LES NOUVEAUX MODES D’INVESTISSEMENT SUR LES MARCHES DERIVES DE
MATIERES PREMIERES AGRICOLES
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d. L’investissement indiciel sur les matières premières agricoles a délivré une
performance très décevante depuis 2005 et n’a pas rempli ses promesses de
diversification par rapport aux actions.
e. Les ETF* (« Exchange-Traded-Fund ») sont une forme d’investissement indiciel en
fort développement ; leurs risques ne sont pas négligeables pour l’investisseur
final et pour la stabilité financière.
4) Les flux d’investissement provenant des hedge funds et des investisseurs indiciels sont
fortement corrélés à la conjoncture macroéconomique, aux fondamentaux d’offre et de
demande sur l’ensemble des matières premières et de plus en plus sensibles à la politique
monétaire et à la liquidité sur les marchés ; ils sont également dépendants de la
performance passée des prix et caractérisés par une certaine inertie (longues séquences de
flux entrants suivies par des séquences plus brèves et plus violentes de retraits).
5) La corrélation entre flux d’investissement et prix est robuste à l’introduction de nombreuses
variables fondamentales reflétant l’évolution de l’offre et la demande ; la relation prix/flux
ne semble donc pas provenir de variables fondamentales omises.
6) Une causalité allant des prix vers les flux est très probablement présente et complique
l’estimation de l’impact des investisseurs sur les prix.
7) Nous utilisons le caractère relativement exogène de l’investissement indiciel dans les
marchés agricoles pour inférer une mesure de leur impact sur les prix des grains : des
retraits indiciels de 1% de la position ouverte (Open Interest*) provoquent en moyenne
une baisse de 1% à 1.3% des prix des grains. Cependant, l’impact pourrait être beaucoup
plus important dans des conditions de liquidité dégradées.
8) Même si l’estimation précise de l’impact des hedge funds sur les prix est encore hors de
portée, ces investisseurs sont probablement en partie responsables de la connexion
croissante entre marchés de matières premières et autres classes d’actifs; les
corrélations de très court terme trouvées au sein du complexe des matières premières et
entre matières premières et autres classes d’actifs semblent en particulier être la marque de
stratégies algorithmiques d’arbitrage déconnectées des fondamentaux.
Voici quelques exemples de recommandations visant à comprendre et à limiter les externalités des
nouveaux modes d’investissement sur les marchés dérivés de matières premières :
1) Le niveau de transparence doit être renforcé sur les marchés dérivés non américains en
suivant le modèle de la CFTC
pour mieux caractériser les comportements des investisseurs
et évaluer leur impact possible sur les prix.
2) L’approche actuelle de la régulation se focalise essentiellement sur les « manipulations de
marché », qu’elle tente de prévenir en imposant des limites de position par acteurs; cette
approche doit être renforcée davantage en empêchant les arbitrages réglementaires (de
type « ICE/Dubaï loophole* » etc.) par une régulation harmonisée sur le plan international.
3) Cependant, le problème de la manipulation de marché n’est qu’une composante des défis
auxquels nous avons à faire face aujourd’hui. Même en l’absence de manipulation de marché
au sens étroit du terme, la financiarisation des marchés de matières premières a introduit
de nouveaux comportements d’investissement dont les externalités peuvent s’assimiler à
Cette série de recommandations est en phase avec les conclusions de l’IOSCO dont le rapport final sur les
marchés dérivés de matières premières est disponible en ligne
http://www.iosco.org/library/pubdocs/pdf/IOSCOPD358.pdf