup de force. Il limite les pouvoirs des parlementaires et lance un «
assainissement » (sanacją ), d’abord propice à l’épanouissement du pays ; puis avec les difficultés
économiques et sociales, il limite les libertés politiques et concentre de plus en plus de pouvoirs
entre ses mains. Peu avant sa mort, ses successeurs réforment la constitution (1934) et
transforment le régime en un Etat semi-dictatorial.
Dès le début des années vingt, les autorités polonaises s’engagent dans des politiques de «
polonisation » qui exacerbent les revendications nationales, et accumulent des contentieux pour
l’avenir. Bien que bénéficiant constitutionnellement des mêmes droits – la Pologne a ratifié en 1920
le Traité des Minorités annexé au Traité de Versailles – les populations minoritaires (Allemands,
Ukrainiens, Biélorusses, Juifs, etc.) se plaignent de multiples discriminations. Les engagements du
Traité ne sont pas respectés. Ainsi, les Ukrainiens de la Galicie occidentale et de la Volhynie
(annexées en 1923) se heurtent à des politiques d’assimilation forcée et de colonisation qui tournent
– sous couvert de « pacification » – à l’affrontement sanglant avec les nationalistes (attentats). De
même, les sentiments antisémites qu’attisent des groupes nationalistes polonais et l’Eglise
catholique, se transforment en actes violents souvent très meurtriers : boycott des entreprises et
des commerces juifs, quotas et « ghettos des bancs » à l’université, pogroms, etc. D’ailleurs, après
avoir rompu avec le Traité des Minorités (adopté sous l’égide de la SDN en 1934), le gouvernement
finit par faire voter en 1938 des lois ouvertement antisémites (limitation de l’abattage rituel), et
donne l’ordre à l’armée de détruire les églises orthodoxes dans les zones ukrainiennes pendant l’été
1938 (Korzec, 1980: 248 et sq. ; Beauvois, 1995: 318).
Dans le même temps, l’agitation sociale gagne les grandes villes (Varsovie, Łódź, Lwów) alors que
l’économie se redresse et que s’esquisse à gauche la perspective d’un « front populaire ». Toutefois,
la violente répression des grèves et des mouvements paysans (1936-1937) et la limitation des
libertés politiques bloquent cette issue. Les gouvernants tirent arguments des tensions pour limiter
les libertés civiques et arrêter des responsables de l’opposition.
A l’extérieur, les dirigeants polonais cherchent à neutraliser les deux grands voisins selon un «
principe d’équilibre » établi par le maréchal Józef Piłsudski. Ils signent des traités de non agression
avec la Russie stalinienne (1932) et l’Allemagne nazie (1934), tout en admettant des garanties de la
France et du Royaume-Uni. Face à la pression allemande qui exige le rattachement de Dantzig au
Reich, la politique d’apaisement des Britanniques et des Français (accord de Munich, 1938), place les
dirigeants polonais dans une impasse. Ce qui contribue, malgré un regain économique, à nourrir des
fuites en avant nationalistes (ultimatum à la Lituanie et annexion de Tesin, 1938), et conduit le pays
au désastre. De plus, ces dirigeants ne peuvent anticiper le rapprochement entre Hitler et Staline
(Pacte germano-soviétique, août 1939) qui rend possible l’offensive hitlérienne et un nouveau
partage de la Pologne (Cienciala, 2007).
Chronologie
1918-1919. Pogroms à Wilno, Lwów, Pińsk et autres villes**
La conquête des frontières orientales de la Pologne est l’occasion de débordements nationalistes et
antisémites à l’origine d’une vague de pogroms sanglants qui aurait touché une centaine de
localités. Les pillages sont souvent au centre des massacres. Ainsi à Lwów, après l’entrée des
troupes polonaises, les 22-24 novembre 1918, les soldats se déchaînent contre les Juifs à l’occasion
d’un « quartier libre » : 72 morts, 300 blessés, 3 synagogues détruites, selon une commission
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d’enquête internationale dépêchée sur place peu après (Cohn, Renaudel, Schaper et Shaw, 1920:
16). De même, à Pińsk, en avril 1919, les troupes polonaises qui venaient de reconquérir la ville
massacrent 35 Juifs accusés de « judéo-bolchevisme » ; à Vilnius, après trois jours de combat (avril
1919), les Juifs sont accusés d’avoir aidé l’armée rouge : « Il y a eu 67 morts, hommes, femmes et
enfants. Le pillage qui a suivi l’entrée des troupes n’a pas seulement duré quelques jours, mais des
semaines » (Cohn et al., 1920: 28) ; à Minsk, le 8 août, dès l’entrée des troupes polonaises le
quartier juif est pillé (37 morts) ainsi que les villages alentours (environ 160 morts). Cette fièvre
antisémite ne se limite pas aux Confins. A Kielce, le pillage du quartier juif, en novembre 1918, fait 4
morts et des centaines de blessés (Maciągowski, 2008: 38) et même à Cracovie, il y a 2 morts sur le
marché, en juin 1919 (Cohn et al., 1920: 16-30 ; Korzec, 1980: 75-85 ; Tomaszewski, 1984 ; Engel,
2003).
1930-1938. La « pacification » des territoires ukrainiens*
Le rattachement de l’Ukraine occidentale (Galicie, Volhynie) à la nouvelle Pologne indépendante,
acté par la Conférence des ambassadeurs de la SDN (15 mars 1923), devait s’accompagner de
mesures d’autonomie pour les Ruthènes (uniates) et les Ukrainiens (chrétiens orthodoxes),
majoritaires dans les campagnes. Or, les autorités polonaises ne respectent pas les engagements du
Traité des minorités. Elles multiplient les mesures de « polonisation » : prédominance du polonais
dans les écoles ukrainiennes, colonisation par l’installation dans les campagnes de dizaines de
milliers de Polonais (notamment des soldats démobilisés de la guerre contre les bolcheviques), refus
d’autonomie pour les collectivités locales, etc. Cette assimilation forcée produit inévitablement une
réaction inverse de celle recherchée. Les groupes nationalistes se radicalisent, multiplient les
attentats terroristes qui font des dizaines de victimes (dont en juin 1934, le ministre de l’Intérieur
Bronisław Pieracki) ; ils revendiquent un Etat indépendant avec un réel écho dans la population
ukrainienne. Les autorités polonaises y répondent par de vastes campagnes de répression policière,
ferment des églises et des universités. Du 16 septembre au 30 novembre 1930, l’armée « pacifie »
la région de Lwów, « arrête 1 739 personnes et en juge 1 143. Les lycées ukrainiens de Rohatyn,
Drohobycz et Tarnopol sont fermés. » (Beauvois, 1995: 318). Cette répression s’étend sur toute la
période, jusqu’en 1938 qui voit la fermeture par l’armée de 190 églises orthodoxes. Les nationalistes
– particulièrement l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens) et sa branche armée,
l’Organisation militaire ukrainienne (UVO) – en tirent avantage, repoussent tout compromis,
redoublent les actions terroristes, et se tournent même vers les services secrets allemands, leurs
membres étant entraînés dans l’école du Parti national socialiste des travailleurs allemands (NSDAP)
à Leipzig. Le nombre de victimes civiles de ces dix années de conflit est mal connu, mais il construit
une haine entre les populations polonaises et ukrainiennes dont les conséquences seront tragiques
dans les années 1940 (Beauvois, 2005 ; Paczkowski, 2007).
1935-1937. Violences à Grodno, Varsovie et en Galicie*
A l’appel de groupes antisémites (ONR, nationalistes radicaux) liés au gouvernement, les attaques
de boutiques juives, les agressions individuelles et même les attaques à la bombe se multiplient au
milieu des années trente. Une vague de violences se répand dans les Confins de l’est, au point que
l’on a parlé de pogroms (Cała, Węgrzynek et Zalewska, 2000: 258) à Grodno (juin 1935), puis à
Mińsk Mazowiecki, Odrzywół, Truskolas, Kłobuck, Przytyk, Brześć et dans de nombreuses autres
localités (1936-1937) : « Les incidents surviennent avec une grande facilité. Il suffit, en effet, qu’un
seul Juif soit pris en défaut pour que la communauté juive toute entière ait à répondre de ses actes »
(Korzec, 1980: 246). Il reste que l’évaluation de l’importance de ces violences est encore incertaine.
Les travaux les plus récents tendent à minimiser le nombre de victimes, sur une centaine d’actions
violentes documentées, quatorze victimes ont été recensées (Żyndul, 1994).
II. Terreur nazie et répression stalinienne (1939-1941)
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L’attaque allemande de la Pologne, le 1er septembre 1939, est suivie le 17 d’une invasion des
régions de l’est par les troupes soviétiques. L’armée polonaise, mal préparée et moins bien équipée
que ses adversaires, résiste difficilement tandis que la population civile tente de fuir – plus de 600
000 personnes y parviennent, dont 270 000 Juifs (Sienkiewicz et Hryciuk, 2008: 34, 106). Le
gouvernement polonais se réfugie en Roumanie pendant la nuit du 17 au 18 septembre ; la
population de Varsovie résiste jusqu’au 28.
Cette « campagne de septembre » se solde pour l’armée polonaise par 70 000 morts (officiers et
soldats) et 133 000 blessés. Trois cent mille hommes sont faits prisonniers par les Allemands, 230
000 par les Soviétiques, et 83 000 s’enfuient (par la Hongrie et la Roumanie) ou encore se cachent
(Łuczak, 2007: 24 et sq. ; Roszkowski, 2005: 91). Les deux occupants se partagent le territoire
polonais le long d’une frontière fixée le 28 septembre 1939 par un nouvel accord germanosoviétique.
