Introduction au Sūtra du Lotus Introduction Traduction française du groupe lyonnais pour la Nichiren Shū France La collection la plus complète des écrits bouddhistes, l’édition Taisho, comporte de plus de 5.497 œuvres. Parmi elles, 1487 sont désignées comme des sūtra et consistent en sermons prêchés par le Bouddha. Parmi ceux ci, le Sūtra du Lotus ou Sūtra de la Fleur du Lotus du dharma merveilleux, est le plus populaire et le plus connu. Lorsque le bouddhisme fut introduit au Japon au milieu du VIe siècle, le prince Shotoku fit des lectures sur ce sūtra et écrivit un livre sur le sujet appelé, le Hokke Gisho (commentaires sur le Sūtra du Lotus). Environ deux cents ans plus tard, dans la période Heian (7941185), Saichō, également connu comme le Grand Maître Dengyō, créa une école bouddhiste sur le mont Hiei, d'où l’enseignement du Sūtra du Lotus put rayonner dans tout le pays. Son école, le Tendai (la terrasse céleste) a connu pendant plusieurs siècles, une renommée dans le Japon et influença la vie religieuse d’alors. Eisai, fondateur de l’école Zen Rinzai, Dogen, fondateur de l’école Zen Sōtō, Hōnen, fondateur de l’école de la Terre Pure (Jōdo Shū), et Shinran, fondateur l’école de la Vraie Terre Pure (Jōdo shin shū), tous ces fondateurs de nouveaux mouvements au cours de la période Kamakura (1185-1333), ont tous étudiés le Sūtra du Lotus au Mont Hiei. Cependant leurs propres doctrines sectaires, ne s’en inspirent pas directement. Nichiren, lui aussi a également étudié le Sūtra du Lotus et a basé son école sur des doctrines reposant entièrement sur la foi dans le Sūtra du Lotus. Il a consacré toute sa vie à la défense et à la mise en application des enseignements de ce sūtra. Ainsi d'autres sectes bouddhistes aujourd'hui le considèrent comme une lecture supplémentaire, alors que la lignée de Nichiren le voit comme son texte de base. Le Sūtra du Lotus a eu beaucoup d'influence au Japon, non seulement sur la religion, mais aussi sur l'art et dans la littérature. Beaucoup de textes japonais classiques, tels que Makura no soshi par Seisho Nagon, le récit de Genji par Murasaki Shikibu, le conte de Heike, et l’histoire de Konjaku, y font souvent référence. Depuis les temps anciens, les auteurs ont composé beaucoup de composé de tanka (poèmes japonais de 31 syllabes), appelé Shakkyoka, dont les thèmes sont issus de lectures sur le sūtra. Des laïcs pieux ont également copiés le sutra à la main, considéré comme des exercices religieux. Ils ont souvent emprunté des thèmes au Sūtra du Lotus. Quelques copies manuscrites, magnifiquement ornées et illustrées ont pris une grande importance dans l'histoire de l'art japonais. Le plus réputé est le Heike-Nokyo, dédié à l’autel d’ Itsukushima. Les sūtra ont été rédigés en sanskrit, la langue sacré de l'Inde, et plus tard traduit en chinois. Le Sūtra de la Fleur de lotus du dharma merveilleux (Saddharma- pundarika-sutra) a été traduit par Kumarajiva, un érudit distingué de Kucha en Asie centrale. En 401, il fut invité à la capitale de Ch'ang-an par l'empereur Yao Hsing. A partir de là jusqu'à sa mort, soit une dizaine d'années plus tard, il supervisa la traduction de nombreux sūtra en chinois. Il réalisa la traduction du Saddharma-pundarika-sutra en 406, élaboré dans une version chinoise élégante qui devint rapidement populaire. Il l’intitula, Miao-fa-hua-ching, qui en japonais se prononce Myōhō Rengué Kyō.1 Cependant, Kumarajiva ne fut pas le seul à traduire ce sūtra. En 286 Dharmaraksha fit une traduction qu'il appela Sho-Hokekyo, le véritable Sūtra du Lotus. Malheureusement, cette traduction était difficile à comprendre et ne fut pas lu. En 601 Dharmagupta et Jnanagupta a fait une autre version appelée Tempon Myōhō Rengué Kyō, où ils firent quelques changements par rapport au texte de Kumarajiva et ajoutèrent un chapitre qui fut découvert plus tard. (Ce chapitre est maintenant inclus dans le texte de Kumarajiva). Trois autres versions auraient été réalisées, mais égarées avec le temps. Aujourd'hui, seule la version de Kumarajiva est toujours très populaire. 