Titre de la thèse : Un monde en un mot du bouddhisme chinois

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Hanchi WANG
Directeur : Frédéric WANG, Sylvie HUREAU
Titre de la thèse : Un monde en un mot du bouddhisme chinois – études
autour du terme xiang à partir du Sūtra du diamant de Kumārajīva
Le Sūtra du diamant est réputé et populaire aussi bien en Orient qu’en Occident. Il
s’agit d’un pêche attribué au Bouddha, pendant la période où il enseignait le Grand Véhicule,
et mettait en évidence la pensée de la Vacuité. Du fait que l’oralité prévalait dans la tradition
indienne, les textes canoniques se sont transmis de bouche à oreille, et il ne nous est à peine
parvenu aucun témoignage écrit remontant aux époques primitives dans la territoire indienne
actuelle ; en effet, il est attesté que les premiers textes oraux étaient en langues régionales : la
langue originelle des bouddhistes n’est pas le sanskrit ; de plus, aucune langue n’est
considérée pour la langue sacrée d’après la théorie de la religion. Certes, le sanskrit fait partie
de la langue commune en Inde, c’est pour cela qu’un certain nombre des textes bouddhiques
du Grand Véhicule, comme le Sūtra du diamant, sont compilés en sanskrit au fur et à mesure.
Les premiers manuscrits datés du Ve au VIIe siècle, mais dont les datations ne sont pas
certifiées avec exactitude, ont été retrouvés en état fragmentaires, et.
En revanche, à l’opposé de la culture indienne, la mise en œuvre de compilation
textuelle est très tôt entrée dans l’usage courant en Chine. Dès que les textes bouddhiques
furent introduits en Chine aux premiers siècles de notre ère, ils furent immédiatement mis par
écrit. Le Sūtra du diamant n’a pas cessé d’être le sujet de multiples traductions du Ve au VIIIe
siècle, et l’objet de copies et reproductions pendant plus d’un millénaire. La documentation
qui en résulte fut abondante et efficace pour des témoignages historiques. Il existe six
versions distinctes, toutes traduites par des éminents moines, sous le contrôle officiel de la
cour impériale. Cependant, seule la première version de Kumārajīva en 407, qui a été la cible
de commentaires et d’annotations au cours du temps de la part de la classe des lettrés, et
également d’un texte de renom dans la culture populaire. Ceci nous permettra d’approfondir
la raison pour laquelle sa version mérite d’être étudiée en regard des autres versions.
Nous allons attacher de l’importance à l’emploi du terme "xiang" 相 pour le concept le
plus récurrent dans cette version. Il semble en effet que xiang ne dérive pas d’un seul et
unique sens d’origine indienne, l’intérêt de notre recherche porte donc sur le décalage textuel
entre la langue-source et le texte-cible traduit, ainsi que sur l’osmose culturelle entre le
bouddhisme et la pensée traditionnelle chinoise. Dans cette optique nous axerons notre
approche selon trois plans parallèles : philologique, philosophique et esthétique de traduction.
Nous évoquerons d’abord les facteurs extérieurs à propos de la « langue-source ».
Comme mentionnés plus haut, bien que la langue sanskrite soit censée être la langue de
référence d’origine indienne pour la littérature du Grand Véhicule, il ne se réfère pas à la
"langue originelle" du texte. De plus, les manuscrits en sanskrit découverts à notre époque,
ont été édités depuis le XIXe siècle : à cause des difficultés sur le plan paléographique et
archéologique, ainsi que de quelques problèmes sur la méthode de reconstruction et d’édition,
les textes ne peuvent pas être interprétés d’une façon certaine. En outre, nous aborderons la
problématique des « textes-source » de traductions chinoises proprement dits. Faute de
traçabilité et d’authenticité des originaux indiens, de là il nous semble obligatoire et
nécessaire de mettre en examen la méthodologie sur l’étude comparative sino-sanskrite.