A l’ouest , la zone allemande comprend 48,4 % du territoire polonais et 62,7 % de la population
(22,1 millions). Une partie (Toruń, Poznań, Łódź et Katowice) est intégrée, avec la ville de Gdańsk, au
IIIe Reich sous le nom de Warthegau (la Warta est la rivière de Poznań), tandis qu’est formé avec les
quatre provinces centrales un Generalgouvernement Polen (Gouvernement général), sous l’autorité
d’une administration allemande que commande le gouverneur général Hans Frank (1900-1946), un
proche d’Hitler. Sur l’ensemble de la zone, l’occupant met immédiatement en place un appareil
répressif gigantesque contre les habitants : des milliers de camps de travail et de transit, 18 camps
de concentration (Stutthof, septembre 1939 ; Auschwitz, mai 1940 ; etc.), 500 prisons de la gestapo
où la torture est régulière (Chmielarz 2009: 91-100).
La terreur contre les populations civiles commence dès septembre. Elle est d’emblée raciale et
exterminatrice. A l’arrière des troupes de la Wehrmacht , des unités spéciales (la police allemande,
huit Einsatzgruppen, « groupes d’intervention » particulièrement préparés, et des unités de
Volksdeutsches ) multiplient les arrestations et les exécutions de masse de Juifs, de prêtres et de
l’élite polonaise, jugés « anti-allemands » (cf. Browning, 2007: 31, 45). Les populations de nationalité
allemande ou d’origine allemande des territoires occupés sont recensées selon quatre catégories
définies par Himmler ; deux millions d’entre eux, dont la moitié en Silésie, signent – parfois sous la
contrainte – une Deutsche Volksliste (DVL) qui signifie un ralliement à l’occupant (Paczkowski, 1995:
24). Selon leur catégorie, ils bénéficient d’avantages en nature (logement, alimentation) ; environ
375 000 sont incorporés dans la Wehrmacht alors que seulement 40 % étaient « polonais de
nationalité allemande » avant la guerre (Zmyślony, 2009).
Des « transferts » de centaines de milliers de personnes sont organisés d’une zone à l’autre, en vue
de dégager un « espace vital » sans Juifs ni Tsiganes, avec un minimum de « Slaves » réduits à
l’esclavage. Tout citoyen polonais est contraint au travail dès l’âge de 14 ans (12 ans pour les Juifs).
L’administration nazie les réquisitionne et les envoie en Allemagne – 2,85 millions de 1939 à 1944
(Glowny Urzad Statystyczny, 2003: 366) –, à l’exception des Juifs qui sont dirigés vers des chantiers
et des camps de travail sur le territoire occupé.
Dès les premiers jours d’occupation, les Juifs sont soumis à de multiples interdictions. Ils sont
recensés, marqués (port d’un brassard blanc avec une étoile de David bleue) et isolés des autres
populations. A partir d’octobre 1939 (à Piotrków Trybunalski), les Allemands les enferment dans des
quartiers séparés par des murs ou des barbelés, les ghettos. Auparavant, des « Conseils juifs »
(Judenrat ) et une « police juive » ont été nommés pour « une parfaite exécution » des ordres nazis
(cf. Hilberg, 1991: 168). Dans ces ghettos – environ 400 – où pendant deux ans survivent plus de 90
% des Juifs polonais, le taux de mortalité (faim, typhus, etc.) est très élevé (Hilberg, 1991: 199 et
sq.).
Pour l’Obergruppenführer SS Reinhard Heydrich (1904-1942), le grand organisateur nazi de cette
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terreur, la ghettoïsation des Juifs doit servir à la germanisation complète de l’« espace vital ». Elle
est également une étape intermédiaire vers une « solution finale de la question juive », d’abord
pensée via une expulsion vers des terres lointaines, à Madagascar ou en Sibérie (Hilberg, 1991:188).
A l’est , la répression soviétique obéit à une autre logique. Le 17 septembre 1939 à 2h du matin,
l’ambassadeur polonais est convoqué à Moscou, et les autorités lui signifient qu’au « vu de la
banqueroute de l’Etat polonais », l’Armée rouge est entrée sur le territoire polonais « pour protéger
les populations biélorusses et ukrainiennes » (cf. Roszkowski, 2005: 90). La zone occupée englobe
13,1 millions d’habitants sur les 51,6 % restant du territoire polonais. Ils sont intégrés dès novembre
1939 aux républiques soviétiques d’Ukraine, de Biélorussie et, en août 1940, de Lituanie. Les élites
locales, principalement polonaises, sont démantelées ; nombres de responsables civils ou religieux
sont arrêtés ; les petits propriétaires et commerçants expropriés. La terreur stalinienne fait appel à
une rhétorique populiste qui mélange les oppositions de classe et les haines nationales pour habiller
des objectifs impériaux. Les élites de l’administration de la IIe République polonaise, les propriétaires
terriens et les quelques industriels, généralement polonais et catholiques, sont désignés à la vindicte
des ouvriers et des paysans pauvres principalement ukrainiens, biélorusses ou lituaniens. Quant aux
Juifs, pris au milieu de ces conflits qu’alimente le Commissariat du peuple aux Affaires intérieures
(NKVD), s’ils apprécient l’absence de discriminations antisémites officielles, ils n’échappent pas aux
attaques du nouveau régime en leur qualité de religieux ou petits commerçants. La plupart des
réfugiés refuse le passeport soviétique que leur impose Staline, et sont déportés avec « les éléments
socialement étrangers » de la population locale vers les « colonies » du Goulag.
Au total, environ 110 000 civils ont été arrêtés sur les territoires occupés par l’Union soviétique, et
au moins 320 000 civils polonais (dont 18 % de Juifs), déportés en quatre vagues à l’est de l’URSS
(Glowny Urzad Statystyczny, 2003: 368). Il faut y ajouter les 45 387 prisonniers de guerre et internés
dans plusieurs camps de rééducation. En avril-mai 1940, 14 587 soldats et officiers polonais sont
exécutés d’une balle dans la nuque sur ordre de Staline, dont 4 404 officiers dans la forêt de Katyń
(Zaslavsky, 2003 ; Grabowski, 2009: 17).
Chronologie dans la zone allemande
Septembre 1939-printemps 1940 : la « purification radicale »***
Dès l’entrée de la Wehrmacht sur le territoire polonais, les Einsatzgruppen (3 000 hommes)
procèdent à des arrestations et des exécutions de civils. Leurs cibles ont été désignées dans un
ordre d’Heydrich : « les Juifs, l’intelligentsia, le clergé, la noblesse » (Browning, 2007: 33). Ils
effectuent aussitôt plus de 10 000 arrestations et exécutent environ 17 000 personnes jusqu’à la fin
octobre. Le 2 septembre, près de Gdańsk, est ouvert un premier camp de concentration à Stutthof
(Sztutowo) où les Allemands emprisonnent environ 250 Polonais. Des volontaires de la minorité
allemande forment des unités auxiliaires, les Selbstschutz , qui se distinguent par leur sauvagerie
(notamment à Bydgoszcz, les 8-10 septembre). Début octobre, elles comptent 17 667 hommes en
Prusse occidentale et ont déjà exécuté 2 247 Polonais. La « purification radicale » (Flurbereinigung )
devient alors systématique. Commencée en Prusse orientale et dans le Warthegau à l’automne
1939, poursuivie dans la Prusse du Sud-Est en hiver, elle gagne le Gouvernement général au
printemps 1940. Le nombre de victimes de ces exécutions sommaires est estimé à 60 000 pour cette
période. Les massacres sont accompagnés d’arrestations et de déportations touchant toutes les
catégories de population. Ainsi, 531 villes et villages sont brûlés en un mois ; le 6 novembre, 183
professeurs de l’université de Cracovie sont envoyés dans des camps d’où la plupart ne reviendront
pas. Les établissements scolaires du secondaire et du supérieur sont fermés le 15 novembre, ceux
du primaire le 4 décembre (Browning, 2007: 44-51 ; Łuczak, 2007: 56).
Automne 1939. Euthanasie***
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En octobre 1939, les malades mentaux et handicapés de Poméranie sont transportés en Pologne
occupée, pour être éliminés (Friedlander, 1995: 136-137). Tout au long de l’automne, les patients
des hôpitaux psychiatriques des régions de Gdańsk, puis du Warthegau et du Gouvernement général
sont tués. A Poznan, un millier de patients d’Owinska sont soit étouffés soit gazés dans un bunker de
Fort VII dès octobre 1939, puis environ 6 000 pour toute la Poméranie (Gut, 2005: 12). Au total, le
nombre de personnes concernées en 1939-1940 est évalué pour la Pologne à 12 000 (Nasierowski,
2008 ; Colloque polono-allemand, 2009 ; Chmielarz, 2009: 96).
Septembre 1939- janvier 1940. Le marquage des Juifs***
D’emblée, Reinhard Heydrich, nommé par Himmler chef du Bureau central de la sécurité du
Reich(Reichssicherheitshauptamt , RSHA), ordonne des mesures particulières pour les Juifs (désignés
selon les critères des lois de Nuremberg de 1935). Ils doivent être concentrés dans les villes et
déplacés vers l’est, tout en respectant une réglementation particulière. Le premier Judenrat est
nommé à Varsovie le 7 octobre, le premier ghetto formé le 8 octobre, à Piotrków Trybunalski, et les
Juifs de Włocławek sont les premiers en Europe contraints de porter un triangle jaune sur leurs
vêtements (24 octobre). Par décrets du Gouverneur général Hans Frank est institué le travail forcé.
