Date: 29.01.2014 La Liberté 1700 Fribourg 026/ 426 44 11 www.laliberte.ch Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd. Tirage: 39'425 Parution: 6x/semaine N° de thème: 375.32 N° d'abonnement: 1089048 Page: 23 Surface: 80'920 mm² Nouvel eldorado des publicitaires La publicité s'apparente de plus en plus à une lessive du cerveau, «à l'insu de notre plein gré». Le professeur Dr Julien Intartaglia dévoile les dessous de la pub. MARKETING Grâce aux neurosciences, on sait aujourd'hui quelles zones du cerveau sont activées dans une situation donnée, exprime Julien lntartaglia. VINCENT MURITH CLAUDINE DUBOIS Chaque jour, le consommateur est exposé à des milliers de contacts avec des messages de marques. La plupart du temps sans conscience de sa part, souligne Julien Intartaglia dans «La pub qui cartonne! Les dessous des techniques publicitaires qui font vendre». Les champions du marketing jouent sur les émotions, et vont chercher dans les derniers développements des neurosciences comment téléguider l'esprit du consommateur. Le marché est de taille: dans le monde, les dépenses publicitaires représentaient 557 milliards de plus bas quand il est, de manière dollars en 2012. En Suisse, c'est en inconsciente, la cible des sociétés moyenne 5 à 6 milliards de francs qui s'ingénient à inscrire leur qui sont dépensés chaque année marque dans son esprit, explique dans la pub. en substance le professeur de marketing. Décryptage de cette lessive du cerveau avec le professeur Dr JuLes jeux des marques lien Intartaglia à la Haute Ecole de De plus en plus, les publicitaires gestion Arc à Neuchâtel, et chargé s'adressent à la mémoire inconsde cours à la HEG de Fribourg. ciente. Ils font en sorte que, dans Lorsque le consommateur est confronté de manière consciente un supermarché, nous déposions à la publicité, dans un journal, à la dans notre caddie le produit de la télé ou sur une affiche, son esprit marque avec laquelle nous nous critique est en éveil. En revanche, sommes familiarisés sans y prêter son degré de scepticisme est au attention, à force de l'apercevoir Observation des médias Analyse des médias Gestion de l'information Services linguistiques ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich Tél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Réf. Argus: 52645587 Coupure Page: 1/3 Date: 29.01.2014 La Liberté 1700 Fribourg 026/ 426 44 11 www.laliberte.ch Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd. Tirage: 39'425 Parution: 6x/semaine N° de thème: 375.32 N° d'abonnement: 1089048 Page: 23 Surface: 80'920 mm² partout sans le voir vraiment: les téléphones intelligents. Pen- «Quand des sujets participent à dans des films ou une série avec dant que le joueur ne pense qu'à des expériences, même les plus placement de produits, sur les ré- s'amuser, une marque est en réfractaires se font avoir.» seaux sociaux, dans les jeux en train de le persuader, et de tenter Au fil des 150 pages de son ligne, dans la rue, au bistrot, etc. de le fidéliser sur le long terme... ouvrage, le spécialiste du marke- Exemple: la marque japo- ting s'adresse tant aux professionnels de la pub qu'aux étusortie du James Bond «Skyfall» Grâce aux neurosciences et diants qui préparent un master pour faire découvrir son nouveau au recours - controversé - aux en économie, aux patrons d'ensmartphone Xperia. Concentrés IRM (imagerie par résonance treprises comme aux consomsur le film, nous oublions nos magnétique), on sait aujourd'hui mateurs lambda. Une lectrice lui connaissances sur la publicité et très bien quelles zones sont acti- a confié «avoir lu son livre ses mécanismes de persuasion. vées dans le cerveau dans une si- comme un Dan Brown». Un C'est à cet instant que nous tuation donnée. Et cela marche compliment qui fait souhaiter au sommes potentiellement le plus de manière identique pour tout jeune professeur d'avoir le même sous influence. Autre exemple: le monde, jeunes et moins succès que l'auteur de «Da Vinci les «advergames», ces jeux créés jeunes, sceptiques et crédules, Code», écoulé à plus de 40 milnaise Sony a saisi l'occasion de la Comme un Dan Brown pour leur public par des témoigne le professeur de mar- lions d'exemplaires... I marques. Comme Candy Crush, keting. Il a réalisé de nombreuses > Julien Intartaglia, «La pub qui qui cartonne sur Facebook et sur expériences avec un panel de cartonne!», de Boeck, 149 pp. consommateurs de 20-45 ans: «JE ME CONSIDÈRE COMME UN ENFANT DE LA PUBLICITÉ» Vous êtes papa d'un petit Noah