
a) De facto, un projet au profit de
l’agrobusiness
Témoignage d’une promotrice
par rapport à la subvention de
FASBagré
« On est venu me dire de monter
mon dossier et venir déposer que
j’aurai un financement à hauteur
de 80% pour la réalisation de mon
projet. Alors je me suis lancée dans
le processus. Pour le montage de
mon plan d’aaire, j’ai contribué
pour 500 000 FCFA correspondant
au 20% de contribution exigée par
le PPCB. Après tout ça, j’ai déposé
mon dossier à FASBagré. On m’a
dit ensuite d’aller voir un notaire.
A ce niveau, on me demande 1 000
000 FCFA et un PUH (titre de pro-
priété). J’ai tout fait pour donner
l’argent et je suis revenu pour
entrer en possession de mon PUH
et jusqu’à là toujours rien. Après les
diérents voyages à Ouagadougou,
amortissement de mon engin et
les diérentes contributions, je me
suis appauvrie. Je me demande
si tout cela était nécessaire ? Mes
1 500 000 FCFA suisaient pour
servir de garantie en banque pour
que je gagne un crédit. Le PPCB
n‘est pas venue pour nous aider
mais pour nous appauvrir. »
Il est prévu que le projet contribue à
l’accroissement de l'activité écono-
mique par l’augmentation de l'inves-
tissement privé, la création d'emplois
et l’intensification de la production
agricole. Dans cette perspective, la
redistribution des terres profite de facto
majoritairement à l’agrobusiness (plus
de 75% des terres aménagées). Même
sur les 25% restant, les agriculteurs
familiaux n’y trouvent pas leur compte.
Le projet ne finance pas les dépenses
encourues par les agriculteurs familiaux
pour leur permettre de produire plus et
mieux, mais il finance un fonds d’appui
appelé FASBagré, servant à accompa-
gner les exploitants en co-finançant
la réalisation de plans d’aaires, ainsi
que des voyages d’études à l’étranger.
Ce fonds ne finance ni les équipe-
ments, ni les fonds de roulement, ni les
infrastructures, ni les autres intrants
nécessaires à la production agricole.
C’est le crédit contracté par les pro-
moteurs qui servira pour financer ces
investissements. Très concrètement, ce
genre de service est loin des réalités et
des besoins des exploitants familiaux ;
un tel fonds aurait pu servir à faciliter
l’accès au mircocrédit, à travers des
fonds de garantie directement acces-
sibles à des agriculteurs familiaux sur
base d’un titre de propriété délivré dans
le cadre du projet. Malheureusement,
ni le projet dans sa globalité, ni le fonds
FASBagré n’ont été conçus dans cette
perspective.
b) Un projet top-down sans
concertation eicace avec les
acteurs du terrain
même de disposer d’une information
fiable à répercuter au niveau des béné-
ficiaires. Lors de la création de la fédéra-
tion, l’administration de Bagrépôle avait
annoncé la mise en place avec un fonds
de roulement d’environ 500 millions de
FCFA en vue de permettre à la fédéra-
tion de mener des activités et faciliter
son opérationnalisation sur le terrain.
Ceci est resté sans suite…
Plus particulièrement au niveau de
la production de riz, une union des
groupements de producteurs a été
créée en 2006 (UGPRB) afin de résoudre
les problèmes de commercialisation
et d’équipement. À nouveau et tout
comme la fédération, l’UGPRB n’a
aucune représentation au sein du
conseil d’administration et donc aucun
moyen d’influencer le projet.
c) Un projet conduisant à l’expulsion
des paysans
Le PPCB ne s’en cache pas, il compte
des PAP – Personnes Aectées par le
Projet – aussi appelées ‘les déguerpis’.
Il s’agit de personnes expulsées des
terres sur lesquelles elles vivaient ou
qu’elles exploitaient, pour permettre
l’aménagement des périmètres irrigués.
D’après les informations oicielles,
1556 personnes seraient concernées.
On parle d’un ratio de 5 à 6 ha retirés
contre une superficie de 0,5 à 1 ha
aménagé octroyé en compensation.
Une enquête commanditée par la CPF
est en cours pour faire le bilan des PAP
et des mesures de compensation (in-
demnisation, réattribution de parcelles,
etc.). Néanmoins, on dénonce déjà de
toute part le fait que, tant les déguerpis-
sements que les mécanismes d’indem-
nisation (montants et modalités) aient
été imposés aux PAP sans faire l’objet
de négociation ni d’attribution au préa-
lable des parcelles d’exploitation et de
logement. Pour la majorité d’entre eux,
cette situation d’attente dure depuis
plus de deux ans.
À ce sujet, le président de l’Union
s’exprime : « J’ai 3 femmes et 7
enfants avec une superficie de 0,74
hectare. Au lieu d’octroyer 100 ha
à un seul agrobusiness-man, pour-
quoi ne pas nous les attribuer, nous
petits producteurs ? Nous sommes
en train d’évoluer vers une situation
où nous servirons de main d’œuvre
pour ces gens, des ouvriers agri-
coles, en quelque sorte ».
En 2013, une fédération a été créée
suite à un besoin du PPCB de disposer
d’un interlocuteur unique représentant
les producteurs et leurs organisations.
Les missions et rôle de cette fédération
sont : l’organisation des producteurs
pour la réussite des activités, l’infor-
mation, la sensibilisation, la formation
des producteurs ou l’appui conseil pour
faciliter l’adoption des principes et
techniques améliorant la production de
riz. Cependant, la fédération déplore sa
non-représentation au conseil d’admi-
nistration du projet, ce qui ne permet
pas de jouer son rôle au profit des
organisations paysannes membres, ni
Le PAFASP, le PAPSA et le PNGT
Ces trois projets se distancient de
BagréPole en ce qu’ils ne misent pas sur
l’investissement privé (étranger). Dans
leurs stratégies et leurs approches,
ils ciblent les agriculteurs familiaux et
les acteurs ruraux, à travers la mise en
œuvre de micro-projet (PAFASP), ou un
objectif de renforcement de capacités
(PAPSA), en accordant une place parti-
culière aux femmes.
Le PNGT est certainement le programme
le plus salué par les acteurs de terrain,
de par son caractère inclusif. En eet,
il est ancré dans les structures locales
existantes et d’aucuns reconnaissent