En deuxième lieu, nous nous appliquerons à tracer la situation historique en Chine, et à
déterminer les raisons extrinsèques exercés sur les « textes-cible ». En fait, nous évoquerons
spécialement le processus de traduction bouddhique, qui ne devrait pas être comparable au
travail individuel de nos jours : les traducteurs principalement d’origine étrangère, ont
coopéré avec les acteurs locaux pour la rédaction et le remaniement du texte. Déjà à l’époque
de la première version de Kumārajīva, il y avait l’aire de traduction officielle, où la
communauté se rassemblait sous forme pédagogique, dans laquelle Kumārajīva était le
personnage phare pour être à la fois interprète et prédicateur enseignant. Ensuite, il nous
paraît aussi important de soulever la question sur la vision de langue durant les périodes, à
partir de laquelle les traducteurs et leurs contemporains auraient apporté des propos relatifs au
travail de traduction.
Puis nous entreprendrons l’analyse textuelle comparative entre les recensions
sanskrites et toutes six versions chinoises. Bien que ces premières ne représentent pas les
originaux des traductions, elles font effecivement partie des sources d’origines indiennes,
relativement accessibles en s’inscrivant dans la généaolige textuelle bouddhique ; il nous est
surtout utile d’effectuer la recherche inter-linguale sur le plan terminologique, dans le but de
mettre en évidence l’interaction culturelle et la réception. De là nous mettrons en parallèle les
recensions sanskrites datées environs du VIe siècle avec la version de Kumārajīva, sur
l’échelon synchronique. En même temps, nous indiquerons le parallélisme des autres versions
chinoises dans le but de mettre en évidence l’évolution sémantique du point de vue
diachronique. En effet, comme xiang n’est pas à parts égales dans toutes les versions, il est
peut-être traduit autrement par les autres traducteurs, ce qui consituera une autre question
cruciale à creuser dans notre étude. Du fait que le mot est constamment répété tout au long du
texte, ceci nous permettra de mettre en lumière à la fois le sens terminologique et
philosophique en poursuivant le fil de la narration du récit.
Toutefois, xiang n’est pas une graphie inventée à l’arrivée du bouddhisme, et il est
entré dans l’usage courant depuis l’Antiquité avant notre ère. De là nous nous rendons compte
de la nécessité d’élucider les emplois textuels avant l’introduction bouddhique. Après, il est
devenu un terme propre dans le jargon bouddhique ; sous l’angle de la réception esthétique, si
la traduction de xiang sert à une ou plusieurs idées dans le bouddhisme, qui est (sont)
interprété selon le sens au lieu de la transcription phonétique dès le premier temps jusqu’à ce
jour, cela impliquerait la possibilité que le terme-concept correspondrait à celui (ceux) qui est
(sont) dans le bouddhisme dans une certaine mesure.
En effet, xiang ne se limite pas que dans les usages du Sūtra du diamant en question,
nous envisagerons de recadrer notre vision dans une sphère relativement globale. Il nous
faudra recourir à la terminologie générale du bouddhisme chinois, en référence notamment à
certains textes connexes, tels que les commentaires du Sūtra, et les textes dans la même série
bore. C’est par là que nous serions en mesure de repérer la signification du terme, ainsi que le
rôle du traducteur dans l’ensemble du canon bouddhique. Puis nous pourrions en déduire les
caractéristiques apportées par le bouddhisme dans la culture chinoise.
Nous finirons par l’étude sur l’acception du terme, et son retentissement culturel dans
le monde chinois ; si la signification terminologique était revêtue de couleur bouddhique, dans
quelle mesure a exercé son influence, et dans quel cadre de registre des langues? Nous
n’exclurons pas la possibilité que la réception esthétique dans le domaine religieux n’est pas
identique à celle dans le monde laïc. Nous aborderons donc les sources de la diversité non
seulement sur les exégèses bouddhiques, mais également dans d’autres genres littéraires.
En dernier lieu, comme xiang est un concept important dans le Sūtra du diamant,
nous tentons de rechercher un terme équivalent pour la traduction française. En général, xiang
est interprété par l’un des sens fréquents « phénomène » (des entités), c’est ainsi que nous
intitulons notre sujet par « un monde en un mot ». Toutefois, le terme est polysémique et ses
significations sont variées d’après les contextes. Dans le cas du Sūtra en question, comme il y
a plusieurs versions françaises, la traduction du terme est diversifiée et multipliée en raison
des textes-source différents : sanskrit, tibétain, chinois, d’où l’incohérence de la terminologie,
ce qui nous conduira à réfléchir sur la question relative à certaines problématiques propres à la
traduction bouddhique française.
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