depuis peu, qu'est-ce que vous allez dire à votre enfant quand il vous réclamera les céréales avec un Schtroumpf sur l'emballage? Julien Intartaglia: Je vais essayer de lui expliquer avec des mots adaptés quelle est la stratégie des marques pour imprégner son cerveau. Si mon enfant de 4-5 ans joue à un jeu avec du placement de produit, je vais faire appel à sa réflexion. Aujourd'hui, l'enfant est devenu un acteur social et économique. Ce n'est plus comme il y a 20 ans. Faudrait-il interdire aux enfants de jouer aux advergames? Dans la législation, en Europe et aux Etats-Unis, on essaie de serrer la vis aux médias qui s'adressent au jeune public, par exemple en interdisant la pub pour des produits gras et avec les marques tous les jours. Il est très difficile de conserver son libre arbitre dans l'ensemble de nos choix au quotidien. Beaucoup de marques arrivent à tisser du lien, une émotion qui contourne cette partie rationnelle du cerveau. 95% de nos comportements au quotidien On est donc condamné à se seraient influencés par des éléfaire influencer par la pub? ments auxquels on ne fait pas La publicité nous influence, c'est toujours attention. D'une part, clair. On ne peut pas tenir un on admet la fragilité des autre discours. Comprendre les modèles publicitaires, mais mécanismes de la pub permet d'autre part, on admet aussi d'entretenir le scepticisme. Mais leur suprématie. on ne peut pas l'activer nonstop. Connaître les techniques et Comment se dessine la pub savoir comment cela fonctionne du futur? n'empêche pas d'être sous Elle ne vous dira pas qu'il s'agit influence. Moi-même, je me de publicité. Les marques vont considère comme un enfant de jouer la carte de la suggestion. la publicité. Pas de logo, pas d'image de la marque, mais un effet visuel, N'y a-t-il pas de moyen sûr comme dans «American Idol» de garder son libre arbitre? (la version américaine de «La Je suis assez pessimiste, vu le nouvelle star»), où le canapé est nombre de contacts que l'on a en forme de bouteille de Coca. sucrés jusqu'à 12 ans. Je pense qu'il ne faut pas interdire, mais partir sur des modèles de prévention et d'éducation à la consommation. Il y a toute une panoplie de cours et de séminaires à mettre en place au niveau du public. Observation des médias Analyse des médias Gestion de l'information Services linguistiques ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich Tél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Réf. Argus: 52645587 Coupure Page: 2/3 Date: 29.01.2014 La Liberté 1700 Fribourg 026/ 426 44 11 www.laliberte.ch Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd. Tirage: 39'425 Parution: 6x/semaine C'est une manière de réactiver au niveau de l'esprit toutes les représentations antérieures liées à la marque en question. Mais ce qui vaut pour des grandes marques ne marche pas pour les PME qui ne pourront pas être dans la suggestion mais devront rester rationnelles dans leurs campagnes publicitaires pour se faire connaître. Les marques continuerontelles à nous persuader qu'elles sont capables de faire notre bonheur? Cela nous renvoie au philosophe Jean-Léon Beauvois, qui disait déjà en 2005 que nous sommes en permanence soumis à des formes douces, mais très efficaces, de propagande médiatique qui modèlent à notre insu nos représentations et nos opinions («Les illusions libérales, individualisme et pouvoir social. Petit traité des grandes illusions»). CDB Observation des médias Analyse des médias Gestion de l'information Services linguistiques N° de thème: 375.32 N° d'abonnement: 1089048 Page: 23 Surface: 80'920 mm² Le «bouton d'achat» Trois zones du cerveau sont impliquées dans l'acte d'achat. L'ensemble de neurones du noyau accumbens, dans le système limbique (ou cerveau des émotions), associé au plaisir, s'active lorsque le consommateur achète. Dans le circuit de la récompense présent chez tous les mammifères la dopamine, appelée aussi hormone du plaisir, est libérée. Pour un certain nombre d'achats, ce mécanisme se met en place, note le professeur Dr Julien Intartaglia. Cela explique que certains consommateurs soient en proie à des achats compulsifs. La sécrétion de dopamine, c'est un peu le but ultime de tous les «marketeurs», arriver à cette partie du cerveau dans laquelle le plaisir est directement lié à l'acte d'achat. CDB ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, case postale, 8027 Zurich Tél. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Réf. Argus: 52645587 Coupure Page: 3/3