3
d'un siècle d'une image semble-t-il inaltérable de pureté, d'effort, de morale, d'utilité
hygiénique et
de bien-être physique (During, 1981). Pourtant, les affrontements sportifs privilégient
généralement les duels à «somme nulle» ou strictement compétitifs dans les oppositions
entre
deux adversaires (Parlebas, 1986). En théorie des jeux, on définit ces duels par le fait que
les gains des vainqueurs et les pertes des battus s'annulent (+1 - 1 = 0), comme les jeux
sportifs tels que les duels entre individus (jeux de combat et jeux raquettes) ou inter-équipes
(sports collectifs, etc.).
Dans ce contexte compétitif, le sportif, même écrasé par le poids de forces externes, peut
aussi être considéré comme une pièce maîtresse du système sportif pouvant freiner ce
dopage galopant car dans ce jeu entre les acteurs et le système, le sportif possède une
marge de liberté quant à ses choix, ses actions et ses interactions motrices. « C’est donc
l’homme lui-même qui doit porter la responsabilité première du changement » (Crozier &
Friedberg E., 1977, 448). Dès lors, nous entrons de plain-pied dans la sphère de la morale et
surtout de l’éthique sportive.
II.
L’éthique du sportif face au dopage : un sacré dilemme
Il est courant de confondre les termes « morale » et « éthique » tant les deux définitions se
renvoient l’une à l’autre. Même d’un point de vue étymologique, la confusion reste totale
puisque l’éthique venant du grec ethos et la morale venant du latin mos ou mores signifient
sans distinction les mœurs et les façons de vivre et d’agir.
Pourtant, comme le précise le philosophe A. Comte-Sponville (2005) il existe bien deux
réalités différentes dont il s’empare (en s’appuyant sur les travaux de Deleuze et Conche)
pour en faire une distinction sur le plan conceptuel. Si bien que la morale commande, par
obéissance, ce que l’on doit faire, ce qui est bien ou mal ; alors que l’éthique recommande
d’adapter nos conduites, avec raison, sur ce qui est bon ou mauvais. La morale est alors un
discours normatif et impératif qui répond à la question « qu’est-ce que je dois faire ? », et
l’éthique est un discours normatif mais qui prône plutôt des conseils, des impératifs
hypothétiques (selon Kant), qui répondent à la question « comment dois-je vivre ? ».
Pour notre cadre d’étude, ces conseils de type éthique, soumis à une condition, pourraient -
en suivant de façon analogue la pensée de Comte-Sponville - , prendre la forme suivante :
« si tu veux que tes concurrents soient loyaux avec toi en ne se dopant pas, soit loyal avec
eux en faisant de même ». Quant à la morale, elle imposerait d’être loyal avec autrui en
commandant de ne pas se doper.
1. Quand le sportif oscille entre le bon et le mauvais
Dans cette perspective, l’éthique sportive recommanderait de s’interroger sur les valeurs
relatives qu’il faille prôner vis-à-vis du sportif lui-même et des autres ? Autrement dit,
comment vivre en harmonie avec soi et les autres dans une situation sportive fondée sur
l’égalité de chance au départ pour accepter in fine l’inégalité à l’arrivée ?
Cruel dilemme que l’éthique sportive ! Car lorsque l’on se dope, c’est à ses yeux mais aussi
aux yeux des autres (A. Kahn, janvier 2008, conférence à l’Ufrstaps de Paris Descartes).
Toute activité humaine repose sur l’incorporation de règles et de normes qui produisent des