L’abattage rituel est interdit, les comptes bancaires appartenant à des Juifs sont bloqués, le montant
des espèces librement disponibles est limité (26 octobre). Le 23 novembre, le port d’un brassard
avec l’étoile de David est généralisé pour les Juifs âgés de plus de 12 ans (à partir du 1er décembre),
et tous les commerces juifs sont marqués. Le 28, des conseils juifs sont nommés sur l’ensemble du
territoire du Gouvernement général (Trunk, 1996). En janvier 1940, il est interdit aux Juifs de
changer de résidence sans permis spécial (le 11), de faire du commerce dans la rue (le 15), de
voyager en train sans permis spécial (le 26). Les Allemands recensent et enregistrent les biens de
propriété juive (le 24), ferment toutes les synagogues et maisons de prières. Certaines sont brûlées
et détruites (Łódź). Le 18 juillet 1940, il est interdit aux Juifs du Gouvernement général d’entrer dans
certains lieux publics comme les cafés, les restaurants, les hôtels et les parcs (Hilberg, 1991: vol. 1).
Septembre 1939- 1941. Les déplacements massifs de populations***
Le projet nazi d’épuration raciale d’un espace vital n’est conçu que dans ses grandes lignes lorsque
commence l’offensive contre la Pologne. Aussi est-ce dans une certaine improvisation qu’à
l’automne 1939, est entrepris le déplacement de masses considérables de population civiles, dans
des conditions souvent inhumaines, provoquant de nombreuses victimes. Le rassemblement des
Juifs, leur expulsion des territoires annexés au Reich, et leur stationnement provisoire dans des «
réserves » à Nisko et Lublin dans le Gouvernement général, avant leur envoi supposé vers des zones
lointaines (Madagascar, Sibérie), concerne plus 700 000 personnes pendant cette première période.
Pourtant, si les nazis font de nombreux plans d’évacuation, il est difficile de savoir exactement
combien de Juifs et de Tsiganes du Warthegau sont effectivement expulsés. L’organisation est
défectueuse, et surtout Hans Frank exprime des réticences, faute d’espace. De plus, le projet de
colonie juive à Madagascar doit être abandonné (Browning, 2007: 53-128). Dans le même temps,
seule une minorité de Polonais « slaves » doit rester dans le Reich, les autres doivent laisser la place
aux Allemands rapatriés de l’est. Des centaines de trains acheminent les expulsés qui sont
expropriés de leurs biens et ne peuvent emporter que 20 kg de bagages par personne (10 kg par
enfant).
Au total, selon les données allemandes, de septembre 1939 à mars 1941, environ 450 000 à 460 000
Polonais (dont au moins 40 000 Juifs) sont déplacés par trains vers le Gouvernement général
(Sienkiewicz et Hryciuk, 2008: 65). Inversement, de 1939 à 1944, environ 500 000 Allemands
ethniques sont installés dans le Warthegau en provenance principalement de Volhynie, des pays
baltes, de Bukowine et du Gouvernement général (Sienkiewicz et Hryciuk, 2008: 160). Dans le
district de Radom, en 1940-1941, 160 villages sont vidés de leur population polonaise (Chmielarz,
2009: 97).
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Février 1940-avril 1941. Mise en place des ghettos pour les Juifs***
Si le premier ghetto fermé est installé par les Allemands le 28 octobre 1939, à Piotrków Trybunalski
(sud de Łódź), avec 28 000 Juifs, c’est au printemps 1940 que cette politique se généralise. « Conçus
au départ comme des haltes temporaires sur le chemin d’une complète expulsion, les ghettos
urbains devinrent une réalité avec laquelle les autorités allemandes locales, qui ne s’y attendaient
pas, durent composer sur le long terme. […] La ghettoïsation telle qu’elle se produisit en Pologne en
1940 et 1941 découla non pas du télex du 21 septembre 1939 de Heydrich ordonnant la
concentration des Juifs dans les villes, mais de l’échec des Allemands à mener à bien les
déportations que ce télex envisageait pour la suite » (Browning, 2007: 131). En une année, des
centaines de ghettos sont construits et emprisonnent la totalité des Juifs polonais, auxquels
s’ajoutent d’autres Juifs acheminés d’Europe par les Allemands.
L’ordre de constitution d’un « quartier réservé aux Juifs » à Łódź est publié le 8 février 1940 ; le
ghetto est complètement clôturé le 30 avril, avec 160 000 Juifs (cf. Baranowski, 2003(a) ;
Dobroszycki, 1984 ; Podolska, 2006). A Varsovie, le décret de constitution d’un « quartier juif fermé »
est rendu public le 16 octobre, et le ghetto est fermé avec plus de 350 000 personnes dans la nuit du
15 au 16 novembre (Ringelblum, 1961-1963, 1988 ; Archives clandestines du ghetto de Varsovie,
2007 ; Engelking et Leociak, 2001 ; Czerniaków, 1996). A Cracovie, le ghetto est fermé le 3 mars
1941, avec 60 000 Juifs (cf. Pankiewicz, 1998) ; à Lublin, le 20 mars avec 43 000 Juifs (Radzic, 1999)
; à Kielce, le 31 mars avec 24000 Juifs (Maciagowski, 2008) ; à Radom, le 3 avril (32 000 Juifs) ; à
Częstochowa, le 9 avril (12 000 Juifs), etc. (Hilberg, 1991: 188-236 ; Lafitte et Bensoussan, 2006).
Avril-mai 1940. Ouverture du KL Auschwitz***
L’ordre d’aménager un camp de concentration de prisonniers (Konzentrationslager, KL) dans une
ancienne caserne de l’artillerie polonaise à Oświęcim (Silésie) est donné par le Reichführer SS
Heinrich Himmler, le 27 avril 1940. L’idée a été lancée dès la fin de l’année 1939 par des
responsables nazis locaux, inquiets de la surpopulation dans les prisons existantes. Après plusieurs
expertises, le site est choisi car en dehors de la ville et au coeur d’un réseau ferroviaire. Le premier
commandant en chef du camp, le Hauptsturmführer SS Rudolf Höss (1900-1947), est nommé le 4
mai.
Il réquisitionne aussitôt 300 Juifs de la région pour les travaux, ainsi qu’une quarantaine de lycéens
polonais arrêtés à Łódź. Les premiers prisonniers tatoués (de 1 à 30) sont des droits communs
allemands venus de Sachsenhausen (mai) et 728 détenus politiques polonais de la prison de Tarnów
le 14 juin (numérotés de 31 à 758). Après une visite d’Himmler, il est décidé d’élargir les fonctions et
les capacités du camp qui doit prévoir l’accueil de dizaines de milliers de prisonniers. L’ouverture
d’une usine de caoutchouc (IB Farben) et d’une exploitation agricole, est également décidée. En juin
1940, puis en mars 1941, les Allemands expulsent et exproprient la plupart des familles polonaises
résidant à proximité du camp et dans les villages alentours, ils délimitent une « zone des intérêts du
camp » d’environ 40 km2 ; des centaines de personnes sont arrêtées et envoyées aux travaux forcés
en Allemagne (250) ou dans le gouvernement général (1 600).
Les premières années, le camp reçoit surtout des prisonniers politiques polonais et allemands (26
288) et des prisonniers de guerre soviétiques (9 997). Beaucoup meurent lors des travaux
d’élargissement, et du fait de conditions de vie très pénibles. Avant mars 1941, 1 755 prisonniers
sont fusillés ou assassinés, 2 500 meurent de malnutrition ou de brimades par les Schutzstaffel (SS),
puis jusqu’au 31 fin janvier 1942, près de 18 000 détenus meurent de faim, de blessures et en raison
d’un travail aux conditions inhumaines, notamment lors de l’agrandissement du camp et de la
construction des usines. Lors de sa seconde visite, les 17 et 18 juillet 1942, Heinrich Himmler assiste
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à un premier gazage de Juifs. Il décide de transformer le KL Auschwitz en un centre d’extermination
massive de Juifs (Gutman et Berembaum, 1998 ; Czech, 1994: 20-32).
5 et 9 novembre 1940. Formation d’un camp de Tziganes dans le ghetto de Łódź**
Cinq mille sept Tziganes d'Autriche (Burgenland), dont 2 689 enfants, sont enfermés dans un camp
spécial au sein du ghetto de Łódź. Ils sont dépouillés de leurs biens et abandonnés, sans hygiène ni
nourriture suffisante, dans un bâtiment vétuste entouré de barbelés et de fossés. Les médecins juifs
du ghetto ont le plus grand mal à les soigner lorsque se déclenche une épidémie de typhus qui fait
629 morts. En janvier 1942, ils seront tous gazés à l'oxyde de carbone dans des camions, à
Chełmno-sur-Ner (Baranowski, 2003b).
Octobre 1939. Le travail forcé **
Un ensemble de décrets et de règlements rend le travail obligatoire pour tous les citoyens polonais à
partir de 14 ans (12 ans quand ils sont juifs). Ils sont régulièrement réquisitionnés et envoyés en
Allemagne. Les rafles sont constantes dès les premiers jours de l’occupation. En janvier 1941, il y a
déjà 798 000 travailleurs polonais déportés en Allemagne et un million le 15 septembre (Glowny
Urzad Statystyczny, 2003: 307). Beaucoup ne reviendront jamais : sur les 670 000 Polonais du
Warthegau déportés jusqu’en 1944, environ 60 000 meurent là-bas (Sienkiewicz et Hryciuk, 2008:
65). Les Juifs concentrés dans les ghettos sont exploités comme des esclaves sur des centaines de
chantiers ou sur place, dans des ateliers. Ils construisent des routes, des camps, des canalisations,
ou produisent des équipements pour la Wehrmacht (usines Toebbens dans le ghetto de Varsovie ;
une centaine d’ateliers dans le ghetto de Łódź, etc.). Ainsi dans le seul district de Varsovie où l’on
compte 75 ghettos, il y a 76 camps de travail ; 154 dans celui de Lublin, 71 dans celui de Radom et
64 dans celui Cracovie. Chaque jour, des équipes de forçats sont conduites des ghettos vers ces
camps où les conditions de travail sont inhumaines (Janczewska, 2007: 274).
