Accompagner des élèves

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Bernadette BRENDER
Enseignante spécialisée
Accompagner des élèves
Des difficultés de
comportement aux crises de
colère
Sommaire
1 Les troubles du comportement
a. Les profils
b. Le développement moral de l’enfant
c. Des facteurs extérieurs
d. Gestions des incivilités, des insolences…
e. Le rôle de l’école
2. La crise de colère
a. Les indices, la courbe, les trois phases
b. Les accompagnements à mettre en place : à faire, à ne
pas faire
c. La nature de l’intervention
d. Post-crise
3. Fiche pratique
2
a1. Les profils
typologie des comportements indisciplinés de Sieber
— Le comportement de distraction
— Le comportement impulsif
— Le comportement dérangeant
— Le comportement oppositionnel, provocateur ou
agressif
3
a2. Les profils
— 1. Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans
—
—
—
—
—
hyperactivité.
2. Trouble ouvert de la conduite
3. Trouble couvert de la conduite
4. Délinquance juvénile et usage de drogues
5. Dépression et comportement suicidaire
6. Comportement psychotique.
Principaux troubles du comportement présents chez l’élève enclin à faire
des crises de colère selon Kauffman.
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b1. Le développement moral
Selon Piaget :
— 0 à 2-3 ans : stade de la satisfaction des
besoins et intérêts
— 2-3 ans à 6-7 ans : stade du permis
défendu
— 7-8 ans à 10-11 ans : stade de la morale
hétéronome et du devoir
— Dès 10-11ans : stade de la morale
autonome et du respect
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Morale hétéronome :
— Chez Kant, qualifie l'attitude de celui qui se laisse guider par une autorité extérieure ou dont
la volonté subit une impulsion non raisonnable (s'oppose à autonomie)
b. Le développement moral
Selon Kohlberg
Ø morale pré conventionnelle
1. basée sur la peur des punitions et le respect aveugle à l'obéissance. "Obéir pour
éviter les punitions".
2. "Faire valoir ses intérêts égocentriques".
Ø morale conventionnelle
3. orientée vers l'accord avec les autres ou le souci des autres. "Satisfaire aux
attentes du milieu".
4. orientée vers le respect de la loi et de l'ordre. "Répondre aux règles sociales".
Ø moralité post conventionnelle
5. orientée vers un contrat social et de recherche de consensus
6. orientée vers un principe éthique universel.
6
Tous les individus franchissent nécessairement ces étapes dans l'ordre indiqué.
Les enfants sont aux stades pré conventionnels 1 et 2,
les adultes aux stades conventionnels 3 et 4;
20 à 25 % d'entre eux parviennent aux stades post conventionnels 5 et 6.
c. Les facteurs extérieurs
— Des éléments d’explication
1.
2.
3.
4.
5.
6.
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L’évolution des liens familiaux
La défaillance éducative précoce
Le courant de l’éducation nouvelle
La peur d’apprendre ou la défaillance
psychologique
La crise de confiance des enseignants
Une gestion de classe défaillante
d. Gestions de situation d’insolence, de
grossièreté, de refus
insolence
-Marquer calmement
son étonnement :
« pardon? »
- s’approcher et
demander de répéter
-« est-ce que tu sais
comment cela
s’appelle? »
- demander de
présenter des excuses
- accepter les excuses
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Grossièreté et
insultes
-Tolérance zéro, il faut
réagir fermement
- ne pas se laisser
submerger par les
émotions
-Regarder l’élève avec
un visage fermé
- s’adresser calmement
à l’élève « ce que tu
viens de dire est une
grossièreté, une insulte
grave. Tu n’as pas
respecté une règle
importante le respect.
Je vais réfléchir à une
sanction et te la
donnerai plus tard ».
Refus
-s’approcher de l’élève
-Lui rappeler une règle:
à l’école c’est
l’enseignant qui décide
et les élèves doivent lui
obéir, parce que c’est
normal et important
d’obéir.
- laisser un temps (je
compte jusqu’à 3)
- sanctionner s’il le faut
- pour les plus grands :
il n’est pas opportun
d’entrer en dialogue
devant la classe;
différer (sanction, lettre
d’excuses, aller chez le
directeur…)
Le rôle de l’école : une fonction éducative et
socialisante.
