Mise en page 1 - Belles Lettres Diffusion Distribution

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parution le 14 septembre 2012
La Mariée mécanique
folklore de l’homme industriel
Marshall McLuhan
Livre méconnu et inédit en français, La Mariée mécanique, folklore
de l’homme industriel est le premier ouvrage publié par Marshall
McLuhan, en 1951. Dans ce livre, McLuhan démonte les messages,
les mécanismes et les injonctions faites au public à travers une analyse rigoureuse et décapante des affiches publicitaires, pages de
journaux, slogans, tracts etc., de l’époque. Véritable opération de
déminage de l’imaginaire commun et populaire, ce livre annonce les
thèses développées par McLuhan au cours du XXe siècle et comprend de nombreuses illustrations originales.
"Cette anthologie est accompagnée de commentaires pertinents et
impertinents qui sont sans doute ce qui a été dit de plus intelligent
sur la publicité depuis qu’elle est inventée."
Jean-François Martineau
Marshall McLuhan
Né au Canada en 1911, Marshall McLuhan est un philosophe, sociologue et théoricien atypique de la communication qu’il a enseignée
de nombreuses années à l’université de Toronto. Il est principalement connu pour sa phrase-clé : "Le medium est le message", qui
démontre que l’important n’est pas tant le contenu du message que
la façon dont il est transmis. Ses thèses ont aussi préfiguré le "village
global" que représentent aujourd’hui les nouvelles technologies.
Marshall McLuhan est l’auteur de nombreux livres, dont Comprendre
les médias, La Galaxie Gutenberg et Guerre et paix dans le village planétaire. Il est décédé en 1980 des suites de plusieurs accidents vasculo-cérébraux.
Traduction de l’anglais (CAN)
par Émilie Notéris
160 pages - 65 illustrations
format 20 x 27 cm
isbn : 978-2-915453-83-6
30 euros
édité en partenariat avec
n’avez-vous jamais fait le rapprochement
entre une page de news et un paysage symboliste ?
Contact presse : Éric Arlix
[email protected]
éditions è®e
60 rue Edouard Vaillant - 94140 Alfortville
Tél. 09 50 44 27 35 - www.editions-ere.net
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http://www.bldd.fr
extraits
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PRÉFACE de Marshall McLuhan
NOTRE ÈRE est la première à avoir fait de la pénétration des consciences collectives et publiques
par des milliers de consciences individuelles, parmi les mieux formées d’entre elles, une activité à
plein temps. Il est à présent question de s’introduire dans les consciences à des fins de manipulation, d’exploitation et de contrôle. Avec pour objectif de produire de la chaleur et non de la
lumière. Maintenir chacun dans un état d’impuissance engendré par la routine mentale prolongée
est l'effet produit par un grand nombre de publicités et de programmes de divertissement.
Étant donné qu’un nombre conséquent de consciences sont engagées dans la création de cette
condition d'impuissance publique et que ces programmes de formation commerciale sont tellement plus chers et influents que les offres en comparaison relativement faibles des écoles et des
universités, cela semble approprié de concevoir une méthode qui soit à même d’inverser le processus. Pourquoi ne pas s’appuyer sur une nouvelle formation commerciale comme moyen d'instruire les futures proies ? Pourquoi ne pas aider le public à observer consciemment le drame censé
opérer inconsciemment ? En suivant cette méthode, le texte d’Edgar Poe « Une descente dans le
maelstrom » me vient à l'esprit. Le marin de Poe a survécu en étudiant l'action du tourbillon et en
faisant corps avec lui. Le présent ouvrage agit de manière similaire en tentant à plusieurs reprises
de porter des attaques aux courants considérables et aux pressions engendrées aujourd'hui par les
organisations mécanisées de la presse, de la radio, du cinéma et de la publicité. Il tente véritablement de mettre le lecteur au centre de l'image en rotation générée par ces affaires et de lui donner la possibilité d’observer l'action en cours dans laquelle chacun se retrouve impliqué. De l'analyse de cette action, on espère que bien des stratégies individuelles pourront découler.
Mais ce n’est pas réellement l’objet de ce livre que de tenir compte de telles stratégies. Le marin
de Poe lorsqu’il se retrouve prisonnier entre les murs d’eau du tourbillon, cerné par les nombreux
objets flottant au sein de cet environnement affirme :
« Il fallait que j’eusse le délire, — car je trouvais même une sorte d'amusement à calculer les
vitesses relatives de leur descente vers le tourbillon d’écume. »1
C’est de cet amusement né du détachement rationnel du spectateur face à sa propre situation qu’il
a su tirer le fil menant à l’extérieur du Labyrinthe. Et c'est dans ce même état d’esprit que ce livre
s’offre en tant que divertissement. La plupart des personnes accoutumées à une touche d’indignation morale auront vite fait de confondre amusement avec simple indifférence. Mais le temps de la
colère et de la protestation n’est pas encore venu, nous n’en sommes qu’aux prémisses de ce nouveau processus. L'étape actuelle est extrêmement avancée. De surcroît, elle est non seulement
investie d’un pouvoir destructeur, mais également des promesses de la richesse des nouveaux
développements face auxquels l'indignation morale n’est qu’un bien pauvre soutien.
La plupart des pièces à convictions retenues dans ce livre ont été sélectionnées en fonction de leur
caractère simultanément typique et familier. Elles sont représentatives d’un monde fait de
mythes et de formes sociales et parlent une langue qui nous est à la fois familière et étrangère.