Chronologie dans la zone soviétique
17 septembre 1939-21 juin 1941. Arrestations et répression*
Dès l’avancée des troupes soviétiques, des unités du NKVD procèdent à des arrestations ; des
militaires et des civils polonais sont tués. Les estimations du nombre de victimes demeurent
incertaines. Sur la base des documents que leur ont fournis les Russes au début des années 1990,
les historiens polonais estiment à 110 000 le nombre d’arrêtés (65 000 en Ukraine, 43 000 en
Biélorussie, 2 000 en Lituanie). Environ 40 000 seraient morts en prison. Ces données demeurent
toutefois imprécises. Ainsi, en avril 2009, des experts russes ont laissé entendre que les archives de
Béria contiendraient des estimations plus importantes (Jasiewicz, 2009: 227 et sq.).
Février 1940-juin 1941. Quatre vagues de déportation**
A mesure que les autorités soviétiques « intègrent » les territoires occupés dans les républiques, les
citoyens polonais deviennent des citoyens soviétiques et doivent s’enregistrer pour obtenir le
passeport intérieur. Beaucoup refusent et sont traités comme les autres « éléments
contre-révolutionnaires » (« koulaks », religieux, etc.). Ils sont déportés à l’est en quatre fois : le 10
février 1940 (140 000 personnes), le 13 avril (61 000), en juin (79 000) et en juin 1941 (40 000). Sur
un total de 320 000 personnes, dont 18 % de Juifs, au moins 16 000 personnes sont mortes jusqu’en
août 1941 (Grabowski, 2009: 17 ; Zbikowski, 2006).
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Mars-avril 1940. Exécution par fusillade de prisonniers de guerre polonais**
Parmi les 230 000 soldats polonais prisonniers des soviétiques en 1939, plus de 45 000 connaissent
un sort tragique. Plus de 25 000 restent en captivité jusqu’en août 1941, 2 300 sont morts entre
1939 et 1941, et autant sont arrêtés par les Allemands. Les historiens n’ont pu établir que des listes
nominales partielles et procèdent par estimations. Selon les plus récentes, 14 587 prisonniers ont
été fusillés sur ordre de Staline à Katyń, Kharkov et Tver – une liste nominale de 14 463 victimes,
dont 4 404 officiers à Katyń, est établie (Ciesielski, Materski et Paczkowski, 2009: 17).
III. L’extermination des Juifs et l’épuration raciale du territoire
(1941-1945)
L’occupation allemande s’étend sur l’ensemble du territoire anciennement polonais, suite à l’attaque
contre l’Union soviétique le 22 juin 1941. La ligne de front se déplace très rapidement à l’est, avant
d’être fixée devant Moscou et Stalingrad. Jusqu’en janvier 1944, la Pologne occupée reste une base
arrière de la Wehrmacht , où stationnent des centaines de milliers d’hommes, beaucoup
d’armements et de matériels militaires, mais un enfer pour les populations civiles locales. L’armée et
la Waffen SS se sont coordonnées afin d’éviter les tensions et dysfonctionnements constatés en
1939. A l’arrière, l’administration nazie, le système des camps et des prisons, lesEinsatzgruppen, les
bataillons de police, de gendarmerie et de supplétifs ukrainiens ou lettons contrôlent l’ensemble du
territoire, terrorisent et affament la population.
L’Allemagne nazie s’engage dans « une guerre d’annihilation » à caractère idéologique. Elle poursuit
deux objectifs qu’il faut distinguer par l’intention et le résultat, même si les niveaux de violence
atteints sont dans les deux cas considérables. D’une part, elle implique dès sa préparation le
génocide des Juifs (Browning, 2007: 233-235, 434), au sens défini par le juriste polonais Raphaël
Lemkin (Lemkin, 1944) ; et d’autre part, elle pousse à l’extrême le projet d’épuration raciale des
territoires polonais promis à la colonisation allemande.
La décision allemande d’exterminer tous les Juifs (Endlösung ou « solution finale ») se traduit, à
partir de mars 1942, par la « liquidation » des ghettos et la mise à mort industrielle (Aktion Reihnard
), principalement dans six camps spécialement aménagés à cet effet : Treblinka (800 000 morts),
Bełżec (490 000), Chełmno-sur-Ner (150 000), Sobibór (60 000), Majdanek (60 000),
Auschwitz-Birkenau (300 000), soit un total estimé à 1 860 000 ; les autres Juifs polonais meurent
d’épuisement dans le travail forcé, ou de faim et de maladies dans les ghettos (environ 500 000), ou
encore sont fusillés sur place et dans des forêts telles celles de Ponary (73 000 Juifs sont exécutés de
1941 à 1944). Au total, entre 2,7 et 2,9 millions de Juifs polonais ont été assassinés, soit plus de 90
% de la communauté d’avant guerre (Arad, 1999 ; Grabowski, 2009: 32). D’autres populations sont
associées à leur sort comme les Tziganes. Sur les 75 000-85 000 Tziganes que comptait la Pologne
avant guerre, 50 000 ont été exécutés ou gazés, notamment 21 000 à Auschwitz (Grabowski, 2009:
34).
La terreur contre les autres populations civiles polonaises ne se relâche pas : outre la déportation
massive de travailleurs vers l’Allemagne, les nazis pourchassent la résistance intérieure (Armia
Krajowa, AK) qui, depuis 1942, s’est unifiée. L’occupant multiplie les arrestations, les exécutions
d’otages et les tortures dans les 500 centres de la Gestapo et les prisons. Pour la seule ville de
Varsovie, entre octobre 1943 et juillet 1944, les Allemands procèdent à l’exécution publique de 8
000 personnes (Paczkowski, 1995: 25). Sur les 1,4 million de citoyens polonais (non reconnus juifs)
déportés dans les camps construits en Pologne, le nombre de victimes est estimé à 600 000 environ
(Chmielarz, 2009), dont 75 000 à Auschwitz (Piper, 2007: 212). En 1943, quand le génocide des Juifs
est à son apogée, l’armée allemande entreprend de vastes opérations d’épuration ethnique de l’«
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espace vital » en déplaçant des populations civiles et en détruisant les villages. C’est le cas dans la
région de Zamość en 1942-1943 avec l’évacuation de 116 000 habitants de 300 villages (Sienkiewicz
et Hryciuk, 2008: 65-67), tandis qu’en Ukraine occidentale l’occupant s’appuie sur des groupes
nationalistes qui massacrent des dizaines de milliers de Polonais en Volhynie, en 1943-1944 (Bankier
et Gutman, 2003).
Avec les défaites allemandes à Stalingrad et Koursk (février et juillet 1943), le front s’inverse. Le 4
janvier 1944, l’Armée rouge traverse à nouveau les anciennes frontières polonaises. Staline,
dorénavant allié de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, veut atteindre Berlin au plus vite, en
s’assurant au passage le contrôle du territoire polonais. L’AK qui combat l’occupant allemand sous
l’autorité du gouvernement polonais en exil à Londres, participe à la libération des premières
grandes villes (Wilno, Lwów, Lublin). Une fois les combats terminés, ses chefs militaires et de
nombreux partisans sont arrêtés par le NKVD soviétique et déportés. Un Comité polonais de
libération nationale (PKWN), formé à Moscou, s’installe à Lublin le 30 juillet.
Le 1er août 1944, alors que l’Armée rouge s’approche de la capitale, l’AK appelle au soulèvement de
Varsovie. Abandonnée par Staline qui contient ses forces de l’autre côté de la Vistule, la « bataille de
Varsovie » est écrasée par la Wehrmacht après deux mois de combats acharnés (150 000 morts du
côté polonais). Les Allemands et leurs supplétifs ukrainiens évacuent les 650 000 civils rescapés de
la capitale et de ses environs, dont 60 000 sont envoyés dans les camps de concentration (cf.
Grabowski, 2009: 34 ; Kunert, 2009: 185).
Enfin, l’hiver 1944-1945, les populations civiles allemandes fuient face à l’avancée soviétique, ou
sont évacuées dans des conditions dramatiques, alors même que les nazis poursuivent jusqu’au
dernier moment leur objectif génocidaire (marches de la mort, Auschwitz).
Au total, les historiens polonais considèrent aujourd’hui qu’il est impossible d’établir exactement le
nombre de victimes civiles pendant la Seconde Guerre mondiale. En se référant aux frontières de
1939, et en confrontant toutes les sources existantes (polonaises, allemandes, soviétiques), ils
l’estiment entre 5,47 et 5,67 millions de citoyens polonais. Ce qui comprend : 2,7 à 2,9 millions de
Juifs, 1,8 million de Polonais (1,55 million victimes des Allemands, environ 100 000 des Ukrainiens, et
200 000 ou 300 000 des Soviétiques), 50 000 Tsiganes et un peu moins d’un million issus des
anciennes minorités allemande, ukrainienne, biélorusse ou autres (Materski et Szarota, 2009: 9, 18).
Chronologie
Juin-août 1941. Exécutions par les Einsatzgruppen ***
Dans les mois qui ont précédé l’offensive allemande contre l’URSS, quatre Einsatzgruppen de la
Police de sécurité et du service de sécurité (SD) ont été préparés sur ordre de Himmler, pour « veiller
à la sécurité » des zones conquises à l’arrière des troupes. Ces trois mille hommes partagés en
groupes A, B, C et D, sont déployés le long de l’Elbe (dans le secteur de Pretzsch) et organisés en
petites unités (Einsatzkommandos ) pour suivre l’avancée de la Wehrmacht , le 22 juin. Et dès les
premiers jours, ces unités arrêtent et fusillent des populations civiles juives. C’est le début des
exécutions génocidaires de masse, même si les historiens ne s’accordent pas sur la date exacte de
transmission de « l’ordre de mise à mort des Juifs » sans considération « de personne, de sexe ni
d’âge » (cf. Husson, 2008: 447-451). Deux de ces groupes d’intervention se chargent des anciens
territoires polonais occupés par les Soviétiques, avant de continuer plus à l’est, vers Minsk et Kiev.
