La « durabilité » environnementale
et la politique internationale de l’environnement
Thème choisi en affaires internationales
API 6739D
Professeur Luc Juillet
Hiver 2016
SYLLABUS
Horaire du cours: Mercredi 14h30-17h30
FSS 6032
Heures de bureau: Jeudi 14h00-16h00
FSS 6038
Courriels: Luc Juillet : ljuillet@uottawa.ca
Téléphone: 613-562-5800 x 1584
Description du cours
Bien que l’adoption de politiques nationales et internationales visant à assurer la pérennité des ressources
naturelles et des services écologiques est un phénomène qui précède le vingtième siècle, les cinquante
dernières années ont toutefois connu un essor exceptionnel de l’action politique motivée par la protection de
l’environnement. Au cours de cette période, les pays occidentaux ont mis en place un nombre important
d’institutions et de lois visant à assurer les équilibres biophysiques planétaires nécessaires à la vie, protéger
les citoyens des effets de la pollution et assurer la pérennité des ressources naturelles renouvelables. De
plus, face au caractère souvent global ou transfrontalier des problèmes environnementaux, les États
nationaux se sont engagés dans la négociation d’une série de traités internationaux permettant la
collaboration internationale et la coordination des actions nationales dans la poursuite d’un mode de
développement qui soit plus respectueux des limites écologiques de la planète. Il n’y a pas de doute que la
« durabilité environnementale » (environmental sustainability) de notre mode de vie et du développement
École supérieure d’affaires publiques et internationales
Graduate School of Public and International Affairs
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socioéconomique des sociétés est devenue un objectif politique important. Du même coup, ces efforts pour
faire face à la « crise écologique » à laquelle nous sommes confrontés ont connu leur lot de difficultés, voire
même d’échecs, alors que les États peinent à surmonter les obstacles à l’action politique et aux
transformations socioéconomiques nécessaires pour limiter l’impact de l’humanité sur la nature.
Dans cette perspective, le cours examine certains des principaux facteurs influençant le développement des
politiques nationales et internationales visant à faire face aux problèmes environnementaux comportant des
dimensions internationales. Après avoir revu certains éléments de l’histoire du rapport entre l’humanité et
l’environnement naturel, nous examinerons ensemble certains des fondements philosophiques de l’écologie
politique et du concept de durabilité environnementale afin de mieux cerner le type de militantisme et de
programmes politiques qui en découlent. Ensuite, nous nous pencherons sur le problème de la coopération
internationale entre États et sur les difficultés associées aux négociations multilatérales en environnement,
y compris certains débats entourant la justice environnementale et les contraintes nationales sur l’action
internationale. Dans cette partie du cours, une attention particulière sera accordée au problème des
changements climatiques, notamment par le biais d’un travail d’équipe et d’une simulation des négociations
internationales sur le climat. Finalement, dans la dernière partie du cours, nous examinerons certaines
problématiques particulières associées à l’action politique internationale en matière d’environnement,
notamment l’influence de la science, des règles de commerce international et des organisations chargées
d’assurer la coopération internationale.
Concernant les méthodes pédagogiques, le cours fera appel à une combinaison de cours magistraux, de
discussions des lectures hebdomadaires, du visionnement et de la discussion d’un documentaire, de
rencontres avec des praticiens, d’exercices réalisés en classe et de la simulation, également menée en
classe, d’une gociation internationale sur le climat. Considérant l’approche adoptée, il est primordial au
succès du cours que les étudiants s’assurent de faire les lectures hebdomadaires et de participer
activement aux discussions ainsi qu’aux autres activités dagogiques réalisées en classe. Concernant
l’évaluation, une place importante sera accordée à un projet de recherche individuel par lequel l’étudiant(e)
pourra explorer un enjeu de son choix relié à la durabilité environnementale.
Lectures
Nous utiliserons un ensemble de chapitres de livre et d’articles tirées de revues académiques. Ce matériel
sera disponible sur le site Blackboard associé au cours ou à la réserve de la bibliothèque Morisset. Il n’y a
donc pas de matériel à acheter pour le cours.
Horaire des cours et lectures
Semaine 1 : Cours du 13 janvier
Introduction
Vivons nous à l’ère de l’Anthropocene? : la crise écologique et ses fondements socioéconomiques
Lors de ce premier cours, nous commencerons par effectuer un survol du contenu du cours, de son
organisation ainsi que des attentes en matière de participation et d’évaluation. Ensuite, nous discuterons
certaines des principales tendances environnementales actuelles, s’efforçant de placer l’expérience des
derniers 150 ans, et en particulier de la deuxième moitié du 20ième siècle, dans son contexte historique.