§ Ne pas rester seul(e)
§ Poser un cadre de travail
ü Il y a les règles essentielles, sortes de « lois
sacrées » ; ces règles ne sont pas négociables ni
discutables mais doivent être bien expliquées aux
élèves.
ü Il y a les règles pratiques qui peuvent varier selon la
sensibilité des personnes (déplacement, matériel,
rangement…) Ce sont les règles de fonctionnement
de la classe qu’on peut établir avec les élèves.
ü Il y a les rituels qui facilitent la mise en place d’un
cadre de travail sécurisant et structuré (accueil des
élèves, début et fin de leçon, transition, retour de
récréation, politesse…).
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2. La crise de colère
— « Colère : réaction puissante, déclenchée par une émotion
négative qui aboutit à un comportement agressif d’intensité
variable et pas toujours approprié ». (d’après Murphy)
— La colère n’est pas une émotion pure. Elle n’existe pas dans
l’absolu. Elle est déclenchée par une gamme d’émotions
négatives : douleur, exaspération, solitude, ennui,
peur, jalousie, déception, embarras, dépression,
humiliation… »
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L’apprentissage des émotions
Reconnaître les manifestions d’une émotion et la nommer
Reconnaître les situations ayant provoqué la situation
Apprendre à dominer la colère (comment tu peux faire,
comment font les adultes, les autres?) la méthode de la tortue
Faire des inférences quant ce qui cause l’émotion et ses
conséquences possibles
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Les signes et la montée de la colère
12
Reconnaître les alertes
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À faire
En phase d’escalade ou pendant la crise
— poser des questions à l’élève pour comprendre ce
—
—
—
—
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qui le rend agressif.
Interpréter ses émotions. Chercher à comprendre
l’origine du problème
Veiller à ce que personne ne se blesse
Maintenir les limites et ne pas céder
(si l’élève boude ou tape du pied ce n’est pas la
même chose que s’il hurle et donne des coups de
pieds)
À ne pas faire
paroles
Ø Porter des jugements de valeur
Ø Reproduire le ton de voix de l’élève
gestes
Ø Insister pour qu’il vous regarde dans
les yeux
Ø S’approcher lorsque l’élève recule
Ø Insister sur l’agressivité
Ø Toucher les jambes ou le bas de son
Ø Culpabiliser ou banaliser
corps
Ø Croiser les bras en reculant
Ø Tourner le dos
Ø Rester debout si l’élève est assis
Ø Mettre vos mains sur vos hanches en
tapant du pied
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Nature de l’intervention
Selon le degré d’aisance de chacun face à l’agressivité
et à sa capacité à utiliser les moyens adéquats pour
maîtriser une crise de colère, on fait le choix
d’intervenir seul(e) ou avec un collègue.
— Faire une intervention verbale seulement de
façon posée non autoritaire
— S’approcher lentement de l’élève
— Initier un contact physique
— Revoir avec l’élève ce qui l’a amené à faire une
crise de colère
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Et s’il faut immobiliser
— Trois comportements pouvant justifier la
nécessité d’une immobilisation physique : la crise
de colère pourrait amener l’élève :
1. À se blesser
2. À blesser les autres
3. À détériorer le matériel qui l’entoure (briser une
fenêtre)…
L’immobilisation doit comporter une bonne dose de
contrôle et de l’empathie de la part de
l’enseignant.
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Post-crise pour l’élève
Ø Il faut prendre le temps d’amener l’élève à
identifier :
- La source de sa frustration
- La raison de l’ampleur de sa crise
- D’autres façons de réagir
Ø Punir ou imposer une conséquence?
- Il est important d’expliquer l’importance de la
réparation d’une crise de colère. L’enseignant fait
figure d’autorité il est crucial qu’il ait le dernier mot.
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Post-crise pour l’équipe éducative
Avoir le recul nécessaire en tant qu’adulte
2. Prévenir la/le directeur
3. Prévenir les parents
1.
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Fiche pratique
Ø Appel du 15 ou du 18
— A éviter (sauf si danger concernant l'intégrité physique de
—
—
—
—
l'enfant ou d'autrui : « le bon sens ») :
Cela donne de la puissance à son acte.