Au nord-est, des commandos de l’Einsatzgruppe B atteignent Vilnius le 30 juin, et Białystok le 1er
juillet. Dans l’ancienne Lituanie, des groupes de supplétifs organisés avec l’aide de la police de
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sécurité allemande se livrent à de nombreux massacres de Juifs à Kaunas (3 800 Juifs en juillet) et
dans la région de Vilnius où, avec l’aide des auxiliaires lituaniens, l’Einsatzkommando IX fusille 500
Juifs par jour (Hilberg, 1992: 119-120). Les exécutions sont immédiates à Białystok où près de 900
Juifs sont tués en deux jours, 700 autres sont entassés dans la synagogue et brûlés vifs ; puis après
une visite surprise de Himmler le 9 juillet, une nouvelle opération de liquidation fait entre 1 200 et 3
000 victimes le 10. Au total près de 4 000 Juifs sont exécutés en deux semaines. Et le 1er août,
après avoir nommé un Judenrat, les 42 000 Juifs restant sont regroupés dans un ghetto et forcés au
travail.
Au sud-est, l’Einsatzgruppe C pénètre en Galicie (laquelle sera intégrée au Gouvernement général le
1er août) et marche sur Kiev. Des unités entrent dans Lwów dès le 30 juin, le lendemain de la prise
de la ville. L’atmosphère est au pogrom. Les Soviétiques ont fusillé 3 500 prisonniers ukrainiens
avant de fuir. La foule ukrainienne se retourne contre les Juifs et, pendant trois jours, des centaines
d’entre eux sont tués dans les rues, sous l’oeil bienveillant de la Wehrmacht (1-3 juillet). Ensuite, «
sur ordre du Führer » et en représailles de ce désordre, un millier de Juifs de sexe masculin,
rassemblés sur un terrain de sport par les milices ukrainiennes, sont fusillés par un commando de
l’Einsatzgruppe C. Enfin, après avoir nommé un Judenrat, le ghetto de Lwów est fermé le 15
décembre, avec 120 000 Juifs.
Une trentaine d’autres ghettos sont encore formés en Galicie, tandis que se multiplient les
massacres à l’arrière des troupes de la Werhmacht, avec souvent la participation des populations
locales : pogrom à Borysław (2 juillet) avec 350 morts ; à Złoczów, la milice ukrainienne exécute 1
400 Juifs (le 3) tandis qu’à Tarnopol, les Allemands et les Ukrainiens en massacrent 4 500 (les 3-6).
En août, exécution de 6 000 Juifs à Pińsk (le 6) et de 22 200 Juifs à Kamieniec-Podolski (les 26-28).
Les massacres se poursuivent en septembre-octobre, avec notamment le 12 octobre, la tuerie de 10
000 personnes à Stanisławów, puis l’exécution de 40 000 Juifs par les commandos de l’Einsatzgruppe
B, dans la forêt de Ponary à 13 km de Vilnius (Arad, 1999 ; Ogorreck, 2007: 127-171 ; Hilberg, 1991:
236-337 ; Goldhagen, 1997: 139-185). Il ne fait aucun doute que dès ce mois de juillet, des femmes,
des enfants et des vieillards en proportions grandissantes, figurent parmi les victimes juives (cf.
Husson, 2008: 160-161).
5-10 juillet 1941. Vague de pogroms dans la région de Łomża***
Dans la région de Łomża, au nord-est de l’actuelle Pologne, juste après que les troupes soviétiques
se soient retirées, et alors que les Allemands ne sont pas encore là, des meurtres collectifs de Juifs
par leurs voisins polonais ont lieu dans une vingtaine de localités. Les plus violents sont ceux de
Jedwabne et de Radziłów, un bourg voisin (Żbikowski, 2002: 159-273).
A Jedwabne, le 10 juillet 1941, la population catholique maltraite les 800 à 900 Juifs du village, ils
sont rassemblés dans une grange et brûlés vifs. Les habitants s’accaparent ensuite leurs biens
(Gross, 2002). A Radziłów, le 7 juillet, 500 Juifs sont rassemblés et tués par leurs voisins polonais,
dont certains à coup de hache (Bikont, 2004: 277-285). Des petites unités allemandes de la SS et de
la Sicherheitspolizei (Sipo) encouragent, au même moment, la population locale à ce type d’action.
Leur présence est avérée à Radziłów mais pas à Jedwabne (cf. Machcewicz et Persak, 2002: 39).
Mars 1942-novembre 1943. « L’Aktion Reinhard »***
La plupart des historiens s’accorde pour situer à l’automne 1941 la décision de Hitler de passer à
une nouvelle phase de « la solution finale de la question juive » (Endlösung der Judenfrage ), et
d’assassiner tous les Juifs d’Europe. Sa mise en oeuvre est placée sous l’autorité suprême du
Reichfürher SS Heinrich Himmler et coordonnée par le Obergruppenführer SS Reinhard Heydrich.
Lors de la conférence qui réunit à Wannsee les responsables du Reich (20 janvier 1942), il est décidé
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que « l’Europe sera passée au peigne fin d’ouest en est », en commençant par les territoires
annexés au Reich et le Gouvernement général (cf. Husson, 2008: 311 et sq.). A cette conférence, «
les implications en terme de génocide sont totalement et manifestement claires », commente un
historien (Browning, 2007: 434 ; Arad, 1999).
Organisation. Sur l’ancien territoire polonais, l’opération est dirigée par le Brigadeführer SS Odilo
Globocnik (1904-1945), chef de la police et des SS du district de Lublin, qu’Himmler avait nommé
plénipotentiaire pour la création des centres SS et de police sur les territoires Est. Il est assisté par le
Sturmbannführer SS Hermann Höfle (1911-1962), responsable de l’organisation des déportations,
des camps et du pillage économique des victimes, et par le Polizei-Kriminalkommissar Christian
Wirth (1885-1944), lui-même en contact direct avec la chancellerie du Reich, organisateur et
inspecteur des camps d’extermination. Ce commandement et son administration sont installés à
Lublin. L’opération est nommée « Aktion Reinhard » en hommage à son concepteur, Reinhard
Heydrich, abattu à Prague par un groupe de résistants, le 27 mai 1942.
En moins de deux années, ils disposent de toutes les forces armées nécessaires (police,
gendarmerie) et de l’administration allemande du Gouvernement général et du district de Białystok,
pour exécuter environ deux millions de Juifs, et s’approprier leurs biens. Le butin réuni est évalué par
Globocnik, en janvier 1944, à 178 045 960 Reichsmark – environ 700 millions d’euros (Libionka,
2004).
Les camps d’extermination.
Dès l’été 1941, les responsables nazis ont conscience que les fusillades et l’épuisement par le travail
ou la faim ne suffisent pas pour mettre à mort tous les Juifs. Ils font appel à la technique du gazage
sur la base de l’expérience du programme T4 d’élimination des aliénés et des handicapés dans le
Reich, et des « camions à gaz » utilisés au début de l’offensive contre la Pologne en 1939-1940. Sous
l’impulsion d’Heydrich, des expériences sont tentées à Sachsenhausen, Koźminek et Auschwitz. Elles
sont concluantes. Le 3 septembre 1941, 600 prisonniers de guerre soviétiques sont gazés dans le
sous-sol du block 11, à Auschwitz, puis d’autres groupes. Et dès l’automne 1941, il est décidé de
généraliser l’utilisation du gaz Zyklon B pour mener à bien l’extermination des Juifs (Piper, 2007:
180). Ainsi, des camps d’un type nouveau sont nécessaires. Anticipant les ordres d’Hitler, les
responsables SS s’y préparent :
Dans le Warthegau, un Gauleiter (chef d'une branche régionale du NSDAP) a l’idée dès juillet de fixer
une station de gazage par l’oxyde de carbone, à Chełmno-sur-Ner (80 km de Łódź) et la met en
service avant les planifications de Wannsee. Le 7 décembre, les premiers convois arrivent de Koło,
un village voisin, et 700 Juifs sont gazés dans un camion. Les 5-12 janvier 1942, c’est le tour des 5
000 Roms autrichiens du ghetto de Łódź, puis le 16, de 5 000 enfants et vieillards juifs du même
ghetto (Baranowski, 2003(b) ; Krakowski et Pawlicka-Nowak, 2004).
Le 13 octobre 1941, Himmler et Globocnik décident d’établir un centre de mise à mort à Bełżec (la
construction commence en décembre). Son maître d’oeuvre, Christian Wirth, y met au point des
techniques de gazage de masse (Reder, 1999 ; Kuwałek, 2007; Sereny, 2007: 118).
Le camp d’extermination à Sobibór est construit en mars 1942, et dès le 16 avril arrivent les
premiers convois à gazer (Sereny, 2007 ; Lanzmann, 2003).
Enfin, en mai-juin 1942, est construit le camp d’extermination de Treblinka, au nord de Varsovie
(Sereny, 2007 ; Wiernik, 2003 ; Rajchman, 2009).
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En quelques mois, les nazis font donc construire quatre centres de mise à mort pour l’Aktion
Reinhardt , auxquels il faut ajouter des complexes de chambres à gaz dans deux camps de
concentration. A Majdanek, près de Lublin, des chambres à gaz sont opérationnelles à partir d’avril
1943 (Kranz, 2007). Tandis qu’à Auschwitz-Birkenau, une seconde chambre à gaz devient
opérationnelle le 30 juin 1942, avant que le camp devienne, début 1943, la plus grande usine de
mort pour les Juifs d’Europe (Gutman et Berembaum, 1998 ; Piper, 2007).
La mise à mort.