Après avoir produit une étude de la comptine intitulée « Where are you going my pretty maid ?»,
l'anthropologue C. B. Lewis a indiqué que « les gens n’avaient ni part ni lot dans le processus de
fabrication du folklore ». C'est aussi vrai du folklore de l'homme industriel, lequel tient autant du
1 Edgar Allan Poe, « Une descente dans le maelstrom », (traduction de Charles Baudelaire) In Œuvres
complètes de Charles Baudelaire, « Histoires extraordinaires », Michel Lévy frères, 1869.
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laboratoire, du studio, que des agences de publicité. Mais parmi la diversité de nos inventions et
de nos techniques abstraites de production et de distribution on retrouve un très haut niveau de
cohésion et d’unité. Cette cohésion n’est pas consciente de son origine ni de ses conséquences et
semble résulter d'une sorte de rêve collectif. C'est pourquoi ces objets et processus répondent ici
à l’appellation de « folklore de l'homme industriel » et ce également en raison de leur grande notoriété. Ils se déploient dans ces pièces à convictions avec le commentaire pour unique paysage. Une
fantasmagorie tourbillonnante qui ne peut être saisie qu’à l’arrêt, dans la contemplation. Et cet
état d’arrêt figure également une délivrance de l’acte participatif usuel.
L'unicité n’a pas été forcée au sein de cette diversité, puisque n’importe quelle autre sélection de
publicités révélerait les mêmes patterns en action. Le fait est que les pièces à conviction présentes
ne sont pas choisies pour établir des preuves, mais pour mettre en lumière une situation complexe. L’ouvrage consacre ses efforts à illustrer son propos en faisant constamment référence à
d'autres matériaux extérieurs et en croisant ces données. De plus, la procédure mise en œuvre
dans cet ouvrage consiste à s’appuyer simplement sur les commentaires des pièces à convictions
comme moyen de dégager une part de leur signification intelligible. Aucun effort n'a été fait pour
épuiser leur signification.
Les différentes idées et concepts présentés dans les commentaires sont destinés à proposer des
postes d’observation à partir desquels on peut examiner les pièces à conviction. Ce ne sont pas
des conclusions sur lesquelles qui que ce soit est appelé à se reposer, mais elles font simplement
office de points de départ à la réflexion. Ce type d’approche est difficilement intelligible à une
époque où la plupart des livres offrent une seule et unique idée regroupant un ensemble de
remarques distinctes. Les concepts sont des moyens provisoires d’appréhender la réalité, leur
valeur réside dans la capture qu'ils proposent. Ce livre tente en conséquence de présenter des
aspects immédiatement représentatifs de la réalité et fournit une grande variété d'idées pour s’en
emparer. Les idées sont des dispositifs très secondaires dans l’escalade de ces parois rocheuses.
Les lecteurs qui se contenteront simplement de remettre en question ces idées manqueront de les
utiliser pour arriver à l’essentiel.
Un expert cinématographique parlant de la valeur du médium cinématographique afin de vendre
les valeurs de l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud, a relevé que :
la valeur de propagande de cette impression audiovisuelle simultanée est très élevée, car elle standardise la pensée en fournissant au spectateur une image visuelle readymade avant qu'il n'ait eu le
temps d’envisager lui-même sa propre interprétation des choses.
Cet ouvrage inverse le processus en proposant une imagerie visuelle typique de notre environnement culturel, en la disloquant et en l’examinant pour en extraire du sens. Là où des symboles
visuels ont été employés dans le but de paralyser l'esprit critique, ils sont ici utilisés comme moyen
de stimulation. On constate que plus l’illusion et le mensonge sont nécessaires au maintien de
n'importe quel état donné des choses, plus la tyrannie est nécessaire au maintient de l'illusion et
du mensonge. Aujourd'hui le tyran ne gouverne plus avec la houlette ni le poing, mais, grimé en
responsable d’études de marché, il conduit son troupeau dans les voies de l'utilité et du confort.
En raison du point de vue circulaire adopté dans ce livre, il n’est nullement nécessaire de se conformer à un quelconque schéma de lecture. N'importe quelle partie du livre fournit une ou plusieurs
vues du même paysage social. Depuis que Buckhardt a constaté que la méthode de Machiavel
consistait à transformer l'état en œuvre d'art par le biais d’une manipulation raisonnable du pouvoir, il est devenu possible d'appliquer la méthode d'analyse de l’art à l'évaluation critique de la
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société. C’est la tentative faite ici. Le monde Occidental qui s’est consacré depuis le seizième
siècle à l’accroissement et à la consolidation du pouvoir de l'État, a développé une unité d’effets
artistiques qui peuvent être aisément passés au crible de la critique artistique. La critique d'art
est libre d'indiquer les divers moyens employés pour obtenir ces effets, aussi bien que de juger
si ces effets en valaient la peine. En tant que tel, en ce qui concerne l'état moderne, il peut s’agir
d’une citadelle de la conscience au sein des rêves mornes de la conscience collective.
J’ai bénéficié de la lecture des théories inédites du Professeur David Riesman sur la mentalité
des consommateurs. J’ai contracté une dette envers le Professeur W. T. Easterbrook pour un
grand nombre de conversations éclairantes au sujet des problèmes inhérents à la bureaucratie
et à l'entreprise. Et au Professeur Felix Giovanelli je suis redevable non seulement des discussions stimulantes que j’ai eues avec lui, mais également de son aide prolongée concernant les
nombreux problèmes de publication liés à l’ensemble du travail.
Marshall McLuhan, 1951
Livre grand format 20 x 27 cm - 65 illustrations
éditions Américaine par GinkoPress, 2002
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