comme un facteur d’allègement de la dette publique puisqu’elle fait baisser le service réel de
la dette publique.
2.2 L’absence de limite théorique à l’endettement public et l’importance des
anticipations des créanciers
A quel moment la dette devient-elle insoutenable ? La dette est insoutenable quand l’Etat
ne peut plus faire face au montant du service de la dette et qu’il ne peut donc plus faire
« rouler » sa dette.
On a déjà vu que la dette progresse quand les déficits se cumulent et que les taux réels
augmentent. On pourrait donc penser qu’une limite de l’endettement public devrait apparaître
« naturellement » parce que la dette ne cesse de progresser. Or, il faut se rappeler que l’Etat
n’est pas un agent économique comme les autres. En effet, ses revenus dépendent de
l’évolution de l’activité, mais aussi des politiques fiscales qu’il met en place et de
facteurs comme l’inflation/déflation. Si l’activité progresse plus vite que la dette, on sait
que cela va se traduire par une baisse du ratio d’endettement. inversement, un pays dont le
montant de la dette n’augmente pas mais qui voit son PIB baissé, comme la Grèce depuis
2012, a un ratio d’endettement qui augmente. si l’Etat décide de modifier sa politique fiscale
et ses dépenses publiques, une dette croissante durant une période peut se réduire ensuite :
c’est le cas par exemple au Danemark après 1993. Si l’inflation s’accélère cela fait baisser le
coût réel de la dette, par contre la déflation a exactement l’effet inverse (cas de l’affreuse
déflation). Au final, il n’est donc pas possible de prédire à l’avance quelle sera la situation
de l’endettement public plusieurs années à l’avance même si l’on connaît le montant des
dettes passées et du coût actuel du service de la dette. C’est pourquoi on dit qu’il n’existe pas
de limite théorique à l’endettement public.
La soutenabilité de la dette publique dépend donc de la dynamique de cette dette et du
scénario que les investisseurs se font de l’avenir : si les créanciers de l’Etat estiment que la
capacité de celui-ci à rembourser sa dette diminue alors ils vont demander des primes de
risque plus importante, ce qui va produire une hausse du service de la dette, et rendre (peut-
être) le remboursement de la dette impossible. C’est ce qui s’est passé en Grèce fin 2010. La
limite de l’endettement public apparaît parce que la convention a changé. On peut alors se
demander ce qui fait changer une convention. On revient ici sur des éléments que l’on
retrouve pour expliquer l’évolution des cours sur les marchés financiers. Il y a à la fois des
explications « fondamentales » : les investisseurs découvrent que les Grecs ont menti sur les
chiffres. Et des explications auto-référentielles : les comportements mimétiques conduisent à
des prophéties auto-réalisatrices.
En 2010, Reihnart et Rogoff publient une étude qui portent sur les PDEM depuis un demi-
siècle et qui tend à montrer qu’à partir d’un ratio d’endettement public supérieur à 90% du
pib, la dette publique se paie d’une croissance économique plus faible ;
On pourrait donc penser que la limite à l’endettement public serai ce seuil de 90% du pib.
Mais la réflexion ne peut s’arrêter là : admettons qu’un Etat dépasse ce seuil, que doit-il
faire ? Doit-il mettre en place une politique de consolidation budgétaire de manière à passer
au-dessous de 90% du pib et ainsi limiter l’impact négatif de la dette publique sur la
croissance ?
La réponse dépend en réalité de l’effet (négatif) multiplicateur que peut engendrer une telle
politique de consolidation budgétaire. On distingue en effet deux types d’expériences
historiques. Certaines consolidations budgétaires (Danemark 1993) n’ont pas entraîné de
chute de l’activité. D’autres comme l’Europe depuis 2012 se sont traduites par un
effondrement du PIB qui a pour effet non voulu de faire augmenter le ratio d’endettement
alors même que les dettes ne progressaient plus.
En conclusion : rien ne dit qu’une politique de consolidation fiscale menée lorsqu’un Etat a
franchi le seuil de 90% du pib ne permette une croissance plus importante du PIB. Dans