Mars 1942 peut être considéré comme le début de la mise à mort systématique des Juifs polonais,
avec la liquidation du ghetto de Lublin et la déportation de 26 000 Juifs vers le camp d’extermination
de Bełżec (du 17 mars au 14 avril), puis à partir du 18 mars, les déportations du district de Galicie
(Lwów) ininterrompues jusqu’à la mi-juin. Dès lors, les massacres, les déportations et les gazages
immédiats ne vont cesser.
Juin 1942 : Premières déportations du district de Cracovie vers Bełżec (le 3) ; reprise des
déportations des Juifs des ghettos du district de Galicie (le 15).
Juillet : Massacre de 1 800 Juifs de Józefów (le 13). Ordre d’Himmler enjoignant d’achever le
processus d’extermination des Juifs du Gouvernement général d’ici la fin 1942 (le 19). Premier
convoi vers le camp d’extermination de Treblinka (le 22), début de la « Grande Action » dans le
ghetto de Varsovie, déportation de plus de 300 000 Juifs (jusqu’au 21 septembre) ; suicide d’Adam
Czerniaków, président du Judenrat de Varsovie (le 23). Liquidations des autres ghettos du district de
Galicie et du district de Cracovie.
Août : Déportations des Juifs du district de Radom, de Kielce, de Częstochowa, et d’autres ghettos
de province. Déportation des enfants et des éducateurs de l’orphelinat de Janusz Korczak vers le
camp d’extermination de Treblinka (les 5-6) ; massacre de 1 600 Juifs à Łomazy (le 19) ;
déportations des Juifs des ghettos du district de Varsovie (le 19).
Novembre : Début de la liquidation des ghettos juifs de la région de Białystok et déportations vers
les camps d’Auschwitz et de Treblinka (le 2). Fusillade SS dans le ghetto de Drohobycz faisant une
centaine de morts, dont l’écrivain polonais Bruno Schulz (le 19).
Décembre : Dernier convoi entrant dans le camp de Bełżec (le 11) ; fin des gazages, brûlage des
corps jusqu’en mars 1943, suivi de la destruction du camp.
Au 31 décembre : 1 274 166 Juifs ont déjà été assassinés dans les camps de Bełżec, Sobibór,
Treblinka et Majdanek (selon les rapports allemands).
Janvier 1943 : Deuxième action de déportation des Juifs du ghetto de Varsovie ; premiers
affrontements de la résistance juive (Organisation juive de combat, ŻOB) avec les Allemands (les
18-21).
Mars : Ouverture de deux nouveaux fours crématoires à Auschwitz-Birkenau ; pour la première fois,
1 500 Juifs sont gazés au Zyklon B en une seule journée (le 13).
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Avril : Fin de la première période de fonctionnement du camp d’extermination de Chełmno (les
7-11), il reprendra de l’activité en avril 1944 pour la liquidation du ghetto de Łódź. Début de
l’insurrection du ghetto de Varsovie (le 19), appel aux Polonais par le ŻOB : « C’est une lutte pour
notre liberté et pour la vôtre » (le 23) ; 23 groupes se battent rassemblant environ 500 combattants
armés. La droite sioniste (Union militaire juive, ZZW) se bat de son côté autour du square Muranów,
avec environ 200 combattants organisés en deux unités (Libionka, 2008). Des tentatives d’appuis
extérieurs de la résistance polonaise échouent : celle des gardes populaires communistes (GL) le 22
avril, et celle d’un détachement de l’AK le 27.
Mai : Les Allemands repèrent le bunker du commandement du ŻOB rue Miła ; mort des combattants
dont Mordechaj Anielewicz (le 8). A Londres, suicide de Szmul Zygielbojm, membre du Conseil
national de Pologne, syndicaliste et militant du Bund, en signe de protestation contre le silence et la
passivité du monde face à l’extermination des Juifs (le 12) ; dynamitage par les Allemands de la
grande synagogue de Varsovie, rue Tłomackie, en signe de l’étouffement définitif de l’insurrection du
ghetto (le 16). Seuls des petits groupes de combattants réussissent à se sauver (28 avril et 10 mai),
les nazis déportent 56 000 survivants vers les camps de Majdanek, Poniatowa et Trawniki.
Juin : Résistance juive armée contre la liquidation du ghetto de Częstochowa (les 23-25).
Août : révolte dans le camp d’extermination de Treblinka ; continuation des opérations
d’extermination au gaz jusqu’à fin août puis destruction du camp par les Allemands en septembre.
Reprise des déportations de Juifs de la région de Białystok ; résistance armée dans le ghetto de
Białystok et résistance armée des prisonniers juifs lors de la liquidation du camp de travail de
Krychów (le 16) ; résistance armée lors de la liquidation des derniers Juifs à Będzin et Sosnowiec.
Octobre : Révolte dans le camp d’extermination de Sobibór, plus de 200 prisonniers s’évadent (le
14). Liquidation finale du ghetto de Mińsk (le 21).
Novembre : Sous le nom de code « Fête de la Moisson », les derniers Juifs des camps de travail sont
fusillés en deux jours, dans le district de Lublin : ils sont concentrés à Majdanek (18 000 fusillés) le 3
novembre, à Trawniki (6 000 fusillés) et à Poniatowa (14 000 fusillés) le 4 novembre. Le camp de
travail juif où ont été brûlés plus de 300 000 corps, rue Janowska à Lwów, est détruit le 9 novembre.
[Cette liste de massacres et exécutions n’est pas exhaustive ; se reporter à : Arad, 1999 ; Libionka,
2004 ; Browning, 2002 ; Piper, 2007 ; Kranz, 2007 ; Kuwałek, 2007]
Février 1942-27 janvier 1945. L’extermination des Juifs d’Europe***
Les centres d’extermination construits par les nazis sur l’ancien territoire polonais servent
également à l’extermination des Juifs d’Europe. Dès janvier 1942, des Juifs allemands, autrichiens ou
tchèques qui avaient été déplacés dans les ghettos, figurent parmi les victimes. Et, à partir de février
1942, des convois de Juifs venant d’autres pays européens se dirigent vers Sobibór ou Majdanek, et
surtout Auschwitz-Birkenau.
Le premier transport de Juifs « étrangers » à Auschwitz vient de Bytom (alors en Allemagne) le 15
février 1942, et le dernier de Hongrie, le 2 mai 1944. Entre temps, des Juifs arrivent de France, des
Pays-Bas, de la Belgique, de la Yougoslavie, des pays tchèques et de Moravie, de Norvège, de Grèce
et d’Italie. Environ 960 000 Juifs sont assassinés sur 1,1 million déportés à Auschwitz. Les derniers
gazages ont lieu le 2 novembre 1944 (cf. Piper, 2007). Le 18 janvier 1944, la majorité des SS quittent
le camp, en emmenant 66 000 détenus dans une « marche de la mort » ; le 20, les derniers SS
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dynamitent les crématoires II et III, puis le crématoire V juste avant de s’enfuir le 26. Le 27 janvier, le
camp est libéré par les troupes soviétiques (Wieviorka, 2005).
Novembre 1941- août 1943. Déportations des Polonais de la région de Zamość**
Le projet d’épuration raciale des nazis comporte, outre le déplacement de populations, l’expulsion et
souvent la destruction de villages entiers. Ainsi dans la région de Zamość commence, en novembre
1941, dans le même temps que l’extermination de centaines de milliers de Juifs, une vaste opération
de déportation des Polonais (Kuklowski, 2008). Jusqu’en août 1943, 300 villages sont vidés et parfois
incendiés, 110 000 personnes (dont 30 000 enfants) sont déportées, soit vers Auschwitz et
Majdanek, soit vers l’Allemagne comme travailleurs forcés (Sienkiewicz et Hryciuk, 2008: 67).
Mars 1943-février 1944. Les massacres de Volhynie*
Dans les provinces anciennement polonaises de l’Ukraine occupée par les Allemands, les incidents
entres Polonais (minoritaires) et Ukrainiens sont fréquents à partir de 1941. Les deux organisations
nationalistes – l’OUN d’Andriy Melnyk qui forme ses propres divisions SS en accord avec l’occupant,
et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) de Stepan Bandera qui entre dans la lutte clandestine
en 1942 – attisent ces haines interethniques aux multiples référents historiques. En mars 1943, se
répand une vague d’opérations meurtrières visant à « nettoyer » le territoire des populations
polonaises. Elle commence dans la zone orientale (Kostopol, Sarny) où 15 000 personnes sont tuées
en un mois, pour se poursuivre en avril dans les cantons de Łuck et Krzemieniec, et atteindre son
plus haut niveau de violence à Kowel et Włodzimierz Wołynski (juin-juillet) et Lubomel (août). En
juillet, l’AK envoie des émissaires pour tenter de négocier. Ils sont tués par l’UPA. La cruauté des
massacres est encore très présente dans la mémoire polonaise : les villages brûlés, les paysans
assassinés avec des fusils, des haches, des scies, des faux ou des couteaux, certains crucifiés.
Au total, les historiens ne sont d’accord ni sur l’ampleur ni sur l’intention de ces massacres, bien que
des discussions avancent entre spécialistes des deux pays (Paczkowski, 2007). Le nombre retenu de
victimes varie : entre 35 000 et 60 000 Polonais de juin à décembre 1943 (Sienkiewicz et Hryciuk,
2008: 69) pour un total, dans toute l’Ukraine et de 1942 à 1945, d’environ 100 000, dont 60 000 en
Volhynie (Materski et Szarota, 2009: 9.) Les Ukrainiens évoquent de leur côté des représailles de l’AK
qui auraient fait des dizaines de milliers de morts (15 000 à 20 000 de source polonaise). Le
deuxième point en discussion concerne les responsabilités des organisations nationalistes
ukrainiennes, et leur concertation ou non avec les Allemands. Il semble toutefois avéré qu’à partir de
mars 1942, leurs dirigeants ont planifié le déplacement (sinon l’élimination) des populations
polonaises (Filar, 2003).
