poitrine, et suivait la forme de son ventre maigrie par la faim.
Elle semblait avoir été épargnée par le méfait de la faim. Ses
jambes étaient recouvertes par sa robe, mais elle semblait
aussi belle que tout le reste de son corps…
« Qui es-tu chevalier ? Comment te nommes-tu ? Dieu t’envoie
sans doute, car tu es l’homme que j’attends depuis plusieurs
mois pour me sauver. Le ciel m’est favorable ! » dit-elle.
« Je me nomme Lancelot le Guerrier, Chevalier du Roi
Arthur. Je suis venu ici pour sauver votre château du siège
qui le meurtrit de jour en jour. Je désire vous aider, douce et
aimable reine, car c’est le titre que vous portez, n’est-ce
pas. ? »
La reine secoua ses longs cheveux bouclés dans le vent, puis
répondit :
« Oui, je suis la Reine de ce château. Mais je suis désolée de
ne pouvoir te loger plus dignement que ce que tu ne mérites.
J’ai observé tes exploits depuis ma chambre, et je peux te dire
que tu es l’homme que tu es le meilleur combattant à l’épée que
je n’ai jamais vue. Je t’aurais bien servi quelque mets dignes
de toi, mais nous n’avons plus de quoi nourrir la garnison. Le
mieux que je puisse t’offrir est une chambre et un morceau de
pain. » Lancelot se moquait bien de ce qu’il devait manger, tant
qu’il pouvait contempler le visage de la magnifique reine. Il la
suivit jusqu’à la chambre qu’elle lui avait donnée, et rangea
son épée tachée de sang dans son fourreau.
Cette nuit-là, Lancelot ne dormit point. Le visage de
Reine qu’il avait aperçu, il y a peu n’arrêtait pas d’emplir son
esprit. Il l’aimait, il en était sûr. Il voulait tellement vivre sa
vie avec la Reine Éléonore… Puis, une deuxième idée lui vint
en tête. Avant d’avoir la main de sa bien-aimée, Lancelot
devait d’abord vaincre la bête qui ravageait le château depuis
trois mois… Il ne savait toujours pas comment il allait faire,
mais il savait qu’il allait réussir…
Le soleil se leva, et Lancelot se réveilla d’une nuit de
sommeil fort rude. En regardant par la fenêtre, il aperçut les
grèves, parsemées de cadavres et de cratères. Lancelot regarda
longuement le soleil se lever, puis, quand la lumière rose vira
au jaune, le chevalier s’habilla de son armure, et se coiffa de
son heaume. L’épée dans son fourreau, il se dirigea vers le
centre de la cour. Il fut surpris d’apercevoir que tous les
chevaliers qui avaient survécus étaient rassemblés au centre de
celle-ci. Lancelot n’eut pas le temps de demander, qu’un
chevalier lui expliqua ce qui se passait.
« Nous allons faire une sortie ! Il paraît qu’un
nouveau est arrivé, et qu’il peut nous sauver, mais j’en doute !
Combien ont déjà essayé ? Je dis que ceci est simplement de la
folie, et que cela va encore coûter de nombreuses vies. »
Lancelot se tut. Il savait bien que le chevalier avait raison,
mais il ne se laisserait point abattre par ses propos. Il courut
vers l’étable et prit son destrier, puis sauta sur la selle, et s’en
alla vers le groupe de chevaliers qui allaient sortir. Il
sursauta lorsqu’il entendit les portes s’ouvrir et le clairon
sonner.
Lancelot se déchaîna comme jamais il ne l’avait fait
auparavant. Il se servit de son épée comme si elle était légère
telle une baguette de bois. En faisant trois courbes parfaites,
Lancelot parvint à trancher trois têtes, décapitées nettes du
corps de ses victimes. Gare à quiconque se trouvait sur son
chemin. Les ennemis avaient beau tenter de courir, ils se
prenaient une épée dans le dos. Les ennemis qui chargeaient
sur lui par-devant se retrouvaient avec l’échine brisée. Il ne
pouvait se contrôler. Même les plus forts des guerriers qui
triomphèrent contre les autres chevaliers de la reine durent se
battre avec acharnement pour pouvoir s’en tirer sans subir de
graves dommages.
Les ennemis tombaient les uns après les autres, et
le chaos régnait parmi les soldats du Démon. Lancelot
poursuivait un ennemi et s’apprêtait à le décapiter lorsqu’une
flèche lui transperça l’épaule gauche. Il tomba à la renverse et
son cheval, prit de peur, s’enfuit loin du champ de bataille. Les
fantassins ennemis se regroupèrent autour de Lancelot, leurs
hallebardes sur la poitrine. Il se croyait mort à coup sûr, mais
un miracle se produisit. Les trois chevaliers qu’il avait
rencontrés sur les falaises en venant au château se jetèrent sur
les hallebardiers, et les mirent en fuite.
