Sandrine CARUSO
Théorème de Sophie Germain
Référence : Oraux X-ENS, Francinou-Ginanella-Nicolas, algèbre 1, p 167
Théorème. Soit pun nombre premier de Sophie Germain, c’est-à-dire impair et tel que
q= 2p+ 1 soit premier. Alors il n’existe pas de solution (x, y, z)Z3de l’équation
xp+yp+zp= 0 telle que x, y, z 6≡ 0 (mod p).
On raisonne par l’absurde en supposant qu’il existe une telle solution (x, y, z). Soit
dle PGCD de x, y et z. Alors (x
d,y
d,z
d)est encore une telle solution, et de plus, ces trois
nombres sont premiers entre eux dans leur ensemble.
On suppose dorénavant que x, y et zsont premiers entre eux. Alors, ils sont premiers
entre eux deux à deux : en effet, si un nombre premier p0divise xet y, il divise zp=
xp+ypet donc divise z, ce qui contredit le fait que x, y et zsont premiers entre eux.
Lemme 1. Il existe des entiers a, b, c et αtels que y+z=ap,x+z=bp,x+y=cp
et Pp1
k=0(z)p1kyk=αp.
Démonstration. On a
(y+z)
p1
X
k=0
(z)p1kyk=yp+zp=xp= (x)p.(1)
Montrons que y+zet Pp1
k=0(z)p1kyksont premiers entre eux. Supposons par l’ab-
surde qu’ils ont un diviseur premier commun p0. Alors p02divise (x)p, donc p0divise
x. De plus, y≡ −z(mod p0)donc
0
p1
X
k=0
(z)p1kyk
p1
X
k=0
yp1pyp1(mod p0)
et par conséquent, p0divise pyp1. De deux choses l’une : soit p0divise p, auquel cas p
divise x. Mais on a fait l’hypothèse que ce n’était pas le cas. Alors p0divise yp1, donc
y, et on a une contradiction puisque xet ysont premiers entre eux.
Ainsi, y+zet Pp1
k=0(z)p1kyksont premiers entre eux, et de (1), on déduit que
y+zet Pp1
k=0(z)p1kyksont tous deux des puissances de p.
Par symétrie de x, y et z,x+yet x+zsont aussi des puissances de p.
Lemme 2. Soit mun entier non multiple de q= 2p+ 1. Alors mp≡ ±1 (mod q).
Démonstration. D’après le petit théorème de Fermat, mq11 (mod q), autrement
dit, m2p1 (mod q). Comme Z/qZest un corps, on a nécessairement mp≡ ±1
(mod q).
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Lemme 3. Un et un seul des trois entiers x,yet zest multiple de q.
Démonstration. Supposons que ce ne soit pas le cas. D’après le lemme 2, xp+yp+zp
est congru soit à 3, soit à 1, soit à 1, soit à 3modulo q. En tout cas, pas à 0car q > 3.
Ce n’est pas possible.
Un des trois nombres est donc multiple de q, et comme ils sont premiers entre eux
deux à deux, c’est le seul.
On suppose, sans perte de généralité, que c’est x. On utilise dans la suite les nota-
tions du lemme 1. On a cp=y+xy(mod q); comme yn’est pas multiple de q,cnon
plus et d’après le lemme 2, cp≡ ±1 (mod q). De même, bp≡ ±1 (mod q). Supposons
que qne divise pas a. Alors on a également ap≡ ±1 (mod q)et ainsi, bp+cpapest
congru à 3,1,1ou 3modulo q. Mais par ailleurs, bp+cpap= 2x0 (mod q),
d’où une contradiction. Donc qdivise a. En particulier, y+z=ap0 (mod q).
Par conséquent,
αp=
p1
X
k=0
(z)p1kyk
p1
X
k=0
yp1pyp1(mod q).
Rappelons que y≡ ±1 (mod q). Comme p1est pair, yp11 (mod q). On a donc
αpp(mod q). Mais d’après le lemme 2, une puissance p-ième est congrue à 0,1ou
1modulo q, donc pas à p. C’est la contradiction finale désirée.
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