1er août-5 octobre 1944. L’insurrection de Varsovie***
Déclenchée le 1er août 1944 à 17h par le commandant de l’AK, le général Tadeusz Bór-Komorowski
(1895-1966), la « bataille de Varsovie » se veut une étape décisive de l’opération « Burza » («
Tempête ») commencée plus à l’est en février, afin de libérer le pays. Abandonnée par ses alliés, elle
se solde par un échec. Après des semaines de combats héroïques, les pertes humaines sont
évaluées à 150 000 morts du côté polonais (16 000 à 18 000 insurgés de l’AK, et 120 000 à 130 000
civils). La ville est vidée de sa population et systématiquement détruite par les Allemands et leurs
supplétifs ukrainiens. Cinq cent cinquante mille Varsoviens et plus de 100 000 habitants des
environs sont chassés de chez eux, dont 160 000 déportés en Allemagne (travaux forcés) et 55 000
dans des camps à Ravensbrück, Auschwitz, Mauthausen et Sachsenhausen (Kunert, 2009: 185 ;
Muzeum Powstania Warszawskiego).
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Juillet 1944-janvier 1945. Arrestations et déportations par le NKVD**
L’entrée des troupes soviétiques dans les limites de l’ancien territoire polonais et la retraite des
Allemands donnent lieu à de nombreuses exactions des soldats contre les populations civiles (viols,
vols, répression, etc.) touchant probablement des dizaines de milliers de personnes. Le PKWN formé
à Moscou s’installe à Lublin le 30 juillet. Son appareil de sécurité procède, avec l’appui de conseillers
du NKVD venus de Moscou, à l’arrestation des cadres de l’AK dans les zones libérées. Puis, à partir
d’octobre, suite au renforcement du dispositif par le général du NKVD, Ivan Serov (1905-1990), les
arrestations touchent les soldats du rang et des civils sympathisants de l’AK. Selon une estimation
prudente, 20 000 à 25 000 personnes sont arrêtées avant la fin 1944 dans « la Pologne de Lublin »,
c’est-à-dire la zone contrôlée par l’Armée rouge (3,5 millions de soldats soviétiques stationnent sur
ce territoire) (Wnuk, 2008: 15).
Octobre 1944-mai 1945. Evacuation et fuite des populations civiles allemandes**
Le franchissement par les troupes soviétiques des frontières de la Prusse orientale, le 16 octobre
1944, soulève une grande inquiétude parmi les populations civiles allemandes originaires de ces
régions, ou bien transplantées par les nazis. Les 21-22 octobre, les soviétiques exécutent une
trentaine de civils dans un petit village allemand (Nemmersdorf), et c’est la panique. Les civils
fuient. De vastes opérations d’évacuations sont improvisées par les autorités locales nazies et la
Wehrmacht , dans des conditions catastrophiques, faisant de très nombreuses victimes. En moins
d’un an, plus de six millions de civils se lancent sur les routes ou se ruent sur des bateaux : 2,1
millions fuient, souvent par mer, les régions de Königsberg et Gdańsk, 1,1 million la Poméranie, 812
000 la région de Łódź et 3,2 millions la Silésie. Ces convois et bateaux de réfugiés sont traités
comme des cibles militaires par l’Armée rouge, l’aviation les pilonne, des bateaux sont coulés. Le 30
janvier 1945, c’est le cas du Wilhelm Gustloff au large de Gdańsk, qui transporte 10 000 réfugiés
(Grass, 2002) ; ou du Steuben, le 10 février (4 300 réfugiés) ou encore du Goya, le 16 avril (7 000
réfugiés). Souvent, les populations civiles sont évacuées au dernier moment dans des conditions
dramatiques, comme en janvier, ces 60 000 femmes et enfants que partent de Breslau (Wroclaw) à
pied et dans la neige, alors que la ville est bombardée depuis deux jours par les Russes (Sienkiewicz
et Hryciuk, 2008: 166-175).
1939-1945. Les camps, les prisons et la germanisation des Polonais**
Le nombre de victimes polonaises non juives de la répression allemande, est estimé aujourd’hui, sur
la base d’une recherche commune d’historiens polonais et allemands, à 1,55 million de personnes
tuées, dont 1,3 million dans le Gouvernement général (Materski et Szarota, 2009: 18-19). Cette
estimation correspond aux calculs effectués par l’historien Czesław Łuczak en 1994. Outre les
massacres et déportations, déjà cités, les données suivantes sont établies.
Les Allemands ouvrent à partir de 1939, sur l’ancien territoire polonais, 18 camps de concentration,
1 978 camps de travail, et 214 camps de transit ; parmi les 500 prisons de la Gestapo où la torture
est régulière, certaines se distinguent par le nombre d’exécutions : le Fort VII à Poznań avec une
chambre à gaz (10 000 à 15 000 morts), le Fort VII Twierdzy à Toruń (1 500 fusillés), le Château de
Lublin, la Rotunda à Zamość, la prison de Radogoszcz à Łódź, celle de Montelupich à Cracovie ou de
Pawiak à Varsovie. Dans cette dernière 60 000 à 65 000 personnes ont été emprisonnées, dont 32
000 ont été exécutées (souvent publiquement) et 23 000 déportés vers des camps.
Le sort des enfants polonais de moins de 16 ans, jugés « aryens », est mal connu : environ 200 000,
souvent très jeunes, sont envoyés dans des familles en Allemagne (Lebensborn ) ; seulement 15 %
(30 000) sont récupérés après la guerre. Un autre groupe d’enfants est soumis à un traitement
spécial, celui des familles déplacées rassemblées dans des camps de transit, ainsi dans la région de
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Gdańsk (Nakło) près de 800 enfants de moins de 14 ans sont morts en 1939. De même dans les 22
camps de Polonais qui refusent de signer la Deutsche Volksliste, organisés en Silésie, il y a une
grande proportion d’enfants – de 38 à 42 % selon les camps. (Chmielarz, 2009: 91-100). Un camp de
travail pour enfants polonais est ouvert à Łódź en décembre 1942. Selon les dernières estimations, il
compte 1 600 garçons et filles, certains meurent du typhus ou de l’épuisement au travail, 136 sont
exécutés ; à leur libération, en janvier 1945, ils ne sont plus que 900 (Podolska, 2009: 164).
IV. La prise du pouvoir par les communistes (1945-1948)
La Pologne, libérée de la férule nazie, reste sous contrôle de l’Armée rouge et du NKVD, tandis que
les communistes polonais et leurs alliés s’emparent du pouvoir. Les conférences interalliées de Yalta
et de Potsdam (février et août 1945) entérinent les frontières imposées par Staline, attribuent à la
Pologne de nouveaux territoires (Prusse orientale, Silésie), et préconisent des échanges de
populations.
Un gouvernement provisoire de coalition est censé réorganiser le pays dans ses nouvelles frontières,
et préparer des élections libres et démocratiques. Or, en mars, lorsque la résistance liée au
gouvernement de Londres envoie 16 délégués pour négocier, le NKVD les arrête et les déporte en
URSS. Il faudra encore quelques mois, et la pression insistante de Churchill, pour que soit constitué,
le 28 juin, un Gouvernement provisoire d’union nationale (TRJN) avec la participation de Stanisław
Mikołajczyk (1901-1966), le chef du gouvernement en exil à Londres. Ce gouvernement est dominé
par les communistes et leurs alliés. Il organise un référendum (juin 1946) et des élections générales
(janvier 1947) qui sont truqués. La fraude massive donne le pouvoir absolu aux communistes de
Bolesław Bierut (1892-1956) qui interdisent les autres partis. Mikołajczyk démissionne et doit s’exiler
(Paczkowski, 1995: 79-99 ; Roszkowski, 2005: 151-170).
Cette confusion politique, alors que le gros des armées soviétiques s’est déplacé à l’ouest (bataille
de Berlin avril-mai 1945), renforce la popularité de groupes armés qui refusent ce qu’ils considèrent
comme une nouvelle occupation soviétique. Le Comité national en exil à Londres est officiellement
dissout le 1er juillet et l’AK le 8 août. Des groupes de partisans refusent de se rendre malgré des
promesses souvent trompeuses d’amnistie. Dès septembre, ils se constituent en un mouvement de
résistance pour « la liberté et l’indépendance » (WiN). De leur côté les formations issues de la
résistance ultranationaliste (Forces armées nationales, NSZ) forment leurs propres commandos
antisémites et antisoviétiques. Cette résistance obtient de premiers succès contre les forces de
sécurité, en 1945-1946, notamment dans l’est du pays. Mais elle est violemment réprimée et
pourchassée. Parallèlement, le pouvoir réussit à convaincre de nombreux partisans à se démobiliser
en échange d’une nouvelle amnistie en avril 1947 (Wnuk, 2008).
Cette guerre civile, se déroule dans un pays en ruines, exsangue, où se croisent sans cesse des
réfugiés et des populations en transit suite aux accords de Potsdam. De vastes transferts
s’organisent et sont l’occasion de violences contre les populations civiles : 3,5 millions d’Allemands
sont déplacés à l’ouest de l’Oder (février 1946-octobre 1947), d’autres sont déportés en URSS ; un
demi-million d’Ukrainiens sont envoyés en Ukraine (octobre 1944-juin 1946) ou dispersés sur le
territoire polonais (« Action Vistule » en 1947) ; et en « contrepartie », 1 200 000 Polonais sont
rapatriés des Confins vers les « terres recouvrées » anciennement allemandes. Enfin, plus de 2
millions de déportés polonais rentrent de captivité en Allemagne ou en Union soviétique (Sienkiewicz
et Hryciuk, 2008).