Cela stigmatise l'enfant (fou, caractériel...).
Cela renforce son agressivité vis à vis de l'institution.
Cela renvoie aux autres élèves que l'école est incapable de
gérer la situation
Ø Sécurité
— Isoler l'enfant du reste du groupe.
— Prévoir un espace aménagé sans danger.
— Si nécessaire tenir l'enfant pour qu'il ne se mette pas en danger
(par derrière, sans le serrer)
— Le laisser décharger sa colère (taper sur des coussins, déchirer
du papier ...)
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Fiche pratique
Ø Attitudes au moment de la crise
— Réassurer par un attitude bienveillante
— Être très contenant (l'adulte qui reste calme et renvoie à l'enfant « je suis là » «
tu n'es pas seul, je m'occupe de toi » lui fait sentir que sa colère n'a pas de
prise ...)
— Si on montre (ou si l'enfant lit) dans notre regard angoisse, peur, .... on l'inquiète,
on le fragilise, ça renforce son pouvoir et donc son insécurité ; ça lui est
insupportable psychiquement ce qui alimente sa propre violence.
— L'adulte peut ne pas entendre la souffrance, avoir un comportement violent «
c'est pas possible, tu m'énerves », « arrête », « ça suffit » qui renforce la violence
de l'enfant.
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Fiche pratique
Ø Attitudes après crise ou acte violent
— Proposer un espace pour mettre en mots le plus tôt possible quand l'enfant
—
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—
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—
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—
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—
redevient disponible.
Un enfant n'est pas en crise toute la journée, il faut travailler sur ces moments là, dans
des contextes où les choses peuvent se construire.
Commencer par des généralités : « quand on jette des choses, ce n'est pas naturel, ça
montre de la souffrance ... »
Ne pas dire : « t'es comme ça » (c'est le figer dans la situation) mais « ton
comportement fait que ».
Être injonctif en stigmatisant les auteurs de violence comme étant «des méchants »
c'est fermer les portes .
Ne pas nier sa souffrance, sa colère « ne pas dire ce n'est pas grave ».
Prendre en compte l'altération du jugement lors du passage à l'acte (la violence n'est
pas « forcément délibérée »)
Canaliser en valorisant « je sais que tu es capable d'être autrement ».
Des situations peuvent se résoudre simplement quand on passe par un lien humanisant,
de l'attention à l'autre.
Anticiper une prochaine crise en amenant l'enfant à prendre le contrôle « si tu sens que
ça monte, comment pourrait-on faire ? (« j'alerte le maître en lui montrant par exemple
un carton rouge ... qui me permet de sortir de la classe, d'aller à tel endroit ...)
Valoriser, donner des responsabilités c'est une manière de canaliser la violence, de
Et pour conclure
— L’enseignant est un fonctionnaire : il applique les
directives et textes ministériels
— L’enseignant est un professionnel : il connaît la
didactique, il prépare ses cours, il sait enseigner.
— Mais l’enseignement est plus qu’une simple fonction
ou profession. C’est une tâche difficile qui exige un
réel engagement de soi pour entrer en relation et
réussir à motiver les élèves. Elle nécessite de la
compétence, un savoir-faire, de la foi.
Garder le plaisir d’enseigner repose sur trois piliers :
— Le désir et le plaisir de transmettre
— Un goût pour la connaissance
— Du respect pour les enseignés.
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Bibliographie
§ Gestion de classes et d’élèves difficiles. Jean-Claude Richoz,
§
§
§
§
§
§
§
§
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hep/FAVRE 2009
Discipline en classe et autorité de l’enseignant, éléments de
réflexion et d’action . Bernard REY , De Boeck 2009
Le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité
Stacey Belanger et autres; CHU Sainte-Justine 2008
Et si un geste simple donnait des résultats Chenelière McGrawHill 1997
Savoir accompagner un élève qui fait une crise de colère
(site internet Alberta learning)
Carmen Strauss-Raffy élèves difficiles, enseignants en difficulté,
conférence 2007
L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans Sylvie Bourcier editions
du CHU Ste Justine (2008)
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