«Heureux de vous re… » s’écria un des chevaliers, mais il
n’eut pas le temps de finir sa phrase, que son corps se pencha
et tomba dans un fracas de métal. Lancelot avisa : « ne restons
pas ici ! L’endroit est malsain ! » Lancelot parvint à tuer un
chevalier et lui voler son cheval. Les deux chevaliers et
Lancelot le Guerrier poursuivirent ceux qui s’étaient enfuis en
direction de la forêt. À peine eurent-il commencés à marcher
qu’une flèche vint frôler son épaule gauche, et s’abattre dans le
dos du chevalier devant lui. Lancelot entendit également un cri
derrière lui, et se retourna pour voir l’autre chevalier se faire
occire de trois flèches au visage.
Il était seul de nouveau, et les cris avaient cessé. Mais
Lancelot poursuivait toujours quelques chevaliers vers la
forêt. Il se trouvait maintenant au cœur de celle-ci. Lancelot
avançait tellement vite que les branches mortes lui griffaient le
visage. Il arriva dans une clairière, mais quelle ne fut pas sa
surprise de voir sur le sol de nombreux chevaliers portant
l’emblème du château. Tout à coup, plusieurs archers
bandèrent leur arc en sa direction. Il savait que s’il bougeait,
il allait mourir. Il était en train de réfléchir à quelle décision
prendre lorsqu’une voix rauque perça le silence.
« Ne tirez pas ! » Un homme, si l’on peut le
qualifier de telle sorte, se dressa au milieu de la clairière. La
tête de la bête était ornée de deux longues cornes telles des
stalactites. Ses yeux noirs dévoilaient une haine terrible qui
se mêlait à des sourcils aussi touffues que le Maquis. Sa
bouche, étroite, malgré les deux rangés de dents acérés comme
des couteaux, s’étendait départ et d’autres de son visage
musclé. Sa longue barbe, semblable a celle que portait son
père, Lucifer, sur toutes les représentations Catholiques,
recouvrait son menton crochu, ainsi que le début de son plexus,
qui portait de nombreuses cicatrices. La lanière de son
carquois passait en travers de son torse, un torse qui semblait
aussi résistant que l’armure d’un valeureux guerrier. Il avait
un arc bandé dans ses mains puissantes, qui semblaient tirer
sur la corde de boyaux avec une facilité qui tenait du
surnaturel. Sa taille était entourée d’une ceinture de cuire, et
soutenait une longue épée, dont le manche était incrusté de
pierreries, brillante comme le St Graal. Ses cuisses, dures
comme des plaques de fer, se terminaient en deux grossiers
tibias, eux aussi nouvellement écorchés, sans doute à l’insu de
la bataille. Ses sabots semblaient avoir été taillé directement
dans un bloc de granite brut.
Lancelot n’avait jamais vu un spectacle aussi
impressionnant, mais à la fois aussi atroce. Lancelot n’avait
jamais imaginé une telle créature, même dans ses pires rêves.
Il resta bouche bée devant ce spectacle étonnant. Même s’il
avait voulu se comporter en lâche et fuir, il n’en aurait pas eu
la possibilité, car son regard ne pouvait se détacher du visage
de la bête.
Soudain, la bête lui parla. Sa voix fit trembler
toute la clairière : « Je pense que tu as plus qu’humilié mes
hommes au combat ! Je ne voudrais tout de même pas tu sorte
intact de cet bataille. Je n’ai rien d’autre à faire que te tuer !»
À ces mots, Lancelot se crut mort, mais la créature
arrêta son épée au niveau avec du crâne du chevalier,
maintenant à découvert car délesté de son heaume d’argent et
d’or.
« Je ne peux point te laisser mourir ainsi ! Tu vas
au moins te défendre, pour connaître la triste fin d’un
chevalier. » Lancelot ne savait que dire. Il ne fit rien d’autre
que de prendre la lance que lui tendit un des soldats. Il monta
sur son cheval et la brandit dans sa main droite. Il couvrit de
son écu son visage et la majeure partie de son corps. Soudain,
il pensa à sa mort prochaine. S’il mourait, il ne reverrait plus
Eléonore. Cette idée lui rendit courage, et il se redressa.
Lancelot agrippa sa monture entre ses genoux, et
s’apprêta à charger. Sans prévenir, la bête avait pris de l’élan,
et le chevalier avait suivi son mouvement. Ils foncèrent tous
deux l’un vers l’autre, en dégageant un énorme nuage de
poussière. Juste avant le choc, Lancelot avait légèrement levé
sa lance, et celle-ci frôla le haut du bouclier de son adversaire,
et vint le frapper en plaine poitrine. Déséquilibré, le
Minotaure tangua sur le côté et tomba. Son torse saignait,