ONTARIO • BUDGET 2016
3
exercices. Ce sont assurément les années considérées
comme les plus difficiles pour l’Ontario. Mais l’économie
coopère et le gouvernement a fait ses preuves en matière de
compression des dépenses (notamment par une série de
conventions collectives dites « à coût nul » avec les syndicats
du secteur public). Sans être une affaire de rien, nous pensons
que le profil de dépenses d’ici 2017-2018 sera plus réalisable
que prévu antérieurement. Pendant ce temps, le contexte
politique peut être considéré comme stable; l’Ontario est
dirigée par un gouvernement majoritaire et la prochaine
consultation électorale provinciale n’est prévue qu’en 2018.
Qui plus est, le baromètre de la coopération provinciale-
fédérale semble au beau fixe (y compris à propos de la réforme
des retraites), grâce à une grande cohésion politique entre
l’Ontario et le nouveau gouvernement fédéral à Ottawa. Il peut
être difficile de quantifier l’amélioration des relations fédérales-
provinciales, mais pas le soutien des transferts fédéraux à
l’Ontario. La province doit recevoir $24.6 milliards de transferts
fédéraux en 2016-2017, ce qui comprend $2.3 milliards de
péréquation. (Les décalages inhérents à la formule de
péréquation font en sorte que l’Ontario est encore reconnue
comme un parent pauvre bien que la province soit maintenant
en tête du peloton provincial en matière de croissance.) La
province peut donc tabler sur un peu moins de 20% de ses
revenus financés par le palier fédéral dont la situation
financière demeure soutenable.
Assurance : L’Ontario ne manque pas de couverture
Il ne faut pas perdre de vue que l’Ontario a intégré de solides
assurances dans ses projections budgétaires. Pour
commencer, ses hypothèses de planification tablent sur une
croissance du PIB réel qui est inférieure à celle qui fait
consensus dans le secteur privé. À cela s’ajoutent les réserves
de $1.0 milliard en 2016-2017, assez pour absorber plus de
1 point de pourcentage d’écart négatif de la croissance du PIB
nominal. Étant donné le contexte économique mondial très
incertain, nous voyons d’un bon œil la constitution de réserves
ou de fonds de prévoyance. L’Ontario a aussi prévu des fonds
de prévoyance non négligeables dans ses budgets de
fonctionnement et d’immobilisations, au total $1.2 milliard en
2016-2017.
Le potentiel d’une diminution des charges d’intérêt est moins
explicite, mais non moins important. Les charges de la dette
publique ont régulièrement été inférieures aux prévisions ces
dernières années. Et étant donné que l’Ontario a inclus de
saines augmentations des taux d’intérêt à court et à long terme
dans ses projections, la tendance des coûts du service de la
dette inférieurs au plan pourrait bien continuer. (Selon les
sensibilités officielles, une variation parallèle de 1% de la
courbe des rendements a une incidence de $350 millions sur
le service de la dette, toutes choses étant égales par ailleurs.)
Additionnez le tout et on s’aperçoit que l’Ontario a plus de
$2 milliards de marges de sécurité intégrées dans ses
projections 2016-2017. Il n’est donc pas difficile de voir
comment la province peut se rapprocher de très près de
l’équilibre budgétaire dans la prochaine année. La promesse
de revenir à l’équilibre d’ici 2017-2018 semble plus facile à tenir
que jamais. L’Ontario devrait alors rapidement rejoindre la
Colombie-Britannique et le Québec dans le club des provinces
à budget équilibré, alors que la plupart des autres resteront
dans le rouge plus longtemps.
Le fardeau de la dette culmine
Qu’on ne s’y trompe pas, l’Ontario est affligée d’un fardeau de
dette fondamentalement plus lourd qu’avant la crise. La dette
nette a pratiquement doublé (+$139 milliards) depuis la crise,
dont une augmentation de $11.5 milliards en 2015-2016. Cela
a fait monter le ratio dette nette/PIB correspondant de 26% en
2007-2008 à son record actuel de 39.6%.
Malgré cette augmentation, le fardeau de la dette de l’Ontario
a culminé plus tôt et à un niveau inférieur à ce qui avait jadis
été envisagé. Et bien qu’un investissement stratégique de
grande envergure dans les infrastructures publiques
($134 milliards sur dix ans) continuera de faire monter le
niveau de la dette, le ratio d’endettement devrait baisser à
mesure que le temps passera. Le budget prévoit un maintien
du ratio dette nette/PIB à 39.6% en 2016-2017 suivi d’une
décrue à partir de 2017-2018. Il reste un engagement à plus
long terme à ramener ce fardeau de la dette sous son niveau
d’avant la récession.
De la même manière que les augmentations passées du
fardeau de la dette provinciale ont contribué à faire baisser les
notes de solvabilité de l’Ontario, le retour prochain à l’équilibre
budgétaire et le ralentissement associé à une accumulation de
dettes apporteront un soutien à la note de la province. On peut
notamment s’attendre à ce que Moody’s supprime la
perspective négative de la note Aa2 de l’Ontario après ce
budget, et nous serions portés à croire que la performance
économique de la province, les progrès pour résorber le déficit,
le ralentissement de l’accumulation de dettes et la réduction
des besoins de financement (voir ci-dessous) soutiennent un
retour à l’appréciation « stable ».
Le programme d’emprunt orienté à la baisse
Le programme d’emprunt est probablement un des aspects
les plus convaincants des perspectives de l’Ontario. Et cela
n’a pas changé.
Pour l’exercice 2015-2016 qui se termine, les emprunts
obligataires de l’Ontario demeurent en théorie relativement
inchangés à environ $30 milliards. Il ne reste que $1.7 milliard
de ce programme à réaliser, ce qui implique un montant
résiduel minime d’emprunts à placer au cours du dernier mois
de l’exercice.
Sur les $28.4 milliards qui ont été émis jusque-là en 2015-
2016, un peu plus des trois quarts ont été canalisés vers le
marché intérieur. Les obligations en USD représentaient un
peu plus de 20% du programme réalisé de l’Ontario, à quoi
s’ajoutent quelques petites émissions dans d’autres monnaies
étrangères (dollar australien et euro). On remarquera que
l’Ontario a réussi à lancer sa deuxième émission d’obligations
vertes en CAD, de $750 millions, qui cadre bien avec la nette
concentration de la province sur le changement climatique et
le développement responsable sur le plan de l’environnement.
Globalement, l’essentiel des obligations émises par l’Ontario