
Q
UAND LES HOMMES PARLENT A 
D
IEU
:
 
 
un parcours comparatiste sur la signification de la prière  
dans les trois religions abrahamiques 
P
ROF 
C
LAUDIO 
M
ONGE
 
Uni. Fri. - Faculté de Théologie 
AA. 2012-2013 – SP 
 
 
Cher  Dieu  Omniscient,  Omnipotent,  Bienfaisant,  j’ai  une  plainte  à  formuler......pourquoi 
s’autorise-t-Il à être sensible par nos demandes ? 
En bref : si nous croyons en un Dieu Omniscient, Omnipotent et Bienfaisant, pourquoi prier ? Un 
Être Infini a-t-Il réellement besoin que nous Lui disions quoi faire ? 
 
2. La réponse du philosophe 
Peut-être  n’a-t-Il  pas  besoin  de  nos  prières.  Peut-être  que  le  seul  objet  de  la  prière  est  de  nous 
élever. De nombreux auteurs ont compris que c’est exactement ce que Maïmonide veut dire dans 
ce passage du Guide des Égarés : 
La  prière,  la  récitation  du  Chéma,  les  Grâces  après  les  repas  et  toutes  les  bénédictions,  la 
bénédiction des Cohanim, les Téfilines, la Mézouza, les Tsitsit, l’acquisition du rouleau de la Torah 
et sa lecture aux moments appropriés : toutes ces mitsvas ont pour but que nous nous rappelions 
de  Dieu  continuellement,  que  nous  venions  à  L’aimer  et  à  Le  craindre,  et  avoir  foi  en  Lui  et 
accepter toutes ses mitsvas
10
. 
Dans  ce  passage  et  d’autres  déclarations  similaires,  Maïmonide  établit  clairement  que  D.ieu 
pourrait parfaitement gérer l’univers sans nos prières. L’implication est que c’est nous qui avons 
besoin de prière, pour Le connecter à nos vies. 
En  fait,  il  se  peut  que  nous n’utilisions  pas  le  terme  approprié.  Le  mot  français,  prière,  signifie 
solliciter, implorer, supplier pour quelque chose. 
Prière=bakachah=השקבIl existe un autre mot, bakachahהשקב, qui inclut tous ces sens. Mais ce n’est 
pas le mot que nous employons. Nous disons tefilah. Mais tefilah veut-il dire « prière » ? 
Tefilah est étymologiquement lié au mot tofel, qui signifie connecter ou attacher. 
Connecter=tefilah=הלפתLorsque vous ajoutez un morceau d’argile à une poterie en argile, vous 
êtes tofel cette  argile.  Lorsque  la  servante  de  Rachel,  Bilah,  eut  un  enfant  (Genèse  30,  8),  elle 
l’appela « Naftali », signifiant « j’ai été connecté », de la même étymologie. De la même manière, 
lorsque nous nous rebranchons à notre Source Originelle trois fois par jour (ou à chaque fois que 
c’est nécessaire), nous appelons cela tefilah : se reconnecter
11
. 
Si c’est ainsi, il y a une différence essentielle entre tefilah et prière : « prière » signifie qu’il y a un 
être inférieur qui implore un être distinct supérieur de répondre à ses besoins. « Tefilah » signifie 
attacher  ensemble  ces  deux  entités.  Vous  connectez  vous-même  et  votre  monde  avec  l’Être 
Suprême, pour qu’une énergie divine puisse y pénétrer pour guérir les malades, faire tomber la 
pluie et arranger tout ce qui n’est pas synchro ici-bas
12
. 
Voilà qui est beaucoup plus intelligible. Une réponse tout à fait rationnelle, car le philosophe ne 
veut certainement pas être pris à se compromettre dans l’irrationnel et l’absurde. 
 
3. De retour au tableau noir 
Très  rationnel,  certes,  mais  pourtant  totalement  incohérent  avec  le  sens  simple  de  nos  prières 
quotidiennes : 
                                                 
10
 Maïmonide, Guide des Égarés (Moreh Nevoukhim) 3:44. 
11
 Nous développerons le thème de cette relation dans de prochains articles, avec l’aide de Dieu. 
12
 Voir Likoutei Si’hot vol. 2 p. 410 ; Rachi sur Genèse 30,8 ; Ohr HaTorah du Tsema’h Tsedek, vol. 2, 380a