1 Parce que chinois est écrit avec des idéogrammes au lieu de lettres, les érudits japonais, habitués à ces mêmes idéogrammes utilisés pour écrire leur propre la langue, ont été en mesure de lire les textes chinois en leur donnant une prononciation japonaise. Une copie du sūtra en sanskrit a été préservée au Népal et transmise. Une version révisée en sanscrit a été récemment publié, et quelques traductions en japonais moderne à partir du sanskrit ont également été publiées. Il existe plusieurs traductions disponibles en anglais2, à la fois du sanskrit et chinois. Comme nous l'avons dit précédemment, le Sūtra du Lotus fut intitulé à l'origine Saddhamapundarika-sutra en sanskrit. Saddharma signifie le merveilleux Dharma et Pundarika peut se traduire par fleur de lotus. Sad signifie rectitude (juste ndt) ou vérité. Dharma, qui est l'idée essentielle du bouddhisme utilisé dans divers contextes, signifie dans ce cas, la loi, la vérité, ou l'enseignement de la vérité. Par conséquent, littéralement Saddharma signifie le juste enseignement ou la juste vérité. Vous pouvez vous demander pourquoi nous osons appeler cet enseignement particulier juste ou vrai quand on sait que chaque enseignement du Bouddha est vrai. Qu'est-ce qu’impliquer la notion de vérité juste? Parce que le Sūtra du Lotus nous révèle le principal et le plus profond des enseignements du Bouddha, c’est pourquoi on a essayé de le nommer ainsi pour exprimer toute l’importance qu’il revêt en particulier. Au lieu de dire, la vérité vraie, Kumarajiva a utilisé le mot Myō, un mot avec une consonance ésotérique qui en chinois signifie noble richesse ou merveilleux. Par conséquent, il a traduit Saddharma comme le magnifique ou merveilleux Dharma. Pundarika signifie la fleur de lotus, plus particulièrement la fleur de lotus blanc. Il est habituel de comparer quelque chose de merveilleux et d’excellent avec la fleur de lotus. Alors Saddharmapundarika représente le juste (merveilleux) Dharma aussi merveilleux que la fleur de lotus. Parallèlement, la fleur de lotus symbolise les pratiques les plus importantes du Bodhisattva dans le bouddhisme Mahayana. Dans le chapitre Quinze, Bodhisattva sortis de terre, il est dit: - Les enfants du Buddha ont bien étudié la voie du Bodhisattva. Ils ne sont plus souillés par les mondanités comme une fleur lotus n’est pas souillée par l'eau. La belle fleur de lotus pousse dans de l'eau boueuse et n’est pas souillé par elle. De la même manière, les bodhisattva, ces personnes qui mettent en pratique les enseignements du Bouddha, peuvent vivre au milieu d'un monde souillé par le vice et la corruption, et pourtant ne pas être contaminé par celui-ci. Ils peuvent enseigner et éveiller d'autres personnes tout en gardant leur propre esprit pur. Ils peuvent sauver les autres, mais, seulement quand ils vivent avec eux dans ce monde mauvais. Le Sūtra du Lotus se compose de vingt-huit chapitres. Au début, le Bouddha enseigne sur le Mont Sacré de l’Aigle (Gradhrakuta, pic du vautour, en sanskrit) près de la ville de Rajagriha, en Inde, qui aujourd'hui s’appelle Rajgir. Dans le chapitre onze, la tour aux trésors, il s’élève dans les airs, y reste et revient au Mont Sacré de l’Aigle au chapitre vingt-trois chapitre, Conduite originelle du Bodhisattava Yakuo, (le roi médecine ndt). Ainsi, se sont tenu trois assemblées, qui se sont appelés la Première Assemblée sur le mont Sacré de l’Aigle, l'Assemblée dans les airs, et la deuxième Assemblée sur le mont Sacré de l’Aigle. Nous pouvons diviser les chapitres du sūtra en trois parties en fonction de ces trois endroits. Cependant depuis les temps anciens, le Sūtra du Lotus a été accompagné de deux autres sūtra. Le premier, le Sū aux Sens Infinis (Muryogi kyō) appelé le Sūtra d'ouverture, est placé au début. L'autre le Sūtra de la Contemplation du Bodhisattva Samantabhadra (Fugen kyō) est appelé, le Sūtra de clôture, est placé à la fin. Les trois compilés ensemble, deviennent le triple sūtra du Lotus (en trois parties ndt) ou la trilogie du lotus. Nous, comme d'autres avant nous, allons les considérer comme une seule unité. 2 Aussi en français