Une alg`ebre de Von Neumann est une sous-alg`ebre d’une alg`ebre B(H), ferm´ee pour
la topologie faible des op´erateurs (i.e. la convergence simple pour la topologie faible sur
l’espace sous-jacent). Notons qu’une alg`ebre de Von Neumann est, en particulier, une
C∗-alg`ebre.
Les alg`ebres d’op´erateurs, espaces naturellement non-commutatifs, sont le lieu privi-
l´egi´e pour d´evelopper des th´eories non-commutatives analogues aux th´eories classiques
(topologie, mesure), selon le mot d’ordre qui pr´evaut aussi en g´eom´etrie alg´ebrique :
remplacer l’´etude d’un espace par celle de l’alg`ebre des fonctions d´efinies sur lui. Il
ne reste plus qu’`a axiomatiser les types d’alg`ebres que l’on obtient, et `a supprimer la
condition de commutativit´e. C’est ainsi par exemple que se d´eveloppe la topologie non
commutative : les espaces topologiques localement compacts (`a hom´eomorphisme pr`es)
sont identifi´es 2avec les C∗-alg`ebres commutatives via le foncteur X→C(X) qui `a un
espace Xassocie l’alg`ebre des fonctions continues sur X, si bien que l’´etude des C∗-
alg`ebres g´en´erales (non n´ecessairement commutatives) correspond moralement `a l’´etude
des espaces topologiques (disons, localement compacts) non commutatifs.
1.3.2 Spectre et calcul fonctionnel
Si Aest une C-alg`ebre unitaire, pour tout ´el´ement xde A, on appelle spectre de x
dans Al’ensemble des scalaires λtels que x−λ1 n’est pas inversible dans A.
Si Aest une alg`ebre de Banach unitaire, il est bien connu que le spectre de chaque
´el´ement est un compact de C. La preuve de ce r´esultat utilise `a deux reprises (pour le
caract`ere ferm´e et le caract`ere born´e) le lemme qui veut que si xest de norme strictement
inf´erieure `a 1, alors 1−xest inversible, son inverse ´etant donn´ee par la s´erie de Neumann
(1−x)−1=P∞
k=0 xk. Le point essentiel de ce r´esultat est donc la convergence de la s´erie
de Neumann, ou encore le fait que l’on puisse donner un sens `a l’´evaluation d’une s´erie
enti`ere en un ´el´ement d`es que cette s´erie a un rayon de convergence strictement sup´erieur
`a la norme de l’´el´ement consid´er´e.
D´eveloppons un instant ce point pr´ecis. Pour r≥0, notons Se(r) la sous-alg`ebre
unitaire des s´eries enti`eres `a coefficients complexes dont le rayon de convergence est
strictement sup´erieure `a r. Alors pour tout ´el´ement xde A, il existe un morphisme
d’alg`ebres unitaires de Se(||x||) dans A, qui envoie la s´erie identit´e (attention, c’est la
s´erie xet non la s´erie 1) sur l’´el´ement x. C’est un exemple de calcul fonctionnel, au sens
suivant : c’est un moyen de donner un sens non trivial `a l’´evaluation d’un certain type
de fonctions sur les ´el´ements d’une alg`ebre.
Dans le cas des C∗-alg`ebres, on dispose d’un calcul fonctionnel continu, c’est `a dire,
pour tout x, l’existence d’un morphisme d’alg`ebres unitaires depuis les fonctions conti-
nues sur le spectre de x, qui envoie la fonction identit´e sur x. Dans le cas des alg`ebres de
Von Neumann, on dispose d’un calcul fonctionnel mesurable. C’est pourquoi on pense
souvent aux alg`ebres de Von Neumann comme le bon cadre pour d´evelopper la th´eorie
de la mesure non commutative.
1.4 Espace de probabilit´e et variables al´eatoires non-commutatif-ve-s
On va maintenant pr´esenter les premi`eres d´efinitions utilis´ees en th´eorie des proba-
bilit´es libres, il s’agit essentiellement de retrouver les concepts de base (espace mesur´e,
2. Pr´ecis´ement, la cat´egorie des C∗-alg`ebres commutatives, avec morphismes de C∗-alg`ebres, et la
cat´egorie des espaces localement compacts, avec applications continues, sont ´equivalentes
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