laboratoire, du studio, que des agences de publicité. Mais parmi la diversité de nos inventions et
de nos techniques abstraites de production et de distribution on retrouve un très haut niveau de
cohésion et d’unité. Cette cohésion n’est pas consciente de son origine ni de ses conséquences et
semble résulter d'une sorte de rêve collectif. C'est pourquoi ces objets et processus répondent ici
à l’appellation de « folklore de l'homme industriel » et ce également en raison de leur grande noto-
riété. Ils se déploient dans ces pièces à convictions avec le commentaire pour unique paysage. Une
fantasmagorie tourbillonnante qui ne peut être saisie qu’à l’arrêt, dans la contemplation. Et cet
état d’arrêt figure également une délivrance de l’acte participatif usuel.
L'unicité n’a pas été forcée au sein de cette diversité, puisque n’importe quelle autre sélection de
publicités révélerait les mêmes patterns en action. Le fait est que les pièces à conviction présentes
ne sont pas choisies pour établir des preuves, mais pour mettre en lumière une situation com-
plexe. L’ouvrage consacre ses efforts à illustrer son propos en faisant constamment référence à
d'autres matériaux extérieurs et en croisant ces données. De plus, la procédure mise en œuvre
dans cet ouvrage consiste à s’appuyer simplement sur les commentaires des pièces à convictions
comme moyen de dégager une part de leur signification intelligible. Aucun effort n'a été fait pour
épuiser leur signification.
Les différentes idées et concepts présentés dans les commentaires sont destinés à proposer des
postes d’observation à partir desquels on peut examiner les pièces à conviction. Ce ne sont pas
des conclusions sur lesquelles qui que ce soit est appelé à se reposer, mais elles font simplement
office de points de départ à la réflexion. Ce type d’approche est difficilement intelligible à une
époque où la plupart des livres offrent une seule et unique idée regroupant un ensemble de
remarques distinctes. Les concepts sont des moyens provisoires d’appréhender la réalité, leur
valeur réside dans la capture qu'ils proposent. Ce livre tente en conséquence de présenter des
aspects immédiatement représentatifs de la réalité et fournit une grande variété d'idées pour s’en
emparer. Les idées sont des dispositifs très secondaires dans l’escalade de ces parois rocheuses.
Les lecteurs qui se contenteront simplement de remettre en question ces idées manqueront de les
utiliser pour arriver à l’essentiel.
Un expert cinématographique parlant de la valeur du médium cinématographique afin de vendre
les valeurs de l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud, a relevé que :
la valeur de propagande de cette impression audiovisuelle simultanée est très élevée, car elle stan-
dardise la pensée en fournissant au spectateur une image visuelle readymade avant qu'il n'ait eu le
temps d’envisager lui-même sa propre interprétation des choses.
Cet ouvrage inverse le processus en proposant une imagerie visuelle typique de notre environne-
ment culturel, en la disloquant et en l’examinant pour en extraire du sens. Là où des symboles
visuels ont été employés dans le but de paralyser l'esprit critique, ils sont ici utilisés comme moyen
de stimulation. On constate que plus l’illusion et le mensonge sont nécessaires au maintien de
n'importe quel état donné des choses, plus la tyrannie est nécessaire au maintient de l'illusion et
du mensonge. Aujourd'hui le tyran ne gouverne plus avec la houlette ni le poing, mais, grimé en
responsable d’études de marché, il conduit son troupeau dans les voies de l'utilité et du confort.
En raison du point de vue circulaire adopté dans ce livre, il n’est nullement nécessaire de se confor-
mer à un quelconque schéma de lecture. N'importe quelle partie du livre fournit une ou plusieurs
vues du même paysage social. Depuis que Buckhardt a constaté que la méthode de Machiavel
consistait à transformer l'état en œuvre d'art par le biais d’une manipulation raisonnable du pou-
voir, il est devenu possible d'appliquer la méthode d'analyse de l’art à l'évaluation critique de la
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