Parmi eux, le rapatriement en février 1946 de 137 000 Juifs (Sienkiewicz et Hryciuk, 2008: 144) qui
ont survécu dans des « colonies » en URSS, est l’objet de nombreux incidents : plus d’un millier de
Juifs sont assassinés dans des trains et sur des routes, tandis que plusieurs pogroms (notamment
celui dans la ville de Kielce, en juillet1946) s’attaquent aux rescapés (Szajnok, 2006).
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Enfin, dans les zones annexées par l’URSS, la férule stalinienne s’impose et fait taire toute velléité
nationaliste ou démocratique. Les populations polonaises sont priées manu militari de se déplacer de
l’autre côté des nouvelles frontières, tandis que les opposants (surtout les anciens résistants) sont
emprisonnés et déportés (dernières déportations en janvier 1952).
Chronologie
Mars 1945-avril 1947. Arrestations, emprisonnement et déportations des résistants**
Malgré la répression de l’automne 1944, il reste encore début 1945 plus de 100 000 partisans
organisés dans la clandestinité. En mars 1945, les services de sécurité polonais (UB) deviennent
pleinement opérationnels grâce à l’encadrement soviétique (NKVD). Ils combinent une action
répressive ciblée, souvent très violente (exécutions), avec des tentatives de convaincre les partisans
de se rendre. Après une brève période faste pour les « hommes de la forêt » (avril-juin 1945),
l’offensive politique, confortée par la formation du gouvernement provisoire et les décisions de la
conférence de Potsdam, atteint un premier résultat : environ 30 000 partisans se démobilisent suite
à l’amnistie d’août 1945. La plupart des grandes unités de WiN sont dissoutes. Puis, en 1946, après
plusieurs affrontements et de nombreuses opérations policières, les groupes restant sont
désorganisés. Les élections truquées de janvier 1947 et la consolidation du pouvoir communiste
rendent difficile la continuation des combats. 76 574 partisans profitent d’une nouvelle amnistie (53
517 quittent la clandestinité, 23 257 prisonniers reconnaissent leur implication), et le gros de la
résistance est démantelé. Il ne reste plus que quelques centaines de partisans, de plus en plus isolés
– les derniers rendront les armes en 1956 (Wnuk, 2008: 20). Au total, le nombre de victimes de cette
« guerre civile » est estimé à « 8 000 à 10 000 partisans » (Paczkowski, 2007: 168), 12 000 agents
de sécurité, et environ 79 000 arrestations, majoritairement parmi ceux qui soutenaient les partisans
(Wnuk, 2008: 20-21).
Février 1946-octobre 1947. Déplacement des populations allemandes et ukrainiennes**
Le déplacement des populations allemandes, conformément aux décisions de Potsdam, se fait dans
de meilleures conditions qu’en 1944. Suite à des accords bilatéraux en 1946, 1,2 million de
personnes sont déplacées vers la zone d’occupation britannique (février 1946) et 2,3 millions vers
celle des soviétiques (mai) ; les transferts sont terminés en octobre 1947. Le climat est toutefois
difficile, notamment en Silésie. Quelques dizaines de milliers d’Allemands sont déportés en URSS et
des milliers enfermés dans des camps et contraints aux travaux forcés en Pologne jusqu’au début
des années 1950 (Sienkiewicz et Hryciuk, 2008: 188). De même, d’octobre 1944 à juin 1946, le
déplacement de 480 000 civils ukrainiens vers l’Ukraine est organisé dans des conditions négociées.
Mais l’année suivante, le pouvoir communiste s’obstine contre les villages ukrainiens restants. Il
engage une campagne militaire d’épuration connue sous le nom « Action Vistule » : en juin-juillet
1947, les villages sont détruits et leurs habitants (141 000 « bandits ukrainiens ») dispersés sur les
nouvelles terres de l’ouest (Sienkiewicz et Hryciuk, 2008: 214-215).
1945-1946. Pogroms et crimes antisémites***
Au milieu de ces transferts de population et de ces foules de réfugiés, les conflits locaux et les
haines ethniques s’aggravent. Des Juifs reconnus au faciès sont attaqués dans la rue et dans les
trains, un millier est assassiné en quelques mois – les estimations varient entre 500 et 1 500 morts
selon les historiens (cf. Gross, 2008: 34-80 ; Engel, 1998). Dans la région de Lublin, 118 meurtres
sont documentés entre l’été 1944 et l’automne 1946 (Kopciowski, 2007). Plusieurs rixes tournent au
pogrom à Cracovie (août 1945), à Rzeszów (juin 1945), et surtout à Kielce. Dans cette ville, le 4
juillet 1946, la foule s’attaque pendant une journée à un centre de réfugiés, suite à la disparition
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d’un enfant. Elle accuse les Juifs de pratiquer le « meurtre rituel ». Au final, 42 Juifs sont assassinés,
dont des femmes et des enfants (Szajnok, 2006 ; Maciagowski, 2008). Les mois suivants, près de 70
000 Juifs fuient la Pologne (Sienkiewicz et Hryciuk, 2008: 145).
1944-1952. Rapatriement des Polonais**
Suite à un accord entre le PKWN et les Soviétiques (septembre 1944), puis après la conférence de
Potsdam (août 1945), les citoyens polonais restés au-delà des nouvelles frontières sont rapatriés et
généralement installés dans les anciennes régions allemandes. Entre 1944 et 1946, environ 1,2
million de civils sont rapatriés (dont 620 000 de Galicie occidentale, 134 000 de Volhynie, 26 000 de
Biélorussie et 148 000 de Lituanie). De l’ouest reviennent plus de 2 millions de prisonniers et
travailleurs forcés (dont 700 000 d’Allemagne et d’Autriche). De l’est, reviennent des « colonies » ou
camps soviétiques plus de 300 000 citoyens polonais (dont la moitié de Juifs), de 1945 à 1952 (cf.
Sienkiewicz et Hryciuk, 2008: 84-87).
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raciaux)
GL : Garde populaire communiste, branche militaire du Parti communiste polonais (KPP)
KL : Konzentrationslage, camp de concentration
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NKVD : Narodnyy Komissariat Vnutrennikh Del, Commissariat du peuple aux Affaires intérieures
NSDAP : Nationalsozialistische Deutsch Arbeiterpartei, Parti national socialiste des travailleurs
allemands
NSZ : Narodowe Siły Zbrojne , Forces armées nationales
ONR : Obóz Narodowo-Radykalny , Camp national-radical
OUN : Orhanizatsiya Ukrayins'kykh Nationalistiv , Organisation des nationalistes ukrainiens
PKWN : Polski Komitet Wyzwolenia Narodowego, Comité polonais de libération nationale
RSHA : Reichssicherheitshauptamt , Bureau central de la sécurité du Reich
SD : Sicherheidtdienst, service de sécurité de la Gestapo
SDN : Société des Nations
Sipo : Sicherheitspolizei , police de sécurité allemande. Elle regroupe deux organes : la Gestapo
(Geheime Staats Polizei, services de police politique du Reich) et la Kripo (Kriminal Polizei), la police
criminelle.
SS : Schutz Staffel (« escouade de protection »), troupes d’élite formant le bras armé de l’Etat nazi
TRJN : Tymczasowy Rząd Jedności Narodowej , gouvernement provisoire d'Union nationale
UB : Urząd Bezpieczeństwa, les services de sécurité polonais de la période stalinienne.
UPA : Ukrains'ka povstens'ka Armiya, Armée insurrectionnelle ukrainienne.
UVO : Ukrayins'ka Viys'kova Orhanizatsiya , Organisation militaire ukrainienne, branche armée de
l’OUN.
WiN : Wolność i Niezawisłość (« Liberté et Indépendance »), mouvement de résistance armée au
nouveau pouvoir prosoviétique en Pologne.
ŻOB : Żydowska Organizacja Bojowa, Organisation juive de combat
ZZW : Zydowski Zwiazek Wojskowy , Union militaire juive
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LEXIQUE
Brigadeführer : grade dans la SS. Equivalent Wehrmacht : Generalmajor. Equivalent armée
française : général de brigade.
Einsatzgruppen : (traduction littérale : « groupes d'intervention »). Unités paramilitaires dépendant
du Reichssicherheitshauptamt (RSHA) et qui agissaient dans les territoires occupés de l'Est (Pologne,
Union soviétique et Pays baltes), à l'arrière de la Wehrmacht .
Generalgouvernement Polen : nom donné à l'administration d'une partie du territoire polonais,
occupée par le IIIe Reich en septembre 1939, étendue à la Galicie en 1941.
Judenrat : « conseil juif » nommé par l’occupant allemand pour administrer les ghettos juifs et
appliquer les ordres des autorités nazies.
Hauptsturmführer : grade dans la SS. Equivalent Wehrmacht : Hauptmann. Equivalent armée
française : capitaine.
Obergruppenführer : grade dans la SS. Equivalent Wehrmacht : Général. Equivalent armée
française : général de corps d'armée.
Reichführer : titre du plus haut dirigeant de la SS compris de sa branche armée, la Waffen SS. Il
s'agit plus d'une fonction politique que d'un grade militaire, ce titre ne conférant à son porteur aucun
rôle de commandement opérationnel.
Selbstschutz : unité d'élite de la Gestapo, unité paramilitaire d’« autodéfense ».
Sturmbannführer : grade dans la SS. Equivalent Wehrmacht : major. Equivalent armée française :
commandant.
Volksdeutschen : populations d'origine allemande ou germanique disséminées à travers l'Europe.
Waffen SS (« arme de l'escadron de protection ») : branche militaire de la Schutzstaffel (SS), dont
elle constitua l'une des composantes avec l'Allgemeine SS et le Sicherheitsdienst (SD).
Wehrmacht : « Force de défense ». Nom donné à l’armée allemande de 1935 à 1945, dans le cadre
du régime nazi.
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