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Lectures optionnelles :
Will Stephen, Paul J. Crutzen and John R. McNeill (2007) « The Anthropocene : Are Humans Now
Overwhelming the Great Forces of Nature? », Ambio : A Journal of the Human Environment, 36(8),
614-621.
Vous pouvez lire le « résumé à l’intention des décideurs » du rapport GEO5 (Global Environmental
Outlook) L’avenir de l’environnement mondial (2012), produit par du Programme des Nations-
Unies sur l’Environnement (PNUE) (voir http://www.unep.org/geo/pdfs/GEO5_SPM_French.pdf) ou
consulter le rapport entier sur le site du PNUE (http://www.unep.org/french/geo/Index.asp).
Semaine 2 : Cours du 20 janvier
Comprendre et repenser le rapport humanité-nature
La « durabilité environnementale » (environmental sustainability) et le développement durable constituent
une façon peut-être dominante mais néanmoins particulière d’envisager le lien entre l’humanité et la nature.
Cette semaine, nous chercherons à mettre en lumière l’hétérogénéité des philosophies et des idéologies qui
sous-tendent l’action politique sur les questions environnementales. Nous aborderons les droits des
animaux, l’écologie profonde, l’écologie sociale et le développement durable comme offrant des
perspectives divergentes sur le rapport humanité-nature.
Lectures :
L. Abdelmalki et P. Mundler (2010) « Le développement durable : pluralité des interprétations et
difficultés de mise en œuvre », in Économie de l’Environnement et du Développement Durable,
Bruxelles, de Boeck, 70-97.
Steve Vanderheiden (2008) « Two conceptions of sustainability », Political Studies, 56, 435-455.
Paul Wapner (2014) « The Changing Nature of Nature : Environmental Politics in the
Anthropocene », Environmental Politics, 14(4), 36-54.
Semaine 3 : Cours du 27 janvier
La politique du changement climatique : Perspectives nationales et internationales
Les changements climatiques constituent l’un des grands enjeux environnementaux et politiques auquel fait
actuellement face la communauté internationale. Cette semaine, nous examinerons divers aspects de la
politique du climat, notamment l’évolution des négociations internationales et de la politique canadienne
dans ce domaine. A travers le cas du changement climatique, nous identifierons certains des principaux
défis et des dynamiques associés à la transition vers un mode de développement durable.
Lectures :
François Gemenne (2015) « Politiques d’atténuation » et « Stratégies d’adaptation », in
Géopolitique du climat : Négociations, stratégies, impacts, Paris, Armand Collin, 121-164.
Stefan C. Aykut et Amy Dahan (2014) « Le choc de Copenhague : La régression du climat », in
Gouverner le climat?: 20 ans de négociations internationales, Paris, Les Presses de SciencesPo,
325-399.
Faite une lecture de l’Accord de Paris sur le climat de décembre 2015 (disponible sur Blackboard).
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Semaine 4 : Cours du 3 février
Les États et le problème de la coopération internationale en environnement
La difficulté que les États nationaux, souverains sur leur territoire, ont à collaborer pour résoudre des
problèmes communs en l’absence d’une force politique coercitive internationale est une des questions
centrales de la politique internationale. Dans le cas des problèmes environnementaux, fréquemment
caractérisés par la nécessité de gérer des ressources partagées et des problèmes transfrontaliers, la
coopération internationale est aussi essentielle qu’elle est difficile. Lors de ce cours, nous discuterons du
problème de la coopération associé aux biens communs et à l’action collective, pour ensuite examiner les
conditions susceptibles de permettre néanmoins la conclusion et la mise en œuvre d’ententes
internationales dans le domaine de l’environnement. À titre d’exemple, nous examinerons notamment le
traité international visant la protection des phoques du Pacifique Nord et le Protocole de Montréal, un traité
international visant la réduction des émissions d’une série de gaz détruisant la couche d’ozone.
Lectures :
Scott Barrett (2005) “The Montreal Protocol”, in Environment and Statecraft: The Strategy of
Environmental Treaty-Making, Oxford, Oxford University Press, chapitre 8.
Pia M. Kohler and Melanie Ashton (2010) “Paying for POPs: Negotiating the Implementation of the
Stockholm Convention in Developing Countries”, International Negotiation, 15, 459-484.
