– Tu n’accableras pas l’étranger, tu ne l’opprimeras pas, car tu fus étranger
en terre d’Égypte. (Ex 22 : 20)
– Tu n’opprimeras pas l’étranger, car vous savez ce qu’il ressent vous qui
avez été étrangers en terre d’Égypte. (Ex 23 : 9)
– Il sera pour vous comme l’un des vôtres, l’étranger qui habite avec vous,
et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers en terre
d’Égypte. Moi YHVH, votre Dieu. (Lv 19 : 34)
– Aimez l’étranger, vous qui avez été étrangers en terre d’Égypte.
(Dt 10:19).
Les exigences posées dans ces versets ne sont pas équivalentes selon
qu’il s’agit du riche, de l’opprimé, ou de celui que l’on chérit. La justifica-
tion, cependant, est la même, « car vous fûtes étrangers en terre d’Égypte ».
Et le sens de ces paroles, au premier degré, est semblable à celui des
mots suivants : « Ce qui t’est odieux, tu ne le feras pas à ton prochain. »
En Égypte, le peuple d’Israël fit l’expérience de la condition d’étranger.
Il formait un groupe étranger, isolé et affaibli lorsqu’il fut confronté à
l’oppression, l’anéantissement et la haine. Aujourd’hui, dans son pays, un
renversement de situation s’est produit : le peuple d’Israël jouit d’un statut
souverain, comme autrefois les Égyptiens ; et ce sont les étrangers, isolés
et affaiblis, qui se trouvent en son pouvoir 3. Le texte biblique demande
de considérer les épreuves traversées en Égypte par les enfants d’Israël
comme le ressort de l’exigence posée au peuple d’Israël de ne pas se
comporter, de nos jours, envers les étrangers vivant à ses côtés comme les
Égyptiens, autrefois, à l’égard des Israélites ; et de ne pas les traiter mal
mais, au contraire, en égaux et même en amis.
Ces versets supposent, en quelque sorte, une symétrie. La guérouth, la
condition étrangère du peuple d’Israël en terre d’Égypte est comparable à
celle des étrangers vivant à présent au milieu du peuple d’Israël 4. Mais il
ne s’agit plus de symétrie (« nous le fûmes ») dans le cas des guérei-Tsédeq,
ceux qui se sont joints au peuple d’Israël et à l’Alliance du Sinaï, et veulent
s’intégrer dans le sein d’Israël. Après tout, les enfants d’Israël en Égypte
ne s’adjoignirent pas au peuple égyptien et ne tentèrent pas de se fondre
en lui. Bien au contraire, selon les Textes [biblique et talmudiques], jamais
les Égyptiens ni les Israélites ne gommèrent les différences manifestes
entre les deux populations 5. Ceux qui prétendirent appliquer ces versets
aux guérei-Tsédeq [les convertis au judaïsme] durent, de deux options
alternatives, en choisir une afin de résoudre le problème d’interprétation
suscité par la symétrie biblique.