quitte Dakar pour Douala, afin de notifier aux navires britanniques mouillés au large l’interdiction
d’approcher à moins de 20 milles des côtes. Arrivé le 1er août, et assez fraîchement accueilli par
la population locale, il en repart aussitôt pour Conakry, où il séjourne une dizaine de jours. Il
rejoint Dakar vers le 20 août et il s’y trouve en période d’entretien lorsque, le 23 septembre, une
force Anglo-Gaulliste, forte de deux cuirassés et de leur escorte, accompagnés de transports de
troupe, se présente pour investir le port. Face à elle, la Marine aligne le cuirassé
Richelieu
,
immobilisé, deux croiseurs légers de type
Georges Leygues
, cinq contre-torpilleurs et torpilleurs,
et trois sous-marins. Le
Béveziers
ne peut entrer en scène que le 24 septembre, et c’est aux
commandes d’un sous-marin aux capacités opérationnelles réduites, affublé d’une coque enduite
de minium, que PL entre dans l’arène le 24 au petit matin. Il se voit assigner un poste à 10 milles
au sud de l’île de Gorée. Malgré la brume il est repéré et sévèrement grenadé par des avions
anglais. Le lendemain, le temps est clair et la mer calme, et PL choisit de se tenir entre 20 et 30
mètres d’immersion ; ce jour-là, la chasse française parvient à repousser au large les avions
anglais. Avant d’appareiller Lancelot a mis au point, en concertation avec l’amiral Landriau et le
commandant du
Richelieu
, une idée de manœ uvre qui devrait lui permettre d’approcher de
la position habituelle du corps de bataille adverse. Posté à l’affût, il repère celui-ci le 26 à 8 h
07. A 9 h, se trouvant placé à 2500 mètres de la route du cuirassé
Resolution
, il lance une gerbe
de quatre torpilles. En 15 minutes, il subit cinq grenadages. Entre temps, une des torpilles
lancées a touché le
Resolution
sous la flottaison, noyant la chaufferie bâbord : le navire prend
rapidement une gîte de 12,5°. Au même moment le cuirassé
Barham
est touché par un obus du
Richelieu
. Devant la pugnacité des Français le commandement britannique se voit alors contraint
de renoncer à l’opération prévue et de quitter les lieux. Le sous-marin
Béveziers
est cité à l’ordre
de l’Armée de mer le 10 octobre 1940 ; son commandant est promu capitaine de frégate, cent
jours à peine après sa promotion au grade de capitaine de corvette. Le 30 octobre le
Béveziers
appareille pour Cotonou, puis rallie Toulon le 3 janvier 1941 pour être placé en position de
gardiennage. PL est alors nommé commandant de la Marine à Abidjan où sa tache consiste
essentiellement à organiser les mouvements de convois d’huile de palme, de bois et de cacao vers
la Métropole.
Pierre Lancelot rallie Dakar le 14 octobre 1942, et s’y trouve lorsque les Anglo-Américains
débarquent sur les côtes d’Afrique du Nord. Il quitte l’Afrique en mars 1943 ; selon Vial et
Préneuf “le réalisme militaire l’emporte donc sur les principes de ségrégation politique ”, car il
est promu au commandement du contre-torpilleur
Le Terrible
. Ce navire se trouve alors en cours
de modernisation à Boston, au titre d’accords signés par l’amiral Darlan, et rallie Alger le 15 août
1943, après un passage à Fort-de-France le 14 juillet pour y débarquer le nouveau Haut-
Commissaire, le préfet Hoppenot. Le 14 août 1943,
Le Fantasque
et
Le Terrible
sont intégrés au
12e Cruiser Squadron de la Royal Navy. Le 11 septembre 1943, les deux navires sont rappelés en
urgence à Alger pour participer au débarquement en Corse, à la demande du général Giraud. En
novembre 1943,
Le Terrible
rejoint Alexandrie. Le CV Sala, ancien commandant du
Terrible
et
ami et soutien affirmé de Pierre Lancelot, succède au CV Perzo à la tête de la division ; celle-ci
opère alors en Mer Egée, sous menace fréquente de la Luftwaffe. Le 10 décembre 1943 le
Terrible
doit entrer en entretien à Alger : ses machines sont fragiles et l’on prévoit une
indisponibilité de trois mois pour procéder à la révision des turbines. PL se démène, sollicite et
obtient l’intervention du chef d’état-major de la marine, le CA Lemonnier, et, au bout de deux
mois le
Terrible
est à nouveau opérationnel. Il rallie Oran, le 30 janvier 1944.
Jusqu’au débarquement de Provence, le
Terrible
effectue une trentaine de raids en
Méditerranée, où deux grandes phases se dégagent. La première se place en février/mars en
Adriatique, et la seconde d’avril à juin, d’abord en mer Egée, puis de nouveau en Adriatique. La 10e
D.C.L. est alors basée à Manfredonia et a pour mission d’intercepter les convois qui ravitaillent