Lawrence Susskind and Saleem Ali (2014) Environmental Diplomacy : Negotiating More Effective
Global Agreements, Oxford, Oxford University Press, chapitre 2 sur le système des traités et
chapitre 6 sur la surveillance et le respect des engagements.
Semaine du 10 février
La justice environnementale et climatique
Les questions environnementales, autant au niveau local qu’international, soulèvent inévitablement des
questions d’équité, de responsabilité et de justice. Par exemple, les pays en voie de développement ont-ils
les mêmes responsabilités que les pays développés à l’égard des problèmes environnementaux actuels? Si
l’environnement est une ressource commune vitale, comment peut-on assurer son partage équitable? De
plus, dans quelle mesure doit-on considérer les intérêts des générations futures dans les décisions prises
aujourd’hui mais dont les conséquences seront souvent importantes loin dans l’avenir? Cette semaine, nous
discuterons de diverses conceptions de la justice environnementale et de sa revendication dans divers
dossiers, comme celui des polluants toxiques. Nous discuterons également du principe « des
responsabilités communes mais différenciées », très présent dans le droit international de l’environnement,
et du cas particulier du changement climatique, une problématique globale complexe qui soulève de
nombreux problèmes en matière de justice distributive et intergénérationnelle.
Lectures :
Philippe Cullet (2014) « Le principe des responsabilités communes mais différenciées en droit
international de l’environnement : enjeux et perspectives », Les Cahiers du droit, 55(1), 9-31.
Eric Posner and David Weisbach (2010) « Future Generations: The Debate over Discounting », in
Climate Change Justice, Princeton, Princeton University Press, 144-168.
David Ciplet, J. Timmons Roberts, and Mizan Khan (2013) « The Politics of International Climate
Adaptation Funding: Justice and Divisions in the Greenhouse », Global Environmental Politics,
13:1, 49-68.
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Le 17 février tombe lors de la semaine de lecture. Il n’y a pas de cours.
Semaine 6 : Cours du 24 février
Les politiques d’atténuation et d’adaptation en matière de changement climatique
Chaque pays qui participe aux négociations internationales sur le climat est confronté à des choix, des
obstacles et des pressions diverses sur le plan national. Ces réalités divergentes affectent autant leur
participation aux efforts diplomatiques que leur capacité à mettre en œuvre des politiques atténuant
réellement leurs émissions de gaz à effet de serre ou permettant d’adapter leurs sociétés aux effets
anticipés du changement climatique. Cette semaine, nous comparerons la situation des certains pays sur ce
plan et discuterons de divers instruments d’intervention utilisés en politique climatique.
Lectures :
François Gemenne (2015) « Migrations et déplacement des populations » et « Enjeux de
sécurité », in Géopolitique du climat : Négociations, stratégies, impacts, Paris, Armand Collin, 61-
90.
Barry Rabe (2015) « The Durability of Carbon Pricing », Governance, advanced copy, 1-17
Semaine 7 : Cours du 2 mars
Le lobbying industriel, le militantisme écologiste et l’action de la société civile
Cette semaine, nous examinerons les motivations, l’organisation et les modes d’action de divers groupes
sociaux qui cherchent à faire avancer les causes environnementales, autant au niveau local qu’à l’échelle
internationale. Afin de nourrir notre réflexion, en première partie du cours, nous visionnerons et discuterons
d’un documentaire portant sur l’engagement de trois militants écologistes actifs en Inde, au Canada et en
Californie.
Lectures :
Robert Falkner (2012) “Business Power, Business Conflict: A neo-pluralist perspective on
international environmental politics”, in P. Dauvergne, ed., Handbook of Global Environmental
Politics, 2nd edition, Peter Elgar Publishing, 319-328.
Michael Bloomfield (2014) « Shame campaigns and environmental justice : Corporate shaming as
activist strategy », Environmental Politics, 23 :2, 263-281.
Jennifer Hadden (2015) Networks in Contention : The Divisive Politics of Climate Change,
Cambridge, Cambridge University Press, 89-141 (i.e. chapter 4 : Conventional Climate Advocacy
(89-113) and chapter 5 : Climate Justice Activism (114-141)).
Semaine 8 : Cours du 9 mars
Simulation d’une négociation internationale sur les changements climatiques
Afin de continuer à explorer les difficultés de la coopération internationale, nous utiliserons ce cours
prolongé pour simuler une négociation internationale sur le problème complexe des changements
climatiques. Nos principaux objectifs seront de mieux comprendre les intérêts divergents séparant les
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